Lorsque Scorpius ouvrit les yeux, blotti dans les bras de Harry, il soupira de bien être mais ne chercha pas à se dégager. Son camarade dormait encore, et il pouvait profiter un peu plus du contact. Il se doutait bien que le brun se dégagerait à peine les yeux ouverts, et il reprendrait la distance habituelle.
Fuir avec Harry était à la fois l'enfer et le paradis. Plus il connaissait le jeune homme à ses côtés, plus il avait envie d'être proche de lui.

Il était à chaque instant tenté d'initier le contact, il avait envie de toucher sa peau, comme pour s'assurer qu'il était réel. Sa chaleur le rassurait, le faisait se sentir entier. Il était son ancre dans la réalité, et tout le reste s'estompait dans l'esprit du jeune Serpentard.

Le blond ferma douloureusement les yeux en se rendant compte qu'il avait lancé le sort noir pour sauver son père. Pour lui éviter une vie de regrets et de souffrance, prêt à sacrifier sa vie.
Cependant, désormais, il était prêt à se sacrifier une nouvelle fois, juste pour que Harry vive. Il ne pourrait pas continuer sans lui, il se refusait à l'abandonner.

Quoi que les changements qu'il ait provoqué puisse entraîner comme conséquences, il était prêt à tout pour le brun qui le serrait contre lui. Et alors qu'il observait la courbure douce de la joue veloutée, Scorpius se demanda si son père s'était rendu compte d'à quel point Harry Potter était un garçon exceptionnel.
Il savait que Drago Malefoy avait épousé Astoria sous la contrainte, et ses parents s'étaient accommodés de ce mariage arrangé. Mais il se demandait si son père avait senti son cœur accélérer en observant celui qu'il appelait "ennemi", comme le sien le faisait. Si son père avait conscience qu'un monde sans Harry Potter ne valait pas la peine.

Scorpius ferma les yeux et se colla un peu plus contre Harry, prêt à se fondre dans ses bras. Une larme solitaire roula sur sa joue, alors qu'il acceptait pleinement le fait d'être totalement attaché au père de son ancien meilleur ami.
Même sans le connaître, il avait autrefois été fasciné par cet Auror puissant, le père d'Albus. Il avait adoré Albus, mais jamais il n'avait eu de sentiments ambigus envers lui. Pas comme pour Harry pour qui son cœur s'emballait follement.

Le brun grogna légèrement dans son sommeil et se tortilla, avant de serrer Scorpius un peu plus dans ses bras avec un soupir d'aise. Ce simple geste - probablement juste un mouvement inconscient pour profiter du corps chaud dans la grotte glaciale - tira un sourire triste à Scorpius et il passa la main dans la tignasse folle de Harry, découvrant la douceur des mèches noires.
Drago Malefoy avait autrefois été du genre à taire ses sentiments et à refuser de reconnaître l'évidence. Il n'avait jamais connu d'amour dans son enfance, pas vraiment, pas avec un père dont l'esprit avait été gangrené par les idées de Voldemort.
Scorpius Malefoy, lui, avait eu la chance de grandir entouré de l'affection de ses parents, et en se sachant aimé. Il n'avait jamais eu de mal à admettre ses sentiments, aussi bien l'amitié que l'amour. Et en cette instant, alors qu'une pâle lueur du jour naissant éclairait la grotte dans laquelle ils étaient terrés, Scorpius observait Harry Potter avec avidité et il savait pertinemment que quelque part dans l'aventure extraordinaire qu'il vivait, il était tombé irrémédiablement amoureux de Harry Potter.
Ce n'était pas juste une brève attirance, ou un feu de paille intense mais bref. C'était le sentiment que quoi qu'il arrive, Harry resterait présent dans son cœur jusqu'à son dernier souffle. C'était la prise de conscience qu'il se sacrifierait avec joie pour sa vie, et qu'il ferait tout pour son bonheur. Y compris le laisser s'éloigner de lui...

*

Inconscient des tourments qui agitaient son camarade, Harry battit des paupières paresseusement, s'accrochant au corps chaud contre lui. Il lui fallut quelques instants avant de se réveiller et de comprendre où il était, et pourquoi il dormait enlacé à quelqu'un.
Et pas à n'importe qui : à Drago Malefoy.

A une époque, il se serait peut être écarté rapidement du garçon. Il aurait peut être été gêné de leur proximité, après toutes leurs bagarres, après toutes les insultes qu'ils avaient échangé.
Mais quelque part, Drago avait changé. Il n'arrivait pas à décider de quand exactement sa datait, mais le prétentieux blond était devenu quelqu'un de bien.
Quelqu'un qu'il n'avait pas de mal à considérer comme un ami proche.

Et à, alors qu'il s'éveillait dans les bras du blond, il aurait dû s'inquiéter de la situation. Paniquer d'avoir quitté Poudlard en pleine nuit pour se réfugier dans une grotte hostile et glaciale, sans aucun plan de secours, juste avec l'idée de s'écarter du danger et de protéger Drago. Cependant, il se sentait juste... bien.
Alors, Harry resta silencieux, profitant un peu plus de cette étrange étreinte, de cette chaleur rassurante, l'esprit encore embrumé par le sommeil.

*

Tout ayant une fin, les deux garçons furent contraints de bouger lorsqu'un rayon de soleil les éblouit, les faisant grogner. Il se redressèrent et se séparèrent, sans pour autant trop s'éloigner l'un de l'autre.
Et aucun des deux ne fit le moindre commentaire sur leur position pour dormir, se contentant d'éviter le regard de l'autre avec un léger rougissement.

Ils grignotèrent les provisions que Harry avait amenés, et le blond sortit le miroir à double sens que Sirius lui avait confié. Il savait que Harry avait le même et qu'il comprendrait immédiatement.
Les yeux verts s'éclairèrent, et le brun eut l'air un peu gêné.
- J'aurais du y penser plus tôt ! Sirius pourra peut être nous aider même si mieux vaut ne pas risquer de l'exposer en allant chez lui directement.

Scorpius hocha la tête.
- Il va vouloir nous rejoindre je pense.
Harry pinça les lèvres, mais cependant, la tentation de se laisser guider par un adulte de confiance était grande. Finalement, il soupira et abdiqua, ouvrant l'objet et attendant que Sirius apparaisse.

Son camarade blond se colla à lui, et Harry en conçut une étrange satisfaction. Lorsque son parrain apparut dans le miroir, il eut un large sourire, comme si chaque élément de sa vie était enfin à sa place, et malgré la situation, il salua l'animagus avec joie.

Prompt de demain : Prophétie précise