Chapitre 11
Je me retourne dans mon lit. Il est 3h30, ça fait une heure et demie que je cherche le sommeil. J'ai prétexté un mal de tête auprès de mes amis pour rentrer chez moi. Ma mère m'a ramené et est partie se coucher. Quand le petit blond a commencé à s'harmoniser avec moi quand je l'embrassais, c'est parti en couille. Mes doigts ont quitté le mur et parcouru son corps, comme s'ils étaient en manque, pendant tout le temps où nous étions en roue libre. Je sentais son corps trembler et s'agiter de soubresauts là où ils passaient et ça me poussait à continuer. Quand on s'est séparé, mes mains étaient, pour je ne sais quelle raison, sur ses hanches, et les siennes étaient accrochées à ma veste. Encore une fois, je ne suis pas parvenu à le regarder dans les yeux, mais je ne voulais pas de nouveau me sentir comme un gros connard ou fuir, comme il me l'avait fait remarquer. Du coup je suis resté là, et on a pas bougé. Il se demandait probablement pourquoi j'avais fait ça plutôt qu'autre chose, et je me pose la même question. Tout ce que je sais c'est que quelque chose que je n'avais aucunement envisagé jusqu'ici était caché et a éclos en moi.
Je me suis reculé pour ne pas être tenté de dégénérer une nouvelle fois, tandis qu'il est parti s'adosser à un lavabo. Cette fois on était deux à éviter le regard de l'autre car on était deux à avoir déconné. Il a mis sa tête dans ses mains et l'a secouée plusieurs fois. Son bonnet est tombé. Il ne l'a pas remarqué alors je suis allé le ramasser (je pouvais bien faire ça, vu ce que je lui avais fait faire jusqu'ici). Je lui ai tendu, mais il ne l'a pas vu. Du coup, j'ai tiré sur une des mains qui tenaient son visage et il avait l'air complètement paumé, complètement perdu. Il a levé son regard à la recherche du mien et une partie de moi me disait de l'aider, mais mon ego toujours présent m'a convaincu de le laisser, alors j'ai murmuré une vague excuse et suis parti. Je sais, c'était débile. Je sais aussi qu'il avait raison sur pas mal de points.
Lorsque j'ouvre les yeux, la lumière m'agresse les yeux. Ma mère entre peu après pour m'expliquer que Rachel va s'incruster pour l'après midi pour discuter de "quelque chose d'important". Je sais très bien qu'elle va finir par m'engueuler, ça me fatigue déjà. Je me traine lentement hors de mon lit. Il est midi alors ma meilleure amie ne devrait pas tarder à arriver. Je me dirige vers l'armoire et prend un jogging et un pull. Je fais simple aujourd'hui. Je descends ensuite grignoter une tranche de pain, je n'ai vraiment pas faim. Rachel arrive moins de deux heures plus tard et, sans même me dire bonjour, m'entraîne dans ma chambre en me tirant par le bras. Elle me fait asseoir sur mon lit avant de me rejoindre.
- Bon, c'est quoi ce dawa ? Tu ne pars jamais des fêtes avant la fin.
- Mal de-
- Tu n'es jamais malade et, même si tu l'étais, ta fierté t'empêcherait de partir. La seule soirée où t'étais bizarre, j'ai du te trainer dehors de force juste avant que tu fasses ton malaise, tu te rappelles ?
Aaah, oui le bal de 3ème, j'avais chopé une saloperie la veille.
- Ma question est donc, reprend Rachel, qu'est-ce qui t'as suffisamment mis mal à l'aise pour que tu partes ?
Je soupire. Je me demande parfois si elle lit dans mes pensées où si je suis trop prévisible. Je réfléchis à quoi répondre, et je repense aux évènements de la veille. J'enfouis ma tête dans mon oreiller cherchant à cacher mon visage et en même temps à fuir la conversation.
- Je pionce ici s'il faut, j'aurais l'info alors fais nous gagner du temps.
Je lâche un énorme soupire et m'allonge sur le dos. La jeune fille vient faire de même entre le mur et moi, s'avachissant en même temps sur toute la partie gauche de mon corps.
- Pose tes questions, je dis.
- Tu me racontes pas ?
- Je... peux pas tout balancer comme ça.
- Hmm. Tant que je sais tout, ça me va. T'as fait quoi après m'avoir laissée dans le couloir hier ?
- Je suis allé me poser dans la cour.
- Et qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Sa sœur est venu me voir.
- La sœur de qui ?
- De l'autre emmerdeur.
- ... Angel ? C'était sa sœur qui l'accompagnait ? C'est vrai que, maintenant que tu le dis, ils se ressemblaient beaucoup.
- Elle s'appelle Lucie, je crois.
Je songe à la petite blonde, me demandant de nouveau pourquoi elle n'est pas scolarisée avec son frère. Rachel reprend.
- Et qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
- Elle m'a demandé pourquoi son frère était bizarre et j'ai pas répondu.
- ... Maaais ?
- ... Mais je suis allé le rejoindre dans les toilettes.
- Oh putain, j'ai peur.
- J'aurais eu la même réaction, je souffle.
- Qu'est-ce que t'as fait ?
- J'ai dit que j'étais désolé, et-
- Wow, wow, wow. Toi, tu as dit que tu étais désolé ?
- Bah oui. Pourquoi ?
- Pour rien. Continue !
- Sauf que y a des mecs qui sont entrés du coup je nous ai enfermé dans une cabine parce que je voulais pas qu'ils s'imaginent des trucs. On s'est démerdés pour que ses pieds ne touchent pas le sol.
- Bah heureusement qu'ils ne vous ont pas vu, ils auraient eu une excellente raison de s'imaginer des trucs, vu comment tu devais le tenir.
Elle a parfaitement raison. J'ai voulu faire en sorte qu'on ne pense pas qu'il y avait quelque chose entre nous en faisant quelque chose qui y faisait bougrement penser, en y réfléchissant. Je cherche quelqu'un sur qui rejeter la faute, mais je suis le seul à blâmer.
- Bref, les gars sont partis, on est sorti et il a commencé à me faire une leçon de morale sur le fait que je devais réfléchir par moi-même, et...
- Il avait bien raison !
- ...
- ... Et...?
- Et... je l'ai embrassé.
- TU AS QUOI ? ENCORE ?
- Oui...
- Mais qu'est-ce que t'as dans la caboche ? Pourquoi t'as fait ça ?
- Pour lui montrer que je pouvais faire un truc de ma propre volonté qui n'aille pas dans le sens de mon ego.
Elle ne répond pas et se relève pour me regarder avec des yeux ronds. Je pense que je vais lui épargner le trajet de mes mains. Je lui jette un regard d'incompréhension.
- Ethan... T'as délibérément choisi de faire ça ?
- Oui.
- T'aimes les mecs ?
- Mais non ! Je suis hétéro moi !
- T'as trouvé ça mieux qu'avec Clara, ou pas ?
- Je sais plus, ça fait trop longtemps, je mens ouvertement.
- Aaaah, tu m'énerves ! Bon, on va faire un truc, s'il te plaît, ne bouge pas.
- Pourquoi je dois pas-
Elle l'interrompt en attrapant mon visage et en m'embrassant fougueusement. Je repasse ce moment dans ma mémoire plusieurs fois avant de me rendre à l'évidence que je ne rêve pas et je repousse ma meilleure amie.
- C'est pas la meilleure comparaison, mais on va faire avec, dit-elle en s'essuyant les lèvres. Réponds moi HONNÊTEMENT. Tu as préféré embrasser Angel ou m'embrasser moi ?
La connasse. Elle attend de pied ferme ma réponse, je suis dans une impasse. Je réfléchis à mon ressenti dans les deux cas et la réponse me semble évidente. Mon visage est froid.
- Je peux pas répondre.
- Pourquoi ? C'est pareil ?
- Non, mais tu vas te vexer et me taper.
- Petit insolent, grince-t-elle. On va- TU vas faire un dernier truc, corrige-t-elle en voyant l'air que je lui lance. On est bien d'accord que tu as couché avec Clara y a deux ans ?
- Oui ?
- Bon, tu essaies de te souvenir et tu mets Angel à la place.
- Quoi ?! Mais pourquoi ?! C'est dégueulasse !
- Ethan, fais ce que je te dis si tu veux avoir une chance d'avoir encore l'air hétéro à mes yeux. Et pas la peine de faire semblant, tu mens aussi bien qu'un chien.
- OK, OK...
Je me résigne à faire ce qu'elle demande, bien malgré moi. Non, mais ça sert à quoi d'abord ? Je ferme les yeux et tente de me remémorer cette nuit-là. Comme si ça allait me faire quoi que ce soit, non mais. Je revois Clara, magnifique, et mes sensations avec elle. Maintenant on nique ce souvenir en remplaçant mon ex par ma némésis et... Les images dans ma tête se modifient une à une et le corps de la jeune fille est remplacé par celui du blond, imaginé de toute pièce, mais suffisamment réaliste pour que rien qu'en imaginant la scène, je sente mon visage tourner au rouge et chauffer très rapidement. Je rouvre les yeux promptement et secoue la tête. Rachel me toise d'un air satisfait.
- Avec Clara, c'était ta première fois, tu pouvais pas comparer. Après, y a que toi qui peut le savoir, mais pour moi t'as absolument rien d'hétéro !
- Mais si.
- Il t'a suffit d'imaginer un mec à la place de la nana avec qui tu l'as fait pour te transformer en pivoine. Après, comme je l'ai dit, c'est pas chez moi que ça se passe. Je donne juste mon avis.
- ...
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