Chapitre 27

Angel et moi sommes assis sur le canapé, face à ma mère qui est sur le fauteuil, les bras croisés. Une fois qu'elle a quitté la chambre, on s'est levé et on est descendu, non sans s'être entendus auparavant sur les choses qu'on ne devait surtout pas dire. Comme nos occupations entre les cours, par exemple, ou ses problèmes familiaux. La vérité en gros. La femme brune nous toise chacun notre tour avant de se lancer.

- Bon. Angel, je peux savoir ce que tu fais là ?

- Je suis arrivé devant chez vous hier soir et Ethan m'a laissé rester.

- Et pourquoi donc ?

- J'ai fugué de chez moi et il pleuvait beaucoup trop pour que je dorme sur un banc donc j'ai essayé de venir ici.

- Hmmm... Je ne vais pas te demander pourquoi tu as fugué, mais est-ce que ça a un rapport avec ton état ?

- J'ai sauté par la fenêtre alors je me suis fait mal.

- Aaah... Passe par la porte la prochaine fois !


Je regarde le petit blond avec un certaine admiration. Ne pas mentir, mais cacher la vérité. Pas mal. Je sais pas faire ça, moi. Donc je n'ai aucune crédibilité si je mens. Et ma mère le sait parfaitement. Elle se tourne vers moi et lance :

- Et toi, Ethan...


Je déglutis. La question pour moi risque d'être un peu moins sympa.

- C'est ton petit ami ? Pourquoi tu me l'as pas dit ?

- Je... C'est pas mon petit ami !

- Ah, zut, je croyais. Bah, si ça venait à changer, j'ai toujours des tuyaux à te donner pour-

- MAMAN !


Nom de Dieu de... Elle me fatigue.

- Est-ce qu'on peut remonter ?

- Oui, allez y ! Ah, attends ! dit-elle à l'attention du blond qui se lève. Quand est-ce que tu rentres chez toi ? Je suis parfaitement d'accord pour t'héberger quelques jours, mais à condition que tes parents soient au courant. Ça m'embêterai de me faire arrêter pour séquestration de mineur, si tu vois ce que je veux dire.

- Merci beaucoup, j'y veillerai. Et puis je pense rentrer chez moi dimanche donc je ne vous embêterai pas longtemps.


Il me rejoint dans l'escalier et je lui propose une aide pour monter qu'il accepte. Une fois à l'étage, on retourne dans ma chambre et il se dirige vers la table de nuit sur laquelle est posée son téléphone que j'avais pris soin de sécher. Il s'assoit sur le lit et commence à pianoter sur le petit écran pour, je suppose, prévenir son père qu'il rentre demain. Demain... Je vais m'allonger derrière lui et entoure sa taille de mes bras pour le faire s'allonger aussi. Il finit par reposer l'objet électronique sur le meuble et se retourner pour être face à moi. On se regarde comme ça quelques temps, puis on se met à discuter, on parle de tout et de rien. Je place tout de même une question qui me triture les méninges.

- Angel, je peux te poser une question ?

- Vas y.

- Pourquoi tu m'as empêché d'appeler les urgences hier ?


Il soupire.

- J'ai déjà désobéi alors autant tout dire. Pour la faire courte, mon père m'a bien fait comprendre que, si je parlais de quoi que ce soit à quelqu'un, il irait s'en prendre à Lucie et à ma mère.


Je serre les dents en me remémorant la jeune fille mignonne qui se trouve être la sœur de mon interlocuteur. Si son géniteur se sert d'elle comme moyen de chantage, ce n'est pas étonnant que le blond ait cédé. L'enflure. Angel claque des doigts devant mes yeux en souriant.

- C'est pas grave, dit-il, te tracasse pas.

- Comment ça "pas grave" ?!

- Oui, bon, c'est pas ce que je voulais dire. C'est pas à toi de gérer ça alors n'y pense pas. Et puis, moi je suis plutôt content d'être ici et de pouvoir te voir.

- Oui... c'est vrai...

- Allez, fais pas cette tête, termine-t-il en me collant un baiser sur la joue.


Le reste de la journée passe tranquillement. Ma mère se montre très gentille avec Angel et ne lui parle pas une seule fois de sa famille ou de sa fugue, et fait même une tarte au maroilles. Miam. Le soir, après manger, je pars à la douche une fois que le blond y est allé et, lorsque je reviens, je le trouve en train de fulminer tout seul. De manière très amusante, il faut le reconnaître. Il insulte quelque chose à voix basse tout en se tenant l'oreille droite.

- T'as l'air un peu énervé.

- T'as l'air un peu con.

- Qu'est-ce qu'y a ?

- Ma putain de boucle d'oreille s'est enlevée et j'arrive pas à la remettre.

- Oh là, là, tout ce cinéma pour ça ?

- Crève.

- Ça va, ça va, bouge pas.


Je me saisis du petit objet et m'approche du blond avant de le passer dans la fente dans sa peau prévue à cet effet et de clipser derrière.

- Voiiiiilà. Tu m'applaudis pas ?


Un beau majeur levé me répond tandis qu'il s'allonge dos à moi sur mon lit. Je me jette sur le matelas, le faisant sursauter avant de me positionner derrière lui et de passer mes bras autour de sa taille.

- Eh Ethan, je me demandais...

- Hmm ?

- Tout à l'heure, t'as tenté d'expliquer à ta mère que j'étais pas ton petit ami.

- Oui ?

- Tu mentais ou pas ?

- Je...


Je reste silencieux. Au bout de quelques secondes, il se retourne pour être face à moi et me fixe de ses yeux bleus. Je ne réponds toujours pas.

- Je suis quoi pour toi ? On est quoi ?


Je ne sais pas quoi répondre. Je n'y ai jamais réfléchi, je n'ai pas de réponse et cette dernière ne dépend pas seulement de moi. Mais de l'autre blond aussi. Comment il veut que je réponde ? Qu'est-ce qu'il attend de moi ?

- Pour moi... tu es quelqu'un de spécial, plus que les autres... je tente de formuler. C'est compliqué.

- Je vois... Et mon autre question ?

- Je suis pas le seul à décider de ça et, franchement, j'en sais rien.

- Donc si je te demande de sortir avec moi, qu'est-ce que tu réponds ?

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