Chapitre 34
Elle était là. Elle tenait son bras comme si le fait de l'avoir dans son autre main pouvait l'empêcher de tomber. Ses jambes étaient si collés l'une contre l'autre qu'elles semblaient se confondre. Mais le plus étrange en elle était son regard. Ses yeux. Ils étaient marron claire, même plus que moi, bien qu'ils ne l'étaient pas tant que ca. Ses pupilles étaient si dilatée qu'elles ne ressemblaient plus qu'à deux points pas plus gros que ce que pouvait laisser la mine d'un crayon.
Dans mes souvenir, J'en avais même la certitude, la plupart des populations asiatiques possédaient des yeux de couleur sombre, et pas des billes aussi claires que celles qui me scutaient avec une frayeur à peine contenue.
-Qui êtes vous ?
Sa petite voix me fit sortir de mes pensés subitement. Elle n'avais pas d'accent comme je l'avais imaginé mais elle parlais clairement . Je clignais des yeux quelques fois avant de prendre conscience de ce qui passait.
- Caleb, va chercher de l'eau, je lançais.
- NON !! Hurla-t-elle alors qu'il se dirigeait vers la porte.
Il s'immobilisa et j'en fis de même. Elle avait vraiment hurlé et se collait encore plus au rebord en i du lit comme si elle pouvait en être plus proche qu'en cet instant. J'entrevoyais même des larmes menacer de couler, alors je me repris rapidement.
- Non, repeta-t-elle la voix tremblante. Je ne veux pas qu'il parte.
J'essayais de ne pas trop mal le prendre.
- Alors si tu veux, c'est moi qui vais aller prendre de l'eau, concedais-je.
-NON !! Hurla-t-elle de nouveau et je vis Caleb se braquer
- Tu préfère que l'on reste tous les deux ? Gronda-t-il, menaçant.
- Non... Non... je veux...
Et elle s'effondra, en larmes. Je fusillais Caleb du regard et il en fit de même, même si à mon avis il ny 'avait aucunes raisons pour qu'il me retourne le regard.
Je ne savais pas trop quoi faire et quand je vis Caleb s'avancer, je cru un instant qu'avec son intelligence, il allait faire en sorte de nous faire sortir de se mauvais pas, mais il n'en fit rien et se contenta de me saisir le bras et m'entraîner avec lui vers la sortie alors même que la petite fille continuais de pleurer sur le lit.
- Mais qu'est-ce qu'il te prend ? Chuchotais-je férocement une fois dans le couloir.
- Elle ne veut ni de toi ni de moi avec elle dans cette chambre.
Il avait encore les sourcils froncés et semblait plus en colere qu'il ne devrait l'être, ce qui me mis moi plus en colère encore. Il passa une main dans ses cheveux désordonnés et fis un geste pour retirer des lunettes avant de se rendre compte qu'il ne les avaient déjà plus et de se frotter le visage.
-Cette petite fille à des problèmes. Le fait qu'elle réagisse de manière aussi disproportionnée à évidement un rapport avec les marques sur ses bras, tu l'avais déjà compris, je me trompe ?
Je le regardais un moment en sentant petit à petit la colère me quitter. Il n'avait pas tort. En vérité, il ne faisait que s'inquiéter pour elle, et sa colère provenait sûrement de son indignation, comme moi. Je soufflait longuement.
- Oui, j'avais compris. Mais ça n'explique pas pourquoi tu as agît de cette manière avec elle. Tu n'as fait que l'effrayer encore plus.
- Ouais je sais, c'est l'habitude. Je ne traite pas avec des enfants normalement. Et de toutes manières, dans les cas comme ça, je n'aurais sûrement pas apprécier que deux inconnus apparus à mon réveille ne viennent me réconforter et me dire que tout va bien alors que rien ne va.
Toujours pas tort l'intello. Alors nous la laissions pleurer en attendant dans le salon. Caleb avait quand même eu la bonne idée de placer à manger sous le pas de la porte pour ne pas l'obliger à venir. Néanmoins, il y avait toujours la possibilité qu'elle s'enfuie par la fenêtre de la chambre, mais je préférais ne pas y penser.
Au bout de quelques heures, un bruit de couverts nous parvint. Je me redressais, à moitier endormie alors qu'elle déposait le plateau dans l'évier.
-Ca va un peu mieux ?
Je la vis sursauter et je m'assis un peu plus confortablement. Je jetais un oeil sur Caleb un peu plus loin, endormi et un bras sur le visage. Je la vis suive mon regard et nous nous retouvions Bientôt à nous regarder dans les yeux. Je fis une fois de plus choquée par la clarté de ses yeux, que je pouvais admirer même avec la faible luminosité que le soleil déclinant nous offrait. Je la vis se frotter le bras que je tenais quelques heures auparavant pour le laver. J'avais d'ailleurs une folle envie de me lever et de l'examiner une fois encore de plus prêt, mais je savais aussi que n'importe quel geste trop brusque la ferait fuire, alors je restais en place.
- Ca te démange ?
Elle se rendis compte de ses mouvements et arrêta immédiatement en plaçant son bras derrière son dos. Du même geste, elle commença à reculer jusqu'à se frapper à l'évier.
- Si tu ne veux pas parler il n'y a aucun soucis, je comprend, je soupirais.
Je la voyais tâter derrière elle sur le plan de travail à la recherche sûrement de quelque chose pour m'assommer. Je le sentais mal mais je continuais à parler.
- Les marques sur ton bras : j'ai exactement les même, revelais-je en montant les manches de mon pull. Les premières sont apparues quand j'avais 8 ans à peu près. C'était des petites traces pas plus grandes que celles qu'on fait quand on s'enfonce un stylo dans la peau. Elles faisaient mal et j'en avait partout et tout le temps : sur le épaules, à l'intérieur du coude, dans le poignet... Je pensais que c'était juste une allergie... Mais toi, tu as les mêmes.
Elle restait silencieuse. J'espérais vraiment qu'elle n'avait pas mis la main sur un couteau ou quelque chose de se genre.
-Est-ce que c'est vous qui m'avez emmenée ici ?
Sa petite voix avait pris de l'assurance depuis qu'elle s'était réveillée.Mais son air courageux sur son visage ne me laissais pas dupe : elle était effrayée.
-C'est nous qui t'avons portée jusqu'à cette maison. Mais ça s'arrête là : nous sommes comme toi, on s'est juste réveillé ici un jour.
Sa respiration se fit tremblante une seconde, avant qu'elle ne se reprenne. L'avais-Je convaincue ?
- À moi de te poser une question, maintenant.
Et en l'absence de réponses, je continuais :
- Depuis combien de temps est-tu là ?
- Ca fera deux semaines dans trois jours... Il a des marques lui aussi ? Demanda-t-elle en désignant Caleb par un coup de menton alors même qu'il était caché derrière le canapé que j'occupais.
- Non, lui n'en a pas.
Et je le savais après avoir maintes fois vu Caleb torse nu. Sur ses bras, les tâches se seraient vu, tandis que pour moi elles étaient moins voyantes grace à ma couleur de peau.
-Alors je ne veux parler qu'à toi.
-Il n'est pas méchant. Il est juste...
- Non ! Je ne veux parler qu'à toi... de ça.
- D'accord.
Elle s'approcha enfin de moi et s'installa d'abord timidement sur le canapé avant de venir se blottir dans mes bras. Je la laissais faire, ne sachant pas trop comment réagir. Comme Caleb, je n'avais pas souvent à faire avec des enfants.Je fini par refermer mes bras sur elle, me rappelant comment cela avait été avec lui.
-Je m'appelle Lou Ann.
-Moi c'est Alex. Et le grand ours là-bas il s'appelle Caleb.
Cela eu le mérite de la faire rire et tandis que je la serrais un peu plus contre moi, elle s'était emparée d'une de mes boucles et s'amusait avec.
Le jour se leva et le soleil m'aveugla instantanément et le poid qui me bloquait contre le canapé me remémora les événements de la journée précédente. Je voyais les longs cheveux noirs et fins de Lou Ann tomber sur son visage et ses épaules nues. Elle semblait vraiment épanouis même si d'epaisses cernes creusaient son visage pâle. Qui aurait cru en cet instant que cette petite fille etait dans une situation aussi horrible que la mienne ? Je me dégageait de son emprise, me rendant compte au passage qu'elle m'etreignais avec force. Elle ne se réveilla pas et je pus m'étirer et me diriger vers la salle d'eau en notant au passage l'absence de Caleb.
Après avoir récupérer quelques affaires dans mon sac, je me brossais les dents avec la fatigue du réveil encore présente. Ce fut un hurlement strident qui me réveilla pour de bon et j'ouvris la porte à la volée la bouche encore écumante de mousse.
- Alex! Alex! Alex!
Je la vis tourner en rond dans le salon les yeux déjà pleins de larmes et quand elle me vit, je m'agenoullais pour la recevoir dans mes bras.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demandais-je en lui prenant le visage dans mes deux mains.
- Tu.. Tu n'étais pas là! J'ai cru que... J'ai cru que j'étais de nouveau seule... J'ai cru que tu m'avais mentie, que tu étais comme eux !
- Comme qui ? Tu parles de ceux qui t'ont piqué ?
Elle ne répondis pas et me pris dans ses bras en pleurant de plus belle. Je deposais ma brosse à dent sur le sol et la serrais dans mes bras à mon tour. Quelle idiote je faisais.
- Excuse-moi, Lou Ann. J'aurais dû savoir qu'il ne fallait pas te laisser seule. Moi-même j'ai été dans cette situation et j'ai eu la même réaction que toi la première fois. C'était vraiment idiot de ne pas y avoir pensé.
-Ne me laisse plus jamais seule, gemissa-t-elle.
Je soupirais. Ça n'était pas quelque chose que je pouvais lui promettre. Je ne savais pas comment elle était. Si elle était comme Caleb et moi ou si elle était comme les autres et que nos mondes n'avaient que fait de se croiser brièvement. Ça serait chose horrible que de lui promettre l'impossible, surtout si nous venions à disparaître quelques temps après.
A deux semaines de vie dans se monde, elle devait en plus être son premier contact humain. Elle était encore fragile, elle n'avait pas tout compris, et je voulais à tout prix lui éviter toute la souffrance et tous les dégâts de la perte de repères que j'avais pu,moi, ressentir.
-Aussi longtemps que je serais ici avec toi tu ne sera jamais seule, je te le promet. Mais il y a des choses que je doit t'expliquer, d'accord ?
Elle hocha la tête et j'essuyais ses yeux et recuperais ma brosse à dent. Je passais la matinée à lui expliquer en douceur le nécessaire à connaître et elle m'ecouta attention en posant des questions de temps à autres. Je ne vis pas Caleb une seule fois.
-De quoi te souviens-tu ? Me demanda-t-elle à un moment.
-Moi ?
Nous étions assises en face de la fenêtre du salon et nous jouions aux cartes. En fait, aucunes de nous deux ne savions comment jouer alors nous nous contentions de poser des cartes jusqu'à finir le jeu au complet. C'était amusant surtout quand elle s'autoproclamait gaganante en criant "jeux !" Chaque fois qu'elle tombait sur un roi ou une reine. C'était une enfant pleine de vie et souriante.
-Moi je me souviens de choses...
- Oui, mais pour toi c'est récent. Mes souvenirs apparaissent plutôt comme des rêves et ils ne sont jamais claires. Mais toi, dis moi de quoi tu te rappel.
- Je...
La porte s'ouvrit et Caleb apparut sur le seuil de la porte. Je ne l'avais même pas vu par la fenêtre. Il s'arrêta et nous scuta un moment avant de déposer son sac sur le canapé et de disparaître de nouveau dans la maison. Il était vraiment étrange. Il aurait au moins pu dir où il était aller et mieux traiter Lou Ann, bien qu'il m'avait expliquer pourquoi il agissait ainsi avec elle.
-Il est bizzar, chuchota celle-ci plus pour elle que pour moi.
- Oui, il comme ça avec les personnes qu'il ne connaît pas. Mais il n'est pas méchant.
Je la vis froncer des sourcils et regarder l'endroit où Caleb avait disparut quelques minutes plus tôt avec insistance.
- Quelque chose ne va pas, Lou Ann ?
-Il me fait peur. Je n'ai pas confiance en lui. Il n'est pas resté avec nous aujourd'hui, peut-être qu'il est avec eux.
- Qui ça "eux" ?
-Ceux qui nous ont fait ça... chuchota-t-elle avant de serrer ses lèvres contre elle.
Je regardais dans la direction du couloir et y vit Caleb adossé au bout en train de siroter une cannette de citronade. Il s'approcha de nous et je sentis Lou Ann se tendre en face de moi.
- Tiens, dit-il en lui tendant une cannette, ce qui la fit sursauter.
Elle l'a pris en marmonant un "merci" à peine compréhensible dans oser le regarder. Il ne s'en formalisa pas et se tourna vers moi pour me tendre à moi aussi une cannette. Elle était tiède mais rafraîchissante. Caleb s'installa sur le bord du canapé et observa le jeu de carte.
- Vous jouez à quoi, demanda-t-il d'une voix plus douce que je ne l'aurait cru.
- On a inventé notre propre jeu. Et je suis en train de perdre.
Il leva un sourcil et je remarquait qu'il n'avait toujours pas remis ses lunettes. Il se pencha en avant et se tourna vers Lou Ann qui serrait sa cannette en tremblant. Caleb devait vraiment l'effrayer. Et depuis qu'il était arrivé elle s'était visiblement refermée sur elle même. En plus de cela, la discution que nous avions entamés était restée en suspend et je brûlait de connaître le fin mot de l'histoire. De qui parlait-elle en disant "eux" ou "ils". De quoi parlait-elle quand elle disait qu' "ils nous avait fait ça "? Parlait-elle des piqûres ou du fait de nous avoir enfermés dans se monde ?
- Tu veux que je l'ouvre pour toi ?
Elle ne dit rien et Caleb finit par la lui prendre des mains et par l'ouvrir avant de la lui rendre et de prendre un gorgée de sa propre canette.
- En fait, Alexandra, j'ai trouvé de quoi soulagé ton épaule.
- Mon épaule ... ?
Mon épaule. Je l'avais déjà oubliée. Certes elle me faisait toujours mal mais avec tout ce qu'il s'était passé, la douleur avait été refoulé jusqu'à n'être qu'un petit point qui me lançait quelques fois. Tant mieux dans un sens, si je n'y pensais plus peut-être que la douleur s'en ira complètement.
-Merci.
- La prochaine fois ne compte pas sur moi pour remarquer que tu t'es claqué l'épaule.
Je le toisait et reporta mon attention sur Lou Ann. Nous l'avions retrouvée inconsciente sur le sol d'un rond point. Peut-être elle aussi avait quelque chose mais quelle nous faisait pas assez confiance pour nous le dire. En tous cas, elle n'avais rien comme blessures physique remarquable.
- Lou Ann ?
-Hmmm ?
Elle battait nerveusement les cartes de ses petites mains et les plaçaient selon un ordre quelconque.
- Est-tu blessée quelque part ?
Elle secoua la tête négativement en se mordant d'avantage sa lèvre déjà blanche. Je soupirais et me décida à faire quelque chose pour la détendre en proposant à Caleb de nous faire quelque chose à manger, chose qu'il fit sans rechigner après m'avoir lancé un regard entendu.
- Lou Ann, tu n'as pas à être aussi stressée quand Caleb est là. Regarde, moi, tu t'es habitué plutôt rapidement à ma présence, non ? Alors pourquoi ne pas en faire autant avec lui ?
- Parce qu'il n'est pas comme nous ! Parce qu'on ne lui a pas planté des aiguilles dans le bras pour lui injecté quelque chose ou pour lui prendre le sang. Je me souviens de choses que toi tu as oublier. C'est horrible et ca fait peur. C'est douloureux et ca continue jusqu'à ce que tu n'en puisse plus. Ils n'arrêtent jamais avant ! Et puis ensuite ils te surveilles et ça recommence encore et encore. Et lui, ne connaît pas ça. Alors je ne lui fait confiance.
Je restais interdite un moment. Elle s'exprimait clairement et pour une petite fille de son âge, elle n'y allait pas avec le dos de la fourchette. Je tournais la tête vers Caleb qui s'activait dans la cuisine. S'il avait remarqué que nous parlions, le connaissant il allait prendre son temps pour nous laisser du temps ensemble. Alors je la regardais droit dans les yeux et d'une voix assurée , je lui dis :
- Dit moi tout.
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