Chapitre 27

- C'est quoi le plan alors ?

Caleb tira dans la conserve qui traînait à ses pieds, laissant s'échapper tout le jus qu'il restait à l'intérieur. Celle-ci alla se cogner contre le meuble le plus proche en continuant sa route de sauce transparente. Il n'y avait pas à s'inquiéter des fourmis, même si le chat avait à présent disparut. Nous avions terminé notre ronde de toutes les maisons de la résidence. Ça nous avait pris à peine une semaine pour tout boucler et nos trouvailles n'étaient pas fameuses: À peine de quoi manger et le nécessaire de toilette.

- De quoi parles-tu ?soupira Caleb en essuyant sa chaussure contre le divan débordant de poussière de la maison.

- Je veux dire que tu n'as plus d'objectif. Avant, ton but était de retrouver Chanty, et même si elle n'y était pas, j'aurais pus te laisser en me disant que tu était n'importe où sauf dans une Ville Fantôme. Mais là il n'y a ni l'un ni l'autre et tu n'as plus d'objectif. Et moi javais l'habitude de la solitude, de la quête de celui ou celle qui aurait pu me délivrer de ce monde. Le truc c'est qu'aujourd'hui, tu es là et...

- Et tu étais mieux seule ? Fini-t-il à la place.

- En quelques sortes, je lui souris. Mais ce que je voulais dire, c'est plus quelque chose comme "est-tu prêt à me suivre ?"

- C'est une déclaration ?

- Une demande, Caleb. Tu me fera de la compagnie, et puis tu connais sûrement plus à choses que moi sur les environs, ou même sur l'endroit où nous rendre pour nous faire délivrer.

Il fit mine de réfléchir et accepta. Comme si il avait véritablement le choix. Nous fîme le chemin inverse que celui emprunté une semaine avant et nous retrouvions encore une fois face à une ville complètement deserte.
J'aurais tué pour voir ce qu'était cette ville avant. Le paysage était toujours aussi philosophiquement beau et une boule se forma à mon estomac en regardant l'horizon vide. Ou peut-être était-ce la faim.

- Tu ne veut pas que l'on cherche dans les boutiques environnantes pour voir s'il n'y a pas de quoi manger ?

Je répondis par la négative. Après quatre ans, presque toutes les conserves étaient proche de la date de péremption, si elles ne l'étaient pas déjà.

- Ca sera une dépense d'énergie inutile, on est sûr de rien avec les VillesFantômes. En plus on a pas assez de réserve pour rester. Il faut trouver une ville et nous réapprovisionner.

- Je vois que tu as tout prévu, dit-il en en profitant pour nettoyer ses lunettes avec son tee-shirt.

-Non, je n'ai rien prévu justement, soufflais-je. Rien du tout. Et je tuerais pour un chocolat.

- Et moi des sushis. On a jamais ce que l'on veut, la vie est injuste avec nous, tu a vu ?

J'avais goûté à du wasabi une seule et unique fois et j'ai cru que toutes les cellules de mon cerveau étaient prêtes à exploser et que mon nez allait se décrocher tellement il était fort. Mais c'était aussi de ma faute, j'en avais pris de la taille d'un doigt, grave erreur. Quoiqu'il en était, j'avais fait le voeux solennelle de ne plus mangé japonais. Pas sans de l'eau .

Un bout de papier s'envola du sac de Caleb pour se ficher sur ma tête. Celui-ci le remarqua et essaya de le récupérer, mais j'étais plus rapide.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Rien qui ne te soit adressé.

C'était un petit bout de papier d'à peine une dizaine de centimètres. Quelque chose y était écrit, mais tellement difficile à déchiffrer que je me demandais même si c'était réellement des lettres de l'alphabet.

- C'est du charabia, conclus-je.

- Oui c'est cela, approuva-t-il en me l'arrachant des mains. La prochaine fois évite juste de prendre ce qui ne t'appartient pas.

Dit celui qui portait les vêtements d'une personne quelconque sur elle et qui mangeait des produits volés dans des maisons. Je ne relevais pas pour autant. Il était bien dans son vieux Jean et son tee-shirt. Je pouvais au moins me vanter de porter un sweat-shirt emprunté deux ans auparavant sur un mannequin de super marché. (Était-ce vantable ?)

- J'ai quand même réussit à lire quelque chose qui ressemblait à "Mc Donald". Il y en a un pas loin ?

- À l'Ouest, beaucoup plus loin au fond de la ville vers le quartier mal fammé. Mais ça n'a aucun intérêt, tu l'as dis toi même. Allons nous-en.

J'avais d'autant plus envie d'y aller. Dans les Mc Donald, même les vieux, il y avait toujours des jouets et j'adorais ca. D'ailleurs, la plupart de mes portes clefs accrochés à mon sac provenaient de là. Quoi de mieux pour augmenter ma collection ? Néanmoins, Caleb n'avait pas tort, il nous restait peu de vivres et on avait juste le nécessaire pour nous rendre jusqu'à la prochaine ville. Et encore, il faudrait faire quelques jours à jeûner. Ça n'en valait donc pas réellement la peine.

- Tu as raison, déclarais-je à contrecoeur. Je te laisse le soin de choisir la direction à prendre.

Nous étions presque arrivés à l'entrée de la ville, et quelques kilomètres plus loin se trouvais le rond-point qui nous dirigerait vers une autre ville, normale je l'esperais. Caleb avait choisi l'est, une ville dont le nom m'étais familier.

Les petits bourgeons étaient toujours aussi beau au bord de la route et avaient même poussés, formant une masse épaisse et touffue de pelouse bien verte. Caleb fredonnais une chanson depuis quelques temps. C'était plutôt pas mal, même si le rythme était un peu bizarre. Comme quoi, même avec sa voix, il pouvais chanter/fredonner bien. Au bout d'un moment à l'écouter, je m'essayais à l'imiter, mais discrètement. Ma voix non plus n'étais pas des plus belles.

- Arrête ça tout de suite, dit-il alors que je n'avais pas remarqué qu'il s'était arrêté de fredonner.

- Tu m'as entendue?

- C'était un massacre auditif.

- Je ne faisais même pas fort !

- Ca se remarque quand on est que deux, fit-il remarquer avec un sourire dans la voix.

Ça me fis sourire aussi. Et j'osais lui demander le titre de la chansson. Apparemment c'était du Nina Simone. J'avais presque oublié que monsieur était fan de jazz. C'était plutôt pas mal.

- Écouter du jazz pendant le sommeille stimule le cerveau et fait faire de bon rêves.

-Le cerveau travail plus quand on dort que quand on est éveillé. Écouter du jazz n'agit en rien sur les rêves.

Il haussa un sourcil et s'approcha de moi. Il avait rapidement prit plaisir aux bienfaits de la marche en travers de la route. Eh ben oui, à quoi bon s'echiner à marcher sur le rebord alors qu'il n'y avait rien a craindre de plus que le vent.

-Et comment sait-tu autant de choses ?

-Je suis un génie. Et je lis des magasines.

-Génie génie ?

- Génie d'école primaire avancé. À six ans je savais résoudre des inéquations et à 8 ans j'ai reçu mon diplôme. A 9 ans j'avais le niveau universitaire mais mes parents souhaitaient que je fasse dernière année de primaire normalement. Mais j'ai disparue avant de l'achever.

Il haussa les deux sourcils cette fois-ci. Puis il ébaucha un sourire avant de mettre les mains les poches.

- Alors j'ai un génie en face de moi ?

-Peut-être.

-Très bien. 9x7 ?

- 63.

- C'était facile. Neuf ans tu m'as dit ? Alors tu dois connaître pi, non ?

- 3.141582. Approximativement.

- Faux. Dans ce cas, ça serait :
3.141592. Et non 82.

- Ca remonte Caleb, soupirais-je.

- D'accord, plus facile alors : racine carré de cinq.

- Ce n'est pas un nombre entier. Et je ne suis pas une calculatrice.

- Théorème de Pythagore?

- Ca devient trop fa...

Un soudain mal de tête envahie mon crâne jusqu'à loin, très loin. Des images envahirent mon esprit, les unes après les autres et je me retrouvais vite à terre, accroché à la manche de Caleb. Je voyais ses lèvres bouger mais je ne l'entendait pas. En plus du mal de tête, s'ajouta une atroce douleur à la poitrine. J'avais l'impression que mon coeur était broyé et bientôt, mon estomac suivi la danse. Tout mon corps était en feu, un feu qui me brûlait de l'intérieur et qui liquefiait mes os. J'avais mal, atrocement mal, et le goût de la bile vint caresser mes lèvres. Ma vue se troubla, mon élastique ne retint plus mes cheveux et ceux-ci s'ammassèrent en un tas informe devant mes yeux larmoyants. Je commençait à manquer d'air et je sombrait dans le coma alors que je voyais les yeux gros de Caleb se brouiller, puis disparaître.

PDV CALEB

- Merde. Merde ! Merde! MERDE !

J'avais foiré. J'avais complètement foiré. Ils allaient me tuer si jamais il lui arrivait quelque chose et là elle vennait carrément de s'évanouir dans mes bras après avoir hurlé la mort.

Pourtant tout allait bien ! On parlait juste avant comme si de rien n'était, puis tout à basculé. On était même pas partit loin de cette foutue ... La ville ! Mais oui bien sûr !

-Mais quel con !

Alexandra gemissait encore, alors que j'essayais de la hisser sur mon dos. J'allais devoir abandonné nos sac. Je ne pouvais pas tout transporter en même temps. Quoi que. Non! Il me fallait son sac à elle. Ils avaient été strictes là dessus : toujours conserver son sac. De plus, je savais à quel point elle y tenait : j'avais pris une baffe pour y avoir touché. Je me retouvais à faire le chemin inverse avec une fille inconsciente sur mon dos et son sac de cinq kilos sur le ventre.

J'étais vraiment con. Déjà la première fois qu'elle s'etait évanouie, je m'étais fait disputé comme un gosse, mais là j'avais carrément désobéit aux ordres. Et j'allais sûrement le payer cher cette fois-ci. J'avais mis sa vie en danger ! Mais je n'étais certainement pas le seul responsable! C'était EUX qui m'avaient promis que la mission s'acheverais dès lors que j'arriverai dans une ville qui au final s'était avéré morte ! Ils m'avaient bien eu. C'était donc ma vengeance. J'avais d'abord mis le chat à la porte. Quelle idiote a ne pas avoir remarqué qu'il s'agissait d'un idiot robot. Et puis je ne m'étais pas rendu au lieu de rendez-vous comme prévu. Se fichue rendez-vous! Comment étais-je sensé savoir que cela relevait de la santé de cette fille ?

Au final, tout était de sa faute à elle. Si elle n'avait pas été en proie à cette stupide expérience, rien n'aurait changé et je n'aurait pas été mêlé à ça . Mais il a fallu que l'on me prenne, moi, Caleb Foley, pour surveiller cette fille. Contre ma volonté ! Quand mon père aurait été mis au courant, Ils allaient voir. Mais pour l'instant, il fallait surtout que je la ramène au lieu de rendez-vous ou sinon Dieu seul savait ce qu'ils me feraient. Ils y tenaient à Alexandra : elle consistait quand même à sept années de travaille, et même plus, en comptant les autres années pour trouver le candidat idéal.

J'arrivais enfin devant les portes de la ville après avoir courrut pendant un bon bout de temps. Après m'être repéré, je me dirigeait vers le quartier dit "mal fammé", que je n'atteins qu'au bout d'une heure et demi de souffrance. Je n'étais pas bien costaud et mes lunettes glissaient à cause de la transpiration. De plus, Alex était brûlante et j'essayais un maximum de ne pas trop la secouer. Je pénétrais dans la cité tout essoufflé et pantelant. Cette partie de la ville portait bien son nom : les appartements étaient tous à peut près démolis, comme si une bombe avait explosé et détruit la moitier des toits et des murs des appartements éventrés. Le sol était inégal et de nombreux nids de poule se faisaient voir.
Je mis un certain temps à repéré le Mc Donald en question. Il était caché derrière les bâtiments, se fondant presque avec et l'enseigne était encastré dans le mur et non accroché à une barre comme les mc Donald normaux.

J'eu à peine le temps de poser le sac d'Alexandra au sol que des troupes arrivèrent vers nous. Une troupe en blanc, le visage entièrement caché avec des masques et muni de combinaisons blanches vinrent délicatement la prendre de mon dos humide. Une autre troupe similaire mais en noire cette fois se chargea de tout le nécessaire médical, soit récupération de la tension, prises sanguines, nécessaire vital de base et injections de sérum. Ils finirent par lui placer leur fameux soutient au cou pour lui faire récupérer plus rapidement.

Un coup de poing monumentale me fis sortir de ma contemplation alors que je me reposais, adossé au mur.

- Qu'est-ce qui ta pris !?

Je récupérais difficilement de celle-ci. Elle était bien plus forte et bien plus virile que la petite claque d'Alex. Je sentis doucement le goût ferreux du sang emplir ma bouche et gonfler ma langue. Je ne me permit pas de laisser échapper les gémissements de douleurs que ce coup m'avait donner envie de lâcher,mais je ne me gênais pas pour cracher le sang qui avait déjà largement emplit ma bouche. J'osais aussi regarder mon agresseur qui continuait de faire connaître le fond de sa pensé.

-Si jamais l'opération est gâché par ta faute...

- Sous-lieutnant, ne vous perdez pas je vous pris, me sauva une seconde voix derrière celui qui me tenait par les cheveux alors que mon nez s'était mis à couler.

Je retombait lourdement sur le sol en me reprenant du mieux que je pouvait. D'un revers de manche, j'essuyais mon nez et le coin de les lèvres d'où s'échappait le sang. Il m'avais salement amoché le crétin. Mais mon supplice n'était pas terminé. Mon sauveur s'approcha de moi un sourire aux lèvres et remercia l'autre imbécile. Il resta quelques secondes à me jauger du regard, puis, sans que je ne le voit venir, je recut un autre coup de poing, toujours au même endroit. Cette fois-ci, je me permis de laisser partir une longue plainte. Deux coups, deux fois au même endroit et en même pas une minute, ça faisait un mal de chien.

- Je me suis promit de ne pas trop t'amocher pour le bien du programme.

Et je devait le remercier pour se geste charitable? J'ai une dizaine de parties du corps qu'il aurait pu frapper mais il a fallut qu'il choisisse celle-là. Pour en rajouter, il avait egalement cassé mes lunettes. Imbécile!

- Sait-tu... commença-t-il en examinant sa main. Sait-tu à quel point il est risqué que je... que nous, nous montrions ici ? Continua-t-il avec un large geste. Combien il m'en coûte de devoir me déplacer à cause de l'envie d'un gosse stupide de vouloir tout faire rater ? Si elle a quoi que ce soit, nous t'en tiendrons pour responsable. Si toutes ces années de dure travail ont étés dépensés pour rien, nous t'en tiendrons pour responsable. Si tu recommence une... connerie pareille, nous nous chargerons tous de te trouver une sanction horriblement inhumaine pour quelqu'un de ta condition, et ce sur le long terme. Nous pourrions par exemple te prendre pour nos expériences, au moins tu ne sera pas séparé d'elle. Ou bien, nous t'enverrons sur les docks, travailler dans les entrepôts ou les usines, sans possibilité de changement. Qu'est ce que tu en penses ? Tu sera bien près de la mer, non ?

Il s'était rapproché au fil de sa tirade et me tenait par les cheveux, histoire que je le regarde dans les yeux. Il exigea une reponse et je lui répondit en crachotant le sang qui s'était amassé dans ma bouche.
Il jeta un regard vers Alexandra comme si elle était un bien, une marchandise qui lui coûtait la peau des fesses. Ça devait être le cas de toutes manières.

- Je te propose un marché, gamin, déclara-t-il après un soupir.

C'était la meilleure . Encore une arnaque où j'allais le retrouver à marcher sur des kilomètres pour quelque chose d'inexistant. Mais son regard m'assura du contraire, alors je me lançais sur la voix de la confiance; même si elle s'élevait à moins de 5%.

- J'écoute, dis-je en paraissant le plus crédible possible avec mon nez cassé et mon visage rougis de sang.

- A partir de maintenant, je t'informe de tout. Toutes les ficelles et les détails du programme, le pourquoi, le comment, et la fin. Tu saura tout. Mais en échange tu devra travailler pour nous, même après que ca soit terminé et ta vie en sera changé. Je te devoilerait les secrets du Sujet A.1 si tu acceptes. En un mot, tu sera mis dans la confidence.Mais je le répète : si tu travail pour nous, tu nous suis au doigt et à l'oeil.

Je restais figé sur place. Ils me proposaient vraiment de me mettre dans la confidence ? Je baissais les yeux et me tint droit comme un I, alors même que mes bras étaient toujours croisés sur mon torse.

- Et dans le cas où je refuse ?

- Tu sera relâché dès lors que nous en aurons terminés avec toi. Tu retrouvera une vie normale, identique a celle que tu possedais jusqu'alors. Je me suis également mis dans le projet de perfectionné mon appareil de manipulation du système nerveux, tu me servira de cobaye pour l'effacement des donnés mémorielles.

-Fascinant, répondis-je en manipulant du mieux que je pus la crainte dans ma voix.

Je jetais encore une fois un regard vers Alexandra. Elle reprenait doucement, et selon la gestuelle des deux groupes, elle avait l'air d'être en bon état. Le décor était effrayant : toutes ses personnes en masques se penchaient sur elle tel des insectes. Ils n'avaient même pas l'air humains.

Devais-je accepter ? En sachant que je serais mis au courant du plus gros projet jamais mis en place par le gouvernement ? Ou devais-je refuser en me promettant un future on ne peut plus meilleur ? Il se racla la gorge et je me reconcentrais sur Lui.

- J'accepte.

-Je suis heureux dans ce cas. Tu as fait un très bon choix Sujet 2B.

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