Chapitre 35

-Tout a commencé il y a environ deux années de ça. Ma grand-mère est morte de vieillesse. C'était ma seule famille. Mes parents sont morts quand j'avais trois ans lors des émeutes politiques. Je n'étais pas dans la classe aisée, celle qui habite comme on le faisait avant, avec les voitures, les immeubles et les trucs de luxes. Il fallait être dans le gouvernementale ou dans l'administratif pour faire partir de se cercle. Moi j'était dans la classe moyenne, celle qui ont un toit sur la tête mais qui a à peine de quoi manger. La maison à ma grand mère était près des docks, mon grand père y a travaillé et à sa mort elle a eu l'indemnisation dont les familles des travailleurs ont droit à la mort ou lors d'un accident grave de ceux-ci,  mais elle continuait à travailler en tant qu'infirmière traditionnelle. Bref, à sa mort, je suis devenue une Enfant d'État. Ce sont des orphelins que l'État a le droit d'utiliser comme bon leurs semble. En général, le gouvernement les forment et les utilisent comme soldats, ingénieurs ou docteurs en labo, mais... Mais selon ce que j'ai compris, certains enfants ont des qualités recherchés de près par le gouvernement. Quelque chose qui nécessite de nous planter des aiguilles dans les veines. Et lorsqu'ils m'ont soumis aux tests, ils ont dit que je correspondais avec la majorité des acquis recherchés. Ça a avoir avec un projet quelconque du gouvernement et ça a avoir avec nous...

-Donc ça a bien à voir avec le gouvernement, chuchotais-je plus pour moi qur pour elle.

- Je crois, répondit-elle sur le même ton.

Je m'en doutais un peu depuis hier. Depuis ce que m'avais dit Caleb. Mais je me doutais d'autres choses depuis un moment déjà sans savoir vraiment ce que cela était réellement.

Alors nous étions des cobayes ou queques chose du genre ? Ou peut-être qu'elle mentait ? Ou qu'elle l'avait imaginé. C'était une enfant après tout. Mais dans ce cas là, comment ses propos se rapprochaient-t-ils de ceux de Caleb ? Bien qu'il avait juste mentionné le fait que le gouvernement avait changé il y a de nombreuses années.
Dans mes souvenirs,  je ne me rappelais pas du tout ni mon père, ni ma mère mentionner en aucun cas la politique à la maison, ni le gouvernement, sauf dans le cadre de mon éducation. Alors ça devait être après ma disparition. Ou cela devait être faux. Ou je l'avait tout simplement oublier, comme Lou Ann me l'avait dit tout à l'heure !  Je ne savais vraiment plus où donner de la tête. Et c'est à ce moment que Caleb décida de revenir avec un plateau chargé de vituailles.

- Ça sera salade de riz en barquette et crème dessert vanille. J'ai réchauffé aussi bien que je le pouvais, alors bon appétit.

Je pris mon assiette en murmurant un merci à Caleb. Je ne pouvais pas m'empêcher de regarder Lou Ann et de me demander quelles choses encore je devrais apprendre avant de pouvoir m'en aller d'ici.

Finalement, je laissais ma tête reposer contre le bois frais du cadre de la fenêtre tout en fermant les yeux et en soupirant profondément.

Pourquoi ? Pourquoi cela devait-il être aussi difficile ? Pourquoi devais-je parcourir autant d'étapes avant de savoir ?

Sept ans.

N'étais-ce pas largement assez ? Pourquoi faire ça ? Je voulais revoir plus de trois visages tous les trois mois ! Je voulais retrouver un endroit où je pourrais rester indéfiniment, jusqu'à ce que je décide de m'en aller. Je voulais pouvoir prendre le bus, le train, l'avion, le bateau, la voiture. Mais cela existait-il toujours si, comme Caleb et Lou Ann le disaient, tout avait changé.

- Alexandra, manges, me dit Caleb en s'approchant de moi.

Je me rendis compte que je n'avais pas touché à mon assiette. Et que Lou Ann l'avait terminée et se chargait des petits grains de riz qui résistaient au fond de son assiette. Au final, sa méfiance envers Caleb n'était pas aussi forte que la confiance que lui accordait son ventre. Je secouais la tête en direction de Caleb et proposais mon assiette à Lou Ann.

-Je me ferais autre chose plus tard, tu peux prendre.

- Merci, Alex.

Caleb me regardait avec insistance. Que pouvait-il se dire en se moment ? Est-ce que Lou Ann avait raison et qu'il nous cachait effectivement quelque chose. Était-il avec nous ou avec eux ?

Non, Caleb ne pouvait pas être avec eux,le nombre de fois où il m'avait aidé me le prouvait. Et puis, la première fois qu'il m'avait rencontré, il ne m'avait rien mis dans les veines. Soudain, une idée se forma dans mon esprit : Et si Caleb nous cachait effectivement quelque chose ? Et s'il était vraiment comme nous ? Il ne m'avait jamais rien dit plus que nécessaire sur lui. Alors peut être avait-il lui aussi été victime de piqûres, mais à un autre endroit que dans l'avant bras! Cette idée m'enchantais plus que toutes celles que j'avais pu avoir avant.

- Alexandra, est-ce que...

- Tu porte mon gilet,  le coupais-je.

Il me regarda avec des yeux ronds avant de vérifier par lui même.

- Et alors ? Demanda-t-il en levant un sourcil. La petite fille porte bien un de mes pulles.

La  dite "petite fille" s'étouffa avec son riz. Et je pouffais en voyant un grain près de son nez.

- Et toi tu met mes caleçons parfois, alors tu n'es certainement pas mieux, continua-t-il en faisant rire Lou Ann cette fois.

- Si tu veux savoir, c'est aussi un des tiens que je lui ai donné.

Cette fois Lou Ann rigola franchement et nous nous tournions tous les deux vers elle un sourir sur nos lèvres. Finalement Caleb avait réussir à crever l'abcès plutôt facilement. J'en était heureuse pour eux deux. Je me disais alors que si elle restait, peut-être cela n'irait pas si mal que ça. Et ça accélérait sûrement le changement de comportement de Caleb déjà entamé. Je me laissais aller à écouter le rire enfantin de Lou Ann, un main sous le menton. Peut-être le mien aurait-il été semblable au tien si  j'avais été une enfant aussi ouverte qu'elle.

-Alexandra, j'ai quelque chose à proposer, lâcha Caleb en se penchant sur moi une fois la crise de rire de Lou Ann terminée.

- Ah Oui ?

- Ca pourrait être intéressant, renchérit-il en se grattant l'arrêt du nez avec son pouce.

Il avait le regard dirigé vers Lou Ann qui finissait de se lécher les lèvres. C'était d'autant plus étrange de le voir sans ses lunettes car en réalité... comment dire ? Cela se voyait que lui n'y voyait absolument rien, bien qu'il était bel et bien dirigé vers Lou Ann, mais il ne semblait pas réellement la voir. C'était étrange et amusant en même temps.



Quelques minutes après, nous nous retrouvions dehors, sur le parking d'une supérette à quelques kilomètres de la maison. Par réflexe, j'avais voulu prendre mon sac à dos, mais Caleb m'en avait empêché en me le confisquant. C'était assez rare que je me retrouve sans lui et je ressentais une sorte d'anxiété incontrôlée et une impression d'être nue en ne l'ayant pas sur mon dos. Mais j'essayais d'oublier cet énorme détail en me concentrant sur ce que Caleb considérait comme "intéressant".

- Alors... c'est ça ?

- Oui. Elle est plutôt pas mal. Je l'ai trouvée ce matin et elle marche.

- C'est que...

C'est que c'était juste inutile. Nous étions devant une cabriolet noir et Caleb essayait de nous convaincre que cette voiture aurait une utilité.

- C'est la première fois que j'en vois une aussi propre et... neuve, murmura Lou Ann en touchant la carrosserie effectivement casi neuve.

- Je t'explique : une voiture est faite pour être roulée et t'emmener d'un point À à...

- Je sais à quoi sert une voiture, Caleb. Merci beaucoup. Mais je me répète : quelle est l'utilité pour nous ? Il faut savoir conduire pour que ca nous serve.

- Et je sais conduire. Je te rappelle que j'ai 17 ans et même si j'avais des chauffeures, j'ai passé mon permis comme tous le monde.

- Alors tu fais partit de la classe aisée ?demanda Lou Ann en arrêtant sa contemplation du véhicule.

- Oui. Mon père travaille dans le milieux scientifique.

Je la vis se détacher de la voiture et s'éloigner ostensiblement de Caleb pour venir s'accrocher à mon tee-shirt.

Je comprenais bien sa réaction. Elle venais de la classe populaire et selon ce qu'elle m'avais expliquée, les privilégiés faisaient parti du gouvernement et celui-ci menait la vie dure à tout le monde.

-Bien, reprit Caleb après avoir fixé Lou Ann un moment, une démonstration s'impose. Et si vous montiez ?

Il ouvrit la portière côté conducteur et s'y installa alors que je retenais un cris de douleur causé par les ongles de Lou Ann dans la chaire de mon dos. Elle me forca presque à me mettre à sa hauteur pour me chuchoter dans l'oreille.

- C'est peut-être un piège. Ça se trouve, des membres du gouvernement son caché à l'intérieur et nous sauterons dessus quand on ouvrira la porte. Ou bien il va nous conduir droit chez eux.

- Et moi qui croyais que ta relation avec lui s'était améliorée, je soupirais en me rappelant comment elle avait rit avec lui à peine une demi heure plus tôt. Écoute, Caleb n'est pas méchant. Il ne fait certainement pas partit du gouvernement, sinon il n'aurait pas été avec nous ici.

- Son père en fait parti ! Si son père est là-bas, alors il est comme lui ! Tous les gens du gouvernement sont mauvais. Il nous fera du mal tôt ou tard.

Pour la première fois, je repensais à Jazz. Il m'avait confié faire avoir intégré un corp scientifique parce qu'il ne pouvait pas vivre d'art. Alors peut-être que lui aussi faisait partit du gouvernement, vu que les scientifiques était à leurs bottes, paraissait-il.

Je secouais la  tête. Non, Jazz n'avait rien à faire là dedans. Et puis Lou Ann était une enfant. Peut-être qu'elle ne savais pas de quoi elle parlait. Ou elle exagerait probablement.

- Justement, je repliquais. Si son père est scientifique, il n'aurait pas envoyé son fils dans un endroit comme celui-ci. Tu vois un père faire ça à son enfant, toi ?

Elle secoua la tête après un long moment d'hésitation.

- Alors tu vois. Caleb n'a rien avoir avec ce quil nous arrive. Il est autant victime que nous dans l'histoire. Tu n'as aucunes raisons de ne pas lui faire confiance.

Je l'a vit hésiter encore un peu et se braquer. Par peur, je préférais prendre ses deux mains dans les miennes.

- Mais si tu ne veux vraiment pas monter dans cette voiture, je ne vais pas te forcer, d'accord ? Je reste avec toi et on trouve autre chose à faire, si tu préfère.

Le moteur de la voiture se mit en marche et la vitre de Caleb se mis lentement à descendre. C'était assez amusant à voir mais je ne perdis pas mon sérieux. Caleb apparut lentement et la vitre s'immobilisa dans la portière.

- Alors ? Demanda Caleb en nous fixant.

- C'est toi qui vois, je chuchotais à Lou Ann qui serrait à présent mes doigts avec force.

Elle me regarda dans les yeux et d'un air entendu, se dirigea vers la voiture, toujours en me tenant la main.

-Par contre, je ne fais pas le taxi, ajouta Caleb en remontant sa vitre en même temps.

Nous nous mîres donc en route, Lou Ann sur mes cuisses. C'était la première fois en trois ans que je montais dans une voiture en état. Oui, car à mes treize ans, j'avais voulu essayer la conduite au talent, mais mon pied sur l'accélérateur avait eu trop de puissance et j'avais dû faire environ une cinquantaine de mètres à quelque chose comme quatre-vingt km/h avant de donner un puissant coup de volant et de déclencher l'airbag en rentrant dans un immeuble. Et oui, ca a été la toute dernière fois que j'avais essayé de conduire une voiture, d'où mon incompréhension quand Caleb avait dit qu'on allait utiliser la voiture.

- Et pour l'essence ?

- Les stations services ne servent pas qu'à dormir et à taguer, tu sais.

Je lui fit part de mon regard le plus noir et me concentrais sur l'extérieur comme Lou Ann, silencieuse. Devant mes yeux, défilaient les maisons et les boutiques de la ville déserte. Si on m'avais dit qu'un jour je referais un tour dans une voiture, je n'aurais même pas souri. Le vent faisait claquer ma presque queue de cheval contre mes oreilles et mon tee-shirt se gonflait d'air et se serait envolé si Lou Ann n'était pas assise dessus. C'était une ville plutôt pas mal quand on s'y attardait. Les appartements semblaient modernes et la plupart des boutiques arboraient de grandes marques, dont la plupart inconnues pour moi. Les routes étaient entourés de végétation harmonieuse et aucun déchets ne jonchaient le sol comme dans les Villes Mortes.

En pensant un peu plus fort à tous ce que les deux autres m'avaient dit, je me demandais si mes parents étaient en sûreté aujourd'hui. Ma mère était... une sorte d'avocat et mon père une sorte de scientifique pour école, si mes souvenirs étaient bons. Nous faisions donc partit de la classe aisée nous aussi ? Ou bien leur utilité avait-elle été nulle quand le gouvernement a changé ? S'étaient-ils retrouvés à la rue, éjectés de la maison et envoyé dans la classe populaire ? Ou bien avaient-ils trouvé leurs place parmi se nouveau régime ?

Après un large tour de la vile, Caleb nous ramena enfin à la maison. Heureusement, parce qu'un mal à tête commençait à menacer de s'abattre sur moi. Lou Ann s'était endormie et malgré tout, c'est Caleb qui se chargea de la porter et de la coucher. Je restais assise sur les marches de la porte d'entrée  en profitant des couleur du ciel de se ce début de soirée. Caleb ne mit pas longtemps avant de me rejoindre en me tendant une cannette de soda que j'ouvris machinalement. Il resta les deux coudes appuyés sur la rambarde de la clôture du perron en admirant le ciel tout comme moi.

- Tu comptes me dire ce que vous vous êtes raconté ou tu me laisse dans le noir ?

- J'ai encore beaucoup de choses à apprendre du monde que j'ai quittée...

Il se mit à rire doucement et de longues mèches de cheveux retombèrent souplement sur son front.

- J'ai dis quelque chose de bizare ? demandais-je perplexe.

- J'ai l'impression que tu parles comme si tu étais morte.

Après un moment où je restais à songer à mes paroles, je le rejoins dans son rire jusqu'à ce que je le sentis se calmer.

- Tu n'as pas tort. C'est tout comme. Qu'est ce qui me tient en vie ? À part Lou Ann et toi, je n'ai rien en somme, à part la volonté et l'envie que j'éprouve dans le fait de retourner dans le vrai monde. Mais le portrait que vous m'en faites tous les deux est différent de tous ce que je m'étais imaginé. Sept ans, Caleb, bientôt huit ! C'est presque 2 900 matins et soirs à vivre au jour le jour et dans une solitude extrême ! Durant se temps, j'ai pu avoir le droit de rencontrer quoi ? Environ six à huit personnes par ans. Un petit groupe de trois ou quatre si j'ai de la chance. Ils m'ont offert le taux d'humanité moyen dans j'ai eu besoin toutes ses années pour ne pas devenir folle. Voir des animaux est pire encore. Ça veux dire "personne pendant encore quelques mois, Alex". Être obligé de marcher, et, accessoirement, rouler en permanence pour échapper à l'éjection quand tu as à peine 9 ans, c'est horrible. Te réveiller le corps couvert de brûlures, avec un parfait inconnue, sans savoir où sont tes parents, que t'a maison est partie en fumée, que ta vie... que tu n'as pas le choix...

- Alors à quoi bon ?

- À quoi bon, Caleb ?répétais-je, las.

- Tu as réussis à remettre en question jusqu'à ma propre envie de retourner cher moi. Chapeau bas.

-A la nôtre !

Je portais la canette à mes lèvres et laissais le liquide pétillant et acidulé remplir ma bouche. Je laissais retomber ma tête en avant la bouche gonflé de jus qui me piquait l'intérieur des joues. Et à peine quelques secondes après moi, Caleb m'imita après avoir lancé :

- À la tienne,Alex.

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