Chapitre 18
Je reconnais les doigts manucurés de Rachel sur mon bras et soupire. Allons bon, de quoi veut-elle encore discuter ? Elle essaie de m'entraîner vers un coin, mais j'ai pas envie de me taper un sermon sur je ne sais quoi donc j'oppose une certaine résistance à sa contrainte. Elle arrête de tirer et se retourne vers moi.
- Que me vaut ce tirage de bras ?
- Bah quoi ? Je voulais juste t'emmener devant les casiers, pour faire des blagues nazes, raconter les potins, comme on fait à chaque récré. Que me vaut ce refus ?
- J'ai juste pas très envie aujourd'hui.
- Ah bon ?
- Ouais...
- Pourquoi ? En tant que meilleur ami, t'es sensé m'écouter me plaindre de la copine du mec que j'aime !
- Oui, mais... Je suis juste épuisé, je suis pas d'humeur à discuter de ça. Et puis on m'attend. On se retrouve dehors ?
- OK...
Ça me fait un peu de peine de délaisser Rachel, mais je ne suis sûrement pas la personne à qui demander des conseils sur ça, il suffit de voir mon dossier pour le comprendre. Je marche et me dirige sans m'en rendre compte vers le local. Il faut croire que je m'y suis habitué. Je pousse la porte en vérifiant que personne ne passe par là et entre. Je soupire de nouveau. Il est 10h et je suis déjà crevé. Je lâche mon sac et fait le tour de la pièce. Je trouve Angel assis dans un coin, immobile. Il ne réagit pas à ma présence, alors je m'accroupis devant lui pour voir. Il s'est assoupi.
Je fixe son visage. Il a l'air apaisé comme je ne l'avais encore jamais vu. Il a son sweat sur les genoux et son téléphone dans les mains. Ce dernier est éteint, le blond doit pioncer depuis un moment. J'hésite entre le réveiller en criant dans son oreille, ou bien le laisser dormir. J'opte finalement pour la deuxième option. Vu comme je suis fatigué, je tuerais quiconque me ferait la première, alors ce serait bâtard de ma part de le réveiller. Son T-shirt s'est tiré vers le bas pendant qu'il dormait et laisse désormais apparaître ses clavicules et une partie de son épaule droite. Putain, il est beau...
Je me gifle mentalement et tire sur le tissu pour le remettre en place. Je remarque un beau bleu sur son épaule. Pas étonnant que je me sois pris son pied si j'ai appuyé sur ce truc qui devait être encore pire la semaine dernière... Il en a un plus petit sur le bas de la clavicule. Je n'y prête pas trop attention, je me fais régulièrement mal en muscu, il doit en faire un peu aussi, vu la façon dont est entretenue son corps. Je remets le vêtement en place et ma main effleure son cou. Je ne l'ai pas fait exprès, mais c'était très doux. Je récidive et le jeune homme frissonne sous mes doigts avant que ses paupières ne papillonnent. Il s'étire et se rend compte de ma présence juste devant lui.
- Mais qu'est-ce que tu fais là ?!
- Bah... C'est la pause et tu dormais.
- Ah, je... Oui, c'est vrai.
Il y a un blanc. On a beau eu avoir des rapprochements assez significatifs, on n'est toujours nuls en matière de conversations. Ce qui mène, comme souvent, à un acte, plutôt qu'une parole. En effet, je décide d'embrasser le blond de nouveau. Il passe ses bras autour de la nuque et intensifie notre contact, qu'il rompt au bout de quelques secondes. Il reste cependant comme ça et je me mets à genoux entre ses jambes parce qu'il est presque accroché à moi.
- On est dans la merde, non ? demande-t-il contre mon épaule.
- Et pas qu'un peu, si tu veux mon avis.
- Bah, tant qu'on y est à deux, ça devrait pas trop mal se passer.
- C'est une façon de voir les choses...
- C'est ma façon de voir les choses.
Il resserre sa prise et passe une main dans mes cheveux. Je passe mes bras derrière son dos et le ramène contre moi. On communique par la voix, mais ce ne sera jamais autant que par le contact. Une pensée me vient à l'esprit et je me mets à rire.
- Y a quoi de si drôle ? demande-t-il en reculant sa tête de sorte à ce que son visage soit en face du mien.
- J'imaginais ma réaction s'il y a un mois on m'avait raconté tout ce que j'ai fait aujourd'hui. J'aurais sûrement tiré une sale tête et j'aurais tenté d'ignorer la chose.
- Typiquement toi.
- Et t'aurais fait quoi, toi, Môssieur parfait ?
- Je pense que j'aurais d'abord nié en bloc, puis je me serais rendu compte que quitte à finir par faire ça, autant t'emmerder et je t'aurais probablement mis extrêmement mal à l'aise pendant deux semaines.
- Ton mode de pensée me fait peur, tu le sais ça ?
- Bien sûr. Mais c'est l'une des choses qui fait que tu es revenu ce soir-là.
- Pas faux.
La conversation se poursuit durant le quart d'heure qui suit. Un accord muet s'est passé. Quitte à plus ou moins se fréquenter, autant essayer de faire connaissance dans les limites du raisonnable. Il finit par me faire avouer que je suis allé voir son compte de publication et il explose de rire en faisant le lien entre ça et les questions que je lui ai posé une semaine plus tôt. Je ne vois pas en quoi c'est si drôle, mais ça l'amuse beaucoup. Il rigole en tentant de dire qu'il pensait qu'il serait le premier à faire ça. Il continue de rire pendant que j'essaie de le faire taire. Je réalise que je ne l'avais jamais encore vu rire franchement. Les choses changent. Et pas forcément en mal.
Pas mal de temps passe ensuite. Angel et moi nous retrouvons quotidiennement dans ce local qui est devenu notre coin à nous. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'on est ouvert l'un à l'autre. On a chacun beaucoup de secrets, mais on a appris à mettre nos différents de côtés et à se concentrer sur ce qu'on a en commun. Je pense que s'il avait accepté de faire connaissance en début d'année, on aurait pu devenir de très bons amis. À la place on s'est haïs et... Je ne sais même plus où on en est. Tout ce que je peux dire, c'est que je ne pense pas être capable de détester ce garçon de nouveau comme je le faisais quelques temps plus tôt.
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