CHAPITRE N°3

Bassin d'Arcachon - Vendredi 10 Février 2017

Louis Tomlinson


-Je vais disparaître.

Je vais disparaître, je vais disparaître... NON MAIS NON ! Il ne va pas disparaître, je le lui interdis ! Je n'ai pas encouru autant de risques ces dernières semaines pour qu'il s'évapore dans la nature en me laissant sur le côté. S'il a eu peur que je l'abandonne à une époque, je crois que je me retrouve exactement au même point que lui la première fois que nous nous sommes disputés sur la plage il y a quelques semaines !

-Tu vas quoi ? je lui fais tout de même répéter en le regardant droit dans les yeux.

-Je ne peux pas rester là Louis, c'est trop dangereux ! Tu t'imagines ce qui arriverait s'ils me trouvent ici ?! J'imagine que vous avez dû leur dire que vous ne saviez pas où j'étais ! Hors, si nous sommes tous les deux pris ici, crois-moi, il n'y a pas que moi qui vais me retrouver derrière les barreaux. Si la police a réussi à me retrouver aussi rapidement, je ne donne pas vingt-quatre heures à la Mafia pour débarquer et me tirer une balle dans la tête. Je dois être parti demain matin.

Demain matin... il doit être parti demain matin.

MAIS IL SE FOUT DE MA GUEULE ?!

Je me lève d'un geste et me mets debout sur le lit, totalement à poils, et je le pointe du doigt en le regardant avec des yeux noirs.

-Il n'est pas question que tu te casses sans moi ! Tu t'entends parler un peu ?! Tu n'es qu'un putain d'égoïste. Si tu voulais disparaître, il ne fallait pas me laisser ton collier à la con ! je lui dis en l'arrachant de mon cou pour le lui jeter au visage.

Harry l'attrape au vol et plonge son regard dans le mien. Il se pince les lèvres et je vois ses yeux aller et venir entre mon regard, ma nudité et mes lèvres. Il ne manquerait plus qu'il me saute dessus ! Je secoue la tête, descends du lit et attrape un caleçon pour l'enfiler et me couvrir. Je ne perds ensuite pas de temps et me tourne vers lui en le pointant du doigt.

-Tu n'as pas le droit de partir comme ça, je lui dis durement. Il y a quelques semaines tu m'as dit que tu ne voulais pas que je t'abandonne au bord de la route comme un vulgaire animal ! Je l'ai fait, je me suis excusé, je me suis battu pour toi, pour nous, alors je ne te laisserai pas réduire à néant tout ce que j'ai fait ! Putain Harry! Tu te rends compte de l'absurdité de ta connerie là ?! je réplique en m'approchant.

Il fait un pas en arrière, secouant la tête de gauche à droite.

-Tu ne peux pas me balancer à la figure tout ça comme ça ! Tu ne peux pas réutiliser ça contre moi ! Tu ne peux pas comparer les deux situations. Tu n'es pas parti par peur de te faire dégommer la gueule ! Tu es parti uniquement parce que tu avais peur de tes sentiments pour moi ! Personnellement, je pars parce que je t'aime, et que je veux te protéger ! Il n'est pas question que tu prennes le moindre risque. Et si je dois t'enfermer et t'attacher à une chaise ici pour que tu me laisses partir, je le ferai !

-Mais tu es un putain de malade ?! Il est où le Harry que je connais? Le Harry dont je suis tombé amoureux. Le Harry que j'aime ?! Mais putain, il est où ?!

-J'ai l'impression que tu m'aimes uniquement quand ça t'arrange toi.

Je vais lui en décoller une ! S'il continue comme ça, je me jette sur lui pour lui en mettre une en pleine poire. Même s'il vient de m'avouer qu'il a suivi un entraînement pour tuer et torturer les gens, ça ne me fait absolument pas peur ! Il se prend pour qui pour me dire un truc pareil ?! Sérieusement ?! Je crois que c'est la première fois que je lui dis que je l'aime aussi ouvertement et il me répond ça?!

-Mais va te faire foutre ! je réplique en le regardant le regard voilé par toutes ces émotions.

Je vois sa mâchoire se crisper et il secoue lentement la tête de gauche à droite avant de poser les yeux sur moi.

-Tu ne vas donc pas vouloir comprendre que je n'ai pas le choix? Je vous ai tous mis en danger en restant aussi longtemps auprès de vous. Je ne me le pardonnerai jamais s'il t'arrivait quelque chose, ou à Charlotte et Elisabeth. TU ne me le pardonnerais jamais Louis !

-Mais ça ne veut pas dire que nous ne pouvons pas partir tous les deux ! Ensemble?

-Tu sais que Bonnie et Clyde se font sauter la cervelle à la fin de l'histoire, ou tu ne l'as pas vu la fin du film ?! me dit-il froidement d'un ton acre.

Où est passé le Harry doux, tendre et aimant que je connais si bien ? Où est passé le Harry que j'aime ? Parce que celui qui se trouve là, devant moi, n'a rien à voir avec celui-ci. Il me regarde d'un oeil noir et dérangeant. Il me parle sur un ton qui me fait froid dans le dos et... il me fait peur ! Putain qu'il me fait peur ! Et c'est en réalisant ça que je fais un pas en arrière, puis un second. Je suis un imbécile amoureux d'un putain de gars capable de tuer n'importe qui avec son flingue ! Mais que s'est-il passé dans ma tête pour que j'en arrive là ?

-Tu n'as pas le droit de me parler comme ça. On ne parle pas comme ça à la personne que l'on aime. Tu n'as pas le droit, je balbutie en sentant mon coeur s'emballer dans ma poitrine.

Je vois Harry me regarder d'un oeil mal assuré, son comportement change, ses épaules s'affaissent, son regard se voile et je le vois secouer la tête.

Il s'avance d'un pas vers moi, une main tendue dans ma direction, je crois qu'il comprend le problème. Il comprend que je me sens comme une proie, comme l'agneau face au loup. Hors, je ne devrais pas me sentir comme ça, pas avec Harry, pas avec mon Harry.

-Lou... non, je t'en prie, non...

-Tu ne peux pas... tu n'as pas le droit, je continue de dire en recommençant à trembler de tout mon corps.

-Louis... hey, calme-toi... Louis... Je suis là.

-Tu peux pas... tu peux pas...

-Louis...

Il s'approche de plus en plus, mes larmes reviennent, je secoue la tête et quand mon dos heurte le mur, je me prends comme une décharge électrique dans le corps.

Inspirer, expirer.

Je dois être au milieu d'un cauchemar ! Ce n'est pas possible autrement, la police n'est pas venue ce matin, Harry n'a pas fui, et je ne me retrouve pas en face d'un gars que je reconnais à peine. Non...

Je ferme les yeux, presse les paupières en me disant que j'arriverai peut-être à chasser ce mauvais rêve. Mais je sens rapidement le corps d'Harry s'asseoir à côté du mien et ses bras venir m'entourer. Je prends sur moi pour ne pas me coller à lui, pour ne pas m'accrocher à Harry comme à une bouée de sauvetage ! Je mets quelques minutes à retrouver mon calme. J'en ai assez de pleurer comme un gamin ! Assez !

Je tourne la tête vers Harry et plonge mon regard dans le sien. J'y reconnais la lueur que j'avais perdu il y a quelques minutes. Il glisse une main contre ma joue et je lui dis alors avec sérieux.

-Plus jamais tu me parles comme ça.

Il se pince les lèvres, hoche la tête et je me blottis contre lui. Il me serre dans ses bras et je ferme les yeux. J'inspire profondément son doux et délicat parfum. Je m'imprègne de lui. Demain, il ne sera plus là, il sera parti. Je sais qu'il va le faire. Quoi que je dise, quoi que je fasse, demain il ne sera plus à mes côtés quand je me réveillerai. Je ne sais pas quelle technique de mafieux il va utiliser, il va peut-être me droguer... mais demain il ne sera plus là et je ne me serais rendu compte de rien.

-Je suis désolé, Louis. Je ... je n'ai pas réalisé, murmure-t-il tout bas.

-Je te jure, tu recommences, je te crève les yeux.

-Tu n'y arriverais même pas, dit-il en roulant des paupières.

Et je ne peux m'empêcher de pouffer de rire à sa réponse. Mon Harry. Le voilà, il est revenu.

-Ce que t'es con, je murmure en enfouissant mon visage dans son cou. Quoi que je te dise, tu partiras quand même demain, hein?

-Oui.

-C'est égoïste ce que tu fais Harry... me faire venir ici pour me dire au revoir... pour me dire adieu, c'est égoïste.

-Ne pas te dire au revoir aurait été pire que tout. Je ne pouvais pas te laisser comme ça Lou. Et je n'aurais jamais su que tu me croyais coupable d'un meurtre...

Je n'y ai pas cru plus de deux secondes... Même si je découvre une facette de Harry que je n'aime pas et que j'espère ne jamais revoir, je ne le crois pas capable de tuer. Il me l'a dit, me l'a certifié et me la promis. Il est clean et n'a jamais tué. Pas intentionnellement. Quoi qu'avec tout ce qu'il vient de me raconter, je crois qu'il pourrait m'avouer n'importe quoi, je le prendrais bien. Je dois être un petit-peu maso je crois.

-Tu crois qu'il s'agit réellement de ma soeur alors ? murmure-t-il à mon oreille.

Je hausse des épaules. Je ne connais pas Gemma, je ne sais pas si la femme que j'ai rencontré ce matin était vraiment sa soeur, mais elle lui ressemblait tellement. On aurait dit Harry au féminin. Les lèvres charnues, le regard profond, la forme du visage, les pommettes... tout, c'était tout Harry.

-Tu as une photo ?

Après tout, il a bien un flingue, il doit bien avoir une photo de sa soeur quelque part, non?

Je suis à peine étonné de le voir hocher la tête. Il se détache lentement de moi et va jusqu'à l'un des petits monticules de papier sur le lit. Il attrape une enveloppe en papier craft. Il revient vers moi en plongeant sa main à l'intérieur et me tend un petit paquet de photos. Je l'attrape et vois tout de suite le visage rayonnant et lumineux de Harry et... de la jeune femme que j'ai rencontré ce matin. Gemma.

-C'est bien elle...

-Je n'arrive pas à y croire Louis. Elle a toujours tout fait pour prendre la suite de mon père. Comment a-t-elle pu se retrouver agent spécial dans la police ? Tu sais à quels services ils appartenaient ?

-Je n'en ai aucune idée. Je t'avoue que j'ai été tellement choqué de les voir là que je n'ai pas vraiment réalisé quand ils m'ont montré leur sigle. Mais ça ne me parlait pas.

-Peut-être les services secrets... ou des CRS ? marmonne Harry.

Je ne réponds pas à Harry. Je ne sais pas où travaille réellement sa soeur, je ne sais même pas si elle fait réellement partie de la police. Après tout, si elle vient de la même famille que Harry, elle peut très bien avoir falsifié tous ces papiers. Mais pourquoi se donner tant de mal ? Ca n'a pas de sens.

Je soupire, passe de photos en photos et découvre alors mon Harry avec... des cheveux longs ?! Je n'avais pas remarqué sur les premières puisqu'ils étaient attachés ou bien il portait un bonnet ! Je rêve ! Harry avait les cheveux longs ! Je vois qu'il les a portés jusqu'aux épaules ! C'est que ça lui allait bien en plus !

En voyant mon expression, je le vois sourire et il attrape une des photos :

-Je me suis coupé les cheveux quand j'ai quitté la Corse, tout le monde me connaît comme ça, dit-il en pointant du doigt une photo de lui avec les cheveux longs.

-Je vois... Mais je dois t'avouer que je les préfère comme ça, je dis en glissant une main dans ses boucles rebelles. Tu les as coupé?

-Oui... en arrivant tout à l'heure. Je crois que ça me rassure.

-Il t'en faut peu, je lui dis en rigolant.

Il sourit en voyant la prochaine photo passer entre mes mains. Je le vois en compagnie de deux garçons. Le premier est brun aux yeux bleus et le second est blond. Je tourne le regard vers lui en l'interrogeant face à son sourire. Il me pointe du doigt le premier :

-Dylan, mon meilleur ami. Nous avons le même âge. Si je devais reprendre contact avec la mafia, je passerais par lui. Je sais que je peux avoir confiance en lui. Et lui, là, dit-il en me pointant du doigt le petit blond. C'est Michael. Mon ex. Tu sais, à la fin de notre relation, nous n'avions pas couché ensemble depuis presque un an. Tu me connais, quand je suis amoureux, j'ai BESOIN de contact, de le prouver et de faire l'amour... Nous n'étions plus que des colocataires. Je pense que nous étions sur le point de rompre... mais je suis parti entre-temps.

-Désolé... pour ma crise de jalousie à deux-balles, je murmure en faisant une grimace.

-Non, ne t'excuse pas. Tu as raison. Je t'ai reproché quelque chose que j'ai moi-même fait. Michael savait mes origines. Il n'en faisait pas partie, mais il savait. Il se doutait que c'était le genre de chose qui pourrait arriver... Ils doivent me penser mort. Comme mes parents, dit-il pensif en soupirant.

Je secoue la tête et me blottis contre lui en posant les photos sur le sol devant nous. Je l'attrape dans mes bras, le serre contre moi et embrasse sa joue avec tendresse. Je murmure ensuite contre sa peau pour le réconforter.

-S'il te connaisse aussi bien que tu le dis, ils doivent savoir que tu te caches quelque part Harry...

-Tu as sûrement raison, murmure-t-il en baissant les yeux.

-Harry...

-Oui, Lou ?

-Je ne veux pas que tu partes, tu ne peux pas me laisser là. Qu'est ce que je vais devenir sans toi ?

-Ce que tu étais avant que j'entre dans ta vie bébé, mais en mieux. Tu vas rester en France avec ta famille, continuer les efforts que tu fais avec Charlotte, Liam et ta grand-mère. Tu vas tourner dans ce film pour Guillaume Canet et tu vas remonter à cheval. Et tu sais quoi ? Tu vas faire tout ça en te disant qu'un jour, je te retrouverai. Je te l'ai promis. Si je disparais, je reviendrai... je ne te demanderai pas de m'attendre parce que c'est trop égoïste, mais... je reviendrai toujours vers toi.

-Pourquoi nous ne pouvons pas devenir des fantômes ensemble ?

-Parce que je ne veux pas de cette vie pour toi Louis, tu ne le mérites pas, me dit-il simplement.

Est-ce une preuve d'amour de vouloir partir pour me préserver et me protéger ? Ou est-ce qu'il essaie simplement de prendre la fuite de peur de se faire coincer ? J'aime à croire qu'il veut me protéger, me mettre à l'abris de toutes ses histoires. Mais je crois que je suis déjà impliqué malheureusement. Maintenant que je connais toute l'histoire, je comprends pourquoi il n'a rien voulu me dire avant. Mais je ne regrette pas de tout savoir.

-Si tu dis ça, c'est que tu as peur que je me perde dans une course contre la montre avec toi Harry ?

-Je ne veux pas changer la personne que tu étais avant de me rencontrer. Je ne veux pas te mettre un pistolet entre les mains et du sang sur ta chemise. Tu ne mérites pas ça.

-Je ne suis plus un gamin...

-Mais cela ne veut pas dire que tu es obligé de risquer ta liberté pour moi. J'ai déjà corrompu la mienne, ne va pas sacrifier la tienne Louis.

Je renifle légèrement en baissant les yeux et j'inspire profondément pour ne pas sombrer.

-Tu vas me manquer.

-Toi aussi Louis, plus que tout au monde, me murmure-t-il en me serrant contre lui.

-Tu me referais l'amour ? Là ? Contre ce mur, avec douceur, amour et dévotion? Tu me referais l'amour jusqu'à l'épuisement ?

-Laisse-moi juste te serrer dans mes bras et profiter de ton parfum délicat Louis. J'ai besoin de l'imprimer dans mon esprit pour m'en rappeler lorsque j'en aurai besoin.

Je souris à ses mots, me laissant bercer par son souffle chaud dans le creux de mon cou. Je me hisse à califourchon sur lui, passe mes jambes autour de sa taille et me colle à lui comme si ma vie en dépendait. Il me serre contre son coeur et je murmure alors :

-J'étais sincère tu sais.

-Quand ça?

-Quand j'ai dit que je t'aimais. J'étais sincère.

-Je n'en ai jamais douté...

-Maintenant, tu me ferais l'amour ?

-Jusqu'à ce que nous n'en puissions plus mon amour, répond-il en collant ses lèvres contre les miennes.

*

Il est presque vingt-deux heures quand j'appelle enfin Liam. Je sais qu'il est tard, et qu'ils doivent être dans tous leurs états avec Charlotte et Mamie. J'aurais sûrement dû les appeler avant pour leur donner un point sur la situation, mais j'ai été incapable de me décoller de Harry avant maintenant. J'ai profité que Harry trouve le sommeil pour m'éclipser sur la terrasse et aller fumer une cigarette. J'en profite donc pour m'installer sur l'une des chaises de jardin, allume ma cigarette et compose le numéro de Liam. Il a déjà essayé de m'appeler trois fois, ainsi que Charlotte et Mamie deux fois chacune. Je vais en prendre pour mon grade.

Mon ami répond au bout d'une sonnerie à peine, comme s'il avait la main sur son téléphone, attendant mon appel. Ca n'annonce rien de bon. Je grimace déjà en entendant mon ami brailler à l'autre bout du fil. J'éloigne le téléphone de mon oreille, fermant les yeux, entendant les insultes pleuvoir de là où il est. Je me pince les lèvres et reprends finalement quand il semble avoir terminé.

-Tu as fini ? je dis en soupirant.

-Vous avez intérêt à être sur le chemin du retour j'te préviens Tomlinson ! cingle mon ami en braillant toujours.

-J'aimerais bien, mais je crains que je ne rentre seul, je murmure en me pinçant les lèvres.

Rien que d'y penser, je sens déjà mon regard se mouiller. Je renifle, et secoue rapidement la tête de gauche à droite pour essayer de chasser mes mauvaises pensées.

-Mais ?

-Il ne veut pas prendre de risque, il refuse de revenir à la maison avec moi.

-Merde, souffle mon ami en se calmant soudainement. Et il t'a tout expliqué?

-Tout en détail. Je n'arrive pas à croire qu'il puisse être aussi bien dans sa tête après tout ce qu'il a vécu, j'avoue à Liam en fermant les yeux.

Rien que son histoire d'emprisonnement dans une cellule pendant une semaine avec un gars à moitié mort me fout la trouille. J'en aurai presque des nausées ! Je ne sais pas comment j'aurais pu appréhender une enfance comme la sienne. Grandir au milieu des pistolets et des prostitués... non je ne veux même pas l'imaginer en fait. Quand je vois le Harry que je connais, si doux, gentil, attentionné, aimant et toujours à la recherche d'affection, j'ai vraiment du mal à croire qu'il puisse aussi être le Harry que j'ai découvert aujourd'hui. Ce Harry là me fait peur et j'espère ne pas avoir à le croiser souvent. Je ne supporterai pas de le voir ainsi.

-Il va partir alors... mais pour aller où ? interroge Liam à l'autre bout du fil.

-Je n'en ai pas la moindre idée.

Je ne sais pas où Harry a l'intention de partir. Va-t-il essayer de reprendre contact avec des gens de sa famille ? D'anciens amis ? Il m'a parlé de ce Dylan en qui il a entièrement confiance. Peut-être qu'il devrait faire ça. Je n'aime pas le savoir tout seul. La dernière fois, ça l'a mené dans la rue. S'il n'avait pas croisé Mamie, je pense qu'il y serait toujours. Mais il n'aurait pas été retrouvé et il ne fuirait pas une nouvelle fois. Peut-être que c'est ça l'erreur. Notre rencontre...

-Il ne t'en a pas parlé ? s'étonne Liam.

-Je ne suis même pas certain qu'il sache lui-même où il va aller, je réponds à mon ami en me pinçant les lèvres.

-Lou... ne fais pas la connerie de partir avec lui. Je sais que tu l'aimes, mais tu mettrais ta grand-mère et Charlotte dans un état pas possible. Elle a déjà perdu ses parents, elle n'a pas besoin de perdre son grand-frère. Pas maintenant que vous avez retrouvé un semblant de relation, me prévient Liam.

Je sais qu'il a raison, tout comme Harry. Je serais égoïste et totalement fou de vouloir le suivre, il l'a dit lui-même, Bonnie et Clyde se sont fait tués. Ces histoires ne se finissent jamais bien. Je ne sais pas où Harry va pouvoir aller se cacher pour arriver à se faire oublier, mais je crains qu'il ne puisse pas rester en France. Ou bien il va devoir trouver un endroit paumé au milieu de nulle part. Sauf que je ne me fais pas d'illusion. Nous ne nous retrouverons jamais. Pas avec la notoriété que j'ai accumulé avec le temps. Même si je cesse mon activité d'acteur, je serais toujours une personnalité reconnue...

-Je vais rentrer à la maison Liam. Ne t'inquiète pas pour ça, je lui assure en fermant les yeux et massant mes paupières. Il va me manquer... je ne sais pas comment je vais faire sans lui.

-Tu vas y arriver Louis. Il t'a rendu plus fort, plus courageux. Tu t'en sortiras, je n'ai aucun doute là-dessus. Tu as de l'ambition, des projets.

-Parce qu'il était là.

-Lou. Nous sommes là, nous.

-Oui... je sais Liam et... je ne vous remercierai jamais assez d'avoir su passer l'éponge malgré tout ce que j'ai pu dire ou faire ces dernières années. Je m'en veux d'avoir dû attendre de tomber amoureux pour le faire. J'aurais dû saisir les diverses opportunités qui se sont offertes à moi avant ça. Je me sens véritablement idiot et j'ai perdu un temps pas possible.

-Chacun fait son deuil comme il le peut Louis. Tu as vécu la mort de tes parents d'une manière différente que Charlotte ou ta grand-mère, que nous tous ! Tu as été alité pendant si longtemps, il ne s'agissait pas seulement de la mort de tes parents, c'est tout ton univers qui s'est effondré.

J'en ai voulu à la terre entière, j'en ai voulu à mes parents, ma grand-mère, Liam et même Charlotte ! Quand je suis parti à Los Angeles, j'étais tellement en colère contre le monde que je ne pouvais pas imaginer rester en France. Maintenant, j'ai l'impression de me retrouver face à une situation similaire et j'ai peur de ce qu'il va se passer. Ce que je vais devenir après Harry. Je ne dois surtout pas refaire les mêmes erreurs, parce que je n'aurai pas de seconde chance !

-Je ne referai pas les mêmes erreurs. Je sais que ce sont mes derniers moments avec Harry mais je veux en profiter un maximum. J'ai la chance de pouvoir lui dire au revoir. Alors je veux en profiter.

-Fais-le Louis.

-Je vais te laisser Liam... excuse-moi auprès de Mamie et Charlotte. J'aurais dû appeler plus tôt mais je n'ai pas pu. Dis-leur que je vais bien et que je rentre demain. Ok ?

-Je n'y manquerai pas. Appelle-moi demain, ou dans la nuit en cas de besoin. D'accord ?

-Oui. Merci Liam.

-C'est à ça que servent les frères tu sais.

Je souris indéfiniment à ses mots et hoche la tête de haut en bas comme s'il était en face de moi et je ferme les yeux en inspirant profondément. Je ne pensais pas que Liam me le redirait un jour. Je sais que lui et moi sommes comme des frères et je suis heureux de l'avoir auprès de moi. Il fait partie de mes piliers ! Il est tellement important pour mon équilibre. Je pense sincèrement que ma soeur à une chance inouïe d'être avec un garçon comme lui. Je n'ai aucun doute sur leur bonheur. Je ne serais même pas étonné s'ils se mariaient dans un an ou deux. Après tout, même si ma soeur n'a que vingt ans, Liam a eu vingt-cinq ans cette année.

-Merci Liam.

-Allez, va le retrouver Louis... Et tu sais, je commence à le connaître, je ne doute pas une seconde du fait qu'il pourrait réapparaître dans nos vies dans les mois ou années à venir. Ne perds pas espoir.

-Oui...

-Bonne fin de soirée Louis.

-A toi aussi, et ... peux-tu passer un coup de fil à Zayn? Je l'ai vu avant de quitter Périgueux, il était inquiet et m'a demandé de le tenir au courant. J'irai le voir quand je rentrerai, mais il doit attendre de nos nouvelles...

-Je l'appelle tout de suite après avoir parlé à Elisabeth et ta soeur.

-Parfait, merci. A demain, je murmure avant de raccrocher.

J'écrase mon mégot de cigarette dans le cendrier et je finis par me redresser en repoussant la chaise sur laquelle j'étais installé. Je rentre dans la maison, pousse la baie-vitrée derrière moi et éteins la lumière du salon avant de remonter à la chambre pour retrouver Harry. Je souris finement en le voyant toujours profondément endormi au milieu du lit, le corps à moitié découvert par les draps remontés au milieu de son dos. Je retire rapidement les vêtements que je porte et me glisse contre lui. Je souris alors en sentant Harry bouger contre moi, glisser ses bras autour de ma taille et m'attirer à lui. Ses lèvres s'écrasent contre ma nuque et je ferme les yeux en profitant une dernière fois de cette étreinte.

-Tu étais où petit coeur ? interroge Harry.

-Je suis sorti fumer et j'en ai profité pour appeler Liam. Il attendait mon appel depuis... longtemps.

-Oh... oui désolé, nous aurions dû y penser dans l'après-midi.

-Non, je voulais profiter de toi, je murmure en me retournant dans ses bras et plongeant mon regard dans le sien.

Malgré le manque de lumière, l'éclat de la lune illumine le doux visage de Harry. Je colle mes lèvres contre les siennes et je murmure.

-Ils sont très inquiets pour toi... pour nous.

-Je devrais sans doute partir...

-AH NON ! Tu ne vas pas recommencer ou je vais me remettre à pleurer ! Et il n'est pas question que je le fasse ! J'ai l'impression de ne faire que ça depuis que je suis arrivé ce midi. Comme si j'étais une gamine de quinze ans qui regarde Titanic pour la première ... je commence avant de m'arrêter au milieu de ma phrase.

-La première fois ? termine Harry avant que je ne me redresse d'un geste en faisant les gros yeux.

Titanic ! MAIS PUTAIN OUI ! La voilà la solution !

-Je sais où on va aller et où tu ne risqueras rien !

*

Bassin d'arcachon - Samedi 11 fevrier 2017

Harry Styles.

Je crois que je déteins sur Louis ou qu'il devient fou.

Il commence à réfléchir comme moi. Son idée est aussi folle que lui, mais je ne peux pas nier, il a peut-être raison. Quand il me l'a exposé, j'ai d'abord refusé, parce que je la trouvais grotesque. Puis, il a su trouver les bons arguments. Je ne sais pas si ce sera définitif, mais en tout cas, je vais avoir une planque pour quelques jours ou semaines. Personne ne viendra me chercher là-bas. Je crois que nous avons réussi à nous fâcher une fois de plus en mettant au point notre plan pour aujourd'hui, mais j'ai fini par céder. Il m'accompagne jusqu'à l'aéroport de Nice et ensuite il me laisse gérer.

Nous roulons depuis quelques heures déjà. Nous sommes aux abords de la ville. Nous n'allons pas tarder à atteindre l'aéroport privé où nous avons rendez-vous. La seule chose qui me dérange est que je ne sais pas si je peux avoir confiance aux personnes que nous allons retrouver.

-Tu es certain que nous pouvons leur faire confiance ?

-Aucun doute Harry. Arrête de stresser pour ça, me répond Louis, un petit peu trop sûr de lui en glissant une main sur ma cuisse.

Quand j'ai voulu prendre le volant ce matin, il a refusé en déclarant que je devais me reposer après tout ce que j'avais vécu hier. Même si, à mes yeux, il avait été celui qui avait été le plus affecté et ému par tout ça. Ce n'est pas moi qui ai reçu la visite des policiers ! Je n'ai cependant pas osé lui dire non. J'ai eu peur de devoir faire face à une nouvelle crise de larmes. Je pense avoir assez vu Louis pleurer pour toutes les années à venir en seulement vingt-quatre heures. Il m'a fait tellement de mal hier en arrivant que je ne voulais pas qu'il se remette dans un état pareil ce matin avant de prendre la route. Je ne voulais pas non plus que nous fassions la route fâchés.

-Il détient tellement d'informations, Harry... il ne fera rien, sinon il aurait déjà tout balancé depuis un moment.

-Hmm..

-Harry... tu pourrais avoir un petit peu confiance en mes amis, s'il-te-plaît?

-Ouais, je marmonne en détournant le regard sur le paysage défilant par la vitre.

Je soupire largement, glisse une main sur la sienne et entrelace nos doigts. Je crois que j'ai accepté cette alternative parce que je savais que j'allais pouvoir passer plus de temps avec lui. Je ne sais pas si, ce matin, j'aurais vraiment eu le courage de partir comme je le lui ai annoncé hier. Je ne sais pas si j'aurais eu le courage. Il a raison sur un point, nous nous aimons à en crever !

... à en crever...

Il ne mérite tellement pas de m'avoir rencontré et d'être entraîné dans toutes mes histoires. Il ne cesse de dire que je l'ai sauvé de son ancienne vie, que je l'ai aidé à retrouver un sens à son existence mais ne valait-il pas mieux qu'il garde sa vie pourrie plutôt que de mourir bêtement pour un gars comme moi ?

-A quoi tu penses ?

-Tu n'as pas envie de le savoir, je lui dis en rigolant légèrement et secouant la tête.

Je l'entends grogner et je souris en me retournant vers lui. Je me penche sur mon Louis et embrasse sa joue avec tendresse avant de murmurer.

-Je t'aime.

-Moi aussi.

Je souris et le vois ralentir en sortant de la rocade de Nice. Nous approchons la zone industrielle et l'aéroport privé de la ville se dessine rapidement devant nos yeux. Louis arrive au portique, donne son nom et le numéro de l'avion que nous venons retrouver. La barrière s'ouvre après que le gardien nous ait donné la piste d'atterrissage correspondante.

Louis prend donc la direction indiquée et lorsque nous arrivons sur le tarmac, l'avion semble juste se poser.

-Pile à l'heure, murmure Louis en s'arrêtant et coupant le contact.

Je hoche la tête et nous descendons de la voiture en claquant les portières derrières nous. Nous nous avançons jusqu'au jet privé en regardant les hélices s'arrêter pendant que les escaliers s'installent pour laisser les passagers descendre. Je sens Louis prendre ma main et m'entraîner avec lui au pied de ces derniers.

Une silhouette se dessine alors en haut des escaliers :

-Hi darlings ! Allez, avouez que je vous manquais déjà !! s'exclame Léonardo Dicaprio en descendant les marches de son jet.

Putain ... il me fatigue déjà.

__________

#ARBHfic __ Je n'ai qu'un mot à dire sur ce chapitre : LEO ! Le retour de Léo ! Si ce n'est pas beau ça ! Je sais que y'en a qui l'attendait ! Et bien le voici, le voila ! Si ce n'est pas beau ! BON nous avons la confirmation qu'il s'agit bien de notre très chère Gemma. Maintenant reste à savoir ce qu'elle veut vraiment à Harry... Un chapitre transitoire où il ne se passe pas grand chose, mais je vous promets que le prochain va vous faire rire je pense !

Je tiens à remercier Amélie pour ses corrections ! :)

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