Chapitre 50 : "Arrêtes de me mater"
Loving is easy - Rex Orange country feat Benny Sings
"Yeah, loving is easy
When everything's perfect
Please don't change a single little thing for me
Listen girl"
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Pdv Gabrielle
Jeudi 14 avril 2016
Ce ne fut que lorsque je posais le pied sur le sol américain que je réalisais que je l'avais vraiment fait. J'avais abandonné Lyla chez Diabi et Amanda, sa copine, pour me barrer dans ma ville natale avec Ken et les garçons. Enfin, les garçons moins Fram' et Doum's qui étaient restés coincés à la frontière. Mais qu'est-ce que j'ai fait pour avoir des amis pareils ?
- Prête ?
Je me tournais vers Ken qui a posé sa main sur ma hanche en souriant.
- Plus que jamais.
Il sourit de plus belle et m'embrasse. Ce baiser me rassénéra. Il avait le goût de l'aventure, de la joie, de l'Amérique, du soleil. Il avait le goût de l'amour.
- Wesh, j'vous préviens si vous passez votre temps à vous embrasser, je t'expédie en France direct Gabrielle, nous interrompit Hakim en passant à côté de nous.
- Tu sais c'est pas parce que t'es frustré que Lou ne soit pas là qu'il faut que tu nous en veuilles, ricana Ken, un sourire narquois aux lèvres.
Le majeur dressé du Cramé lui répondit, déclenchant nos rires.
- Tu vas voir Gabi, l'appart il est ouf, me dit Hugz en passant son bras autour de mes épaules.
Je l'aime bien Hugz. C'est tellement simple d'être avec lui. Il ne parle pas beaucoup, mais quand il le fait, tout le monde se tait. Et puis, on va pas se mentir, ce gars a un putain de talent.
- Vire tes salles pattes de ma meuf toi.
- Désolé gars, elle me préfère, faut que tu t'y fasses.
- En attendant, c'est dans mon lit qu'elle dormira ce soir, répondit Ken, un grand sourire aux lèvres.
- Ouais, bah si tu continues je dormirai effectivement dans ton lit, mais toi ce sera sur le canapé.
Son sourire se fane immédiatement et les gars éclatent de rire.
- T'oserais pas.
- J'vais m'gêner.
- Erreur de débutant Nek, rigola 2Zer. Ne jamais prendre une femme pour acquise. Surtout si c'est Gabrielle.
Je rigole et plante un bisou sur la joue mal rasé de mon grec.
- Allez, arrête de faire la gueule babe.
J'allais m'écarter de lui mais il attrape ma main et m'attire contre lui.
- T'as pas idée de ce que je vais te faire ce soir, me chuchota-t-il à l'oreille.
- On verra bien Nekfeu.
Son fidèle sourire en coin fit son grand retour pour mon plus grand plaisir. Qu'est-ce que j'aime cette fossette.
Mes lèvres s'étirent toutes seules quand on passe les portes de l'aéroport. Je suis de retour dans ma ville après plus de deux ans d'absence. Toute cette agitation qui m'entoure, le soleil déjà haut dans le ciel, les palmiers, les rues bondées. Tout ça fut mon quotidien avant que ma mère ne meure et quand je suis revenu après l'interlude en Inde. D'ailleurs ça me fait penser qu'il faut que j'appelle Dylan.
- Youhou, la Terre appelle Gabrielle.
Je reviens brutalement dans la réalité et souris à Théo qui se marre. Il m'indique le taxi ouvert qui n'attend plus que moi. Je grimpe sur les genoux de Ken parce que les gars ne veulent pas avoir à payer deux taxis. Je crois qu'ils n'ont pas vraiment réalisé, surtout Ken d'ailleurs, que maintenant ils peuvent se payer deux taxis sans problème.
Hakim est monté devant à côté du chauffeur et Hugz, Théo, Ken et moi nous nous sommes retrouvés collés à l'arrière. La main de Ken trace distraitement de légers cercles sur ma cuisse et je laisse tomber ma tête dans son cou. Curieusement, quand on est ensemble je n'ai plus aucun doute sur notre avenir. C'est dès qu'on est loin l'un de l'autre que je commence à douter. Sauf que Ken n'est jamais là.
Bref, je n'ai pas envie de penser à ça maintenant de toute manière. Là, je suis à Los Angeles, dans ma ville natale avec l'homme que j'aime et ses meilleurs amis. Il fait beau, il doit faire facilement 10 degrés de plus qu'à Paris. Clairement, rien ne peut m'atteindre.
Je colle mon nez à la vitre du taxi et l'excitation s'empare de moi. Il y a tellement de choses que j'ai envie de faire. À commencer par surfer. Et pour ça, j'ai besoin de Dylan.
- Ça va ?
Je souris de plus belle et plante une bise sur la joue de Ken qui rigole.
- Je suis trop heureuse d'être là, je dis dans un éclat de rire.
Et c'est vrai, je suis vraiment trop heureuse d'être là.
- Je vois ça. T'es plus fatiguée tout d'un coup.
- Non, non. On sort ce soir ?
- Wow, t'es malade, me demande Hugz. Je ne me rappelle même pas une fois où t'as proposé de sortir.
- Non mais pas en boîte. Vous êtes fou vous. Pour voir toutes ces meufs en chaleur se frotter à mon Kennou, non merci.
Le concerné lève les yeux au ciel et ses trois amis éclatent de rire.
- Zéro respect, grogne-t-il.
- T'es vexé, dis-je en me contorsionnant pour planter mes yeux dans les siens.
- Ouais.
La lueur amusée dans ses yeux me prouve le contraire, mais je joue le jeu. Je pose rapidement mes lèvres sur les siennes et hausse un sourcil.
- C'est mieux comme ça ?
- J'ai pas trop eu le temps de voir si tu veux tout savoir.
Je rigole et l'embrasse à pleine bouche, malgré les cris d'animaux des gars présents dans la voiture et le regard mi étonné mi amusé du conducteur.
- Plus sérieusement, ce soir, je vous emmène dans mon bar favori, ça vous va ?
Et c'est le retour des grandes exclamations, j'ai vraiment l'impression d'être dans une basse-cour.
Après encore une trentaine de minutes dans la circulation, le chauffeur se trouve difficilement une place devant un vieil immeuble.
- L'appart est au dernier étage, m'informe Ken. Y a cinq chambres mais on en a reconverti une en studio. Du coup tu dors avec moi.
- Étonnant ça dis-moi.
- Sale gosse.
On monte les escaliers difficilement avec toutes nos valises. Enfin, les gars avaient laissé la plupart de leurs fringues ici vu qu'ils étaient partis seulement pour quatre jours.
- Y a un balcon !
Je lâche mes affaires et cours vers le balcon. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un truc avec les balcons. Dans ma maison idéale, il y aurait des balcons à chaque fenêtre.
Mes yeux s'ouvrent en grand quand je m'aperçois qu'on peut voir l'océan. Je me rends compte alors d'à quel point cette ville m'avait manqué.
- T'apprécies la vue, demande Ken en s'accoudant à mes côtés.
- On peut voir l'océan, je murmure.
- Tu veux qu'on y aille ?
- Tout de suite ?
- Ouais ?
- C'est tentant, mais on ira demain. Faut que je range mon bordel.
Pendant quelques minutes on ne dit rien et le bruit de la ville en effervescence monte jusqu'à nous.
- Tu te souviens quand on s'était retrouvé sur le balcon à Chicago, dit-il soudainement.
- Évidemment. C'était après notre mémorable bataille de bouffe. Et on s'est endormi dans le canapé après, dis-je en rigolant légèrement.
- Je crois que j'ai vraiment commencé à tomber amoureux à ce moment-là.
Je m'étrangle avec ma salive. Comment peut-il me lâcher ça comme ça. Je n'étais pas prête moi.
- Ça va, me demande-t-il gentiment en posant une main sur mon épaule.
- Ça va... Pourquoi tu me dis ça ?
- Je sais pas, j'y pensais.
Il relève la tête vers le ciel et observe les nuages qui se teintent de rose avec le soir. Et je suis frappé par sa beauté. Je veux dire, Ken est un bel homme, et ce ne sont pas ses deux millions de groupies qui vont dire le contraire. Mais y a des moments où c'est particulièrement frappant. Et là, avec ses cheveux attachés à la va-vite en une mini queue de cheval derrière la tête et la lumière du soir qui fait briller ses yeux noisette, je le trouve encore plus beau que d'habitude.
- Arrête de me mater.
- T'es beau.
- Et toi t'es belle.
Il tourne son visage vers moi et m'attire dans ses bras. Je pose mon visage dans son cou et resserre mes bras autour de son torse.
- Je ne sais pas trop ce qu'il se passe entre nous en ce moment, je dis doucement. Mais je t'aime.
- Putain, moi aussi.
Je relève la tête et ses lèvres s'écrasent contre les miennes. Ses mains posées dans mon dos me maintiennent contre lui et je passe les miennes derrière sa nuque.
C'est fou comment avec seulement un baiser, il arrive à me faire ressentir des trucs. Je ne crois pas que ça me soit déjà arriver d'être amoureuse à ce point. Même avec Thomas.
- Nek quand t'auras fini d'aspirer l'âme de Gabi, tu viendras me voir s'te plaît, faut que je vous fasse écouter un truc.
Mon grec soupire en posant son front contre le mien. À ce moment, je maudis Hugz sur quarante générations.
- Le devoir t'appelles, dis-je en souriant malgré tout.
- C'est toi mon devoir.
- Qu'est-ce que t'as à être chou comme ça ce soir ?
- Ça te dérange ?
- J'aurai jamais cru dire ça un jour, mais absolument pas.
Il rigole en se détachant de moi et, tout en gardant ma main dans la sienne, retourne à l'intérieur. Il me guide vers le "studio" ou le reste de l'équipe est déjà là. Il s'assoit par terre et m'attire contre lui.
J'avoue que je suis surprise. Lui comme moi on n'est pas très fan des démonstrations d'affection exubérante. S'embrasser devant les autres c'est pas un problème, que je m'assois sur ses genoux non plus, mais depuis qu'on s'est revu à Paris et surtout depuis notre "dispute", il est collé à moi comme une moule à son rocher. Et autant il y a quelques mois ça m'aurait plus énervé qu'autre chose, autant là, bizarrement, je n'attend que ça.
Je vois bien que les gars sont autant surpris que moi, mais Hugz enchaîne rapidement en faisant écouter aux gars une prod qu'il a composé pendant le vol.
Je pose ma tête sur l'épaule de Ken et, bercé par la musique d'Hugz et le rap des garçons, je finis par m'endormir.
[...]
Lorsque je me réveille je ne suis plus dans le studio, mais dans un grand lit blanc. Je m'étire en baillant et cherche machinalement mon téléphone pour regarder l'heure. Je le trouve sur la table de nuit en train de charger. Il est un peu plus de neuf heures du soir, ce qui veut dire que j'ai dormi trois heures.
Je me lève et promène mon regard autour de moi. La chambre ne contient qu'un dressing et un bureau en plus du lit, mais a une salle de bain attenante. Et à ma plus grande joie, un balcon. Je souris en voyant ma valise par terre à côté de celle de Ken qui est grande ouverte, laissant dépasser de son ventre béant toutes ses fringues et ses chaussures, pire qu'une meuf. Quoique, le pire reste quand même Mohammed.
Un pull Don Dada qui traîne me fait de l'œil et je l'attrape pour l'enfiler par-dessus mon tee-shirt. Je porte le col à mon nez pour en sentir l'odeur et souris comme une débile. Je suis vraiment un putain de cliché.
Des éclats de rire se font entendre depuis la cuisine. J'y trouve les gars en train de disputer un match sur Fifa, des cartons de pizzas et des cadavres de bouteilles de bières autour d'eux.
- Gabrielle, tu tombes bien ! Viens voir ton mec se faire laminer, rigole Hakim en me voyant arriver.
- Ça m'intéresse.
Je m'approche d'eux, et effectivement Ken perd 3-0. Le match se termine sous nos rires et mon très cher copain rage en filant sa manette à Hugz qui me tend son joint le temps qu'il joue.
J'allais le porter à mes lèvres quand la voix de Ken retentit.
- T'as pas intérêt à faire ce que tu vas faire Gabrielle.
- Sinon quoi ?
- Je ne vais pas le dire à voix haute, Hugo pourrait être choqué, dit-il en ricanant.
- Tu sais, c'est pas parce que je ne vous ai jamais ramené de meufs que j'ai jamais niqué, répond le principal concerné, les yeux fixés sur la télé.
Ken lève les yeux au ciel et me prend le joint des mains avant de le passer à Mekra qui le coince entre ses lèvres.
- T'avais pas parlé d'un bar Gab', me demande celui-ci en recrachant une bouffée.
- Si, mais j'ai faim. Vous ne m'avez rien laissé ?
- Si, me dit Ken fièrement en me tendant une boite.
Je souris et ouvre la boite. Mais mon sourire se fane quand je me rends compte qu'il n'y a que deux parts.
- C'est tout ?
- Comment ça c'est tout ? J'ai dû me battre bec et ongles pour te garder ces deux parts alors un peu de considération serait appréciable, se plaint Ken, une main sur le cœur.
- Bon, ok, alors ce qu'on va faire, c'est que je mange mes deux parts de pizzas, je vais m'habiller et on bouge. J'en ai pour trois-quarts d'heures.
- Oui chef, me répond Théo en se mettant au garde-à-vous.
- Abruti, t'es en plein match, grogne Mekra et Hugz en profite pour marquer.
- Franchement, vous m'épuisez, mais vous êtes beaucoup trop drôles pour que je vous en veuille, dis-je en rigolant.
- Si je peux me permettre, quand on vous laisse ensemble avec Mo et Fram' c'est encore pire, intervient Hugo, les yeux toujours rivés sur l'écran.
- Je vais faire comme si je n'avais pas entendu, dis-je en retournant dans la chambre.
Pour une fois, j'ai un peu envie d'être belle et de ne pas juste être en jean et sweat XXL. Alors je farfouille dans toute ma valise jusqu'à trouver quelque chose de potable. Et puis, j'ai envie de fêter mon retour dans ma ville.
Je m'enferme dans la salle de bain pour n'en ressortir qu'une heure plus tard. J'ai sorti l'une des rares jupes qui font partit de ma garde-robe. Celle-là c'est Mo' qui me l'a offerte. Elle est toute simple, droite, en velours marron, et j'y ai rentré un pull en laine blanc. Je mets mon manteau et mes bottines et c'est bon. Je jette un dernier regard au reflet que me revoit le miroir. Je me suis maquillé aussi. C'est assez rare pour être précisé. Juste un peu de mascara, un trait d'eye-liner et du rouge à lèvres clair. J'avoue être assez contente du résultat.
Je me prends en photo pour l'envoyer à Mo'. Il est sept heures du matin à Paris mais pourtant je reçois presque immédiatement un emoji avec la tête qui explose et un autre avec des yeux en cœurs.
De Mo' :
T'es trop bonne, j'ai juré.
À Mo' :
Jamais dans l'excès.
De Mo' :
Y a de l'eau dans le gaz pour que tu te mettes en bombe comme ça ? Tu veux le rendre jaloux le fennec ?
Je souris en voyant son message. Sneazz est le plus grand partisan de notre couple à Ken est moi et s'inquiète tout le temps de notre potentielle séparation. En même temps, avoir deux de ses plus proches amis qui sortent ensemble ça oblige à prendre partit malheureusement.
À Mo' :
Pas du tout, on sort ce soir et je voulais en faire un peu plus que d'habitude, c'est tout.
De Mo' :
Vous sortez ?! Sans moi !
À Mo' :
Désolé Sneazzou, on aura le temps de se rattraper dimanche !
En effet, notre Maghrébin préféré nous rejoint dimanche, quant à moi, je pars vendredi prochain.
Je sors de la chambre et passe devant les garçons pour aller chercher mon sac qui est encore dans l'entrée, il me semble que j'ai des boucles d'oreilles dedans. Ne me demandez pas pourquoi, mon sac c'est la caverne d'Ali Baba. Mais j'ai l'impression que quelque chose cloche. Je relève la tête en fronçant les sourcils et je comprends alors ce qui me gênait. Il n'y aucun bruit. Et pour causes, les gars ont les yeux fixés sur moi, bouche-bée.
- Bah quoi, vous n'avez jamais vu une femme ?
- Pour être honnête, je n'étais pas sûr que t'en étais une, déclara Hugz.
Je levais les yeux au ciel et m'appuyant contre le mur. Je croise mes bras devant mon torse et hausse un sourcil.
- Bon, vous branlez quoi là ? Je suis prête moi, je vous attends là.
Ma remarque a le don de les faire réagir et ils se lèvent comme un seul homme.
- Vous sortez comme ça ?
- Depuis quand ça te gêne, rigole Hakim.
- Je me suis fait belle, vous pourriez faire un effort quand même ? Vous vous êtes changé depuis le vol au moins ?
Le regard gêné qu'ils me lancent me donne une réponse.
- Je suis vraiment votre daronne, c'est grave. Bon, tant pis, j'ai trop la dalle. On bouge ?
Ils acquiescent et on sort de l'appartement. Par un heureux hasard, ce dernier n'est qu'à une quinzaine de minutes de marches. La main de Ken vient se glisser dans la mienne pour me retenir en arrière alors que les garçons avancent en chahutant.
- T'es vraiment magnifique Atá. Et pas juste maintenant, t'es tout le temps belle.
Je sens mes joues rougir sous le compliment et fixe mes pieds. Il relève mon menton doucement et m'embrasse.
- Tu sais que je t'aime ?
- Je sais. Moi aussi.
Il sourit et on reprend notre marche pour arriver à la hauteur des garçons. Ma main dans celle de Ken, mes amis autour de moi, et les bruits de la ville de mon enfance nous entourant, je me sens complètement et pleinement heureuse. Et ça fait du bien.
~•~
Yo les cocorico ! (Pardon pour cette blague médiocre)
Un peu de douceur ça fait du bien, non ? Surtout un lundi...
Bonne chance à vous, à mercredi !
💙
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