Chapitre 2

À la pause, je finis de ramasser le bordel causé par le démon et je refile ce qui était dans mon casier à qui en veut (écologie, pas de gâchis). Un mec de ma bande de potes m'accoste alors.

- Et bah ! Tu vends des capotes maintenant ?

- Non, Steve, je rends les conneries du démon un minimum utiles.

- Aaah, je vois. La rumeur court que tu veux pécho la moitié du lycée, je comprends mieux.


Tsss... Saleté. Il va falloir des efforts pour étouffer la rumeur et le fait que le blond ait réussi son coup m'énerve. Ça doit se voir sur mon visage car Steve se met à rire. Lui aussi est beau gosse. Il est châtain clair, a des yeux noisette et une belle musculature. Contrairement à moi qui jusqu'à ce matin était réputé "mec jamais en couple et inaccessible", Steve est un vrai Dom Juan. Il aime séduire et l'assume totalement. Il respecte les filles et ne leur ment jamais sur ses intentions, ce qui fait que lui s'est réellement tapé la moitié du lycée sans pour autant avoir d'ennemies. Mais on sait tous les deux que la plupart de ses compagnes souhaiteraient être la fille qui lui donnera envie d'une relation longue. Comme sa nana du moment, Maéline, je crois.

- Je t'en prends quelques uns en tant qu'ami dévoué, dit-il en exagérant ses derniers mots.

- En tant que charot réputé, oui, je réponds en lui tendant ce qu'il demande.

- Bon, bah bonne chance Ethan !

- Merci.


Il s'en va à l'autre bout du couloir, ses nouveaux biens dans la poche. Il est sympa Steve. En plus il m'a considérablement déchargé (selon lui, tout ce qui est gratuit est bon à prendre), même s'il m'en reste encore pas mal. C'est à se demander où la face d'ange s'est procuré tout ça. Mais j'ai franchement pas envie de savoir.


Je réussis à presque tout distribuer avant la fin de la récré (même les surveillants m'ont taxé par compassion). Les quelques un qui restent partent dans mon sac car j'ai la flemme de continuer et que ça peut toujours servir (pour faire des bombes à eau et les lancer sur le blond par exemple). Je me dirige vers les toilettes mais suis intercepté par Rachel. Elle a un air sérieux.

- Tu vas où ?

- Aux toilettes.

- Ça attendra.

- Et pourquoi ?

- Parce qu'il y a Steve qui vient de larguer son jouet. Donne moi mes 5€.


Flûte, j'avais parié qu'elle resterait jusqu'à la semaine prochaine. Rachel n'apprécie jamais les copines de notre ami. Alors que je ne l'ai jamais vue au bras de quelqu'un. C'est toujours les gens qui ne font rien qui jugent ce que vous faites. Je sors le billet de mon sac et le tend à ma meilleure amie qui s'en empare avant de partir en sautillant. Entre amour et argent, elle choisirait sûrement l'argent.


La sonnerie retentit avant que j'ai pu aller aux toilettes. Je m'en fous, j'arriverai en retard. Une fois mon affaire faite, je fais tout de même l'effort de courir jusqu'en cours où (ô miracle) je n'arrive pas en retard. C'est un cours de philosophie, matière négligeable à mon humble avis, et je me permets donc de réfléchir à ma vengeance au lieu de noter le cours. De toute façon, ma popularité me permet de demander à pratiquement n'importe qui de prendre son cahier en photo, alors autant en profiter. Je passe ainsi l'heure à réfléchir et finis par trouver une idée.


Je me taille du bahut à midi pour aller acheter un sandwich à la supérette, je n'aime pas manger à la cantine, y a trop de monde (ironique pour un mec populaire). En plus ça me permet de regarder la mer en mangeant. Ma ville est à côté de l'océan et nous offre une magnifique vue dont je ne me laisserai jamais. J'achète en même temps que mon sandwich un petit tube de peinture blanche. Un sourire fleurit sur mon visage en imaginant la tête de ma victime après ma vengeance.


Je pars m'asseoir sur un banc non loin de la plage et admire le paysage en mastiquant ma nourriture. J'observe les passants en m'imaginant leur vie. L'homme qui marchait avec un sourire au lèvre est heureux car il a enfin eu le courage de demander sa copine en mariage. La femme qui promenait son chien profite du calme lorsque ses trois enfants sont à l'école. L'ado en sweat noir rentre chez lui pour... Lorsque ledit ado n'est plus qu'à quelques mètres, je reconnais alors celui contre qui j'étais énervé ce matin. Il ne m'accorde pas un regard et passe devant moi sans bruit. Il continue sa route avant de disparaitre au tournant d'une rue. Je ne peux définitivement pas imaginer la vie de ce type.


Une demi-heure plus tard, je rentre au lycée et part mettre mon plan à exécution. Un tube de peinture, du scotch et des toilettes. Je recrute Steve pour m'aider et il accepte à cœur joie. Il me présente sa nouvelle nana, Tiffany. Elle a l'air très superficielle, mais je ne dis rien. Il y a trois cabines. Steve va occuper l'une, moi une autre et je ferai en sorte que personne ne rentre dans la troisième. On se met en place et on patiente dans le silence le plus complet. En une dizaine de minutes, trois mecs ont voulu y aller et j'ai dépassé du haut de la cabine pour leur demander de ne pas entrer. Ils étaient tous au courant de l'incident du matin et ils m'ont à la bonne, alors ils ont obéi.


Ma cible se pointe finalement et je me planque. Il est sur son téléphone (comme d'habitude) et, comme il ne regarde pas en l'air, j'essaie d'apercevoir l'écran en regardant au dessus de la porte, sans succès. Le moment tant attendu arrive. Il ouvre la porte, entre dans la cabine, et referme derrière lui. La porte presse le tube de peinture blanche scotchée au mur et tout son contenu se déverse sur la tête de la face d'ange. J'ai un magnifique visuel de toute la scène. Il ne réagit pas pendant quelques secondes et regarde finalement ses manches et ses épaules. Sa capuche a totalement perdu sa couleur noire et son téléphone est maculé de blanc. Il jette un œil à la porte pour voir le mécanisme. Son visage reflète une stupeur que je ne lui avais encore jamais vu (même lors de ma dernière vengeance, où j'avais collé des pétards sous son plateau). Il aperçoit ma tête par dessus le mur et sa face se décompose. J'aurais presque de la peine pour lui en voyant son expression.

- De la part du chien en rut, je déclare sournoisement.


Je descends de mon perchoir qu'était la lunette et dit à Steve de sortir.

- Alors ? me demande-t-il.

- Comme sur des roulettes, il est tout blanc ! je réponds.


Le concerné sort en trombe de la cabine. Il pousse brutalement Steve qui, surpris, se vautre contre le mur, avant de se jeter sur moi. Il me plaque violemment au sol, ce qui est surprenant, vu sa petite taille.

- TOI, BÂTARD ! QU'EST-CE QUE T'AS FAIT ?!

- Je trouvais que le blanc t'allais mieux au teint, je ricane.


Son visage, d'ordinaire hautain et moqueur est déformé par la colère. Wouah... il a la phobie de la peinture ou quoi ?

- Tu réalises pas ce que tu viens de faire, enculé...

- Le meilleur ravalement de façade de ma carrière.

- Je vais te tuer. Je le jure, je vais te buter et t'enterrer dans mon jardin.

- Je crève, tu viens avec moi, face d'ange.

- J'AI UN PRÉNOM BORDEL !

- Un prénom que tu ne mérites pas, démon. Je te renvoie la monnaie de ta pièce, j'espère que t'aime ça.

- JE-


Le jeune homme, qui était jusque là à califourchon sur moi en train de détendre mon sweat à force de tirer dessus, se fait soulever de terre d'un coup par Steve qui ne semble pas avoir apprécié sa rencontre avec le mur. Un groupe d'élèves grandissant observe maintenant la scène, attiré par le bruit. Mon ami tient le blond par le col et commence une suite de questions rhétoriques.

- Je rêve pas, minus, tu m'as poussé là ?

- Oui, et s'il t'a fallut tout ce temps pour t'en rendre compte, je m'inquiète fortement pour ta santé, répond le plus petit.


Oh le con, mais il est maso ou quoi ? Steve est énervé, geule d'ange est foutu, et moi, je regarde le spectacle. La foule dense d'élèves qui regardent freine considérablement l'avancée de potentiels pions, alors ça devrait aller. Enfin pour moi. Parce que mon pote est déjà en train de faire comprendre au blond sa connerie.

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