Chapitre 35 : "Déchirez tout !"

Question d'honneur -Nekfeu feat $-Crew-

"On fait en sorte de toujours assumer ce qu'on pense"

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Pdv Gabrielle

Vendredi 12 janvier 2016

- Gab tu fous quoi ? Bouge ton cul merde !

- J'arrive, j'arrive !

- On t'attend en bas, bouge !

Lou me raccroche au nez et je pousse un soupir d'exaspération. Qu'est-ce qu'elle peut être sur les nerfs depuis que Mekra l'a boycotté à la dernière soirée du L'. J'étais pas là mais d'après Ken ça c'est terminé en bain de sang.

Depuis notre week-end en Bretagne j'appréhende beaucoup moins notre relation. Je laisse les choses venir à moi et j'ai cessé de me mettre la pression pour un rien.

Du côté de Lyla il s'est passé pas mal de chose également. Déjà on a décidé de la changer de lycée. Elle en pouvait plus d'avoir le regard des gens fixait sur elle sans arrêt.

Les gars ont absolument tenu à ce qu'elle aille à Paul Bert. Une histoire de tradition je sais pas quoi. L'entourage et leurs traditions de merde je vous jure... Bref, ça ne me dérange pas puisque que le lycée est du coup plus proche de chez moi.

On a également enfin eu la date du procès. Le douze avril. Les gars du $ seront à L.A à ce moment là mais ils reviendront deux, trois jours.

Notre avocat est confiant. Apparemment le sevrage et la prison ont porté ses fruits puisque le père de Lyla à avouer tout ce qu'il a fait.

Un père en prison, une mère en désintoxe, et elle reste souriante. Je ne sais pas comment elle fait.

Un klaxon retentit en bas et je m'empresse d'enfiler ma doudoune par dessus mon sweat du $-Crew et de mettre mes docs avant de dévaler les escaliers.

En bas je m'engouffre dans la voiture de ma meilleure amie où se trouve déjà Adèle, Sophia et Lyla. Je croise le regard de Lou dans le rétro.

- Je suis désolé, je trouvais plus ma veste.

- Paye ton excuse de merde. On est super en retard maintenant.

Je m'excuse une fois de plus en levant les yeux au ciel. C'est pas cinq minutes qui vont changer quelque chose. Ok, dix. Ok, vingt minutes.

Je dis bonjour aux filles qui ont un air amusé sur le visage et Lou reprend la parole.

- En plus ton mec fait que me harceler pour savoir où t'es.

- Il peut m'appeler aussi.

- Il veut pas faire le mec accro c'est pour ça.

Je souris comme une couillone.

- Oui bon ça va ! On a compris que vous êtes amoureux. Pas la peine de nous cracher votre amour au visage.

J'éclate de rire en même temps que Sophia et Adèle sous le regard amusé de Lyla et désabusé de Lou.

On finit par arriver trente minutes en retard et un mec du staff nous fait rapidement entrer pour nous emmener à la loge des garçons. En vérité ils font tellement de bruit qu'on aurait pu les trouver toutes seules.

Aujourd'hui c'est le jour des Victoires de la Musique et Nekfeu est nommé pour l'album de musique urbaine. Il n'a rien voulu me dire à propos du show qu'ils ont préparé mais apparemment ça va "être un truc de ouf" selon ses mots.

- Salut bande de salopes, je crie en entrant dans la loge.

- Ah merde. On pensait que t'étais morte et qu'on allait pouvoir être tranquille, souffle Fram'.

Je me précipite vers lui pour lui ébouriffer les cheveux. Il déteste quand je fais ça.

- Ah putain la pute ! Ma coupe !

- Pire qu'une meuf j'ai juré, rigole Alpha.

Et tout le monde rigole tandis que je me renfrogne.

- C'est qui la pute, demande Ken en entrant à son tour dans la loge.

- C'est moi apparemment, dis-je en croisant mes bras sur mon torse.

- Bande de cons, ma meuf c'est pas une pute, dit-il en me prenant dans ses bras.

Je me colle contre lui et tire la langue à Idriss.

- C'est pas juste, avant tu nous aurait défendu, râle celui-ci.

- C'est la vie, Framouche.

- Mais dites-lui d'arrêter avec ses surnoms pourris !

- Ah mec, m'en parle pas. J'ai droit à des Nekichou et des Kennou à longueur de temps moi, râle Ken en s'écartant.

- Et moi elle m'appelle Mikachou ou Deenou, continue Deen.

- Sneazzou, reprend Mo' en levant une main.

- Haksou, dit Mek'. J'ai une tête à me faire surnommer Haksou ?

J'éclate de rire face à leur regard dépité et me laisse tomber dans le canapé à côté d'Hugo.

- Bande de glandus. Moi elle m'a donné aucun surnom, c'est clair que c'est moi son préféré.

Et sur ces paroles il attrape ma tête sous son bras et frotte mes cheveux vigoureusement.

- Mais euh !

- Cheh.

- Ta gueule Idriss.

- Bon sinon, vous allez nous dire pourquoi vous êtes en retard ? demande Théo.

Les trois filles me pointent du doigt et je lève les yeux au ciel.

- C'est pas ma faute, je trouvais plus mon sweat.

- C'était pas ta veste que tu trouvais pas, dit Lou en haussant un sourcil.

- Tu m'as envoyé un message pour me dire que tu trouvais pas tes chaussures, continue Mo'.

- Ok, j'aoue. J'ai pas vue le temps passer. Je suis désolé.

Toutes les personnes présentent dans la salle éclatent de rire et je ne ne tarde pas à les rejoindre.

On discute encore dix minutes quand une fille arrive dans la pièce pour nous emmener à nos places. Évidemment je suis à côté de Ken mais même si je meure d'envie de poser ma tête sur son épaule, je me contente d'attraper sa main. Très peu envie que toute ses groupies fanatiques me tombent dessus.

La cérémonie se déroule sans accroche et j'apprécie pas mal certains des artistes qui passent. Puis vient l'heure du passage des garçons. Je me lève et les suis. Normalement je dois rester dans la salle mais je sais qu'il est stressé et j'ai envie d'être là pour lui avant sa montée sur scène.

Mais alors que j'avançais pour suivre les garçons, sa main se resserre autour de la mienne et m'empêche d'avancer plus loin. Je me tourne vers lui, interdite. Ses sourcils sont froncés et il faut être idiot pour ne pas voir qu'il y a un problème.

Je m'approche et passe une main sur sa joue.

- Ça va pas, je lui demande.

- Ça va, ça va.

- T'es stressé ?

- Non, non. Je vois pas pourquoi je devrais stresser.

- C'est quand même une grande cérémonie.

- Tu parles. Si j'avais pas été blanc tu peux être sûr que je serais pas là.

Il n'a pas tort. C'est quand même rare de voir un arabe ou un noir sur la scène des Victoires de la Musique.

- Ok. Dis-moi ce qu'il se passe alors. Parce que là t'as l'air tout sauf serein.

- J'ai prévu de faire un petit truc dans ma presta et je suis pas sûr que ça va passer.

- Un truc à la Nekfeu, du genre qui fait rager les politiques ?

- P't'être bien, dit-il en levant les yeux vers le plafond.

- Je vois. Et donc ? Où est le problème ?

- J'ai pas envie de me prendre une retourné comme avec Charlie Hebdo y a deux ans.

Je le fixe, incrédule. C'est vraiment ça son problème ?

- Quoi, dit-il alors que je le fixe, toujours silencieuse.

- Je sais pas. Depuis quand t'en a quelque chose à faire de ce que pensent les gens ?

- Je m'en fout de ce que pense les gens.

- Je comprends plus rien, dis-je en reculant d'un pas.

Il soupire et se gratte la nuque d'un air gêné.

- Ok, j'ai pas envie que ton avis sur moi change.

Mon cœur se réchauffe tandis qu'il fixe un point au-dessus de ma tête.

Je m'approche de nouveau et pose mes deux mains sur ses joues.

- Mon avis changera pas. Parce que quoi que tu fasses je te soutiendrais et je serais fière de toi. Parce que tu dis ce que tu penses.

- C'est vrai ?

On dirait un petit garçon et mon cœur fond face à son regard plein d'espoir.

- Ken... Évidemment que c'est vrai.

Je l'embrasse doucement puis m'écarte pour le regarder dans les yeux.

- Je t'aime, dis-je tout bas.

Un grand sourire prend place sur son visage et il m'embrasse à son tour.

- Je t'aime aussi.

Il pose son front contre le mien et ferme les yeux.

On reste comme ça quelques instants avant qu'il finisse par s'écarter. Il m'entraîne alors vers l'entrée de la scène. Les gars sont déjà là et sautillent dans tous les sens pour se préparer.

- Mek' t'as mon mic, demande-t-il.

- Tient, vous foutiez quoi ?

- T'occupe.

- Nekfeu, cinq minutes, dit un membre du staff en passant.

- Allez, retourne à ton siège Atá.

- Bonne chance, dis-je en le prenant dans mes bras. Je t'aime.

- Moi aussi.

- J'y vais, à tout à l'heure les gars. Déchirez tout !

- Comme d'hab Gabi, me répond Fram' en rigolant.

Je rigole et retourne en courant à mon siège. J'ai pas du tout envie de louper le début. Je m'assois rapidement et Adèle se penche vers moi.

- T'étais où ?

- Avec les gars.

- Il a besoin de son bisou magique avant de monter sur scène le fennec, dit-elle en rigolant.

- On peut dire ça.

Je me concentre sur la scène. Puis Ken apparaît. Sa veste avec les LEDs sur le dos. Je suis vraiment une idiote amoureuse et vous pouvez vous foutre de ma gueule mais putain qu'est-ce qu'il est beau comme ça.

L'orchestre commence à jouer. Évidemment qu'il a choisi "On verra". Puis la musique change. Ah ok. Il a décidé de faire un medley. On a droit à "Égérie" maintenant, mais c'est pas l'air habituel. Le gars fait un freestyle pour son show des Victoires.

Je profite pleinement du spectacle. Ça pète de partout, les gens sont en délire, et si au début je sentais son appréhension, il se reprend rapidement pour laisser sa joie d'être sur scène prendre le pas. Je manque de m'étouffer quand les gars le rejoignent sur scène en moto.

Et là, c'est le, presque, drame. Ce dont il m'avait parlé.

- Prenez Marine Le Pen et libérez Moussa !

Moussa. Les gars font que parler de lui en ce moment. Je trouve ça révoltant autant qu'eux et une bouffée de fierté me prend. Il dit ce qu'il pense. Mieux encore, il dit tout haut ce que les gens pensent tout bas. C'est Nekfeu.

Effectivement, du grand spectacle. Et comme à son habitude le show de termine par tout le monde sur scène à gueuler dans tous les sens "J'en ai rien à foutre de rien !".

- Il déconne pas le Nekfeu hein, sourit Adèle.

- Il est trop fort, je murmure pour moi-même.

- Ça on a bien comprit que t'es folle amoureuse de lui.

Je rougis et me reconcentre sur Ken qui a rejoint le présentateur sur scène.

- Elle rougit ! Si c'est pas mignon !

- Ta gueule Adèle. Je te fais pas chier avec Doum's moi.

- Hum, laisse-moi réfléchir.

Elle tapote sur son menton.

- Si, si. Tu me fais chier avec Doum's. H24 !

Je rigole et claque un bisou sur sa joue. C'est vrai que je les fais chier.

Ken revient s'assoir à côté de moi quelques minutes plus tard et je lui prends la main pour la serrer le plus fort que je peux.

- Alors, demande-t-il.

- C'était parfait. T'es le meilleur.

Il pousse un soupir de soulagement et je me sens pousser des ailes. Savoir que mon avis compte autant pour lui me fait vraiment plaisir.

- C'était trop bien Ken ! J'ai trop aimé ! T'es vraiment trop fort !

Lyla sautille sur son siège devant nous et je rigole pendant que Ken la prend dans ses bras pour la remercier. Puis ils se lancent dans une conversation silencieuse dont eux seuls ont le secret. Je donnerais cher pour savoir ce qu'ils arrivent à comprendre juste en se regardant.

Évidemment c'est "Feu" qui remporta le prix. Je serre Ken dans mes bras et les gars le portent pour qu'il rejoigne la scène.

Le gars gagne une Victoire de la Musique et il parle des migrants et de Moussa dans son discours de remerciement. Ce mec est incroyable. Et c'est le mien. Et je suis trop fière de lui.

Cette triple buse oublie presque son prix sur le pupitre avant de nous rejoindre. Un grand sourire sur le visage.

- T'as des étoiles dans les yeux Atá.

- C'est toi mon étoile.

- Depuis quand t'es niaise comme ça ?

- Ta gueule et profite. Ça arrivera pas avant longtemps.

Il rigole et dépose un baiser sur ma tempe. Je peux voir deux ados nous regarder un peu plus bas, mais tout de suite, je n'en ai plus rien à foutre de rien, pour paraphraser mon rappeur préféré.

Une fois la cérémonie terminer il faut encore qu'on aille à l'After. On se retrouve tous chez Adèle dans son gigantesque appart qu'elle a avec Doum's. Faut croire qu'un couple actrice / rappeur ça fait un max de thune.

Assise sur le canapé j'observe tout ce petit monde autour de moi quand Mo' et Fram' s'assoient à mes côtés.

- Je sais pas toi poulette, mais je trouve que cette soirée est beaucoup trop calme, me glisse Mo' à l'oreille.

- En plus je sais pas qui est le DJ mais ça pue la merde, continue Fram'.

Je souris. Je me suis énormément rapproché des deux ces derniers temps. On est toujours partant pour faire des conneries. Si bien que Mekra c'est mis à nous surnommer "Le trio infernal". C'est vrai que ça nous va bien.

- Eliott va pas apprécier si vous changez sa playlist, je leur chuchote.

- Depuis quand t'en a quelque chose à faire ?

- Je sais pas. J'essaye d'être gentille ces derniers temps.

- Et ?

- C'est pas concluant, je termine en me levant sous les rires des deux.

Je m'approche du beatmaker et lui glisse quelque chose à l'oreille qui le fait se lever d'un coup. Je profite de son absence pour brancher mon téléphone à l'enceinte.

- Tu lui a dit quoi, me demande Fram'.

- Que quelqu'un a touché à son ordi qui est dans la chambre.

- T'es pas possible.

- C'est pour ça que tu m'aimes.

- Dans tes rêves.

Il rigole et passe une main dans mes cheveux tandis que je grogne. Je cherche dans ma bibliothèque un morceau quand je croise le regard de Ken.

Il a l'air amusé par notre manège mais secoue quand même la tête. Je lui offre un grand sourire et appuie sur Play.

- Que la fête commence, dis-je dans un éclat de rire. 

~•~

Kikou mes tommes de Savoie ! Comment vous allez en ce mercredi froid et venteux ? 

J'avoue, ce chapitre sert pas à grand chose à part à être pleins de niaiseries.

Bisou sur votre troisième cheveux en partant de la droite !

💙





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