Chapitre 33 : "Ça fais du bien de parler"
Énergie sombre - Nekfeu-
"J'ai vraiment b'soin de me confier
Mais c'est toi ma seule confidente"
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Pdv Gabrielle
Samedi 23 janvier 2016
Lorsque je me réveille je comprends tout de suite que quelque chose ne va pas. Ma tête me fait un mal de chien. Je suis en sous-vêtements alors que je déteste dormir avec. Je ne vois pas mon téléphone sur la table de chevet. Mais le plus gros problème est que je n'ai absolument aucune idée de ce que je fais là et comment je suis rentrée. Je me souviens plus du tout de ce qu'il s'est passé dans la boîte.
Je me lève péniblement file sous la douche. Une longue douche froide pour me réveiller. Je me frotte le visage aussi fort que je peux dans l'espoir de me rappeler quelque chose. J'étais énervée contre Ken, ça je m'en souviens. Dans la boîte je suis resté en haut à boire sans parler à personne. Ok. Et ensuite ? Blackout. J'ai tant bu que ça ?
Je sors de la douche et retourne dans ma chambre où j'enfile un pull à Deen qui traîne dans un coin depuis la dernière fois qu'il est venu chez moi et que j'ai oublié de lui rendre. Ce qui est bien avec les pulls de Deen c'est qu'ils sont tellement long qu'ils me font presque une robe. Je ramasse mes cheveux mouillés en un chignon un peu brouillon au sommet de ma tête et me dirige finalement dans la cuisine.
Je fais couler du café et jette un coup d'œil à l'heure. Quatorze heures. Bravo Gabrielle. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas pris une cuite comme celle-là. J'allais prendre un Doliprane quand j'en trouve un à côté d'un post-it sur le plan de travail. J'avale mon médicament et regarde le mot.
J'ai dû décaler au studio. Je rentre vers 16 heures pour qu'on discute. C'est pas la peine de te cacher je ne sais où. On va avoir cette discussion Gabrielle.
Ken.
P.S : Lyla dort chez Diabi.
Merde, Lyla. Avec tout ça je l'ai complétement oublié. Mais bon, ce n'est pas le plus grave. Je ne sais pas ce que j'ai dit à Ken hier soir mais apparemment c'est assez grave pour qu'il veuille absolument qu'on discute. Sauf que moi j'ai pas du tout envie de discuter. J'ai envie de me faire un terrier et de ne plus jamais en ressortir. Mais je ne peux pas. C'est fini le temps où je fuyais constamment mes responsabilités. Je m'appelle pas Ken Samaras. Et si même lui arrive à ne pas fuir, alors je devrais y arriver.
Le temps qu'il arrive j'enfile des vêtements un peu plus couvrants, pas sûr qu'il apprécie de me voir avec le pull de Deen, et fais un peu de ménage. Ça m'occupe et m'empêche de penser à lui et à mon mal de crâne qui décidément ne passe pas.
Mes écouteurs dans les oreilles diffusant à fond la discographie de Bach je n'entends pas la porte claquer et sursaute donc violement quand une main attrape la mienne.
J'enlève mes écouteurs et me retourne pour faire face à Ken.
- Salut, je souffle en fixant mes pieds.
- T'as décuvé ?
- Pas complétement.
- Assez pour faire du ménage.
Je relève la tête. Je n'arrive pas à savoir ce qu'il ressent. Sa voix est neutre. Ses yeux se contentent de me fixer. C'est comme s'il était vide.
- C'était bien au studio ?
- On a fini "Esquimaux".
- Super ! Je suis super fière de vous.
- Merci.
Le silence s'installe entre nous. Et, si d'habitude les silence entre nous ne sont jamais pesant, celui-ci l'est.
- Tu veux manger quelque chose ? Ou boire ?
- Non merci. J'aurai bien besoin d'une bière ou d'une cigarette mais j'ai arrêté les deux. Donc non merci.
- Tu peux toujours te droguer au sucre. J'ai des gâteaux au chocolat.
- Avant je me droguais d'amour.
Aouch. Il attaque direct. S'il a dit avant c'est que ce n'est plus le cas.
- Et ça marchais bien ?
- Jusqu'à ce qu'Alya meure.
Re aouch. Donc c'est bien ce que je disais.
- J'ai rencontré une fille, dit-il soudainement.
Re re aouch. Là c'est le moment où il va me dire que ça n'aurait jamais pu marcher entre nous et qu'on a été très con de le croire.
- Elle est incroyable. Elle a le cœur sur la main. C'est le genre de personne, lorsqu'elle entre dans une pièce, tout le monde se met à sourire. Elle est comme un rayon de soleil. Elle me ressemble tellement que parfois s'en est flippant. Pas sûr le point du rayon de soleil par contre... Elle a les mêmes goûts que moi. Elle écoute les mêmes choses. Même dans nos réactions on est les mêmes. Sauf qu'elle est mille fois mieux que moi. Je la mérite pas.
Super. Donc maintenant je dois l'entendre déblatérer sur le fait d'à quel point cette meuf est parfaite, c'est à dire, tout le contraire de moi.
- Sauf qu'elle doute. J'en avait pas conscience jusqu'à hier soir.
Attendez, quoi ?
- Elle doute d'elle-même, de nous, de moi. Elle se croit pas à la hauteur parce qu'elle se compare sans arrêt à mon ex.
Ok. Il parle de moi où je rêve ?
- J'ai merdé hier. J'ai merdé grave. Du coup elle est partie en vrille et j'ai été incapable de la résonner.
Évidemment qu'il se sent coupable pour ce qu'il s'est passé hier. On parle de Ken. Son empathie à rallonge prend le pas sur tout le reste.
- Y a tellement de chose que j'aimerais lui dire. Mais j'arrive pas. J'aimerais lui dire que je l'aime. Mais c'est un sentiment beaucoup trop puissant que j'ai utilisé sans y faire attention plus jeune. C'est idiot mais j'ai l'impression qu'on en a qu'une quantité restreinte et que j'en ai gaspillé déjà trop. Les mots sont puissants. Elle comme moi on le sait.
Ses yeux me fixent et j'ai l'impression de tomber d'un immeuble tellement son regard est intense.
- Je me suis trompé tout à l'heure, reprend-t-il en souriant. Le seul truc où nos avis diverge c'est la littérature.
Il parle de moi. Comment c'est possible qu'il parle de moi ? Je ne suis pas la personne qu'il décrit... Pas du tout.
- Je sais ce que tu penses.
Il attrape mes mains et son regard plonge dans le miens. S'il y a quelques minutes je n'arrivais rien à y lire maintenant les sentiments que j'y lis me coupe le souffle.
- Tu penses que tu n'es pas comme ça. Mais je t'assure que si. Tu te rappelles ce que tu m'as dit hier ? Sur le balcon ? Qu'une relation repose sur la confiance et le dialogue. Mais tu ne peux pas me reprocher de ne pas t'avoir parler de ce que je ressens alors que toi non plus tu ne l'as pas fait.
Je baisse la tête vers mes pieds mais il relève mon visage d'un doigt et pose sa main sur ma joue.
- Alors on va parler. Mais pas tout de suite. Tout de suite tu fais ta valise. On rentre demain soir.
Je fronce les sourcils, de quoi il parle ?
- Ma valise ?
Ma voix tremble des révélations qu'il a faites quelques instants plus tôt.
- Oui ta valise. Allez, t'en a pour dix minutes. Prend un Kaway.
Je ne comprends rien mais fait ce qu'il me dit. Je retourne dans ma chambre et prend rapidement ce dont j'ai besoin et l'entasse dans un sac de sport. Je mets un sweat appartenant à Ken par-dessus mon tee-shirt et enfile rapidement mes baskets. Ken joue avec ses clés d'un air penseur quand je le rejoins. Il dépose un baiser sur mon front et se dirige vers la porte quand je l'arrête.
- Et Lyla ?
- Je te l'ai dit, elle dort chez Diabi et ils vont au studio demain pendant la journée.
J'attrape la main qu'il me tend et le suit jusqu'à sa voiture mais je l'arrête avant qu'il s'installe sur le siège conducteur.
- Moi qui conduit.
- C'est censé être une surprise.
- Je m'en fous, c'est moi qui conduis.
Il hausse les épaules et je prends place devant le volant tandis qu'il met nos sacs dans le coffre. Il s'assoit à côté de moi et je démarre le contact.
- Alors on va où ?
Il secoue la tête et se contente de m'indiquer une direction. On sort de Paris. Une fois sur l'autoroute il se tourne vers moi.
- Maintenant il nous reste plus de deux heures de routes et t'es coincé avec moi alors on va discuter.
- J'ai un peu l'impression d'être kidnappé.
- C'est pas totalement faux. Sauf que c'est toi qui conduis donc tu pourrais m'emmener n'importe où, dit-il, un léger sourire flottant sur ses lèvres.
- T'as pas tort.
Pendant les deux heures qui suivirent on discuta. Je n'avais jamais autant discuté de ce que je ressentais avec quelqu'un. Même avec Thomas.
Tout y passe. Mes insécurités vis à vis de mon corps, mon ressenti par rapport à Alya que je n'avais jamais rencontré, comment je vivais d'être de nouveau avec un homme après l'histoire avec Thomas. Et quel homme ! Nekfeu, l'un des rappeurs les plus talentueux de sa génération. Coqueluche des médias. Être en couple, merde ce que ça me fait bizarre de dire ça quand même, avec une personnalité publique n'est pas de tout repos. Certaines personnes se sont demandé qui j'étais vue que je suis apparu sur pas mal des stories de Sneazzy, mais heureusement je n'ai pas Instagram.
On discute, on discute, on discute. Je ne sais pas comment il fait pour être aussi parfait. Il m'écoute avec attention, une main posée sur ma cuisse dessinant des cercles, me rassurant comme il peut.
Il y a quelques années je n'avais aucun problème vis à vis de mon corps. Je me sentais bien dedans et puis c'est tout. Mais quand je suis arrivé au lycée, après avoir fait plus cinq ans de classe à la maison, je m'étais pris beaucoup de remarques. Sur mes seins, mes cuisses, mes fesses. J'avais fait la meuf que ça n'atteint pas mais c'était faux. Avant je faisais du surf tous les jours ou presque. J'étais dans une très bonne forme physique. Mais les ados sont cruels. Voilà pourquoi je m'inquiète autant pour Lyla.
Ken m'interrompt alors dans mon monologue.
- Moi je te trouve magnifique.
- Range t'es disquettes Samaras.
- Je suis sérieux.
Je tourne la tête vers lui. Il l'était.
- T'as pas une beauté de mannequin, genre une beauté parfaite. C'est plus une beauté solaire. T'es vraiment magnifique. Dans n'importe quelles circonstances.
- Arrête. Je sais très bien que vous les mecs vous pensez qu'avec votre bite. Si je pouvais passer mon temps en robe talons tu kifferais.
- Non. Déjà parce que je devrais casser la gueule de mecs à longueur de temps, et c'est chiant. Et ensuite parce que c'est pas toi. Je te préfère mille fois avec tes gros pulls, tes vieux jeans et tes docs, à sourire et à répandre ta bonne humeur partout. Qu'en robe à faire la gueule. T'es si belle quand tu souris, dit-il en caressant doucement ma joue.
Je rougis et me concentre sur la route. Mon cœur se réchauffe au fur et à mesure des mots qu'il prononce.
- Merci, je crois, je murmure.
Puis c'est son tour. Mon cœur se serre et je me prépare mentalement à l'entendre me parler d'Alya. On en a déjà beaucoup parler ensemble. Quand elle est morte on passait des heures à discuter de sa relation avec elle et je sais donc l'ampleur de son amour pour elle. C'est pour ça que ce n'est pas une surprise qu'il l'aime encore.
- En fait je ne sais pas par où commencer, dit-il en s'appuyant contre le dossier.
- Par le commencement, dis-je dans une tentative ratée de faire une blague.
- Ha ha.
- Prend ton temps. Ça fais du bien de parler en fait.
Je porte sa main à mes lèvres pour l'embrasser et lui sourit légèrement. Il me rend mon sourire.
- Je vais pas te faire un dessin. J'ai aimé Alya comme jamais je ne l'avais fait. Tu le sais mieux que personne vue le temps que j'ai passé à t'expliquer ma relation avec elle dans tous les détails. D'ailleurs je suis désolée pour ça. Je comprends pas comment t'as fait pour me supporter.
- Arrête Ken. Je le referais si j'en avais la possibilité.
- Même, merci.
Il s'arrête de parler quelques instants.
- Bref, Alya. Je l'ai aimé, beaucoup, énormément.
Je tique à l'emploi du passé.
- Et ce sera sans doute toujours le cas. On n'oublie pas son premier amour. J'ai l'impression qu'on est très fort tous les deux pour se donner des conseils mutuellement mais pour ne pas les appliquer à nous même.
Je rigole. Il a raison.
- Tu te rappelles quand je t'ai dit de ne pas rester coincé dans le passé ? Je suis vraiment un gros con de te dire ça alors que je fais exactement la même chose avec Alya. Je reste coincé dans une relation qui n'a plus lieu d'être et qui, si je suis honnête, battait de l'aile depuis bien trop longtemps.
- C'est normal de rester coincé dans le passé Ken. Tu dois faire face à un double deuil, celui d'Alya mais également de ta relation avec elle.
- Arrêtes de me chercher des excuses s'il te plaît.
Je lui cherche pas des excuses. Ah moins que... Peut-être que si.
- Je me cache derrière cette prétendue relation alors que tout ce que j'ai réussi à faire c'est de la faire souffrir. Et j'ai peur de faire la même chose avec toi. Et tu ne le mérites pas. Tu ne le mérites tellement pas.
Mon cœur se serre et je plisse les yeux très forts pour m'empêcher de pleurer.
- Pleure pas Atá.
- Ça veut dire quoi ça ? Que puisque tu vas me faire du mal tu vas me quitter ? Par précaution ?
- Tu crois vraiment que je t'emmènerai en weekend si c'était le cas? D'ailleurs, prend la prochaine sortie.
- Tu vas enfin me dire où on va ?
- Je vais te le dire mais c'est juste parce que j'en ai marre de rien te dire. Fonk' ma prêter les clés de la maison de vacances de sa famille en Bretagne.
- Sérieux ?
- Mais oui, dit-il en rigolant tandis que je souris comme une gamine.
- Mais si on va en Bretagne ça veut dire que je vais pouvoir surfer !
Maintenant je suis vraiment, vraiment contente.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? J'aurai pu prendre mes planches !
- Si je te dis qu'elles sont sur le toit tu dis quoi ?
- Hein !? Mais comment c'est possible ? J'ai rien vu !
-T'avais tellement la tête dans le cul et t'étais tellement occupé à faire la gueule que t'as rien vu, dit-il en rigolant.
- T'es vraiment le meilleur !
- Je sais.
Je presse sa main et souris de plus belle. Maintenant j'ai encore plus hâte d'arriver. Mais bon, pas de session ce soir. Demain matin. Faut que je check les prévisions. Par contre, s'il a pris mes planches est ce qu'il a pris ma combi ?
- Ken ? T'as pris ma combi ?
- J'en sais rien. J'ai pris la boîte qui est en bas de ton étagère. Y a tellement de bordel dedans je me suis dit que tu devrais avoir ce qu'il faut.
- Mais comment tu fais pour tout prévoir ? T'es vraiment vraiment le meilleur !
- J'ai quoi en échange, me demande-t-il avec son fameux sourire en coin.
- Je sais pas, dis-je en tapotant mon menton. Qu'est ce qui te ferais plaisir ?
- Toi, répond-il simplement.
Ce gars va me tuer.
- Ça peut se faire.
Il attrape ma main et trace des cercles avec son pouce dans ma paume.
Trois quarts d'heure plus tard je m'arrête devant une maisonnette à un étage aux volets bleus. J'ouvre de grands yeux et sors en m'étirant pour découvrir avec bonheur qu'on entend la mer depuis le jardin.
Ken arrive derrière moi et passe un bras autour de mes hanches pour me ramener près de de lui.
- Ça te plaît ?
- C'est parfait.
J'enfouie mon nez dans son cou et soupire de contentement.
- Tout est parfait.
~•~
Heyyy ! I'm baaack !
Je vous ai manqué mes pains d'épices ???
En tout cas moi mes deux loulous m'avaient manqué durant cette semaine (vous aussi mais n'allez pas prendre la confiance).
J'en profite pour vous dire que j'ai finit d'écrire ma deuxième fic sur Nekichou et que je compte la poster trèèèèèès bientôt ! Je vous tiens au courant !
Mega cœur sur vous mes cacahuètes grillés !
💙💙💙
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