Chapitre 12
Comme si elle avait senti que j'avais besoin de lui parler, la sorcière s'était invitée pour le dîner. Elle s'arrangea pour que Beahan cuisine le dîner pendant qu'elle préparait le salon pour le visionnage d'un film.
Je me laissai tomber dans l'un des fauteuils.
- Je suppose que tu as ton avis sur ce qui se passe, je me trompe ? lançai-je.
- Oui. Je sais aussi que tu ne me diras rien. Donc je vais te dire ce que je sais et ce que je pense qu'il se passe.
Elle posa la télécommande qu'elle tenait dans la main et jeta un regard vers la cuisine où Beahan s'affairait, oublieux de notre conversation.
- Je sais que ce qu'il s'est passé tout à l'heure impliquait deux entités. L'une des deux étant toi et l'autre étant quelque chose de négatif. Tu as beau ne rien dire, je ne suis pas stupide. Je sais que quelque chose s'est réveillé et que ça en a après Declan. Que ça va tenter de le tuer sans cesser jusqu'à ce que ça y parvienne.
Je gardai le silence. Elle avait raison. Le lui retirer aurait été mesquin. Toutefois, je ne me voyais pas lui confirmer. L'Enfer était verrouillé et surveillé. S'il y avait un quelconque problème, la moindre faille, nous aurions été mis au courant. Nous avions beau être tout en bas de l'échelle et remplaçables, nous travaillions au contact des humains. Cela devait forcément compter pour quelque chose.
- J'ai beau penser que ces rituels sont stupides, une partie de moi commence à sérieusement songer qu'ils ne le sont pas tous s'ils sont faits correctement. J'ai beau être une sorcière, je reste assez terre à terre. Jusqu'à ce que tu apparaisses, je voyais toutes les entités sous forme d'énergies positives ou négatives. Je ne pensais pas que vous... que vous aviez des corps et encore moins des ailes. Mais avec ce qui se passe depuis que Declan est sur cette affaire ? Je ne serais pas surprise que les démons commencent à sortir du bois.
- Donc tu places un vote du côté des démons ?
Je fus aussi surpris qu'elle de ne pas entendre de condescendance ou de moquerie dans ma voix. J'avais beau refuser de l'admettre, moi aussi, je commençais à douter. Ce qui était pratiquement blasphématoire. S'il y avait eu le moindre risque, nous aurions été mis au courant. Pas vrai ?
Je ne pouvais que penser au maigre dossier que j'avais reçu. Aux paroles de Suriel. À celles de Sabathiel. Mon doute ne faisait que grandir et je savais que m'y accrocher n'était pas la bonne façon de faire. Ça m'empêchait de voir d'autres pistes, d'autres hypothèses.
- Sans hésiter. S'il y a une explication, c'est celle-là. Qui pourrait organiser une telle affaire en si peu de temps ? Même si c'est un groupe organisé, ça reste trop risqué. Et puis, qu'est-ce qu'ils y gagnent ? Forcer des adolescents à tuer quelqu'un... Si encore c'était un rite de gang ou quelque chose de ce genre... Mais non. Je ne vois rien à part un sacrifice pour les démons.
Je gardai le silence. Elle n'attendit pas une réponse et retourna dans la cuisine. Je demeurai assis, songeur. Je comprenais sa vision des choses puisque j'avais la même. Pour moi aussi, ça ressemblait un peu trop à des démons. Cependant, je ne pouvais pas sous-estimer la nature destructrice des mortels. Nanael et les autres supérieurs nous répétaient sans cesse que les humains étaient précieux, qu'il fallait protéger leur beauté, leur bonté, leur unité.
Sauf que tout ce que je voyais était une bande d'animaux abrutis par la technologie cherchant à se détruire tout en détruisant les autres autour et en appelant ça la « recherche du bonheur ». Ils étaient trop abrutis pour savoir que leur véritable but dans la vie n'était pas de consommer, de chasser des billets de banque ou de se terrer derrière des écrans. Je n'avais pas eu la vie la plus glorieuse mais je n'avais pas été un tiers aussi malheureux ou aussi auto-destructeur qu'eux. Si je la comparais à celle de ces moutons qui croyaient que le bonheur se trouvait forcément dans l'abondance et l'excès d'abondance, ma vie n'avait pas été si moche que ça. Elle n'avait pas été rose, loin de là, mais j'avais vécu desexpériences qui m'avait ouvert l'esprit.
Toujours était-il que je ne pouvais pas accepter l'hypothèse de véritables démons sans avoir vérifier que ce n'était pas simplement un conglomérat d'horribles êtres humains. Ça n'était pas impossible. Les mortels étaient pleins de ressources pour faire le mal.
Comme les démons étaient enfermés chez eux, le responsable devait être humain. Probablement le responsable du site, son créateur ou peu importe qui avait pensé à créer une telle abomination. Il n'y avait que les humains pour songer qu'invoquer des démons était drôle. Je pouvais accepter qu'ils ne croient plus autant en Dieu ou ses créations que dans le passé mais de là à faire des rituels « pour le fun »... L'humanité était tombée bien bas.
Les jours passèrent aussi vite que je l'avais prévu. Beahan était décidé à utiliser son mois au maximum pour prouver à sa meilleure amie qu'il n'avait pas d'autre choix. Sauf qu'il avait le choix. Plus j'y pensais, plus je songeais qu'il avait le choix.
J'avais fini par songer à quelque chose. Toutes les victimes de ces rituels étaient des adolescents. Or, rares étaient les ados qui ne parlaient pas de leurs expériences à leurs amis. Donc il devait forcément y avoir quelqu'un dans l'entourage de l'un des gamins qui savait quelque chose. Si Beahan prenait le temps de leur parler, j'étais certain qu'il pourrait trouver quelque chose.
Malheureusement pour moi, il était entièrement focalisé sur Doran Ohver ou quelque soit sa véritable identité. Il voulait à tout prix savoir qui c'était et il ne lâchait pas l'affaire. Dès qu'il avait eu ses mains sur un nouvel ordinateur, il avait passé plusieurs jours à trouver un moyen d'obtenir un logiciel de reconnaissance faciale à moindres frais, franchissant un peu trop souvent la limite de ce qui était légal. Il fallait que je le fasse changer de direction car il ne le ferait pas de lui-même.
J'attendis qu'il aille se coucher pour fouiller dans ses affaires et retrouver les fiches qu'il avait faites sur l'entourage de plusieurs victimes. J'eus du mal à trouver plus que quelques notes jetées en passant sur les amis des ados. Soit il n'avait pas pris le temps de leur parler, soit il n'avait pas pu. D'un côté ou d'un autre, il ne l'avait pas fait et il était temps qu'il se rattrape.
Je déposai les papiers sur son clavier. Au vu de son entêtement, ça risquait de ne pas suffire. Il allait me falloir lui rappeler que j'étais là et qu'il ferait mieux de m'écouter. Il n'allait pas avoir le choix, de toute façon. Je ne comptais pas le lui laisser.
***************
Il me fallut une semaine pour réussir à le pousser à aller interroger les amis des victimes du site. Je ne dus ma victoire pas tant à mon acharnement qu'au fait que la reconnaissance faciale n'avait rien donné. Il n'avait plus d'autres pistes à suivre donc il prenait celle que je lui agitais sous le nez depuis une semaine.
La sorcière passa le voir dans la matinée pour vérifier qu'il allait bien et approuva le plan de Beahan.
- Tu vois que tu as manqué des options, se fit-elle un plaisir de souligner.
- Je suis certain que c'est une perte de temps mais il ne cesse d'insister et je n'en peux plus de voir mes notes traîner dans toute la maison. Il en a collé une au miroir pendant que j'étais sous la douche !
- Il est de mon avis, répondit-elle avec un sourire et un haussement d'épaule. Faire l'un de ces rituels, c'est une mauvaise idée.
Beahan roula des yeux.
- Et puis, je comprends sa logique, reprit la sorcière. Tu sais comment ça va, avec les jeunes. S'ils font quelque chose de risqué, ils vont en parler à leurs amis. Il doit forcément y avoir quelqu'un dans leur cercle qui sait quelque chose même s'ils ne sont pas impliqués.
- La police les a déjà interrogés et ils ont assuré ne rien connaître des activités de leurs amis. Je doute de pouvoir en obtenir plus. J'ai écouté les enregistrements des interrogatoires et les différents officiers n'ont pas lâché le morceau avant d'avoir posé toutes les questions possibles.
- Tu n'es pas de la police et tu as la preuve que leurs amis sont impliqués dans quelque chose de bien plus grand qu'un simple jeu paranormal. Il y en aura forcément un qui lâchera quelque chose. Ce ne sont que des gamins, Declan. S'ils réalisent que ce n'est pas juste une seule personne concernée mais bien tous ceux qui participent au challenge, ils parleront.
Mon protégé soupira et serra sa tasse entre ses mains. Il avait déjà décidé de le faire et de commencer par le cas le plus proche de Whitewich, Prenell Rucker. Il vivait dans une ville à une heure de route et ses amis n'avaient pas déménagé, d'après ses recherches.
- J'espère. Je n'ai pas envie de rouvrir un traumatisme inutilement. Mais il ne cesse de pousser le sujet. Il ne me fichera pas la paix jusqu'à ce que je sois passé derrière les flics. Peut-être qu'il a raison de me pousser à le faire. Après tout, j'ai vu la réaction de ce type de Hot Springs. Un petit détective blogueur dans mon genre n'a pas grande importance dans le monde de la justice, peu importe la véracité des preuves.
- Que disent tes lecteurs ?
- Ils sont choqués du choix d'affaire que j'ai choisi de faire. Je ne suis jamais parti dans l'ésotérique avant. Les habitués sont ravis et se sont déjà lancés dans la recherche d'affaires similaires. Ils ont tous plus ou moins les mêmes hypothèses.
- Lesquelles ?
- Une secte, majoritairement. Un gang qui se sert de ce site comme couverture pour le bizutage de ses nouveaux membres. Les plus croyants parmi eux croient qu'ils ont tous invoqué quelque chose qu'ils n'auraient pas dû. Je n'ai pas encore parlé de mon accident. Je leur ai dit qu'il était survenu et que c'était la raison de mon silence quand j'étais encore inconscient. Je ne sais pas que ce soit une bonne idée de leur dire que j'ai été pris pour cible par un parfait inconnu qui ne semble pas exister et qui a participé au challenge.
- Si leur détective préféré a été pris pour cible et que tu parles de ce Doran Ohver et que tu leur montres une photo...
- Je leur ai déjà demandé leur aide pour découvrir la véritable identité de ce type. Même ceux qui voguent sur le Deep Web n'ont rien trouvé. Exactement comme s'il n'existait pas. Qui que ce soit derrière tout ça, il ne l'a pas choisi par hasard. C'est un fantôme.
Je savais déjà tout ça mais je ne pouvais qu'être impressionnéde la capacité de certains mortels à disparaître totalement, àdevenir des ombres sans nom, sans famille, sans existence écrite ounumérique. J'ignorais comment ils faisaient et encore moinspourquoi.
- Mon Uber ne va pas tarder, réalisa-t-il après un coup d'œil à l'horloge.
- Je te vois ce soir, n'est-ce pas ? Au Skyline ?
- Sûr. Comme toujours.
Elle eut un doux sourire avant de lui planter un baiser sur la joue et de partir comme un courant d'air. Il ne perdit pas de temps et réunit son matériel dans un sac qu'il glissa en bandoulière en travers de son torse. Il tapota une poche sur le devant, cherchant quelque chose. Il enfouit sa main à l'intérieur pour mieux en tirer une petite dague qui n'avait rien de l'arme normale de quelqu'un qui cherche à se protéger. Elle ressemblait plus à quelque chose que je n'aurais pas été surpris de voir la sorcière se servir. Un cadeau de sa part ?
Le crissement de freins se fit entendre devant la maison et Beahan enfila une veste avant de sortir. Je le suivis dans la voiture. Il discuta posément avec son chauffeur, un jeune étudiant aux cheveux roses en route pour aller rendre visite à de la famille.
Rares étaient les jeunes adultes dans le style de Jerry qui me faisaient une aussi bonne impression. Il était jovial et foncièrement bon. Il travaillait et habitait à Heavener, en Oklahoma et rendait souvent visite à ses grands-parents à Athens pour qu'ils ne se sentent pas trop seuls. Je n'étais pas surpris qu'il soit bénévole dans sa ville et ni qu'il soit assistant dans les écoles pour les enfants en difficulté. Ce gamin était absolument adorable. Le genre de personne qui était censée devenir un ange. Pas comme moi.
Jerry nous déposa devant un deli à l'aspect sombre et très rural. Pas que le reste d'Athens soit autre chose que rural. C'était le fin fond de l'Amérique avec ses étendues de verdure à perte de vue et ses routes poussiéreuses. C'était le milieu de nulle part et je ne me sentais pas à l'aise. L'endroit était très ouvert avec peu de passage. Ce n'était pas l'idéal. Toute la ville allait savoir qu'il était venu là expressément pour voir les amis de Prenell Rucker. Avec ce qu'il s'était passé, ça ne serait pas bien vu. Il aurait été plus discret de les voir chez l'un d'entre eux plutôt que dans le seul lieu commun de toute la communauté. Si l'on exceptait l'église que je pouvais vaguement apercevoir.
La sandwicherie sentait la friture et la pâtisserie. Le mélange n'était pas agréable pour le nez. Malheureusement, il allait falloir l'endurer. Les trois jeunes les plus proches du jeune Rucker étaient déjà attablés et murmuraient à voix basse. Je pris le temps de les observer quelques instants pendant que Beahan commandait une boisson.
Il n'y avait qu'une fille dans le groupe. Elle était toute petite et fine comme une gazelle, le teint olive picté d'acné et engoncée dans un sweat à capuche trop grand pour elle. À côté d'elle, un garçon qui lui ressemblait un peu trop pour ne pas être son frère. Les mêmes yeux bruns, les mêmes cheveux noirs, les mêmes traits du visage... Il était plus grand mais tout aussi sec. En face de lui, un autre gamin plus... affirmé, si je pouvais dire ça comme ça.
Les cheveux blonds, les yeux bleu nuit, les traits affinés par la longueur de sa chevelure, un collier clouté autour du cou, de lourds bracelets autour des poignets, un t-shirt à la gloire démoniaque, un jean si troué que je me demandais presque pourquoi il le portait et des chaussures en cuir noir, cloutée et pleines de chaînes. D'instinct, j'avais envie de m'en méfier. Pourtant, s'il y avait de mauvaises ondes, ce n'était pas de lui qu'elles venaient.
Beahan s'approcha et se présenta, calme et ouvert. Il ne sourcilla pas face à l'apparence de John et s'assit à côté de lui. Un homme bourru vint lui apporter son verre. Le quatuor attendit qu'il soit reparti pour continuer à discuter.
- Pourquoi vous vous intéressez à l'histoire de Prenell ? l'apostropha directement John. Qu'est-ce que ça lui fait, à un blogueur dans votre genre, ce qui est arrivé ?
- J'enquête sur des cas non-élucidés, répondit calmement Beahan. Je sais que, techniquement, celui de votre ami est considéré comme tel mais je pense qu'il y a plus à son cas que ce que la police en a dit.
- Comme quoi ? osa Lily.
- La mère d'un jeune homme m'a contacté par rapport à l'affaire dans laquelle son fils est impliqué. Elle a réussi à me convaincre qu'il y avait quelque chose que la police n'avait pas découvert sur ce qu'il s'était passé et j'ai commencé à enquêter. J'ai trouvé quatre autres affaires similaires.
- Comment ça, « similaires » ? questionna froidement John. Qu'est-ce qui pourrait ressembler à l'ado le plus normal qui pète un plomb du jour au lendemain ?
- Il y a un adolescent qui a poussé une jeune femme qu'il ne connaissait pas plus que ça devant un train. Une fille qui empoisonné l'enfant de huit ans qu'elle gardait. Une autre qui a percuté un enfant avec sa voiture. La dernière a tué son propre frère à coups de marteau. Et tous ont un point commun en dehors du « pétage de plomb », comme tu dis. Ils ont parlé d'un « il » qui les y auraient poussé. Or, je crois savoir que Prenell a dit « quitte à ce que ce soit quelqu'un, autant que ça soit toi ».
- Il n'y a pas que ça, pas vrai ? souffla Lenny.
- Non. J'ai trouvé autre chose à travers le dernier cas. Celui où la jeune fille tue son frère. Un site.
- Quel site ?
- A Season In Hell, espèce d'idiot, siffla John. Et alors ? Où est le problème ? Ce n'est qu'un jeu !
- Peut-être bien mais il y a quelqu'un derrière ce jeu qui pousse ses participants à tuer. Est-ce que Prenell vous a parlé de menaces ou d'instructions étranges ?
John croisa les bras et se ferma totalement à la conversation. Si je me concentrais sur lui, je pouvais sentir sa culpabilité. Il n'était difficile de deviner qu'il était celui qui avait fait découvrir le site à Prenell. Il savait que c'était ce challenge qui avait causé la perte de son ami même s'il en ignorait le comment.
- Il m'en a parlé, admit doucement Lily. Il commençait à paniquer. Il m'a dit que poster ces vidéos avait ouvert un portail dans le site. Il m'a dit qu'il était dans la merde et que je ne devais pas croire ce qu'on allait dire de lui. Qu'il avait fait une grosse connerie en acceptant de faire ce challenge. Il ne voulait pas me dire ce qu'il se passait. J'ai essayé de le pousser à le faire mais il refusait. Il disait que c'était trop risqué...
- Il ne t'a rien dit de plus du tout ?
- Non. Juste qu'il avait ouvert un portail dans le site et qu'il aurait jamais dû. C'est à cause de ça qu'il a fait ce qu'il a fait. J'en suis sûre. C'est sûr, Jimmy était un vrai connard mais Prenell ne lui aurait jamais fait de mal.
- Il n'était pas comme ça, dit doucement John. C'était un vrai nerd mais il n'aurait jamais fait de mal à une mouche. Il aurait préféré la remettre dehors même en sachant qu'elle allait revenir quelques minutes plus tard. C'est ces rituels. J'y croyais pas mais maintenant...
Lily tendit la main en travers de la table pour toucher celle de son ami, les yeux brillant de larmes contenues. Le malaise et la culpabilité de Beahan me percutèrent comme une vague nauséabonde. Je posai une main sur son épaule. C'était un geste si simple mais j'en connaissais la puissance. Il tourna la tête et me chercha du regard. Il finit par relâcher un long soupir, renonçant à metrouver.
- Trouvez ce qui a poussé Prenell à faire ça, murmura Lenny. Que ce soit une personne ou un démon ou n'importe quoi. Trouvez-le et amenez-le aux flics. Innocentez Prenell.
- Je ferai tout ce que je peux. Je vous le promets.
Il leur tendit un petit carré de papier rigide. Une carte de visite, réalisai-je.
- Je poste régulièrement sur mon avancée dans l'enquête. Vous y trouverez toutes les informations que j'ai déjà. N'hésitez pas à m'appeler si vous vous souvenez d'un détail. N'importe lequel.
Les trois jeunes hochèrent la tête sans émettre un son. Il leur demanda s'il pouvait parler de leur entretien tout en gardant leur anonymat et, après leur acceptation réticente, il quitta le deli et remonta la route.
- Il ne me reste plus qu'à attendre que Jerry arrive, soupira-t-il.
Il partit s'asseoir à l'ombre d'un agglomérat de hauts arbres. Il s'adossa contre un tronc et croisa ses jambes. Il sortit son téléphone, joua quelques moments avec. Puis, il le posa à côté de lui dans l'herbe.
- Bien. On a deux heures. Je sais que tu es là et que tu m'entends. Ava me vante toujours les possibilités de la méditation, comme quoi ça aide à ouvrir son esprit. Si tu as un message à me faire passer, c'est le moment.
Je m'assis en face de lui et l'observai fermer les yeux. Il lutta pour se relaxer, ne cessant de gigoter, à la recherche de la position qui lui convenait. Je forçai le lien entre lui et la nature autour de lui pour l'aider à sentir l'énergie terrestre et à s'y connecter. L'ouverture de son esprit était si faible, même dans la méditation, que je n'eus aucun mal à me dissimuler. Il ne devait voir qu'une boule de lumière blanche divine sans forme particulière ou, au maximum, à forme humaine.
Je n'avais qu'un seul message à lui faire passer.
PAS DE RITUELS. Sinon, tu te débrouilles avec ta merde.
________________________
NdlA : Mais que se passe-t-il ?!! Et que va-t-il encore se passer ?!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top