CHAPITRE 2
ALIZÉE
Ce n'est pas un rêve.
Je me suis pincée discrètement pour voir si je me réveillais et Alexandra Saint Mleux est bien à mes côtés.
Bras dessus, bras dessous, la jeune étudiante à l'école du Louvres me demande ce qui me ferait plaisir pour cette fête d'anniversaire improvisée alors que nous déambulons dans les ruelles de Monaco. Je n'arrive toujours pas à croire ce qui m'arrive.
Elle m'a invitée à dîner chez elle et son petit-ami et demain après-midi elle a prévu une fête qui ne se réalise que dans les songes les plus fous. J'ai pourtant insisté sur le fait que je devais rentrer, mais elle s'est désignée comme mon alibi.
La brune a envoyé un message à mes parents en se faisant passer pour un type de la conférence qui souhaiterait me rencontrer afin de me proposer un stage important. J'ai refusé au début. Mais elle ne m'a pas laissé le choix.
"Dommage tu pourras pas rencontrer ton pilote préféré demain... Moi qui me faisais une joie de te les présenter. Surtout que j'aurai pu te mettre la main sur un pass paddock..."
On appelle ça le chantage affectif. Pour une fan de F1, il fonctionne bien. Très bien même. Trop bien je dirai. Moi qui ne suis pas du genre à accepter les imprévus ou bien lâcher mes cours pour des distractions, on peut dire que c'est une première ! Mais bon, qui dirait non à des pass paddocks ? Pour toute fan qui se respecte, ce serait se jeter du haut d'une falaise. Ou plutôt se laisser écraser par une monoplace.
Bref, je ne pouvais pas dire non.
Donc, me voilà embarquée avec Alexandra dans les rues de Monaco. Je lui ai aussi indiqué que je n'avais pas de quoi me loger, mais cela n'a pas semblé lui poser problème. Elle n'a pas mis longtemps à me trouver une alternative.
"Tu n'as qu'à loger à la maison, l'appart est assez grand. Puis, on a toujours une chambre d'amis de prête au cas où."
Malgré mes protestations, encore, elle ne s'est pas laissée démontée et a ajouté en pouffant :
_ Si Bébou n'est pas content, c'est pareil. Ses potes sont les bienvenus, je ne vois pas pourquoi mes amies ne pourraient pas venir.
Pas faux.
Je l'ai remerciée de nombreuses fois en lui exprimant toute la reconnaissance que j'avais et comme réponse elle m'a pris mon bras en tirant la langue.
Nous voilà donc proches comme deux meilleures amies qui ne s'étaient pas vues depuis longtemps. Cette situation est surréaliste je dois l'admettre, mais, malgré mon mal être, je ne me suis jamais sentie aussi bien aussi rapidement. Cette fille est un vrai rayon de soleil.
_ Alizée, c'est ça ?
Je hoche la tête tout en entortillant mes spaghettis à la carbonara autour de ma fourchette.
_ On m'a dit que c'était ton anniversaire aujourd'hui. Ça te fait quel âge ?
Charles Leclerc est assis en face de moi. Vêtu d'un t-shirt blanc oversized et d'un pantalon de jogging, le Monégasque déguste le plat italien qu'il a préparé tout en me posant des questions dans le but de mieux me connaître.
Ce week-end, il est en repos et il profite de son temps off pour revenir chez lui, à Monaco. Dès mardi, il reprendra l'avion pour s'envoler à l'autre bout du monde disputer le Grand Prix de Shanghai. En attendant, il semble apprécier ma présence. Moi qui avais peur de l'emmerder, je n'en ai pas l'impression.
_ Je viens d'avoir 25 ans. Enfin, techniquement, je les ai depuis 19h ce soir, dis-je après avoir avalé ma bouchée en haussant les épaules.
Les deux amoureux esquissent un sourire. Le pilote pour Ferrari enchaîne par une autre question en me demandant mon pilote préféré.
_ Au gré de vous décevoir Lord Perceval Leclerc, ou devrais-je dire Saint Charles, ce n'est pas votre humble personne, réponds-je en prenant une voix guindée et un accent qui paraît noble.
Le couple me fixe un moment, puis les deux éclatent de rire. Alex qui buvait au même moment recrache dans son verre et Charles peine à contenir son rire. Dans sa tentative non fructueuse de limiter son éclat, il tape du poing sur la table et parvient à se cogner le genou contre celle-ci. L'hilarité est manifeste. On entend plus que nous. Oh bordel !
Nous finissons tous les trois par nous tenir le ventre, les larmes qui coulent et la respiration de plus en plus saccadée. C'est ce qu'on appelle un bon fou rire ça !
- Pfiou, commence Alexandra en s'éventant avec sa main. Mama mia.
Je la regarde dubitative et explose à nouveau de rire. Je l'imagine le dire avec un accent italien en le ponctuant avec le fameux geste de la main bien cliché. J'effectue alors le geste en prononçant comme il faut le "mama mia" et ne peux plus m'arrêter. Les éclats de rire redoublent. Ne nous voilà pas sortis de l'auberge, j'en ai bien peur.
Nous réussissons à nous calmer après de longues minutes. Charles s'essuie la bouche et reprend :
_ Alors, c'est qui ?
Au moment où j'allais formuler ma réponse, il m'interrompt et essaye de deviner.
_ Hmm... Attends.
_ Moi je sais ! se vante la brune avec un sourire triomphant.
_ Chut ! l'intimé-je.
_ Ricciardo peut-être ? Tu as sa joie de vivre. Ou Chilly, non ?
_ Je les apprécie beaucoup ces deux là, mais non.
Le pilote monégasque plisse les paupières et fixe un point. Un peu plus et de la vapeur sortirait de son cerveau.
_ Oh ! Je sais ! hurle-t-il presque, comme s'il venait d'avoir la révélation des Dieux.
J'arque un sourcil.
_ Norris ! Vous êtes pareil ! Nan mais oui c'est lui, ça saute tellement aux yeux maintenant.
Je lève les deux mains en l'air et baisse la tête. Je suis prise la main dans le sac.
_ Ça paraît si évident que ça ? lui demandé-je avec une grimace.
_ Oh oui ! De ce que je vois, tu as cette vibe solaire qui lui ressemble. Sans parler des petits sourires et des mimiques, il a les mêmes ! Et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que tu es quelqu'un qui aime profiter de la vie mais tu n'en as pas l'occasion. Comme si tu étais bloquée alors que tu n'attends que ça ! Et j'imagine que tu es quelqu'un qui pense beaucoup, trop peut-être. Non ?
Cela ne fait pourtant qu'une soirée que je suis aux côtés de Charles et il a lu en moi comme dans un livre ouvert. Aucun de ses points ne sont faux, bien au contraire. Comment peut-il savoir tout cela alors que nous nous connaissons depuis maintenant deux heures ? Moi qui suis maîtresse dans l'art de la dissimulation des peines, j'échoue lamentablement.
À mon silence, il hoche la tête puis reprend :
_ C'est bien ce que je disais. Vous êtes pareil.
Alexandra pose une main sur mon épaule et me lance un regard compatissant, empli de gentillesse. Je lui en retourne un, plus rapide toutefois. J'inspire un grand coup et déballe ce qui me pèse.
_ Eh bien, tu es doué Sherlock ! Tu as réussi à lire en un claquement de doigt des émotions que j'essaye tant bien que mal de cacher. Je ne sais pas comment tu as fait, mais je te tire mon chapeau.
Le pilote aux cheveux bruns et à la petite barbe de trois jours affiche un sourire crispé, désolé.
_ Ne t'inquiète pas va. Mais ouais, tu as raison sur toute la ligne. Disons que ma famille veut me dicter mon futur et je n'ai pas d'autres choix que de leur obéir. Tu vois, je dois être gentille, docile, aimable et être reconnaissante pour tout. Je dois bosser et ne pas rester sans rien faire. En tant que fille de diplomates mes parents attendent que je sois exemplaire, la fille idéale un peu. Mais je peux pas, révélé-je en expirant lourdement.
"Par exemple. Je suis fan de F1 depuis une paire d'années maintenant. Mais dès que je ramenais sur la table le souhait d'aller voir un Grand Prix, mes parents me disaient que je foutais mon argent en l'air pour voir des voitures tourner en rond ; vous comprenez ce sont de vrais radins. Donc je n'y suis jamais allée. Cette passion je la partageais avec mon grand-père qui est décédé il y a deux ans maintenant. (Le couple s'excuse en me lançant un regard empathique.) Il tenait à ce que j'aille en Grand Prix. Il ne pouvait plus y aller, mes parents ont promis mais n'ont jamais respecté sa promesse...
_ Oh ! C'est dégueulasse, se consterne Alex.
J'approuve d'un hochement de tête et continue :
_ Il me gardait toujours quand j'étais petite, vous savez mes parents travaillaient beaucoup trop. Le boulot et toujours le boulot. Leur fille devait être sage et de préférence ne rien dire. Comment vous dire que cette situation commence à me peser fortement. Je suis peut-être fille unique, mais une chose est sûre je ne suis pas comblée de cadeaux et d'attention. C'est à peine si j'ai l'impression d'avoir été un accident.
Main sur une bouche ouverte, la belle brune s'indigne. Son petit-ami, lui, ne dit rien mais je vois que sa mâchoire est crispée et que ses yeux bleus d'ordinaire si enfantins, sont durs comme les glaciers du Canada.
_ Je suis désolée pour toi Alizée. Pour tout ça. Mais tu sais quoi ? Tu restes ici ce week-end et si ça ne leur plaît pas, on les emmerde, OK ?
En une parole, Charles me remonte le moral.
Je me lève et pars lui faire un câlin, qu'il me rend en chuchotant les mots suivants :
_ N'abandonne pas tes rêves. Tu iras à des Grands Prix et nous honorerons la promesse de ton papy.
Cela ne peut pas me faire plus plaisir. Mon petit cœur bat alors à un rythme rapide. Une vague de reconnaissance se déferle en moi. Comment les remercier pour ce qu'ils font ? Les mots seuls ne permettent pas d'exprimer ce que je ressens. Donc, je verse une larme et le serre dans mes bras.
Alexandra nous rejoint en sautillant.
_ Câlin à trois ! déclare-t-elle.
Nous rions tous ensemble. Puis, le Monégasque adulé par la gente féminine me fixe d'un sourire en coin, une idée derrière la tête.
_ À partir de maintenant, tu fais partie de la famille Leclerc !
C'est clairement le plus beau jour de ma vie.
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Je peux vous avouer avoir bien ri en rédigeant ce chapitre ! Et je pense que ça a été votre cas aussi !! Mais c'est aussi un chapitre où Alizée se livre sur sa vie...
Par contre, Charles et sa manie d'adopter tout le monde ça devient grave 😂 Enfin, on l'aime bien quand même ce pilote 🥰
On se retrouve samedi (et dimanche héhé) pour la fête d'anniversaire d'Alizée !! Préparez les mouchoirs, vous risquez de pleurer de rire 🤫
Bon 15 août à tous !
Much love,
Chloe ❤️
🎶 All Stand Together (Deluxe Mix) - Lost Frequencies 🎶
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