murmures glacés
Le dernier jour de l'année. Quelques heures seulement avant le départ du Poudlard express.
Pourtant, plus aucun étudiant ne songeait aux vacances d'été, depuis que la Gazette avait été apportée par l'habituel ballet des hiboux.
Le Ministère avait été attaqué. Mis à sac.
Et le Ministre en personne était arrivé accompagné de Rita Skeeter et de son photographe, pour trouver un groupe de Mangemorts dirigés par Voldemort en personne.
La panique avait été totale, et après une intervention des Aurors - qui n'avait servi qu'à disperser les attaquants sans réussir à en capturer un seul - Skeeter s'était fait une joie de diffuser l'information dans une édition spéciale abondamment illustrée, prouvant que la guerre avait bel et bien repris.
Bien évidemment, la nouvelle faisait les gros titres, provoquant une certaine panique à Poudlard - et probablement dans le monde sorcier, compte tenu de l'application avec laquelle Skeeter avait relaté l'attaque dramatiquement. Si elle pouvait se montrer plus qu'approximative avec la vérité, il était indéniable qu'elle savait distiller le suspense et la tragédie.
Les chuchotements avaient explosé, tandis qu'une Ombrage visiblement furieuse ignorait les regards mauvais de tous. Après tout, elle avait été celle qui avait assuré tout au long de l'année que le monde magique était en paix et que Voldemort n'était pas de retour.
Harry en voyant la Gazette s'était raidi, et avait immédiatement levé les yeux vers Drago Malefoy pour rencontrer le regard gris familier. Il lui avait adressé un léger sourire, comme pour le remercier, mais le blond n'avait pas réagi.
Puis il s'était penché vers Ron et Hermione et ils avaient tenu un conciliabule passionné. De temps à autres, Harry jetait un regard noir en direction de Dumbledore, qui l'ignorait toujours avec autant d'application.
Finalement, Hermione soupira bruyamment avant de murmurer entre ses dents serrées.
- Franchement Harry ! Je ne comprends pas ce que tu veux dire ! Tu n'as plus confiance en Dumbledore ?
- Je ne dis pas ça ! Je dis juste qu'il ne m'a pas adressé la parole de l'année, et que j'en ai marre de servir de pion pour ses plans stupides ! Sans Malefoy, j'aurais foncé au Ministère et Merlin seul sait comment ça se serait terminé avec Voldemort en personne sur place ! Si seulement il m'avait écouté...
Ron, qui mâchonnait un croissant les sourcils froncés, déglutit avant de prendre la parole.
- Ignore Dumbledore mon pote. Vois le bon côté des choses : les gens cesseront de dire que tu es fou et Ombrage va se faire dégager avec ses chatons maléfiques...
Harry gloussa et lança un regard de gratitude au rouquin. Seul Ron savait trouver les mots pour le faire rire, même dans les pires moments. Hermione se fendit d'un sourire et conclut la conversation, très terre à terre.
- De toutes façons, c'est les vacances Harry. Tu vas les passer avec Sirius... donc tu n'as pas besoin de te poser toutes ces questions. On verra bien à la rentrée...
*
Harry venait de saisir un croissant et mordait à belles dents dedans quand Dumbledore s'approcha, avec son habituel sourire affable et ses yeux pétillants.
Il se pencha, de manière à n'être entendu que du brun aux yeux verts et lui posa une main paternaliste sur l'épaule, sans pour autant croiser son regard.
- Harry, mon garçon... Je suis désolé, mais tu ne vas pas pouvoir rejoindre Sirius. Il risque d'être occupé avec l'Ordre et il est plus sûr que tu retournes chez ton oncle et ta tante.
Harry d'un mouvement sec délogea la main de Dumbledore, les yeux flamboyant de rage. Il lui fallut quelques secondes pour se maîtriser et ne pas se mettre à hurler, mais sa magie s'agitait, étouffante. D'une voix glaciale, sans tourner la tête vers le vieil homme qu'il détestait autant que Voldemort à cet instant, il demanda sèchement.
- Est-ce tout Monsieur ?
Dumbledore hésita, se lissa la barbe, puis soupira.
- Oui Harry. Je suis...
Le brun le coupa grossièrement, refusant d'entendre le moindre justificatif ou la moindre fausse excuse.
- C'est noté Monsieur.
Dumbledore comprit le message et s'éloigna, les épaules légèrement voûtées. Harry laissa tomber son croissant sur la table et le poussa d'un air écoeuré, refusant de répondre aux questions inquiètes de ses amis. Il sentait la rage bouillir en lui, et seuls les yeux couleur d'orage de Malefoy posés sur lui avec... inquiétude ? L'aidaient à se maîtriser pour ne pas exploser et tout détruire.
*
Si Harry pensait que sa journée prenait un tour désastreux, il n'était malheureusement pas au bout de ses peines.
Il commençait tout juste à se calmer quand il se rendit compte que les yeux de tous les élèves ou presque étaient braqués sur lui. Il grogna, avant d'entendre le bruissement des murmures glacés et il jura entre ses dents.
Hermione lui posa une main apaisante sur le bras, et soupira.
- Laisse les parler. Ils sont morts de peur et ils ne savent pas ce qu'ils disent.
Harry plissa les yeux en tendant l'oreille avant de se figer horrifié. La rumeur avait commencé à courir, de groupe en groupe, de table en table, et beaucoup commençaient à reprocher à Harry d'être resté à Poudlard en sécurité. Visiblement, Skeeter s'était aussi posé des questions puisque dans un article en page interne, elle accusait le Sauveur de ne pas agir alors même que le Seigneur des Ténèbres sortait de sa tanière.
Ron s'empourpra pour répondre sèchement à un groupe de Gryffondor, et Harry entendit avec soulagement Ginny et Neville le défendre à leur tour. Malgré ses amis autour de lui, il se sentait oppressé. Il étouffait au milieu de la Grande Salle, et il se retenait de toutes ses forces pour ne pas exploser. Sa magie s'agitait plus que jamais, et il sentait sur lui le regard pesant de Rogue. Pour une fois, le Maître des potions ne semblait pas hostile. Juste pensif.
D'un coup, il entendit un ricanement familier, et Malefoy se redressa, les yeux fixés sur lui. Bien que sa voix fut moqueuse, Harry ne se sentait pas agressé.
- Vraiment ? Donc tout le monde pense réellement que Saint Potty est capable de faire des miracles, parce qu'une troupe d'Aurors d'élite est restée impuissante... Ou alors le Ministère emploie encore plus d'incompétents que je le pensais.
Ses mots ramenèrent le silence, et Harry vit ses camarades lui jeter de discrets regards, un peu honteux. Ils avaient paniqué, et n'avaient pas fait attention qu'ils demandaient à un adolescent de leur âge de prendre des risques inconsidérés...
Avec soulagement, Harry sentit que l'attention se détournait de lui. Il en profita pour adresser un sourire sincère de remerciement à Drago Malefoy. Ce dernier lui fit un discret clin d'oeil malicieux qui laissa Harry figé par la surprise, le coeur battant.
Prompt de demain : aussi rouge que le sang
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