Chapitre 17

Chapitre 17 Bis

J'avais l'impression que mon père n'avait même pas remarqué que j'avais été absente de la maison. Donc lorsque je me déciderai enfin à quitter cette maison, il ne remarquerait absolument rien.

Triste vie.

Je descendis les marches des escaliers, mon sac à dos accroché par une bretelle à mon bras, et je grognai en passant une main sur mon visage, fatiguée de devoir faire tant d'efforts. Je sortis de la maison en fermant la porte derrière moi, et marchai jusqu'à l'arrêt de bus en baillant. J'allais en cours, seulement pour faire acte de présence, mais je savais que je ne tiendrais pas bien longtemps, avant de me décider à aller aux arcades. Je baillai encore un grand coup à m'en décrocher la mâchoire, avant de monter dans le bus et m'installai au fond, les yeux à moitié clos. Je me réveillai de justesse pour descendre à l'arrêt. Le reste du trajet me paraissait interminable, alors que tout ce que je souhaitais, c'était retourner dans les bras de mon lit. En plus, ce n'était pas comme si des gens me parlaient dans ce lycée. J'étais la fille qu'il valait mieux ne pas fréquenter, et tout le monde avait tendance à m'éviter soigneusement, lorsque je prenais soin de pointer le bout de mon nez comme aujourd'hui.

Je parvins à suivre le premier cours sans vraiment d'encombre, prenant sur moi-même pour ne pas me lever et quitter la salle devant tout le monde. Par contre, le cours suivant fut tout sauf amical.

- Tiens donc, Ginger nous a fait grâce de sa présence ! lança la prof avec ironie.

Je souris en la regardant, alors qu'elle s'était assise sur la chaise en rangeant son sac près de la table, et en retirant sa veste qu'elle accrocha derrière sa chaise.

- Profitez-en, ce ne sera pas tous les jours.

J'entendis les autres émettre un petit son amusé face à ma remarque, alors que la prof commençait à faire la moue. Elle jeta un coup d'oeil aux feuilles qui se trouvaient devant elle, et arqua un sourcil, puis sourit de toutes ses dents, reportant son attention sur moi.

- Puisque tu sembles être en forme aujourd'hui, tu devrais briller pour l'interro d'aujourd'hui.

Fuck.

Je retins mon sourire qui voulait se transformer en une grimace, et je hochai la tête, tout à coup, l'envie de fuir prenant une grande place. Je me souvins alors des propos de Dawton à propos de mes fuites, et mon coeur se serra. Ce con avait raison.

Comme toujours.

Mais je ne voulais pas qu'il ait raison. Je ne voulais pas qu'un inconnu me dise des choses sur ma petite personne de cette façon, alors que j'étais supposée me connaitre mieux que lui. Je pris sur moi-même pour rester à ma place, et les copies furent distribuées. Je pris une grande inspiration avant de me plonger dans les exercices qui se trouvaient sous mon nez. Deux minutes plus tard, je levai la tête en regardant le reste de la classe, alors que je ne comprenais pas ce qui était sous mon nez. Avais-je raté tant de cours ? Je me grattai la tête, avant de soupirer, et de jouer avec mon stylo. Pourquoi n'avais-je pas quitté ce lycée au juste ? Je savais que je n'étais pas très douée en études, et rester ici me faisait perdre du temps. Je ne gagnais aucun argent à rester assise de cette manière sans la possibilité de faire quoi que ce soit. Je voulais me lever de cette chaise et partir aussitôt, mais les paroles de ce putain d'Alpha me revenaient en tête, et me donnaient mauvaise conscience.

- C'est pas comme si je pouvais réussir ce truc, marmonnai-je.

Je lâchai un grognement de frustration, avant de me lever de ma chaise, en attrapant mon sac, et je pris les papiers. Je me rendis au bureau de la prof qui sourit d'un air satisfait, et je posai les papiers sur sa table brusquement, la faisant sursauter.

- Si je me mets à étudier, je finirai comme vous. Aigrie, et tout le tralala. Vous devriez ressentir mon état comme un échec. Après tout, vous êtes prof, mais vous ne m'avez jamais apporté votre aide.

Derrière moi, tout le monde était silencieux, et j'étais consciente qu'ils m'écoutaient tous.

- A moins que votre seul but en étant devenu prof, était de pouvoir vous taper levieux dégarni qui nous sert de proviseur.

Je vis son regard choqué alors qu'elle se demandait sûrement comment j'avais pu être au courant.

- Mais chuuut, ajoutai-je en mettant mon index devant mes lèvres.

Je lui fis un clin d'oeil avant de sortir de la salle de classe que je venais de rendre hystérique face à la nouvelle. Je poussai un soupir à fendre l'âme et sortis du lycée comme si de rien n'était, avant de prendre le bus pour rentrer chez moi. J'eus l'assez grande mauvaise surprise d'entendre du bruit chez moi, et surtout la voix d'une femme qui gémissait. Je fis une moue dégoutée, et montai rapidement dans ma chambre, avant de lancer mon sac dans un coin de la pièce. Je pris soin de me changer dans des vêtements plus amples et attrapai quelques liasses de billets de ma cachette, sans les compter, puis je descendis les marches d'escaliers pour me rendre au séjour et voir mon foutu père complètement nu avec une femme.

En train de se foutre tous les deux l'air.

- C'est sûr que t'as rien de mieux à faire que ça dans cette fichue maison.

Ils sursautèrent et la femme lâcha un cri avant dese retirer de la prise de mon père, puis de chercher quelque chose pour se couvrir. La vue me dégoutait au plus haut point, mais ce n'était pas la première fois que je voyais ce genre de scène cauchemardesque en revenant dans cette maison.

- Tak, fis-je ma langue.

J'étais dégoutée. Mon coeur était serré à l'extrême alors que je me rendais compte que j'avais envie de pleurer. Je n'aimais définitivement pas la manière dont ma vie avait tourné.

- C'est combien pour ce coup-ci ? 100 molt ?

La femme sembla se vexer par le prix que je lui proposais et me fusilla du regard.

- C'est 5000 molt.

- Ben putain, tu dois être vachement bonne, mais t'as quand même l'air frippé, meuf. A ta place, je baisserai le prix, autrement, tu te taperas que des vieux de son genre.

Je balançai les liasses de billet dans sa direction.

- Maintenant casse-toi d'ici avant que je te traine par les cheveux.

Elle compta les billets et parut satisfaite. Elle ramassa ses vêtements, et les enfila à vive allure, avant de partir de la maison, alors que mon père se rhabillait lentement. Il se tourna subitement pour me fusiller du regard, ses yeux injectés de sang.

- Tu t'es crue pour qui au juste ?!

- Pour ta putain de fille que tu dégoutes !!

Il prit une bouteille qui se trouvait sur la table et la balança dans ma direction. Les éclats de verre s'éparpillèrent sur le sol, et je secouai la tête de gauche à droite face à son geste.

- T'es en mesure de te taper une pute, alors que tu sais très bien qu'on a pas les moyens rien que pour maintenir cette maison ! criai-je.

- FERME TA GUEULE ! TU CROIS QUE C'EST DE LA FAUTE A QUI HEIN ?! SI ELLE SERAIT ENCORE LA, ON AURAIT PAS CE PUTAIN DE PROBLEME !!

Je poussai un hurlement de frustration en remarquant bien que nous étions en train de repartir sur les mêmes arguments. Encore et toujours, il ne faisait que me rabattre les oreilles sur ce qu'il s'était passé, et du fait que tout cela était de ma faute. Cela faisait des années que je l'entendais me dire ce genre de chose, et toujours après avoir baisé avec une pute, il me balançait encore ce genre de conneries ! Je serrai mes mains en poing jusqu'à en blanchir les phalanges, et émis un grognement plein de colère, avant de sortir de la maison en claquant la porte. Le vent vint me fouetter le visage, et j'inspirai un grand coup par le nez, avant de me mettre à courir. J'avais besoin de ressentir mes poumons brûler, et mes muscles crier de douleur comme à chaque fois que je me mettais à courir. Je voulais juste avoir mal ailleurs pour ne pas pleurer. Je sentis la blessure à mon mollet tirer, mais je n'y fis pas attention, préférant chercher une douleur qui se rapprochait de mon coeur pour la surmonter. Courir me donnait la sensation de pouvoir me libérer de tous ces maux que j'avais, et de pouvoir fuir à nouveau toutes responsabilités, fuir le fait que ce jour-là ma vie avait basculé subitement.

Le temps défila sans que je me rende compte, alors que j'avais été focalisée sur mes ressentis, mais je pouvais m'apercevoir que j'avais couru loin. Je m'arrêtai petit à petit, en essuyant la sueur qui était sur mon visage avec la manche de mon sweat, et reprenai mon souffle comme je le pouvais. Je déglutis péniblement, avant de me tenir à ma hanche.

- Bordel, pestai-je.

Je jetai un coup d'oeil autour de moi sans reconnaitre les environs, et soufflai un grand coup par la bouche. Je me souvenais vaguement du chemin que j'avais emprunté en courant. Tout ce que j'avais voulu, c'était me retrouver loin de cette maison et de lui, de tous ses reproches qu'il avait contre moi. De toute cette haine qu'il pouvait me déverser aussi ouvertement. Il n'était pas le seul à souffrir de la situation. J'étais là aussi, mais il ne semblait pas s'en rendre compte, noyé par ses propres maux.

Je finis par me calmer, et je repris mon souffle correctement. Ce fut à ce moment-là que je sentis la douleur à ma jambe. Je soulevai le bas de mon pantalon pour voir que le bandage avait pris une couleur qui ne me disait rien qui vaille.

- Fuck.

Avoir couru m'avait fait oublier la douleur, et à présent que je m'étais remise à marcher tranquillement, je commençais à ressentir la douleur d'avoir trop tiré sur cette jambe. Je sortis mon portable pour voir qu'il était presque midi, et je levai les yeux au ciel qui avait pris une teinte grise.

- Avec ma veine, il va se mettre à pleuvoir, marmonnai-je.

Je fis le chemin inverse, me rendant compte que j'avais vraiment couru loin sans remarquer les alentours. Je me trouvai au bord de la rivière, avec un chemin à perte de vue, avec seulement des arbres le long du trajet. Je profitai de cet instant pour observer mes alentours, trouvant l'endroit plutôt agréable. Pourtant, au bout d'un très long moment, je finis par tendre ma main en sentant quelques gouttes tomber du ciel, et je grognai lorsqu'il se mit à pleuvoir subitement et abondamment, comme sous une douche. Je jetai un coup d'oeil circulaire autour de moi, à la recherche d'un réfuge, sans pour autant en remarquer un, et je décidai de continuer à marcher sous cette pluie torentielle. Mes vêtements se collèrent à ma peau, me donnant une sensation désagréable, et je croisai les bras alors que je m'étais mise à grelotter face au froid.

- Fuck !

Le fait de croiser les bras, ne m'aida pas à conserver ma chaleur, et je fourrai mes mains dans les poches de mon pantalon, puis soufflai par la bouche pour voir un nuage de fumée s'élever. Mes chaussures étaient complètement trempées également, et couinaient à chaque fois que je faisais le moindre pas. Je portai mes mains à ma bouche pour me réchauffer face à cette pluie glaçante, et me mis à trottiner doucement pour tenter de me réchauffer. Je repris rapidement une bonne allure qui me permit d'avancer assez vite, et je m'arrêtai à l'orée d'un bois pour reprendre mon souffle. La pluie n'avait pas cessé, mais était moins intense qu'à ses débuts. Je sursautai soudainement en entendant un bruit sec sur ma gauche, et tournai la tête pour voir plusieurs silhouettes assez massives. J'eus un mouvement de recul, et l'un d'eux grogna. Je levai alors les mains en l'air.

- Du calme, tentai-je. Je me suis perdue !

Ce qui n'était pas faux, puisque je ne savais pas vraiment où j'étais. Je n'avais fait que suivre le trajet que j'avais emprunté en courant dans le sens inverse.

Le loup huma et fit signe de la tête, comme s'il voulait que je reparte. Je hochai aussitôt de la tête.

- Merci !

Je me remis à courir, ou plutôt à trottiner, en espérant qu'il ne me restait pas grand chose en trajet jusqu'à chez moi, mais je pouvais me fourrer les doigts dans l'oeil. J'avais tellement couru, que je n'étais pas sûre de pouvoir rentrer à la maison.

- Bordel de merde ! criai-je sous la pluie qui venait d'augmenter en intensité.

Je dépassai la forêt, pour finalement reconnaitre le paysage familier, et je pus apercevoir le bitume. Finalement, je traversai un parc désert, et je courus sur le trottoir d'une rue que je connaissais. Une voiture s'arrêta soudainement près de moi et je reconnus aussitôt le propriétaire qui ouvrit la portière de sa voiture noire.

- Ginger !

Il était beau à se damner avec son costume bleu, sa chemise blanche juste en dessous et la cravate bleue marine. Ses cheveux blonds étaient coiffés soigneusement, et j'avais l'impression de faire face à un milliardaire qui avait pris la peine de se perdre dans cette petite ruelle. Rien à voir avec mon pauvre accoutrement. Dawton sortit de la voiture, et m'arrêta, alors que je m'apprêtais à repartir.

- Qu'est-ce que tu veux ? lançai-je.

- T'es frigorifiée ! Tes lèvres sont violettes ! Qu'est-ce que tu fais sous cette pluie ?!

- Je cours, ça ne se voit pas ?

Ses yeux descendirent immédiatement à ma jambe, en arquant un sourcil. Dans un mouvement rapide, il s'abaissa et souleva le bas du pantalon pour révéler ma blessure. Il grogna, et me prit par le bras avant d'ouvrir la portière arrière de sa voiture, et il me força à entrer dans l'habitacle.

- Qu'est-ce que tu fais ?! m'écriai-je en tombant sur la banquette arrière.

- Je te ramène sur le territoire pour soigner ta blessure. Et te réchauffer.

- Ma maison n'est pas loin ! protestai-je.

- Tu es restée une seule journée dans cette foutue maison et regarde dans quel état je te retrouve ! s'énerva-t-il.

Il ferma la portière et je me redressai consciente qu'il faisait vraiment bon dans cette voiture. Je croisai les bras sur ma poitrine, en tentant de me réchauffer alors que je m'étais à nouveau mise à grelotter, et Dawton s'installa derrière le volant avant de me jeter des vêtements bien trop grands qu'il avait récupéré de son coffre.

- Essaye de te sécher comme tu peux, Ginger.

Malgré l'humidité, je grognai en retirant le sweat trempé et gardai mon débardeur, avant d'enfiler le grand pull qui sentait comme Dawton.

- Regarde la route, mec.

Je vis ses yeux dans le rétro intérieur, et il roula des yeux, avant de reporter son attention sur la route. Je retirai avec dégout mon pantalon trempé et mis le pantalon qui était bien trop grand. Je retroussai le bas, avant de me pelotonner dans un autre pull qu'il avait mis dans le tas. Son odeur était vraiment apaisante. Si j'avais eu ce genre de vêtements en plein hiver, imprégné de son odeur, j'étais certaine que j'aurais pu dormir comme un gros bébé. Je reportai mon attention sur lui alors que je me demandais d'où il revenait pour avoir pris la peine de s'habiller aussi élégamment.

- Encore une dizaine de minutes, et nous serons sur le territoire.

Il avait appuyé sur la pédale, et je passai la ceinture rapidement en me rendant compte que je ne l'avais pas mise depuis le départ. Assise, j'avais posé ma tête contre la vitre, et j'avais tenté de me recroquevillée d'une certaine manière, mais je finis par avoir un frisson qui me traversa, et hérissa mes poils, et éternuai plusieurs fois.

- Fuck, entendis-je.

Je relevai la tête pour voir que Dawton m'observait du coin de l'oeil en utilisant le rétroviseur.

- Si tu tombes malade, je t'assure que je te garde sur notre territoire maintenant.

Je fis la moue, avant d'éternuer à nouveau, sentant mon nez couler. Il marmonna quelque chose dans sa barbe, et je me rendis compte que nous étions enfin sur son territoire. Il sortit de la voiture, et ouvrit la portière, avant de me faire signe de sortir. Je retirai la ceinture après avoir pu me moucher avec un mouchoir que Dawton m'avait donné en balançant un petit paquet dans ma direction, avant de rester où j'étais.

- Je ne veux pas retourner dans cette chambre. J'ai passé trop de temps dedans, que ça me rendrait bien plus malade d'y être.

Il soupira et me tendit sa main.

- ...Très bien. Je ne te ramène pas dans cette chambre.

J'attrapai lentement sa main qui était clairement plus chaude que la mienne, et il me tira vers lui, avant de me soulever. Il marcha, en tentant de me couvrir de la pluie, et je fermai les yeux en posant ma tête contre lui. Je pourrais presque m'habituer à rester dans cette position. Je sentis soudainement son odeur m'emplir complètement les narines, et je rouvris les yeux pour me rendre compte que j'étais dans une chambre.

- Qu-... me dis pas que c'est ta chambre.

- Tu ne voulais pas retourner dans cette chambre.

Il me porta jusqu'à la porte qui se trouvait sur le côté. Il me posa alors sur la chaise, avant de retirer mes chaussures trempées.

- Je pense être en mesure de me débrouiller maintenant.

- Erin ne devrait pas tarder.

- Je sais prendre une douche quand même.

- Pas dans ton état.

J'éternuai une nouvelle fois, et il me regarda d'un air inquiet. Il posa sa main sur mon front, tout en touchant son front de sa main libre. Il fit la moue d'un air frustré, avant de soupirer.

TOC TOC

- Alpha ?

- Entre Erin.

Cette dernière apparut et inclina la tête.

- Alpha, Luna.

Elle me vit alors et écarquilla les yeux d'un air horrifié.

- L-Luna !

Je devais vraiment avoir une sale tête pour qu'elle réagisse de cette manière.

- Occupe-toi d'elle, Erin. Fais en sorte de la réchauffer.

- Oui, Alpha.

Il se releva, et parut assez anxieux, avant de disparaitre pour me laisser aux mains de cette femme.

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Bonsoir !

Comment vous allez ?

Désolée de ne publier que maintenant, je suis très prise avec mes cours, et les aller/retour me prennent tout mon énergie. J'ai déjà eu du mal à me souvenir de publier un chapitre cette semaine ! Ce chapitre est plus long que mes chapitres que j'écris d'habitude ! J'espère qu'il vous a plu !

© Cette histoire m'appartient © Merci de me prévenir pour tout plagiat.

Présence de fautes en tout genre. A éditer.

Lil' le 4.10.2018 à 22:42

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