Chapitre 15

Chapitre 15 Bis

Depuis ce qu'il m'avait dit, je retenais mes remarques cinglantes, et c'était vraiment difficile. Je n'avais pas pour habitude de me retenir, mais pour ce cas précis, j'avais envie de rentrer chez moi.

Autant me montrer docile.

Il soupira en posant les feuilles sur la table, et porta son regard sur moi. Ses yeux verts étaient intenses et vifs, me donnant envie de les regarder toute la journée.

- Ginger, finit-il par dire.

Il semblait tout à coup fatigué. Comme s'il avait fait trop d'effort.

- Dis quelque chose.

J'avais décidé de garder mes piques pour moi, et cela faisait plus de 24h que je ne lui avais pas adressé la parole. Il avait fini par craquer en premier. Je le vis se lever de sa chaise, comme s'il prévoyait de venir vers moi, et je me tournai sur le côté, en prenant garde à mes côtes, avant de me couvrir avec le drap. Je n'avais pas envie de le confronter.

- Ginger...

Mon coeur se serra en entendant sa voix presque suppliante. C'était stupide, mais le fait de l'avoir supporté chaque jour jusqu'à présent m'avait presque rendu dépendante de lui. Je fermai les yeux et tentai de dormir, alors que je pouvais l'entendre se rétracter, et se rasseoir sur la chaise. Je maintins cette position, pour qu'il se concentre sur son travail au lieu de reporter son attention sur moi.

- Ginger, finit-il par dire au bout d'un moment. Tu veux sortir ?

Il pensait vraiment qu'agir de cette façon allait me faire craquer ?

- Tu veux reprendre ta rééducation ?

Il jouait sur la corde sensible pour me faire mordre l'appât, mais je n'étais pas aussi idiote qu'il le pensait. Je me focalisai sur ma respiration, et finit par me rendormir.

Je me réveillai en sursaut, les images me revenant en mémoire, et je déglutis péniblement en retirant le drap qui me recouvrait. Je regardai autour de moi pour voir que j'étais encore dans la pièce, et je soufflai un grand coup. Dawton dormait assis sur sa chaise, la tête contre la table, et j'imaginais sans problème les douleurs au dos une fois qu'il se réveillerait. Je passai une main dans mes cheveux, et finit par me calmer en prenant le temps de reprendre mon souffle. Je repoussai le drap, et me mis sur pieds en enfilant des chaussons. Je pris alors mon temps pour marcher, et finis par atteindre la salle de bain, où je me vidai la vessie avec soulagement. Je me lavai les mains, avant de m'asseoir sur la chaise en m'observant dans le miroir.

J'avais l'impression d'avoir pris un peu de poids. Ce qui me paraissait normal avec tout ce que Dawton apportait pour que je mange à chaque fois. J'avais l'air en bonne santé, et je pouvais voir la différence avec l'apparence que j'arborais avant que je ne le rencontre.

Je finis par me lever de la chaise, et marcher à nouveau jusqu'au lit, en prenant soin de souffler, et de prendre mon temps pour ne pas brusquer ma jambe. Me rendant compte que Dawton dormait toujours et que je ne serais pas en mesure de le porter jusqu'à un lit, j'attrapai la couverture qui se trouvait sur le fauteuil roulant, et marchai jusqu'à lui. Je posai alors le tissu sur ses épaules lentement, pour ne pas le réveiller, et je souris légèrement en l'entendant ronronner comme un animal. Je tournai alors la tête pour observer mon lit, et je fis la moue. Je n'avais vraiment plus envie de dormir... Si je venais à sortir... il ne pourrait rien dire si je revenais avant qu'il ne se réveille, non ?

Je fis quelques pas jusqu'à la porte, et l'ouvris lentement en soufflant de soulagement quand elle ne fit aucun bruit. Je sortis alors de la chambre presque sur la pointe des pieds, avant de longer le couloir. Connaissant le chemin menant à la sortie, je ne tardai pas à mettre le pied à l'extérieur. Il faisait frais, et je savais que la saison des neiges n'allait pas tarder à arriver.

Une saison que je n'aimais pas vraiment.

J'étais supposée me débrouiller pour chauffer la maison, sans trop dépenser, et je ne pouvais pas me permettre d'avoir mes vêtements trempés par la neige, parce que je n'avais aucun moyen de les sécher correctement.

Je m'assis avec soulagement sur un banc qui se trouvait non loin de l'entrée du bâtiment, et je jetai des coups d'oeil autour de moi. Les lampadaires éclairaient les chemins envisageables devant moi, et j'avais presque envie de fuir.

Mais Dawton s'inquiéterait.

Je me mordis la lèvre inférieure en me rendant compte que je faisais de plus en plus attention à lui, à ce qu'il pourrait penser, et au fait qu'il pouvait s'inquiéter.

J'entendis du bruit, et vis des hommes sortir de la forêt. Leurs regards se posèrent sur moi, et ils inclinèrent la tête.

- Luna.

Je ne me souvenais pas les avoir déjà rencontré... comment savait-il... ?

- Comment est-ce que vous savez ? leur demandai-je.

Ils se jetèrent un coup d'oeil, avant que l'un d'eux finisse par me répondre.

- Tout le monde est au courant de votre présence sur le territoire. L'Alpha a prêté une grande attention à ce que l'on renforce la sécurité pour votre bien.

Je soupirai en passant ma main dans mes cheveux. Remarquant que les hommes n'osaient pas partir, je me rendis compte qu'ils attendaient que je leur dise quelque chose.

- Merci de m'avoir répondu. Vous pouvez y aller.

Ils inclinèrent à nouveau la tête, et partirent en me laissant seule. Je ne pouvais décidément pas m'habituer à ce genre de comportement venant des autres.

J'avais pour habitude que les gens me regardent de haut, et non à tous ces gestes respectueux un peu tirés par les cheveux. Je levai la tête soudainement en entendant un grondement qui résonna jusqu'ici.

J'eus un frisson qui me parcourut l'échine, et j'entendis des voix hurler des ordres.

- Ginger !

Je vis Dawton apparaitre à l'entrée du bâtiment, et ses yeux se posèrent sur moi. Il courut aussitôt dans ma direction, avant de me soulever et de se remettre à courir.

- Qu'est-ce que tu fais ?!

- Des Abandonnés attaquent le territoire. Il faut te mettre en sécu...

Je tournai la tête pour voir qu'un loup vraiment gigantesque venait de débarquer. Ses yeux rouges me firent déglutir péniblement, alors que Dawton s'était figé. Il me reposa lentement, tout en me cachant de son corps, le loup devant nous montrant ses crocs.

- Reste derrière moi, Ginger.

Dans cette situation, je n'allais clairement pas contester ses décisions. Le loup fonça droit dans notre direction, et Dawton, dans un mouvement rapide et précis, attrapa la patte du loup, puis l'envoya valser plus loin. Je sursautai face au son de l'impact, et je vis d'autres loups apparaitre.

Peu commode également.

- Dire qu'ils avaient dit qu'il avait renforcé la sécurité, marmonnai-je.

Dawton se mit à gronder furieusement, et passa sa main sur ma taille, pour me garder près de lui. Nous étions encerclés, et l'Alpha semblait chercher ce qu'il pouvait faire.

- Ginger...

Je levai la tête, anxieuse à l'idée de devoir mourir ici.

- Accroche toi à mon cou, et ne lâche sous aucun prétexte.

Il me montrait son dos, et je déglutis péniblement, voyant que la distance entre ces loups et nous rétrécissait. Je passai mes bras autour de son cou, et il passa ses mains en dessous de mes genoux. Mon coeur battait la chamade, et la peur me nouait le ventre. Dawton se mit soudainement à courir, et le vent siffla dans mon oreille gauche. Je gardai les yeux fermés, enfonçant mon visage près de son cou.

Les grondements n'étaient pas loin, et Dawton continuait de courir. Il se jeta subitement sur le côté, et je resserrai mon emprise sur lui, avant de lever la tête pour voir qu'un loup nous barrait le passage.

- Transforme-toi, ordonna Dawton.

Sa voix était puissante, et nette.

- Transforme-toi, répéta-t-il avec plus de force.

Le loup trembla un instant, avant que je n'entende des craquements sinistres. Je vis alors le loup crouler sur le sol, avant de reprendre forme humaine. Dawton tourna la tête, et montra les crocs alors que les autres loups qui nous poursuivaient étaient arrivés.

- A genoux !

Certains d'entre eux couinèrent, et Dawton répéta son ordre. Ils obéirent, et d'autres loups apparurent en encerclant les loups qui étaient à genoux.

- Occupez-vous d'eux.

Je remarquai alors que des hommes qui étaient simplement vêtus de short, étaient en train de relever celui qui s'était transformé. Mon souffle s'accéléra alors que j'avais l'impression de l'avoir déjà vu.

Des images me revinrent à l'esprit, alors que je resserrai mon emprise sur Dawton.

"- Hé fillette... t'es encore vivante ?

Je regardai autour de moi, sans comprendre ce qu'il venait de se passer. La voiture était retournée, j'avais une migraine, et je pouvais voir les débris de verre sur le sol."

- Ginger ? Ginger !!

Je repris mes esprits, alors que Dawton avait tourné la tête dans ma direction.

- Tu vas bien ? Tout est sous contrôle maintenant.

Je ne fis que hocher la tête, alors que mes yeux étaient posés sur cette homme nu comme un ver. Dawton grogna légèrement, ce qui attira mon attention.

- Ne regarde pas un autre homme, Ginger.

Je ne me souvenais pas clairement de ce qu'il s'était réellement passé lors de cet accident de voiture. Et le fait d'avoir vu cet homme avait réussi à me faire revenir certaines images dont je ne me souvenais pas forcément. Je le vis se débattre, et soudainement, il se transforma à nouveau en loup, alors que les hommes qui l'avaient entouré, s'étaient mis à le poursuivre.

- I-il vient de fuir.

Ma voix avait bégayé légèrement, comme si je venais presque d'être traumatisée par ce qu'il venait de se passer.

- Les Warriors devraient être en mesure de le rattraper.

Dawton se mit à marcher comme si tout ce qu'il venait de se passer n'était jamais arrivé.

- Tu comptes faire comme si de rien n'était ? dis-je de manière plus assurée.

La menace avait disparu, et nous éloigner de cet endroit, rendait la situation moins réelle.

- Nos hommes s'occupent de la situation.

- Tes hommes, le rectifiai-je.

- Techniquement, tu es la Luna de cette meute. Tu peux les commander également. Donc ce sont "nos" hommes.

Ne voulant pas gaspiller mon énergie à le contredire, je le laissai gagner.

- Ginger ?

- Mmh...

- Tu ne vas pas redevenir silencieuse, j'espère ?

C'était vraiment tout ce qui le préoccupait ? Des loups venaient d'attaquer son territoire, qui venait seulement d'être contrôlée. S'il ne s'était pas réveillé, je serai surement morte à l'heure qu'il est.

- Ginger ?

- Ca ne te fait vraiment rien ce genre de situation ?

- Ce genre d'attaque arrive de temps en temps. Ils ont surement eu vent de mon absence en bordure pour patrouiller, depuis que je reste avec toi. Ils ont du penser qu'il était possible d'attaquer.

- Raison de plus pour que tu me ramènes chez moi. Aucun risque de me faire attaquer par un loup là-bas.

- Te laisser chez toi sans surveillance me rend bien plus anxieux que cette attaque sur notre territoire.

- C'est pourtant moins dangereux qu'ici !

- Pas quand tu te mets à voler.

Je roulai des yeux.

- C'est pour ça que je suis assez réticent à l'idée de te laisser rentrer chez toi. Tu es imprévisible, Ginger. Et tu frôles bien trop le danger. Tu as trop de fierté pour me contacter en cas de problème.

Il n'avait pas tort.

- Je n'ai aucun compte à te rendre.

- Je peux pourtant t'aider, Ginger. Que ça soit financièrement ou si tu as besoin d'une oreille attentive.

Je ne dis rien, alors que je me rendais compte enfin de ma position. J'avais toujours les bras autour de son cou, et ma tête était posée sur son épaule. Je pouvais sentir son odeur familière qui était apaisante. Je ne m'étais jamais vraiment rendue compte qu'il était si imposant que ça. Certes, je l'avais peut-être catégorisé dans les grands gaillards, mais maintenant que je me retrouvais sur son dos, je me trouvais très menue face aux muscles de son dos.

- Ginger ?

- Mmh ?

- Que faisais-tu dehors ?

- J'étais juste sortie prendre l'air un coup.

- Tu aurais pu me réveiller.

- Tu dormais.

- Ca ne m'aurait pas dérangé que tu me réveilles.

Je vis qu'il prenait son temps pour marcher, alors que j'aurais cru qu'il se serait dépêché afin que je retourne dans cette chambre.

- On peut faire un tour dans le coin avant que je retourne au lit ?

Il hocha la tête, et je souris.

- 30 minutes seulement, et ensuite, tu te reposes à nouveau.

J'avais presque envie de sauter de joie.

- Yuuuu dadaaa ! m'exclamai-je.

Il éclata de rire et continua de marcher, alors que je faisais comme si je me tenais sur un cheval.

- Plus vite, mon fidèle destrier !

Il se mit à trottiner légèrement, et je sentis le vent me caresser le visage, ébouriffant mes cheveux par la même occasion.

Je me sentais tellement bien juste avec lui. Je savais pourtant que je ne devais pas me reposer sur lui, mais c'était plus fort que moi.

J'avais envie de lui faire confiance.


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Bonsoir !!

Après avoir reçu de nombreux messages à ce sujet, voici le chapitre tant attendu !

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© Cette histoire m'appartient, merci de me prévenir en cas de plagiat.

A éditer. Présence de fautes en tout genre.

Lil', le 22.08.2018 à 22:31

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