CHAPITRE N°2
Aéroport de Bordeaux – dimanche 27 Novembre 2016
Louis Tomlinson.
La dernière fois que je suis venu en France avait été pour la promo du film avec Danielle. J'avais pu passer deux jours chez ma grand-mère mais pas un jour de plus. Notre temps était chronométré à la minute près et j'avais été extrêmement déçu de ne pas pouvoir en profiter. Je sais très bien que Charlotte m'en voulait pour ça. Elle ne me l'avait pas dit mais je l'avais senti dans son regard quand elle m'avait raccompagné à l'aéroport. Aujourd'hui, j'espérais vraiment pouvoir rattraper le temps perdu. Quand je suis parti à Los Angeles il y a cinq ans, je ne pensais pas ne pas revenir. Je pensais sincèrement que c'était pour quelques temps, j'avais besoin de partir et de m'éloigner de chez moi. Sauf que je me suis laissé aspirer dans un vie que je n'aurais jamais imaginé vivre.
Un chauffeur m'attendait à l'aéroport pour m'emmener jusqu'à chez moi. Je savais que c'était encore grâce à Vanessa. Cette fille pense véritablement à tout. Au delà du fait qu'elle soit mon attachée presse, elle est aussi mon assistante dans ce genre de situation. Elle m'est d'un grand secours. Si j'avais dû attendre un taxi pour rentrer chez moi, je n'ose pas imaginer l'attroupement autour. Même si les fans français sont beaucoup moins nombreux et surtout moins bizarres que ceux que je peux rencontrer aux Etats-Unis.
J'ai pu dormir sur mes deux oreilles pendant les deux heures de trajet qui me séparaient de l'aéroport à chez moi. Même si ce chez-moi est avant tout chez ma grand-mère ça reste l'endroit où je me sens le mieux sur terre. J'ai eu la chance de beaucoup voyager et de pouvoir voir beaucoup de choses ces dernières années. Mais le domaine familial où vit ma grand-mère et ma sœur est un véritable havre de paix pour moi. Loin de la foule, des caméras et des flashs, je m'y sens bien.
Je souris doucement en regardant les arbres défiler quand le chauffeur remonte la belle allée de platanes, observant les chevaux qui broutent tranquillement dans les prés derrière. Ma famille élève des chevaux de compétition depuis trois générations. Mon grand-père et mon père avaient un nom dans le métier. Nos bêtes se retrouvaient à courir sur les plus beaux Jumping du monde, ce qui est encore le cas aujourd'hui.
A la mort de nos parents, notre grand-mère a décidé de nous laisser le choix. Garder la propriété ou la vendre et changer de vie. Charlotte n'a pu se résoudre à accepter de vendre même si elle n'avait que quatorze ou quinze ans à l'époque. Alors que moi, je suis parti. Tout comme moi à la base, Charlotte a fait une formation dans les chevaux pour un jour pouvoir devenir cavalière professionnelle. D'après les résultats que je suis minutieusement sur internet, elle s'en sort pas trop mal. Je sais qu'elle peut remercier et compter sur Goeff le meilleur ami de papa qui ne nous a jamais abandonnés. C'était son meilleur ami d'enfance, lui aussi passionné par ces magnifiques animaux. Il a fait une formation pour devenir éleveur et cavalier avec notre père et notre mère. Puis, il s'est finalement associé avec lui quand ils ont commencé à travailler après leur diplôme. Évidemment, Liam, le fils de Goeff, travaille aussi sur le domaine de ma famille et ça depuis ses dix-huit ans. Tout comme j'aurais normalement dû le faire...
Aujourd'hui, les affaires fonctionnent toujours aussi bien. Goeff est resté sur la structure pour coacher ma sœur et Liam qui sont plus ou moins les cavaliers représentant l'élevage. Travaillant essentiellement avec de jeunes chevaux destinés à la vente, ils n'évoluent pas sur les plus beaux terrains de concours, mais entraînent les futures stars qui seront vendues pour ce type de compétition. Il s'agit d'un travail très physique, fatiguant voire même éreintant qui impose un rythme de vie très compliqué.
La Berline s'arrête finalement devant la belle bâtisse où j'ai grandi. Je remercie le chauffeur, sors de la voiture et attrape mes affaires dans le coffre. J'ai emporté une unique valise, remplie à ras bord. Je regarde la voiture s'éloigner, un sourire sur les lèvres et entends alors une porte claquer et la voix de ma grand-mère.
- Ah ! Te voilà enfin ! Il était temps mon lapin.
Pas de doute je suis bien arrivé à la maison.
*
- Ce gamin a été d'une gentillesse Louis, je t'assure que je n'avais pas vu ça depuis des lustres ! C'est plaisant de voir qu'il y encore des jeunes biens élevés sur cette planète, assure ma grand-mère alors qu'elle enfourne son fameux poulet farci dans le four.
Assis sur une chaise de la cuisine, un café entre les mains, je lutte contre le sommeil. Il n'est que dix-neuf heures mais je suis terriblement fatigué. Évidemment le décalage horaire et le voyage n'ont pas aidé. Même si j'ai pu dormir dans la voiture qui m'a amené jusqu'ici je n'aurais pas été contre aller directement me coucher en arrivant ! Sauf que si j'avais osé le faire, je pense que j'aurais déclaré la troisième guerre mondiale rien qu'avec une sieste. Ma sœur n'est même pas là en plus...
- Et attends Mamie, laisse-moi deviner, il est reparti sur son cheval blanc à la fin de ton histoire.
Elle roule des yeux et m'envoie un chiffon en pleine figure. Je ne peux réprimer mes éclats de rire à son geste avant d'attraper le morceau de tissu au vol et de la voir se joindre à mes rires. Depuis que je suis rentré, elle ne cesse de me raconter son histoire avec ce gamin qui l'a aidée au marché. C'est vrai qu'il s'agit d'un acte plutôt étonnant de nos jours, mais personnellement, j'aurais pu faire la même chose que lui, donc je ne suis pas non plus trop surpris.
Seulement j'ai l'impression que d'après ma grand-mère, il s'agit d'un véritable acte d'héroïsme.
- Tu es là depuis moins de trente minutes mon lapin. Si j'étais toi, j'éviterais de faire le malin, sinon je te mets dehors ! Non mais oh ! Réplique-t-elle en me menaçant avec une cuillère en bois.
Autant dire que Mamie fait très peur en me menaçant ainsi. Je souris avant de me lever en terminant mon café. Je le mets la tasse dans le lave vaisselle avant d'embrasser la joue de ma grand-mère avec tendresse et de la prendre dans mes bras. Elle se blottit doucement contre moi et murmure alors.
- Tu restes vraiment jusqu'à Noël mon chaton ?
- Oui Mamie.
- Ça fait si longtemps... je ne pensais plus qu'une chose pareille soit possible.
- N'exagérons rien quand même, hein !
Elle rigole doucement contre moi et je me détache d'elle. J'embrasse une dernière fois sa joue et au même moment, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Charlotte est de retour. Je souris en sortant alors de la cuisine et traverse le salon pour retrouver ma petite sœur en tenue de concours blanche... Accompagnée de Liam Payne ? Qu'est ce qu'il fout là ?!
Je vois les yeux ronds de Charlotte en me découvrant, et la mine déconfite de mon ancien meilleur ami.
- Liam ?
- Je...
- Mamie ! Tu m'avais dis que Louis rentrait demain ! Réplique Charlotte en se tournant vers notre grand-mère qui arrive à ma suite.
Comment ça elle lui a dit que j'arrivais demain ?! Depuis quand Mamie lui ment sur mes allés et venues à la maison ? Je me tourne vers ma grand-mère en l'interrogeant du regard et elle se contente de lever les mains en l'air en signe de paix. Je crois qu'elle a bien conscience d'avoir été prise la main dans le sac. Mais ça ne répond pas à mes interrogations concernant la présence de Liam Payne dans mon entrée, avec ma petite sœur ! Je sais bien qu'il travaille au domaine avec Charlotte et qu'ils doivent aller en concours ensemble les week-ends, ça fait parti du job, mais de là à ensuite raccompagner ma sœur jusqu'ici ?!
- Je peux savoir ce qu'il se passe ?, je demande finalement en laissant mon regard aller et venir entre ma grand-mère, Charlotte et Liam.
- Tu le saurais si tu étais plus souvent là, répond simplement Charlotte en passant devant moi et en montant les escaliers pour rejoindre sa chambre j'imagine.
Ma grand-mère roule des yeux en l'interpellant et lui demandant de revenir tout de suite.
- J'ai passé ma journée dehors, je suis frigorifiée, je sens le cheval, alors je vais prendre une douche. Je pense que Monsieur Tomlinson peut attendre dix minutes de plus, non ? Personnellement, ça fait six mois que j'attends de le voir en vrai et pas à la télé.
Outch... ça, ça fait mal. Je retourne mon attention sur Mamie qui fait la grimace et je comprends que j'ai été absent un petit peu trop longtemps. Sauf que je ne peux pas me dédoubler pour être à L.A. et ici...
Je me tourne vers Liam dont je ne comprends toujours pas la présence et il déclare avant même que je n'ai le temps de dire quoi que ce soit.
- Je vais vous laisser en famille. Je ne pensais pas que tu étais là. Bonne soirée. Elisabeth on se voit demain.
- Comme d'habitude, dix heures pour le café mon petit.
Je le vois sourire à ma grand-mère en hochant la tête et il me salue rapidement avant de quitter la maison où j'ai grandi. Là c'est le pompon ! Qu'est ce que j'ai bien pu louper d'aussi important pour que Liam arrive comme ça un dimanche soir à dix-neuf heures ? Je me retourne vers ma grand-mère, espérant trouver une quelconque explication mais elle se contente de me répondre.
- Dix-neuf heures trente. A table !
Et elle quitte l'entrée où je me retrouve tout seul. Non mais c'est du foutage de gueule ou ça se passe comment ? Je lève les yeux au ciel et monte à l'étage pour essayer de prendre ma sœur entre quatre yeux. Je la croise alors en route pour la salle de bain, tenant ses vêtements propres contre la poitrine.
- Le concours, bien ?
- Comme si ça t'intéressait, réplique-t-elle en s'enfermant dans la salle de bain en me refermant la porte au nez.
Ok... sympa, la soirée s'annonce bien. Charlotte a commencé à m'en vouloir d'être si loin il y a deux ans je crois. Jusque là, j'arrivais à rentrer régulièrement et je ne vivais pas réellement à L.A, j'y allais pour les promos, les tournages, etc... maintenant je vis là-bas, j'ai une maison, un réseau d'ami, alors qu'avant, même si je n'avais qu'une semaine Off, je revenais ici. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Parce que même lorsque je suis en repos j'ai des choses à faire sur L.A. Je crois que ça a été l'élément déclencheur. Et je pense pouvoir la comprendre. A sa place, je l'aurais sûrement mal pris et je me serais senti délaissé. Mais ma vie n'était plus ici. Mamie l'avait bien compris, alors pourquoi pas elle ?
Je soupire en tapant à la porte de la salle de bain en attendant qu'elle me dise quelque chose, qu'elle réponde ou qu'elle me dise de la fermer et de la laisser tranquille ! J'en sais rien mais j'ai besoin qu'elle se manifeste. Ce qu'elle ne fait pas. Je soupire et me dirige vers ma chambre pour patienter qu'elle ait terminé sa douche. Espérant que ça l'aura au moins détendu...
Quand la porte de la salle de bain s'ouvre, je me lève du rebord de mon lit et sors dans le couloir. Charlotte rentre dans sa chambre en laissant sa porte ouverte. Je me pince les lèvres en m'avançant jusque là et m'appuie contre l'embrasure de la porte en la regardant ranger sa veste de concours dans son placard. Elle sait que je suis là, mais elle reste dos à moi, intentionnellement. Elle n'a pas l'intention de faire le premier pas je crois.
- Lottie.
- Non. Louis non. N'essaie même pas, réplique-t-elle d'un ton las en se retournant lentement avant de planter son regard sur moi.
Ma petite sœur n'est plus la petite fille que j'ai laissée il y a cinq ans. Elle est devenue une belle jeune femme au regard assuré et dur. Je sais que le métier qu'elle fait ne l'aide pas à s'adoucir, mais la dureté que je croise dans ses yeux me fait peur. J'aimerais retrouver l'innocence et la jeunesse que je suis normalement censé lire dans le regard d'une jeune fille de vingt ans. Mais ce n'est malheureusement pas le cas. Et je sais que c'est en partie ma faute. Si j'étais resté, elle serait toujours aussi innocente et n'aurais sûrement pas grandi aussi vite.
- Charlotte, s'il-te-plaît.
- Non. Tu vas t'excuser comme à chaque fois, et tu vas partir, comme à chaque fois. Alors non. Fous-moi la paix. Tu n'aurais pas dû rentrer, déclare-t-elle en secouant la tête et me pointant du doigt.
Jamais je n'aurais imaginé entendre de pareille parole de la bouche de ma petite sœur. Je me pince fortement l'intérieur de la joue pour éviter de répliquer quelque chose, mais elle enchaîne très rapidement.
- Tu n'es pas le seul à avoir vu sa vie basculer ce jour là. Tu n'as pas le capital de la tristesse.
- Charlotte. Je pense que ça suffit, intervient alors notre grand-mère.
On se retourne tous les deux vers elle et elle passe son regard de Charlotte à moi. Je sais que nos conflits l'empêchent de dormir. Ça n'a pas été facile pour elle de devoir élever les enfants de son fils après sa mort. Je pense que ça a été encore plus difficile quand je suis parti. Elle ne me l'a jamais dit, jamais reproché, mais je sais qu'elle aussi m'en veut.
- J'en ai simplement assez qu'il va et vient chez nous comme si la porte lui était grande ouverte alors qu'il n'était pas là quand on avait besoin de lui. s'exclame Charlotte en m'accusant et parlant de moi comme si je n'étais pas là.
- Charlotte, chacun gère le deuil comme il le peut tu sais, essaie d'expliquer Mamie.
- C'était y'a six ans. Maintenant, il serait temps qu'il comprenne que nous aussi on est là ! Et sa vie à l'autre bout du monde n'a rien à voir avec la réalité. Merde à la fin !, réplique-t-elle.
Je serre les dents en soupirant largement.
- Je suis à coté de toi je te signale Charlotte. Pas besoin de parler de moi comme si je n'étais pas là.
- Tu devrais peut-être songer à partir si ça te dérange tant que ça, réplique-t-elle en secouant la tête.
Calme-toi Louis, calme-toi.
J'adore ma petite sœur, là n'est pas le soucis. Je comprends ses rancoeurs et tout ce qu'elle me balance en travers de la gueule. Après tout, c'est moi qui suis en tort, je ne dis pas le contraire, mais est-ce qu'elle peut véritablement se permettre de me dire tout ça alors que je suis à peine rentré ? J'aime Charlotte, et je voudrais pouvoir retrouver la complicité qu'on avait avant. Sauf que je sais par où on devrait passer, et je sais que j'en serais incapable.
- Je vais prendre l'air, je réplique finalement en tournant les talons et quittant le couloir.
Je me dirige jusqu'à l'entrée, récupère les clés de ma voiture, une veste et sort de la maison. Je monte en voiture, mets le contact et part rouler en espérant que Charlotte aura décidé d'arrêter de faire la gueule quand je rentrerai.
*
Centre ville de Périgueux – jeudi 01 Décembre 2016
Harry Styles.
Mon début de semaine s'est plutôt bien passé. J'ai réussi à me faire un petit peu d'argent en faisant la manche. Certains commerçants me connaissent maintenant. Je suis arrivé en ville à la rentrée, et je pense qu'ils ont bien compris que je ne faisais pas partie de ces clochards alcooliques qui dorment dans les parkings souterrains. J'essaie de garder un minimum de dignité. Même si certains soirs sont plus compliqués que d'autres. Je dors pratiquement toutes les nuits dans un lit, et sinon ma voiture me convient parfaitement. Je fais des petits boulots de merde, mais au moins je bosse et j'essaie de m'en sortir Ce qui est le plus important. Ce soir je dois voir Zayn à la boîte. Il faut que je lui demande si c'est toujours bon pour l'appart. J'ai un peu peur de passer l'hiver dehors. Et même si ça me fait une grosse sortie d'argent d'un seul coup à chaque début de mois, si je me débrouille bien je sais que je pourrai essayer de faire autre chose que videur les nuits de fin de semaines.
Je suis impatient de bosser ce soir, parce que je sais que Zayn sera là et qu'il pourra donc m'en dire plus sur ce fameux appartement. Je ne m'attends pas à un grand truc, mais au moins, pouvoir être au chaud me ravira !
J'arrive au Panda Club un petit peu après vingt-deux heures. Le patron est là et me donne mes consignes de la soirée. Les étudiants de la fac sont déchaînés en ce moment, les partiels arrivent à grand pas après les vacances de Noël et ils se lâchent comme jamais lorsqu'ils sortent. Ils sont moins nombreux qu'au début de l'année, mais beaucoup plus alcoolisé pour le plus souvent.
Je prends les consignes et file au vestiaire pour me changer. J'en profite pour prendre une douche et enfile ma tenue de travail. Zayn arrive quand je sors du local. Il m'en tape une dans la main et me sourit.
- Comment tu vas ? Me demanda-t-il.
Zayn est à la fac de droit de Périgueux en troisième année. Ses parents n'ont pas beaucoup d'argent, mais grâce à son cousin ou son oncle, je ne sais toujours plus, il a réussi à avoir un petit appartement pas trop cher. Si j'emménage dans l'appart dont il m'a parlé, on sera sûrement voisins d'ailleurs ! Je peux dire que Zayn est mon ami ! Il ne sait rien de ma situation plus que bancale. Je lui ai juste dit que j'en chié un petit peu parce que je n'ai pas de fric, et lui m'a proposé cette solution.
- Bien et toi ? Les cours ?
- Cool. Chiant, mais cool !
- Tu m'expliques comment ça peut être chiant et cool en même temps ?, je lui demande en rigolant légèrement.
- C'est intéressant tu vois, j'adore ce que je fais. Mais putain que les profs sont relou. J'ai cours demain à dix heures en plus, je vais être mort.
- Tu m'étonnes.
Zayn a beaucoup de courage de travailler comme ça. Mais je crois que c'est son choix. Ses parents n'ont peut-être pas beaucoup de fric mais auraient pu lui offrir cet appartement. Sauf qu'il a trois sœurs plus jeunes que lui. Il m'a dit, une nuit pendant une pause clope, qu'il préférait qu'ils gardent leur argent pour elles plutôt que pour lui. Il est débrouillard, a toujours eu de bonnes notes et s'en sort plutôt bien à la fac. C'est un gars bien.
- Toi, ta semaine ?
- Oh tu sais la routine, pas grand-chose, je réponds en restant évasif.
- Ouai comme d'hab !
- Au fait ! Tu te souviens de l'appart dont tu m'avais parlé ?
- Oui bien sûr ! tu serais intéressé ?
- Ouai ! Possible de le visiter rapidement ?
- J'appelle mon oncle dès maintenant stu veux et demain en débauchant tu peux aller le visiter. Si ça te plait tu pourras emménager dans la foulée.
Je souris largement en hochant la tête.
- Oh oui ce serait parfait !
- Jm'en occupe, affirme-t-il en hochant la tête de haut en bas.
- Merci infiniment Zayn, tu me sauves la vie !
Il m'adresse un sourire, me donne une tape amicale dans l'épaule et s'éloigne pour quitter les vestiaires. Je sors à mon tour et vais me mettre à mon poste devant l'entrée de la boîte.
*
Centre ville de Périgueux – vendredi 02 Décembre 2016
Harry Styles.
- Evidemment c'est pas le grand luxe hein, mais au moins c'est en bon état et pas trop humide. L'isolation n'est pas top mais il ne fait pas si froid ici l'hiver.
Je sors de la chambre avec un large sourire sur les lèvres, cet appartement est de toute façon dix fois mieux que tout ce que je pouvais m'imaginer. Moi qui rêve de mon chez moi depuis des lustres, je ne peux pas demander mieux !
- C'est on ne peut plus suffisant vous savez ! je réponds en hochant la tête.
- Du coup ce sera 350€ par mois, en liquide hein au début de chaque mois. Tu peux donner le fric à mon neveu, il me le transmettra ensuite. C'est un gamin sympa et sérieux, je lui fais confiance.
- Je peux emménager quand ? Je demande finalement en me tournant vers lui.
- Quand tu veux ptit, du moment que tu me donnes le premier mois à l'avance ça me va.
- Si je vous le donne maintenant je peux récupérer les clés aujourd'hui ?
Il hoche la tête de haut en bas tout en souriant avant que je ne plonge mes mains dans mes poches et attrape l'enveloppe en papier kraft qui contient toutes mes économies. J'ai de quoi payer deux mois là dedans. Ce qui me permet de me mettre à l'abri pour décembre et janvier. Je pense arriver à payer pour le mois de février aussi en économisant assez. Je dois aussi évidemment penser aux charges de l'appartement : électricité, chauffage, eau... mais je ferai attention.
Je sors les 350€ de l'enveloppe et lui tends l'argent qu'il attrape en recomptant les billets de dix et vingt euros. Il hoche la tête de haut en bas et me tend une paire de clés.
- Voilà, surtout n'hésite pas à m'appeler si tu as le moindre souci gamin. Je sais que parfois l'eau chaude peut faire des siennes. Mais n'hésite pas à aller frapper chez Zayn si jamais, et ne t'étonne pas si tu le vois rappliquer parfois !
Je hoche la tête de haut en bas en souriant, serrant les clés de mon nouvel appartement entre les doigts. Je peux maintenant penser à autre chose qu'à l'endroit où je vais dormir le soir, puisque je sais que je suis à l'abri pour les semaines à venir. Ce qui est franchement rassurant.
Jalil m'adresse une dernière poignée de main puis quitte l'appartement en me laissant tout seul au milieu de ce dernier. Les murs sont gris et quelques moisissures apparaissent dans les coins. La salle de bain est sombre, la chambre aussi et la cuisine n'est pas très propre. Mais je m'en fiche j'ai un lit, du chauffage, et surtout pas la peur qu'on me pique mes affaires. C'était d'ailleurs ma plus grande peur : qu'on me prenne mon sac ou mes affaires quand je les laissais dans ma chambre lorsque je pouvais m'en offrir une pour plusieurs nuits.
Je sors mon téléphone portable de ma poche et m'empresse d'envoyer un sms à Zayn. J'ai acheté ce vieux machin il y a un mois et demi environ après avoir revendu mon vieil iPhone que je trainais depuis quelques années. Il m'a permis de changer un pneu de ma voiture après que je me le sois fait crever. J'ai arrêté mon ancien abonnement et fonctionne qu'avec des cartes prépayées maintenant.
Sms to Zayn : « je suis heureux de t'annoncer que je suis ton nouveau voisin »
Sms from Zayn : « ça c'est une très bonne nouvelle ! On fête ça ce soir après le boulot ! »
Donc demain matin ! La journée de samedi risque d'être longue. Mais je m'en fiche, j'aurais mon lit pour me reposer. Je vais d'ailleurs devoir faire la liste de tout ce que je vais avoir besoin d'acheter pour cet appartement. Au moins, il est à moitié meublé, un lit dans la chambre, un vieux canapé pas très confortable dans le salon avec une table basse, un frigo et une gazinière dans la cuisine. Je dois au moins acheter une poêle ou une casserole pour pouvoir utiliser la cuisine et des assiettes et couverts. Il faudrait aussi que je trouve une couette et des oreillers. J'ai des vieux draps dans ma voiture qui devraient convenir. Je trouverai peut-être tout ça chez Emmaüs. J'irais faire un tour la semaine prochaine !
Je me laisse tomber sur mon nouveau canapé en soupirant de bonheur et je pense alors à ma sœur. Je n'ai pas eu vraiment de nouvelles depuis que j'ai quitté la maison. Elle a bien essayé de m'appeler ou de me retrouver quand j'avais mon ancien téléphone, mais depuis que j'ai revendu mon vieil iPhone, elle n'a plus réellement de moyen de me retrouver.
Je soupire largement et ferme les yeux un sourire soulagé sur les lèvres. Au moins, je suis au chaud et à l'abri.
*
Centre ville de Périgueux – samedi 03 Décembre 2016
Finalement, j'ai craqué. Je suis actuellement en train de faire quelques courses à Leclerc. Tant pis pour Emmaüs, j'ai trop envie de me faire un vrai bon repas ce soir à l'appartement. J'ai débauché tard ce matin, je suis épuisé mais je suis fier comme tout de pouvoir pousser mon caddie dans les allées du supermarché. Il y a du monde, je souris, je me sens enfin normal pour la première fois depuis des lustres. J'ai pu prendre une douche avant de venir, je me sens propre et mes vêtements sentent bon, mes boucles encadrent mon visage et j'ai presque envie de faire une folie et de m'acheter une ou deux fringues. MAIS il ne faut pas exagérer.
Je me suis acheté des couverts, des verres, et des assiettes en plastique. Ceux que j'ai vu coûtaient bien trop chers et pour le moment ça me suffira. J'ai rempli mon caddie avec des aliments pas trop chers et ma seule véritable folie en définitive est un gâteau au chocolat. Il faut bien que je fête mon emménagement ! J'ai réussi à repousser l'apéro avec Zayn à la semaine prochaine. J'ai envie de profiter de mon premier week-end tranquillement. Donc je lui ai dit de venir lundi ou mardi soir. Nous serons reposés de notre week-end de travail et je peux le passer tranquillement.
Quand j'arrive à la caisse, j'adresse un sourire à la caissière et dépose mes différents articles sur le tapis roulant et la laisse les enregistrer les uns après les autres. Une fois qu'elle a terminé, je récupère mon vieux portefeuille où j'ai mis de l'argent pour les courses. Je l'ouvre en fronçant les sourcils. Pas de billets. Je prends mon sac à dos qui ne me quitte jamais. J'ai pris l'habitude de toujours garder mon argent liquide avec moi de peur qu'on me le vol à l'hôtel et je n'ai pas encore le réflexe de le laisser chez moi. Je l'ouvre en entendant la caissière me demander si je désire payer par carte ou en liquide. Je relève les yeux vers elle en mimant un sourire légèrement crispé et lui réponds.
- Liquide. Je.. je l'attrape juste dans mon sac, je dis en me mordant l'intérieur de la joue mal à l'aise.
Je retourne l'intérieur de mon sac à la recherche de mon enveloppe en papier kraft mais je suis incapable de mettre la main dessus. Putain, où est mon argent, qu'est ce que j'ai foutu de ce putain d'argent ?!
- Monsieur ? Ca fera 32€54 s'il-vous-plaît, me répète-t-elle avec insistance alors que je continue de chercher mon enveloppe.
Sauf qu'elle n'est pas là, que mon cœur bat à cent à l'heure dans ma poitrine. Il y avait plus de quatre cents euros là dedans. L'argent de mon loyer du mois de janvier et quelques provisions pour mes courses et autres extras ! Putain où est-ce que cette enveloppe est passée ?
- Monsieur, je vais devoir vous demander de me payer s'il-vous-plait, insiste la caissière en devenant presque agressive.
Je relève les yeux vers elle, sentant mon cœur qui tambourine dans ma poitrine. Ce ne sont pas seulement mes courses qui se sont envolées, ce sont mes économies ! Sans elle je ne vis pas, je ne mange pas, je ne bois pas, et je n'ai plus de toit sur la tête ! Même si j'ai un mois pour mettre de l'argent de côté pour le mois de janvier, c'est quatre cents euros qui viennent de s'évaporer.
- Monsieur ? demande une fois de plus la caissière.
- Laissez, je vais payer, intervient alors la personne qui patientait juste après moi dans la file de la caisse.
Je retourne le regard vers le jeune homme qui vient de répondre. Des cheveux en bataille, un pull en grosse maille et une paire de lunette de soleil sur le nez. Mec. On est en décembre, il pleut et toi, tu as des lunettes sur le nez ?!
Je secoue la tête de gauche à droite en le voyant tendre un billet de cinquante euros mais la caissière l'attrape en me lançant un regard assassin. Oh putain ! Elle rend la monnaie au jeune homme pendant que moi je range de mes mains tremblantes mes quelques articles dans mon caddie, honteux.
Je retourne mon attention sur le jeune homme qui vient de payer mes courses alors que la caissière est en train de biper ses articles les uns après les autres. Rien qu'à voir la tonne de bouffe et la qualité de ce qu'il achète, je comprends qu'il n'est pas à trente balles près. Je me pince les lèvres et le remercie tout de même. Parce que ce n'est pas anodin de faire un truc comme ça.
- Merci, je souffle mal à l'aise.
Il tourne les yeux vers moi et secoue la tête de gauche à droite en me souriant.
- Ne vous en faites pas, ça arrive à tout le monde.
- Je ne comprends pas... j'avais mon argent ce matin pourtant !
A moins que... que je ne l'ai plus puisque j'avais laissé mon sac à dos dans mon casier au taf toute la nuit.
- En tout cas, ça ne m'a absolument pas dérangé, assure le brun.
Je m'apprête à répondre quand j'entends alors une voix qui m'est familière dans le dos de mon sauveur.
- Mon Lapin, j'ai trouvé le vin pour ce soir. Tu t'imagines, j'ai cru qu'il n'en avait plus ! Tss, que des incompétents. Comment oses-tu appeler leur rayon de pacotille « cave » s'ils n'ont pas mon Château Lecuyer ?
Je vois le dit « lapin » se pincer les lèvres et se retourner vers une personne âgée que je reconnais tout de suite ! Elisabeth ! La vieille dame dont j'ai porté les courses la semaine dernière !
- Harry ! Mon sauveur ! s'exclame-t-elle alors en bousculant le brun pour venir me prendre dans ses bras.
Je fais les gros yeux en sentant les bras de la vieille dame venir m'entourer et je vois le brun me signer un « je suis désolé » du bout des lèvres et je me contente de secouer la tête pour lui faire comprendre que ce n'est pas grave. Elisabeth me libère finalement et pose ses mains sur mes épaules pour me tenir à bout de bras.
- Tu vois Louis, ce gamin c'est la relève de notre époque.
- Je n'en doute pas mamie, rigole le dit Louis en secouant la tête.
La caissière, blasée, s'adresse alors à lui et lui demande de payer une somme astronomique. Je le vois sortir une liasse de billet de sa poche à m'en faire devenir jaloux. Je n'écoute pas ce que sa grand-mère me raconte parce qu'elle enchaîne les paroles, et que je suis l'argent passer de main en main avec envie. Putain. Rien qu'avec ce qu'il vient d'utiliser pour payer ses courses je pourrais m'offrir un loyer.
Je sors de ma stupeur quand j'entends alors le jeune homme reprendre la parole. Il explique à sa grand-mère qu'il vient de me payer mes petites courses parce que je n'avais pas d'argent dans mon portefeuille. Je sens le rouge me monter aux joues.
- Oh mon pauvre petit ! Tu m'as l'air bien tête en l'air, dit-elle en souriant légèrement.
- Oui eh... oui... désolé.
- Mamie, Charlotte va nous attendre il est presque midi, la presse alors son petit fils.
Elle roule des yeux et retourne finalement son attention sur moi. Elle m'adresse un large sourire et me souhaite une bonne fin de journée. Elle me relâche et s'éloigne en discutant alors de mon acte d'héroïsme de la semaine passée.
Je soupire largement en reprenant alors mon caddie et le pousse vers la sortie tout en me demandant comment je vais bien pouvoir gérer cette perte d'argent assez importante et désastreuse pour moi ? utain il ne manquait plus que ça ! J'ai plus un rond pour payer quoi que ce soit avant la fin du week-end. Il va falloir que j'attende dimanche matin pour récupérer mon salaire du week-end à la boîte pour pouvoir renflouer un petit peu mes poches.
Je pousse mon caddie sans réellement faire attention et attrape alors une conversation au vol en passant à côté de deux gamines de dix-sept ou dix-huit ans.
- Jt'avais bien dit qu'il était de retour chez lui ! C'était annoncé sur son compte twitter, s'exclame la première.
- Jn'arrive pas à croire qu'on vient de croiser une star d'Hollywood meuf ! S'extasie la seconde.
Une star d'Hollywood ? Et je l'ai ratée ? Ce n'est pas ma journée tiens...
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