Chapitre 25 : "T'as fait quoi encore?"

Risible amour - Nekfeu

"Je connais les risques de l'amour mais j'ai toujours l'amour du risque"

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Pdv Lyla

Lundi 11 janvier 2016

Ces premières nuits seule à l'hôpital avaient été horribles. Je savais que mon père ne pouvait pas venir, mais je ne pouvais pas m'empêcher de le voir partout. Dans cet infirmier qui passait dans le couloir, dans mon médecin qui venait voir comment j'allais, et même dans l'ombre du fauteuil pendant la nuit. Ken et Gabrielle étaient avec moi quand le médecin avait dû refaire mon bandage et heureusement car sinon je n'aurai probablement pas supporté qu'il pose sa main sur moi. Au moins maintenant c'était une infirmière qui venait s'occuper de moi et pas un homme.

Gabrielle m'a expliqué qu'elle avait dû se faire passer pour une infirmière pour faire partir mes parents samedi matin. Je ne sais pas comment elle a réussi, mais elle l'a fait.

Il est dix heures, je m'ennuie à mourir dans ma chambre. Je n'ai même pas mon téléphone et il passe que des merdes à la télé. Heureusement Ken ne devrait pas tarder. Il m'avait dit qu'il passerait me voir avant de retourner au studio. Il était déjà passé hier dans la journée. D'ailleurs, les garçons mettent un point d'honneur à laisser seule le moins possible pour éviter que je m'ennuie. Je ne sais pas ce que je ferais sans eux.

- Toc toc. Je peux entrer ?

Ken a passé sa tête dans l'encadrement de la porte et me regarde en souriant.

- Ken !

- Comment ça va princesse, dit-il en s'approchant. Ta cheville te fait pas trop mal ?

- Non ça va, c'est supportable.

- Tant mieux.

Il dépose un baiser sur mon front et je grimace en voyant ses cernes énormes. Il a les yeux rouges comme s'il n'avait pas dormi de la nuit.

- Euh, Ken ? Tu vas bien ?

- Bah oui, pourquoi ?

- T'as les yeux tellement rouges qu'on dirait que t'as pas dormi de la nuit. Ou que t'as fumé un des joints de Doum's.

- Ça se voit tant que ça ?

- Non mais d'habitude t'as tout le temps des cernes, d'accord, mais là, c'est pire.

- J'ai pas beaucoup dormi cette nuit.

- Pourquoi ?

- L'inspi ne prévient pas.

- T'es sûr que c'est que ça ?

Il évite mon regard et fixe la télé.

- Ken ?

- J'ai merdé.

- À propos de quoi ?

- Une fille.

- T'as fait quoi encore ?

- Sympa le soutient.

- Dis-moi tout, dis-je sans prendre en considération sa remarque.

- J'étais sensé la voir hier et j'ai complètement zappé. J'étais au stud' avec Sneazz' en train de faire une putain de dinguerie et du coup j'ai un peu oublié que j'avais un truc à faire. En plus, j'avais plus de batteries.

- Pour changer, je marmonne.

- Oui bah c'est bon.

- Je la connaît la fille ?

- Ça se pourrait...

- Gabrielle ?

- Pourquoi Gabrielle direct ?

- Parce que, comme je lui ai déjà dit, vous vous kiffez et vous êtes les seuls cons à pas vous en rendre compte.

Il est vraiment idiot ce gars. Bon sang, rappelez-moi pourquoi je l'aime déjà ?

- Bon, et j'imagine qu'elle t'a envoyé un message pour te dire à quel point c'est mort ?

- C'est flippant parfois à quel point t'arrives à prévoir comment on va régir avec Gabrielle.

- Du coup ?

- Bah oui.

Il me tend son téléphone pour que je voie le message en question.

L'évocation du procès me fait déglutir difficilement.

- Lyla, ça va ?

- Ouais, ouais. Bon, ça pue.

- Merci.

- Non mais objectivement ça pue là. En même temps t'es con toi.

- Oui bah merci, j'ai compris, dit-il en levant les yeux au ciel.

- Je peux rien faire pour toi. La seule chose à faire, c'est d'aller ramper à ses pieds en espérant que ça passe.

Il soupire et laisse tomber sa tête en arrière.

- Est ce que tu peux m'expliquer ce qu'il se passe entre Hakim et Lou ?

- Ah ouai c'est vrai que t'as pas suivi toi. Bah en gros ils se kiffent mais pas assez pur être ensemble. Des sortes de plan cul supplément sentiments quoi.

Ce que j'aime avec Ken, c'est qu'il me parle comme si j'étais son égal. Que je n'ai que 16 ans, que je sois une fille ou une gosse de riche ça lui passe complétement au-dessus de la tête.

- Mais, et Yannis dans l'affaire ?

- Ce gros con l'a trompé alors elle l'a jeté quand elle a commencé un truc avec Haks.

On a continué de discuter de tout et de rien, de Chicago, de mes vacances, de livres, des cours. J'aime tellement discuter avec lui. C'est simple. Je ne me prends pas la tête. C'est l'une des rares personnes avec qui je peux être moi-même.

Évidemment on ne voit pas le temps passer quand, vers onze heures trente quelqu'un toque à la porte qui s'ouvre pour laisser passer Émilie, mon infirmière.

- Bonjour Lyla, comment tu vas aujourd'hui ?

- Ça va...

Je la vois jeter un regard surpris en direction de Ken.

- Tu présentes pas princesse, me demande d'ailleurs ce dernier, son fidèle sourire en coin sur les lèvres qui me fait lever les yeux au ciel.

- Émilie, se présente-elle en tendant sa main vers lui. J'aime beaucoup ce que vous faites.

- Merci, ça fait plaisir, dit-il la main sur le cœur.

Ils commencent alors à parler manga et rap tandis qu'Émilie me refait mon bandage en douceur. Je l'aime bien Émilie.

- Je suis pas d'accord, Tupac mérite plus que Biggie.

- Ah mais non, comment tu peux dire ça, râle Ken.

Oui parce qu'ils sont rapidement passé au tutoiement.

- De quoi on parle là, je demande.

- Tupac ou Biggie, me demande Émilie.

- Désolé, mais je ne sais même pas de quoi vous parler, c'est pas des menus au MacDo ? Parce que si c'est le cas, j'y suis jamais allé.

Les deux me regardent avec des yeux ronds comme des soucoupes.

- Je sais pas ce que me choque le plus, dit Ken. Que tu ne sache pas qui ils sont ou que tu sois jamais allé au DoMac.

Émilie éclate de rire et on ne tarde pas à la rejoindre tant son rire est communicatif.

Je m'apprêtais à me défendre quand Gabrielle passe la porte, les bras encombrés de sacs en papier.

"Gabi !
- Coucou choupette. Salut Émilie, elle sourit à mon infirmière.

Elle pose les sacs par terre et son regard croise celui de Ken.

- Salut Nekfeu, dit-elle d'une voix froide.

- Gabrielle...

- J'ai ramenais Jap'.

Elle ne l'a même pas calculé. Émilie me jette un regard étonné et je hausse les épaules.

- Euh, je vais vous laisse, intervient-elle en se levant. Comme d'hab' Lyla, tu m'appelles si t'as besoin de quelque chose.

- Tu peux rester Émilie, tu nous dérange pas toi, dit froidement ma sœur en appuyant sur le dernier mot.

Ah ouais. Elle est vraiment énervée.

- Je vais y aller princesse, déclare Ken rapidement en s'approchant de moi et en déposant un baiser sur mon front. J'étais ravi de te rencontrer Émilie.

- Moi aussi, dit la concerné toujours décontenancé par l'ambiance froide dans la pièce.

- Bon, bah à demain Lyla. Gabrielle, je t'enverrai les contacts de mon avocat.

- Ok.

Je lui jette un regard rassurant et il remet son bomber et enfonce sa casquette sur sa tête. Il me sourit une dernière fois avant de fermer la porte derrière lui. À peine a-t-il fermé la porte que je me tourne vers Gabrielle.

- Putain, mais vous êtes grave vous deux !

- Il t'a dit ?

- Evidemment ! Il n'en a pas dormi de la nuit ce con.

- Pauvre chou.

- Oh arrête un peu Gabrielle. Tu ne l'as même pas laissé t'expliquer.

- Mêle toi de ce qui te regarde Lyla. C'est pas toi qui a attendu une heure dans le froid hier.

Je me renfrogne dans mon lit sous le regard perdu d'Émilie qui, de toute évidence, ne comprend rien à ce qu'il se passe. Elle finit par se lever car appelée par ses devoirs et me donne les recommandations habituelles avant de quitter ma chambre, me laissant seule avec Gabrielle qui fait comme si tout était normal.

- Bon, sushi, maki, me demande-t-elle en sortant des boites de ses sacs.

Mon cerveau tourne à plein régime pour essayer de trouver un moyen de les réconcilier.

- Je pense sincèrement que vous devriez tenter quelque chose tous les deux, dis-je en prenant un sushi.

Gabrielle éclate d'un rire sans joie.

- Dans ses rêves.

- Tu n'as pas l'impression d'en faire un peu trop ?

- Absolument pas. On n'est même pas ensemble qu'il me fait déjà des plans foireux.

Je lève les yeux au ciel. C'est incroyable comment elle est bornée. Je mâche mon maki en silence tandis que Gabi discute toute seule quand une idée me vient. Je vais avoir besoin de Mattéo.

______

Pdv Ken

De Lyla :

Si j'étais toi j'irais chez Gabrielle. Maintenant.

Je fronce les sourcils face au message de Lyla. Pourquoi veut-elle que j'aille chez Gabrielle. On est en plein milieu d'après-midi elle ne sera pas là. Et même si elle y été, elle ne voudra pas me laisser entrer.

Je suis vraiment un con de première. J'avais un seul truc à penser hier et il a fallu que j'oublie. J'en peux plus de moi. Vraiment. Quand je repense au moment fatidique où Mekra a demandé qui voulait décaler chez Deen pour une soirée, me permettant de me rendre compte par la même occasion qu'il était vingt heures. J'avais couru comme un con jusqu'à la librairie qui, évidemment, était fermé sans aucune trace de Gabrielle à l'horizon.

De Moi :

Pourquoi ? Y aura personne elle travaille.

De Lyla :

Tu verras bien ce que l'avenir te réservera ;)

Si même Lyla commence à me soûler avec cette musique je ne sais pas où va le monde.

Je me dirige donc vers l'appartement de Gabrielle. On ne sait jamais. De toute façon, j'ai rien à perdre. J'arrive devant son immeuble et tape le code avant de monter à son étage. Une fois devant je sonne et entends un bébé pleurer à l'intérieur. Un bébé ? Pourquoi un bébé ?

Un homme m'ouvre la porte. Il est grand aux cheveux noirs. Un bébé qui pleure dans les bras, il a l'air exténué.

- Je peux vous aider, me demande-t-il.

- Euh, oui. Je suis un ami à Gabrielle.

- Ah, tu dois être Ken !

Je fronce les sourcils, comment il le sait ?

- Lyla m'avait prévenue que tu passerais.

Ah bah oui. Évidemment.

- Bah entre, ne reste pas planter là.

Je le suis à l'intérieur. Le bébé n'a pas cessé de pleurer. Je ne sais pas comment il fait pour rester calme.

- Tu veux un truc à boire ?

- Non merci, ça va. Euh t'as besoin d'aide ?

- Tu peux me passer le biberon s'te plaît. Il est sur la table du salon.

Je récupère l'objet et le tend à l'inconnu. Le bébé finit par, enfin, s'endormir.

- Je reviens, je vais la coucher.

Je me sers un grand verre d'eau dans la cuisine. Je ne comprends rien à cette situation. Le gars revient dans la cuisine.

- Je suis désolé, elle a du mal à s'endormir en ce moment.

- C'est pas grave. Par contre, tu peux m'expliquer ce que je fais là avec un inconnu et un bébé ?

- Ah merde désolé. Je suis Mattéo, le frère de Gabrielle.

Effectivement. Maintenant qu'il le dit il y a un certain air de famille.

- A ce qu'il parait t'as fais de la merde avec ma sœur ?

- Possible, dis-je prudemment.

- T'inquiète je ne vais pas te faire le coup du grand frère protecteur. D'abord parce que de toute façon elle sait se défendre mieux que moi et ensuite parce que quelque chose me dit que tu t'en veux suffisamment pour pas que j'en rajoute une couche.

Il n'a pas tort. Je soupire en m'appuyant contre le plan-de-travail.

- Et du coup, pourquoi est-ce que Lyla m'a dit de venir ?

- Gab' est toujours de meilleure humeur après qu'elle ait vue sa nièce et ça faisait longtemps que j'avais pas vue sa petite bouille alors quand Lyla m'a proposé de venir j'ai accepté.

- Mais, t'as la clé de chez elle ?

- Non, elle en a qu'une et elle a trop peur de la perde alors elle la planque dans un pot de fleur sur la fenêtre de sa concierge.

- C'est pas vraiment prudent.

- Je sais mais elle est vraiment trop têtue.

- Ouais, je te le fais pas dire. T'as quel âge en fait ? Si c'est pas trop indiscret ?

- T'inquiètes, j'ai 25 ans et Paola va avoir 19 mois bientôt.

J'ai jamais compris pourquoi les parents parlaient par mois pour leurs gosses. En plus à chaque fois faut que je réfléchisse à combien ça fait d'année. Tout ça parce qu'ils ne veulent pas voir grandir leur "bout d'chou". Exaspérant.

- Donc si j'ai bien compris. Lyla m'a fait venir ici en même temps que toi parce que sa nièce devrait la calmer et me permettre d'avoir une discussion avec elle ?

- Ouaip.

- Elle a conscience à quel point c'est nul son plan ?

- Nop.

-Et on est d'accord que Gabrielle ne voudra même pas me parler ?

- Carrément.

- Super, dis-je en me laissant tomber sur le canapé.

Canapé qui est toujours aussi peu agréable depuis la dernière fois que j'ai dormis dedans.

- Donc, t'es dans le rap, c'est ça ?

- Ouais.

- Et ça marche ? Désolé j'y connait rien moi, dit-il en rigolant.

- T'inquiètes, ouais, ça marche plutôt bien.

- Ça fait longtemps que t'es dedans ?

- Je rappais déjà avec mes potes quand j'étais au collège mais disons que, sérieusement, j'en fait depuis mes 17 ans.

- Ah ouais quand même, métier passion donc ?

- Si j'avais pas eu le rap, j'aurais probablement jamais rencontré ceux que je considère comme mes frères et je serais probablement en train de dealer du shit, le rap m'a sauvé.

On continue de discuter pendant au moins une heure quand la porte d'entrée claque.

- Mattéo ?

- Estoy aquí.

Il se lève et prend sa sœur dans ses bras. Je me lève et vais m'appuyer contre le mur. Elle ne m'a pas encore vue. Ils commencent à discuter dans un curieux mélange de français, d'anglais et d'espagnol quand ses yeux rencontrent les miens.

- What the fuck is he doing here ?

- Salut...

- Où est Paola ?

- Dans ta chambre, soupire Mattéo.

Elle tourne les talons non sans m'avoir jeté un regard méprisant au passage. Ce n'est plus du tout la Gabrielle que je connais.

- Qu'est-ce que t'attends ?

Mattéo me regarde en haussant un sourcil.

- Va la rejoindre.

Je soupire. Elle va me remballer, c'est sûr. Je me dirige quand même vers la chambre et m'appuie contre le chambranle de la porte. Elle est debout et tient le bébé dans ses bras en me tournant le dos.

- Je ne veux pas discuter avec toi Ken, chuchote-t-elle.

- Comment t'as su que j'étais là ?

- Tu fais autant de bruit qu'un troupeau d'éléphants.

- On n'est pas obligé de discuter. Tu peux juste m'écouter.

Toujours de dos, elle commence à faire les cent pas en berçant la petite fille. Je prends ça pour une invitation à continuer de parler.

- Je suis vraiment désolé Gabrielle. J'étais au stud' avec les gars et j'ai pas vu l'heure passer. J'ai aucune excuse.
- Effectivement, dit-elle en se retournant.

Curieusement il n'y a plus de colère dans ses yeux mais juste une immense déception et ça me fais plus mal qu'autre chose.

- On n'a même pas décidé de ce qu'il allait se passer entre nous et tu fais déjà de la merde. Comment tu veux qu'on construise quelque chose ?

- Parce que t'aurais voulu qu'on construise quelque chose, je dis d'une petite voix.

- J'en sais rien Ken. Mais j'ai pas envie de souffrir. Je te connais, je sais comment t'es avec les filles.

- Je peux changer.

- Mais je ne veux pas que tu changes pour moi Ken.

- Ok, alors je peux faire des efforts.

Elle soupire en baissant la tête. Ses longs cheveux lui cachant le visage.

- S'il te plaît, Gabrielle, laisse moi une nouvelle chance.

Elle ferme les yeux une seconde puis dépose Paola dans son lit parapluie et passe devant moi, sans un mot. Je la suis, un peu décontenancé. Elle se dirige vers l'entrée et attrape mon bomber et ma casquette SZR avant de me les tendre.

- Ce soir, le café en bas de chez-toi, vingt heures. Je te préviens, c'est ta dernière chance. 

~•~

WESH ! 

Est-ce que j'ai vraiment besoin de preciser ce qu'il va se passer ensuite ? I don't think so...

J'espère quand même que ça vous plait mes petits poids cassés (oui j'ai décidé de changer de surnoms à chaque chapitres).

Cœur sur vous mes p'tits choux ! 💙

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