CHAPITRE 20

ALIZEE

Je suis heureuse. Là entourée de mes plus proches amis, je suis heureuse. Je ne suis plus seule. Bien au contraire. Aujourd'hui, je suis avec ma famille. Mes parents déjà, mais pas seulement. Mes parents adoptifs et mon grand frère de cœur accompagné de son photographe sont aussi là. Puis, bien évidemment il y a ma petite princesse P, sa mère et son incroyable joli papa. Monsieur l'Australien et sa compagne sont également présents et nous apportent la joie et le soleil. Et il est là aussi, lui et ses parents. L'horripilant Anglais, le désir de mes nuits, l'amant de mon été et l'homme de ma vie.

Nous sommes tous rassemblés autour d'une table aussi grande que conviviale. Les rires fusent, les blagues se racontent aussi naturellement que les anecdotes de ces derniers mois, ou des évènements passés antérieurs à notre rencontre. Nous mangeons de savoureux plats accompagnés de verres tout aussi bons. Nous savourons la vie, cette brise qui annonce la fin de l'été et le début de l'automne. Nous profitons des derniers rayons de soleil que nous offre la ville de Zandvoort. En fait, nous célébrons le fait d'être ensemble, mais aussi un autre moment tellement spécial.

Mais avant d'en arriver là, il serait peut-être sympa de revenir sur ce week-end fabuleux qu'a été le Grand Prix des Pays-Bas. Un Grand Prix qui achève le paradis estival d'une façon sublime et commence la réalité automnale d'une façon bien moins morne qu'elle aurait dû être si je n'avais jamais rencontré Alex, ma maman adoptive mais surtout ma meilleure amie.

Samedi 24 août 2024

_ Bordel, mais grouillez-vous, on va rater les derniers essais libres !

Ça, c'est moi qui enjoins à mes parents de se dépêcher. Car oui, depuis qu'ils sont remis sur pied et qu'ils ont décidé de s'octroyer une bonne année sabbatique, ils ont décidé d'envoyer bouler toutes les conventions et de prendre tout leur temps.

_ Ma petite chérie, ne panique pas, il y a le temps, tu sais ! Et ce n'est pas le plus important, si tu veux mon avis, annonce mon père trop calmement en ajustant le col de son polo à manches courtes. Les qualifications sont plus importantes.

Je roule des yeux, bras sur la poitrine, le pied tapant le sol trop rapidement. Oui, je l'avoue, je m'impatiente.

_ Peut-être pour toi. Les gens ont tendance à l'oublier, mais les FP sont toutes aussi essentielles que le reste.

_ Ah oui, et en quoi alors ?

_ Tester le circuit et son adhérence. Faire les tests nécessaires et récolter des données afin d'établir la meilleure stratégie possible pour la course par exemple ? relevé-je en haussant un sourcil.

Mes parents haussent les épaules.

_ Bon allez, go ! Lando va partir sur la piste avant que je sois arrivée... déclaré-je manifestement irritée. Hop, hop, hop ! On se bouge !

_ Roh, c'est pas grave, il aura tout le week-end pour te voir. Déjà que tu découches ce soir alors qu'on t'a à peine retrouvée.

Je plaide coupable oui. Mais je m'en fiche. Je ne vais quand même pas leur avouer que Lando a une place plutôt conséquente dans ma vie maintenant, il a un rôle un chouille plus volumineux que mes parents. Lui, il a toujours été là. Eux, ils le sont désormais, mais ça n'a pas été tout le temps le cas.

C'est pour rattraper le temps perdu que, depuis leur accident, je suis à leur côté et apprends à profiter d'eux. Cela fait donc deux semaines que je vis chez eux, que je m'occupe d'eux et que je savoure chaque petit moment qui m'est offert. Nous pensions que mes parents allaient mettre du temps à s'en remettre, mais au final, il y a eu plus de peur que de mal. Leur désir de se rétablir était plus fort que leurs blessures.

Ils s'en sont sortis avec des hématomes sur une bonne partie du corps, mais aussi un torticolis. Ma mère a eu une côte fêlée et l'épaule déboitée. Mon père, lui, s'en sort seulement avec une vertèbre déplacée, ce qui a eu pour conséquence de lui bloquer le dos. Il a toujours mal, mais il ne se plaint pas. Bref, je suis entourée de deux handicapés maintenant : robot-coque et son acolyte plâtrée.

À nous trois, nous formons une sacrée équipe... De quoi je vais avoir l'air sur le paddock tout à l'heure... Bordel, je ne suis pas sortie de ce merdier...

_ Mon cœur, tu peux m'aider à mettre mon blazer, s'il te plaît ? demande ma mère à mon père en essayant désespérément d'enfiler une veste.

Mon père s'approche d'elle et l'aide. Il l'embrasse chastement et lui prend la main. Les deux me regardent comme pour me dire "c'est bon, on peut y aller !". Je soupire. Quelle bande d'incapables ces deux-là. Ils étaient mieux à travailler tout compte fait. Quoique.

_ Parfait, on y va, car j'ai bien peur qu'on soit à la bourre. En plus, Marty m'a dit qu'il m'attendait dans le lobby depuis déjà quinze minutes.

Je m'empresse de quitter cette chambre et de prévenir le DJ par message. La famille Dumas, que j'ai renommée Famille des bras cassés pour l'occasion, me suit. C'est parti pour le circuit de Zandvoort, il était temps !

Lorsque je suis revenue dans mon appartement parisien après avoir rendu une énième visite à mes parents trois jours après la première, j'ai trouvé un colis dans ma boîte aux lettres. Suspicieuse, je l'ai quand même ouvert. Qu'elle n'a pas été ma réaction quand j'ai vu trois pass paddocks pour le Grand Prix de Zandvoort. Le premier était à mon nom et les deux autres aux noms de mes parents. Une carte était jointe au paquet, signée de la main de Lando.

"Hello my Frenchie Ali !

Je t'imagine ouvrir ce colis sur ton comptoir de la cuisine, et prendre cette carte pour la lire tranquillement sur ton canapé trop confortable. Je ne l'ai pas beaucoup connu, mais la prochaine fois que je viens, j'éviterai de rejoindre ses bras ; je choisirai les tiens. Bref, assez de mièvreries.

Tu me manques, baby girl. Donc, c'est pour ça que ta présence est légèrement obligatoire sur le paddock des Pays-Bas le week-end pro. Je t'attendrai. Et vu que j'ai voulu faire les choses bien, car je ne suis pas un connard égoïste, j'ai décidé d'inviter tes parents. J'en profiterai pour m'excuser auprès d'eux pour la dernière fois.

À bientôt my Frenchie Ali. Tu me manques, ton chieur préféré, Lan"

Je me souviens avoir serré le mot contre moi, sourire au visage et puis j'ai hurlé dans l'appart, sous les mécontentements de mes voisins. Ensuite, j'ai appelé le pilote et nous sommes restés tout le reste de la soirée en visio ; et ce, jusqu'au coucher.

Cela fait donc un peu plus de deux semaines que je ne l'ai pas vu et sa petite bouille me manque terriblement. Pas seulement sa bouille d'ailleurs. Ses bras, ses lèvres, son corps, sa voix, ses yeux, tout. C'est le bordel dans mon esprit qui s'embrouille. Pour être franche, il a abandonné le navire. Désormais, c'est mon cœur le capitaine. C'est lui qui me ramènera au rivage, en plein dans les bras du bouclé qui me rend folle.

Ah la ferveur des débuts, un beau passage enchanté où beaucoup se laissent emporter par la fièvre de la passion, où les débutants se prennent le pied dans le filet, ramenés bien vite à la réalité. Avec Lando, je n'ai pas envie de chuter. Nous avons déjà eu cette conversation au téléphone d'ailleurs.

Parler d'amour serait peut-être précoce, mais il y a bien cette passion réciproque, cet irrésistible désir de le voir, de le toucher, de rester près de lui. Mais nous ne sommes plus des enfants. Nous savons ce que nous voulons : du réel, du concret, de l'authentique. Ouais, nous voulons une relation. Du genre de celle qui dure. Alors, nous vivons, nous profitons et nous essayons de voir au-delà de cette passion. Celle qui consume et embrase ou alors celle qui forge et grandit. On choisit la seconde.

Le freinage du van qui nous transporte interrompt mes pensées. Nous voilà arrivés à l'entrée des paddocks. Aujourd'hui, je ne suis plus seulement accompagnée de Martijn et de quelques membres de son équipe, mais aussi de mes parents. Aujourd'hui, je fais mon entrée comme petite amie du pilote pour McLaren. Mais ça, les journalistes n'en ont pas encore la certitude, malgré les nombreuses photos et vidéos qui ont été diffusées cet été. Ils l'auront demain matin.

Ils croyaient que je trompais Martijn avec Lando, mais ils ont vite compris qu'il n'y avait jamais rien eu entre le Néerlandais et moi. Ce sont des rapaces, toujours là à grappiller la moindre information pour la vendre à un public friand des derniers potins. Sauf que la prétendue relation que j'entretiens avec mon petit Marty n'est qu'amicale, fraternelle même. De quoi décevoir les unes des tabloïds.

C'est accompagnée de mes parents, de Martijn et de Louis, le sourire grand jusqu'aux oreilles que je foule les barrières de sécurité du paddock. Être dans ce lieu privilégié me fait toujours quelque chose, même si ce n'est plus la première fois. Bien évidemment, la première est spéciale, unique. Maintenant, je me sens comme à la maison en fait, et c'est un sentiment grisant.

Les flashs des photographes nous mitraillent. Martijn et moi prenons la pause juste pour nous amuser et nous les franchissons sans mal. Mes parents estropiés se font tout petits, mais ils sont vite repérés. Embarrassés, ils sourient maladroitement et nous rejoignent assez rapidement. Je rigole face à la comédie qu'ils représentent. Robot-coque et momie ensemble, pas à l'aise, c'est rare et ça mérite bien une photo.

_ Oh là là, cette épreuve alors qu'on est même pas encore arrivés. J'avais oublié à quel point ils peuvent être envahissants... souffle mon père en se maintenant le dos.

Ma mère lui adresse un regard compatissant et nous demande où nous allons. Enfin, à Martijn je crois, car à peine a-t-elle formulé sa question que je me suis ruée vers le garage McLaren. Ça fait deux semaines que je ne l'ai pas vu, ça devient maladif de ne plus pouvoir le sentir.

_ Alizée !! hurle ma mère. Attends-nouuus !

Je rigole. Elle a peut-être le cou dans une minerve, une côte fêlée et une épaule dans une écharpe, mais elle n'a pas perdu sa voix en tout cas.

Je ne prête plus attention à eux. Le petit monde est derrière moi.

Je cours, animée par l'espoir de le revoir, lui et encore lui. Actuellement, on me prend pour une folle, ouais, sûrement. Mais si vous saviez à quel point je me contrefous de ce que peuvent penser les personnes que je croise. Je décélère le rythme en prenant un virage serré à droite par le point de corde et accélère de plus belle. J'arrive devant le bâtiment orange et après avoir montré mon badge, je m'engouffre dans les locaux.

J'ai tout le temps été chez Red Bull Racing Team aux côtés de Max, invitée en même temps que Martijn, c'est ici ma première fois dans le garage de l'équipe des papayas. Je pensais que j'allais me perdre, mais ils sont configurés quasiment de la même façon, alors je parviens à me retrouver facilement. Je me dirige vers le garage en tant que tel, là où sont exposées les monoplaces qui n'attendent qu'une chose : fouler l'asphalte et monter dans les tours. Je me laisse guider par les bruits et odeurs si caractéristiques de ces derniers : huile, essence, pneumatique et chaleur.

Un haut le cœur me prend. Je le laisse de côté. J'aime bien être dans le garage, mais ce mélange me dérange beaucoup. Généralement, je reste pour le départ et les premiers tours, mais je monte vite dans le salon, ou alors sur les balcons pour le reste de la course.

Bref, là n'est pas la question de raconter ces inutiles détails. Ma mission : trouver le pilote anglais.

Je scanne le garage du regard. Il y a Oscar Piastri qui enfile son casque, son coach à ses côtés, Andrew Stella qui prend place derrière le pit wall avec Zac Brown, des mécaniciens qui s'activent, mais je ne distingue pas de touffe brune bouclée, pas de corps athlétique à me faire fondre et pas de casque bien fluo qui se baladerait sur un homme à la combinaison orange. Abattue, fortement déçue, je baisse les épaules de désarroi, une petite moue de chienne battue sur le visage.

Bah, il est où ? La session commence dans moins de dix minutes...

Soudain, ma vue s'obstrue et je ne vois plus rien du tout.

_ C'est moi que tu cherches, baby girl ?

Une voix anglaise que je reconnais d'entre mille s'élève. J'enlève les mains de mon visage et me précipite contre lui. Je l'enlace.

_ Ça faisait si longtemps, bordel, murmuré-je contre son torse recouvert de l'épaisse combinaison tandis qu'il me caresse les cheveux.

_ Tu m'as terriblement manquée, Ali, révèle-t-il en m'embrassant le haut du crâne tout en resserrant l'étreinte. J'ai bien cru que t'allais rater la session.

Je me redresse. Je lui encadre le visage de mes mains, l'embrasse tendrement et lui explique rapidement la raison de ce retard imprévu.

_ Une vraie équipe de bras cassés, t'aurais vu ça...

Le brun rigole en secouant la tête, un sourire plaqué sur ce faciès si beau. Il dépose un profond baiser sur mon front, puis un rapide sur mes lèvres et se décale, sa main encore bien ancrée dans la mienne.

_ Allez, j'y vais my Frenchie Ali. On se voit dans une heure, hein ?

_ Bien évidemment, My Lover.

Nos doigts maintiennent le contact un court instant avant qu'ils ne se séparent.

Je saisis un casque-radio orange que l'on me tend et le mets. Lando rejoint Jon et enfile sa radio, son HANS et son casque fluo. Il se tourne vers moi et me fait un clin d'œil. Je lui réponds par un sourire radieux et deux pouces en l'air. Jon, son coach, me lance un regard amusé. Je lui fais un grand coucou, qu'il me rend.

Le pilote assiste à la scène ravi. Il en rigole même. Oh quelle douce mélodie à mes oreilles. Il se dirige ensuite vers sa monoplace, rentre dedans et prend ses gants pour les mettre. Son volant est installé, ses harnais serrés, il est prêt à partir.

_ T'es une vraie gamine en fait.

La radio non enclenchée, j'entends ce qu'on me raconte. Je me tourne alors vers Martin et lui souris en lui montrant bien toutes mes dents. Il m'ébouriffe les cheveux et dirige son attention vers mes parents pour leur expliquer deux ou trois choses concernant le casque-radio, entre autres.

_ T'es sûre que tu veux pas prendre Martijn comme copain, il ferait un super gendre ! m'adresse ma mère enchantée.

_ Tu vas pas t'y mettre toi aussi.

_ Nan, mais je disais ça comme ça, c'est tout.

Martijn et Louis rigolent alors que je secoue la tête dépassée par cette situation tantôt comique, tantôt burlesque.

Cet accident les a vraiment changés, et pour le mieux.



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Hellooo !!!

J'avoue j'ai du retard, MAIS ce chapitre 20 est trèèès long, donc j'ai décidé de le couper pour éviter d'avoir des chapitres disproportionnés. Cela fait déjà 2500 mots, alors si je ne l'avais pas coupé, on aurait été aux alentours des 4000 voire 5000 mots... Bref, le 21 sera publié CE SOIR !

Il reste officiellement (hormis le chapitre de ce soir) un chapitre et deux épilogues... Mais vous allez kiffer la fin mes petits pilotes !

Un énorme merci à ces vues, votes, commentaires et ajouts qui augmentent, mille mercis !! ✨🫶🏻

Much love,

Chloe ❤️

🎶 On and On - Cartoon, Jéja, Daniel Levi 🎶

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