Chapitre 43 : "J'vais te goumer si on se fait prendre"

Galatée - Nekfeu

"Ton sourire énervé j'le connais par cœur 
Alors on escaladera des grilles, on ira dans un parc"

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Pdv Lyla

Mardi 01 mars 2016

- Lyla ?

Je détourne mon regard de la route qui défilait par la fenêtre et lève les yeux vers Max qui conduit en me jetant de petits regards.

- Tu comptes m'expliquer ?

- Je suis obligé ?

- Non, non évidemment. Je te force à rien, je sais que c'est chiant quand les gens veulent absolument que tu parles.

Je souffle un coup. C'est bizarre, mais le fait qu'il ne m'oblige pas à parler me donne envie de la faire. Je lui fais part de mon point de vue et il sourit doucement.

- C'est ce qu'on appelle la confiance, rigole-t-il.

Ah oui, la confiance, évidemment.

- On va où ?

- Chez oim. Mon coloc est chez ses parents pour deux semaines, on sera tranquille et il pourra pas te faire chier.

Le silence s'installe entre nous et je repose mon regard sur les voitures qui défilent à côté de nous quand il pose sa main chaude sur la mienne et la sert doucement. Je me tourne vers lui. Il a les yeux fixés sur la route et sourit doucement. Alors je retourne ma main pour serrer la sienne. Il finit par la lâcher pour changer les vitesses et il fait soudain plus froid.

- On est arrivé, dit-il une dizaine de minutes plus tard.

Je sors de la voiture et récupère mon sac de cours. Je le suis dans un immeuble et il ouvre une porte au cinquième étage.

- Après vous, madame, dit-il en rigolant.

- Merci très cher.

On rigole et j'enlève mes chaussures et le laisse me faire une visite rapide de l'appartement. Deux chambres, une salle de bains, et une cuisine ouverte sur le salon.

- Tu veux boire quelque chose ?

- T'aurais du thé ?

- Oula, j'en sais rien, dit-il en fouillant dans ses placards. Ah ! Infusion de verveine. Ça te va ?

- Parfait.

Il nous sert une tisane à chacun et me rejoint sur le canapé.

- T'étais pas obligé de prendre pareil que moi, dis-je en fixant mes pieds.

- Bah, ça doit faire cinq ans que j'ai pas bu de tisane alors je me suis dit pourquoi pas, rigole-t-il. Et puis, il fait froid.

- C'est clair, dis-je en soufflant sur ma tasse avant d'avaler une gorgée du liquide brûlant.

- En même temps, t'as vu comment t'es habillé, dit-il en me détaillant de haut en bas.

Je regarde ma tenue. Une jupe avec des collants épais, de grandes chaussettes qui me remontent jusqu'aux genoux et un pull rentré dans ma jupe. Bref, rien de dramatique.

- Meuf, c'est pas encore l'été, tu sais ?

- Bah ouais, mais on est plus en janvier.

- Attends, bouge pas, je vais te filer un truc parce que tu me fais trop pitié avec ton pull qui fait deux millimètres.

Sur ces mots, il se lève et disparaît dans sa chambre pour revenir avec un sweat qu'il me tend.

- Allez, enfile moi ça. Je lui tire la langue et enfile son sweat, qui effectivement est bien plus chaud que mon petit pull.

On discute alors un peu de ses projets dans le rap, de mes demandes de Facs ou d'Écoles, des cours qui me soûlent, de son frère qui le soule. Bref, de tout sauf de ce que j'ai envie de parler.

- Bon, on va tourner autour du pot longtemps encore, finit-il par me demander alors que cela faisait déjà plus d'une heure qu'on discutait.

- Je sais pas par où commencer.

- Peut être par le début.

- T'es con, je rigole.

- Juste un peu.

- Bon, alors. Cette aprèm, pendant la récréation j'étais tranquille en train de lire un livre quand des gars de ma classe est venu me demander si je connaissais vraiment les gars de L'entourage et Nekfeu parce qu'ils m'avaient vue dans une story de Sneazz'. J'ai évidemment tout nié en bloc. Ici, Nek et les gars de 1995 sont connus comme le loup blanc vue qu'ils y étaient en cours. Alors, j'avais que très peu envie d'être catalogué comme "la meuf qui connaît Nekfeu et L'entourage".

- Chose que je comprends totalement, acquiesce Jehk'.

- Sauf que ces cons ont insisté. Il y a quelque chose que tu ne sais pas, dis-je en jouant avec mes doigts. J'ai pas vraiment envie d'entrer dans les détails, mais, en gros, quand j'ai rencontré les gars, j'avais un gros problème avec les hommes en général. Maintenant ça va mieux. Surtout grâce à Ken et ton frère en fait. Mais, même si je vais vraiment beaucoup mieux et que je supporte complètement le contact des hommes, me faire encercler par une bande de cinq mecs de 17 ans complétement perchés et qui puent la clope à pleins nez, c'est quand même pas ouf.

La main de Max vient prend la mienne et je ferme les yeux pour continuer.

- Donc, j'ai commencé à paniquer. Je me suis levé parce que je voulais partir sauf que y en a un qui m'a attrapé le bras et...

Je le revois, sa main agrippée autour de mon bras et son grand sourire sur son visage. Je l'entends me redire ces choses horribles. Comme quoi je ne suis qu'une gosse de riche, qu'il faut que je me détende. Et puis, surtout, que c'est pas étonnant que mon père me frappait parce que ça doit être trop chiant d'avoir une fille comme moi.

- Lyla ?

La voix de Maxime me ramène au présent.

- T'es pas obligé de continuer, tu sais ?

- J'ai fini, il m'a dit des trucs pas super ouf et, j'ai juste disjoncté. Je suis super stressé en ce moment avec les cours, les problèmes de Gabrielle, mes problèmes, et j'ai juste...

- Tu lui as foutu ton poing dans la gueule ?

Je hoche la tête en fixant mes pieds. Sa main quitte la mienne et je l'entends avec stupeur se mettre à rigoler.

- Tu trouves ça drôle, je marmonne.

- Non, non, désolé. Je suis désolé, Lyla, dit-il en attrapant mes mains. C'est juste que j'étais en train de me dire que j'aurais aimé être là pour lui en mettre une à ce p'tit con, mais en fait tu te démerde très bien toute seule.

Je le regarde en fronçant les sourcils. Où est-ce qu'il veut en venir ? Il écarte une mèche de cheveux qui était tombé devant mes yeux et me regarde dans les yeux.

- T'es vraiment incroyable Lyla, souffle-t-il.

Mayday mayday. Je crois que mon cœur s'est emballé un peu trop vite. Ça ne va pas du tout là. Je reprends rapidement contrôle de mon corps et m'écarte de lui.

- J'ai une question, dit-il.

- Oui ?

- Pourquoi tu m'as envoyé ce message ?

C'est une très bonne question. Quand j'ai compris que j'étais vraiment dans la merde, j'ai envoyé des messages aux gars et à Gabi et après, j'ai réfléchi. C'était sûr qu'ils allaient me faire chier. Et j'avais vraiment pas envie. Alors j'ai fait le tour de mon répertoire dans l'espoir de trouver une personne qui ne me poserait pas de question.

- Parce que tu n'allais pas me faire chier.

- C'est vrai.

Un ange passe et il reprend la parole.

- Tu veux faire quoi alors ?

- Je ne sais pas.

- Il est déjà plus de dix-huit heures.

Je me tords les mains. Je sais que je vais devoir discuter avec Ken et Gabrielle. Mais j'ai vraiment pas envie. Rien que l'idée de voir la déception dans leurs yeux me donne envie de gerber. C'est dommage parce que depuis Toulon, je vomis presque plus. Mais d'un autre côté, je ne vais pas pouvoir rester ici vingt ans. Je sais pas du tout ce que je dois faire. Enfin, si. Il faut que je rentre. De toute manière, je ne vois pas quelle autre solution j'ai.

- Tu veux rester ici ce soir, me demande subitement Max.

- Non, t'embêtes pas. Je vais rentrer, dis-je résigné.

- Ça ne m'embête pas si je te propose.

- T'es sûr ?

- Mais oui. Je risque juste de me faire défoncer par Ken et mon frère, rigole-t-il.

- Ouais, euh, désolé pour ça, je grimace.

- T'inquiètes, par contre, tu m'es redevable à vie. Tu te rends compte que je risque ma vie seulement pour tes beaux yeux, dit-il, une main sur le cœur, un air faussement choqué sur le visage.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise, je les fais tous tomber, dis-je en me laissant tomber contre le dossier du canapé dramatiquement.

Il se lève en rigolant et attrape son téléphone sur la table basse.

- Tu les appelles où je le fais ?

- Si tu les appelles toi, ils vont encore plus être chiant.

- T'as pas rallumé ton téléphone encore ?

Je secoue la tête. Je l'ai éteint quand je suis rentré dans sa voiture.

- Appelle les avec le mien alors.

Je cherche le numéro de Deen dans le répertoire et appuie sur la petite icône verte.

- Jehk', je te jure, je vais te défoncer tes grands morts, menace Deen en décrochant.

Je lève les yeux au ciel tandis que Max rigole silencieusement.

- C'est Lyla.

- Nono ?

Sa voix s'est subitement calmée.

- Oui.

- T'es encore avec mon glandu de frère.

- Oui.

- Tu rentres ?

- Non.

- Comment ça non ?

- Non. Je reste chez lui ce soir.

- Hors de question.

Je soupire. J'entends alors du bruit derrière lui et l'entend expliquer à je ne sais qui que je vais rester chez l'autre con.

- C'est l'amour fou entre vous dis-donc, j'ironise à l'adresse de Max.

- T'imagine même pas, rigole-t-il.

- Lylouche ?

- Gab'.

- Pourquoi tu ne veux pas rentrer ?

- Parce que j'ai mes raisons. Je reviens demain vous inquiétez pas. Et puis, je suis avec Max, je ne risque rien.

- Je ne sais pas. Je ne le connais pas Lyla.

- Honnêtement, je m'en fous Gabrielle. Je suis désolé, mais je n'ai absolument pas envie d'avoir cette discussion maintenant. Alors je reste dormir chez Max parce qu'il me l'a proposé et je rentre demain.

Je l'entends soupirer et parler aux gars derrière elle. De toute manière, je sais que si j'ai Gabi de mon côté, j'ai gagné.

- Lyla ? Demande Ken en prenant le téléphone à son tour.

- Désolé Ken, on se voit demain.

- Je suis désolé pour tout à l'heure.

Ok, pour le coup, je ne m'attendais pas à ça.

- J'ai fait de la merde et je me suis comporté comme un con. Prends le temps qu'il te faut, je t'aime.

- Moi aussi, je murmure du bout des lèvres.

- Lyla, tu me passes Maxime s'il te plaît, reprend Gabrielle.

- Ouais.

Ce dernier prend le téléphone et sort sur le balcon pour discuter avec ma sœur. Il revient trois minutes plus tard et me tend sa main. Je l'attrape et il m'aide à me lever avant de me prendre doucement dans ses bras. Je me crispe un peu au début, mais me calme rapidement et répond à son étreinte. Il s'éloigne et je hausse un sourcil.

- C'était pour quoi ça ?

- Parce que t'es pas toute seule.

Il sourit et je sens mon cœur fondre. Attendez, quoi ? Comment ça mon cœur fond ? Ah non. Non, non, non. Ça ne va pas du tout là.

- Ça va, me demande-t-il. T'es toute blanche.

- Euh, ouais, ouais. Faut que j'aille aux toilettes.

Je m'écarte de lui et referme la porte de la salle de bain derrière moi.

Merde. C'est vraiment le mauvais plan d'avoir un crush sur Max. Mais vraiment, vraiment le mauvais plan. En même temps, comment pourrais-je ne pas crusher sur lui ? Le gars est beau, gentil, intelligent. Il ne m'a même pas poser de question et s'est contenté de venir me chercher quand je lui ai demandé. Mais Deen va me ter s'il l'apprend. Pourquoi j'ai accepté de rester ici ce soir ?

- Lyla, dit Max en toquant contre la porte. T'es sûr que ça va ?

- Oui, t'inquiètes pas. J'arrive.

Je me passe de l'eau sur le visage et tire la chasse avant de me reconstruire un sourire potable et de sortir. Il est appuyé contre le mur, les bras croisés sur son torse.

- Tu veux qu'on mange dehors ce soir, me demande-t-il.

- Oui, pourquoi pas, je souris.

- Tu me fais confiance ?

- Bien sûr.

- Ok, alors on bouge, dit-il en me faisant un clin.

Je remets mes bottines en grimaçant. Je sens que je ne vais pas assumer mes talons quand on devra rentrer.

On sort dans l'air froid de Paris et je frissonne.

- Alors, madame "Je me met en robe en hiver", ça va ?

- Très bien. Je ne sens même pas le froid, dis-je en gardant la tête haute.

- Je ne comprendrais jamais les femmes, marmonne Max.

- Moi non plus.

- Idiote.

Mon rire meurt dans ma gorge quand il passe son bras autour de mes épaules. Il ne semble pas remarquer ma gène puisqu'il marche sans faire aucune remarque. On ne marche que quelques minutes avant d'arriver devant un simple kebab.

- T'es sérieux ? Je m'attendais à un truc de fou avec ton "Tu me fais confiance ?", dis-je en levant les yeux au ciel.

Il est mort de rire et m'attrape par la main pour m'entraîner dans le kebab.

- Yo Chef, salue-t-il l'homme derrière le comptoir.

- Max ! Quoi de neuf ?

- La routine gars.

- Et c'est qui la charmante demoiselle derrière toi ?

- C'est Lyla, tu fais une remarque et je ne reviens plus jamais ici.

- Tu parles. T'aimes trop mes grecs pour arrêter de venir.

- Ne me sous-estime pas.

Les deux se marrent et je rigole doucement.

- Bon, comme d'hab pour toi Max ?

- Ouaip.

- Et la miss ? Elle prend quoi ?

- Euh, comme Max.

Je suis encore trop une débutante en matière de kebab pour lui dire ce que je veux.

- À emporter ?

Max se tourne vers moi et m'interroge du regard. Je hausse les épaules. Au point où j'en suis, je n'en ai un peu rien à faire d'avoir froid en mangeant dehors.

Il paye malgré mes nombreuses protestations et me reprend la main après avoir salué le chef. On marche un peu avant d'arriver devant les grilles d'un parc.

- On y va ?

- C'est fermé.

- Et ?

- Je suis en jupe.

- Je regarde pas.

- Vous êtes pas possible. Nek aussi m'a déjà fait le coup. Y a des bancs absolument partout dans Paris et il faut absolument que vous alliez dans les parcs, dis-je en levant les yeux au ciel.

- C'est le goût de l'aventure.

- J'vais te goumer si on se fait prendre, je marmonne.

- C'est bon alors ?

- Ouais.

- Yes ! Allez vient, là-bas la grille n'est pas haute.

- Parce que t'es habitué en plus ?

- Chut, chuchote-t-il en me faisant un clin d'œil.

Je soupire et le suis. On escalade rapidement la grille qui, effectivement, est petite. On s'assoit alors sur un banc sous un arbre. Il sort nos kebabs et me tend le mien. J'écarquille devant la taille du truc. Il me faudrait trois jours pour en venir à bout. Max étend ses jambes devant lui et prend une bouchée monstrueuse.

- Ah ! Le bonheur !

- Décidément, vous avez un problème avec la bouffe les frères Castelle.

- Meuf, t'as goûté la bouffe de notre mère, comment tu peux ne pas comprendre ?

- T'as pas tort, je rigole.

On mange en silence et je profite de cet instant de calme. Au final, il a fini mon kebab parce que c'était vraiment trop copieux pour moi. Je frissonne. Il fait vraiment beaucoup trop froid. Je n'aurai peut-être pas dû mettre ma jupe finalement.

- T'as froid ?

- Non.

Il rigole et passe son bras autour de mes épaules pour me coller contre lui. Je sens les battements de mon cœur s'emballer.

- T'es vraiment pas comme les autres Lyla, murmure-t-il, le nez dans mes cheveux.

- Pourquoi ?

- J'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi, c'est tout.

Je relève la tête vers lui. Il tourne les yeux vers moi et me fixe. L'intensité de son regard me déstabilise alors je rebaisse la tête, mais il passe son doigt sous mon menton pour que je le regarde.

- J'ai un problème Lyla, murmure-t-il. J'ai vachement envie de t'embrasser, mais si je fais ça mon frère et Ken vont me tomber dessus.

Attendez, j'ai mal entendu là hein ?

- Je ne pense pas qu'ils aient leurs mots à dire sur ce que je fais, je dis sur le même ton.

Je vais regretter ce que je viens de dire.

- Tu penses, dit-il en souriant.

Il passe sa main sur ma joue et je ferme les yeux. Et il pose enfin ses lèvres sur les miennes.  

~•~

Yaphaaaaeeee !

Alooors ??? Je sais que vous étiez approximativement 6000 à avoir capté ce qui se tramait entre les deux (en même temps la discretion n'étais pas franchement présente). Mais du coup ? Ça c'est passé comme vous l'espériez ? 

Attention c'est l'instant anecdote : Je me lève comme d'hab un lundi matin à 6h parce que je commence à 8h, je vais sur mon ordi pour vous poster le chapitre et là, qu'est-ce que je vois ??? Ma prof d'espagnol (déjà la matière de l'enfer j'y comprend que tchi) n'est pas là et je commence à 9h !!!!! Donc maintenant que je suis réveillé je vais aller au lycée pour reviser mon controle de maths (prenez pas spé maths bandes de fou). 

Bref, la bisette mes cacahuètes !

💙

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