Chapitre 31 : "Tu problemo es mi problemo chica"

Une main lave l'autre - Alpha Wann

"C't'époque est passé assez vite, une existence assez vide 
L'adolescence a ses vices, très jeune, j'étais lassé d'vivre" 

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Pdv Ken

Vendredi 22 janvier 2016

De Atá :

Tu fais quoi ?

De Moi :

Studio. Pourquoi ?

De Atá :

Woah ! Nekfeu qui répond à son téléphone ! Truc de ouf...

De Moi :

Je ferais tout pour toi bébé !

De Atá :

Bébé ???

De Moi :

Chérie ?

De Atá :

CHÉRIE !?!?

De Moi :

Ok, j'ai compris, je reste sur Atá...

De Atá :

J'arrive dans 20 minutes <3

De Moi :

<3 <3 <3

- C'est à qui qu'il envoie des cœurs le fennec, demande Népal.

- Ma meuf.

Je souris en pensant qu'elle m'aurait probablement engueulé si elle était présente parce que j'ai utilisé un pronom possessif alors que jamais au grand jamais je ne la posséderais parce qu'elle est une femme libre et blablabla... Dingue comment je la connais bien quand même.

- Ah oui ! Gabrielle !

- La fameuse, rigole Framal.

- L'incroyable, continue 2Zer.

- L'unique, termine Hugz en tournant sur sa chaise, les bras écartés.

Je souris face aux conneries des gars tandis que Clément éclate de rire.

- C'est elle la meuf d'Avant tu riais ?

- Non ça c'est Lyla.

- C'est dingue. Je me barre cinq mois au Japon, je reviens t'es en couple et t'as une petite reuss.

- Arrête de partir, tu loupes trop de truc. Ou alors prend nous avec toi, rigole Fram'.

- J'attend qu'ça gros, j'attend qu'ça.

- Je verrais bien des sortes de bruitages derrière Nep' pour le refrain, j'interviens.

- Genre quoi, me demande Diabi.

- Je sais pas trop.

- Bah tente un truc.

J'acquiesce et entre en cabine pendant que Diabi relance la piste du début avec le refrain déjà posé de Clément.

Pendant une bonne vingtaine de minutes on tente des trucs quand la porte s'ouvre sur une Gabrielle souriante. Elle fait la bise aux gars. S'attardant près de Népal pour lui dire à quel point elle aime ce qu'il fait et finit enfin par arriver devant moi. Je souris en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille et dépose doucement mes lèvres sur les siennes sous les youyous des gars.

- J'ai beau être super heureux que mes deux meilleurs potes soient ensemble, surtout que vous nous avez bien fait chier, ça me fait bizarre de vous voir vous embrasser, rigole Théo.

- Va voir Soph' et laisse nous tranquille, râle Gabrielle en entourant ma taille de ses bras et en se collant à moi.

Je resserre les miens autour d'elle en pose ma tête sur son épaule.

- Exactement, va voir Soph' et laisse nous tranquille.

- Putain, déjà que séparé ils étaient chiants, alors ensemble... Pitié, faîte qu'ils ne fassent pas de gosses, ils seront insupportables, dit Mekra.

Je sens Gabrielle se tendre contre moi et détourne rapidement la conversation sur ma dernière prise. Ça ne doit pas être évident pour elle de parler d'enfant alors qu'elle a perdu le sien. J'en reviens toujours pas de ce qu'elle m'a raconté. Elle est tellement forte.

- Mais, c'est la prod' que vous avez fait avec Lyla non, s'étonne Gabrielle en se tournant vers Diabi.
- Ouais, et Clément passait par là et il l'a kiffé. D'ailleurs le refrain lui est venu direct.

Je lâche Gabrielle pour attraper mon carnet posé sur une baffle. Je viens de penser à une phrase que je fredonne doucement.

- Plus fort Nek. 

- Ton putain de rap et falsh boy, j'parle pas d'toi pourquoi tu t'faches boy ?

Les gars éclatent de rire et Mekra me tend son point pour que je le tcheck.

- J'ai pas compris, dit Gabrielle en se tournant vers moi.

- Guizmo.

- Encore ? Vous croyez pas qu'il serait temps de passer à autre chose ?

- Il continue alors je vois pas pourquoi on devrait arrêter, grogne Mek'.

- J'ai jamais compris ce qu'il s'était passé.

- C'est pas important, dis-je en posant mes mains sur ses joues avant de déposer un baiser sur son nez.

- Et pourquoi c'est de Guizmo que tu parles là ?

- Le "boy" c'était un peu son surnom.

- Ah bon... Bref on s'en fout au pire.

- Ouais, on s'en fout.

Je m'assois sur le canap' et l'attire sur mes genoux.

- T'es pas censé être à la librairie Gabi, demande Fram'.

- Il est dix-huit heure les gars.

- Déjà ? Putain j'avais pas vu le temps passer.

- Et Lyla, je demande.

- À la maison, elle fait ses devoirs je crois. Mais elle m'a dit qu'elle nous rejoindrait probablement quand elle aurait fini.

Effectivement, environ un quart d'heure plus tard c'est au tour de la tête blonde de Lyla de faire son entrée dans le studio enfumé. Elle tousse d'ailleurs copieusement en entrant et laisse la porte grande ouverte.

- Et bah, vous vous faîtes pas chier, râle-t-elle en souriant.

Elle claudique en direction du canapé et s'y laisse tomber. Abandonnant l'idée de dire bonjour à tout le monde

- Ça va Lylouche ?

- Ouais ça va... C'est enfin le weekend. J'ai la tête comme ça, dit-elle en écartant les mains de chaque côté de sa tête. Je vous jure si quelqu'un me parle encore de fonction je le tue.

- Parle pas de malheur Lyla.

Elle rigole face à ma grimace dégouttée.

- Il te fais encore chier l'autre, demande Gabrielle.

- Qui ? Vincent ?

- Ouais.

Je me redresse et un coup d'œil vers les gars m'apprend qu'eux aussi ont entendu comme moi.

- C'est qui ce gars, je l'interroge.

- Y a besoin qu'on aille casser des gueules, demande Mekra.

- Calmez vous. C'est juste que, je ne sais pas comment, les gens du lycée ont appris ce qu'il m'est arrivé et le délégué, Vincent, s'est subitement découvert une conscience et insiste lourdement pour m'aider. Après c'est le fils du CPE donc ça joue peut-être. Du coup je l'envoie chier mais il reste collé à moi comme une moule à son rocher.

- Et, ça va ?

- Mais oui ça va Ken.

- Désolé de m'inquiéter. Y a même pas deux mois t'aurais fait une crise de panique et tu te serais enfermée dans les toilettes.

Elle me jette un mauvais regard et se renfrogne dans le canapé.

- Me regarde pas comme aç tu sais que j'ai raison.

Elle se lève et rejoint Diabi sans rien dire et sous nos regards surpris. Première fois qu'elle me "tient tête", si on peut dire ça.

- Les gars on sort ce soir, demande Fram', le nez plongé dans son téléphone. Sneazz' veut qu'on se fasse une soirée à l'ancienne avec tout le monde.

- J'ai Lyla, dit Gabrielle.

- Oh mais t'inquiètes pas Gabi. Je peux rester toute seule pour une soirée. Je veux pas t'empêcher de vivre ta vie.

Gabrielle grimace. Je sais qu'elle utilise Lyla comme excuse pour ne pas avoir à sortir. Je caresse doucement sa cuisse pour attirer son attention.

- J'ai promis à Mo' que j'irai, t'es sûr que tu veux pas venir ?

- Tu y vas ?

- Puisque je te le dis.

- Bon ok, souffle-t-elle. Mais j'appelle Lou.

Hakim se redresse sur sa chaise.

- Pourquoi, grogne-t-il. On n'a pas besoin de cette vieille meuf.

Oula. Il va prendre cher. Les yeux de Gabrielle se sont mis à lancer des éclairs en direction de mon pote et elle se lève en mettant ses poings sur ses hanches.

- Vieille meuf ?! Mais il te passe quoi par la tête ? C'est toi le vieux mec ! Tu t'es pris pour qui à insulter ma meilleure amie devant moi ! Mais redescend pauvre type !

Elle trépigne devant lui. Je sais qu'elle rêve de lui foutre une claque. Gabrielle, tout comme moi, ne supporte pas qu'on insulte ses amis. Et, tout comme moi, à légèrement un problème avec la violence. Mais moi j'ai plus tendance à frapper dans les murs. Malgré le fait qu'ils ne m'aient rien fait. Ils encaissent mieux qu'un homme.

Gabrielle est toujours en train de gueuler comme du poisson pourri sur mon kho sous le regard mi-amusé mi-désabusé des gars. Je me lève en soupirant et attrape ses poings pour la ramener vers moi.

- Atá, calme toi.

- Ah parce que tu le défends en plus! Évidemment, les potes avant les meufs, j'avais zappé, dit-elle en se frappant exagérément le front.

- Calme toi. Non je le défend pas, je t'empêche juste de lui crier dessus. Ce qui ne sert à rien.

Je jette un regard à Mek' qui est planqué sous sa casquette.

- T'as foutu quoi encore kho, je lui demande.

- Rien. C'est elle.

- C'est elle quoi ?

- Elle a couché avec un autre.

- Quoi ! s'écrie-t-on en cœur.

- Mais t'en es encore à là ? Putain mais elle n'a pas couché avec ce mec ! T'es complètement bouché mon pauvre ! Jamais elle t'aurait trompé.

- On n'est même pas ensemble. Elle peut faire ce qu'elle veut. Si ça l'amuse d'écarter les cuisses pour tout Paname c'est pas mon problème.

La gifle est partie toute seule. Je n'ai rien pu faire pour l'empêcher. Hakim se tient la joue, choqué. Première fois qu'une meuf le frappe. Quelque part ça ne m'étonne pas que ce soit Gabrielle. Cette dernière le fusille du regard et attrape sa veste et son sac. Elle s'approche de moi et m'embrasse rapidement.

- Tu m'envoies les infos par messages ?

J'acquiesce et l'embrasse une dernière fois avant qu'elle ne parte en claquant la porte derrière elle.

- Calme ta meuf frère, grogne Mek'.

- J'suis désolé mais t'as abusé kho. Depuis quand tu parles d'une meuf comme ça ?

- Depuis toujours Nek.

- Non mais des meufs que tu soulèves en soirée ok...

- Y a des enfants, gueule Diabi en mettant ses mains sur les oreilles de Lyla.

- Mais c'est de Lou qu'on parle, je continue.

- J'avoue Hak's. C'est une fille iemb Lou, dit Théo.

- Donc en fait vous êtes tous liguer contre moi ? Nickel, merci les frères.

Il prend sa veste et sort du studio à son tour en claquant la porte derrière lui.

- Super l'ambiance, soupire Lyla.

- Je vais retrouver Gabrielle. Lyla j'te ramène ?

- Je veux bien.

- Before chez oim, lance Hugz.

Je me lève et check les gars en sortant avec Lyla. Dans la voiture je me tourne finalement vers elle en allumant le contact.

- Bon, alors, Vincent ?

Elle soupire et laisse sa tête tomber contre la vitre.

- Je veux pas t'embêter Lyla, au contraire. Tout ce que je veux c'est t'aider. Je n'ai pas pu le faire avec ton père alors laisse moi au moins t'aider pour ça.

- Mais c'est pas grave, marmonne-t-elle.

- T'es sur ?

Elle peut dire ce qu'elle veut aux autres, avec moi ça ne marche pas. C'est d'ailleurs ce que je lui explique. Elle ferme les yeux une micro seconde.

- Ok. Ça me soule.

- Explique.

- Je sais pas. C'est juste que, pour tout le monde, j'étais une gosse de riche, archi catho, qui aime la musique classique, intello...

- Bref, un cliché.

- Ouais.

- Et donc ?

- Et du jour au lendemain je me suis retrouvé super connu. Je ne sais pas pourquoi. Tout le monde est au courant pour mon père. Et je ne comprends pas pourquoi. C'est pas comme si je l'avais crié sur tous les toits."

Je fronce les sourcils. Je sais à quel point les ados peuvent être intrusifs.

- T'es sûr que tu l'as dit à personne ?

- A part vous, Gabi et Lou, personne ne le sait.

- Bref, revenons à nos moutons. Le lycée.

- Tu traines vraiment trop avec Gabi, elle te contamine avec ses expressions pourries.

- Change pas de sujet.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Oui ça me soule toute cette attention. Surtout que j'ai encore un peu, ok, beaucoup, de mal avec le contact.

- Qu'est-ce que je peux faire ?

- Rien, c'est pas si grave.

- Tu problemo es mi problemo chica, dis-je avec mon plus bel accent espagnol.

Elle éclate de rire et je souris. Si elle arrive encore à rire c'est que ce n'est pas si grave.

- Oh la la ! Demande des cours à Gabrielle pour l'espagnol, dit-elle en rigolant.
- Laisse-moi tranquille. Je parle déjà mieux que toi. Je suis sûr que t'as pris Allemand LV2 et option latin.

Et elle commence à parler en espagnol sous mon regard étonné.

- T'as dit quoi là ?

- J'ai dit qu'effectivement j'avais pris Allemands LV2 mais Espagnol LV3 et option latin.

- Mais t'es une grande malade.

Elle rigole tandis que je la regarde avec admiration. A part pour l'anglais que je maitrise un minimum je suis vraiment nul en langue étrangère. Même le grec je ne le parle pas. Je baragouine comme je peux quand je vais en Grèce. On va dire que j'ai les bases. On finit par arriver devant l'immeuble de Gabrielle et je cherche une place pour me garer. Je porte Lyla sur mon dos dans les escaliers parce que l'ascenseur est en panne, pour changer, et on finit par arriver devant la porte. On entre dans le salon et trouve Lou, en larme, dans les bras de Gabrielle.

Lyla se précipite du mieux qu'elle peut avec ses béquilles vers son amie pour la prendre dans ses bras et Gabrielle se lève avant d'aller vers moi.

- Je vais buter ton pote.

- C'est aussi le tiens je te rappelle. 

- C'était le tien en premier.

Je rigole doucement en passant ma main dans son dos pour déposer un baiser sur son front.

- Ça va vraiment pas ?

- Ça va aller. Elle est persuadée que c'est de sa faute.

- Il s'est passé quoi en fait.

- C'était quand elle est sorti avec vous, mercredi je crois, elle s'est fait accoster par un mec. Sauf qu'il était un peu trop collant et que pour le fuir elle est allée dans les toilettes. Sauf que ce con l'a suivi et Mekra a cru qu'il s'était passé des trucs entre eux.

Ah.

- Je peux comprendre qu'il ait cru quelque chose.

- Ah non ! Tu vas pas t'y mettre.

- Non, je comprends. Mais il aurait dû aller lui parler. Après je dis ça mais moi j'aurai pété un câble et je me serais barré à l'autre bout de la France.

Une étincelle d'inquiétude apparait dans ses yeux et je regrette immédiatement ma dernière phrase.

- C'était une blague.

Non ça n'en était pas.

- Je suis pas comme ça.

- Menteur.

Elle sourit un peu mais son sourire n'est plus aussi rayonnant. Elle se tourne alors vers sa meilleure amie et l'interpelle.

- Tu sais quoi Lou ? On va te mettre en bombe pour lui faire regretter à ce connard.

Je grimace à l'entente de l'insulte à l'égard de mon pote.

- Et je te laisse m'habiller.

A ces mots Lou relève ses yeux larmoyants vers Gabrielle.

- Tu mettras des talons ?

- Je mettrais des talons.

- Et tu me laisse te maquiller ?

- Et je te laisse me maquiller, grimace Gabrielle

Les filles disparaissent dans la chambre de Gabrielle et je m'installe avec Lyla sur le canapé pour discuter. Elle m'a manqué.

Il faut au moins quarante minutes aux filles pour se préparer. Je n'ai jamais compris pourquoi il leur faut autant de temps. Moi je mets un jean et un tee-shirt et basta. Enfin, le jean c'est quand j'ai pas la flemme de me changer et que je ne reste pas en jogging. De toute façon il suffit que je dise que je suis Nekfeu et je rentre à peu près partout. Ce qui, pour certain est un avantage, pour d'autre non. Il n'y a même pas deux ans j'étais encore dans la galère. Même si on commençait à se faire un nom avec le l'Entourage, c'était quand même pas la joie. Le succès de Feu me fait peur. C'est pour ça que je prends mon temps pour le deuxième. J'ai envie de quelque chose qui me ressemble vraiment.

- C'est bon, claironne Lou en entrant dans la cuisine.

J'en connais un qui va passer toute la soirée à surveiller qu'on ne se s'approche pas de sa protégée. Dans sa robe bleue avec ses cheveux blonds relevé un chignon, Lou est magnifique.

Mais mon cœur rate en battement quand Gabrielle entre dans la pièce. Lou est trop forte. Connaissant l'aversion de Gabrielle pour les robes moulante elle lui a donné un jean noir avec un body blanc. Monté sur des talons finalement pas si haut elle ne semble pas très assurée. Ses cheveux sont lâchés dans son dos et elle est maquillé très légèrement. Juste sur les yeux, mettant en valeur son regard et ses yeux si beau. Elle rougit quand elle se rend compte que je l'observe et se tourne vers Lou.

- Tu vois je t'avais dit que c'était trop.

Je me lève et attrape sa main pour la faire se tourner vers moi.

- T'es magnifique.

Je lui souris alors qu'elle rougit et je l'embrasse doucement.

"Je sais que tu sais te défendre, je chuchote à son oreille. Mais t'es beaucoup trop belle alors je vais pas te lâcher du regard tout à l'heure."

Elle me fait les gros yeux et tape sur mon bras pour que je la lâche.

- Lyla ? J'ai mon téléphone avec moi, si t'as un problème tu m'appelles. Moi ou n'importe qui. L'important c'est que tu ne restes pas toute seule.

- Oui chef !

- Y a des restes au frigo mais tu peux commander une pizza si tu préfères, je t'ai laissé vingt euros sur la table.

- Oui chef !

- Ça va aller ?

- Oui chef !

Elle l'embrasse sur le front et on quitte l'appartement de Gabrielle. 

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