Maison de la famille Hadid – Samedi 17 décembre 2016

Louis Tomlinson.

Je crois que je ne me suis jamais rhabillé aussi rapidement après avoir couché avec quelqu'un. Pourtant, j'ai eu pas mal d'expériences assez désastreuses ces dernières années. Entre les plans étranges à plusieurs, et les découvertes sexuelles douteuses... j'ai clairement déconné niveau relation depuis que je suis à Los-Angeles. Non pas que je suis honteux de ce que je viens de faire avec Harry, j'ai fait bien pire ! Et puis, sans se mentir, ça a été un très très bon moment.

Ok j'étais clairement bourré, lui aussi, et il m'a vomi dessus à peine dix minutes avant que je me retrouve plongé dans un corps à corps avec lui sous la douche. MAIS c'était un super moment quand même. Ca a été fort, intense et sauvage. J'avais besoin de ça pour évacuer toute la pression accumulée ces derniers jours. VRAIMENT besoin.

Mais, si je me suis vite rhabillé, c'est parce qu'Harry semblait très pressé de partir et de quitter la salle de bain. De toute façon, nous n'avions pas grand chose à nous dire après ça. Je ne sais même pas pourquoi j'ai couché avec lui. D'accord il m'attire, beaucoup. Physiquement on ne peut pas dire que ce soit un gros laideron, je pourrais même dire qu'il s'agit d'une bombe atomique ! Le voir à moitié à poils sous l'eau avec ses boucles mi-longues plaquées contre son crâne...bon Dieu, il ne m'en a pas fallu plus pour céder. C'était un appel au sexe !

Il est si différent des gens que je fréquente normalement. Il est franc, droit et semble être quelqu'un d'hyper complexe !

Sauf que je n'ai pas le temps pour les histoires compliquées moi !

Et puis c'était juste de la baise.

Enfin, je crois ?

Harry est le premier a quitté la salle de bain. Nous ne nous sommes pas échangés un mot, ni un regard. Je referme la porte derrière lui pour terminer de me rhabiller mais aussi pour essayer de sauver mes baskets qui sont pleines de vomi. J'adore ces baskets en plus !

Je soupire en les passant à l'eau claire, mais je crois qu'elles sont foutues. Je roule des yeux en les balançant dans la poubelle et je sors après avoir essoré mon t-shirt qui est évidemment trempé.

J'en tiens une bonne tiens ! Je ne sais pas qui est rentré dans la salle de bain au mauvais moment, mais je suis pratiquement certain que tout le monde est déjà au courant de nos galipettes sous l'eau. Avec mon t-shirt trempé qui me colle à la peau, je vais être parfaitement reconnaissable comme le gars qui a baisé sous la douche à la soirée des jumelles Hadid. Je n'avais pas franchement besoin de ça pour me faire remarquer mais bon.. il semblerait que j'aime être sous les projecteurs.

Je soupire en sortant dans le couloir et me retrouve nez à nez avec Niall. Je suis pieds nus, les cheveux mouillés et en bataille, sans oublier mon t-shirt mouillé. Il se pince les lèvres pour se retenir de pouffer de rire et je lis dans son regard qu'il sait déjà que quelqu'un vient de baiser dans cette salle de bain. Sauf que maintenant, il sait qu'il s'agissait de moi. J'espère seulement qu'il ne sait pas avec qui j'étais.

- Si vous aviez besoin de vous retrouver avec Danielle y'a des chambres hein, dit-il en souriant. Aurais-tu besoin d'un t-shirt sec?

Je roule des yeux, rigole légèrement et hoche la tête.

- Ouai. Je veux bien. Et jte permets pas de faire de commentaire.

- Allez suis-moi, j'ai quelques fringues dans la chambre de Gigi.

Je hoche la tête sans rien ajouter et le suis alors qu'il me fait signe de l'accompagne. Je le vois ouvrir une porte et je m'engouffre dans la chambre avec lui. Je le laisse fouiller dans l'armoire et il me sort rapidement un t-shirt. Je souris et l'attrape au vol quand il me l'envoie. J'enlève celui que je porte et mets le sec. Je soupire de soulagement, souriant avant de reprendre.

- Merci beaucoup.

- De rien. Soyez plus discrets la prochaine fois, ou fermez la porte à clé, se moque le blond.

Je souris et sors de la chambre en même temps que lui. Il zieute alors mes pieds nus et je secoue la tête de gauche à droite.

- Ah non. Je t'assure que tu ne veux pas savoir.

Il pouffe de rire et on se sépare une fois en bas de l'escalier. Je ne mets que quelques minutes à peine à retrouver Danielle qui discute avec Gigi et Bella. Je crois qu'elle s'entend bien avec les jumelles. Elles sont plus de son âge que je ne le suis après tout.

Mon amie m'adresse un large sourire avant de froncer les sourcils en me voyant avec mes pieds sans chaussures et un autre t-shirt que celui avec lequel je suis arrivé. Je me pince les lèvres en m'apprêtant à répondre quand Gigi le fait pour moi.

- Tu m'expliques pourquoi tu portes un des t-shirts de mon mec?

- Hmm... c'est une longue histoire, mais pour faire court, on m'a vomi dessus.

Les trois filles me regardent avec de grands yeux et mon amie ne peut réprimer ses éclats de rire. Je lève les yeux au ciel et Danielle se penche sur moi pour embrasser ma joue puis elle me demande si j'ai envie de rentrer. Je lui réponds par l'affirmative dans un signe de tête.

- On va y aller nous, répond Danielle en regardant les jumelles.

Gigi et Bella hochent la tête de haut en bas et embrasse la jeune actrice avec un sourire. Je remercie les deux soeurs pour la soirée et l'invitation puis on se dirige jusqu'à ma voiture. J'ai sûrement un petit peu trop bu, mais Danielle est sobre ayant arrêté de boire depuis quelques heures déjà. Je lui lance les clés de mon Macan qu'elle attrape au vol. Elle se glisse côté conducteur et je contourne la voiture pour aller retrouver le côté passager.

Je me retourne pour ouvrir la portière et vois Harry de l'autre côté du parking. Je plante mon regard dans le sien pendant une fraction de seconde avant de monter en voiture.

Cette soirée a été très bizarre.

*

- On prend la navette pour Paris demain à dix heures demain matin.

- Dans cinq heures quoi, répond Danielle en rigolant doucement tout en me regardant en s'asseyant sur le rebord de mon lit.

Je hoche la tête et me redresse en m'étirant légèrement. Elle me sourit et reprend.

- Et si on allait se faire du café et qu'on finissait notre soirée en nuit-blanche. De toute façon, il faudra qu'on parte vers neuf heures non? Dit-elle.

J'approuve d'un signe de tête et me redresse alors en regardant Danielle.

- Je vais faire le café.

- Tu as sélectionné tes scripts alors?

- Oui, ils sont sur mon bureau si tu veux les regarder, je lui dis en quittant la chambre.

Je descends à la cuisine sans faire de bruit. Charlotte n'est pas rentrée, mais j'imagine qu'elle va passer la nuit chez Gigi et Bella, à moins qu'elle ne rentre chez Liam. Mamie dort encore et je ne veux pas la réveiller. J'allume la cafetière après avoir rempli le bac d'eau, et je regarde le café couler dans le récipient d'un air pensif.

Je crois que j'ai fait une connerie en couchant avec Harry. Même si c'était un bon moment, qu'il est affreusement sexy et qu'il me plait énormément physiquement. C'était une erreur. J'ai encore dix jours à passer ici, et je vais le voir à chaque fois que je vais mettre le nez dehors. Comment je pourrais résister maintenant que j'ai goûté à sa peau? Sérieusement?

Je soupire largement en attrapant deux tasses, la cafetière remplie, je pose le tout sur un plateau et prends quelques gâteaux au passage avant de remonter dans ma chambre. Danielle s'est changée et a enfilé un de mes t-shirt. Elle s'est assise en tailleur sur mon lit, un script entre les mains. Sauf que je ne reconnais pas les papiers que Chris m'a laissés. Je soupire largement en comprenant que c'est le scénario de Guillaume Canet que ma grand-mère a dû monter dans ma chambre et poser l'air de rien sur la pile.

Je récupère rapidement le feuillet, sentant le regard interrogateur de Danielle sur moi.

- Je lis mal le français, mais c'est quoi ça? J'ai rapidement lu le synopsis c'est une histoire de malade !

- Oh arrête c'est juste l'histoire d'un cheval, je réplique en roulant des yeux.

Elle secoue la tête et attrape le script dans mes mains. Elle commence alors à lire le synopsis qui se trouve sur la première page à haute voix.

- "Il s'agit d'une biographie du cheval baptisé Jappeloup de Luze. Champion de saut d'obstacle, il remporte de très nombreux titres dans les années 1980, dont celui de champion olympique, champion d'Europe et champion de France avec son cavalier Pierre Durant. Pour la seule et unique fois, la France vibre au rythme du galop d'un cheval. Devenu icône d'une époque, encore beaucoup aujourd'hui se rappelle de ce petit cheval noir." C'est un film de Guillaume Canet même chez nous ce gars est hyper connu ! S'exclame la jeune femme en le regardant, et tu sais aussi bien que moi ce que ce film pourrait représenter pour toi.

- Je ne ferai pas ce film.

- Louis.

- Non. Danielle, Non.

- Ce tournage se déroulera forcément en France, t'es le premier à te plaindre de ne pas pouvoir passer du temps avec ta famille quand tu es à L.A. et merde, tu .... tu pourrais faire ce film. C'est une opportunité de malade pour toi, et peut-être aussi l'occasion de faire table rase du passé.

Je me pince les lèvres en soupirant avant de récupérer le scénario pour le poser sur mon bureau. Je m'assoie sur le rebord de mon lit et tourne mon attention sur Danielle qui m'a suivi du regard et qui m'observe avec attention de là où elle est. Je roule des yeux et la vois s'approcher et poser ses mains sur mes épaules avant de murmurer.

- Ta soeur te manque, ta famille te manque, ta vie te manque.

- Je ne ferai pas ce film, je conclus en jetant le scénario à la poubelle. Je ne ferai pas ce film parce que même si je l'avais voulu je ne pourrais pas. Je ne suis plus le bienvenu chez moi, je vais subir mes derniers dix jours ici, et je vais avoir envie de me pendre un petit peu plus chaque jour parce que ma soeur me déteste, mon meilleur ami ne me parle plus et ça tue ma grand-mère à petit feu.

- Tu as faux sur toute la ligne. Et si tu veux mon avis, tu ferais la plus grosse erreur de ta vie en refusant ce film. C'est la chance pour toi de revenir chez toi tout en continuant le travail que tu aimes.

Je ferme les yeux en inspirant profondément avant de secouer la tête.

- Danielle.

- Non, j'en ai assez de te voir te morfondre à L.A. Tu joues les gars heureux et épanoui mais je pense être assez bien placée, assez proche de toi pour savoir que tu n'es ni heureux, ni épanoui. Plus depuis un moment. Si au début tu adorais ton boulot, tu te plongeais corps et âmes dedans, aujourd'hui c'est plus le cas. La preuve tu es rentré chez toi pendant un mois alors que tu savais que personne ne t'attendait réellement ici, et que tu aurais pu commencer à bosser sur ton prochain film depuis L.A. et revenir là que pour les fêtes pendant une semaine comme tu le fais depuis cinq ans. Tu en as assez de ta vie à L.A. tu en as marre des strasses, des paillettes et des projecteurs. Alors tu vas récupérer ce script, le lire attentivement et l'accepter.

Je crois que j'ai rarement vu qui que ce soit me parler sur ce ton. Ca aurait été une autre personne que Danielle je pense que je lui en aurais foutu une en pleine gueule. Je déteste qu'on prenne de décision pour moi. C'est bien pour cette raison que je me suis si souvent accroché avec Chris quant au choix de mes films. La dernière personne qui a osé me parler comme ça était Liam. Il y a cinq ans, quand j'ai pris la décision de partir.

- Je pense que tu devrais au moins y réfléchir, dit-elle en se pinçant les lèvres.

Je la vois se retourner, et aller attraper le script que je viens de mettre à la poubelle. Elle le pose sur mon bureau et reprend.

- Peut-être que je me trompe sur toute la ligne, que ta vie à L.A. est celle dont tu as toujours rêvée et celle que tu as envie de continuer. Mais je ne crois pas me tromper. Alors réfléchis.

Elle embrasse ma joue, attrape une tasse avant de la remplir de café.

- Maintenant on va parler d'autre chose et oublier ce petit épisode jusqu'à ce que je m'en aille.

Elle s'assoit sur le rebord de mon lit, m'adresse un sourire en portant son café à ses lèvres. J'inspire profondément, hoche la tête en jetant un dernier regard au fameux script avant de me servir un café et de m'asseoir à côté d'elle.

*

Domaine familial des Tomlinson – lundi 19 décembre 2016

Harry Styles

J'ai passé ma journée d'hier au lit. Je me suis réveillé avec un affreux mal de crâne et une honte incommensurable. Si, sur le coup, je n'ai pas regretté de coucher avec Louis, maintenant je commence à me dire que c'était une très très grosse erreur. Je sais qu'il n'est pas souvent au domaine, mais je sais que je vais le voir encore pendant au moins une semaine puisqu'il doit tout de même passer Noël avec sa famille... enfin j'espère pour lui !

J'appréhende réellement de me retrouver face à lui et de le voir. Je ne sais pas ce qu'on va bien pouvoir se dire, ni même la signification de ce que nous avons fait. C'était l'ivresse du moment je pense... mais putain que c'était bon !

Quand je me suis réveillé ce matin, mon mal de crâne s'était quelque peu estompé mais ce n'était pas encore ça. J'ai retrouvé le domaine juste à l'heure et j'ai rejoins Niall dans les écuries qui sortait tout juste la brouette de grains pour commencer à nourrir les chevaux.

- Hey ! Salut Hazz ! ça va ? s'exclame-t-il en me souriant.

- Ouai ça va, j'aurais bien dormi une journée de plus, je lui avoue en venant lui taper dans la main pour le saluer.

Il se joint à mes rires et hoche la tête de haut en bas avant d'ajouter qu'il me comprend et que lui aussi il aurait bien passé sa journée au lit. On commence alors notre boulot. Quand on termine de nourrir et de mettre les chevaux au prè il est presque treize jeures et il est l'heure d'aller déjeuner. On se déshabille dans l'entrée en se déchaussant et on retrouve Elisabeth dans la cuisine avec Liam et Charlotte qui sont déjà attablés.

Niall profite qu'Elisabeth sorte de la pièce pour aller récupérer quelque chose dans la pièce voisine pour prendre la parole en regardant Liam et Charlotte qui ont l'air tout aussi fatigués que nous.

- Alors, vous seriez bien restés au lit ce matin ? rigole Niall en se lavant les mains.

- M'en parle pas. Je serais bien resté au lit pour les dix-huit années à venir, avoue Charlotte.

Les trois rigolent de bon cœur pendant que moi je compte le nombre d'assiette sur la table. Il en manque deux.

Louis et Danielle ne sont pas là ce midi ? Je relève les yeux vers mes trois amis qui se bidonnent toujours en parlant de la soirée. Elisabeth ne tarde pas à revenir et on se met tous à table. Comme d'habitude elle nous sert un repas qui pourrait nourrir tout un régiment. On discute de tout et de rien, avant que Elisabeth ne prenne finalement la parole en nous regardant Niall et moi.

- Alors les garçons, vous rentrez chez vous pour Noël un petit peu ?

- Oui ! Je rentre vendredi soir ! Je prends l'avion depuis Bordeaux. Et je rentre milieu de semaine prochaine, comme prévu, sourit Niall en commençant à manger.

Elisabeth se tourne ensuite vers moi, attendant ma réponse et je lui réponds avec un sourire gêné.

- Oh. Non moi je vais rester là.

- Tu ne vas pas passer Noël tout seul quand même ! déclare-t-elle en me regardant.

- Mais oui Harry, viens au moins diner avec nous samedi soir ou dimanche midi ! Tu ne peux pas rester seul à Noël, ajoute alors Charlotte

Je fais les gros yeux à leurs mots. Je n'allais tout de même pas passer Noël avec eux. C'est une fête de famille, et jusqu'à preuve du contraire, je ne fais pas partie de leur famille.

- Harry, on sera heureux de t'accueillir. On sera tous les trois avec Louis, alors un de plus ou de moins ça ne changera rien, affirme Elisabeth

- Je ne veux pas déranger, je dis en les regardant tour à tour.

Et je n'ai peut-être pas très envie de passer mon réveillon de Noël avec Louis.

- Non, tu ne peux pas passer Noël seul, c'est trop triste, déclare Charlotte en secouant la tête.

- Mais je...

- Non tu ne peux pas dire non, réplique Charlotte en souriant.

Ok. Je viens de me faire inviter à passer Noël avec Louis et sa famille. Me voilà bien.

*

Il est seize heures quand on se remet au travail avec Niall. Mon ami s'est occupé de Millésime pendant que moi j'ai aidé Elisabeth dans son jardin. Niall m'a proposé de m'apprendre à monter à cheval pendant nos pauses, mais j'ai rapidement décliné la proposition. Les emmener à la longe d'un point A à un point B ou leur donner à manger me suffit amplement ! Ces animaux sont beaux, gracieux, élégants, tout ce que vous voulez, mais pas avec moi sur leurs dos ! J'ai bien essayé de l'expliquer à Niall mais il ne semble pas comprendre puisqu'il insiste à chaque fois. Je crois qu'il voudrait pouvoir se moquer de moi.

On termine de rentrer les divers chevaux des prés avant de commencer à les nourrir avec le grain et le foin.

- Pourquoi tu ne rentres pas chez toi pour Noël? me demande alors finalement Niall en me tendant un seau rempli de grain pour le cheval derrière moi.

J'aurais dû m'attendre à ce genre de question après le repas de ce midi. Il n'a pas cessé de dire qu'il était pressé de rentrer chez lui et de revoir sa famille. Il m'a dit qu'il ne les avait pas vu depuis cet été. Il y est allé quinze jours avec Gigi. Ce qui m'a permis d'apprendre que ça fait un petit peu plus de huit mois qu'ils sont ensemble. Je me suis d'ailleurs permis de lui dire que je trouve sa copine super chouette et qu'il ferait bien de la garder. Evidemment il a souri en approuvant.

A chaque fois qu'il a parlé de ses parents, son retour en Irlande, etc... j'ai soigneusement évité le sujet de mon côté. Je n'aime pas parler de moi d'habitude, mais ma situation fait que je ne peux tout simplement pas en parler. Donc je lui réponds avec un mensonge.

- Je ne suis pas très famille... je n'ai pas vu ma famille depuis une éternité, et puis après la mort de mes parents, je t'avoue que je ne vois pas bien l'intérêt de rentrer.

Je vois son regard s'arrondir, sa bouche s'ouvrir, et je réalise que je viens d'avouer que mes parents sont morts avec une telle froideur que ça a pu le choquer. Je secoue la tête en versant le seau dans la mangeoire avant de retourner vers mon ami pour qu'il le remplisse avec la ration suivante et j'ajoute.

- Ne t'excuse pas. Tu ne pouvais pas savoir après tout. Jt'assure c'est rien, je lui dis avec un sourire.

- Ils sont... depuis longtemps?

- Cet été, je réponds en détournant les yeux et en me dirigeant vers le boxe suivant.

J'entends un "merde" de la bouche de mon ami et je soupire. La vérité c'est que je suis famille, je donnerais tout pour pouvoir revivre ne serait-ce qu'un seul Noël avec eux. Mes parents, ma soeur, tout le monde ! Ils me manquent tous terriblement. Je pourrais retourner en Corse pour les fêtes mais ce ne serait pas une bonne idée du tout. Je ne crois pas que j'y suis encore le bienvenu en plus.

- C'est pour ça que tu es arrivé ici en septembre alors, souffle Niall.

Je hoche la tête de haut en bas. Parce qu'effectivement c'est à la suite de la mort de mes parents que je suis arrivé en ville, mais pas seulement.

- Tu veux venir avec moi en Irlande pour les fêtes? Me propose alors Niall en m'adressant un sourire à mi chemin entre la pitié et la tristesse.

Sauf que je ne veux pas qu'il soit triste pour moi ou qu'il éprouve une quelconque pitié. J'ai été élevé pour apprendre à me débrouiller seul en cas de besoin. Sans mon éducation, je ne m'en serais sûrement jamais sorti dans la rue. Grâce à mes parents, mon entourage et tout ce qui a gravité autour de mon enfance, je sais comment prendre soin de moi et surtout me sortir de mes problèmes. Même si les semaines que j'ai passé à la rue ont été très compliquées et que j'ai bien cru que j'allais péter un plomb le jour où j'ai perdu mon job à la boîte. Heureusement qu'Elisabeth m'a proposé de travailler aux écuries d'ailleurs... sans ça j'aurais eu du mal à me remettre sur le bon pied.

Je soupire et secoue la tête de gauche à droite à la proposition de Niall. Je n'ai pas envie de m'imposer où quoi que ce soit pour Noël. Ce n'est pas la fête où tu invites ton pote parce qu'il est tout seul ce jour là. C'est la fête où tu manges de la bûche avec ta famille, où tu ouvres tes cadeaux au coin du feu, où tu bois du chocolat chaud pendant toute la nuit du 24 au 25. Et puis, je n'aurais pas l'argent nécessaire pour payer le billet d'avion. Je ne peux pas me permettre de claquer mon fric comme ça.

- Non je te remercie, mais je ne peux pas accepter. Je vais déjà avoir du mal à décliner l'invitation d'Elisabeth et Charlotte... et je ne veux pas m'imposer comme ça. Je vais sûrement regarder la télé en mangeant du pop-corn pendant les deux jours, je souris en haussant des épaules.

- ça ne me dérangerait pas, tu sais. Et puis, elles ont raison, tu ne vas pas passer Noël tout seul Harry.

Je roule des yeux en rigolant légèrement avant de lui répondre.

- Je me débrouille seul depuis longtemps déjà tu sais. Je pense survivre à cette journée, je lui assure.

Il range la brouette dans le fond de l'écurie, puis il m'aide à donner le foin aux derniers chevaux avant d'enchaîner.

- Si tu ne veux pas venir en Irlande, accepte l'invitation d'Elisabeth et Charlotte.

*

Domaine familial des Tomlinson – mardi 20 décembre 2016

Harry Styles

Il va falloir que je trouve quelque chose pour occuper mes pauses de la mi-journée. Regarder Niall faire mumuse avec Millésime ne va pas encore m'occuper dix-huit ans. Je dois sincèrement réfléchir à ce que je pourrais faire. Je suis rapidement aller à la fac lorsque j'étais en Corse, mais bon ce n'était pas franchement dans mes priorités. Ma famille m'a toujours poussé à aller en cours, mais ils comprenaient que ce n'était pas ce pour quoi je me levais le matin. J'ai suivi des cours de droit, puis de chimi et enfin de bio, je n'ai jamais vraiment trouvé ma voix... et peut-être que je devrais chercher aujourd'hui. Il serait sûrement temps que je me demande ce que j'ai envie de faire du reste de ma vie. Parce que même si curer les boxes et nourrir les chevaux des Tomlinson me dépanne bien, je ne me vois pas faire ma vie ici. Avec les heures de libre que j'ai l'après-midi peut-être que je devrais étudier, trouver quelque chose à apprendre, je ne sais pas... c'est quelque chose à quoi je dois réfléchir encore.

Pour le moment, je suis en train de nettoyer les cuirs de Niall. Allez savoir comment il a réussi à me convaincre d'astiquer sa selle pendant qu'il est en train de s'occuper de son cheval, mais au moins ça m'occupe. Il faudra que je m'achète un livre pour la fin de la semaine. Au moins ça m'occupera, et je ne serais pas obligé de me faire exploiter par Niall !

Un café fumant devant moi, la selle de mon ami posée à cheval sur deux chaises dos à dos, je passe minutieusement l'éponge mouillée dessus en sifflotant. Niall m'a montré comment faire, histoire que je ne fasse pas n'importe quoi. De ce que j'ai compris, ça coûte une petite fortune ces trucs là. Même si je ne vois pas comment un morceau de cuir peut être aussi cher. Ca se compte en nombre à quatre chiffres apparemment.

Je soupire en lançant mon éponge dans le seau rempli d'eau et de savon sur la table et attrape ma tasse de café pour la porter à mes lèvres. Elisabeth nous a installé une cafetière dans la salle de repos en fin de semaine dernière. L'ancienne avait rendu l'âme et la grand-mère des lieux ne voulait pas nous laisser sans caféine. Elisabeth est véritablement adorable !

Je suis sur le point de reposer ma tasse de café sur la table quand j'entends la porte de la salle de repos claquer. Ma tasse m'en échappe des mains et le liquide chaud me brûle littéralement la moitié de l'avant-bras. Je me redresse d'un geste en faisant les gros yeux et me pinçant les lèvres pour ne pas crier de douleur.

- Je peux savoir ce que tu comptes faire chez moi le soir du vingt-quatre décembre ?! s'exclame la voix de Louis que j'aurais facilement reconnue entre mille.

Je relève mes yeux gorgés de larmes vers lui, pendant que je tiens le poignet de mon bras endolori de ma main libre. Je me mords l'intérieur de la joue et le vois me fixer, attendant ma réponse.

- Tu viens de me brûler le bras espèce de connard !

Il roule des yeux en secouant la tête. Il s'avance jusqu'à moi, attrape ma main et tire mon bras brûlé vers lui pour regarder ma peau commencer à cloquer. Il relâche rapidement mon poignet et croise les bras sur son torse pendant que je replie mon bras blessé contre moi.

- Je peux savoir ce que tu comptes faire chez moi le soir du 24?

- Alors quoi? Un soir tu me baises et le lendemain tu me traites comme un chien? je lui balance en secouant la tête et en grimaçant de douleur.

- Mais tu ne peux pas t'inviter chez moi comme ça ! réplique-t-il en élevant la voix.

- Je ne compte pas venir de toute façon, je réponds acerbement avant d'aller vers le lavabo pour mettre mon bras sous l'eau froide.

Je soupire de soulagement en sentant le froid anesthésier la plaie. Je ferme les yeux une fraction de seconde tout en laissant l'eau couler le long de ma peau meurtrie et je ne tarde pas à entendre la voix de Louis reprendre la parole.

- Donc tu vas me faire le plaisir d'aller voir ma grand-mère et lui dire que tu es attendu quelque part, que tu rentres dans ta famille ou j'en sais rien, annonce Louis d'une voix ferme.

- Tu ne te souviens pas de notre dernière discussion ? J'ai plus de famille, je réponds froidement sans détourner mon attention de l'eau froide qui coule sur mon bras.

Le silence suivant ma réponse me semble inattendu. Je me redresse d'un geste, fronce les sourcils et me retourne. Louis me regarde avec de grands yeux. Je crois qu'il a oublié l'élément que je lui ai révélé la dernière fois.

Je soupire en roulant des yeux avant de couper l'eau. Je remets la manche de mon pull par dessus ma blessure en grimaçant et je me dirige vers la selle de Niall que j'attrape pour l'emmener avec moi et aller la ranger. Je me retourne vers Louis avant de quitter la pièce et lui réponds.

- Mais ne t'inquiète pas, je mangerai une bûche pourrie, seul, dans mon appart. Comme ça tu n'auras pas besoin de me supporter.

Je m'apprête à quitter la salle de repos, mais je me retourne une nouvelle fois en interrompant Louis qui allait me parler.

- Et la prochaine fois que tu as besoin de te vider les couilles. Ne viens pas me voir. Parce que cette fois-ci, jt'en foutrai une. Et jte raterai pas. Crois-moi, je sais me défendre.

Après tout, on m'a appris à tuer quelqu'un d'un seul geste.

Je lui lance un regard noir avant de quitter la salle de repos pour de bon en claquant la porte derrière moi. Quand j'arrive dans les écuries, je fronce les sourcils en réalisant que Louis a dû rentrer là pour venir me chercher dans la salle de repos.

Louis a traversé une putain d'écurie pour venir me parler !

#ARBHfic / Réagissez sur twitter !