Chapitre 32 : "Laisse tomber"

Réel - 1995

"J'ai dit je t'aime à mes ex 
Maintenant j'essaye de ne pas prendre le poids des mots à la légère"

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Pdv Ken

Vendredi 22 janvier 2016

On prend ma voiture pour aller chez Hugz. Dans la voiture les filles chantent à tue-tête les chansons qui passent à la radio sous mes rires. En arrivant dans l'appart du beatmaker, la plupart des gars sont déjà là. Mais je grimace en voyant une brune inconnue au bataillon assise sur les genoux de Hakim. Lou se fige en entrant dans la pièce mais se reprend rapidement et fait le tour de la pièce, la tête haute pour faire la bise aux gars et aux filles présente. Gabrielle me lâche pour sauter dans les bras de Sophia et d'Adèle. Les quatre filles dévisagent avec animosité la nouvelle arrivante. Je check les gars et me pose à côté de Mekra.

- Yo.

Silence.

- Je suis désolé pour tout à l'heure.

Silence. La brune se tourne vers moi et hausse un sourcil en me reconnaissant.

- Salut ! Moi c'est Élodie.

- Tu sais que j'ai raison Hak's, je continue en l'ignorant.

- Euh, j'ai adoré ton album, dit Élodie, probablement déconcerté par le fait que je ne la calcule absolument pas.

- Putain gars, on dirait moi et Alya.

- Je ne pensais pas qu'elle arriverait à te la faire oublier aussi vite, dit-il en tournant finalement la tête vers moi.

- Je l'ai pas oublié. Comment tu veux que je l'oubli. C'est mon premier amour. Rien à voir avec Suga ou Émilie.

- T'a souffert pour les trois.

- Ouais mais Alya reste Alya. Je l'aimerai toujours.

La pauvre Élodie est complètement perdue et finit par se rendre compte qu'elle est de trop dans la conversation puisqu'elle se lève des genoux de Hakim.

- Je vais me chercher un truc à boire. Tu veux quelque chose bébé ?

Oula. Elle est suicidaire elle.

- M'appelle pas comme ça.

Il lui jette un regard noir et se reconcentre sur moi.

- Et Gabi, tu l'aimes ?

- Je sais pas mec.

Je la cherche du regard dans la pièce mais ne la trouve pas. J'ai trop souvent dit "Je t'aime" à des gens qui ne le méritaient pas alors maintenant je ne le dis plus. À personne. La seule à qui j'ai dit je t'aime dans les trois derniers mois c'est Lyla.

- De toute manière on ne parlait pas de moi et Gabrielle. Mais de toi et Lou.

- Vous me cassez les couilles. Ça me fait chier cette daub'.

- Bah alors, il est passé où le Mekra qui nique l'amour, je rigole.

- C'est toi qu'je vais niquer.

J'éclate de rire avant de croiser le regard de Gabrielle. Mais elle ne me sourit pas comme elle le fait d'habitude. Non, là elle secoue la tête légèrement et me tourne le dos pour aller dans le balcon. Je me tourne vers Mekra qui a remarqué lui aussi son manège.

- Elle a quoi ta meuf.

- J'sais ap'. J'vais aller voir. Toi va parler avec Lou et vire ta taimp s'te plaît. Elle a rien à faire là.

- Ferme ta gueule et mêle toi de ton cul l'fennec, grogne-t-il. Je t'ai foutu la paix avec Alya, fous moi la paix avec Lou.

Au moins il admet qu'il se passe quelque chose. Je soupire et remet ma casquette en place avant de me diriger vers le balcon. Je fais coulisser la porte fenêtre et dépose ma veste sur les épaules de Gabrielle.

- T'es vraiment un cliché vivant Samaras.

- La dernière fois qu'on était sur un balcon tous les deux ça ce n'était pas super bien terminé, dis-je en ignorant sa remarque.

- J'ai vécu pire.

Le silence s'installe entre nous et je fixe les lumières de la ville.

- Qu'est-ce qu'il se passe, je finis par demander.
- Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu aimais encore Alya ? Non laisse tomber, c'est idiot cette question. Pourquoi t'es avec moi si t'en aimes une autres ? Qu'elle ne soit plus là ne change rien.

Je me fige à ses mots et mes mains se serrent autour de la rambarde.

- T'as écouté ma conversation avec Mek'.

- Entendu. J'ai entendu ta conversation.

Je passe une main sur mon visage. Je comprends rien aux femmes. C'est un fait avérer que j'ai prouvé mainte fois en foirant toujours plus avec les femmes que j'aimais. Ou croyais aimer. C'est pour cette raison, et un millier d'autre incluant Alya et la célébrité, que je ne voulais pas imaginer un avenir avec Gabrielle.

- Je sais pas quoi te dire Gabrielle, je finis par souffler.

- C'est trop facile. Je sais qu'Alya a été ton premier amour. T'a découvert le véritable amour avec elle, elle a été ta muse, tu l'aimeras toujours... Je le sais ça. Je suis pas conne Ken.

Sa voix est dure. D'une façon que je n'avais jamais entendu dans sa bouche.

- Mais tu l'as dit toi même la dernière fois qu'on était sur un balcon. Une relation ça se construit sur la confiance. Confiance et dialogue. Je peux être ultra laxiste sur pleins de sujets mais je ne supporte pas les secrets ou que tu me caches ce que tu ressens. Je m'en fous que tu ne saches pas si tu m'aimes ou que tu ne saches pas me le dire. Je m'en ballec parce que je suis comme toi. J'ai plus dit "Je t'aime" à personne depuis plusieurs années. Même à Lyla.

Je cherche quoi dire mais elle m'interrompt avant que j'ai le temps de formuler une pensée cohérente.

- Putain, et je voulais avoir une discussion et je me retrouve à parler à un mur.

Je me tends imperceptiblement.

- On peut parler. Ne dis pas le contraire. Il suffit juste que tu me laisse le temps, grognais-je.

Elle se tourne finalement vers moi. Ses cheveux virevoltant autour de son visage et certaines mèches venant de coller sur son rouge à lèvres. Je suis frappé par sa beauté à cet instant et je lève la main pour enlever ses mèches. Mais elle le fait à ma place d'un geste rageur.

- Ken.

- Ouais, je souffle.

- Concentre toi, merde.

- Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise Gabrielle ? Que je suis désolée ? Mais désolé de quoi ?

- Laisse tomber.

Son visage se ferme et elle rentre dans le salon sans me jeter un regard.

Putain. Mais il vient de se passer quoi là ?

- Nek, Dit Mo' en entrant à son tour sur le balcon. Ça va ?

- J'sais ap'.

- Elle t'a dit quoi ?

- Mais j'ai rien compris gros. Elle me reproche d'aimer encore Alya et ensuite elle me dit qu'elle s'en fout j'comprends que dalle.

- Les femmes, rigole-t-il.

- Ouais bah rigole, rigole. Quand t'en auras trouvé une on rigolera moins.

Il baisse les yeux et une certaine rougeur apparaît au niveau de ses joues.

- À moins que ce ne soit déjà le cas ! Oh putain. Et tu ne m'as rien dit !

- Mais ta gueule, dit-il en s'adossant à la rambarde et levant le nez vers le ciel.

- Tu l'as rencontré où ? Elle s'appelle comment ? Elle est marocaine ?

- Eh, calme toi mister love. Pire qu'une meuf ce gars.

- Ferme ta gueule.

- Elle est pas marocaine. Elle est même pas musulmane d'ailleurs. Pour c'que ça vaux, j'm'en fout. Le problème c'est plus tôt que moi je sois pas chrétiens mais bref. Tu la connais en plus.

- Sérieux ?

Je fouille dans ma mémoire une fille chrétienne dans mon entourage qui pourrait plaire au Sneazz' mais il me stoppe dans mes pensées.

- Ouais, enfin pas personnellement. Tu te rappelles quand vous m'avez traîner à ce concert de piano avec Gab' ?

Je me souviens. C'était magnifique d'ailleurs. Je voulais y aller qu'avec Gabrielle mais je m'étais dit que c'était bizarre d'inviter une fille à un concert alors qu'on n'est pas ensemble. Préoccupations, certes, futiles mais j'avais passé une semaine avec ma sœur et elle me contaminait avec ses pensées idiotes. J'avais donc obligé Sneazz' à venir. C'était d'un comique. Sneazz' dans un concert de piano. Laissez moi rire.

- Ouais, bref. Et bah il se pourrait que je sois allé parler avec Alex.

- Alex ? Comme Alexandra Lestinza ?

Oh putain l'enfoiré. Il va taper haut ce connard. Pas moins que la pianiste la plus douée de sa génération.

- Possible.

Le petit sourire flottant sur ses lèvres me montre qu'il est très fier de son coup. Sauf que c'est pas qu'un coup d'un soir puisqu'il m'en parle.

- Et ?

Et elle ne couche pas le premier soir alors il l'a emmené au resto. Oui, Sneazzy West a emmené une fille au resto, et il l'a revu quelques fois. Mais c'est compliqué parce qu'elle voyage tout le temps pour son métier.

- Eh bah putain. Et tu l'aime bien ? Enfin, tu l'apprécie quoi ?

- Putain gros, c'est la première fois que je ressens ça.

- Merde alors. Mo' est amoureux.

- Mais ferme là, rigole-t-il.

- Bon, affaire à suivre alors ?

- Ouais, on va dire ça.

On discute encore quelques minutes et on finit par rentrer dans l'appart où ils s'apprêtent à partir pour la boîte. Je déteste les boîtes de nuit. Tous ces gens qui ont sorti leurs plus beaux atouts, qui se pavanent en buvant shot sur shot. Ça m'exaspère. On est dans un monde où il faut se montrer. La preuve avec Instagram. Je déteste Instagram. Je déteste cette société. Mais j'essaye de ne pas trop y penser parce que sinon je perds vite le file de mes pensées et je me retrouve à broyer du noir, ce qui n'est agréable ni pour moi, ni pour mon entourage.

- Eh schtroumpf grognon, m'interpelle Lou. Tu fais la gueule ?

- Non.

Je cherche Gabrielle du regard.

- Tu cherches Gabi ?

- Ouais.

- Elle est déjà partit avec Soph', 2Zer et les frères Akrour.

- Ah.

- Qu'est-ce que t'as fait encore, soupire-t-elle. Elle a fait la gueule toute la soirée et a passé son temps à te fixer en train de rigoler avec Mo'.

- Comment ça "qu'est-ce que j'ai fait encore", je grince. Ça fait une semaine qu'on est ensemble. J'ai pas fait de conneries pour l'instant.

- Il semblerait que si. Bref, tu viens on y vas ?

______

Pdv Gabrielle

Je ne sais même pas pourquoi j'ai réagi comme ça. Mais quand j'ai entendu Ken dire qu'il ne savait pas s'il m'aimait mais que par contre il aimerait toujours Alya c'est comme si un poids immense s'était abattu sur mes épaules. C'était pas une surprise pourtant. J'avais été au premier rang pour voir à quel point l'amour que portait Ken à Alya était puissant. Je ne suis clairement pas à la hauteur. Comment pourrais-je l'être ? Alya était parfaite. Littéralement, parfaite. Comment pourrais-je rivaliser avec une mannequin ? Moi, mes grosses cuisses et ma petite taille. Je ne sais même pas comment Ken a pu passer d'elle, à moi.

Nous sommes arrivés dans la boite depuis une heure. Il doit être un peu plus d'une heure du matin. J'ai répondu par la négative à toutes les propositions des filles et de Mo' d'aller danser. Un énième verre à la main, j'en ai trop bu pour compter, je sens le regard de Ken me bruler. Je l'ignore. C'est tout ce que j'ai réussis à faire depuis le début de la soirée. Au début, les gars ont déconné avec ça, mais quand ils ont compris que j'étais vraiment énervé, ils ont arrêté. Du coup ils m'ignorent aussi. C'est pas pour me déplaire. Quand je pense que je pourrais être dans mon lit avec mon plaid et un livre et que je suis là, à me faire chier royalement.

Je jette un œil à la table. Toutes les bouteilles sont vides. Je sais ce qu'il me reste à faire. Je me lève péniblement et me dirige d'une démarche chancelante vers le bar.

- Tu vas où Gabi ? Me demande Fonk'.

Ken a subitement relevé la tête vers moi et son regard rencontre le mien. Je baisse les yeux et indique mon verre vide à Antoine.

- T'es sur ? T'en a déjà bu pas mal non ?

Mais j'ai déjà descendu les escaliers du carré VIP en manquant de me rétamer sur mes talons. Je me dirige vers le bar et commande un Whisky Coca. Je me hisse sur un tabouret en attendant ma commande quand un homme vient s'accouder à côté de moi.

- Salut, commence-t-il.

Je l'ignore.

- Je m'appelle Sébastien.

- Comme dans Belle et Sébastien.

Il hausse un sourcil. Surement pour voir si je rigole ou pas mais décide que ça doit être une blague puisqu'il rigole doucement. Pourtant ça n'en été pas une. J'adore ces films c'est tout.

- Et toi ? Tu t'appelles comment ?

- Belle.

- Comme la princesse.

- Non, comme le chien dans Belle et Sébastien.

Cette fois ci il semble complétement perdu. Le pauvre. Il pensait trouver une proie facile et se retrouve avec la reine des glaces qui fait la gueule. J'esquisse un pauvre sourire et il reprend confiance.

- Tu viens souvent ici, me demande-t-il.

- Non.

Simple, concis. Il me fait chier. Mais pour l'instant il n'a rien fait qui mérite que je lui en colle une.

- Tu parles pas beaucoup.

- Non.

Pourtant, demandez à qui vous voulez, je suis une vraie pipelette en temps normal.

- Je vois. On passe directement aux choses sérieuses alors, dit-il en posant sa main sur ma cuisse.

Parfait. Maintenant qu'il m'a touché j'ai une raison pour le repousser. J'allais lui foutre une claque quand une voix retentie dans son dos.

- Je peux savoir pourquoi t'as ta main posée sur la cuisse de ma meuf ? Demande Ken d'une voix froide.

Sébastien se retourne d'un bloc pour croiser les yeux furibonds du rappeur.

- Désolé mec, je savais pas que c'était ta meuf.

- Dégage, siffle-t-il.

Je lève les yeux au ciel et bois une grande gorgée de mon Whisky. Surement pour me donner du courage.

- Gabrielle, m'appelle Ken.

- Oui mon amour, dis-je, un sourire hypocrite sur le visage.

- Arrête ça. On peut parler ?

- Bien sûr. Tu veux parler de quoi ? Je trouve qu'on passe une charmante soirée, pas toi ?

- T'es bourré Gabrielle, soupire-t-il.

- Je suis pas bourré. Je suis même parfaitement consciente. Je vois tout. Par exemple je vois Mekra qui embrasse Lou, Doum's qui parle à une chaise parce qu'il est défoncé, et que tu as apparemment l'air énervé.

J'ai mal au ventre. Et ce n'est pas que l'alcool présent dans mon sang. P

- Putain Gabrielle, rage-t-il.

- Putain Gabrielle, je l'imite.

- Mais t'es une vraie galère c'est pas possible.

- Mais t'es une vraie galère c'est pas possible !

J'éclate de rire et vacille sur mon tabouret. Je fini mon verre cul sec et saute de mon perchoir. Je patiente quelques secondes avant de retrouver mon équilibre et me dirige vers les filles que j'ai repéré sur la piste. En arrivant à côté d'elles je lève les bras en criant et elles me répondent de la même manière. Je me colle à elles et danse tant que je peux. Pendant presque une heure on se déhanches du mieux qu'on peut sur le rythme de la musique. Lançant des regards noirs à tous les gars qui font mines de s'approcher de nous.

Essoufflé et oppressé par tous ces corps qui se pressent contre moi je finis par m'extirper de la masse des danseurs et retourne au bar. Lou me rejoint et hurle à mon oreille.

- Shots !

Le barman dépose quatre verres devant chacune et au signal de ma meilleure amie on les engloutit à la vitesse de l'éclair. Elle rigole mais moi mes yeux se voilent. Bon, ok, j'ai peut-être un peu exagérer. Je m'accroche au bar quand un bras passe autour de mes hanches pour me maintenir debout. Je me laisse tomber contre un torse que je connais bien.

- Qu'est-ce que tu fous Gabrielle, murmure la voix de Ken dans mon oreille.

- Kennou, je marmonne. Je suis trop heureuse que tu sois là ! Tu sais quoi ? Je crois que je suis bourré, mais c'est un secret dis-je en m'écartant de lui et en posant mon doigt sur mes lèvres. Par contre, faut pas le dire à Ken ! Ah merde. C'est toi Ken.

J'éclate de rire. Putain, c'est trop drôle.

- C'est marrant comme prénom, Ken. Comme Ken et Barbie ! Moi j'aime pas Barbie. Elle est trop belle et moi je suis moche. Pas étonnant que tu ne m'aimes pas et que tu sois encore amoureux d'Alya. Elle c'est, c'est une vraie femme ! Elle ! Tu devrais retourner avec elle ! Ah merde. Tu peux pas elle est morte.

Je porte une main à ma bouche.

- Dans tous les cas tu ne devrais pas être avec moi. Je ne te mérite pas Kennou. Dommage, je t'aimais bien...

Ken a les yeux fixés sur moi mais son regard est vide, comme s'il ne comprenait pas ce qu'il se passe.

- Tu dis que de la merde. Et en plus t'es bourré.

Il attrape ma main et me traine derrière lui vers la sortie. Le froid m'attaque quand on sort et je serre mes bras autour de moi. Il me passe son bomber que je m'empresse d'enfiler. Mon cerveau est trop embrumé pour que je comprenne vraiment ce qu'il se passe. Il me fait entrer dans une voiture. Je ne sais pas combien de temps plus tard on arrive dans un appartement. Aucun souvenir de comment je suis arrivé. Il m'allonge dans un lit que je reconnais comme le miens et m'enlève mes chaussures, mon jean et mon body, me laissant en sous-vêtement.

- Dors, on reparlera demain.

Je marmonne quelque chose et me laisse entrainer dans un sommeil sans rêves. 

~•~

Vous m'en voulez si je vous dit que j'ai bien aimé écrire ce chapitre ?

*rire démoniaque*

Allez, la bisette mes chouquettes !

💙

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