Chapitre n°16


Bassin d'Arcachon – dimanche 25 décembre 2016

Louis Tomlinson

- Dis-moi quelque chose que je ne sais pas sur toi, je souffle en caressant le torse tatoué d'Harry.

- Je suis capable de tuer un homme à mains nues, me répond-il en souriant grandement.

Je roule des yeux, rigole légèrement, et secoue la tête. Je ne sais pas pourquoi ce type de réponse ne m'étonne pas de la part d'Harry.

Je me redresse lentement sur un coude avant de planter mon regard dans le sien et il me sourit. Vous savez, ce type de sourire qui donne envie d'embrasser les lèvres de la personne en face de vous pendant des heures et des heures. Et bien Harry à ce genre de sourire là. Je crois que sa petite fossette y est pour quelque chose...

Les moments aussi doux et calmes que celui-ci sont terriblement rares dans ma vie. On vient de terminer de dîner, on a vidé une bouteille de vin, on a fait l'amour dans le salon, et nous sommes maintenant l'un contre l'autre dans le lit, nus, à moitié enroulés dans les draps.

Je crois que je suis en manque de ce genre d'instant, simple, doux, langoureux voire même passionné ! Mais simple.

Ma vie manque de simplicité.

- Arrête de te moquer de moi, je fais en souriant.

- Je ne me moque pas. Je sais appuyer où ça fait mal. C'est tout, assure-t-il innocemment.

Il rigole, je lui donne un petit coup sur le torse en souriant et je me rallonge à côté de lui, le regard rivé sur le plafond. Il roule vers moi et m'attire dans ses bras. Je me blottis contre lui et je souris. J'inspire profondément pour profiter de cette proximité entre lui et moi car je sais qu'elle n'est qu'éphémère. Je ferme les yeux et mon sourire s'agrandit en sentant ses doigts venir glisser dans mes cheveux.

- J'ai une grande soeur. Elle s'appelle Gemma. Elle est tout pour moi. Et elle me manque profondément.

- Pourquoi tu ne l'appelles pas? je l'interroge naturellement.

- Parce que je ne sais pas où elle est. Nous avons été séparés à la mort de nos parents. Et je n'ai aucun moyen de la contacter.

Je ne comprends pas. Comment deux jeunes adultes comme Harry et sa soeur peuvent-ils se perdre ? Je veux bien croire qu'Harry ait un passé compliqué, on a tous une histoire, mais je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas retrouver sa soeur. S'ils avaient été séparés lorsqu'ils étaient enfants j'aurais compris. On sépare parfois les gamins lorsqu'ils sont placés, mais Harry est grand, sa soeur aussi puisqu'elle est plus âgée. Et avec les moyens de communication que l'on a aujourd'hui, il me paraît impossible de ne pas pouvoir retrouver quelqu'un d'aussi proche que notre soeur.

Sauf que je commence à connaître Harry et je sais que je ne dois pas lui poser de question. Il me dira tout, il le fera dès qu'il se sentira prêt. Je ne dois surtout pas le brusquer au risque qu'il ne se ferme complètement à moi. Hors, nous n'avons que très peu de temps ici. Et je veux en profiter un maximum.

- A toi.

- Comment ça à moi?

- Dis-moi quelque chose que je ne sais pas sur toi, murmure-t-il.

Je rigole et hoche la tête de haut en bas en réfléchissant à une anecdote que je pourrais bien lui avouer.

- On avait pour habitude de souvent faire la fête avec Liam. On sortait sûrement trop. On partait en concours tous les deux et nos parents nous faisaient un petit peu trop confiance. Je me suis vu monter sur des épreuves internationales alors que j'étais encore bourré de la veille.

Il pouffe et secoue la tête de gauche à droite.

- Et donc, c'était productif ?

- Plus ou moins, je lui avoue en rigolant.

Il sourit et glisse une de ses mains dans mon dos avant de murmurer.

- Pourquoi tu ne reviens pas ? Si tout ça te manque ?

- Parce que j'ai peur ?

- Je pense que tu as plus peur de revenir chez toi que de remettre le pied à l'étrier.

Et il a raison. Retrouver mon ancienne vie me fait tellement flipper. Ce n'est pas seulement de retourner vivre auprès des chevaux qui me stresse, c'est tout ce que ça implique. La cohabitation avec ma famille inclue. Parce que même si aujourd'hui ma soeur me reparle plus ou moins, je sais que tout ça est bancal. Elle attend sûrement la première erreur de ma part pour retourner sa veste. Je connais Charlotte, c'est une fille adorable, et pleine de bon sens. Sauf qu'une fois sa confiance perdue, il faut courir derrière des mois, ou des années pour la rattraper. Le fait que je sois son frère n'arrange en rien la situation. Parce qu'elle devait attendre beaucoup plus de chose de moi, que des autres.

- Je crois que tu ne devrais pas t'en faire, me dit-il. Je ne vous connais pas depuis longtemps mais je crois avoir compris le fonctionnement de votre famille. La seule chose que Charlotte te reproche c'est de ne pas être présent. Ce qui serait réglé si tu revenais. Quant à ta grand-mère, la question ne se pose même pas.

- Et je ferais quoi si je revenais?

- Tu sais aussi bien que moi ce que tu ferais si tu revenais. Tu ne tiendrais pas un mois avant de te remettre en selle.

- C'est la première fois que je m'approche vraiment des chevaux depuis mon accident Harry.

Je le sens hausser des épaules avant de répondre.

- Justement.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles Harry, je réponds en soupirant largement. J'étais cavalier certes, mais à haut niveau. Très haut niveau. Je parcourrais la Terre à la recherche des plus belles victoires. J'ai été l'un des plus jeunes français à être sélectionné dans l'équipe de France pour représenter notre pays aux J.O. à l'époque tu sais. La pression des propriétaires, mais aussi le danger de cette discipline tout ça... je ne sais pas si je pourrais encore le gérer.

- Charlotte et Liam le font bien.

- Ils n'ont jamais arrêté. Je ne connais personne qui a arrêté aussi longtemps et qui s'est de nouveau hissé au plus haut niveau.

Je le vois alors sourire en coin et je fronce les sourcils en le regardant. Qu'est-ce-qu'il a encore derrière la tête ?

Il se penche sur moi, embrasse mes lèvres et murmure alors.

- Tu as peur d'être nul ?

- Mais non ! Je ne suis pas nul ! je m'offusque.

On m'a proposé des postes dans les plus belles écuries du monde lorsque j'étais jeune. J'aurais pu aller travailler avec les meilleurs, mais j'ai toujours refusé pour rester auprès de ma famille. Jamais aucun Tomlinson n'a quitté l'élevage familial pour aller travailler ailleurs. Et même les offres scandaleuses que j'ai reçues n'ont jamais réussi à me faire changer d'avis. Alors non, je ne suis pas nul, je suis même très loin d'être nul !

- Tu as peur de ne jamais retrouver le niveau que tu avais. Tu as peur de décevoir tes anciens fans, les propriétaires de chevaux, tes anciens adversaires, et pire... tes parents.

- Tu dis n'importe quoi, je souffle en soupirant et roulant sur le côté.

Il déraille complètement, il n'a aucune idée de ce dont il parle. Il y a quinze jours il n'avait jamais tenu un cheval à la longe. Alors je ne vois pas comment il peut se permettre d'avoir un discours comme celui-ci.

Je sens son corps venir se coller contre mon dos et ses bras entourer ma taille. Je souris malgré moi en me laissant attirer dans ses bras et ferme les yeux à son contact. Je ne me suis jamais senti aussi bien et aussi rapidement dans les bras de quelqu'un. Harry est doux, attentif, et de bon conseil. Et chose très importante, c'est un très bon coup. Ce qui est trèèèès important à noter.

- Lou?

- Hmm...

- Tu es une personne formidable, ne l'oublie jamais.

Je souris à ses mots, me tourne vers lui et glisse mes lèvres contre sa peau, à la recherche de sa bouche dans l'obscurité. Je sens son sourire contre mes lèvres à mon geste et ses mains se nouent dans ma nuque. Je sens mon coeur s'emballer dans ma poitrine et le corps d'Harry s'écraser contre le mien. Je rigole légèrement en le sentant se mettre à califourchon au dessus de moi en passant ses mains dans mes cheveux qu'il agrippe légèrement avec ses doigts. Je plante mon regard dans le sien, arrivant à capter une lueur d'envie dans l'obscurité de la pièce et je murmure.

- Tu veux sérieusement recommencer ?

- Faire l'amour est l'une des seules façons de se sentir vivant.

- Et tu ne te sens pas assez vivant ?

- On ne vit jamais assez Louis.

Et je ne peux pas le nier.

C'est pour ça qu'on a refait l'amour une fois de plus avant de s'endormir l'un contre l'autre totalement repus.

*

Bassin d'Arcachon – lundi 26 décembre 2016

Ce matin, c'est le bruit des vagues qui m'a réveillé. Harry n'était plus contre moi, mais accoudé au rebord de la fenêtre, une serviette de bain autour des hanches et les cheveux mouillés. Son dos parfaitement sculpté face à moi, c'est sûrement l'une des plus belles choses que je peux découvrir au réveil.

En m'entendant me redresser dans les draps, je vois Harry se retourner vers moi. Il m'adresse un magnifique sourire et s'approche. Il se hisse sur le lit à quatre pattes et vient me voler un baiser. J'attrape son cou de mes bras et l'attire à moi. Il sourit en se blottissant contre moi, et j'embrasse son front en fermant les yeux.

- Désolé de t'avoir réveillé.

- Ne t'excuse pas, tu ne pouvais pas m'offrir meilleure vue pour mes petits yeux au réveil, je souris contre sa peau.

Je le sens se tortiller au dessus de moi, défaisant le noeud de sa serviette et dénudant alors ses fesses. Je souris et sens ses lèvres contre les miennes avant qu'il murmure.

- J'adore cet endroit, tu as bien fait de l'acheter. Ta famille devrait en profiter plus souvent.

- C'est un véritable havre de paix.

- Oui. L'endroit rêvé...

Je laisse mes mains glisser le long de son dos nu en soupirant de bien être. Les yeux clos, un fin sourire sur les lèvres je me sens libre. Pour la première fois depuis des années, je me sens moi-même, et libre de mes choix. Je n'ai personne pour guider mes gestes, pour me diriger dans une direction, pour réajuster mes décisions. Non, je suis moi. Tout simplement moi. Et ça fait du bien de se retrouver. J'ai trop l'habitude qu'on me parle en mon nom et que l'on agisse à ma place. Avec Harry, je fais ce que je veux, je peux dire ce que je veux, je peux le toucher, le caresser, l'embrasser, lui faire l'amour, sans que personne ne me dise quoi que ce soit. Je suis libre.

- On doit rentrer aujourd'hui ?

Je hoche la tête de haut en bas en caressant son dos du bout des doigts, sentant son corps vibrer sous mon passage.

- Oui. On le doit. J'ai promis à Mamie de rentrer ce soir au plus tard.

- On a la journée ?

- Nous avons la journée Harry, je lui assure en embrassant ses lèvres.

Il sourit contre ma bouche et il se blottit contre moi, la tête contre mon épaule, le visage tourné vers mon cou. Je remonte ma main vers le haut de son dos pour refermer mon bras autour de lui. Je laisse mes doigts glisser sur son bras de haut en bas avant de l'entendre reprendre la parole.

- On va faire quoi?

- Je ne sais pas. Tu as envie de quoi?

- Je voudrais aller marcher au bord de l'eau.

- Je pense que ça doit être possible. Mais... tu vas devoir me faire une promesse, je souffle en souriant en coin.

Je le sens se redresser en s'appuyant sur l'un de ses coudes et me regarder avec étonnement, les sourcils froncés.

- Ma grand-mère ne doit pas savoir que je t'ai laissé passer du temps dehors "dans le froid et le vent marin", je la cite en rigolant.

Il roule des yeux, pouffe légèrement et secoue la tête.

- Je pense que je devrais pouvoir garder ma langue.

- En attendant... peut-être que nous pourrions....

- hmm... Nous pourrions quoi ? interroge-t-il en souriant en coin.

- Peut-être que nous pourrions déjeuner tranquillement au lit.

- Ca me va.

Je me redresse en basculant au dessus de lui. J'embrasse ses lèvres avec tendresse et murmure en souriant.

- Enfile un truc sur tes petites fesses sinon je vais avoir envie de les baiser avant la fin du petit dej', je lui dis contre ses lèvres.

Je sens son sourire s'étirer contre moi, son regard s'ancrer dans le mien et je comprends qu'il ne compte pas s'habiller une seule seconde. Au risque d'avoir envie de lui. Justement, je crois que ça l'arrangerait bien.

*

Bassin d'Arcachon – lundi 26 décembre 2016

Harry Styles

Je crois ne pas avoir passé un meilleur moment que celui-ci depuis des mois. Louis a mis énormément de coeur à ce que je passe un agréable voyage en sa compagnie. Et je pense pouvoir affirmer qu'il a réussi.

Il nous a amené un super petit déjeuner au lit, on a pu manger tranquillement tout en discutant de tout et de rien, et nous avons évidemment refait l'amour. Après tout, je n'étais pas resté les fesses à l'air pour rien.

Après ça, on a prit une douche rapide, on s'est habillés chaudement puis on a filé sur la plage. Louis a la chance d'avoir un accès au sable depuis le jardin de la maison. J'adore cet endroit. Il semble tellement paisible. Exactement le type de destination que je choisirais si j'avais besoin de paix et de repos. L'endroit parfait pour Louis en somme.

Ca doit faire quelques minutes que nous marchons au bord de l'eau et je me sens chez moi. Le bruit de l'eau, l'air salin et le sable s'affaissant sous mes pieds, ça fait un bien fou. Il ne manquerait plus qu'un grand soleil, de la chaleur, et je me serais volontier jeté à l'eau pour faire deux ou trois brasses.

Nous n'avons échangé aucun mot depuis que nous avons quitté la maison avec Louis. Ni lui ni moi n'avons exprimé le besoin de parler. Personnellement, me retrouver seul face à mes souvenirs m'a fait le plus grand bien. Mais c'est finalement moi qui rompt le silence après que nous ayons croisé un jeune couple. Ils ont tout de suite reconnu Louis, l'ont gentiment salué avant de demander une photo. Je me suis pris au jeu du photographe, Louis a discuté deux ou trois minutes avec eux, répondant à quelques questions, puis nous avons continué notre promenade. J'ai souvent tendance à oublier qui il est. Je ne l'ai pratiquement jamais vu en public, avec du monde autour de lui. A chaque fois, c'était chez lui, avec sa famille et ses amis. Personne pour le prendre en photo ou demander un autographe pour me rappeler qui il est vraiment.

Est-ce normal pour lui de se faire arrêter dans la rue pour prendre des photos ? Doit-il faire attention à tout ce qu'il peut dire ou faire ? Est-il épié à chaque pas dehors lorsqu'il est à Los Angeles ? Fait-il souvent la couverture des magazines à scandals ? Beaucoup de questions me viennent à l'esprit et commencent à me tourmenter. Je ne peux pas être pris en photo avec lui et me retrouver sur le net ou du papier glacé.

- Tu es souvent pris en photo comme ça ? je demande alors une fois le jeune couple éloigné.

Il se tourne vers moi et hausse des épaules.

- En France je suis relativement tranquille de ce côté là. Je n'ai pas besoin de garde du corps à part en déplacement dans les grandes villes comme à Paris par exemple. Mais à Los Angeles, ou en promo pour un film, je ne sors jamais sans Joe. C'est mon chauffeur et garde du corps.

Je m'arrête, presque choqué d'apprendre cela. Louis est vraiment ce genre de gars ? La star interplanétaire incapable de sortir de chez lui sans être pris en photo ? J'étais tellement loin de la réalité. Pour moi, Louis n'est pas ce gars là. Ce n'est pas une star, ce n'est pas un acteur, et il est encore moins connu. Pour moi, c'est juste Louis... MON Louis. Sauf qu'en fait, c'est le Louis d'énormément de personnes aussi. Sauf que je ne suis pas partageur du tout.

- Tu ne peux vraiment pas sortir de chez toi sans garde du corps là-bas ?

- La dernière fois que j'ai essayé, je me suis retrouvé à me cacher dans une boutique et à appeler Joe pour qu'il vienne me chercher. Donc j'évite.

- Vraiment ? je m'étonne en faisant les gros yeux.

Il hoche la tête de haut en bas tout en me regardant d'un air désolé.. Sauf qu'il n'y est pour rien. Je détourne les yeux en soupirant avant de laisser mon regard et mon esprit vagabonder vers l'horizon.

- Ca ne fait pas de moi une espèce d'extraterrestre ou je ne sais quoi. Je suis un mec normal tu sais, dit-il en glissant une main dans la mienne.

Je le vois m'attirer vers lui et je me retourne en relâchant sa main. Je hoche la tête de haut en bas en me pinçant les lèvres. Le Louis que je connais n'a rien à voir avec celui que je peux retrouver sur les tabloïds. Même si j'ai rarement croisé son regard dans les magazines, puisque je n'en lis pas. Je crois d'ailleurs que je n'ai jamais vu la tête de Louis autrement qu'en vrai depuis que je l'ai rencontré.

- Tu sais... on s'habitue à voir sa photo partout. Même si la première fois que je me suis vu sur une affiche de film j'ai cru halluciner. La première fois où on m'a reconnu dans la rue aussi je me suis retourné en croyant que la personne en question avait reconnu quelqu'un derrière moi.

- Quand je te vois là comme ça, j'ai du mal à croire que t'es une star internationale Louis. Je veux dire, pour moi, t'es le mec sur qui j'ai vomi avant de coucher avec...

J'entends son rire cristallin raisonner dans mes oreilles et je roule des yeux en l'entendant. Je secoue la tête en faisant une moue adorable avant de l'écouter reprendre la parole.

- J'ai moi-même du mal à prendre conscience de ce que je suis quand je suis ici en France. Mais à Los Angeles je t'avoue que ça prend une toute autre dimension. Et ça peut clairement devenir flippant parfois.

- Et tu ne t'ai jamais dis qu'une vie comme celle que tu as ici est plus saine que celle que tu as à Los Angeles ?

- Je ne dirais pas que ma vie à Los Angeles est nocive Harry. Je dirais simplement qu'elle est différente. Ca a ses bons et ses mauvais côtés.

Personnellement je ne sais pas si je serais prêt à accepter tous les mauvais pour avoir les bons. J'aime trop mon intimité pour la sacrifier même si ça me permet de devenir célèbre. C'est de toute façon quelque chose que je ne veux surtout pas devenir. Enfin, rectification, que je ne peux pas devenir.

- Tu aimes ta vie là-bas ? Je lui demande en tournant les yeux vers lui.

Et il me répond d'un hochement de tête sans hésiter.

- Elle est à des années lumière de ce que je vis lorsque je suis ici, mais j'aime l'effervescence de ce que je vis là-bas. Les plannings à cent à l'heure, les rencontres avec mes fans, les tournages, les nouveaux projets...

- Tu ne pourrais pas faire tout ça ici? En France?

J'avoue que cette question me trotte depuis pas mal de temps déjà. Je ne sais pas si je suis assez proche de lui pour la poser, mais après tout, c'est avec moi qu'il couche presque tous les jours depuis plus d'une semaine. Donc j'estime avoir le droit de poser ce genre de question. Même si je suis pratiquement certain que les réponses risquent de me faire du mal. Mais je savais dès le départ que cette histoire allait me faire souffrir. Je ne vois pas d'autre issue. Parce qu'il va de toute façon partir, quoi qu'il se passera.

Et sans aucune surprise, il secoue la tête à ma question. Pourtant, j'ai entendu parler de la venue de Guillaume Canet pour lui proposer un rôle dans un film, ici en France, pour un tournage cet été. J'ai entendu Elisabeth dire qu'il avait évidemment refusé l'offre.

- Je n'ai jamais reçu d'offre française. Et ma carrière est outre-Atlantique.

Menteur.

- Sauf que tu as des fans ici aussi.

- Qu'est ce que tu essaies de faire Harry?

- J'essaie de te prouver que tu n'as peut-être pas besoin de continuer ta carrière loin d'ici.

Loin de moi.

Je me pince les lèvres en accélérant un petit peu le pas dans le but de mettre une distance entre lui et moi. Je suis presque étonné de l'entendre m'appeler et de me rattraper par le bras. Je soupire, me retourne vers lui en me pinçant les lèvres et plonge mon regard dans le sien.

- Harry. S'il-te-plaît.

- Pourquoi tu dis ne jamais avoir reçu d'offre pour tourner en France alors qu'il y a une semaine à peine Guillaume Canet t'attendait tranquillement dans ta cuisine pour discuter d'un rôle autour d'un café. Ne me prends pas pour un con Louis !

Je vois son regard s'agrandir, et la surprise teinter son visage. Il ne savais pas que j'étais au courant visiblement. Je sais que c'est mal d'écouter aux portes. Mais apprendre une chose pareille m'a presque donné espoir qu'il accepte et qu'il reste en France. Je dis bien presque. Parce que je crois qu'il n'y a que moi qui y ai cru le temps de trois secondes et demi avant que cette idée ne s'envole.

Je soupire, secoue la tête mais il me retient une fois de plus.

Je m'arrête donc, et le laisse reprendre la parole.

- Je ne peux pas accepter ce film avec Guillaume Canet. Et puis ça ne te regarde pas de toute façon.

- Ca ne me regarde peut-être pas, mais je pense que tu ferais une terrible erreur en le refusant Louis, je lui dis en le regardant droit dans les yeux.

Et je le pense. Je pense même qu'il ferait la plus grande erreur que sa vie. Pire que celle qu'il a faite en restant à Los Angeles. Parce qu'à mes yeux aussi s'en est une. Même si je ne le connaissais pas à l'époque. D'après ce qu'il m'a raconté, je le pense vraiment.

Il soupire lourdement avant de finalement me répondre.

- Ce film, c'est l'histoire d'un cheval.

Là, ça fait tilt dans mon esprit.

Louis ne veut pas accepter ce rôle parce qu'il devrait se remettre à cheval pour ce film.

Et c'est encore pire que ce que je pensais.

- T'es qu'un abruti, je réplique en soupirant largement.

- Pardon ? Il s'exclame en faisant les gros yeux.

- Tu n'es qu'un abruti doublé d'un lâche. Tu as la chance de ta vie qui s'offre à toi et tu l'écartes d'un revers de la main, je commence sans quitter son regard. Tu pourrais non seulement renouer définitivement avec ta famille, mais aussi et surtout surmonter tes peurs. Et si tu avais du cran tu le ferais. Tu prendrais ton téléphone, tu appellerais Guillaume Canet et tu lui dirais que tu acceptes ce rôle. Sauf que t'es tellement un froussard que tu ne le feras jamais. Tu sais Louis, si tu te réveilles dans dix ans avec la nette impression d'avoir loupé l'opportunité de ta vie, que tu seras loin de ta famille et de tes vrais amis, il ne faudra pas pleurer. Et ce sera trop tard.

Il me regarde, choqué par mes paroles, mais il sait que j'ai raison. Il sait que s'il ne saisit pas cette opportunité, elle ne se renouvellera sûrement jamais. C'est l'occasion pour lui de régler tous ses problèmes. Mais évidemment, il n'a pas les couilles de le faire. Et ça me brise le coeur de savoir qu'il va rentrer à Los Angeles comme si de rien n'était, alors qu'il pourrait reprendre sa vie en main. Il pourrait se réconcilier avec Charlotte une bonne fois pour toute, rendre sa grande-mère heureuse, retrouver ses amis, et surtout faire la paix avec lui même. Il pourrait faire tout ça. Mais il ne le fera pas. Parce qu'il a trop de fierté.

- Je ne vois pas comment tu peux te permettre de me juger comme ça Harry.

- Je me vois comme le mec que tu baises le temps de tes vacances avant de rentrer sagement chez toi à Los Angeles. Ce mec que tu baises pour passer le temps. Je me vois comme ce chien qu'on abandonne sur le bord de la route parce qu'il devient trop encombrant. Et comme ce chien, je vais pleurer ton départ Louis. Tu es entré dans ma vie comme un ouragan, et tu vas en sortir aussi vite que tu es apparu, laissant derrière toi un véritable champ de bataille.

Je m'arrête alors dans mon élan car je sais que si je continue je risque de fondre en larmes et c'est pas ce que je veux. Je n'arrive pas à mettre un nom sur la relation que j'entretiens avec Louis, je n'aime pas ça. Je n'aime pas quand les choses sont aussi... intangibles. J'ai l'impression qu'il joue de la situation. Il sait qu'il repart et que sa vie reprendra son cours dès qu'il sera de retour à Los Angeles. Je sais tout ça moi aussi, et je le savais depuis le début. Alors peut-être que je ne devrais pas avoir cette réaction. Mais je n'avais pas prévu de m'attacher à lui en si peu de temps. Parce que je me trouve idiot de déballer tout ça à Louis alors qu'on couche ensemble depuis trois secondes et demi.

Je crois que le terme "coup de foudre" prend tout son sens.

- Mais tu me fais quoi là ? réplique Louis en fronçant les sourcils.

- Tu sais quoi ? Laisse tomber, je réplique en me pinçant les lèvres.

Il secoue la tête, se rapproche de moi et prend mon visage en coupe pour coller sa bouche contre la mienne sans que je ne m'y attende. Je réponds à son baiser avec tendresse et envie, comme si ma vie en dépendait, avant de sentir ses lèvres se décoller et son front rejoindre le mien. J'ouvre doucement les yeux, cherche son regard en me pinçant les lèvres avant de l'entendre murmurer.

- La prochaine fois que tu te compares à un chien abandonné, jte jure, je t'en fous une Harry.

Je rigole légèrement à ses mots, hochant la tête de haut en bas avant de le laisser continuer lorsqu'il caresse tendrement l'une de mes joues.

- Ce n'est pas de la baise passe-temps Harry. Je t'apprécie vraiment.

- Alors évite de me faire me sentir comme une merde.

- Je ne t'ai jamais traité comme telle Harry. Jamais.

Je renifle légèrement en l'entendant dire ces mots et je ferme les yeux.

Il glisse ses doigts sur mes paupières, puis les fait bifurquer sur mes joues en murmurant.

- Tu es quelqu'un de formidable Harry. Surtout ne l'oublie jamais. Je t'interdis de l'oublier.

- Merci.



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