I'm hungry for freedom like never before 🎵

Chapitre 21.

Si Alastor souriait en permanence comme moyen de dissimuler ses vrais sentiments à ses ennemis, son émission de radio était sa seule façon de s'exprimer réellement. Les musiques qu'il diffusait en ondes pouvaient refléter ses véritables émotions, même s'il veillait à ne pas trop en dévoiler.

Au-delà de cela, la tour radio était un sanctuaire encore plus privé que sa chambre. Personne n'était autorisé à entrer ici. Il s'agissait d'un cocon de tranquillité et d'intimité où il pouvait réfléchir et se détendre. L'espace radiophonique en était un où il pouvait échapper, le temps de quelques heures, aux soucis de la vie quotidienne... et à son pacte avec Lucifer.

Le plus énervant dans tout cela, c'était que la journée passée avec l'ange avait été... tout ce qu'il y avait de plus normal. Le roi des enfers agissait comme s'il n'y avait pas de pacte entre eux, comme s'il ne possédait pas son âme et comme si Alastor n'était pas forcé d'acquiescer au moindre de ses désirs. Lucifer agissait avec candeur et naïveté, ne montrant son véritable pouvoir que lorsqu'il était réellement en colère.

Alastor aurait voulu que le roi soit plus cruel et qu'il abuse de son pouvoir et de leur pacte. De cette façon, il aurait eu une véritable raison de le détester.

Mais il n'en était rien.

Lucifer se contentait seulement de le provoquer pour le plaisir... presque gentiment, comme une taquinerie. Mais il n'outrepassait pas les limites et ne le forçait à rien du tout. Enfin, il exigeait qu'il boive son sang, mais Alastor avait été le premier à le réclamer. Et la demande était justifiée s'il considérait que ne pas répondre à cette addiction revenait à perdre les pédales. Lucifer l'avait même remis sur pieds lorsqu'il avait perdu le contrôle l'autre jour, alors que cela aurait été l'occasion parfaite d'avoir une bonne raison de se débarrasser de lui.

Bien sûr, il était aussi énervé de s'être laissé si facilement piégé. Il n'aurait jamais dû devenir addict à ce sang... ni accepter ce pacte en premier lieu, mais il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même pour cela.

En fait, sa seule véritable raison de détester Lucifer était aussi la plus difficile à admettre : l'ange lui faisait un effet. Chaque fois qu'il avait bu son sang, son corps devenait brûlant et une excitation envahissait le bas de son ventre. Une sensation sur laquelle il n'avait aucun contrôle. Et il n'y avait rien de pire pour le démon que de ne plus rien contrôler.

Et avec la soif qui revenait... Il n'avait suffi que Lucifer glisse deux doigts fins de long de sa gorge, comme une incitation à la mordre, pour que la bouche d'Alastor s'assèche. S'il avait eu moins de contrôle, il aurait très bien pu se jeter sur l'ange pour croquer sa veine à même le hall de l'hôtel. Il avait été forcé de fuir le plus rapidement possible pour ne pas céder à ses pulsions.

Avoir une si grande réaction pour un si petit geste... Voilà pourquoi Lucifer était aussi agaçant. Alastor parvenait à se contrôler en présence de n'importe qui d'autre. Il pouvait garder le sourire en face de Vox, même en face d'Adam... mais le roi des enfers parvenait à se glisser sous sa peau et à lui tirer des réactions auxquelles il n'était pas préparé.

En soupirant, Alastor mis fin à la diffusion de son émission de radio et retira son casque d'écoute de sur ses oreilles. Il étira ses bras au-dessus de sa tête et décida de retourner à sa chambre en éteignant la lumière du studio d'enregistrement derrière lui.

— Al ! Alastor !

Le démon se retourna au détour d'un couloir pour tomber sur Charlie.

— Qu'est-ce que je peux pour toi, très chère ? ~

— J'attends que tu termines ton émission ! Je suis descendue au hall tout à l'heure, mais mon père m'a dit que tu étais déjà parti parce que tu devais mettre la viande au frigo.

— En effet. ~

— Alors, j'ai attendu que tu termines ton émission – et c'était super, hein, toujours de bons choix musicaux... bon je préférerais que ça ne se termine pas avec le cri d'horreur d'une victime potentielle parce que c'est un peu... tu vois ? mais hum... je ne suis pas venue pour dire ça... alors heu... – ! Je voulais seulement te demander comment s'était passé ta journée ?

— Oh, ce fut une journée très chaude. Il faut dire que la température est rayonnante ces derniers jours. ~

— Je voulais dire... avec mon père !

Alastor se figea pendant quelques secondes. Il ne pouvait décidément pas révéler la vérité (ni au sujet du sang ni au sujet du pacte). Alors, il convint de dire à Charlie ce que cette dernière voulait entendre.

— Oh. Très agréable. ~

Charlie frappa dans ses mains en sautillant sur place avec enthousiasme.

— Wouah ! Je suis contente que vous vous entendiez si bien.

Le sourire figé d'Alastor ne bougeait pas.

— Comment aurait-il pu en être autrement, darling ? ~

— Tu as raison ! Tu es génial, Alastor, et mon père aussi... alors j'étais certaine que ça fonctionnerait ! Vaggie pense que c'est louche, mais vous avez plus de points communs qu'on peut d'abord le penser, donc je ne suis pas étonnée. Je ne te dérange pas plus longtemps.

« Génial », hein... À quel point l'image du « père génial » que se faisait Charlie de Lucifer serait brisée si elle connaissait les véritables raisons qui poussaient les deux hommes à passer du temps ensemble ? Alastor mourait d'envie de mettre son grain de sel dans l'histoire. Monter la fille contre son père... il pourrait sûrement en tirer profit.

Mais il ne pouvait pas.

Lucifer lui avait interdit de parler de leur pacte.

Alastor ne pouvait que ronger silencieusement son frein. Il serait patient. 

Un jour, il récupérerait sa liberté.