Chapitre 31

Je dus m'assoupir à mon tour car se furent des voix féminines quime réveillèrent. Je battis des paupières jusqu'à ce que mon environnement s'éclaircisse et que je puisse voir plus loin que le bout de mon nez.

- Ça y est ? Tu te réveilles, princesse ?

La voix de Meriel grinça contre mes tympans. Je grimaçai.

- Purée, pestai-je. Ne puis-je pas avoir un moment de répit ?

- Pas quand tu as des explications à nous donner. Qu'est-ce que c'était, ce bordel au Texas ?

J'observai le quatuor qui me faisait face. Quatre paires d'yeux turquoise qui me fixaient, dans l'expectative. L'un d'eux était un traître. Si je n'étais pas plus réfléchi, j'aurais tout de suite présumé que c'était Meriel simplement parce qu'il était imbuvable. Pourtant, mon instinct me disait qu'il n'avait rien à voir avec tout ce fatras.

Honnêtement, je ne parvenais pas à deviner lequel d'entre eux pouvait avoir trahi les Cieux.

Daphiel et Maliel pourraient être un choix probable. Elles étaient les plus anciennes d'entre nous. L'une d'elles pouvait s'être lassée du fonctionnement bancal des Cieux.

Baskiel était trop gentil, trop naïf, trop... débonnaire pour faire ça. J'avais beau essayer, je ne parvenais pas à le voir faire quelque chose allant à l'encontre de sa personnalité et des règles. C'était en partie la raison pour laquelle Meriel s'en prenait à lui à ce point, après tout. Parce qu'il était trop gentil.

Tandis que tout pouvait pointer vers Meriel si ce n'était mon intuition. Il était intelligent. Le suspecter paraissait automatique. Pourtant, ça ne correspondait pas au personnage. À mon humble avis, il aurait plus tôt fait de se marcher sur la langue à dire ce qu'il pensait que de trahir quelqu'un.

- Tu as intérêt à parler, Rahel ! tonna l'insupportable de service. J'ai failli mourir, là-bas ! J'ai le droit de savoir ce que c'était que ce bordel !

- Ariel m'a interdit d'en parler à quiconque, répondis-je. Et j'ai récemment compris pourquoi il y a tant de mystère autour de ce qu'il se passe.

- Pourquoi ? questionna Maliel, inquiète.

- Disons que j'ai reçu de source sûre des informations qui m'ont fait comprendre pourquoi Ariel m'a demandé un secret complet.

- Tu ne m'auras pas comme ça ! se récria Meriel. J'ai le droit à mes réponses ! Si je dois aller trouver Ariel moi-même, je le ferais !

- Ce n'est probablement pas une bonne idée, grimaça Baskiel. Il va être furieux si tu y vas en exigeant des réponses...

- M'as-tu pris pour toi ? Je n'ai pas peur d'Ariel ! Et après ce qu'il s'est passé, j'ai le droit à des réponses !

Ils semblaient tous si... normaux. C'était encore plus effrayant. Je trouvais autant de motifs de les soupçonner que de les innocenter. La paranoïa n'allait pas tarder à me gagner.

Je croisai le regard de Meriel, plissé et décidé. Je tentai de le sonder comme je le faisais avec mon protégé. J'ignorais si c'était faisable sur un autre ange mais ça valait le coup d'essayer.

Juste au moment où je commençais à déceler quelque chose, il me repoussa vivement. Il ne dit rien mais ses yeux ne me lâchèrent pas.

- Peux-tu au moins nous dire si ça a un rapport avec la soudaine activité des Trônes ? questionna Daphiel. Je n'en ai jamais croisé autant depuis que je suis gardienne. À vrai dire, même mes mentors ne se souviennent pas en avoir vu avant. La première Sphère ne descend jamais à part si c'est grave. Et vu ce à quoi on a participé, je suis prête à parier que ça a un rapport, pas vrai ?

- Je ne peux rien dire, insistai-je.

- J'essaie d'éviter une nouvelle assignation, admit Baskiel. Je ne veux plus revenir sur Terre si des choses comme ça doivent se passer...

- J'ai dû le tracter par la capuche pour qu'il descende avec nous, siffla Meriel. Pathétique. Comment quiconque a-t-il pu croire que tu avais ce qu'il fallait pour être un gardien ?

J'observai le manque d'émotions sur le visage de Baskiel avec scepticisme. Le feu dans ses yeux ne mentait pas : il était en colère. Or, depuis quand ce grand enfant parvenait-il à le cacher ?

- Ce n'est pas la peine d'être insultant, répliqua Daphiel en ramenant ses cheveux blonds dans une queue de cheval posée sur sa nuque.

- Tu ne peux vraiment rien nous dire ? insista Maliel.

- Juste que vous devez faire attention. Très attention. Rien ni personne n'est ce qu'il paraît.

La mise en garde était claire et ils me regardèrent tous, songeurs.

- On ferait mieux de remonter, murmura Baskiel. Avant que notre absence ne soit remarquée.

Meriel roula des yeux mais se retint de commenter. Je fus toutefois certain de le voir articuler « pathétique » en silence.

- Je suppose que ça ne sert à rien que l'on s'attarde ici, répondit Daphiel. Puisque tu ne peux rien nous dire.

Le ton de reproche me laissa de glace. Elle me provoquait délibérément. C'était étrangement vicieux de sa part. Elle ne m'avait parue capable d'une telle attitude.

Je devenais bien trop suspicieux.

L'escalier apparut derrière eux et ils se noyèrent dans la lumière céleste qui l'englobait. Je soupirai en baissant les yeux vers mon protégé qui continuait à dormir paisiblement.

- Oh, par pitié ! Tu es un ange gardien, pas sa petite amie !

Je sursautai violemment lorsque la voix traînante de Meriel résonna. Beahan marmonna dans son sommeil et faillit se réveiller. Je fusillai mon collègue du regard.

- Qu'est-ce que tu fais encore là ?

- Je crois avoir deviné pourquoi tu ne peux pas parler.

- Et ?

- Et je suis sûr qu'il y a un traître parmi les gardiens. J'ignore encore qui mais je suis certain que c'est pour ça que tu ne peux pas parler. Ariel doit le savoir. Les Trônes doivent le savoir. Et ce traître a un rapport avec ce qu'il se passe sur Terre. Avec ce qu'il s'est passé au Texas. Avec la soudaine invasion de démons – il ferma les yeux, luttant contre la réaction physique que lui provoquait l'évocation des monstres – qui a lieu. Tout est lié.

Ses déductions étaient plutôt impressionnantes, je devais l'admettre. À moins qu'il ne soit le traître.

- C'est pour ça que tu as tenté de me sonder, poursuivit-il. Tu voulais savoir si c'était moi. Parce que je suis... Quel est ton terme préféré pour me décrire ? Imbuvable ?

Je gardai le silence. Pas qu'il attende réellement une réponse.

- Je suis peut-être imbuvable mais je suis plus intelligent que ça. Sans compter que j'ai des informations que tu n'as probablement pas. C'est dingue ce que les gens parlent quand ils sont en colère. Or, tu n'es pas sans savoir que j'ai l'art de mettre les gens dans des rages folles.

- Dis ce que tu as à me dire, Meriel.

- Des informations pour des informations. Tu me dis ce que tu sais, je te dis ce que je sais.

J'hésitai. J'avais promis à Ariel et je n'avais aucune envie de me parjurer. Pouvais-je duper Meriel ? Probablement pas. Il était aussi malin qu'un serpent. Il arriverait à me prendre à mon propre jeu.

Cependant, il demeurait la possibilité qu'il sache quelque chose qui pourrait m'être utile... Or, j'avais besoin de toutes les informations possibles.

- Rien ne me dit que tu sais quoi que ce soit, finis-je par répliquer. Tu sais que c'est mon cas mais moi non. Pour ce que j'en sais, tu pourrais très bien tenter de te jouer de moi pour que je parle. Ça te ressemblerait assez même si ça ferait partie de tes pires bassesses.

- Je peux te concéder que, de manière générale, je ne suis pas un bon joueur en équipe. Cependant, j'ai un instinct de survie assez développé pour savoir quelles cartes jouer. Or, si les Trônes sortent, si les démons (il eut à nouveau cet air constipé) sortent de leur trou, la situation est grave. Tu es le seul qui sait ce qu'il se passe. Donc, je vais faire un geste pour te prouver ma bonne foi et te dire ce que je sais en premier.

Je me massai les tempes. Pouvais-je me fier à lui ? Ma tête me disait que non, allant à l'encontre de mon instinct qui m'assurait que je n'avais rien à craindre de Meriel. J'étais face à un dilemme terrible.

Faire confiance à cet être infect et trahir Ariel et, possiblement, obtenir des nouvelles informations ou refuser, risquer de perdre de précieuses informations sans me parjurer ?

- Dis-moi ce que tu sais et je verrai si j'ai quelque chose à ajouter, tentai-je, faussement confiant.

- Si j'accepte ça, tu ne me diras rien.

- Je ne suis pas comme toi, Meriel. Si ce que tu as à révéler est suffisamment important pour me convaincre d'affronter la colère d'Ariel, je te dirais ce que je sais. Sinon, je ne dirai rien. Je ne te fais pas assez confiance pour me lancer à l'aveugle et trahir Ariel pour rien. Si je dois me parjurer, tu me dois donner quelque chose de substantiel.

Ce fut au tour de Meriel de réfléchir. Il n'était pas ravi, loin de là. Son rictus désabusé me fit froncer les sourcils.

- Tu es un malin, Rahel. Je dois te reconnaître ça. Si tu n'étais pas aussi exaspérant, je pourrais presque te supporter. Heureusement pour moi, je te connais assez pour avoir deviné que nous en viendrions là. Et j'accepte de te dire ce que j'ai appris. Parce que je ne suis pas totalement imbuvable.

Combien de fois m'avait-il rappelé que c'était toujours ainsi que je le décrivais ? Était-ce possible que je l'ai blessé ? J'avais du mal à y croire mais il semblerait que tout était envisageable avec lui.

- Qu'as-tu découvert, dans ce cas ?

- La raison de ta situation.

- Pardon ?

- Je sais pourquoi les Cieux utilisent nos âmes pour faire le sale boulot. Notamment celles comme la tienne ou la mienne. Les « plus pures », comme ils disent. Ne me regardent pas comme ça. Ce n'est pas moi qui est sorti cette vanne. Je ne fais que répéter.

- Et qu'est-ce que c'est, selon toi ?

- Ce n'est pas selon moi. C'est ce que j'ai entendu des Dominations dire lorsque j'ai surpris une conversation très intéressante entre eux et un Trône.

Je me sentis me redresser malgré moi. Meriel sourit, fier de son effet. Il s'assit sur la table basse et croisa les jambes avec une élégance féline.

- Vois-tu, lorsque les Cieux ont fermé l'Enfer, ils ont perdu énormément de forces armées. C'est-à-dire, beaucoup d'anges créés par Dieu. Il en restait si peu qu'ils ont dû trouver une alternative pour que les Cieux continuent à fonctionner, à transmettre la parole de Dieu aux mortels. Cette alternative a été d'arracher les âmes les plus lumineuses aux Limbes où elles vivaient paisiblement pour les entraîner à remplir des rôles qui ne sont pas les leurs et qui les usent. Parce que, peu importe ce qu'on t'a dit, nos âmes ne retourneront pas dans les Limbes. Ce travail de gardien va user toute l'énergie de notre âme jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.

« C'est pour ça qu'ils sont constamment en train de former de nouvelles âmes à divers postes. C'est pour ça qu'ils gardent la menace démoniaque sous clef. Ils ne veulent pas que quiconque sache qu'il risque d'y avoir une seconde guerre et que les Cieux ne pourraient jamais y faire face si Dieu n'y met pas son grain de sel en créant de nouveaux anges. Ils veulent étouffer le risque dans l'œuf en utilisant des gardiens comme toi pour faire le sale boulot. Dommage pour eux, ils n'arrivent pas à savoir qui est le nouveau Judas. Ou plutôt, qui sont les nouveaux Judas.

Je me retins de retourner ce qu'il venait de m'apprendre dans tous les sens. Je me concentrai sur son commentaire sur les potentiels traîtres.

- Pourquoi penses-tu qu'il y en a plusieurs ?

- Je t'en prie. Je te lis comme un livre ouvert, Rahel. Tu sais aussi bien que moi qu'il y en a plusieurs. Un dans notre Chœur, pour sûr. Un autre dans une Sphère supérieure. Je penche pour les Puissances. Ça expliquerait pourquoi tu as dû faire appel à nous plutôt qu'à eux alors que c'est leur travail de lutter contre ces engeances d'en bas.

- Que sais-tu d'autre ?

- Pas grand-chose. J'ai fait mes recherches sur ton protégé, sur toi, sur les raisons qui ont mené à cette affaire. Je n'ai pas réussi à obtenir des informations utiles. Vous êtes très surveillés, tous les deux.

- Vraiment ?

- Oui. Dès que j'ai tenté de poser des questions ou de fouiner, il y avait quelqu'un ou quelque chose pour m'empêcher d'en apprendre plus.

Ça n'arrangeait pas mes affaires. Ses informations étaient essentielles. Elles expliquaient énormément de choses. C'était terrifiant mais je préférais être au courant plutôt que de rester dans le noir. De moi-même, je n'aurais pas pu découvrir tout cela. C'était impressionnant qu'il y soit parvenu. Espionner des supérieurs était pratiquement impossible puisqu'ils étaient si connectés aux Cieux qu'ils savaient lorsqu'un autre ange était dans les parages. Et pourtant, Meriel avait réussi à tout entendre. Me mentait-il ? Ça me paraissait un peu compliqué à inventer pour quelqu'un qui n'était pas arrivé aux Cieux depuis longtemps.

- Et pourquoi est-ce que tu t'en mêles ? Que je sache, je te vois plutôt comme celui qui choisit son propre camp, sa propre survie, ou le camp des supposés vainqueurs. Or, je ne pense pas que ça soit mon camp.

- Normalement, si j'avais toujours été vivant, ça serait sûrement ce que j'aurais fait. J'aurais joué les aveugles et continué mon chemin.

- Alors pourquoi ne pas le faire ?

- Le fait que je sois déjà mort doit en être la raison. Ça m'a tué une fois, je ne tiens pas à ce que ça le fasse une seconde fois. Sans compter que je n'ai pas envie que les démons sortent de l'Enfer (il se figea totalement durant quelques secondes, le temps que ça passe) et envahissent la Terre. J'ai encore de la famille en bas. Je n'ai pas envie qu'il leur arrive ce qui est arrivé aux amis de ta charge. Alors j'ai choisi de parier sur le cheval qui me semble le plus à même de gagner la course.

- Et ça serait moi ? Alors que tu te plais à me rappeler que j'ai n'ai rien à faire aux Cieux dès que tu le peux ?

- Je ne dis pas que ça me ravit, grogna-t-il en s'inclinant, un coude appuyé sur son genou. Mais entre deux maux, je préfère celui qui a le plus de chance de me garder en vie sur le long terme. Dommage pour moi, c'est toi. Tu as été choisi pour t'occuper du seul humain impliqué dans cette affaire. Tu es le seul qui peut rester sur Terre sans que ça attire l'attention. À nous deux, nous pourrions surveiller la Terre et les Cieux. Tu serais au plus près de l'action tandis que je pourrais obtenir les dernières informations et te dire si nos supérieurs comptent faire quelque chose. Je pourrais chercher les traîtres. J'ai déjà des soupçons sur une personne.

- Qui ?

Oui, j'ignorais le reste de son discours. Ça ne le perturba en rien. Au contraire, il eut un sourire en coin blasé. Ce n'était rien qu'il n'avait pas attendu de ma part.

- Ton meilleur ami. Baskiel.

Je ne sus pas si je devais rire ou lever les yeux au ciel.

- Tu ne peux pas être sérieux. Baskiel ? Il est le genre d'idiot à chasser une mouche à l'extérieur plutôt que de l'écraser bien qu'il sache qu'elle va revenir dix secondes plus tard ! Comment un type pareil pourrait-il être un traître ? De nous trois, il est le seul à avoir sa place aux Cieux.

- Justement. Tu ne trouves pas ça étrange ? Qu'il soit si semblable à un ange ?

Je fronçai les sourcils, perplexe. De quoi parlait-il ? Quelle logique tordue essayait-il de me transmettre ? Parce que je n'en avais pas la moindre idée. En quoi le fait que Baskiel possède les qualités d'un ange était-il un tort ? Ça n'avait pas de sens !

- Tu n'as donc rien remarqué parmi les gardiens ? Parmi les Vertus soigneurs les moins importants dans leur Chœur ? Nous sommes tous des âmes humaines, Rahel. Aucun de nous ne se comporte comme un ange. Ça nous est proprement impossible parce que nous demeurons humains. C'est pour ça que nous ne survivons pas aux Cieux. Parce que nous ne sommes pas des anges.

- Quel rapport avec le fait que Baskiel soit trop gentil ?

- Quelle est la première chose que tu as remarqué chez les anges ? Pense à Suriel, Sabriel, Barratiel. Qu'ont-ils en commun ?

- Ils sont impossiblement gentils.

- Exactement. Tout humain digne de ce nom finit par écraser cette saleté de mouche. Seul un ange ne saurait pas le faire.

- Tu penses que Baskiel est un ange ?

- Oui. Et je pense les multiples traîtres ne sont, en vérité, qu'une seule personne. Baskiel.

- C'est totalement tiré par les cheveux ! Tu n'as aucune preuve ! Tu ne peux pas l'accuser comme ça !

Il se redressa, son arrogance suintant par tous ses pores. Comment pouvait-il avoir une telle confiance dans une théorie aussi invraisemblable ?

- Je ne vais pas tarder à en obtenir. J'ignore encore qui il est et comment il fait mais je suis sûr de moi. Je ne me trompe jamais lorsque ma vie est en danger. Baskiel n'existe pas. C'est quelqu'un d'autre. Une Puissance alliée à l'Enfer.

- Je refuse d'y croire tant que tu n'auras pas des preuves de ce que tu avances.

- Très bien. C'est ton choix. De toute façon, tu ne fais confiance à personne, n'est-ce pas ?

Je ne cherchai pas à nier. Il avait raison. Dans la situation actuelle, je ne pouvais compter que sur moi-même.

Et sur mon protégé.

- Et si tu me disais ce qu'il se passe sur Terre ? Ça pourrait m'être utile dans mes recherches.

Je soupirai. Je devais tenir ma part du marché. Je n'avais pas le choix. Je me frottai les tempes avant de commencer mon récit.

L'attitude de Meriel me surprit. Il ne m'interrompit pas une seule fois, m'écoutant avec attention, paraissant retenir chacun de mes mots. Une mèche d'un noir d'encre tomba sur ses yeux lorsqu'il inclina la tête.

Je ne pus que remarquer le contraste violent qui jouait sur toutes les composantes de son visage. Je savais que la couleur de ses iris n'était pas naturelle et elle tranchait avec sa peau qui oscillait entre les tons beige clair et rosé, avec la forme effilée de ses yeux, avec ses cheveux d'un noir profond. C'était ce qui les rendait encore plus impressionnants et intimidants. Dans ce visage où l'on s'attendait à des yeux bruns typiquement asiatiques, il possédait deux orbes d'un bleu puissant et vibrant qui continuaient de me prendre au dépourvu alors que je possédais les mêmes. Que tous les gardiens possédaient les mêmes.

Je cillai lorsqu'il bougea, allongeant ses jambes devant lui.

- Nous n'avons pas de temps à perdre, au vu de la situation. Puisque tu m'as raconté tout ce que tu sais, je suppose que tu es d'accord pour travailler avec moi.

- Je ne te fais pas confiance pour autant, éludai-je.

- Je ne me fie pas à toi non plus, te ferais-je savoir. Notre partenariat est purement désespéré et obligatoire. Je m'occupe de récolter un maximum d'informations là-haut et tu essaies de rester en vie. Avec un peu de chance, je réussirais à trouver ton sorcier pour toi. Les Principautés ont quelques instruments qui pourraient nous être utiles.

Je n'eus pas le temps de parler qu'il dépliait ses membres dans un mouvement souple et délié.

- Je reprendrai contact avec toi si j'apprends quelque chose.

L'escalier apparut derrière lui et il partit. Je l'insultai de la façon la plus fleurie que je pus. Ce qui se résumait à un flot d'injures censurées digne d'un enfant de primaire.

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NdlA : Mais c'est qu'il y a de nouvelles informations dans ce chapitre ! Est-ce que ça vous aide ? Pas du tout ? Que pensez-vous de Meriel ? Dites-moi tout ! Je suis curieuse de savoir !

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