Chapitre 24

La semaine de liberté d'Angel est passée sans qu'on ne s'en rende compte. On est retourné plusieurs fois à la plage après les cours et ça lui faisait vraiment plaisir, je crois. Il a rapidement retrouvé ses habits noirs, mais il lui arrive de porter une touche de couleur de temps en temps. On est de nouveau vendredi et apparemment il ne sera pas seul chez lui ce soir. Il n'a pas l'air heureux du tout, malgré mes tentatives de réconfort. Il a à ce point une mauvaise relation avec son paternel ?

- Pourquoi tu veux pas le voir ?

- Je l'aime pas.

- Mais encore ?

- Pas tes affaires.


Je soupire et l'attire contre moi. J'ai déjà dit qu'il était un ado compliqué ? On est sur le sol du local et il est entre midi et 13h. Je me demande décidément à quoi sert cette pièce étant donné qu'elle n'est fréquentée que par Angel et moi. Je sens une petite douleur au niveau du cou et, en essayant de tourner la tête, je me rends compte que le blond a ses dents autour d'une parcelle de ma peau s'y trouvant.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je m'occupe, répond-t-il en se retirant de mon cou.

- Mais t'as pas d'autres occupations ?

- À part me plaindre, non.

- Tu peux pas juste rien faire ?

- J'ai l'air de quelqu'un qui a l'habitude de ne rien faire ?

- Bah, en soi, ouais...


Il prend un air outré avant de se lancer dans une tirade :

- Alors, d'abord, je ne fais jamais "rien". Je suis toujours en train de discuter, réfléchir ou trainer sur les réseaux et lire des webtoons. Ensuite, comment t'as pu penser ça ? Tu ne m'as jamais vu rien faire, et puis...


Je fixe le plafond et me prend une claque derrière la tête.

- Je vois que tu as mieux à faire que de m'écouter, donc je retourne à mon occupation.


Sur ces bonnes paroles, il me rechope le cou. Il est interrompu par la sonnerie et râle bruyamment avant de se lever. Je porte la main à ma nuque et sens les petites marques de dents indolores qui l'ornent. Il me tend la main pour m'aider à me relever, ce que j'accepte. On va en cours et je le retrouve à la pause de 15h. On se retrouve dans le local et je me plains de mes cours de philo plus que casse-burnes. Il m'écoute patiemment en se moquant, mais il finit par s'en aller en cours en me collant un baiser. Il finit une heure plus tôt que moi aujourd'hui, donc je ne pourrai pas le croiser après. Je vais à mon tour rejoindre mes deux agréables heures d'anglais. Ouaaaaais...


Peu après 17h, je quitte le lycée et part prendre mon bus pour rentrer chez moi. Dieu merci, la semaine est finie. Je suis éclaté. Les sorties avec Angel étaient chouettes, mais elles ne sont pas étrangères à ma fatigue. Je valide mon pass et part m'installer à une double place vide. Le véhicule démarre et prend la route qui mène jusqu'à chez moi. Les dix minutes de trajet passent tranquillement et je suis bercé par les irrégularités de la route. Je manque de m'endormir plusieurs fois avant d'arriver. Je descends à mon arrêt et commence à marcher vers mon domicile, non loin de là. Une fois arrivé, je passe la porte et grimpe à l'étage pour retrouver mon lit bien aimé. Je me laisse tomber dessus et m'endors presque immédiatement.


Je me réveille vers 19h. C'est génial, je vais encore pas dormir cette nuit. Je pars prendre une douche et descends préparer le dîner. En passant à côté de la fenêtre, je peux voir qu'il drache bien. Les giboulées de Mars tant appréciées. Force à ceux qui sont dehors et qui doivent littéralement nager dans leur fringues. Ma mère est d'astreinte à la clinique ce soir alors je lui laisse une assiette de salade composée au frigo. Je mange tranquillement en reregardant Hazbin Hotel pour la je-ne-sais-pas-combientième fois. Je m'arrête après le 4ème épisode parce que ça commence à faire beaucoup et vais débarrasser mon plat. Je mets tout dans le lave-vaisselle que je lance et je remonte dans ma chambre pour faire un tour sur les réseaux sociaux. Il doit être 22h30 quand j'entends la sonnette retentir. Ma mère peut finalement rentrer ? Elle a dû oublier ses clés.


J'éteins mon téléphone et commence à descendre les marches une à une. Foutus escaliers. Je chope la rambarde avant de m'asseoir dessus et de me laisser glisser jusqu'en bas. Vu comme il pleut, je devrais me dépêcher de lui ouvrir. Je tourne la clé dans le verrou, remarquant au passage que celle de ma mère n'est pas sur le trousseau. Bizarre... Pourquoi sonne-t-elle alors ? J'ouvre la porte et écarquille les yeux quand je vois Angel m'arriver droit dessus. Il devait être appuyé contre la porte et est tombé quand je l'ai ouverte. Je le rattrape in extremis avant qu'il ne heurte le sol et le fait rentrer en vitesse avant de refermer la porte à double tour.


Il est à moitié par terre, alors je l'assois contre le mur. C'est quoi ce bordel ?! Il se tient la tête et est recroquevillé. Il est, par ailleurs, complètement trempé. Son T-shirt blanc est presque transparent et son jean contient de quoi faire boire une armée. Ses chaussures... Il n'en a pas, il est pieds nus. Je cherche à trouver ne serait-ce qu'un élément compréhensible dans cette histoire, sans y parvenir. Allez, Ethan, réfléchis, merde. Je pose mes mains sur ses épaules.

- Eh, Angel ! Qu'est-ce qu'il y-


Je me prends son pied en pleine face. Je tombe sur les fesses et me masse la tempe gauche. OK, pas touche, j'ai compris. J'essaie de réfléchir, mais la situation commence à me dépasser. J'essaie de l'appeler.

- Angel ?


Pas de réponse. Je me remémore la conduite qu'il a adopté face à moi, il y a maintenant deux mois.

- Angel, regarde moi.


Je dirige mes mains vers les siennes et les effleure en quête d'une réaction qui ne se montre pas. Je les attrape doucement et continue.

- Angel, je vais me vexer si tu veux pas voir mon incroyable visage.


Je tire lentement sur ses mains qui finissent par s'accrocher aux miennes, révélant son visage.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top