Chapitre 20
Chapitre 20
Nous étions en train de nous faire un combat du regard. D'un côté, j'étais assise sur le canapé, les bras croisés, alors que Dawton se trouvait vers la table, les bras croisés également.
Pourquoi ?
Monsieur voulait que je dorme sur le lit, avec lui, alors que je n'avais pas envie de me retrouver à nouveau prise au piège par son contact. Après tout, je savais tout comme lui, qu'il suffisait de peu pour que toute la situation ne dérape à nouveau. J'avais donc décidé de dormir sur le canapé, mais il avait fermement refusé que cela arrive. C'était pour cela que nous étions dans cette situation, où aucun de nous deux ne voulait laisser l'autre aller tout simplement dormir sans prise de tête.
- Nous n'en serions pas à là si tu étais enfin d'accord pour me laisser rentrer chez moi.
- Nous en avons déjà parlé. Tu es chez toi, ici.
- Non.
- Si.
- Mon chez moi, c'est un endroit que je connais. Pas la chambre d'un inconnu.
- Je ne suis pas un inconnu ! Ca fait quasi un mois que nous nous connaissons !
- Et ca te suffit pour que je partage le même lit que toi ?!
- Nous sommes âmes soeurs.
Je balayai sa remarque d'un geste. Comment pouvait-il toujours tout rapporter au fait que nous étions supposés être âme soeur ?!
- Donc, d'après ta logique, si je connais un mec depuis un mois, je peux me retrouver dans son lit ? Je devrais faire ça dès maintenant. Tiens, avec Noah ? Je le connais depuis un mois aussi !
Il poussa un grognement empli de colère.
- Tu es mienne !
Je le fusillai du regard.
- Je ne suis pas un objet que les mecs peuvent trimballer à tout bout de champs en disant que je leur appartiens !
Je le vis serrer les poings avec force, avant de faire un pas dans ma direction.
- Ne fais pas un pas de plus, l'inconnu. Je ne fais que suivre la logique de ce que tu dis.
- Ca ne semblait pas te gêner de te retrouver dans mon lit, pourtant.
- Maintenant, ça me gêne.
- Pourquoi ?!
- Parce que tu es incapable de te contrôler. Ta libido est en train de prendre le dessus.
Il poussa un grognement de frustration en roulant des yeux.
- Si ça ne tenait qu'à moi, tu serais déjà marquée ! Mais je fais tout mon possible pour me retenir.
- Tu sauras qu'il y a du laisser aller.
Il grinça des dents.
- Ginger, ne joue pas avec ma patience.
- Sinon quoi ? Tu vas me violer ?
Il tiqua face à ma question.
- Je ne ferai jamais quelque chose contre ta volonté.
- Pourtant, tu essayes de me mettre à tout prix dans ton lit.
Il rendit les armes en levant les mains, et en soupirant.
- Va dormir dans le lit. Je prends le canapé.
Il me fit signe de la main de me lever, et je finis par lui obéir. Je marchai alors jusqu'au lit alors qu'il s'allongeait sur le canapé. Son soupir me fit arquer un sourcil, alors que je me demandais jusqu'où il pouvait aller pour mon bien. Cela faisait presque un mois que je l'avais rencontré, et sans que je m'en rende compte, le temps avait vraiment défilé à la vitesse de l'éclair.
- Demain, je dois retourner chez MOI. Pas besoin de me sortir le coup du "ici, c'est chez toi", gnagnagna ou une autre excuse bidon. J'ai quelque chose à faire.
- ...Qu'est-ce que tu as à faire ?
Je m'enveloppai dans le drap qui sentait l'odeur de Dawton.
- C'est personnel.
Il soupira.
- Très bien. Je t'accompagnerai jusqu'à chez toi et je viendrai te chercher le soir pour que tu reviennes sur le territoire.
J'étais déjà satisfaite de l'entendre dire qu'il pouvait me ramener chez moi, mais je voulais tellement le contredire pour le soir. Je ne voyais pas pourquoi je devais rentrer alors que j'avais mon propre chez moi, mais je ne dis rien à ce propos afin d'éviter une toute autre dispute qui me menerait à rester ici.
- Bonne nuit, Ginger.
Je baillai en m'allongeant, posant ma tête sur le coussin, sans pour autant quitter le canapé du regard.
- Bonne nuit, l'inconnu.
Je fermai les yeux, et finis par m'endormir.
A mon réveil, un soleil avait pointé son nez, et je baillai un grand coup avant de me redresser. Je jetai alors un coup d'oeil au canapé pour voir que Dawton n'y était plus. Je m'étirai légèrement avant de sortir du lit, en remettant le drap correctement. Je baillai un coup, et passai devant la table pour voir qu'il y avait un post it jaune. Je le pris et me mis à le lire en fronçant les sourcils.
- Tsss, il est parti en réunion.
Je profitai de cette absence pour prendre une douche rapidement, et remettre les vêtements que j'avais portés lors de ma petite sortie sous la pluie. Erin les avait ramenés une fois lavés et secs, et pendant ce temps, elle m'avait prêté des vêtements qu'elle était allée chercher exprès pour moi. Je séchai mes cheveux, et sortis de la salle de bain pour voir que Dawton était déjà là. Il portait une chemise à rayures bordeaux, et un gilet sans manche à carreaux bleu marine. Le pantalon était assorti, et il ressemblait à un parfait gentleman.
- Tu viens de te réveiller ? me demanda-t-il.
Ses cheveux étaient soigneusement coiffés, et pourtant, il avait laissé un début de barbe pousser. Je ne fis que hocher la tête, subjuguée par la manière dont il était habillé.
- Tu as faim ?
- Nope, finis-je par me reprendre en détournant le regard.
Un peu plus, et je le dévorais du regard.
- Quand est-ce que je peux rentrer chez moi ?
- Je peux te ramener maintenant.
- Super ! Allons-y !
Son soupir fut furtif, mais même avec une oreille en moins, j'avais pu l'entendre.
- Très bien.
Il sortit de la chambre, et je le suivis, presque en sautillant. J'enfilai mes chaussures sèches qui se trouvaient vers la sortie de la résidence. Je marchai derrière Dawton qui se dirigea droit vers le garage de la dernière fois. Il déverouilla la voiture noire, et je m'installai à l'avant, alors qu'il en faisait de même.
- Tu es vraiment si contente de pouvoir rentrer chez ton père ?
- Chez moi.
- Chez ton père.
Je roulai des yeux en croisant les bras après avoir mis la ceinture de sécurité.
- Nous ne serons jamais d'accord sur ce point, alors inutile de persister de cette manière pour que je dise quelque chose que je ne veux pas.
Il démarra, et se mit à conduire, ses yeux rivés sur la route.
- Pourquoi, Ginger ? Tu n'aimes pas être ici ?
- C'est juste ennuyeux.
- Tu peux trouver quelque chose à faire.
- Comme quoi ?
Il haussa juste les épaules.
- Finir tes études ?
Je roulai à nouveau des yeux.
- Les études ne sont pas faites pour moi.
- Ce n'est pas une raison pour abandonner.
- Ca fait des années que je ne m'entends pas avec. C'est pas maintenant que je vais tenter de me réconcilier avec.
- Un diplôme ne te ferait pas de mal.
- Pourquoi au juste ? C'est pas comme si je prévoyais d'aller à la fac !
- Tu pourrais si tu voulais.
Il me donnait de faux espoirs.
- Et comment ?
- Il suffit que tu ais un bon niveau, et je m'occuperai du reste.
- Je ne veux pas de ton aide.
- Ce n'est pas une option. Je te fournis mon aide.
- Pas question. Je ne veux pas être dépendante de toi.
- Tu l'es déjà, Ginger. A mon toucher en tout cas.
Il avait un petit sourire malicieux sur son visage que j'avais envie d'arracher. Je tendis ma main vers lui et je le vis me jeter des coups d'oeils tout en conduisant. Je posai ma main sur sa joue, créant de petits picotements au contact de sa peau.
- Tu l'es tout autant, mec.
Je laissai trainer mes doigts sur sa machoire et je le vis serrer les dents.
- C'est pour ça que tu veux me garder près de toi. Parce que tu es bien plus dépendant que moi.
Il grogna légèrement, et je souris en retirant ma main, m'installant à nouveau correctement sur mon siège.
- Tu n'es pas le seul à pouvoir jouer de cette manière, l'inconnu.
Il souffla un grand coup par la bouche, et garda ses yeux rivés sur la route. Contente d'avoir pu le contredire, je portai à mon tour mon attention sur l'extérieur. Le trajet dura un moment, où le silence était presque pesant entre nous. Lorsqu'il se gara devant chez moi, je sortis aussitôt sans me retourner, et entrai chez moi. La porte n'était quasi jamais fermée quand je n'étais pas là. Je ne prenais soin de verrouiller seulement quand j'étais à la maison, autrement, je savais que personne ne tenterait une intrusion ici, au vue des rumeurs qui circulaient sur nous, et puis, il n'y avait rien de valeur à voler. J'avais moi-même peu de vêtements, et l'argent que j'avais dérobé était soigneusement caché quelque part. Je fonçai vers le salon pour voir qu'il était assis en se tenant la tête. Il tourna la tête en m'entendant et me dévisagea, alors que je soupirais.
- Quoi ?! cria-t-il.
- Ca fait 4 ans... tu ne veux pas aller la voir ?
- Va te faire foutre ! Va crever ! Casse toi de cette maison ! Reviens pas !
Il balança plusieurs bouteilles vides d'alcool qui s'écrasèrent non loin de moi, et je lâchai un soupir.
- Ce sera un non alors.
J'évitai soigneusement les débris de verre et vins dans la cuisine pour récupérer le balai afin de nettoyer les morceaux de verre. Je les poussai un peu plus loin, pour éviter qu'il ne marche dessus. Il s'était allongé sur le canapé et était dos à moi. Son corps tremblait, et j'imaginais sans peine qu'il était en train de pleurer. Je quittai le salon et montai dans ma chambre, où je troquai mes vêtements contre une robe noire, et pris la peine de me coiffer correctement. Une fois prête, je pris une liasse de billets, et un petit sac à main, avant d'enfiler des sandales.
Je ne portais pas souvent ce genre d'habits, mais ça ne m'avait jamais dérangé d'en porter. C'était juste que pour voler les gens, il me fallait des vêtements où je pouvais me mouvoir aisément. Je pris un gilet pour couvrir mes épaules, et descendit les marches pour me retrouver devant l'entrée. Je réfléchis un instant à ce que j'avais pu oublier, et je finis par sortir de la maison, avant de marcher jusqu'à l'arrêt de bus. Je pris celui qui partait en direction du centre ville, et attendis debout dans le bus dont les sièges étaient tous occupés. Arrivée à destination, je me rendis aussitôt dans une boutique de fleurs, avant de me mettre à humer.
- Bonjour mademoiselle ! Comment puis-je vous aider ?
La femme avait les cheveux courts chatains, et me faisait un grand sourire. Ses yeux bleus exprimaient la joie, et j'étais vraiment impressionnée de voir quelqu'un d'aussi enthousiaste en travaillant.
- J'aimerais avoir un assortiment de vos fleurs.
- Oui, tout de suite !
Je la vis se dépêcher, alors que je jetai des coups d'oeil autour de moi. Elle me demandait de temps en temps ce que je voulais comme fleurs, mais je la laissai choisir librement.
- Ca vous fera 40 molt !
Elle avait enveloppé les fleurs avec un ruban, et entouré d'un papier transparent. Je lui tendis l'argent qu'elle encaissa avant de me rendre la monnaie.
- Merci beaucoup.
- Au plaisir, bonne journée !
- Merci, à vous aussi.
Je sortis le bouquet en main, avant de m'arrêter à un arrêt de bus qui me menerait vers la grande colline. J'inspirai un coup, avant d'attendre le bus, qui finit par arriver quelques minutes plus tard. Je montai et m'installai au fond, fermant les yeux, le front contre la vitre froide, alors que le bouquet se trouvait sur le siège à côté de moi. Plus le bus s'approchait du terminus, moins il y avait de monde. Je fus même surprise de voir qu'il restait un jeune homme dans le bus pour le dernier arrêt, alors que j'étais habituée à faire ces trajets seule. Je descendis, et jetai un coup d'oeil aux escaliers qui se présentaient à moi. Je me mis à les monter lentement, sentant déjà mes muscles grogner face à tout ce qu'il fallait monter. Au bout de ce qui me parut une éternité, je finis par arriver et je me dirigeai aussitôt vers la bosse terreuse autrefois, qui arborait à présent une herbe fraiche. Je m'y approchai et déposai le bouquet à côté.
- Salut, M'man, ça faisait longtemps.
Je sentis mon nez piquer ainsi que les larmes me monter aux yeux. Je devenais toujours sentimentale à chaque fois que je venais ici.
- J'ai pris la peine de m'habiller cette fois.
Je souris pauvrement en me souvenant que l'année dernière, j'étais venue après avoir dérobé de l'argent, et j'avais eu pas mal d'égratignures sur le visage.
- J'ai cru que je n'allais pas pouvoir venir aujourd'hui, mais je suis contente d'être là. Papa ne viendra pas cette année non plus... il...
Je me mordis la lèvre inférieure en me tenant les mains.
- Son état s'est empiré... et je ne sais pas quoi faire pour le remettre sur le droit chemin. Pour qu'il continue à vivre.
Une bourrasque de vent vint emmêler mes cheveux, et je soupirai.
- Tu l'as sûrement vu de toute façon.
Je m'agenouillai devant la soi disant tombe de ma mère. Après sa mort, nous n'avions pas eu assez d'argent pour inhumer son corps et encore moins payer une tombe décente. Je m'étais souvenue à l'époque qu'elle aimait vraiment cet endroit, et j'avais décidé de rassembler un tas de terre pour en faire sa tombe de substitut.
Puis chaque année, je venais la voir, même si je savais pertinemment qu'elle n'était plus là, je voulais croire qu'elle était en mesure de m'entendre, et de voir ce que je subissais pour survivre dans ce monde.
- Tu me manques, maman...
Ma voix se brisa et les larmes longèrent mes joues lentement. Je me laissai tomber sur le sol, et je me mis à sangloter sans aucune retenue.
C'était le seul moment de faiblesse que je m'accordais.
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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat ©
Présence de fautes en tout genre. A éditer.
Lil, le 18.11.2018, à 20:05
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