Chapitre 1

Le dossier était impossiblement fin. Il ne devait pas comporter plus de quelques pages. Je l'ouvris et le feuilletai rapidement. Juste les basiques. Rien qui ne concernait le pourquoi de cette mission.

- Tu as oublié le reste du dossier, je crois.

- Non, je n'ai rien oublié, me répondit Ariel. C'est tout ce que tu dois savoir. Apprends-le. Tu pars demain lorsque la nuit sera tombée.

Je compris que j'étais congédié. Ariel avait beau avoir un nom de princesse Disney, ce n'était pas un rigolo. Je l'avais appris à mes dépends. Aussi ne me fis-je pas prier pour quitter son bureau.

S'il y avait une chose à laquelle j'étais incapable de me faire, c'était l'architecture de ce bâtiment. Il était évident qu'il était ancien. J'étais incapable de lui donner un âge précis. Il ne ressemblait à rien de ce qui avait pu se faire dans l'architecture humaine.

L'enchaînement des couloirs était ce qui me perturbait le plus. J'étais prêt à jurer qu'ils changeaient constamment. Parfois, retrouver ma chambre était une épreuve. Si je me perdais, personne ne s'en rendrait compte puisque chaque couloir grouillait en permanence de personnels qui faisaient de leur mieux pour atteindre l'endroit qu'ils cherchaient sans se froisser les plumes. Je pouvais comprendre, ça faisait un mal de chien.

Il me fallut une heure pour réussir à gagner mes appartements. J'avais quelque peu triché en faisant appel à Rikbiel. C'était sûrement le seul à savoir se repérer sans mal. En même temps, c'était son boulot. Messire le Chef des Déplacement Céleste avait l'inconvénient d'être mon chef de dortoir. Ou plutôt mon Chef de Logement Alternatif Planifié. J'étais le seul à l'appeler le CLAP. Les autres avaient trop peur de lui pour ça.

Lorsque, enfin, je retrouvai ma chambre, il ne me restait plus qu'un quart d'heure pour me préparer au voyage. Ce n'était pas beaucoup. Certes, il y avait peu dans le dossier mais il me fallait le temps de le décortiquer avant d'avoir à chuter à travers la stratosphère pour m'occuper de mon tout premier protégé.

J'avais du mal à croire que j'en étais réellement arrivé à devenir le gardien d'un humain. Quand j'avais été tiré du lot par Ariel, j'avais cru à une erreur. Je n'étais pas fait pour protéger des gens Je n'avais déjà pas su me protéger moi-même...

Et pourtant, j'avais fait mes preuves et Ariel me laissait voler en solo. Restait à savoir s'il avait eu raison de faire ce choix. Au vu du dossier, ce ne devait pas être un cas important. Juste un idiot qui avait prié pour qu'on vienne l'aider face à un problème qui lui semblait insurmontable mais qui était gros comme une taupinière.

Je sortis la fiche d'identité du dossier et observai les photos. Totalement banal. Qu'est-ce que je disais ? Une touffe de cheveux blonds, un visage ovale marqué d'yeux bleus, d'un nez fin et d'une mâchoire à l'angle adouci. Une garde-robe de jeans, de t-shirt aux couleurs sombres et unis et de vestes en cuir avec le rare pull pour l'univers. Rien de tellement de particulier sur lui.

Je tournai mon attention vers la fiche en elle-même.


DECLAN BEAHAN

28

1122 Taivas Street

Whitewich, Arkansas

Père : Carl Beahan

Mère : Ella Dickins

Emploi : Blogueur sur DarknessUnsolved.com


Je survolai les détails sur son éducation. Je me moquais bien pas mal d'où il avait été à l'école ou de s'il avait été un bon élève. Je doutais que son problème ait quoi que ce soit à voir avec ses études.

L'un des paragraphes qui retint mon attention fut celui sur sa meilleure amie. Ava Schellscheidt. Elle avait le même âge que Declan et ils s'étaient connu dès leur plus tendre enfance. Leur amitié avait continué même lorsque Declan avait été à l'université dans un autre État. Ava, elle, n'avait pas cherché à poursuivre ses études. Elle avait préféré se faire embaucher dans une boutique de Whitewich connue pour accueillir sorcières, païens, satanistes et autres pratiquants de religions alternatives dont je n'avais jamais songé qu'elles pouvaient exister. Honnêtement, qui croyait encore au druidisme au vingt-et-unième siècle ?

Bref, Ava Schellscheidt était considérée comme une sorcière. Un siècle humain plus tôt, j'aurais eu du mal à y croire mais après, j'étais mort et j'avais atterri aux Cieux... Ça remettait tout en perspective, ce genre d'expérience. Si je pouvais me retrouver avec des ailes sans être un oiseau, cette fille pouvait être une sorcière.

Était-ce à cause de cette fille que j'allais devoir protéger ce Declan Beahan ? Était-il possible qu'une sorcière puisse faire appel aux Cieux ? N'était-ce pas contraire à tous les principes ? Je n'en avais pas la moindre idée. Les sorcières n'avaient pas été un sujet sur lequel mes cours s'étaient beaucoup attardés. Elles étaient censées avoir disparu. Comme la plupart des créatures qui avaient pu parcourir la Terre.

J'eus le temps de lire deux fois les trois feuilles qui concernaient Declan Beahan. Il n'y avait absolument rien qui pouvait me donner la moindre indication de ce qu'était mon rôle dans cette mission.

Ce devait être un test. Il ne pouvait en aller autrement. Ils m'avaient attribué ce type pour que je me débrouille et trouve ce qui clochait. Il était improbable que ça soit quelque chose d'important puisque c'était mon premier job.

Il y avait aussi le fait que Ariel n'avait aucune confiance en moi. Il n'allait jamais me donner une affaire correcte et digne d'attention dès le début. Non, il allait préférait les donner à des anciens ou aux plus prometteurs parmi les nouvelles recrues.

Toutefois, le manque d'informations était exagéré. Il n'y avait que des choses que n'importe qui pouvait compiler. De tous les cas sur lesquels j'avais travaillé, c'était le plus pauvre. Je pouvais travailler avec un manque d'informations mais là... C'était pire que tout. Il n'y avait aucune raison pour laquelle j'étais censé descendre. La seule explication que je pouvais donner était que cette Ava avait utilisé sa « magie » pour faire appel à un gardien pour son meilleur ami.

Si c'était le cas, quelle raison avait-elle de le faire ?

Quelque chose clochait dans cette affaire. Il y avait plus que ce que Ariel m'avait compilé dans ce dossier. Il devait y avoir plus. Quant au pourquoi ça n'était pas là... C'était un mystère que j'allais devoir élucider au contact de mon protégé. Il n'y avait pas d'autre moyen.

On frappa à ma porte et je reposai les papiers sur la table. C'étaitl 'heure pour moi de descendre. J'ouvris la porte et trouvai Rikbiel sur le seuil. Il ne me regarda pas, griffonnant quelque chose sur son calepin. Je lui emboîtai le pas après avoir verrouillé ma porte. C'était plus une habitude héritée de ma vie humaine qu'un acte nécessaire.

Rikbiel se dirigea parmi les dizaines de couloirs avec une aisance que je ne serais toujours pas capable d'imiter dans mille ans. Il arrivait à replier ses ailes de manière à ce qu'elles soient à peine atteignables dans son dos. Sans compter qu'il savait où il allait sans avoir le moindre doute.

Nous atteignîmes la salle des Descentes. Cette pièce me donnait de l'anxiété comme rien d'autre ne l'avait jamais fait auparavant. J'avais toujours été plutôt relax dans ma vie de tous les jours. Pourtant, dès que je mettais un pied dans cette pièce, j'étais à deux doigts de faire une crise de panique.

Les murs étaient trop lumineux, le sol était en verre avec un grand escalier du même matériau qui nous projetait droit vers la Terre à la vitesse d'un boulet de canon dès que Rikbiel l'activait, faisant disparaître les marches. C'était le seul moment où nous utilisions nos ailes pour voler. Enfin, elles nous empêchaient surtout de nous écraser. À part ça, elles étaient plus un encombrement qu'autre chose.

- Tu atterriras à quelques kilomètres de la ville, débita l'un des assistants de Ribkiel. Tu as l'adresse de ton protégé ?

- Oui.

- Bien. Il ne te reste plus qu'à y aller. Serre les jambes, rentre les ailes et n'oublie pas de plier les genoux à l'atterrissage.

Je hochai la tête et inspirai profondément. J'allais être malade. Ce n'était pas la première fois que je descendais. J'avais eu beaucoup de mal à atterrir correctement. Plusieurs fois, je m'étais brisé les jambes. J'avais dû recommencer à descendre encore et encore jusqu'à ce que je parvienne à atterrir sans rien me briser. C'était la première leçon et assurément la plus difficile.

Après un moment de flottement, je descendis quelques marches. Une prière m'échappa tandis que je chutais à toute vitesse droit vers la Terre.

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NdlA : voilà le premier chapitre de ma nouvelle histoire ! Qu'est-ce que vous en pensez ? Dites-moi tout ! Je suis curieuse d'avoir vos avis !

Je pense poster le lundi, le mercredi  et le vendredi. Ca vous va ?


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