Chapitre 41 : "Mens moi"
Chanson d'amour - Nekfeu
"On se voit, on s'en va, on s'envoie en l'air
L'enfer à l'envers, j'ai la tête en l'air"
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Pdv Lyla
Samedi 25 février 2016
Gabrielle s'est enfin endormie. Elle m'a expliqué en gros ce qu'il s'est passé. Apparemment, elle n'a plus de quoi payer le local de sa librairie et est donc contrainte de le libérer avant le 11 mars.
Je referme la porte de sa chambre doucement et m'appuie dessus. Je crois que ça m'a chamboulé plus que ce que j'aurais cru de la voir dans cet état. Je suis presque sûr que c'est la première fois que je la vois pleurer. Je secoue la tête et attrape mon téléphone dans ma poche arrière de jean et cherche le numéro de Ken dans mes favoris. La sonnerie retentit quelques instants avant que sa voix enrouée ne me réponde.
-Lyla ?
- Hello.
- Y a un problème ? T'es pas rentrée ?
- Si, si. Je suis désolé de te déranger, mais tu sais ce qu'il se passe avec Gabi ?
Je l'entends soupirer puis parler à quelqu'un avant de reprendre.
- Je suis désolé Lyla, j'aurai dû te prévenir.
- T'inquiètes pas. Je n'ai juste pas tout compris. Elle va perdre son local, c'est ça ?
- Ouais...
- Mais y a pas un moyen pour éviter que ça n'arrive ? Si c'est qu'une question d'argent, on peut l'aider non ?
- C'est ce que je lui ai dit, mais elle ne veut rien entendre. Tu sais comment elle est. Elle a trop de fierté pour accepter qu'on lui paye quelque chose. Déjà au nouvel an pour lui payer les billets d'avion on a du la harceler pendant vingt ans avec les gars et Lou pour qu'elle accepte.
- C'est complétement stupide.
- D'un autre côté, même si on l'aide maintenant ça pourrait marcher, mais au bout d'un moment ça sera plus vivable pour elle que ce soit nous qui payons son local.
- T'as raison. Mais alors on fait quoi, demandais-je en m'asseyant sur le canapé.
- Je sais pas Lyla, je sais pas.
- Je ne l'avais jamais vu comme ça, je murmure.
- Comme ça comment ?
- Dévasté... C'est la première fois que je la vois pleurer Ken.
Il soupire et se racle la gorge.
- Lyla, je suis désolé que ce soit toi qui doives prendre ça sur tes épaules, mais il va falloir que tu la soutiennes. Comme je la connais elle se laisse aller aujourd'hui, mais dès demain elle va remuer ciel et terre pour trouver un moyen d'arranger la situation. Sauf qu'elle va être tellement obsédé par ça qu'elle va en oublier le reste. Au moins jusqu'à ce que je rentre faudrait que tu l'obliges à dormir et à manger.
Un frisson me prend.
- Non, mais ça ne va pas être aussi pire que ça, si ?
- J'en sais rien Lyla. C'est bien ça le problème. Je ne sais pas du tout comment elle va réagir et vu que je ne peux pas être là, il faut que tu la surveilles pour moi.
- T'es où ?
- Chez mes parents, c'est l'anniversaire de mon père. Je reviens mardi, mais il ne faut pas que tu hésites à m'appeler s'il y a un problème ok ?
- Ok... Mais profite quand même de ta famille. Je suis là, ça va aller.
- Et avec Deen, c'était bien ?
Sa question me ramène quelques heures en arrière et au soudain changement d'humeur de Deen. Je n'ai toujours pas compris. Il faut que je l'appelle.
- Lylouche ?
- Pardon, oui, c'était cool. C'est Maxime qu'est venu nous chercher tout à l'heure à la gare. Je lui ai fait la bise et ça m'a presque rien fait !
- Wow, c'est génial Lyla ! Je ne te le dis pas assez souvent, mais je suis super fière de toi et de tes progrès !
Mon cœur se sert et j'ai la soudaine envie de le prendre dans mes bras.
- Tu me manques, je chuchote.
- Toi aussi Lyla, si tu savais. Quand je rentre on passera une journée juste tout les deux, ça te vas ?
- Ça me vas. J'ai hâte.
- Moi aussi princesse. Allez, faut que j'y aille. Appelle quelqu'un pour qu'il vienne manger avec toi. J'ai pas envie que tu sois toute seule.
- Ok... Et Ken ?
- Oui ?
- Je t'aime.
- Moi aussi.
Je souris en raccrochant et appelle Diabi dans la foulé qui décroche au bout de deux sonneries.
- Coucou Lyla! Tu vas bien choupette ?
- Ça va.
- T'as enfin lâché notre Papy ronchon ?
- Enfin oui, dis-je en rigolant.
- Qu'est-ce qu'il se passe ma Lylouche ? T'as un problème ?
- Je voulais te demander si tu voulais venir manger avec moi ce soir ?
- Ah, merde. Désolé ma biche, j'ai été réquisitionné au domicile familial.
- C'est pas grave, je vais me commander une pizza, ça ira.
- Tu peux toujours appeler Mek' ou Fram', mais je crois qu'ils sont au stud' avec Théo et Elite.
- C'est pas grave, je répète. C'est juste que Ken ne voulait pas que je sois seule ce soir, mais bon, j'ai presque dix-huit ans, je pense que je peux manger toute seule une fois, dis-je en rigolant.
- Elle n'est pas là Gab' ?
- Elle est malade, je mens.
- Ah, merde. Et Bigo ?
- J'en sais rien, mais je crois qu'il avait un truc prévu.
Là aussi je mens. On discute encore deux minutes avec Diabi avant de raccrocher. Je m'approche du frigo pour en inspecter le contenu et grimace devant celui-ci. Plus vide tu meurs. Bon, bah, je vais me commander une pizza et ça ira bien. Je reprends mon téléphone pour trouver un numéro de pizzeria quand il sonne, m'annonçant l'arrivé d'un message.
De Maxime :
Mon petit doigt me dit que t'es toute seule ce soir... Je ramène des grecs ?
À Maxime :
Ton petit doigt s'appelle Ken ou Diabi ?
De Maxime :
Les deux.
À Maxime :
Ça m'étonne pas.
De Maxime :
Alors, quelle sauce ?
À Maxime :
Ketchup.
De Maxime :
Chelou, mais ok. Je suis là dans vingt minutes.
Effectivement, vingt minutes plus tard, l'interphone me sort du livre dans lequel j'étais plongé.
- C'est Max, tu m'ouvres ?
- Tout de suite. Troisième étage, le 24.
- Je sais.
Quelques instants plus tard, je le fais entrer. Il me sourit en me tendant le sac bénit avant d'enlever sa veste et ses chaussures.
- Alors ? Elle a quoi, Gabrielle ?
- Malade. On mange devant un film ?
- Carrément ! En plus, mon frère m'a venté au moins mille fois la bibliothèque de film de ta sœur.
- Ah ça, elle est réputée dans toute la France, dis-je en rigolant.
On passe la soirée à rigoler en se foutant ouvertement de la gueule des personnages du film en mangeant nos grecs.
- Et, du coup, tu fais du rap aussi ?
- J'aimerais. Je sors mon EP en avril mais je me cherche encore un peu. Et toi ? T'as pas encore fini le lycée non ?
Je ne sais pas pourquoi, mais ça m'énerve qu'il en parle. Surtout qu'il utilise ce ton de "je suis plus grand et plus avancé dans la vie que toi". J'aime pas quand les gens font ça.
- Ouais.
- Ça va, me demande-t-il en fronçant les sourcils.
- Bah oui, pourquoi ?
- Je sais pas, t'es super froide d'un coup.
- Désolée, j'aime pas trop parler du lycée. Je me sens tellement au-dessus. J'ai juste envie d'avoir mon bac et de me barrer à la Fac qu'on n'en parle plus.
- Ah ouais, je te dis pas que je comprends parce que j'ai toujours été nul à l'école. Mais je trouve ça super que tu t'accroches. Surtout si tu veux faire quelque chose de scientifique. C'est clairement du chinois pour moi, rigole-t-il.
Je rigole doucement avec lui en fixant mes mains.
- Eh ? Lyla ? T'es sûr que ça va ?
- J'ai juste pas envie que tu me prennes pour une gamine, dis-je en relevant les yeux vers lui.
- J'ai jamais dit ça.
- Tu le penses, ça revient au même.
Il fronce les sourcils.
- C'est faux. Je sais pas ce qu'il t'est arrivé, mais d'après ce que j'ai compris, c'est le genre de truc qui te change à tout jamais. Alors non, je ne te prends pas pour une gamine. Et puis, je ne vois pas comment je pourrais te prendre pour une gamine alors que ça fait bien deux heures qu'on discute et que tu me prouves que, non seulement t'es bien plus mature que moi, mais qu'en plus tu fais limite plus âgée que moi.
Je fixe mes pieds en mordillant mon pouce quand il intercepte ma main et la garde dans la sienne.
- Désolée, je marmonne. Je sais pas pourquoi je t'ai dit ça.
- T'inquiètes pas, me sourit-il.
Il jette un regard à son téléphone et grimace avant de relever les yeux vers moi.
- Faut que je bouge, mais on se refait ça quand tu veux d'ac' ?
- Ok, je souris.
Il se lève et me tend sa main pour m'aider à me lever. Il se rhabille et me fait la bise, sa main posée sur mon bras.
- Tu m'appelles si t'as besoin de quelque chose ?
- D'accord, merci Maxime.
- Max, me corrige-t-il avec un clin d'œil.
- Max, j'acquiesce.
Il me sourit une dernière fois avant de sortir. Je ferme la porte derrière lui et m'y adosse. Je me laisse glisser au sol et pose une main sur mon cœur qui bat furieusement. Je sens mes joues brûler là où Max à poser ses lèvres et je soupire. Il manquait plus que ça.
[...]
Pdv Ken
Mardi 01 mars 2016
Je pose mon sac dans un coin du studio et check les frères Akrour, Hugz et Elite.
- Yo.
- Salut, me répondent-ils.
- C'était bien Nice ?
- Ouais, mes parents vous passent le bonjour.
- Et Camille, elle va bien, me demande Fram'.
Je lui fais les gros yeux tandis qu'il lève les mains en l'air.
- Je demande juste.
- C'est ça, je vais te croire, je grogne.
Idriss et ma sœur ça a toujours était quelque chose. Depuis qu'on est mômes, ils se tournent autour et, si au début, je trouvais chanmé qu'ils sortent ensemble, j'ai vite capté que c'était la mauvaise chose à faire. L'un comme l'autre sont complètement nuls en relation amoureuse. Quand on était au lycée et que Cam' était encore au collège elle ne supportait pas de le voir avec d'autres meufs, ce dont il ne se privait pas, et quand elle est entrée au lycée et qu'on n'était plus là pour la surveiller, il n'a pas trop apprécié tous les mecs qui lui tournaient autour. Bref, tout ça pour dire que j'apprécierais moyen que les deux remettent le couvert. Voir pas du tout. Parce que ça m'oblige à prendre partit entre mon frère et ma sœur. Franchement, c'est limite de l'inceste.
- Vous avez vu Gabrielle dernièrement, je leur demande.
- Pas depuis jeudi dernier, je crois, pourquoi, me demande Hugz.
- Pour rien, faut que je passe la voir. Et Lyla ?
- Elle est venu hier après les cours, mais elle nous a prévenu qu'on risquait de se voir moins souvent parce qu'elle bûche à fond son bac.
- Mais on est en mars.
- Faut croire qu'elle veut vraiment l'avoir son bac, contrairement à d'autres.
- De toute manière, même sans bosser elle aura toujours mieux que nous, ricane Mekra.
- Parle pour toi, moi, je l'ai eu avec mention.
- Elle a quoi Gabi, nous interromps Framal.
- Rien...
- Nek.
- Vous lui demanderez. Moi faut qu'je bouge.
- Déjà ? Nek tu fait chier. On devait enregistrer et tu préfères aller retrouver ta gonzesse, grogne Hakim.
- Et il est où Théo ?
- Avec Sophia.
- Bah alors ?
- Lui il va se marier, c'est pas pareil.
- Et qui te dit qu'on ne va pas se marier avec Gabrielle.
- C'est vrai, demande Fram' tandis que je lève les yeux au ciel.
- Mais non espèce de hmar. Par contre ça aurait pu.
- Sérieux, m'interroge Elite.
- Bah ouais, pourquoi ça vous choque ?
- T'es vraiment au-dessus d'Alya donc ?
- Mais évidemment. Et depuis longtemps. Mais pourquoi on parle de ça même. Faut que je bouge, on enregistre demain, promis.
Je quitte le studio, mon sac sur le dos et baisse la tête en enfouissant mes mains dans les poches de mon bomber. Je marche vers la première bouche de métro que je vois. Je colle une meuf au portique parce que j'ai pas mon pass, comme d'habitude, et lui sourit légèrement quand ses yeux s'agrandissent. Elle m'a reconnu je crois. Ça lui ferait un truc à raconter à ses copines. J'ai de la chance, un métro passe pile au moment où j'arrive. Je trouve un strapontin vide et m'assois, les yeux fixés sur mes pieds pour éviter de croiser les regards du groupe de jeunes qui m'ont fixé quand je suis entré. D'habitude, j'aurais été plus cool, mais là j'ai juste envie de me foutre sous la couette avec Gabrielle.
J'arrive à mon arrêt et descends en rabattant ma capuche sur ma casquette. Je grimpe quatre à quatre les marches qui me mènent à l'extérieur. Je marche d'un pas vif jusqu'à la librairie. Un écriteau sur la porte indique la fermeture prochaine. Je pousse la porte et le tintement caractéristique se fait entendre.
- Atá ?
- Ken ?
Je me retourne. Elle se tient devant moi, ses cheveux sont ramassés en un chignon brouillon, elle porte un sweat que je reconnais comme étant le mien et arbore des cernes de deux mètres de long.
J'ouvre les bras et elle s'y blottit immédiatement. Je la sers contre moi et la berce doucement. Je regrette tellement d'avoir dû la laisser pendant ce moment si critique. Elle relève la tête et ses lèvres se posent sur les miennes avec avidité. Sa langue se fraie un chemin dans ma bouche tel une tornade. J'ai bien compris qu'elle évacue sa frustration vis-à-vis de la situation dans ce baiser, alors je la laisse mener la danse. On finit par s'écarter, à bout de souffle. Je pose mes mains sur ses joues et dépose un léger baiser sur ses lèvres.
- Ça va ?
- Hmm...
- Gabrielle ?
- Je veux pas en parler.
- Qu'est-ce que tu veux faire alors ?
- Honnêtement ?
- Non, mens moi.
Elle ricane avant de tourner l'écriteau, indiquant que la librairie est fermée et me prend la main pour m'emmener à l'arrière-boutique. Je l'interroge du regard, mais elle ne me laisse pas le temps de prendre la parole et reprend possession de ma bouche. Ses mains passent sous mon pull et me poussent légèrement vers le mur.
- Putain Gabrielle, je marmonne contre ses lèvres.
- Quoi, dit-elle en s'écartant.
- Qu'est-ce que tu branles ?
- Pour l'instant rien, mais on peut s'arranger, me dit-elle en m'adressant un regard lubrique.
- T'es sérieuse ?
- Écoute, ma vie entière part complétement en couille, alors oui, je suis sérieuse. J'ai envie de toi ici et maintenant et puis c'est tout. Depuis quand tu refuses toi ?
- Depuis jamais, je réponds en l'embrassant de nouveau.
Je la sens sourire contre mes lèvres et ses mains passent dans mes cheveux. Je passe mes mains sous ses cuisses et la soulève tandis que ses jambes passent autour de ma taille. Je me retourne pour la maintenir contre le mur et mes lèvres descendent dans son cou, la faisant gémir. Ses mains descendent le long de mon torse et je me mords violemment la lèvre quand je sens sa petite main froide s'insérer dans mon caleçon déjà bien trop petit pour moi.
- Ken, grogne-t-elle.
- Quoi ?
- Ton téléphone sonne.
- On s'en fout, je répondrais plus tard.
Je garde mes mains sous ses cuisses et balaye ce qu'il se trouve sur le bureau pour l'y allonger dessus. Elle rigole avant de m'embrasser de nouveau. Sous mes mains, son corps est brûlant.
- Ken, ton téléphone putain !
Je grogne et me relève dans le but d'éteindre mon téléphone, mais m'arrête quand je vois le nombre de notifications.
De Hakim :
Ça te tuerais de répondre à ton putain de téléphone ???
De Fram :
Wesh réponds Nek !
De Diabi :
Ken tu peux répondre s'te plaît là ? C'est à propos de Lyla.
De Bigo :
Nek y a un blème avec la p'tite.
De Lyla :
Désolée de te déranger. J'ai eu un petit problème au lycée.
Putain, mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?
~•~
Ce teaser olala !
La suite au prochain épisode ;)
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