Chapitre 42 : "Je connais ma sœur"

Rêve d'avoir des rêves - Nekfeu

"Dis moi que fais l'école à part te dompter 
Ils te diront que j'suis naïf quand je parle de bonté"

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Pdv Gabrielle

Mardi 01 mars 2016

Je crois que j'ai perdu un poumon. Quand on a vu les messages des gars et de Lyla on n'a même pas réfléchi et on s'est empressé de fermer la librairie, de toute façon ça fait bien longtemps qu'il n'y a plus grand monde qui vient, et on s'est précipité jusqu'au lycée de ma petite sœur. Je ne comprends pas comment Ken fait pour courir aussi vite avec tout ce qu'il fumait avant et surtout, avec tout ce que les gars fument quand ils sont en studio. Du coup, j'ai perdu un poumon. Bah, c'est pas si grave, il m'en reste un deuxième.

Quand on arrive devant le lycée, on trouve Hakim, Fram', Diabi et Deen, leurs capuches sur la tête pour qu'on ne les reconnaisse pas. Enfin, sauf pour Diabi qui n'a pas ce problème. C'est d'ailleurs lui qui vient vers nous. L'air sombre sur son visage ne présage rien de bon.

- Diab', il se passe quoi, demande Ken, toujours sa main dans la mienne.

- J'ai pas bien compris, mais apparemment Lyla se serait battu.

Je hausse un sourcil. Lyla ? Se battre ? Je ne sais pas qui a eu l'idée de faire cette blague stupide, mais c'est pas drôle. Lyla ne ferait pas de mal à une mouche.

- Tu t'fous de moi ?

Apparemment, Ken a eu la même réaction que moi.

- Le lycée m'a appelé parce qu'ils n'arrivaient pas à vous joindre tous les deux.

J'ai une pensée pour mon téléphone que j'ai oublié ce matin sur la table de la cuisine.

- Ils ont ton numéro ?

- Ouais, on avait mis les vôtres et le mien sur la fiche.

- Bah alors, qu'est-ce qu'on attend, je demande.

- Vous, intervient Hakim. Vous foutiez quoi, grogne-t-il.

- Rien, dis-je en rougissant.

- Rien avec ou sans vêtement, glisse Idriss, hilare.

- Ferme ta gueule toi, coupe Ken. C'est pas le moment. On doit y aller que tous les trois ?

- J'en sais rien, répond Diabi. Probablement.

- Vous nous attendez là, je demande aux gars qui hochent la tête.

On pénètre donc dans le lycée. Ken a toujours sa capuche sur la tête et les yeux fixés sur ses pieds. S'il se fait repérer on est mort. J'imagine déjà les gros titres demain. Diabi va se renseigner et un pion nous emmène dans le bureau du proviseur où se trouve déjà Lyla. Nous entrons et le proviseur se lève pour nous serrer la main. Il nous salue et nous invite à nous asseoir. Je m'assois à côté de Lyla et vérifie si elle n'a rien. Elle garde ses yeux fixés sur ses chaussures et ses mains sont crispées sur ses genoux.

- Lyla, tu vas bien, je demande.

Elle marmonne un "oui" à peine audible et on se regarde en fronçant les sourcils avec Ken et Diabi.

- Bon, si je vous ai appelé, c'est parce que mademoiselle Bouchard ici présente à eu un léger différent avec un de ses camarades.

- Un léger différent, reprend Diabi.

- Oui, elle n'a pas voulu nous expliquer concrètement ce qu'il s'est passé pour en venir là mais, elle a donné un coup de poing à un garçon de sa classe.

Je sens Ken se tendre à côté de moi et j'attrape sa main pour éviter qu'il tape un scandale.

- C'est vrai Lyla, je demande en me tournant vers ma sœur.

- Oui, murmure-t-elle.

- Je me vois dans l'obligation de la sanctionner. Je ne tolère pas la violence dans mon établissement, reprend le proviseur.

Cet homme bedonnant et chauve ne m'inspire aucune confiance.

- Et le gars qu'elle a frappé, intervient Ken. Il aura rien ?

- Euh, et bien, je ne vois pas pourquoi on devrait punir la victime Monsieur Samaras.

- Sauf votre respect, Monsieur, dit-il en insistant ironiquement sur le "monsieur". Je connais ma sœur. Si elle a tapé ce mec, c'est pour une raison.

- Je suis d'accord, intervient Diabi. Jamais elle n'aurait fait de mal à quelqu'un dans le seul but de lui faire du mal.

- Et bien, si Lyla pouvait nous éclaircir sur ce point peut-être pourrions nous avancer. Mais elle refuse de prononcer un mot depuis que c'est arrivé. Comprenez que je ne peux pas rien faire sous prétexte qu'elle "ne ferait de mal à personne habituellement".

- Lyla, dis-je en me tournant vers elle. Il faut que tu nous dises ce qu'il s'est passé. Je sais bien que ce n'est pas de ta faute tout ça. Mais faut que tu nous en dises un peu plus.

Elle se mord la lèvre et tourne la tête vers la fenêtre. Je me tourne vers Ken, interdite. Il fronce les sourcils et se lève pour s'accroupir devant la chaise de Lyla.

- Lyla ? T'es sûr qu'il n'y a rien que tu puisses nous dire ? Tu sais que je déteste les injustices, et ce qui est en train de se passer, s'en est une énorme.

Il passe un doigt sur sa joue et soulève son menton pour qu'elle le regarde, mais elle ferme les yeux. Il se relève et serre son épaule. Il reste debout, derrière Lyla et se re concentre sur le proviseur qui commence à nous expliquer que Lyla va être exclu pendant trois jours et qu'elle va devoir faire une lettre d'excuse pour le gamin qu'elle a frappé. Il nous rappelle que la violence est inexcusable et qu'il est très déçu de l'attitude de Lyla. Surtout qu'elle est un élément moteur de sa classe et blablabla. Je fulmine. Il ne cherche même pas à comprendre ce qu'il s'est passé. Franchement, c'est trop con.

- Bien, sur ce, j'espère à ne pas avoir à vous revoir. Je vous souhaite une bonne journée.

- De même, je grogne.

On sort du bureau et je tente d'attraper la main de Lyla, mais elle file devant sans nous laisser le temps de discuter. Son sac sur une épaule, elle trace jusqu'à la sortie où les garçons sont en pleine discussion avec un mec que je ne connais pas. Quand l'inconnu nous aperçois, il se dirige directement vers Lyla et lui demande ce qu'il s'est passé.

- J'ai pas envie de parler Max, marmonne-t-elle.

- On bouge ?

- Ouais.

Sous nos yeux ébahis, il prend le sac de Lyla qu'elle avait posé à ses pieds et se dirige vers sa voiture.

- Oh, vous foutez quoi là, demande Deen.

- C'est pas ton problème, dit Lyla d'une voix froide.

- Pardon ?!

- On y va, Max, elle reprend.

Ce dernier semble ne pas comprendre la situation et ses yeux alternent entre nous et Lyla.

- Max, dit-elle avec impatience.

- Attends, tu ne vas pas te barrer comme ça Lyla, gronde Ken qui semble avoir de plus en plus de mal à rester calme depuis qu'on est entré dans ce foutu bureau.

- Si, dit-elle calmement.

- Lyla, si tu te barres avec lui, je vais, commence Ken.

- Tu vas quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire ? T'es pas mon père Ken, fous moi la paix un peu.

- Max, si tu la laisses monter dans cette voiture, j'te démonte, menace Deen.

- Désolé frère.

Et en deux secondes, il a balancé le sac à l'arrière, Lyla est montée à l'avant et il a démarré.

On se regarde avec stupeur le temps que l'information parvienne à notre cerveau.

- Putain ! gueule Ken.

- Mais c'était qui ce mec, je demande tandis que Ken s'est mis à faire les cent pas.

- Mon frère, grogne Deen, Maxime, ou Jehkyl.

- Je vais m'le faire, siffle Ken.

- Tu vas rien faire du tout, dis-je en passant ma main derrière son cou. Oh, Ken, regarde-moi.

Ses yeux furibonds se fixent dans les miens et je tressaille face à la fureur que j'y lis.

- Ça va aller. Si c'est le frère de Deen, elle ne risque rien.

Il ferme les yeux et dépose son front contre le mien en soupirant. Je passe ma main dans ses cheveux en bordel et il se calme peu à peu.

- Les gars, vous êtes vraiment mignons, c'est pas le problème, mais vous êtes sur que vous afficher devant un lycée rempli de jeunes probablement fan de Nek soit une bonne idée ?

Je m'écarte de Ken aux mots de Fram' et ce dernier ricane.

- On fait quoi, demande Diabi.

- Réunion de crise chez oim, lance Ken.

- Absolument pas. C'est la pire idée qui soit, j'affirme.

- Tu veux faire quoi alors, du tricot, ironise Ken.

J'apprécie moyen le ton qu'il emploie et répond sèchement.

- Non. On va aller au studio parce que vous avez des trucs à enregistrer.

- Tu te fous de ma gueule ?

- Non, Ken. Toi qui te vantes de si bien connaître Lyla, tu devrais savoir qu'elle va rentrer ce soir. Et qu'on pourra discuter à ce moment-là. Elle a juste besoin de digérer ce qu'il s'est passé avant de pouvoir nous en parler.

- Elle n'a pas tort, intervient Deen.

Je vois bien que Ken fulmine. Mais j'ai raison, et il le sait. Alors il se tait.

Vingt minutes plus tard, on se retrouve tous au studio où on trouve Elite et Sneazz'.

- Mo' !

- Ah ! Voici la plus belle, s'exclame-t-il en me faisant la bise. Bah vous en faîte une tête les gars. Il s'est passé quoi ?

Fram' lui explique rapidement la situation et Nek se dirige vers Elite pour lui demander un truc. Ce dernier acquiesce et lui passe son casque pour lui faire écouter je ne sais quoi. Mon copain (j'aime beaucoup trop dire ça) sort son carnet et un stylo de sa poche et commence à gribouiller je ne sais quoi. Cinq minutes plus tard, il passe dans la cabine d'enregistrement et le silence se fait dans la pièce.

- Ça sent la dinguerie qui arrive, rigole Sneazz'.

Et effectivement, rien que la prod qui résonne dans le studio est incroyable.

- Je croyais qu'il ne voulait pas poser dessus, s'étonne Fram'.

- Faut croire que si, dit Mekra en s'asseyant dans le canapé à côté de moi.

La prod tourne deux minutes durant lesquelles Ken à les yeux fermés et où sa tête bouge en rythme. Il prend alors une inspiration et commence à, excusez-moi pour l'expression, cracher son feu.

"J'en ai marre de mâcher les mensonges que les masses vont chier
Nous sommes tous au même stade, on achève vos chefs
Tu sais malgré les stats, je refuse d'être une star
Le chemin est instable dans ma chevauchée
Un as dans la manche quand vous tirez vos cartes
Donc la haine de ma jeunesse est irrévocable
Bon qu'à livrer nos cœurs pour ceux qui rêvent au calme
Le savoir est une arme et ce tir est vocal
Vous voulez la paix? Donnez-leur un métier
Tout va brûler si tu crois que leur âme est tiède
Et le moral est terne mais l'amour est la clé
Je n'ai pas besoin d'avoir de l'or à mes pieds
Rien à foutre de voir les gens du p-ra m'épier
Je me dis "taff jusqu'à ce que t'aies tué ça"
C'est chose faite mais je suis tout seul
Le moral dans les chaussettes juste à côté du seum"

Je jette un coup d'œil vers les gars qui semblent dans le même état que moi. Ce gars est vraiment beaucoup trop chaud. Il recommence son couplet cinq ou six fois avant de s'estimer content et de revenir dans le studio où personne n'a prononcé un mot depuis qu'il y est entré.

- Alors, demande-t-il.

Je me lève et me colle contre lui. D'abord surpris, ses bras finissent par se refermer autour de moi.

- C'était si nul que ça, rigole-t-il.

- Tu déconnes ? C'était ouf Nek, sourit Mek.

- C'est clair ! Faut absolument qu'il soit sur l'album ce ceau-mor, s'écrie Framal.

Un sourire enfantin prend place sur les lèvres de Ken et je me rends alors compte que, même s'il a marqué le meilleur démarrage de l'histoire du top téléchargement pour un premier album, que les retours sont plus que positifs, que sa fanbase est incroyable, que tout le monde lui répète à longueur de temps à quel point il est fort. Ce con doute encore.

- T'es le plus fort bébé, dis-je en l'embrassant.

- Bébé, demande-t-il en souriant.

- J'ai tous les droits moi, dis-je en lui offrant un clin d'œil.

Il rigole et me sert contre lui. 

~•~

Mouahahaha je suis diabolique !!!

Avis à la population : le prochain chapitre et l'un de mes préférés héhéhé

Sinon, comment vous allez mes chouquettes ?

La bisette !

💙

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