Chapitre 44 : "On va vous aider"
Risible amour - Nekfeu
"Au début, ça vend du rêve mais seules les femmes savent endurer
Et chaque fois que ça compte, je n'arrive pas à être moi-même
D'où vient ce besoin de vouloir tout cacher ?"
______
Pdv Ken
Mercredi 02 mars 2016
Il était presque onze heures. Ça faisait deux heures et demi qu'on était réveillés avec Diab', Deen et Gabrielle. Tous entassés dans son horrible canapé. On attend Lyla. Gabrielle et Diabi discutent tranquillement, à croire que ça ne les atteint pas. Je sais qu'ils ont raison de ne pas trop s'inquiéter, ça ne sert à rien. Elle est avec Jehk', elle ne risque rien.
- Gros ?
Je me tourne vers Deen qui n'a pas prononcé un mot depuis qu'on attend. Il était perdu dans ses pensées et je connais trop bien ce sentiment pour l'en sortir. Alors, j'attendais juste qu'il se décide à m'en parler. Et apparemment, c'est le cas maintenant.
- Ouais ?
- Je crois j'ai fait de la de-mer samedi.
- Samedi ?
- Avec Lyla.
- T'as fait quoi.
- J'sais aps. On était dans le train et puis je lui ai dit que ce serait Max qui viendrait nous chercher. Et elle n'avait pas l'air paniqué du tout, tu vois ? Alors que y a genre trois semaines elle nous aurait fait une crise de panique. Déjà prendre le train c'était pas gagné.
- Et donc ?
- Bah, je sais pas. Je crois que j'avais trop l'habitude de devoir m'occuper d'elle et de l'aider à être en public. J'ai l'impression qu'elle a plus besoin de moi.
Je maîtrise tant bien que mal le sourire que je sens poindre et pose une main sur son épaule.
- J'suis ridicule hein ?
- Grave.
- Merci Nek'.
- De rien gros.
Et j'éclate de rire.
- Vas-y arrache ta gueule.
- Désolé, dis-je en rigolant. C'est juste que tu nous fais un p'tit syndrome du papa qui ne veut pas voir sa fifille grandir là.
- Tu crois, dit-il, un air dépité sur le visage.
Je rigole de plus belle et tapote son épaule. Il grogne et enlève ma main. Mon rire meurt dans ma gorge quand la porte de l'appart s'ouvre sur Lyla.
- Salut, murmure-t-elle.
Je me lève alors et ouvre les bras. Un air soulagé s'imprime sur son visage. Je la serre contre mon torse en caressant ses cheveux distraitement.
- Bah alors Lylouche ? T'as décidé de nous faire peur, dis-je doucement.
- Je suis désolée. Je ne voulais pas. C'est juste que je ne pouvais pas avoir cette discussion hier.
- Je comprends.
- C'est vrai ?
- Non, mais t'as une très bonne avocate.
Elle rigole et se détache de moi pour passer dans les bras de Gabrielle. Je tends mon poing à Max qui tape dedans.
- Merci de t'être occupé d'elle.
- T'inquiètes. C'est normal.
- Bon, intervient Deen. On peut discuter maintenant ?
Lyla grimace mais hoche la tête.
- J'vais vous laisser moi, dit Jehkyl. Lyla, tu m'appelles si t'as un problème d'ac ?
- Tu ne veux pas rester ?
- J'ai des trucs à faire, désoler.
Elle ferme les yeux une milliseconde avant de se lever.
- J'ai oublié un truc dans ta voiture. Je reviens, nous dit-elle en sortant de l'appart.
- À plus, nous lance Jehk' en la suivant.
On se regarde, un peu étonné par la scène.
- C'est moi où il y a un truc entre les deux, demande Gabrielle.
- Impossible, il a une meuf, répond Deen.
- Et Lyla est au courant ?
- S'il lui fait du mal, je lui pète la gueule, dis-je calmement.
- Toujours dans l'excès, grogne Gabrielle.
- Ouais, nan. Il a raison. S'il lui fait du mal, je lui tiendrai les mains pendant que Nek lui pète la gueule, acquiesce Deen.
- C'est pas censé être ton frère ?
- Vous êtes grave les mecs, rigole Diabi. S'il lui fait du mal, on sera là pour elle et puis c'est tout.
Je hausse les épaules. Personne ne touche à Lyla, c'est comme ça.
C'est à ce moment qu'elle repasse le seuil de la porte, le sourire aux lèvres. On se jette un regard entendu avec Deen. Y a clairement anguille sous roche.
- Bon, dit-elle en s'asseyant. Je vais vous expliquer, mais je ne veux qu'aucun de vous ne m'interrompe pendant que je parle. Je vous dis ce qu'il s'est passé et on en parle plus, basta. Capté ?
On acquiesce tous et elle soupire avant de nous raconter rapidement ce qu'il s'est passé. Je sens que je monte en pression au fur et à mesure qu'elle parle. Une petite main vient se glisser dans la mienne et je tourne la tête vers Gabrielle qui me fait les gros yeux. Ok, j'ai compris. Je vais me calmer et j'irai péter des trucs plus tard.
- Je vais l'encadrer Sneazz', grogne Deen.
- C'est pas sa faute.
- Qu'est-ce qu'on peut faire, demande Diabi.
Ce gars pose toujours les bonnes questions, c'est fou. En vrai, c'est grave le daron du groupe. On aurait déjà fait tellement de conneries s'il n'était pas là.
- Bah rien. Je retournerai en cours lundi avec ma stupide lettre d'excuse et puis on en parle plus.
- Mais, commence Gabrielle.
- Non, Gabi. J'ai encore trois mois à tirer dans ce lycée donc j'ai pas envie de taper un scandale.
- Comment ils ont su pour ton père ?
- J'en sais rien. Bon, moi j'ai un max de devoirs à faire et faut que je termine mes lettres pour les Facs.
- Tu veux de l'aide, je demande.
- Ah moins que tu t'y connaisses en loi Binomiale ou en école d'astronomie, je ne suis pas sûr que tu me sois d'une grande aide Ken, rigole-t-elle.
- T'es bien insolente toi ce matin.
Elle rigole et me tire la langue. Bon sang, mais elle vient de se faire renvoyer de son lycée pour plusieurs jours et on dirait que tout va bien.
- Moi je peux t'aider pour tes lettres si tu veux Nono, intervient Deen. J'en ai fait masse pour la Sorbone.
C'est vrai que de nous tous, il est le plus diplômé l'ancien.
Les deux disparaissent dans la chambre de Lyla et je soupire en me tournant vers Gabrielle. Elle hausse les épaules et fait la bise à Diabi qui doit nous laisser pur aller gérer, je ne sais pas quoi.
- Bon, dit-elle une fois qu'il est parti. J'imagine que le problème "Lyla" est réglé.
- T'es sûr ?
- Ken. Arrête de t'inquiéter et commence à lui faire confiance s'te plaît, sinon on ne va jamais s'en sortir. Elle est grande, c'est plus une enfant. Elle ne l'a jamais vraiment été.
Je me laisse tomber sur le canapé et attrape sa main pour l'attirer sur mes genoux.
- Tu sais que j'ai raison.
- Comme d'habitude, dis-je en enfouissant mon nez dans son cou. Comment tu vas toi ?
- Ça va.
- Et sans mentir ?
Elle soupire.
- C'est la merde. J'ai épluché toutes les solutions que j'avais, mais j'ai pas le choix. Je vais vraiment perdre ma librairie. J'ai la haine à un point, tu ne peux pas savoir.
- Je suis désolé Gabrielle.
- C'est pas ta faute.
- Ça ne m'empêche pas d'être désolé.
Elle laisse sa tête tomber contre la mienne en soupirant et j'embrasse sa main.
- Pourquoi tu nous avais rien dit de tes problèmes de thune ?
- Parce que c'est pas quelque chose dont on se vante.
- Atá, s'il y a bien des gens à qui tu peux parler de ça, c'est nous. On a tous connu la hess. Et puis on aurait pu t'aider.
- À quoi ça aurait servi ? Vous m'auriez passé de la thune, ok. Et après ? Je refuse de vivre au crochet de quelqu'un. C'est mort.
- Tu vas faire quoi ?
- J'ai postulé dans pleins de petits trucs, mais ça va être chaud dans les prochains mois. Surtout pour Lyla. Je savais que j'aurais pas du la laisser venir vivre ici.
- Eh... Atá, ça va aller ok ? On est là, on va vous aider.
- C'est ce que tu dis maintenant Ken.
- Arrête, on a déjà dit qu'on ne parlait pas du futur. Ça fait flipper donc on reste dans le présent. Pas de futur, pas de passé, que le présent.
Je pose mes mains sur mes joues et je sens mon cœur se compresser quand mon regard rencontre le siens. Elle est terrifiée. Gabrielle est terrifiée. Je crois que la seule fois où je l'ai vraiment vue avoir peur, c'est quand Lyla était à l'hôpital.
Elle rompt notre contact visuel et se lève pour aller dans la cuisine. Je la suis en silence. Elle se sert un verre d'eau et le bois doucement.
- Tu pars quand, me demande-t-elle.
- Où ?
- À L.A.
- On est le combien ?
- Le deux.
- Dans un peu moins de quatre semaines. Le 25.
Elle se passe une main sur le visage en soupirant. Je m'approche d'elle et pose mes mains sur ses hanches.
- On peut retarder notre départ, tu sais ? On partira après le procès.
- Non, faut que vous partiez. Vous avez un album à enregistrer et une date à honorer.
- Je sais ça, dis-je en reculant. Au pire, ils partent sans moi et je les rejoins après.
- Hors de question. Je t'empêcherai jamais d'accomplir ton rêve Ken.
- Mais si c'est moi qui le veux.
- Arrête. Je te connais. Je sais très bien que tu veux y aller. Même pire. T'as besoin d'y aller. Donc tu y vas, et puis c'est tout.
- J'aime pas quand t'as raison, je soupire.
- Pourtant ça arrive souvent.
- Je sais bien, je rigole. Tu penses que vous pourrez nous rejoindre à un moment ? Genre pendant les vacances de Lyla ?
- J'en sais rien. Je ne sais pas si elle voudra à cause du BAC, et puis moi faudra que je vois avec mon boss. Sachant que pour l'instant j'en ais pas.
- T'inquiètes pas.
- Comment tu veux que je fasse ça exactement ?
Sa voix tremble légèrement et je prends ses mains et les serres doucement.
- Ma vie entière part en couille Ken. Ma vie entière.
- Je te jure que ça va aller mieux. Ça finit toujours par aller mieux. J'en suis l'exemple parfait, tu ne crois pas ?
- Mouais.
Je la prends dans mes bras et lui embrasse le front.
- J'aime pas quand tu fais la tronche, je murmure dans ses cheveux. Mais quelque part ça me rassure.
Elle s'éloigne en haussant un sourcil.
- T'as l'air tellement heureuse tout le temps que parfois, je me demande si c'est pas juste un rôle.
- Tu sais qu'on a déjà eu cette conversation ?
- Quand ?
- Le jour de l'anniv de Mo'. Avant que je te dise pour... Pour Thomas.
Je l'avais oublié ce fils de pute. Je jure que s'il se retrouve devant moi, je le démonte.
- Ken, même si ma vie part en couilles, je préfère être souriante et tenter de voir les choses du bon côté plutôt que de m'enfermer dans mon malheur. J'avoue que j'ai du mal à être comme d'habitude en ce moment, je viens de perdre presque trois ans de travail alors ça fait chier, mais avec le temps ça ira mieux.
Encore une preuve qu'elle est trop bien pour moi cette fille. Si ça m'était arriver, je me serais barré à l'autre bout du monde en laissant tout le monde en plan. Mais elle, elle fait face.
- Ça va, me demande-t-elle.
- Je me demande juste ce que tu fous avec un névrosé comme moi...
- T'es pas autant névrosé que tu te plais à le croire.
- Ça, c'est ce que tu crois.
- Parle-moi alors.
- Je ne sais pas parler Gabrielle. Je sais juste écrire.
Elle affiche une petite moue attristée laissant apercevoir sa fossette. Je m'épuise. Je connais chaque millimètre de son visage à force de la regarder dormir.
- Les amoureux ?
On se tourne vers Deen qui sourit d'un air goguenard.
- T'as parlé avec Lyla, je demande.
- Ouais, merci gros.
- C'est rien.
- Bon, je bouge. On s'appelle ?
- À plus Deenou.
- Ta gueule Gabinette.
Cette dernière rigole sous mon air amusé.
- Tu restes manger avec nous, me demande-t-elle une fois que Deen a claqué la porte derrière lui.
- Non, désolé, faut que je bouge au stud. Je vais me faire allumer par les gars.
Elle m'embrasse rapidement et commence à sortir de quoi faire à manger tandis que je me dirige vers la chambre de Lyla.
- Lylouche, dis-je en entrant.
- Coucou, dit-elle sans relever les yeux de son bureau.
- Toujours dans tes maths ?
- Malheureusement. Quoique, à choisir je préfère mille fois ça à la philo.
- Pas moi, je grimace.
- Tu ne m'apprends pas grand chose.
- Je vais bouger au stud. Tu voudras passer nous voir cet aprèm ? On pourra aller marcher un peu, ça fait longtemps.
Elle grimace et me jette un regard désolé.
- Je vais voir Max cette aprèm, désolé.
- Je vois... T'es sûr qu'il se passe rien entre vous ?
- Bah oui. Pourquoi il se passerait quelque chose ?
- Je ne sais pas, à toi de me le dire.
- Il se passe rien, dit-elle en se concentrant sur sa feuille remplie de trucs incompréhensibles.
- S'il se passe un truc, tu me le diras hein ?
- Bon ! T'es lourd là Ken !
Je rigole et passe ma main dans ses cheveux sous ses grognements.
- C'est parce que je t'aime triple andouille.
- C'est toi la triple andouille.
- D'après qui ?
- Gabrielle, chantonne-t-elle.
- Vas-y, c'est pas juste, vous vous liguez contre moi, je râle.
- C'est la vie Kennou.
- Stop ! Puisque c'est comme ça, je m'en vais, dis-je en me levant.
Elle rigole et se lève avant de se coller contre moi.
- Moi aussi, je t'aime. Si tu veux, on passe la journée ensemble demain.
- On fait comme ça. Dix heures au stud' ?
- D'ac.
Je plante un bisou sur son front et lui souhaite bonne chance pour ses devoirs. Je passe dans la cuisine embrasser Gabrielle puis file au stud'. Je vais me faire démonter.
Effectivement quand je passe la porte en lançant un bonjour général, je me prends le regard accusateur d'Hakim dans la gueule.
- T'étais où ?
- Chez Gabrielle, désolé maman.
Fram et 2Zer éclate de rire et me checkent. En plus, d'où il parle ? Il le savait très bien vu qu'il était avec nous hier au lycée.
- Comment elle va la tipeu ?
- Bien, elle a tapé le mec parce qu'il la faisait chier avec nous et son père.
- Bien fait pour sa gueule, ricane Fram'.
- Comment il savait qu'elle vous connaissait, demande Hugz.
- Mo' et ses snaps.
- Le p'tit con.
- Ouais, faut qu'on lui dise de faire gaffe.
- Bah il débarque dans vingt minutes, tu vas pouvoir lui dire.
Et vingt minutes plus tard notre Marocain préféré débarque en gueulant que vendredi y a grosse soirée avec tout le monde chez lui.
- Calme toi Sneazzy West. À ce que je sais, t'habites toujours avec moi. M'en parler, ça ne t'est jamais venu à l'idée, je lui demande en soupirant.
- Ah, mais gros, c'est bon, t'es tout le temps chez Gab', je prends mes aises t'as capté ?
Les gars se foutent de ma gueule en me traitent de canards et je rigole.
- Traitez-moi de canard autant que vous voulez, en attendant je suis le seul qu'à une meuf avec Théo.
- D'ailleurs, en parlant de ça, intervient Sneazz'. Il en est où Hak's l'éventreur avec notre loukoum national ?
- Me cassez pas les couilles, grogne l'intéressé.
- Pourquoi, c'est elle qui s'en charge ? demande son frère et on éclate de rire tandis que Mekra se cache derrière sa casquette.
- Vous ne deviez pas engueuler Sneazz' pour ses snaps, demande-t-il.
- Ah ouais, c'est vrai. Mo', faut que tu te calmes sur les snaps où on voit Lyla. Elle s'est fait emmerder au lycée.
- Oh merde. Désolé. Je vais faire gaffe.
- Quand il va avoir un gosse ça va être quelque chose lui, ricane Hugz.
- Putain, vous êtes en forme aujourd'hui, se marre Théo.
- Bon, aller. On arrête les conneries. J'ai un truc à vous faire écouter.
On se tait pour écouter la prod de Hugz, qui, comme d'hab, nous met une grosse claque. Je sens qu'on va rester en studio jusqu'à demain.
~•~
Yo les matelots ! Comment vous allez ?
J'ai pas grand chose à dire aujourd'hui mais bref ! Bisous sur votre mollet gauche (oui c'est de la discrimination pour le mollet droit).
💙
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