🦈 A shark love 🦈
Katsuki était un explorateur arrogant, certes, mais surtout très apprécié par les membres de son équipage, car il les traitait bien.
C'était rare d'avoir un capitaine comme lui. Il avait compris qu'avec des gens qui avaient envie d'être là, on obtient de bien meilleurs résultats.
Il était en plein milieu d'une traversée pour découvrir de nouvelles îles lorsqu'il s'était fait attaquer par le pirate le plus craint des mers du Japon.
Voyant ses hommes se faire tuer un par un, il avait rendu les armes, proposant de subir le supplice de la planche en échange de la vie sauve pour ceux qui n'avaient pas encore péri.
Évidemment, Shigaraki lui avait ri au nez, avant d'égorger tout le monde sous ses yeux.
Les mains liées, poussé au bord de la planche, il leur avait juré de venir les hanter jusqu'à la fin de leurs jours.
Au loin, un jeune homme un peu particulier avait vu la scène. Il avait peur des humains et ce qu'il avait vu et entendu ne risquait pas de lui donner envie de s'en approcher.
C'était valable pour tous sauf celui-ci, qui avait voulu donner sa vie pour sauver les autres. Il était spécial et se dire que le seul homme bien sur cette terre allait mourir noyé, pour rien en plus, ça lui était insupportable.
Alors Eijiro avait fendu l'océan de sa puissante nageoire et était rapidement arrivé auprès de lui. Ça allait à l'encontre de ce qu'il avait promis à son père, lui qui avait juré de rester caché pour ne pas finir dans un laboratoire comme celui dans lequel il était né.
Katsuki avait perdu connaissance, mais il était encore temps de le sauver. Eijiro l'avait déposé sur la plage de l'île voisine de la sienne et avait attendu son réveil avant de retourner se cacher dans l'océan.
Il pouvait observer et entendre son protégé tout en étant à plusieurs mètres de lui, un avantage issu de son ADN modifié.
Son père lui avait expliqué dans les grandes lignes. C'était un scientifique qui avait perdu sa femme en couche et son fils bien trop jeune.
De ses 5 à ses 10 ans, le garçon avait été très malade et son père refusait de le perdre, alors il avait tout tenté.
Mélangeant plusieurs souches animales aux chromosomes de son fils, il avait créé plusieurs clones, dans le but de procéder à des greffes.
Malheureusement, le seul sujet viable avait été Eijiro, « né » trop tard, seulement quelques jours avant la mort du garçon.
Le père avait naturellement fait un transfert, ce bébé à moitié requin ressemblait à s'y méprendre à son fils adoré, alors il avait décidé de le choyer loin de la folie des hommes.
En effet, un hybride tel que lui serait forcément étudié sous toutes les coutures et n'aurait jamais ni vie ni avenir si l'on avait découvert son existence.
Son père lui avait fait promettre sur son lit de mort de toujours rester loin de toute civilisation, de vivre sur leur île, mais de la quitter sans regret si elle venait à être découverte.
Eijiro voulait faire confiance à cet homme blond cendré au corps massif qu'il avait eu un peu de mal à hisser sur la terre ferme.
Malgré tout, il se devait d'être prudent, alors il avait décidé de prendre soin de lui sans se montrer pour le moment.
Katsuki s'était réveillé sur le sable brûlant et s'était demandé comment il avait fait pour rompre ses liens et se retrouver là.
Surtout qu'au moment de l'attaque, il n'y avait pas une seule île à l'horizon, pas même un oiseau pour annoncer une terre non loin.
En effet, Eijiro l'avait emmené très loin de ce qui devait être son tombeau. Il chassait toujours à plusieurs lieues de sa maison, pour en préserver le secret, et c'était comme ça qu'il s'était retrouvé à assister à toute la scène.
Le blond avait décidé de profiter de cette seconde chance pour s'installer ici et espérait ainsi ne plus jamais avoir à croiser l'un de ses semblables.
Expert en survie, il s'était construit un abri et quelques outils, et avait bien évidemment réussi à faire du feu.
Les premiers jours, il s'était nourri de bananes et de noix de coco, puis avait trouvé plusieurs endroits où poussait du manioc ainsi qu'un point d'eau douce.
Ensuite, il avait entrepris de pêcher, mais rien n'y avait fait, pas un seul poisson au bout de la ligne.
Seulement le lendemain, il en avait trouvé deux nageant dans un trou creusé au bord de la plage dont ils ne pouvaient sortir.
Quelqu'un avait péché pour lui, c'était improbable et à la fois logique après tout, puisqu'il était impossible qu'il soit arrivé sur cette île, avec en prime les mains détachées, comme par miracle.
L'animal ou la personne qui l'avait sauvé le nourrissait à présent et il avait envie de la connaître.
Comme les poissons apparaissent comme par magie en pleine nuit, il avait fait mine de s'endormir sur la plage un peu plus loin et avait attendu patiemment sa visite.
Il avait halluciné lorsqu'il avait vu un homme avec une énorme nageoire de requin galérer à atteindre le trou pour y poser les deux poissons qu'il trimballait dans une sorte de sac en bandoulière.
Il faisait nuit, certes, mais la lumière de la lune ne laissait aucun doute possible. Son sauveur était un homme requin aux cheveux longs qui semblaient rouges pétants.
Il n'avait pas osé bouger ou l'interpeller et était parti se coucher dans sa cabane dès qu'il s'était éloigné.
Au petit matin, il s'était tout de même demandé s'il n'avait pas rêvé, surtout qu'en plus, il se souvenait distinctement de l'avoir entendu marmonner en japonais et pourtant il était très loin du Japon aux dernières nouvelles.
Du coup, il avait entrepris de communiquer avec lui, en espérant qu'il restait bien dans le secteur en journée.
Katsuki : Hey l'homme requin, amène-toi, j'aimerais te remercier de m'avoir sauvé
À cet instant, l'eau avait fait un remous significatif à quelques mètres de lui.
Katsuki : Je sais que tu me comprends, je t'ai entendu cette nuit, puis je viens de te voir bouger, alors maintenant, je sais aussi que tu m'écoutes
Il n'avait pas eu de réponse, ce qui ne l'avait pas empêché de s'adresser à lui plusieurs fois dans la journée, jusqu'à lui dire, avant d'aller se coucher, qu'il aurait aimé au moins savoir comment l'appeler, sauf si l'homme requin lui convenait comme nom.
Le lendemain, il avait souri en voyant un prénom écrit dans le sable, Eijiro. C'était donc ce prénom que Katsuki avait utilisé pour lui parler ce jour-là, puis les suivants.
Il voyait souvent l'eau bouger, il essayait même parfois d'y interpréter une réponse.
Les semaines étaient passées, et à force, Katsuki s'était retrouvé à raconter à Eijiro toute sa vie, ses pensées, ses rêves.
Il se sentait comme Robinson avec vendredi et avait fini par se dire qu'il avait peut-être inventé Eijiro pour ne pas souffrir de la solitude.
La patience n'était pas sa plus grande vertu, à mesure que les jours passaient, il insistait de plus en plus sur le fait qu'il voulait le voir et surtout, qu'il lui réponde.
De son côté, Eijiro n'avait plus peur, néanmoins il n'arrivait pas à trouver le courage de se montrer.
Katsuki lui avait raconté tant de choses qu'il avait l'impression de le connaître, mais le blond avait aussi cette aura, cette présence qui semblait pouvoir écraser n'importe qui.
Eijiro s'était énormément attaché à lui et lorsqu'il avait déclaré que comme il n'avait rien qui le retenait ici, il allait construire un radeau et tenter de retrouver la route pour rentrer chez lui, le jeune hybride avait sorti la tête de l'eau sans réfléchir.
Katsuki : Ah oui, donc c'est bien ce que je pensais, fallait t'y forcer pour que tu te montres. Enchanté Eijiro
Eijiro : Salut
Katsuki : Approche, je ne mords pas, tu devrais le savoir depuis le temps que tu m'observes
Eijiro avait réduit la distance de moitié, mais ne se sentait pas capable de faire mieux pour le moment et Katsuki n'avait pas insisté.
Ils avaient passé le reste de la journée à discuter, à échanger des banalités. Ils avaient fait connaissance et Eijiro s'était senti suffisamment à l'aise pour s'approcher un peu plus.
Katsuki avait pu donc voir de près cet être singulier aux attributs de requin. Un tronc d'homme, sacrément musclé d'ailleurs, s'était dit Katsuki, prolongé d'une queue de squale impressionnante et d'un rouge sang comme sa tignasse.
Il avait aussi un aileron dans le dos, ainsi que des branchies dans le cou, masquées par ses cheveux, des dents pointues et des membranes entre les doigts qui donnaient à ses mains un aspect palmé.
Il se sentait revivre en papotant avec Katsuki, c'était ce qui lui manquait le plus depuis la mort de son père. Avoir quelqu'un avec qui parler, échanger, c'était essentiel à son bonheur.
Durant des semaines, il s'était contenté d'écouter et de prendre soin de Katsuki, mais désormais, ça pouvait aller dans les deux sens.
Ce soir-là, il avait dit à Katsuki qu'il ne lui déposerait pas de poisson dans la nuit, mais qu'il lui apporterait le lendemain matin et les lui donnerait en mains propres.
Ce fut la première fois qu'ils avaient pu se toucher et Katsuki avait prévu le coup en préparant deux parts de manioc afin de partager son repas avec Eijiro, en espérant qu'il aime ça.
Katsuki : Je vais cuire mon poisson, tu le manges cru ou cuit
Eijiro : Je préfère cuit, mais ces derniers temps, je suis obligé de le manger cru
Katsuki : Attends-moi là alors
Il était revenu avec deux assiettes de fortune, faites de feuilles de bananier et avait déposé celle pour Eijiro près de lui.
Katsuki : Bon appétit
Eijiro : Merci, ça fait tellement longtemps que je n'ai pas mangé quelque chose de chaud
Katsuki : Comment ça se fait ?
Eijiro : Mon père est décédé il y a quelques mois, mais avant, je vivais avec lui et je mangeais la même chose que lui
Katsuki : Ton père n'était pas un triton ?
Eijiro : Non, c'était un humain comme toi
Katsuki : Et du coup, depuis sa disparition, tu vis davantage comme un requin que comme un humain, je présume
Eijiro : Voilà c'est ça
Katsuki : J'aimerais bien que tu me racontes un peu ta vie, tu connais tout de la mienne, mais moi, je ne sais rien de toi
C'était ainsi que cette deuxième journée avait été rythmée par le récit d'Eijiro et la multitude de questions qu'il suscitait chez Katsuki.
L'hybride appréciait déjà le blond en l'écoutant de loin, mais le voir aussi investi dans cette conversation, qu'il s'intéresse autant à lui et à son histoire, ça l'avait bouleversé.
Les heures avaient filé à toute vitesse et ce n'était que lorsque le ciel s'était assombri d'un coup qu'ils s'étaient arrêtés de papoter.
Un grondement s'était fait entendre, effrayant Eijiro. Il n'avait pas particulièrement peur de l'orage, mais la cabane de Katsuki n'était pas sûre. Si un éclair la frappait, il risquait de finir carbonisé.
Eijiro : Katsuki, faut pas rester ici, accroche-toi à mon aileron, on va chez moi
Laissant tout en plan, ils étaient partis vers le large et très vite, un lagon précédant une île nettement plus grande que celle où Katsuki avait séjourné pendant des mois se profilait.
Ils avaient plongé l'espace de quelques secondes, passant sous un mur de bambou et remontant dans un bassin intérieur.
Le père d'Eijiro avait construit cette maison entre terre et océan, la coupant presque en deux pour que chacun possède son espace.
Une première moitié, par laquelle ils étaient entrés, qui était la « chambre » d'Eijiro, un bassin couvert, communiquant avec l'océan et séparé par un muret de la partie « sèche ».
La seconde, une maison classique en une seule et même pièce servant de cuisine, de salon et de chambre, avec un petit coin salle de bain séparé par un rideau.
La séparation entre les deux espaces permettait aussi d'être côte à côte tout en étant chacun dans sa partie.
En effet, le sol était en dessous du niveau de l'océan et cette barrière avait pour but de retenir l'eau, mais aussi de pouvoir s'accouder à cette dernière et d'être face à face avec Eijiro.
Elle se prolongeait un peu en dehors de la maison, ça donnait vraiment l'impression d'avoir réuni deux mondes.
Katsuki : C'est ici que tu vivais avec ton père ?
Eijiro : Oui et regarde, je peux venir dans ta partie si je monte là-dedans et que tu me pousses
Il avait joint le geste à la parole, sortant de l'eau par le plan incliné lui permettant de franchir le muret, puis montant dans une chaise ressemblant à un hamac avec tout un tas de poulies et quatre roues.
Après avoir actionné une manivelle sur le côté, il s'était retrouvé à la hauteur de Katsuki.
Eijiro : Voilà, la seule chose que je ne peux pas faire ensuite, c'est me déplacer tout seul
Katsuki : C'est pour ça que tu ne pouvais pas cuire tes aliments
Eijiro : Oui, ni entretenir cette maison, malheureusement
Katsuki : Si je squatte ici, le moins que je puisse faire, c'est de m'en charger
Le sol était fait de lames de bois exotique vieilli qui ne craignaient pas l'humidité, montées sur pilotis, ce qui permettait à l'eau qui gouttait du corps d'Eijiro ou des fringues de Katsuki de ne pas stagner par terre.
On aurait pu croire que la visite ne prendrait que quelques minutes, mais il y avait bien trop de choses à voir.
Le scientifique avait fabriqué l'ingénieuse chaise qui permettait à Eijiro de suivre Katsuki partout, mais pas que.
Il avait aussi créé tout un système d'acheminement de l'eau douce venant de la source un peu plus loin dans les terres, alimentant la douche et la cuisine. Il y avait aussi un foyer pour se chauffer et aussi cuire les repas.
Sans oublier les nombreux carnets de notes avec des cartes et des descriptions de toutes les plantes, tous les animaux, terriens ou marins, de cette île et des alentours.
De quoi vivre en autarcie totale et l'idée plaisait beaucoup à Katsuki.
Il s'était, malgré le fait qu'il avait passé presque tout ce temps caché, attaché à Eijiro et l'avait carrément pris en affection après avoir appris à le connaitre ces deux derniers jours.
Eijiro : Demain, on pourra aller visiter l'île si tu veux, je la connais par cœur, j'espère juste qu'elle n'a pas trop changé depuis la mort de papa
Katsuki : Tu faisais comment pour le suivre ?
Eijiro : Il me portait sur son dos grâce à ça
Il avait pointé du doigt un équipement semblable à celui utilisé pour le saut en parachute en tandem, décidément, ce mec avait pensé à tout pour qu'Eijiro puisse être avec lui dans n'importe quelle circonstance.
Katsuki : Tu peux rester longtemps hors de l'eau ?
Eijiro : Moi oui, enfin, je veux dire, je respire aussi bien en dehors que dedans, y'a juste ma nageoire qui sèche et au bout d'une heure ou deux, elle commence à me démanger
Katsuki : Ok, donc suffi d'avoir de l'eau pour régler le problème, mais pas besoin de retourner dans l'océan
Eijiro : Voilà, du coup, on pourra se balader un bon moment, si tu veux bien me porter
Katsuki : Bien sûr, si tu veux bien que je m'accroche à ton aileron pour explorer les fonds marins
Eijiro : Avec plaisir
Ils avaient passé la soirée à faire des projets, à planifier des excursions un peu partout et à s'imaginer vivre ensemble dans cette maison faite pour qu'un humain et un hybride cohabitent en harmonie.
C'était d'ailleurs ce qu'Eijiro avait demandé à Katsuki, s'il voulait rester ici, avec lui, pour toujours, et le blond n'ayant plus envie de voir la barbarie dont les humains étaient capables, avait accepté avec joie.
Une bulle s'était formée autour d'eux, une vie hors du temps, loin du monde, avait débuté et ils n'avaient, de mémoire, jamais été aussi heureux que depuis ce fameux orage.
Ils s'entendaient plus que bien, étaient complices et avaient beaucoup d'affection l'un pour l'autre.
Les mois avaient fini par s'enchaîner et cela faisait désormais un an qu'avait eu lieu leur première conversation. Leur quotidien était rythmé de leurs explorations, mais aussi de leurs jeux et avec le temps, ils étaient devenus plus tactiles.
Eijiro rougissait souvent de cette proximité et de cette intimité qui s'était glissée entre eux. Katsuki, lui, avait réalisé depuis longtemps qu'il voulait voir leur relation évoluer vers quelque chose de « différent », alors il lui avait posé cette question :
Katsuki : Ton père t'a expliqué un peu ce qu'est l'amour ?
Eijiro : Il disait sans arrêt qu'il m'aimait comme si j'étais son vrai fils
Katsuki : Moi, je te parle d'être amoureux
Eijiro : Ah non, ça il ne m'en a jamais parlé. Je veux bien que tu m'expliques
Katsuki : Ça ne s'explique pas, ça se ressent. C'est un amour qui naît pour une personne qui débarque un jour dans ta vie et qui bouleverse tout. Quand on aime quelqu'un, dans le sens amoureux, on a besoin de sentir sa présence, d'entendre le son de sa voix et on ferait n'importe quoi pour cette personne, même sacrifier sa propre vie pour sauver la sienne. L'amour, c'est un attachement inconditionnel, ineffable pour une autre personne. C'est se sentir en osmose avec l'autre, c'est se sentir mourir un peu plus chaque fois que cette personne s'éloigne de toi. C'est compliqué à décrire, mais le vrai amour selon moi c'est ça
Eijiro : Alors je suis amoureux de toi, Katsuki
Katsuki : C'est bien ce qui me semblait...
Il avait ponctué sa phrase d'un sourire taquin, avant de poser ses lèvres sur celles d'Eijiro, qui n'avait pas su quoi faire sur l'instant. Lorsque Katsuki s'était légèrement reculé pour voir sa réaction, Eijiro avait passé ses bras autour de son cou et l'avait attiré à lui.
Il n'avait su qu'après plusieurs échanges qu'il s'agissait des baisers qu'échangeaient les amoureux. Katsuki n'avait pas manqué de préciser qu'il avait encore tout un tas de choses toutes aussi agréables, si ce n'est plus, à lui apprendre...
*** FIN ***
📍 NDA : Allez donc faire un tour chez NadegeKitsuneSama et Yowahoshi_ qui ont ou vont aussi poster un OS en bonus pour le 25 Décembre 😉
Cette histoire a été en partie inspirée par une mini BD dessinée par nounoo_u
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