CHAPITRE N°5
Centre ville de Périgueux – vendredi 09 décembre 2016
Harry Styles.
J'ai avalé la boîte entière de médicaments que Zayn m'a donné et je commence à aller mieux. J'ai cru que j'allais devoir appeler un médecin hier mais j'ai tenu et aujourd'hui mon état s'est amélioré. Je ne suis pas enchanté à l'idée d'aller passer ma nuit dehors à faire le garde devant la boîte de nuit mais je n'ai pas vraiment le choix.
Je n'ai toujours aucune idée d'où mon fric a pu passer et je ne vois qu'une seule explication : on me l'a volé au travail. Je vais laisser passer le week-end et en parler à Paul lundi matin après ma dernière nuit. Je pense qu'il en saura sûrement plus que Zayn, ou bien il me dira de prendre mes affaires et de ne jamais revenir. Je ne peux pas me permettre de perdre ce job, mais je ne peux pas me permettre de continuer de perdre de l'argent comme ça. Surtout à mon travail.
Quand j'arrive au Panda Club il est vingt-deux heures, je ne suis pas en avance ! Zayn est déjà là et se change dans les vestiaires. Il me claque dans la main et j'attrape mes affaires dans mon casier pour me changer.
- Ca va mieux ? Il me demande.
- Ouai ! Je suis sauvé ! Je réponds en souriant avant d'être pris d'une bonne quinte de toux.
Il roule des yeux en me voyant et en m'entendant, puis me réplique que j'aurais du rester chez moi. Je secoue la tête et reprends.
- Non. Jpeux pas me le permettre.
J'ai besoin d'argent, si je dois disparaître du jour au lendemain j'ai besoin de liquide. Hors là, je n'en ai plus. Je serai plus tranquille quand j'aurai réussi à renflouer tout ça.
- Tu sais si tu as vraiment besoin d'argent, tu devrais peut-être chercher un emploi plus stable, me dit-il en me regardant.
- Je sais, mais avant d'avoir l'appart c'était compliqué, maintenant ce sera plus simple ! Je vais chercher un truc; j'assure en hochant la tête.
Zayn a raison, si je suis autant dans la dèche c'est que je n'ai pas le boulot qui me permet de m'en sortir. Sauf que sans compte en banque c'est compliqué de trouver du boulot. Mon travail au Panda Club n'est pas mal payé, mon salaire est versé en liquide à la fin de chaque week-end, et nous ne sommes pas vraiment déclarés je pense.
Je vais essayer de trouver autre chose, mais un employeur qui est d'accord pour me payer en liquide ça ne court pas les rues.
- Si j'entends parler d'un truc jte dirai, me propose Zayn en me souriant.
- Ouai c'est sympa mec, merci !
Il hoche la tête, souriant avant de reprendre alors que j'enfile ma veste de vigile sur le dos.
- Liam m'a dit qu'il organiserait un repas la semaine prochaine chez lui. Je crois que Luke revient ou j'en sais trop rien. Ça te dit de venir ?
Je souris largement en hochant la tête de haut en bas ! C'est même avec plaisir que j'irai là-bas. La dernière soirée que j'ai passé avec sa bande m'a redonné du baume au cœur. J'en avais bien besoin d'ailleurs. Ça m'a remotivé pour les dix années à venir !
- Cool je le lui dirai. Ils t'ont trouvé cool avec Charlotte. Et tu sais, faut pas lui en vouloir à la petite, depuis le retour de son frère c'est compliqué pour elle. Elle gère comme elle peut l'exploitation agricole familiale et ce n'est pas faciles tous les jours. Heureusement qu'elle peut compter sur Liam et sa famille qui bosse là dedans aussi.
Je le regarde alors avec de grands yeux ne m'attendant pas à apprendre que cette petite gamine travaille dans l'agriculture ! Elle m'a paru si coquette l'autre soir que j'aurais jamais cru ça ! Vraiment !
- Elle bosse dans l'agriculture ? Je lui demande alors.
- Ouai. Sa famille a un élevage de chevaux, m'explique-t-il en laçant ses chaussures.
Je hoche lentement la tête de haut en bas en l'écoutant. Effectivement, je comprends un peu mieux.
Je ne connais rien aux chevaux. Ma sœur montait quand elle était gamine, et tout ce dont je me souviens c'est du nombre de fille qu'il y avait dans son cours. Je l'accompagnais uniquement pour pouvoir les reluquer. A l'époque je savais pas trop vers quel sexe me tourner, puis quand j'ai vu un de ses copains en tenue de cheval, ses petites fesses bien moulées, j'ai compris que ça me plaisait plus.
Bref, je peux dire merci aux chevaux de m'avoir aidé à trouver ma sexualité !
- Donc Liam et elles sont cavaliers ?
- Ouai, ils font de la compétition, dressent les chevaux etc. C'est un boulot de fou ! Ils sont épuisés H24 et travaillent tous les jours ! Jamais je voudrais faire un truc comme ça.
Tu m'étonnes que ce doit être épuisant !
On finit de se préparer puis on sort des vestiaires tout en continuant de discuter de tout et de rien. On retrouve l'équipe pour le breafing puis on va s'installer dehors pour commencer notre service. J'espère que la nuit ne sera pas trop agitée parce que je suis très fatigué.
*
Centre ville de Périgueux – samedi 10 décembre 2016
Harry Styles.
On finit notre nuit sans trop de difficulté avec Zayn. Je ne sais pas si c'est l'approche des vacances, des partiels ou quoi que ce soit mais nous n'avons pas eu beaucoup de monde. Ce qui n'est pas plus mal ! Quand c'est la cohue c'est un véritable calvaire pour nous, mais pour les clients aussi ! Personne ne s'y retrouve, hors là il y avait juste assez de monde pour se fondre dans la masse sur la piste de danse, et pouvoir discuter au bar.
Nous finissons notre boulot autour de sept heures trente. Je soupire de soulagement en me grillant une dernière cigarette avec Zayn. Il me tarde de me glisser sous mes draps et de pouvoir passer une bonne journée de sommeil. Je suis toujours fatigué et malade, je rebosse ce soir, j'ai besoin de repos.
Une fois notre clope terminée, on rentre dans le club et croise Paul. Il nous félicite pour la nuit. Tout le monde est resté calme, et le peu de personne qu'on a dû évacuer n'a pas fait de scandale. Une bonne nuit de boulot pour tout le monde.
On pousse la porte des vestiaires avec la ferme intention de rentrer rapidement chez nous avec Zayn, quand je l'entends alors gueuler à peine un pied dans la salle.
- Je peux savoir ce que tu fais toi ?! s'exclame-t-il.
Je n'ai pas le temps de comprendre quoi que ce soit que Zayn en remet une couche. Je fronce les sourcils et suit le regard de mon ami. Mes yeux se posent alors sur l'un de nos collègues qui travaille au bar, mon sac à dos entre ses mains, grand ouvert.
OH.LE.CON-NARD.
Je ne réfléchis pas et me jette sur lui pour lui arracher mon sac à dos des mains ! Je ne peux donc même pas laisser mes affaires en paix. On me vole une fois, ça ne suffit pas ? Il faut que ce débile y revienne, je m'apprête à lui en foutre une en pleine tête quand j'entends Zayn prendre la parole pour me demander d'arrêter. On m'a appris à me battre et à me défendre en cas de besoin. Je peux tuer ce gars en deux coups si je le veux.
- HARRY. Lâche le ! s'exclame Zayn en me regardant droit dans les yeux.
C'est à cause de lui si je suis dans la merde financièrement, c'est lui qui m'a piqué mon fric et qui à dû se faire bien plaisir avec. J'ai envie de lui en mettre une. Mais je sais que si je fais ça, je perds mon job. Même si je ne suis pas le fautif à la base.
- Mais il m'a volé mon argent ! Il m'a volé mes économies ! je réplique amèrement sans lâcher le pauvre gars dont je ne connais pas le nom.
- Harry, il n'en vaut pas la peine. Lâche-le. Ne fais pas cette connerie.
Je me mords l'intérieur de la joue en inspirant profondément avant de relâcher le barman. J'inspire profondément et le regarde se redresser et repositionner ses vêtements.
- Tu me dois 400 balles. Je lui dis froidement.
- Tu n'as aucune preuve que c'est moi, répond-il
- Arrêtes de te foutre de nous, tu avais la tronche dans son sac à dos, ajoute Zayn en se rapprochant de nous.
- Ouai, mais qui te dit que c'est moi qui ai commencé à lui voler du fric ? En même temps, faut être con pour laisser traîner autant d'argent comme ça dans ton sac !
Je me crispe et le coup part avant même que Zayn ne puisse me retenir.
- STYLES ! DANS MON BUREAU.
Le gars s'écrase au sol sous la violence de mon coup et je me retourne. Paul se tient sur le pas de la porte des vestiaires. Je fais les gros yeux, mon cœur s'arrête dans ma poitrine.
Non. Non non non.non !
- Il m'a volé de l'argent, je souffle plus pour moi-même que pour informer mon patron.
- Dans mon bureau, réplique-t-il sans sourciller.
Je sens la main de Zayn venir se poser contre mon épaule et la serrer un petit peu comme pour me souhaiter bonne chance. Lui comme moi, on sait que je suis peut-être aller trop loin. Mais ce connard m'a volé. Il ne vaut mieux pas me mettre en rogne.
Je me pince les lèvres en avalant difficilement ma salive et suis docilement Paul jusqu'à son bureau. Il referma la porte avec fracas dans mon dos et je sursaute en l'entendant claquer. Je baisse les yeux sur mes pieds qui me paraissent tout de suite beaucoup plus intéressants que tout le reste, et Paul commence.
- Je ne cautionne absolument pas la violence dans mon établissement. Je pourrais appeler la police pour ça Styles.
- Je suis désolé, je murmure en me mordant l'intérieur de la joue.
- Jean est un connard. Ce n'est pas nouveau et j'ai déjà eu des soucis avec lui par le passé. Sauf que je déteste qu'on se fasse justice soi-même Styles. Je suis désolé mais c'est pas dans ma philosophie.
Ne me vire pas, ne me vire pas, ne me vire pas !
Je le vois contourner son bureau et aller s'asseoir en face de moi. Je me pince les lèvres en fermant les yeux pendant qu'il cherche quelques chose dans ses tiroirs. Il se redresse ensuite et pose son regard sur moi.
- Tu sais Styles, je ne suis pas con. Les papiers que tu m'as filé quand je t'ai embauché, j'ai bien vu que c'était des faux. Je ne sais pas où tu as fait faire ça mais c'est du mauvais boulot. Je n'ai rien dit parce que j'avais besoin de quelqu'un. Maintenant on va faire un truc. Tu vas prendre tes affaires et te casser. Je vais convaincre Jean de ne pas porter plainte, parce que j'ai moyen de faire pression sur lui. Et toi, tu vas disparaître.
Mon cœur s'arrête dans ma poitrine, je sens mon souffle se couper et ma poitrine se resserrer. Non pas ça, j'ai besoin de ce taff, je viens de prendre un appartement si je perds ce boulot, je perds l'appartement. J'ai pas de quoi le payer pour le mois prochain.
Je secoue la tête de gauche à droite en posant mes mains à plats sur le bureau, le regard suppliant.
- Non, je vous en prie non. J'ai besoin de ce boulot Paul !
- J'en ai rien à foutre. J'ai voulu te donner ta chance et tu as juste réussi à t'en prendre à l'un de mes employés. Et lui aussi il va virer.
- J'ai BESOIN de ce travail Paul. Sans ça je ne pourrai pas continuer.
Il secoue la tête de gauche à droite avant de planter son regard dans le mien.
- J'en ai rien à faire. Tu.te.casses.
Je me redresse d'un geste face à la froideur de ses paroles et avale difficilement ma salive avant qu'il ne reprenne.
- C'est simple Styles, si tu ne t'en vas pas, j'appelle la police et je suis certain qu'ils seront heureux que je leur livre un sans-papier. Je ne sais pas pourquoi t'es là, ni pourquoi tu as dû changer d'identité et je m'en fous ! Mais je ne veux plus de toi ici. Tu récupères tes affaires aux vestiaires et tu pars.
- Paul je....
- Fin de la discussion ! me coupe-t-il avant de me pointer du doigt la porte dans mon dos.
Je ravale mes larmes et fais demi-tour. Je quitte le bureau de mon ancien patron la mort dans l'âme. Zayn m'attend juste derrière et il comprend immédiatement. Je n'ai pas besoin de lui dire quoi que ce soit. Il me suit silencieusement jusqu'aux vestiaires où je récupère les maigres affaires que j'avais laissées là.
- Ca va aller ? me demande alors Zayn une fois qu'on est dehors.
Je lui réponds silencieusement en hochant la tête. Si j'ouvre la bouche je m'effondre. Je fixe mon sac à dos sur mon dos en inspirant profondément et me forçant à ne pas craquer tout de suite. Je ne peux pas craquer devant Zayn.
- Tu m'accompagnes voir El' ? me propose-t-il.
Je secoue lentement la tête avant de souffler.
- J'vais rentrer.
- Appelle-moi Harry.
J'acquiesce et lui fait un signe de la main pour le saluer. Je m'éloigne le plus rapidement possible, sentant les larmes commencer à rouler le long de mes joues. Je ne me contrôle plus. Mon cœur s'emballe dans ma poitrine, mon souffle me manque, j'ai l'impression d'étouffer.
Je traverse le marché à toute vitesse, entremêlant mes pieds, et manquant de tomber à plusieurs reprises. Je débouche finalement dans une petite rue piétonne que je dois emprunter pour rentrer chez moi quand je bouscule une vieille dame que je réussis à rattraper de justesse avant qu'elle ne tombe sur les fesses. Je reconnais immédiatement Elisabeth à travers mon voile de larmes et je lis la surprise dans son regard.
- Harry ! Et bien je vais finir par croire que tu me suis, rigole-t-elle.
Je ne peux m'empêcher de sourire à ses mots. Sauf qu'elle remarque très rapidement l'état dans lequel je suis. Je dois ressembler à un minable.
- Enfin Harry... qu'est ce qu'il t'arrive ?
Je secoue rapidement la tête de gauche à droite. Je ne veux pas en parler, je ne veux pas déballer ma vie comme ça à la première personne venue. Mais mes yeux se remplissent d'eau et deux secondes plus tard, je fonds en larmes.
S'en est vraiment trop pour moi.
*
Maison Familiale des Tomlinson – samedi 10 décembre 2016
Louis Tomlinson.
Quand ma grand-mère m'a demandé ce matin de jeter un œil au jardin je ne pensais pas que je me retrouverais avec des bottes en caoutchouc, des gants, une pelle et un bonnet sur la tête. Il fait au moins -8000 et mamie m'a demandé de défricher le carré de terre qu'elle utilise pour son potager. Sauf qu'on est le dix décembre et que je suis certain qu'elle ne plantera rien avant des mois. Je crois surtout qu'elle en a assez de me voir tourner en rond comme un lion en cage dans la maison. Mercredi soir Charlotte est sortie avec des amis. Mamie a essayé de la convaincre de m'emmener mais elle a répondu de but en blanc qu'elle allait voir Eleanor et qu'il n'était pas question qu'elle m'amène là-bas. Je n'avais rien répondu parce qu'elle avait entièrement raison après tout.
Ma semaine a été très longue et je n'ai pratiquement rien fait. Je n'ai toujours pas lu les scripts que m'a donné Chris et je suis étonné qu'il ne m'ait pas encore appelé à ce sujet. Danielle, elle, m'a envoyé deux ou trois messages pour prendre de mes nouvelles et pour me tenir au courant de la situation avec Nick. Je crois que rien n'a véritablement changé entre eux et elle est malheureuse comme les pierres. Elle doit venir me voir dans quelques jours sur ordre d'Adam et Taylor. Je n'en ai pas encore parlé à grand-mère. Je sais qu'elle ne le prendra pas mal parce qu'elle apprécie Danielle. Elle est gentille et bien éduquée. Elle fait toujours l'effort de parler français avec mamie et je trouve ça adorable. Danielle parle plutôt bien français en plus. Elle dit que non, mais je sais qu'elle est presque bilingue. Et elle parle presque aussi bien espagnol.
Enfin, pour le moment, je suis seul au milieu du carré de terre de ma grand-mère à essayer de défricher tout ça quand j'entends le moteur de sa voiture. Je décide d'abandonner et de quitter mon chantier pour aller l'aider à décharger ses courses. Elle n'a pas voulu que je l'accompagne ce matin, préférant y aller seule. Je suis certain qu'elle a passé plus de temps à discuter avec ses copines qu'autre chose mais c'est pas grave.
Je vais poser ma pelle dans la cabane à outils et contourne soigneusement les écuries. Il serait bien plus court de passer au milieu mais je m'y refuse. J'arrive rapidement jusqu'à la cours et je vois ma grand-mère descendre de voiture en parlant. Je fronce les sourcils en la regardant. Elle n'est quand même pas assez gâteuse pour se parler toute seule ?! Sauf que je comprends rapidement qu'elle n'est pas seule.
J'arrive rapidement à sa hauteur et découvre un jeune homme à ses côtés. Plus jeune que moi, des boucles brunes dépassant de son bonnet, un manteau qui ne semble pas assez chaud pour la saison, pas d'écharpe, les mains dans les poches, des chaussures usées aux pieds et un jeans troué. Quand je croise son regard, je réalise que j'ai déjà vu ce gars. Mais où ?
- Ah Louis ! Regarde qui j'ai trouvé en ville !, s'exclame ma grand-mère en souriant largement.
J'arque un sourcil en l'interrogeant du regard avant qu'elle ne roule des yeux. Comme si l'identité de ce gamin est une évidence !
- Mais enfin, c'est Harry, réplique-t-elle en me fixant.
Harry ? HARRY !
- Oh oui pardon... eh... désolé. Je ne t'avais pas reconnu, je lui dis en lui tendant une poignée de main et un léger sourire.
Il se pince les lèvres et me serre la main avec hésitation. Je le regarde, étonné de son comportement mais ne le relève pas. Ou bien c'est ma tenue de paysan qui doit l'effrayer. Il est vrai que dans cette tenue je dois presque faire peur.
Sauf que tout ça ne répond pas à ma principale question : qu'est ce qu'Harry fait ici ?!
- Et donc ? je demande à ma grand-mère en tournant le regard vers elle.
- J'ai croisé Harry au marché ce matin. Il cherche du travail. Après avoir été si adorable avec moi, je me suis dis qu'on lui trouverait bien quelque chose à faire ici ! Ta sœur se plaint à longueur de journée qu'elle ne peut pas tout faire toute seule avec Liam et Adam. Nous avons bien un palefrenier, mais avec tous les chevaux c'est mission impossible.
Ma grand-mère et son cœur en or. Cette femme a un cœur bien trop gros pour ce monde. J'ai évidemment entendu Charlotte râler plusieurs fois depuis mon retour. Elle a besoin d'aide aux écuries, ils ne sont pas assez nombreux pour le nombre de chevaux. Mais de là à ramasser le premier dans la rue pour lui offrir le job? je ne sais pas si c'est une bonne idée.
- Tu ne crois pas qu'on aurait dû en parler avant mamie ? je lui demande sérieusement.
Elle roule des yeux en secouant la tête avant d'accrocher son bras à celui d'Harry et de l'entraîner avec elle vers la maison. Je soupire en levant les yeux au ciel parce que je ne pourrai pas lui faire entendre raison. J'attends quand même de voir la réaction de Charlotte.
Evidemment, elle me laisse tout à descendre de sa voiture. Ils s'engouffrent tous les deux dans la maison et je porte les paquets de ma grand-mère, seul. J'emmène tout dans la cuisine et les retrouve tous les deux en train de discuter dans la pièce.
- Harry va déjeuner avec nous. Tu peux lui faire faire le tour du domaine le temps que je fasse le repas ? me demande ma grand-mère avec un grand sourire.
Je la fusille du regard en me mordant l'intérieur de la joue. Elle sait que je serai incapable de lui montrer TOUT le domaine, elle essaie juste de me tester. Je finis quand même par hocher la tête de haut en bas et me tourne vers Harry.
- On y va ?
Il approuve d'un signe de tête sans répondre et je lui dis de me suivre. Quand je le vois récupérer son vieux manteau dans l'entrée je secoue la tête et ouvre le placard pour attraper quelque chose à lui mettre sur le dos. Il va mourir de froid avec celui qu'il a. Je ne peux pas lui donner l'un des miens parce qu'il lui serait trop petit. Je suis donc obligé de lui donner l'un de mon défunt père. Je me pince les lèvres en le voyant l'enfiler et il me remercie. Je ne réponds pas et sors de la maison à ses côtés.
- Tu connais les chevaux ? je lui demande en tournant les yeux vers lui tout en nous dirigeant vers les installations équestres les plus proches.
Il secoue la tête de gauche à droite. Bien, ça va ravir Charlotte. Si elle doit passer plus de temps à lui apprendre les choses qu'il ne travaille, ça ne risque pas de bien se passer.
- Hmm...
- Ma sœur montait à poney quand j'étais jeune.
- Oui, enfin, c'est pas pareil, je dis simplement en m'arrêtant devant la première écurie.
Il s'arrête à côté de moi et tourne les yeux vers moi.
- On ne rentre pas ? me demande-t-il en fronçant les sourcils.
- Toi oui, moi non. Tu peux traverser les écuries si tu veux, je te retrouve de l'autre côté.
Je me pince les lèvres et m'éloigne sans lui laisser le choix. Je jette un regard en arrière et le voit pénétrer à l'intérieur. Je me sens idiot de ne pas pouvoir rentrer à l'intérieur du bâtiment, mais je n'y suis vraiment pas prêt. Je contourne l'édifice en vieille pierre et me retrouve de l'autre côté, à l'entrée entre les deux grandes portes coulissantes. De là où je suis je vois Harry s'arrêter devant un box et le cheval l'occupant s'approche. Il pose une main légèrement tremblante sur son chanfrein et la remonte entre ses deux yeux. Un léger sourire s'étire sur les lèvres du jeune homme et je ne sais pas pourquoi, je sens que le contact avec ces magnifiques animaux lui fera du bien.
Harry tourne le regard vers moi et son sourire me réchauffe le coeur. Je détourne le regard pour ne pas qu'il voit mes joues rosies. C'est le froid qui me joue des tours de toute façon. Je soupire légèrement en entendant ses pas résonner dans mon dos et il arrive rapidement à ma hauteur. Je reprends alors mon chemin en reprenant la parole.
- Tu as trois écuries. Celle que tu viens de traverser est l'écurie de concours avec les chevaux qui sont déjà entraînés. Ils appartiennent à ma famille ou à des propriétaires. Ce sont des bêtes qui valent beaucoup d'argent. La seconde en face là, je dis en lui pointant du doigt un autre bâtiment ressemblant au premier, c'est celle des jeunes chevaux. Ils sont en cours de dressage et font des concours pour s'entraîner, ils sont pratiquement tous à vendre. Charlotte et Liam montent les chevaux des deux écuries en concours, ils se les répartissent selon leurs affinités. Puis, la dernière écurie est plus vers le fond. Plus grande aussi, c'est là où on garde nos vieux chevaux et aussi nos mères avec leurs poulains.
- Y'a des poulains? s'exclame le bouclé en me coupant la parole.
- Les poulains de cette année sont sevrés depuis quelques semaines et sont normalement au pré. Les mères aussi sont dehors, et sont rentrées la nuit. Elles sont pleines, donc on ne veut pas risquer d'avortement à cause du froid.
Je le vois qui m'écoute attentivement et je me rends compte que tout ce que je raconte, je ne l'ai pas oublié. Ca fait maintenant six ans ou presque que je n'ai pas approché un seul cheval mais je suis capable de tout lui expliquer de A à Z. Je peux lui dire comment on fonctionne, comment on travaille, les choses à savoir, etc... mais je ne peux pas m'approcher de ces animaux.
- Bon. Allez, nous n'avons pas terminé notre tour, j'enchaîne finalement.
- Oui. Je te suis.
Je lui montre les deux autres bâtiments dont je lui ai parlé, le manège, les deux grandes carrières de travail puis les prés. Je commence petit à petit à me transformer en glaçon quand nous retournons vers la maison. Nous n'avons pas vu Charlotte, ni Liam. Ils ont dû sortir en extérieur avec des chevaux.
Il est presque treize heures quand on rentre dans la maison. Mamie arrive dans l'entrée et nous regarde enlever nos manteaux et chaussures.
- Alors Harry, est-ce que Louis a pu tout te montrer?
- Oui Madame, assure-t-il.
Je la vois rouler des yeux et je l'entends déjà dire d'arrêter de l'appeler "Madame".
- Voyons, appelle-moi Elisabeth. Bien, on va aller s'installer dans la cuisine. Le repas est prêt, nous n'avons plus qu'à attendre Liam et Charlotte. Vous les avez croisés?
Je secoue la tête et me dirige silencieusement jusqu'à la cuisine où je vois la table prête, et le repas sur le feu. Harry rentre dans la pièce avec un petit peu de retenu. Je le vois la parcourir des yeux, avant que son regard ne s'arrête sur une photo de Charlotte tout sourire. Elle se tient à côté d'un cheval, sa bombe dans les mains, ses cheveux nattés, légèrement maquillée, et une coupe dans l'autre main. La photo date d'une des dernières compétitions que Charlotte a gagné dans l'année.
Harry s'approche et regarde le cliché de plus près en fronçant les sourcils. Mamie se campe dans son dos, un sourire fier sur les lèvres.
- C'est ma petite fille, Charlotte, la soeur de Louis, dit-elle fièrement.
- Je la connais, souffle le bouclé en se tournant vers ma grand-mère.
Je les rejoins en l'interrogeant du regard et il répond face à notre interrogation.
- Oui, je suis allé boire un verre avec l'un de mes amis cette semaine, et elle était là avec son petit ami Liam.
WHAT? Quoi ? Son QUOI?
- Pardon?
- Liam, son petit ami, répète Harry en me regardant étonné.
Je me tourne vers Mamie qui fait une grimace en détournant les yeux. C'est une blague. Ma soeur sort avec Liam, mon ancien meilleur ami sort avec ma soeur et je ne suis pas au courant ? Liam couche avec ma soeur et personne ne me le dit ?!
Au moment où je m'apprête à prendre la parole, j'entends la porte d'entrée claquer, les voix de Liam et Charlotte s'élever et je traverse la cuisine d'un pas rapide. Arrivé dans l'entrée, je me plante devant mon ancien ami et le pointe du doigt.
- TOI. Dehors ! Il faut qu'on parle ! je m'exclame, hors de moi.
Charlotte me regarde en fronçant les sourcils passant son regard de Liam à moi.
- Tu as un soucis Louis ? demande-t-elle froidement.
- Ouai. Et pas qu'un seul. Liam. Tu sors. Maintenant, je réponds sans accorder un regard à ma soeur.
- Lot' laisse. J'y vais.
Ma soeur s'apprête à répondre quand j'attrape Liam par le bras qui était en train de remettre ses bottes en caoutchouc et je l'entraîne dehors avec moi. J'entends ma soeur me crier dessus à travers la porte que je viens de claquer mais je n'y prête pas attention. Je me tourne vers Liam, qui n'a pas eu le temps de remettre son manteau, ni de mettre ses deux chaussures.
- Je peux savoir ce que tu me veux? finit-il par dire en me regardant à moitié débraillé.
- Depuis quand tu sors avec ma soeur? je réplique simplement en croisant les bras sur mon torse.
Je le vois soupirer et secouer la tête. Il me regarde droit dans les yeux avant de reprendre.
- Sérieusement? Tu me fais une scène pour ça ? Parce que je sors avec ta soeur ? Y'a quelques années tu aurais été heureux d'apprendre que Charlotte sort avec un mec bien et qui prend soin d'elle. Tu n'as pas le droit de débarquer comme ça et de faire un scandale pour quelque chose qui dure depuis un an, réplique-t-il, amer.
Un an ? Liam et Charlotte sont ensemble depuis un an ?
- Un an ?
- Oui, un an Louis. Si tu n'étais pas autant à côté de la plaque tu l'aurais vu! Tu l'aurais su à la seconde près à ta première visite après ! s'exclame mon ami. Tu es tellement dans ton monde que tu ne remarques même pas quand ta petite sœur est heureuse ! Ca faisait des mois qu'on se tournait autour et que j'avais mis des freins à cause de toi. Mais tu sais quoi ? Tu n'étais pas là. Tu n'es pas là ! Alors de toute façon, qu'est ce que ça change pour toi ? Rien. Alors ne viens pas me faire le sermon du grand frère protecteur parce que tu n'en as rien à carrer. Ça fait presque quinze jours que tu es là et tu ne l'avais toujours pas remarquer ! Sérieusement ? Tu vis sur quelle planète ?!
Je roule des yeux en secouant la tête, il se fout de moi ? Si j'avais eu le malheur de me taper sa sœur, je pense que je m'en rappellerais encore ! Liam n'a pas le droit de me faire la morale. Je ne suis peut-être pas présent pour Charlotte, je vis peut-être à l'autre bout du monde, mais il n'a pas le droit de me dire que je m'en fiche ! Il n'a pas le droit ! SURTOUT pas le droit ! Je suis le premier à regarder ses parcours des concours internationaux en replay tous les dimanches, je suis le premier à regarder ses résultats sur internet, je suis le premier à m'inquiéter pour elle ! Alors NON Il n'a pas le droit de me sortir ça comme ça !
- C'est ma PETITE SŒUR ! Alors SI je m'inquiète pour elle ! Arrête de me prendre pour quelqu'un que je ne suis pas ! Je m'intéresse à elle, je suis sa carrière depuis Los Angeles, je suis le premier à faire toutes les recherches nécessaires pour savoir comment ça se passe pour elle ! Alors STOP je ne suis pas un monstre.
- Louis. Tu as arrêté de réellement t'inquiéter à partir du moment où tu as décidé de ne pas rentrer. J'ai compris que tu aies eu besoin de partir, même si j'ai tout fait pour t'en dissuader, j'ai compris que tu aies eu envie de partir. Mais tu n'aurais pas dû rester. Ta vie n'est pas de l'autre côté du monde, elle n'est pas avec tous ces gens qui ne te connaissent pas vraiment, elle n'est pas à jouer la comédie devant des caméras. Le Louis que je connaissais vivait pour sa passion, sa famille, et la fille qu'il aimait ! Il n'aurait jamais fui comme tu l'as fait !
- J'ai tué mes parents Liam ! J'AI TUE MES PARENTS ! je m'exclame en commençant à perdre mon calme.
- Nous y revoilà, dit-il en inspirant profondément et plantant un regard noir dans le mien. Tu vas vraiment repartir dans cette direction Louis ? Tu vas VRAIMENT m'obliger à te redire les choses comme je l'ai fait il y a six ans ?
Je serre les poings en essayant de ne pas craquer, je dois surtout garder mon calme. Je n'ai qu'une envie, lui en mettre une en pleine figure, mais je sais que je le regretterais. Je l'ai déjà fait par le passé, je pourrais le refaire, mais il ne le mérite pas aujourd'hui.
- Liam. Ta gueule, je souffle en baissant les yeux et secouant la tête.
- Quoi ? Tu ne vas pas me frapper aujourd'hui ?
- LIAM, réplique alors la voix de ma sœur depuis le pas de la porte.
On tourne tous les deux le regard vers Charlotte et je sens mon regard se brouiller et ma respiration me manquer. Lottie tourne son attention sur moi et croise mon regard brumeux. Elle descend les quelques marches du perron et prend la parole avec une voix douce que je ne lui connais pas depuis mon retour.
- Liam et moi on est ensemble. Ça fait un an Louis. Désolée de ne pas t'en avoir parlé lors de tes précédentes visites mais je savais que tu réagirais comme ça. Je n'avais pas envie que ça envenime les choses entre vous. Je ne voulais pas que vous vous détestiez plus que vous ne vous détestez déjà.
- On ne se déteste pas ! je me défends en fronçant les sourcils.
Elle roule des yeux en secouant la tête avant de croiser ses bras sur sa poitrine.
- Vous êtes incapables d'avoir un échange courtois, dit-elle sérieusement.
- Non, c'est pas vrai, répond Liam en secouant la tête.
- Ok. Alors allez-y. Passez une soirée tous les deux. Je suis certaine que vous ne serez pas capable de le faire, dit-elle avec un air de défi dans le regard.
Je me pince les lèvres et hoche immédiatement la tête de haut en bas. Je risque peut-être de lui en foutre une avant la fin de la soirée, mais ça vaut bien le coup d'essayer, non ? Liam et moi avons été les meilleurs amis du monde pendant si longtemps que j'ai parfois du mal à me dire qu'on en est arrivés là aujourd'hui.
- Tu sais aussi bien que moi que c'est pas possible Charlotte, répond alors Liam avant de se pencher sur elle pour embrasser son front et d'ajouter, je vous laisse déjeuner en famille, je m'en vais.
Un coup de poignard dans le dos. Voilà ce que Liam vient de me faire. Je ne pensais pas que nous pouvions arriver plus bas que nous ne le sommes déjà mais je me suis visiblement trompé.
Charlotte et moi nous tournons tous les deux vers Liam qui s'éloigne pour monter dans son vieux 4x4 boueux. Je le vois démarrer et remonter l'allée de platanes pour quitter la propriété avec un morceau de mon cœur dans son coffre.
- Ca risque d'être long quinze jours avec personne qui te parle, hein ? me balance alors ma sœur avant de faire demi-tour et de retourner à l'intérieur.
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