Chapitre 33

Remonter la pente n'a pas été très facile. S'accrocher à la terre et aux racines n'est pas chose aisée surtout avec un molet et une cheville bandée et une épaule qui fait souffrir. Caleb m'aidait en me poussant le dos quand je me traînais trop, mais je réussis finalement à atteindre le bord de la route couverte d'eau de rosée, de terre et de feuilles au bout de plusieurs minutes d'acharnement. Ça me fit un bien fou de trouver un terrain égal dénué de tous loups aux envies meurtrières. Sans un mot, nous nous remîmes en route vers une autre ville, qui devait être à moins de quatre jours de marche selon Caleb. J'aurais largement préféré deux heures de voiture, mais je ne dis rien.
Plus nous marchions, moins je me disais que ça en valait la peine et qu'il faudrait que je me laisse aller là, au beau milieu de la route pour attendre au moins d'être complètement sur pied comme je le faisais avant. Mais Caleb semblait déterminé à atteindre cette ville,même sans objectif précis. Avant, il pouvait se dire qu'il reverrait sa petite amie à chaque pas, mais là, il avait autant de but que moi. Je l'admirait pour ça et ce fut aussi l'une des raisons pour laquelle je ne me laissais pas tomber immédiatement.

- Alors en sept ans tu as parcouru plus d'un millier de kilomètres à pied à travers tout le pays, lâcha-t-il comme si il y pensait depuis un petit moment. Tu as dû en voir des choses.

-Oui, on peut dire ça. Des maisons vides, des appartements vides, des boutiques vides, des voitures vides et même des parcs d'attractions vides... ça fiche vraiment peur la nuit...

Il rit et essuya son front en sueur en laissant une grande trace de boue à la place. Je regardais mes mains et les esuyais discrètement sur mon pantalon déjà saturé de saletés.

- Et... et pourquoi tu ne t'ai jamais posé quelque part ? Je sais qu'il y aurait eu le problème de nourriture, mais tu te débrouille déjà pas mal et puis il y a plein de trucs qui se conservent. Je sais pas moi, dans une petite maison, tu fait le plein et puis tu mène ta petite vie tranquille.

Ça aussi, ça semblait mûrement réfléchi. Depuis quand voulait-il me poser cette question ? Peut-être depuis un petit bout de temps.
J'essuyais une goutte de sueur tombé dans mon oeil en préparant ma réponse.

-C'est simple, je n'ai jamais pu rester dans un endroit bien longtemps. J'ai souvent essayé, et toujours échoué .

- Comment ça ?

-Il y aura toujours quelque chose pour me faire fuir. La première à été un incendie, dans ma ville d'origine. Ensuite il y a eu divers choses, comme l'écoulement soudain d'un bâtiment, la disparition de mes provisions... des loups.

Je ne pus m'empêcher de sourire jaune à cette dernière remarque.

- Si je reste inactive trop longtemps, voilà ce qu'il se passe, repris-je en le regardant. Mes seuls moments de répit sont durant l'hiver. Là je n'y peut rien, je suis coincée et même si je veut partir, il faudrait toujours que je reste quelque part au bout d'un moment sous peine de mourrir de froid. Donc, voilà. Pas de petites maisons en bord de mer avec repas en barquette toute l'année. Juste de la marche.

-Je vois. Je voulais aussi te demander si tu n'étais jamais retourner... chez toi. Mais j'ai aussi ma réponse.

Il se tu un instant, puis reprit :

- Ça veut dire que si nous étions restés chez moi plus longtemps, elle aurait brûlé par exemple ?

- Oui, peut-être. Mais, si tu reste... ici, je te déconseille de vouloir y retourner.

-Pourquoi ça ?

- Parce que c'est quand j'ai voulu y retourner que j'ai découvert ma ville en feu.

Ce n'était pas quelque chose de préférable à voir. Alors mieux vallait que je le lui dise. Imaginer la belle maison de Caleb en feu ainsi que la forêt environante. Ou bien plus qu'un tas de gravas à la place. Ou bien une montée des eaux. Ou encore quelque chose qui ressemblerait de près ou de loin avec ce que nous avons vu de la maison de Chanty.... Ça serait horrible.

- De toutes manières, tu as lu mon journal de bord, alors tu sait à quoi t'attendre.

-Tu le sait... ?

-Oui, je suis au courant. J'ai le sommeille très léger.

- C'est ce que tu crois.

Je le frappais à la côte et accélérais le mouvement en me mordant la lèvre de douleur. Il faudrait bientôt que je m'arrête pour cette fichu cheville.
Nous continions de parler de tout et de rien sur le reste du chemin jusqu'à ce qu'il faille nous arrêter pour nous reposer. Et ce fut ainsi durant les quatres jour de marche qui se passèrent miraculeusement sans accros. Nous arrivâmes à la ville, et cette fois c'est moi qui choisit la maison, un appartement propre et accueillant, dans une ville normale.

Plusieurs douches, le plein de nourriture et plusieurs heures de repos plus tard, je me sentais beaucoup mieux. Caleb me rendait la pareille en vérifiant l'état de ma jambe et moi, je roulais mon bras sur lui même pour le soulager quand il ne regardait pas. Il faisait de plus en plus chaud et ca n'était pas pour me déplaire. Alors je pouvais me promener dans cette ville vêtu simplement d'un short et d'un tee-shirt. Je pouvais me vider la tête et faire en sorte de penser tranquillement à tout ce qu'il s'était passé depuis que Caleb avait fait son apparition dans ma vie. Rien d'extraordinaire, mais je savais que quelque chose changeait. Je le sentais.

Je m'arrêtais devant un libre service encastré sous un appartement et commençais à essayer de lever le rideau de fer qui m'empêchait d'y accéder. Cela me pris toute mon énergie et même après plusieurs minutes d'acharnement, je n'étais pas capable de le soulever, ni de défoncer le rideau. Je pris une longue inspiration et commença à user de toute ma force pour finalement sentir mon bras me lâcher.

Je poussais un hurlement de douleur et tint celui-ci en m'appuyant contre le mur pour me calmer. Je laissais échapper des grognements de douleur et laissant reposer ma tête contre le mur frais recouvert de publicités et d'affiches. Je fini par me calmer quand la douleur fut moins intense. Évidemment, Il avait fallu que ça arrive maintenant. Et ce fichu rideau qui me narguait en restant obstinément fermé.

Je me laissais tomber au sol en soupirant. Claqué du bras, de la cheville, de la cuisse. J'étais bonne pour la casse. Je me mordais l'intérieur des joues et me relevais en gardant mon bras contre mon ventre. Ce n'était pas la mort, je le savais. En le laissa tranquille pendant quelques temps, il irait mieux. Je ne voulais pas retourner voir Caleb dans l'immédiat. Je savais qu'il avait fait une razzia dans les magasins de vêtements pour nous deux alors que j'étais chargée de trouver quelques trucs à manger. Je balancais mon sac contre mon épaule valide et continua ma visite de la ville jusqu'à cette fois trouver un magasin plus accessible.

- Du pain, des bouteilles d'eau, des cartons de jus, des barres de céréale, des paquets de chips, des conserves, des gâteaux...

- Si tu fais une seule critique je t'arrache la langue.

J'étais revenu à l'appartement en trouvant Caleb au salon. Je lui avait jeté le sac à la tête et m'étais laissé tombé sur la canapé où une énorme tâche orangé dépassait de la couverture que j'avais enroulé autour de moi.

- Heureusement qu'il y a déjà de quoi manger ici.

-La ferme, Caleb.

- Si ça t'intéresse, j'ai mis les vêtements sur la table basse et j'ai préparer de la soupe instantanée.

- T'es une gentille fille, je chuchotais en m'installant sur le dos.

Je l'entendis arrêter toute activité et ranger des affaires dans un coin. De mon côté, le tableau accroché au mur semblait beaucoup plus intéressant. Je tapotais ma cuisse de mon bras invalide au rythme d'une musique imaginaire dans la tête.

- Alex, ca va ?

- Oui oui, répondis-je sans grande conviction.

Je me levais et pris la soupe aussi bien que me permettais ma condition. Avec un peu de chance il ne remarquerais rien et me laisserais tranquille. Mais une autre partie de moi souhaitais qu'il le remarque et m'oblige à faire quelque chose.

- Tu es allé loin ? L'entendis-je me demander.

- Non pas vraiment, mais j'ai repérer un endroit un peu plus grand où on pourrais s'installer quelques temps avant de partir.

Il soupira et se frappa la jambe de ses doigts, l'air frustré. Il avait encore quelque chose me demander et il ne se fit pas attendre.

- Tu es sûre qu'il n'y a pas moyen de rester à un endroit plus de quelques mois ?

- Oui. Et je ne veux pas de nouveau être poursuivie par des loups enragés pour avoir dérogé à cette règle, Caleb. Si j'avais pu faire autrement, on ne se serais jamais rencontrés.

Et j'aurais sûrement toujours des ongles aux pieds. Il me regarda et soupira une nouvelle fois avec cette fois l'air d'avoir compris la leçon. Je sirotais mes nouilles en pensant à ce qu'aurait été ma vie si j'avais pu me poser quelque part. J'aurais sûrement profiter d'une maison semblable à celle de Caleb sur le rebord de la mer.

- Pourquoi tu t'intéresse à tout ça d'un coup ?

- J'ai dû prendre conscience qu'on était dans le même bateau maintenant .

Il réussi à m'arracher un sourire. Je ne sais pourquoi, mais un sentiment de satisfaction immense s'était alors fait sentir en moi. Ce n'est qu'après que je compris que ce sourire idiot qui s'était installé sur mon visage était dû au fait que pour la première fois de ma vie, quelqu'un avait réussi à comprendre ce que je resentais. Et peu être même qu'en cet instant, Caleb éprouvait les même sentiments qui m'avaient assailli sept années plus tôt.

Mais sans que je n'ai le temps de m'en rendre compte, son comportement changea et il prit la parole sur un ton si sérieux et si concentré que cela me fit perdre pied un instant.

- Avant tout ça, je m'en fichais vraiment. Je ne pensais qu'à ma situation et à rien d'autre. Tu sais, le monde que tu as connu autrefois est bien différent de celui que moi je connais. Aujourd'hui, nous sommes tous séparés en classes sociales et le fait que je sois en haut de l'échelle m'a toujours empêché de voir la vérité en face. Mais chaque fois que je rentrais chez moi, je le voyais de l'autre côté de la vitre, je voyais le malheur et la pauvreté. Je voyais les gens s'acharner à travailler tous les matins et à rentrer le soir sans que ça ne me fasse ni chaud, ni froid...

Il s'arrêta un instant semblant chercher ses mots. La soupe que j'avais entre les mains refroidissait et les nouilles se figeaient dans le pot en plastique. J'avais envie de l'interrompre et de lui dire que j'avais connu ce monde. Indirectement, certe, mais mon père avait toujours mis un point d'honneur à me faire voir tous ce qui devait être vu et me faisait souvent lire des livres ou voir des vidéos traitant de tout sortes de sujets, tous plus horribles les uns que les autres. Donc je savais que le monde était gangrené par le malheur depuis bien longtemps. Mais il continua :

- Tu dois te dire que tu le sais, mais je t'assure que c'est différent. Notre... le gouvernement n'est plus le même. Il a changer il y a quelques années et il privilégie ceux qui l'aide à... ceux qui l'aide à accomplir des... des choses...

Au fur et à mesure qu'il parlait il s'était tourné vers moi avec les yeux écarquillés, plantant son regard électrique dans le mien. Il serrait maintenant ses mains avec tant de force que ses jointures en devenaient blanches. Il serrait et desserait la mâchoire si rapidement que j'avais peur qu'il ne se la casse.

- Alexandra...

Il s'était mis debout et s'était approché de moi si rapidement que jen avait eu mal aux yeux, avant de se stopper net à à peine quelques centimètres de moi. Je reculais instinctivement en me demandant comment la discution avait pu prendre une telle tournure. Il semblait sur le point de me dévoiler quelque chose... quelque chose qui semblait lui peser lourd et au moment où il ouvrit la bouche, je pensais réellement qu'il comptait déballer tout ce qu'il avait sur le coeur et que cette chose pourrait être importante autant pour lui que pour moi.

Mais il s'éloigna en semblant prendre conscience de quelque chose, sûrement de sa proximité trop soudaine, et laissa simplement échapper un "laisse tomber" en me laissant dans un état de frustration indescriptible.

Il ne pouvait pas me faire ça ! Il ne pouvait pas me dévoiler tant de chose sur le monde actuel, du gouvernement, sur sa vie, pour finalement le laisser avec juste l'écho de son discours dans la tête et des milliers de questions qui souhaitaient seulement franchir mes lèvres à une vitesse phénoménale quitte à le plaquer au sol de mon seul bras valide.

Je sentais mon visage chauffer et mes mains se mirent rapidement à trembler. Il m'avait donc menti sur certains points ! Il m'avait affirmé que le monde était égal à celui que j'avais quitter et sur un coup de tête et sans rien dire de concret, il s'était décidé à remettre en cause jusqu'à mon envie de retourner là-bas.

Au moment où je me levais pour lui rendre des comptes, un brouhaha infernal se fit entendre à l'extérieur et je me figeais instantanément. Je vis Caleb en faire de même en levant inconsciemment son bras, sûrement dans le but stupide de me protéger.

- On reprendra cette discution plus tard, dis-je en essayant tant bien que mal de maîtriser ma voix déjà cassée par la peur.

Je déposais mon bol à moitié entamé de nouilles sur la table basse et rassemblait rapidement mes affaires bientôt suivie de Caleb, tout en surveillant mes gestes de manière à ne pas amplifier la douleur qui me transpercait le bras. Sur un même accord, Caleb et moi descendîmes les escaliers de l'étage où nous avions élu camp pour examiner les alentours à travers les vitres des portes du hall d'entrée.

Au bout d'une demi heure d'inactivité, nous osions nous aventurer à l'extérieur. Même avec un bras en mauvais état, je savais qu'avec des loups aux trousses, l'adrénaline me ferait rapidement oublier la douleur. Mais je priais quand même pour que ce ne fut pas encore des loups. Ni même des bêtes ou quelque chose de dangereux qui n'aurait d'intention que de nous prendre comme repas du midi. Tous les changements qui dégénère commençaient sérieusement à me donner mal à la tête.

Nous avoncions doucement et avec peu d'assurance, mais au moins nous ne voyions toujours pas de danger. Sur l'instant, j'aurais vraiment apprécié juste le fait d'avoir une quelconque arme sur moi. Un bâton aurait très largement fait l'affaire. Nous progressions à une lenteur frustrante, mais cela ne dura pas : un mouvement attira mon attention sur la droite, à une intersection, non loin de nous. J'attrapais une des scelles du sac de Caleb pour lui faire comprendre de s'arrêter et il pesta avant de suivre mon regard.

-Qu'est-ce que... ?

Je ne le laissais pas parler plus longtemps, je m'engageais vers l'intersection. Je sentis la main de Caleb m'aggriper l'épaule et je fis un effort considérable pour ne pas hurler. Mais la douleur sur mon visage fut vite remplacé par de la colère quand je me rendis compte que Caleb m'avait en vérité stoppé dans mon geste.

-Quoi ?

- Alexandra, n'y va pas. Tu ne sais même pas si c'est hors de danger. Tu ne vas pas t'aventurer là-bas comme ça, c'est trop inconsidéré !

-Je n'en ai rien à faire du risque, lui répondis-je sur le même ton. Je vais y aller et si toi tu préfère rester ici, c'est ton problème. Moi je vais aller l'aider!

Je marchais maintenant à une certaine vitesse et plus je le rapprochais, plus je pouvais distinguer la forme de cette chose qui était allongé sur l'herbe du rond point. Plus mes pieds parcouraient cette distance entre elle et moi,mieux je pouvais distinguer les pieds nus, la robe et le visage de la petite fille évanouie au sol. Je sentais Caleb se pencher de même que je le faisais sur la petite chose aux cheveux noire à nos pieds.

- Je suppose que ca sera encore à moi de la porter ? Souffle Caleb d'un ton pince sans rire.

Mon regard était prit par cette petite fille. Et je me retenais de ne pas la secouer pour la réveiller immédiatement.

Caleb avait finalement pris la fille sur ses épaules et j'étais chargée des sacs. On avait rejoint la dite maison que j'avais évoqué un peu plus tôt et nous l'avions posée sur le lit de la chambre la plus proche. Miraculeusement Caleb n'avait pas fait tant de remarques que ça et était partit avant de revenir avec une serviette et un seau d'eau.

Je regardais la petite fille avec intensité. En réalité, ça faisait un petit moment que je n'avais pas rencontré d'enfants, mise à part ma rencontre avec celles de l'école il y avait maintenant déjà quelques mois,la dernière fois que j'avais eu affaire avec des enfants remontais au temps où je l'étais également encore, soit vers mes 12 ans. Ou sinon, pour la plupart, il s'agissait surtout d'adultes ou d'adolescents.

En la regardant plus attentivement je découvris qu'elle avait les yeux bridés, ce qui expliquais sa chevelure raide et ébène. Elle était si pâle qu'elle se confondais avec les draps du lit et sa robe beige couvrait à peine ses petites épaules. Caleb me tendis la serviette sans un mot et je commençais à éponger son front et toutes les traces de terre qui avait atteris sur elle.

- Je lui donne 10 ans, pas plus, annonça Caleb en s'asseyant au bord du lit.

- Je me demande surtout depuis combien temps elle est là, lui lançais-je presque en chuchotant.

Il fronca des sourcils et je cru un instant retrouver le bon vieux Caleb agaçant et exécrable d'il y a quelques mois. Mais il ne dit rien d'autre et se contenta de tapoter le bois du lit des doigts. Puis, dans ce qui sembla un éclair de compréhension il fixa dans les yeux avec intensité avant de prouver qu'il voyais où je voulais en venir :

- Tu penses qu'elle est... comme toi ?

- J'apprécie la manière avec laquelle tu ne t'inclue pas dans la situation, je soupirais en passant aux bras.

- Ouais, c'est l'habitude, mais j'ai visé juste n'est-ce pas ? Dit-il en me rejoignant près de la commode.

Je passais et repassais la seviette pour essayer d'effacer les saletés sur son bras qui ne souhaitaient décidément pas s'en aller. Je pensais soudainement au fait que depuis quelques temps je me retrouvais souvent à m'occuper et accessoirement à nettoyer de gens. Je grognais sans avoir pu m'en empêcher : ça n'avait pas intérêt à devenir une habitude.

- Pas forcément, je finis tout de même par répondre. J'avais peut être le même âge, mais... rien ne prouve encore qu'elle soit ici comme moi, répondis-je en mettant l'accent sur le "moi".

Il leva les yeux au ciel et attrapa une bouteille de parfum qui se trouvait là en continuant de froncer des sourcils. Sa petite tête de premier de la classe devait être en train de tourner à plein régime, et je remarquais pour la première fois, il n'avait pas enfilé ses lunettes. Ça devait être pourquoi je remarquais mieux ses yeux (remarque débile).

Je me penchais un peu plus sur les tâches qui parcouraient le bras de la petite fille. En passant le doigt dessus, la réalité me frappa net : ça n'était pas que des tâches !

- Caleb !

J'avais crié bien plus fort que je ne le voulais et la détresse dans ma voix était également bien plus forte que j'aurais cru. Mais la surprise était tellement puissante qu'il avait fallu que je l'extériorise. D'ailleurs, il en avait lâché le flacon qui rebondit et roula sur quelques mètres avant de se cogner au bureau de la chambre.

- Ça ne va pas de crier comme. ..

- Regarde !

Je le forçait à s'approcher du lit tout en soulevant une fois de plus le bras de la petite fille toujours inconsciente. Quand il réalisa lui aussi ce qui se trouvait sous ses yeux,je vis son visage se décomposer .

- C'est...

- Se sont des marques de piqûres, finis-je à sa place.

Et elles s'entendaient tout le long de son bras et même à l'intérieur, allant jusque sous la paume, proche des veines de ses mains. C'était horrible. Et quand je sentis le bras s'extirper brutalement de ma poigne, je sus que je ne laisserais pas tomber avant de savoir pourquoi ces marques de piqûres me rappelaient autant de souvenirs.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top