CHAPITRE 18
ALIZÉE
Le monde autour de moi tourne. Je vacille. Je me cramponne au meuble d'entrée et m'échoue sur le sol. Le monde autour de moi disparaît, emportant Lando ailleurs. Je suis seule sur les pierres naturelles, seule avec mes pensées. Tiens donc, la solitude a le don de revenir au mauvais moment. Moi qui appréciais sa compagnie, je veux m'en défaire à tout prix aujourd'hui.
J'ai beau avoir eu une relation compliquée avec mes parents, je n'arrête pas de penser à nos derniers instants. Nous nous sommes disputés. Si jamais ils partent, je me sentirais coupable. Coupable de leur avoir parlé comme je l'ai fait. Coupable de ne pas les avoir portés dans mon cœur ces derniers mois. Coupable d'avoir passé aussi peu de temps avec eux. Coupable de ne pas avoir été une fille fidèle et aimante. Coupable de ne pas leur avoir montré ma reconnaissance. Juste coupable de ne pas leur avoir dit que je les aimais.
Je prends mes mains dans les cheveux et me mets à fixer le sol tout en faisant abstraction à l'environnement qui m'entoure.
En même temps, ils ne m'ont jamais vraiment montré leur amour. Pourquoi je m'amuserai à aller les voir ? Ils ont toujours été condescendants et absents. Pourquoi j'irai les voir ? Pourquoi j'abandonnerai Lando alors que je risque de ne plus le revoir ? Pourquoi je mettrai un terme à mes vacances pour me prendre dans la gueule une remarque concernant le concours ou sur ma vie ?
Qu'est-ce que je dois faire ?
_ Alizée !
La voix forte du pilote réussit à me faire revenir sur terre. Sa secousse aussi.
_ Oui ?
_ Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu m'inquiètes vraiment !
Lando est devant moi, accroupi. Il passe une main dans ses cheveux avant de me tenir par les épaules et de me fixer avec inquiétude et tristesse.
_ Je, je, mes parents, ils...
_ Oh non...
_ Ils ont eu un accident. Ils sont entre la vie et la mort, parviens-je à articuler.
Les larmes ne me viennent pas, pourtant elles devraient. Chaque enfant est du genre à se précipiter au chevet de ses parents. À pleurer lors de l'annonce de cette nouvelle. Pourquoi je ne suis pas comme eux ? Pourquoi je n'arrive à être triste ? Ce sont mes parents. Sans eux, je ne serai pas là.
_ Tu sais, je sais que la relation que tu entretiens avec tes parents est compliquée, mais tu devrais y aller. Ça va te ronger si jamais tu n'y vas pas et qu'il se passe quelque chose.
La voix du brun est calme, douce et apaisante, mais mon sang ne fait qu'un tour. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Je n'arrive plus à gérer mes émotions, elles me submergent. Tout me submerge. Cet appel. L'incertitude quant à mon futur. La situation avec le bouclé. Tout me submerge. Tout. Et je n'arrive pas à mettre de l'ordre.
Je me lève alors en furie. Je hausse la voix et laisse exprimer la colère qui coule dans mes veines depuis peu.
_ Pourquoi ce serait à moi de venir les voir alors qu'ils se fichent de moi ?
_ Ali, ne t'énerve pas, tempère Lando avec sa main en se levant doucement.
_ Pourquoi je n'aurai pas le droit de m'énerver hein ? J'en ai marre d'être toujours souriante. Marre de faire le premier pas. Marre d'être toujours celle qui fait l'effort et qui finit par se faire couiller et engueuler au final. J'en ai juste marre Lando.
_ OK, je comprends. Si tu ne veux pas y aller, n'y va pas alors. Écoute ton cœur, me conseille-t-il d'une voix posée, sans aucune once de reproches, tandis qu'il approche sa paume près de moi.
_ Non Lan, tu ne comprends pas. Toi, tu as toujours eu des parents incroyables qui te soutiennent, qui ne te jugent pas, qui ont été là ! avancé-je en insistant sur le "là". Tu n'as jamais été confronté à cette situation, tu ne peux pas comprendre ! Tu n'as jamais marché sur des œufs quand tu étais avec eux, jamais !
La visage du pilote se ferme. La douceur qui le définissait il y a peu laisse place à une irritation naissante. Il semble se contrôler en serrant poings et mâchoires.
_ Alizée. Tu devrais te calmer. Je ne t'ai rien fait.
Un rire jaune sort de ma gorge et je m'esclaffe.
_ Ah oui, c'est vrai j'avais oublié que tu étais innocent dans cette histoire. Lando n'a rien à voir avec tout ça nooon. Bien sûr que non.
_ Mais qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qui te met dans un état pareil ? demande-t-il d'une voix soucieuse et adoucie.
_ Elle est bonne celle-là ! m'énervé-je de plus belle.
Lando ouvre ses mains et affiche une mine surprise, presque interloquée.
_ Nan mais c'est vrai Lando. Ça me tue cette situation, OK ? J'ai trop mal. Je sais pas ce qu'on est et ça me tue. Donc comprends-moi que quand tu me dis "écoute ton cœur", ça me met en rogne. Car si je devais choisir entre mes parents et toi, ça aurait été toi. Mais-
_ Ali. Tu aurais pu m'en-
_ T'en parler ? Mais laisse-moi rire. Tu te serais foutu de moi et tu serais parti. Tu es pas le genre de gars à rester auprès d'une fille, encore moins tomber amoureux. Je savais qu'on était voués à l'échec depuis le début mais j'ai quand même foncé la tête la première. Et au final, j'aurai dû écouter ma raison car mon cœur est clairement en train d'éclater dans cette putain d'histoire !
Lando souhaite m'interrompre mais je l'en empêche. Je suis trop concentrée sur mes propres émotions embrouillées pour lui laisser l'intervention qu'il souhaite.
_ J'aimerais écouter mon cœur Lan mais je sais que ce n'est pas possible, car ça voudrait dire être avec toi, et ça ce n'est pas possible. L'amour c'est un chemin à double sens, et non à sens unique. Donc je préfère te laisser et aller voir mes parents. Peut-être que je devrais commencer à écouter ma raison pour une fois.
_ Mais Ali, je-
_ Non. De toute façon, tu le sais aussi bien que moi. On aurait été finis à la rentrée. Tu fais pas dans la durée toi. On s'est bien amusés, mais à un moment il faut revenir dans la réalité et cet appel a été la prise de conscience dont nous avions besoin.
Lando ouvre la bouche mais rien ne sort. Tout au long de mes dialogues le sang a quitté son visage. Il s'est décomposé. Le regard bleu azur que j'aime tant est perdu dans le vide. Ses mains alternent entre ses hanches et ses poches de short ; elles ne savent plus où se mettre. Le bouclé est inerte, totalement. Il déglutit.
Puis, il oriente ses prunelles hypnotiques et sans vie sur les miennes et déclare d'une voix atone :
_ Très bien. Comme tu veux Alizée. Va donc rejoindre tes parents, va donc vivre cette vie et passer ton concours que tu aimes tant. Va reprendre la vie que tu voulais désespérément quitter. Je t'en prie, je ne te retiens pas. Je suis simplement désolé pour toi. Désolé de voir que ton bonheur passe après les intérêts de tes parents. Tu sais, je serais venu avec toi à Paris, je t'aurais soutenu dans cette épreuve, mais je comprends que tu ne veuilles pas de moi. Alors va les rejoindre, je ne te retiens pas. T'es grande Alizée.
Les larmes affluent dans mes glandes et il en faut peu pour que j'explose en sanglot.
_ Je t'aurais aimée, mais tu ne veux pas de ce que j'ai à t'offrir, alors je ne te retiens pas. Pars.
Les perles salées dévalent désormais le long de mes joues et ne s'arrêtent plus. Elles me meurtrissent le visage. Ces rasoirs laisseront des cicatrices sur le chapitre le plus beau de ma vie.
Mes poumons manifestent leur présence en me provoquant de douloureuses respirations. Chacune étant une épreuve supplémentaire comparée à la précédente. Ils se tordent et me font mal. Terriblement mal. Mon cœur lui se brise petit à petit en ajoutant une peine encore plus grande, encore plus importante à cette souffrance accablante.
_ Tu as eu raison Alizée. Nous avons été temporaires, dommage que l'on voulait plus sans en être au courant. Maintenant, je crois que c'est trop tard. Tu as pu réparé mon cœur, mais tu l'as aussi brisé. Bravo.
Puis, il quitte le salon et s'en va sur la terrasse, me laissant seule sur le sol froid, trop froid, de l'entrée.
Tout ça c'est de ma faute. Je n'aurai pas dû réagir au quart de tour. Je n'aurai pas dû écouter ma raison, cette foutue raison qui a repris la raison. En fait, ma peur a pris le dessus. J'ai réussi à tout faire capoter. À cause de moi, tout est foutu, même l'histoire que je n'ai qu'entraperçue. Et maintenant, il ne reste que mes yeux pour pleurer, ma peine pour me consoler.
Car Lando, je ne le reverrai plus. Je n'ai pas son numéro, il ne voudra pas de mes excuses et c'est la fin de l'été.
Bravo Alizée, tu viens de tout gâcher.
🏎🎡🏎🎡🏎🎡🏎🎡
Je sais ce chapitre est petit mais aussi triste.
Malheureusement, ils n'ont pas communiqué, et c'est la clé dans toute relation
Ne vous inquiétez pas, ils auront appris de leur connerie. En plus, l'histoire n'est pas encore terminée. Bientôt mais pas encore !
Qu'auriez-vous fait vous ?
Perso, je serais allée voir mes parents, mais j'aurais sûrement été en mode "dis voir Lando, on est quoi ?" 😂😭
Much love,
Chloe ❤️
🎶 Cruel Summer - Taylor Swift 🎶
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