CHAPITRE N°14
Villa de Léo / Cannes - samedi 25 février 2017
Louis Tomlinson
Quand nous nous sommes réveillés ce matin, je n'avais clairement pas envie de me lever parce que je savais que cette journée risquait de ne pas avoir une fin agréable pour moi. Quoi qu'il se passe, je serai de nouveau sans Harry. Qu'il accepte ou non la proposition de sa soeur, il va devoir continuer de se cacher... sans moi. Et je n'ai pas envie. Je me suis donc réveillé ronchon et même toute la bonne volonté de mon amoureux n'a pas réussi à me remonter le moral. Il sait que c'est difficile pour moi et que je le vis mal. Ce qui est normal je pense. Qui le vivrait bien ? Sérieusement ?
Nous venons juste de boucler ses affaires et de terminer de ranger la villa même si nous l'avions plus ou moins fait hier soir. Dylan ne devrait pas tarder et nous allons nous mettre en route. Nous avons donné rendez-vous à Gemma à Toulouse, comme prévu. Harry est certain que ça ne risque rien mais je ne peux pas m'empêcher de stresser.
Je suis en train de mettre nos tasses dans le lave-vaisselle avant notre départ, quand Harry arrive dans la cuisine. Il a enfilé un jeans foncé et troué aux genoux, comme souvent, une chemise à motifs dont le col ressort de sous son pull en grosse maille. Je souris légèrement en reconnaissant un des pulls que ma grand-mère lui a offert à Noël et je m'approche de lui. Il me prend dans ses bras et j'embrasse sa joue en fermant les yeux. Je profite de nos derniers moments à deux, puisque je ne sais pas quand je pourrai le retrouver.
-Tout est bouclé ? me demande-t-il doucement.
-Je crois que oui.
-Bien, Dylan est là, il nous attend dans le salon.
Je hoche la tête, me détache de lui et le suis jusqu'au séjour. Effectivement, Dylan est là. Je le salue rapidement, il me renvoie la pareille et nous quittons la villa. Nous refermons à clés, les glissons là où Léo nous a demandé de les ranger, puis nous montons en voiture. Je laisse le volant de mon Macan à Harry, Dylan monte à ses côtés et je monte à l'arrière. Je soupire largement, me cale contre le dossier et quelques minutes plus tard à peine, je m'endors. Il est super tôt, et je suis crevé de notre nuit blanche.
Cela va s'en dire, Harry et moi avons voulu profiter de nos derniers moments intimes ensemble...
*
Quand je me réveille, Harry et Dylan sont en grande discussion. Le soleil s'est levé depuis que je me suis assoupi et en jetant un coup d'oeil sur l'heure, je comprends que nous ne sommes plus très loin de Toulouse. Il nous reste à peine une heure de route.
-Je ne sais pas Andy, est-ce vraiment prudent de vous laisser tous les deux à l'intérieur avec elles ?
-J'ai dit à Gemma que nous venions seuls avec Lou. Tu ne peux pas venir avec nous à l'intérieur. Tu dois rester dehors et veiller à ce que tout se passe correctement.
-J'aime pas ça, mec, souffle Dylan en secouant la tête.
Je me pince les lèvres en me redressant lentement dans mon siège et je vois Harry jeter un oeil dans le rétroviseur en me voyant bouger. Il sourit, se retourne vers moi et glisse une main sur mon genou. Dylan a pris le relais et se trouve maintenant derrière le volant. Je ne sais même pas à quel moment nous nous sommes arrêtés pour qu'ils puissent échanger de place.
-On a fait une bonne sieste bébé? me dit Harry en rigolant légèrement.
Je roule des paupières face à sa moquerie et il rit de plus belle. Je fais la moue, me joins finalement à ses rires et j'inspire profondément en posant ma main sur la sienne. Nos doigts s'enlacent et je ne tarde pas à entendre la voix de Dylan raisonner dans l'habitacle :
- Je suis là, hein, et je n'aime pas franchement tenir la chandelle ! Vous avez eu toute la nuit les gars, alors retenez-vous un petit peu !
Harry rigole et se retourne en le traitant de rabat-joie. Ca, je ne vais pas le nier, Dylan est un putain de rabat-joie. Je me remets correctement dans mon siège, baille en m'étirant doucement et je les entends reprendre leur discussion.
-Ca ne change pas mon point de vu Andrea, je ne suis pas d'accord pour vous laisser seuls avec elles.
-Qu'est ce que vous racontez ? je demande finalement en fronçant les sourcils.
-Andy a promis à sa soeur que vous ne seriez que tous les deux pour la rencontre en oubliant de lui préciser que je faisais aussi partie du voyage. Il ne veut pas que je sois à l'intérieur, mais plutôt que j'assure vos arrières depuis l'extérieur.
Je hausse les épaules en les regardant tour à tour. Je n'ai pas vraiment d'opinion. Tout ceci n'est pas mon univers. La mafia, les gangs, etc.. je connais ça qu'à travers les récits de Harry et les films que je vois. Ce qui n'est pas une grande référence. J'espère simplement que tout va bien se passer. J'avoue que je serais sûrement plus rassuré si Dylan se tenait avec nous lors de ce rendez-vous, mais j'ai entendu Harry promettre à sa soeur que nous ne serions que tous les deux. Je ne pense pas qu'il puisse faire machine arrière.
-Je ne vais pas le nier, Harry, je préfèrerais qu'il soit avec nous, mais je pense que tu as raison. Tu as promis que nous serons que tous les deux, donc ce n'est pas prudent que Dylan soit à l'intérieur avec nous. Et puis, Gemma t'a bien dit qu'elle serait seule avec votre mère, non?
Harry hoche la tête en faisant un "tu vois" à son ami. Dylan secoue la tête et réplique amèrement :
-Je n'ai pas confiance en elle. Elle a trahi notre famille en jouant double jeu pendant presque dix ans, alors excuse-moi d'avoir des doutes quant à sa sincérité !
Harry soupire largement en se pinçant les lèvres. Je vois ses épaules se crisper et je me redresse pour glisser ma main sur une de ses épaules. Je me pince les lèvres, presse légèrement ma main contre lui et il pose la sienne par dessus. Je souris, et il tourne le regard vers Dylan.
-Même si elle a trahi notre famille, je tiens quand même à te faire remarquer qu'elle a toujours tout fait pour que je ne sois pas impliqué dans toutes ces histoires et pour me tenir à l'écart . Elle a veillé à ce que je ne puisse pas être incriminé en cas de problème. J'ai confiance en elle, et c'est le principal. En définitive, tu peux bien ne pas avoir confiance en elle ... j'en ai rien à foutre. Il n'y a que mon opinion qui compte Dylan.
-Pourquoi ça ne m'étonne pas, soupire-t-il en secouant la tête.
Dylan m'exaspère. J'ai rapidement compris que l'affaire de Gemma, son appartenance à la police l'a beaucoup dérangé et qu'il lui en veut. Il la détestait déjà avant, d'après ce que Harry m'avait expliqué. Mais là, il n'a pas manqué une occasion de la tacler depuis que je l'ai vue. Il ne l'aime véritablement pas.
-Dylan, je lui fais confiance. Essaie de me faire confiance. D'accord ? demande finalement Harry.
Le jeune homme finit par hocher la tête de haut en bas en soupirant et ajoute un "si tu veux" avant de se concentrer sur la route.
Comme je l'avais prévu, nous avons mis une cinquantaine de minutes à nous rendre jusqu'au centre ville de Toulouse. Dylan a garé ma voiture dans une ruelle avec peu de passage et nous sommes descendus de voiture. Je n'ai pas fait deux pas dans la rue que deux filles m'ont arrêté pour me demander une photo et des autographes. Avec tout ça, j'en ai oublié ma notoriété et je crois que les deux autres aussi à la vue de la tête qu'ils ont tiré quand je les ai rejoint. Dylan n'a pas fait de commentaire et Harry m'a simplement dit un "ce n'est pas grave" avant de nous diriger vers le café où nous avons rendez-vous avec Gemma et Anne.
Nous avons une grosse demi-heure d'avance, et elles ne sont pas là. Dylan s'arrête devant le café, observe l'entrée et les vitres avant que nous ne rentrions tous les trois à l'intérieur. Harry et Dylan échangent quelques mots, comme pour se mettre d'accord sur le meilleur endroit où nous installer. Ils se mettent d'accord sur une table en retrait de la salle, dans le fond. Non seulement il nous verra de l'extérieur mais nous ne serons pas trop à découvert. Il me demande de me mettre dos à la salle pour que les gens ne rentrent pas en me voyant, et surtout pour pouvoir observer l'expression de Harry. Dylan saura ainsi à la mine de son ami comment les choses tournent.
-Bon... je vais aller m'installer dehors, puisque je ne peux pas rester, finit par dire Dylan en regardant sa montre.
Nous n'avons plus que quinze minutes devant nous, si Gemma et Anne décident d'arriver en avance, Dylan ferait mieux de partir maintenant. Je me pince les lèvres et regarde Harry qui approuve d'un signe de tête avant d'ajouter :
-Arrête de dire des conneries et sors de là.
Il hoche la tête et quitte finalement le café. Harry s'installe à la place où Dylan lui à demandé, je me mets en face de lui et je le regarde. Ses épaules sont tendues et il se pince les lèvres. Il est angoissé. Je secoue lentement la tête, glisse mes mains vers les siennes et les attrape. Je souris, plonge mon regard dans le sien et murmure alors :
-Ca va bien se passer mon amour, ok?
-Je l'espère sincèrement Lou...
Je serre doucement mes doigts et le regarde pendant un instant avant qu'il n'ajoute :
-Lou... quoi qu'il arrive, n'oublie pas que je t'aime.
-Je le sais, ne t'inquiète pas pour ça. Maintenant, attendons ta soeur et ta maman.
Il hoche la tête et prend une grande inspiration pour se détendre. Je lui offre un sourire sincère et réconfortant qu'il me renvoie.
La porte tinte dans mon dos, le regard de Harry change. Ce sont elles, elles sont là. Je me retourne lentement en suivant le regard du jeune bouclé. Je ne suis pas étonné de voir les deux femmes que nous attendons avec impatience dans l'entrée du café. Elles tournent le regard vers nous et nous reconnaissent avant de s'approcher.
Je n'ai aucun mal à reconnaître Gemma. Après avoir passé un moment en tête à tête avec elle et un flingue, je pense que je serais capable de la reconnaître dans n'importe quelle situation ! Mais je ne sais pas si c'est réellement une bonne chose...
Aujourd'hui, elle porte un jeans simple avec une paire de Stan Smith blanche et or, une chemise claire, une veste de blaser et un manteau lui arrivant à mi-cuisse par dessus. Ses cheveux sont légèrement relevés et elle est très faiblement maquillée. Cette fille est réellement jolie, mais je n'avais pas vraiment pris le temps de le remarquer avant maintenant.
A ses côtés se tient une femme que je reconnais tout de suite comme la maman des deux frère et soeur. Elle ressemble autant à Harry qu'à Gemma. Je m'étais déjà fait la réflexion que Gemma et son frère se ressemblaient énormément mais à voir leur mère .... je sais maintenant d'où ça vient ! Que ce soit au niveau de la forme du visage, des cheveux ou encore du sourire, ce sont les mêmes !
Je me retourne vers Harry et je vois le regard de mon amoureux se remplir de larmes. Il ne tient pas, se lève et va se jeter dans les bras de sa maman...
*
Toulouse - Samedi 25 Février 2017
Harry Styles.
Je sens les larmes rouler sur mes joues pendant que ma mère me serre contre elle avec tendresse. Retrouver la douceur des bras de ma maman est quelque chose que je ne pensais pas retrouver un jour. Je sens son parfum m'enivrer et je ne peux m'empêcher de sourire comme un idiot en la sentant contre moi. Ma maman elle est là, contre moi, je suis dans ses bras, je sens son coeur battre contre le mien.
Ses mains glissent le long de mon dos avant de se poser sur mes épaules et de me regarder avec ses grands yeux clairs. Elle me fixe pendant un instant et essuie avec tendresse une des larmes qui dévale sur mes joues.
-Si tu savais comme j'ai eu peur de te perdre Andrea, souffle-t-elle la voix légèrement tremblante.
-Je ne pensais pas te revoir un jour, maman, je lui confie en posant une main contre sa joue avant d'enrouler mon bras autour de sa nuque pour me blottir de nouveau contre elle comme pour m'assurer qu'elle est bien là.
Je la sens sourire dans mon cou et me serrer contre elle. Je ne sais pas combien de temps je suis resté là, contre ma maman, mais je sais que je ne veux plus la quitter. Je me sens tout de même obligé de me détacher d'elle, à contre-coeur. Louis et Gemma viennent de se serrer la main et mon Louis semble heureux pour moi de me voir ainsi avec ma mère.
Je la vois d'ailleurs se tourner vers lui et se rapprocher. Elle lui tend une poignée de main et il la serre, légèrement tendu. Après tout, il s'agit de la rencontre avec la maman de son petit-ami, malgré la situation, ce n'est pas rien !
-Je suis heureuse de vous rencontrer, Louis et de savoir que mon fils est entre les mains d'une personne qui l'aime autant que vous. Gemma m'a dit ce que vous aviez fait pour lui et ... je vous en suis infiniment reconnaissante.
Je fronce les sourcils, tourne le regard vers ma soeur et elle me sourit. Je ne me suis pas approché d'elle depuis qu'elles sont arrivées avec Maman et pourtant, tout mon être me dit de me jeter dans ses bras comme je l'ai fait avec notre mère. Seulement, j'entends une petite voix dans mon esprit qui me demande de faire attention et de ne pas me précipiter. Même si je sais déjà qu'à la fin de notre discussion, je repartirai avec elles.
Mais je suis rapidement couper dans mes pensées par Louis qui répond à ma maman avec un sourire sincère et une voix assurée et claire :
-Je ferais n'importe quoi pour votre fils ...
Je souris et me rapproche de lui. Je prends sa main avec douceur, serre nos doigts et il me renvoie un sourire. Je me penche sur ma mère et lui murmure qu'il me rend heureux... véritablement heureux. Je me retourne ensuite vers Gemma qui nous observe en retrait. Elle semble aller bien mis à part les poches sous ses yeux. Toute cette affaire doit lui donner du fil à retordre et de bonnes insomnies... je ne suis pas vraiment étonné. Je me pince les lèvres et m'approche d'elle. Elle me sourit timidement et je finis par la prendre rapidement dans mes bras.
-Merci d'être venu, me dit-elle à l'oreille.
-Je vous devais bien ça ...
Elle hoche la tête de haut en bas et nous finissons par tous nous installer autour de la table. Un serveur arrive et nous commandons quatre cafés. Louis et moi restons silencieux, avant que Gemma ne prenne finalement la parole :
-Louis t'a tout raconté ? commence-t-elle par dire.
J'approuve d'un signe de tête avant de lui répondre :
-Oui, toute l'histoire et je dois dire que ... j'y crois. Ca concorde avec mon ressenti et les détails de l'histoire que je ne connaissais pas. Ca éclaircit pas mal de choses vis-à-vis de ton comportement envers moi aussi, je lui avoue. Je sais maintenant pourquoi tu tenais tant à ce que je reste éloigné des affaires de Papa.
-Je ne voulais pas que tu puisses être incriminé, affirme-t-elle en hochant la tête. Tu ... as des questions vis-à-vis de tout ça alors ?
Je hausse les épaules en la regardant. Je ne pense pas avoir de questions, parce que Louis a assez bien relaté les faits. Je sais ce qu'il s'est passé, j'y crois et, même si je ne le lui avouerais pas, je suis fier de ce qu'elle a osé faire. Parce que si moi je n'ai jamais adhéré aux affaires de notre père et du cercle, elle, au moins, a eu le courage d'essayer de les renverser.
Les seules questions que j'ai ne concernent donc pas ce qu'il s'est passé. Le passé reste le passé. Je ne lui en veux pas pour ce qu'elle a pu faire, elle a fait comme elle a pu pour rester en vie. Mes questions sont maintenant sur l'après. Maintenant, que va-t-il bien pouvoir se passer ? Comment se déroulera la vie de ma maman, ou la mienne, si j'accepte de les suivre ?
-Je me pose des questions sur ce qu'il se passera, si j'accepte ton offre, Gemma.
-Je pense que le plus simple est que maman t'explique sa situation. Qu'en dis-tu? me propose-t-elle.
Je hoche doucement la tête de haut en bas et je retourne mon attention sur ma mère. Cette dernière me sourit et semble réfléchir à la façon d'aborder le sujet avant d'ouvrir la bouche pour commencer :
-Je vis en Bretagne, dans un petit village en bord de mer, je pense que tu aimerais beaucoup ! Il ne s'y passe pas grand-chose mais au moins c'est calme. J'ai quelques doutes quant à la fréquentation cet été. Ca reste un endroit assez touristique. J'ai vu quelques personnes lors des belles journées cet été. Le port est vraiment agréable quand le soleil se montre....
-J'imagine bien tout ça maman mais ... tu es en sécurité ?
Elle hoche la tête sans une once d'hésitation. Elle me sourit et reprend la parole.
-La maison est surveillée. Je vis seule, et c'est comme si j'étais seule. Je ne les vois pas, ne les entends pas et si je n'étais pas au courant, je ne pourrais même pas le savoir je pense, affirme-t-elle.
-Tu... n'as jamais revu qui que ce soit alors ? je l'interroge en fronçant les sourcils.
Elle secoue la tête en me regardant et me sourit tristement. A cela, je comprends que notre ancienne vie lui manque. C'était toute sa vie après tout, son mari, ses amis, tout le monde faisait partie de la mafia et de notre cercle. Se retrouver comme ça du jour au lendemain, seule, je sais ce que c'est, je l'ai vécu aussi.
-Nous envisageons de la transférer dans une nouvelle planque si tu acceptes de venir avec nous. L'été, le village se remplit de touristes et nous ne voulons prendre aucun risque, ajoute finalement Gemma en me regardant.
Je me pince les lèvres et passe mon regard de ma mère à Gemma, puis finalement je le pose sur Louis. Il m'offre un sourire réconfortant et sa main vient joindre la mienne sur la table. Je le remercie silencieusement pour sa présence. Parce que même s'il ne prend pas part à la discussion, il est là. Et c'est le principal. Il est d'un réconfort très important...
-Donc, si j'accepte. Il se passe quoi ? je demande directement.
-Tu deviendras Harry Styles à part entière et ... Andrea Lucciani disparaîtra. Tu bénéficieras d'une protection rapprochée, comme maman. Nous envisageons donc de vous loger ensemble. Même si ce n'est pas le plus prudent, je veux que vous puissiez être ensemble, explique Gemma.
-Combien de temps ?
-Je ne sais pas, m'avoue-t-elle finalement.
Je grimace en tournant la tête vers Louis. Si je n'ai pas de date de retour, je sais qu'il va flipper. Je veux savoir combien de temps je vais être loin de lui. Mais ce n'est pas uniquement pour lui, c'est aussi pour moi ! Je sais que cette séparation va être longue et difficile ... alors autant que je sache à quoi m'attendre.
-Tu ... n'as pas une idée ? je lui demande quand même.
-Six mois ? Nous sommes en train d'élaborer la dernière phase de notre mission. Daniel a véritablement pris une place importante et influente dans le clan et il est capable de réunir tout le monde au même endroit. On croit en lui et on lui fait confiance. Ce n'est plus qu'une question de mois. Nous devons juste mettre au point notre plan d'attaque pour cette nuit-là.
Ils sont donc vraiment proches de toucher au but. C'est une bonne chose. Si elle me dit six mois, je pense que c'est gérable. Louis a beaucoup à faire dans les mois à venir. Avec son film et sa préparation, il ne verra pas le temps passer et je serai revenu avant même qu'il s'en rende compte. Je l'interroge du regard et il hoche doucement la tête de haut en bas. Il est d'accord avec moi.
Mais ce n'est pas tout d'être à l'abris pendant la résolution de l'affaire. Il y a aussi l'après. Parce que si je ne peux pas vivre une vie normale à l'issue de tout ça, à quoi bon la suivre aujourd'hui ?
-Et une fois que tout cela sera réglé, il se passera quoi ? je lui demande donc.
-Nous voulons arrêter tous ceux qui sont susceptibles d'en avoir après Daniel et moi, et donc après toi, Andy. Le but est que nous puissions être en liberté après ça. Crois-moi, nous ne prendrons pas le moindre risque. Si nous avons sacrifié dix ans de notre existence, c'est pour pouvoir vivre librement ensuite.
Je me pince les lèvres en hochant la tête. J'imagine bien que ma soeur fera tout pour que nous ayons une existence normale après tout ça, mais je ne peux m'empêcher de penser que je ne vivrai jamais normalement ... Louis serre doucement mes doigts entre les siens et je souris à ce geste simple mais qui me prouve qu'il est là et qu'il me soutient.
-Quand l'affaire sera résolue et que tout le monde sera derrière les barreaux, nous pourrons vivre comme tout le monde, Hazza, assure alors ma maman en posant son regard sur moi.
-Et... tu disais que tu allais devoir changer la planque de Maman à cause des touristes, vous savez déjà où nous pourrions nous établir ?
Elle hoche la tête de haut en bas avant de répondre :
-Nous avons deux ou trois pistes, des endroits que nous savons sûrs, nous avons une ferme en Auvergne et une maison sur la Côte d'Azur.
Je ne peux m'empêcher de sourire à ces dernier mots et je soupire largement. Je prends quelques secondes et prends une grande inspiration avant de relever les yeux vers ma soeur :
-J'ai besoin de réfléchir. J'ai besoin de deux jours.
-C'est tout réfléchi, Andrea, tu ne peux pas refuser ! réplique Gemma en fronçant les sourcils. Depuis que la photo de toi et la soeur de Louis est parue dans le magazine, crois-moi, tu es en danger. Daniel a détecté du mouvement du côté du clan. Certains sont remontés jusqu'à Périgueux à ta recherche mais ils se sont vite rendus compte que tu avais quitté la ville. Ils sont repartis, mais nous avons placé le domaine des Tomlinsons et ton ancien immeuble sous surveillance pour que personne ne soit mis en danger inutilement.
Je sens Louis se crisper et je me pince les lèvres en me sentant coupable de cela. Je ne veux pas qu'ils soient en danger. Ils avaient une vie si normale avant mon arrivée ... et voilà que maintenant des mafieux ont mis le nez chez eux ...
-J'ai besoin de deux jours Gemma ... s'il te plait. Laisse-moi réfléchir, je lui demande en la regardant.
Elle lève les yeux au ciel avant de planter un regard autoritaire dans le mien. Je connais ma soeur, et je connais ce regard. Elle ne peut pas le nier, sa vie au sein de la mafia l'a véritablement marquée. Je pense qu'elle ne pourra pas ressortir indemne de toute cette aventure. Je reconnaîtrais ce regard entre mille parce que c'est exactement celui qu'avait notre père lorsqu'il voulait nous obliger à faire quelque chose. Celui qu'il avait le jour où j'ai refusé de mettre une balle entre les deux yeux de ce mec dans cette cellule.
-On... peut en parler ? demande alors Louis qui prend la parole pour la première fois depuis le début de la discussion.
Je me tourne vers lui en fronçant les sourcils et à son regard, je comprends qu'il veut me parler. Je me pince les lèvres et hoche la tête. Je m'apprête à répondre quand ma mère prend finalement la parole.
-Nous allons faire un tour avec Gemma et ... nous revenons dans cinq minutes. Ca vous va, Louis? interroge-t-elle.
-Oui, merci, dit-il en approuvant d'un signe de tête.
Je me retourne vers ma soeur qui s'apprête à répliquer et à désapprouver mais ma mère lui sert un regard sévère et elle roule des paupières en se levant. Maman l'entraîne avec elle à l'extérieur et je tourne la tête vers Louis qui me regarde avec tristesse.
-Tu ne peux pas refuser Harry. Tu dois y aller, tu dois les suivre. Six mois c'est quoi dans une vie ? Rien du tout, alors vas-y.
Je secoue lentement la tête de gauche à droite en le regardant. Je n'ai pas envie de partir tout de suite avec elles pour la simple et bonne raison que j'ai besoin de passer un petit peu de temps avec lui. Je veux pouvoir profiter de lui un maximum avant de partir. Je ne demande pas grand chose, juste deux jours. Deux jours avec lui.
-Je vais accepter, Louis, mais je veux pouvoir passer encore du temps avec toi. Six mois ce n'est peut-être rien dans une vie, mais six mois sans toi, c'est long ! Si je pars maintenant avec elles, nous ne nous reverrons que lorsque l'affaire sera résolue, lorsque tout le monde sera arrêté. Elle m'a dit six mois mais ça peut très bien être un an... nous n'avons aucune idée du temps que ça mettra. Et c'est pour cette raison que je veux pouvoir profiter de toi encore le temps de quelques heures. J'ai... quelque chose que je veux pouvoir faire avec toi.
Je le regarde baisser le regard et secouer la tête. Je vois bien qu'il s'inquiète pour moi et ma sécurité. Il veut juste que je sois dans un lieu sûr et surveillé par les autorités pour être certain que ça va aller. Mais je me suis débrouillé seul depuis plusieurs mois, je peux bien le faire quarante-huit heures de plus.
-Deux jours et je pars avec elles, Louis.
-Tu... devrais vraiment y aller maintenant, et s'il t'arrivait un truc pendant ces deux jours ? me demande-t-il avec angoisse.
Je secoue la tête et serre sa main dans la mienne en lui adressant un sourire réconfortant.
-Il ne m'est rien arrivé depuis que je suis parti de la Corse, ça ne va pas commencer maintenant. Crois-moi, nous avons besoin de ce temps tous les deux.
-Deux jours, pas plus ?
-Deux jours, pas plus Louis.
Il soupire largement et hoche la tête de haut en bas. Je me redresse avant de finalement me lever. J'en ai rien à foutre que nous soyons en public, tant pis, mais là Louis a besoin que je le prenne dans mes bras. Alors je contourne la table et je m'approche pour m'asseoir à côté de lui. Il me sert un sourire triste et je secoue la tête en posant une main contre sa joue :
-Lou. Je t'ai fait une promesse, non?
-Oui.
-Alors je la tiendrai, crois-moi je reviendrai. Quoi qu'il se passe, quoi qu'il advienne, je serai là. Ok ?
Il hoche la tête et je me penche sur lui pour le serrer contre moi. Je le sens trembler dans le creux de mes bras et je referme mes bras autour de lui. Je me pince les lèvres, embrasse sa joue avec douceur en lui soufflant un "je t'aime" on ne peut plus sérieux et sincère. Je le sens se blottir contre moi quelques secondes de plus et nous nous détachons l'un de l'autre au moment où ma soeur et Maman reviennent à notre table. Elles s'installent en face de nous et face au sourire de ma mère, je sens qu'elle me soutient déjà à fond dans cette relation avec Louis...
-J'accepte, Gemma, mais je veux juste deux jours de plus avec Louis. J'ai besoin de prendre du temps avec lui. Nous ne savons pas quand nous nous reverrons et je veux profiter de lui.
-Deux jours, pas un de plus. Quarante-huit heures, Andrea. Je suis déjà gentille de te laisser ce temps-là.
J'approuve d'un signe de tête et je sens la main de Louis venir se poser sur ma cuisse et serrer mon genou. Je tourne la tête à son geste, souris et embrasse sa joue du bout des lèvres. Je prends une grande inspiration et retourne mon attention sur Gemma et ma mère.
-Quarante-huit heures. Je te dirai demain où nous nous retrouverons. Mais ne t'inquiète pas, je ne prendrai pas de risque inutil, je ne me montrerai pas en public et nous serons discrets.
Gemma hoche la tête en nous regardant un instant avant de finalement se lever pour partir. Elle regarde notre mère comme pour lui faire comprendre qu'il est maintenant temps de s'en aller. Maman se tourne vers elle en lui souriant et dit alors :
-Je te rejoins dehors dans cinq minutes Gemma, je voudrais leur parler.
Ma soeur soupire en nous regardant. Elle nous salue d'un geste de la main avec Louis et s'éloigne. Je pense qu'elle est vexée que je ne les suive pas tout de suite. Mais tel que je la connais, quand je la retrouverai dans deux jours, elle aura déjà oublié. Je la regarde s'éloigner et passer la porte du café. Ma mère n'attend d'ailleurs pas que ma soeur soit sortie pour prendre la parole :
-Andrea, tu ne dois avoir aucun doute sur la sincérité de l'offre de ta soeur, je me doute que tu vas tout de même réfléchir à tout cela pendant ces deux jours, mais je veux que tu saches qu'elle m'a vraiment protégée par rapport à tout ce qu'il a pu se passer. Elle est à bout et est à deux doigts de craquer. Daniel lui manque et elle ne veut qu'une chose : en finir avec tout ça, alors elle fera tout pour le faire le plus rapidement possible, elle commence tout en me regardant avant de poser son regard sur Louis avec un doux sourire. Quant à vous, Louis, ne vous en faites pas, je suis certaine que vous ne serez pas séparés pendant bien longtemps. Ne perdez pas espoir. Et même si Gemma va vous dire que vous ne pourrez pas vous voir, ni même entrer en contact, je vous fais la promesse que vous pourrez au moins vous appeler de temps en temps. Je m'assurerai qu'Andrea puisse le faire.
Je sens la pression des épaules de Louis retomber. Il sourit doucement et hoche la tête. Ma mère lui renvoie un doux sourire à son tour et elle retourne son attention sur moi.
-Je sais que tu prendras la bonne décision et que nous nous retrouverons rapidement.
-Oui Maman...
Elle hoche la tête, se lève et se rapproche de moi. Je me lève à mon tour, la prends dans mes bras et la serre contre moi. Je ferme les yeux en respirant à plein poumon son parfum délicat et si rassurant, un fin sourire sur les lèvres. Je sais que je vais maintenant pouvoir m'en sortir.
Bientôt, je serai libre.
_________
#ARBHfic __ nous y voila. H a enfin retrouvé sa maman et semble vouloir faire confiance à sa grande soeur. La réelle question reste de savoir si c'est la bonne décision ! Donc, maintenant que H a demandé un sursis à Gemma, que va-t-il faire avec L ? A-t-il des projets ?
Je tiens à remercier Amélie pour ses corrections ! :)
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