Chapitre n°13
Domaine Familiale des Tomlinson – samedi 24 décembre 2016
Harry Styles
C'est l'odeur des pancakes qui m'a réveillée ce matin. Je me suis endormi assez tard hier soir. Après ma discussion avec Louis je suis allé me coucher, mais j'ai mis beaucoup de temps avant de m'endormir. Mon esprit était trop préoccupé par mon passé, et les choix que j'ai du faire en quittant la Corse il y a quelques mois déjà. Je suis nostalgique de mon ancienne vie. Même si je dois avouer que je ne suis pas trop mal tombé ici. La famille Tomlinson s'occupe bien de moi. Et ça fait bien longtemps que personne ne s'était autant inquiété de moi.
Mais, ce matin, je repousse mes draps avec le sourire. Je crois que ma fièvre est tombée ! Mon bras me fait nettement moins mal et je me sens mieux. Je prends quelques affaires pour filer sous la douche et je descends pour rejoindre Elisabeth qui est derrière les fourneaux. Elle se retourne vers moi lorsqu'elle m'entend entrer dans la cuisine.
- Bonjour Harry ! Comment tu te sens?
- Bien, j'assure en hochant la tête.
- Assieds-toi. Charlotte est en train de nourrir les chevaux avec Liam et j'ai entendu Louis se lever. On va déjeuner tous les cinq, dit-elle en déposant un premier plat de pancakes sur la table.
Je salive déjà devant le repas. Je souris, avant de commencer à mettre la table. Comme je l'aurais fait chez moi.
- Votre soirée s'est bien passée? je l'interroge en sortant les tasses du placard.
- Plutôt bien oui. Je crois que ça a vraiment surpris Louis. Et il a passé un bon moment. Il y avait tous ses amis du lycée. Il a même passé un moment avec Eleanor.
PARDON?
Je fronce les sourcils à ses mots. Comment ça Louis a passé du temps avec Eleanor? Je me retourne pour attraper les bols et les assiettes pour ne pas qu'elle voit mon étonnement. Et ma frustration. Je me sentirais un peu mal à l'aise si elle arrivait à comprendre ce qu'il se passe dans ma tête. Il ne manquerait plus qu'Elisabeth comprenne que j'ai le béguin pour Louis.
NON, mais NON, je n'ai pas le béguin pour Louis.
Enfin presque pas.
Même pas un peu.
OK. Peut-être un petit peu. Un tout tout petit peu.
Je secoue la tête, attrape les bols et les assiettes avant de les poser sur la table et Elisabeth continue sa longue tirade sur cette "fantastique" soirée. Je crois qu'elle est heureuse d'avoir fait cela pour Louis. Elle en avait sûrement plus besoin que lui. Elle voulait vraiment lui montrer qu'elle sera toujours là pour lui et qu'elle le soutiendra coûte que coûte. Dommage que Louis ne lui rende pas la pareille. Je suis pratiquement certain qu'Elisabeth a fait tout cela dans l'espoir de garder son petit fils avec elle. Et malgré ce que tout le monde peut dire sur Louis, je mettrais ma main à couper que ce n'est pas la seule à l'espérer.
Je termine de mettre la table sans écouter ce qu'Elisabeth raconte. Cette femme est adorable. Je ne peux pas le nier, et je lui serais reconnaissant pour tout ce qu'elle a fait pour moi jusqu'à la fin de ma vie. Mais sérieusement qu'est ce qu'elle parle !
Elle est en train de me servir un café quand son petit-fils pénètre dans la cuisine. Il porte un jogging trop grand, un pull grosse maille et ses cheveux sont encore mouillés de la douche. Sa coiffure me rappellerait presque des souvenirs... Sauf que je me fais griller en trois secondes et demi dans ma contemplation, quand il tourne le regard vers moi en me souriant en coin, me soufflant un salut du bout des lèvres.
Je baisse rapidement les yeux, sentant mes joues rosir, pendant qu'il s'approche de sa grand-mère pour la prendre dans ses bras.
- Joyeux anniversaire mon lapin? Souffle-t-elle avec tendresse.
Et merde, j'avais totalement oublié ce détail. Je me lève alors en me pinçant les lèvres et m'approche de lui pour lui faire la bise. C'est son anniversaire après tout, on ne va pas se contenter d'un petit "salut" pour se dire bonjour !
- Je t'ai préparé des pancakes !
Je vois un sourire illuminer le visage de Louis et ses yeux se mettent à briller. Il se penche sur sa grand-mère, embrassant sa joue avec tendresse avant de lui murmurer quelque chose à l'oreille. Elle glisse une main dans son dos, qu'elle caresse tendrement. L'amour qu'elle porte à son petit fils est tellement beau.
Mes parents me manquent tellement. Et c'est quand je vois ce genre de scène que ça me revient en pleine figure.
J'inspire profondément en détournant le regard avant de me rasseoir et de prendre ma tasse de café entre mes mains. Je laisse ma boisson me réchauffer les mains avant que Louis ne vienne naturellement s'installer à côté de moi. Alors que d'habitude il se met à côté de sa grand-mère de l'autre côté de la table.
Je tourne les yeux vers lui et je croise son regard. Je lui souris, et je sens une de ses mains venir se poser sur mon avant bras, pendant qu'il mime un "ça va?" du bout des lèvres. Je hoche doucement la tête de haut en bas et il retire sa main quand sa grand-mère se tourne vers nous pour lui servir un café.
Liam et Charlotte ne tardent pas à nous retrouver. Ils s'installent à table en face de Louis et moi et on peut enfin attaquer la plâtrée de pancakes qu'Elisabeth nous a préparé. Il y a de quoi nourrir tout un régiment. Je crois qu'elle a quelques soucis avec les quantités de bouffe.
- C'est vraiment excellent Elisabeth ! affirme Liam en engouffrant sa deuxième grosse crêpe au nutella.
- Oh, tu sais, ce n'est pas grand chose. Et puis, j'étais bien obligée de poursuivre cette tradition, sourit-elle.
Je fronce les sourcils, intrigué, interrogeant Louis du regard à mes côtés, mais les rires d'Elisabeth attirent rapidement mon attention. Elle me sourit et répond à la place de son petit fils.
- Ce jeune homme là a fait un caprice à sa mère le jour de ses sept ans. Il voulait absolument un gâteau de pancakes. Hors, cette pauvre Johanna n'a jamais sû faire des crêpes correctement et elle avait en plus de cela, acheté un magnifique gâteau à la boulangerie du village. Tu imagines bien que pour des pancakes c'était donc compliqué. Alors Johanna m'a appelé à la rescousse. J'ai passé mon après-midi à faire une montagne de pancakes. J'ai tout mis dans un plat, sept bougies sur le haut, et depuis, tous les ans, Louis a le droit de manger des pancakes pour son anniversaire.
Je rigole en apprenant cette anecdote sur Louis et me tourne vers lui d'un air rieur. Il roule des yeux, faussement vexé, et je souris sincèrement avant d'entendre Liam ajouter.
- Même moi je me souviens de son caprice, il était... il avait de la voix le petit !
- C'est même pas vrai ! répond Louis pour se défendre.
Elisabeth sourit en coin en portant son café à ses lèvres avant de reprendre la parole.
- Je n'ai jamais connu un petit avec autant de décibels, affirme-t-elle.
- Je confirme, ajoute Charlotte en souriant.
C'est la première fois que je la vois sourire en s'adressant à son frère et ça me fait plaisir. Vraiment plaisir. Le sourire qui se dessine sur le visage de Louis en retour des paroles de sa soeur prouve que lui aussi apprécie.
- Tu es pas mal dans ton genre aussi, fait remarquer Louis en souriant en coin.
Elle rigole en roulant des yeux pendant que Liam hoche lentement la tête de haut en bas. Ce qui lui vaut un grand coup de coude dans les côtes de la part de sa petite amie, et un éclat de rire des deux autres personnes autour de la table.
Je souris, mange tranquillement ma crêpe avant d'entendre Elisabeth reprendre la parole.
- Bon, qu'est ce que vous avez prévu les enfants aujourd'hui ? interroge-t-elle.
- On doit aller en ville avec Liam. On n'a pas fini nos cadeaux de Noël, avoue Charlotte avec une grimace.
Noël. Cadeaux. Putain. C'est ce soir !
- Je vais sûrement aller faire un tour au centre culturel de mon côté, j'ai deux ou trois trucs à acheter, ajoute ensuite Louis.
Et MOI, Je fais comment ? Ca m'étonnerait fortement qu'Elisabeth me laisse prendre ma voiture pour aller acheter des cadeaux. Et puis, je n'ai sûrement pas assez d'argent pour pouvoir acheter des cadeaux dignes de ce nom. Je vais faire quoi ? Des bracelets en paille ? Putain... Je suis certain que c'est le genre de famille à s'offrir des cadeaux extraordinaires. Je suis invité au milieu de tout ça ce soir, et j'ai zéro cadeau, alors qu'Elisabeth m'a sûrement sauvé la vie. Ce serait la moindre des choses de pouvoir avoir un petit quelque chose à offrir.
- Une journée bien remplie alors, sourit Elisabeth.
Ses deux petits-enfants approuvent d'un signe de tête pendant que je me noie dans le fond de mon café.
*
Il est presque deux heures de l'après-midi quand Louis s'apprête à partir pour faire ses courses. J'ai évidemment dit à Elisabeth que je devais moi aussi sortir pour aller faire quelques achats, mais elle m'a formellement interdit de mettre les pieds dehors. Je vais juste mieux et il n'est pas question que je fasse une "rechute". Elle parle de moi comme si j'étais un miraculé de la guerre du Vietnam ou bien qu'on venait de me guérir d'un cancer.
Liam et Charlotte sont partis depuis un moment déjà et Louis est en train de s'habiller pour sortir quand je le retrouve dans le hall. Elisabeth est enfermée dans la cuisine, préparant le repas de ce soir. J'ai eu l'agréable surprise d'apprendre que Liam serait avec nous ce soir, et Charlotte, elle, irait chez lui demain. Donc je vais passer ma journée de Noël seulement avec Louis et sa grand-mère.
- Louis ?
Je fais en me rapprochant, jetant un oeil vers la porte de la cuisine qui est fermée.
Parfait.
Il se retourne vers moi, m'adresse un sourire et attend que j'enchaîne.
- Joyeux anniversaire, je lui dis en souriant finement.
Je n'ai pas eu l'occasion de le voir seul à seul depuis le début de la journée.
- Merci, répond-il en souriant.
- Dis... je peux te demander un service ? Je lui demande ensuite.
- Oui, évidemment, qu'est ce que je peux faire pour toi?
- Tu pourrais acheter un bouquet de fleurs pour moi ? Je voulais le faire mais Elisabeth ne veut pas me laisser sortir, et je veux pouvoir la remercier pour tout ce qu'elle fait pour moi.
Il sourit et hoche la tête pour approuver. Il glisse ses mains dans ses poches et ajoute.
- Ca ne m'étonne pas tellement qu'elle ne te laisse pas sortir, mais tu sais tu peux quand même le faire si tu en a envie tu sais.
- Hmm... je voudrais bien passer chez moi pour récupérer des fringues pour ce soir et demain quand même. Parce que eh... c'est pas que tes fringues sont trop petites hein, mais presque, je dis en rigolant légèrement.
En même temps, il doit faire dix bon centimètres de moins que moi. Voire plus. Donc il est normal que ses pantalons soient trop courts. Je vais attraper un rhume par les chevilles à ce rythme là.
Je vois Louis rouler des yeux en penchant la tête sur le côté avant de me sourire. Ce sourire qui me donne envie d'écraser mes lèvres contre les siennes et de me blottir dans le creux de ses bras jusqu'à la fin des temps.
Ouais, je crois que je m'égare.
- Je vais te laisser partir avant de le dire à Elisabeth. Elle est capable de te demander de passer chez moi.
- Tu as raison. Bon. Je file alors !
Je hoche la tête en souriant et je le vois alors se pencher sur moi, me voler un baiser et se volatiliser en quittant la maison.
Je ne m'y attendais pas à celle là ! Sérieusement pas à vrai dire !
*
Domaine Familiale des Tomlinson – samedi 24 décembre 2016
Louis Tomlinson
Quand je rentre de mes courses, il est un peu plus de dix-huit heures. Je dépose mes paquets sous le sapin du salon, puis retrouve ma grand-mère dans la cuisine alors qu'elle termine le repas de ce soir. Je sais qu'elle a prévu un festin une fois de plus. Chaque année elle se tue à la tâche.
- Alors, tout est prêt ? je demande à Mamie en m'approchant.
Elle se tourne vers moi en défaisant le tablier qu'elle porte autour de ses hanches tout en hochant la tête de haut en bas. Elle le pose sur le dossier d'une chaise puis reprend.
- Je viens de mettre le rôti au four, le homard est dans le frigo. Charlotte et Liam ramènent le dessert normalement.
- Parfait. Et tu as finalement laissé Harry rentrer chez lui ?
- oui... Comment tu le sais ?
- Je n'ai pas vu sa voiture devant la maison.
- Il voulait rentrer chez lui récupérer des affaires. J'ai bien essayé de lui dire de rester, mais il m'a dit qu'il se voyait mal passer Noël en jogging... Ce que je comprends. J'ai voulu lui donner des vêtements de ton père, mais il m'a gentiment dit qu'il avait vraiment envie de passer chez lui. Je voulais t'appeler pour te demander d'y passer mais il a insisté pour y aller, donc il est parti. Mais il m'a promis d'être là à dix-neuf heures !
- Mamie, je dis en rigolant doucement. Tu ne crois pas qu'il a quand même le droit de rentrer chez lui pour récupérer des affaires ?
- Mais il est malade ! affirme-t-elle en hochant la tête.
Je rigole en roulant des yeux avant de reprendre.
- Tu as peur qu'il ne revienne pas ?
- Hmmm... il est malade, on ne sait pas ce qui pourrait lui arriver sur la route.
- Il n'a plus de fièvre. Ne t'inquiète pas pour lui, je lui assure en embrassant sa joue. Bon, je vais me doucher et me changer. Charlotte et Liam ne devraient plus tarder. Et j'ai mis les paquets sous le sapin !
- Tu es parfait mon lapin. Allez, à la douche maintenant, dit-elle en me donnant un petit coup sur les fesses.
Je ne peux réprimer mes éclats de rire avant de quitter la cuisine pour monter à l'étage. Je passe par ma chambre pour récupérer des vêtements puis je file sous la douche. Une fois propre, je me sèche rapidement et enfile mon pantalon ainsi que ma chemise. J'essaie de coiffer mes cheveux, je me parfume, et referme la porte de la salle de bain en sortant de la pièce. Je croise alors Liam sortant de la chambre de ma soeur. Il porte un pantalon sombre, une chemise blanche dont il a relevé les manches laissant apparaitre ses tatouages et ses cheveux son étonnement bien coiffés. Je souris en le laissant passer devant moi et il me remercie d'un geste.
Je récupère mon téléphone dans ma chambre, réponds à quelques messages d'anniversaire venant de Los Angeles dont je n'ai pas pris le temps de prendre connaissance dans la journée. Je poste un message sur twitter et un second sur facebook et je retrouve Liam et Mamie en bas dans le salon.
La cheminée est allumée, de l'encens embaume la pièce et les deux rigoles en buvant une coupe de champagne. Mamie m'en sert rapidement une quand j'arrive à leur hauteur et elle passe un bras autour de ma taille en soufflant à l'oreille.
- Tu es très séduisant ce soir Louis.
Je souris et me penche vers elle pour embrasser sa joue avec tendresse. Je trinque avec eux puis m'assois à côté de Liam pendant que Mamie part en cuisine récupérer le premier plateau. On ne tente même pas de l'aider pour ramener des plats, car on sait que nous allons nous faire gronder si on le lui demande.
Je me tourne donc vers Liam qui joue avec le pied de sa coupe de champagne en regardant le feu crépiter dans la cheminée.
- Je dois m'habituer à te voir dans les réunions de famille alors?
- Je pense bien que oui, dit-il en tournant les yeux vers moi et en souriant sincèrement.
- Tu avais raison Liam, je suis heureux que ma soeur ait quelqu'un de bien dans sa vie.
Il me sourit en hochant la tête et je lis la reconnaissance dans son regard. Le fait que j'approuve leur couple le touche. Je le sais.
- Et toi ? Je t'ai vu discuter avec Eleanor hier soir.
- Ouais. Sombre complot de Mamie, terrible idée. Elle m'a laminé, je lui avoue en soupirant.
Il fait une grimace en me regardant avant de secouer la tête.
- Elle garde un souvenir très amer de ton départ.
- Je me doute bien mais c'était il y a cinq ans, elle a quelqu'un dans sa vie, elle aurait pu passer outre hier soir. Si tu avais vu l'état de Mamie en nous voyant ainsi "comme au bon vieux temps" , je soupire.
- Je comprends. Zayn est un bon gars, j'aurais jamais imaginé El avec un mec comme lui, sûrement parce que je ne l'imaginais tout simplement pas avec une autre personne que toi, mais elle souffre encore de tout ça. Elle ne l'avouera sûrement jamais, mais tu lui manques. Pas en tant qu'amoureux, en tant qu'ami.
Nous étions tellement proches tous les trois lorsque nous étions gamins. Jamais je n'aurais imaginé que nous en arriverions là où nous en sommes aujourd'hui. Je sais que ma réconciliation avec Liam est aussi bancale qu'un gamin sur un vélo qui apprend à en faire sans ses petites roulettes. Et je me doute bien qu'une réconciliation avec Eleanor est presque impossible, voire même utopique. Alors je suis plus qu'étonné d'entendre Liam dire cela.
- Ca m'étonnerait beaucoup, je dis en secouant la tête de gauche à droite.
Il roule des yeux, s'apprête à répondre quelque chose, quand Mamie revient dans le salon accompagnée de Charlotte. Elle porte une robe en dentelle noire toute simple, des talons hauts. Elle est légèrement maquillée, et ses cheveux relâchés encadrent son doux visage. Ma petite soeur est devenue une véritable petite femme.
Je tourne les yeux vers Liam qui la regarde avec un magnifique sourire. Je les envie. Ca a l'air si simple entre eux.
Il se lève pour aller embrasser la joue de ma soeur et lui murmure quelque chose à l'oreille. Elle sourit, bise ses lèvres et je retourne mon attention sur elle avant de me lever à mon tour. Je la prends rapidement dans mes bras et embrasse sa joue.
- Tu es magnifique Lot'.
Elle sourit en me remerciant d'un signe de tête avant de s'installer à côté de Liam dans le canapé. On laisse Mamie déposer le premier plateau qu'elle a ramené. Je la laisse servir une coupe de Champagne à Charlotte avant que la sonnette de la porte d'entrée ne retentisse.
Harry.
Je souris bien malgré moi et me dépêche de quitter la pièce. Ne laissant personne d'autre que moi aller lui ouvrir. Je ne fais pas attention aux commentaires de Mamie dans mon dos et arrive rapidement dans l'entrée. Je déverrouille la porte et je suis ébloui par l'arrivée d'Harry, un bouquet de fleurs dans les bras, une grosse écharpe autour du cou et un bonnet sur la tête. Ses joues sont rosies par le froid, et il est terriblement craquant comme ça.
Il me sourit en passant le pas de la porte, et je la referme derrière lui. Je récupère le bouquet de fleurs pendant qu'il retire son manteau, son écharpe ainsi que son bonnet. Il se retourne ensuite vers moi et je découvre une magnifique chemise blanche et un jeans qui serre beaucoup trop ses cuisses. Je détourne les yeux de lui avant de l'entraîner avec moi dans le salon pour retrouver le reste des convives de la soirée.
Harry s'approche d'abord de ma grand-mère en lui tendant le bouquet de fleurs. Je souris en m'asseyant dans un des fauteuils en face de la cheminée pendant que j'entends ma grand-mère remercier Harry.
- Oh... elles sont magnifique Harry, sourit-elle en le prenant dans ses bras.
Je sens la sincérité dans la voix de ma grand-mère. Et dans son comportement, en le prenant ainsi dans ses bras, je sens qu'elle est extrêmement touchée par son bouquet. Ce n'est peut-être pas grand chose, mais c'est le type d'attention que ma grand-mère aime.
Harry est exactement le type de garçon que ma mère aurait aimé pour Charlotte. Il est gentil, attentionné, et toujours à l'écoute des autres. Je sais qu'il a sûrement compris que ma grand-mère serait attentive à ce genre de geste, et c'est pour cette raison qu'il a choisi de lui offrir des fleurs.
Harry est exactement le type de garçon dont je pourrais tomber amoureux.
Mamie s'empresse de mettre les fleurs dans un vase avant de retourner en cuisine pour ramener les deux autres plateaux pour l'apéritif. Harry vient de s'installer dans le fauteuil voisin au mien et joue avec la coupe de champagne que ma grand-mère lui a offert en arrivant. Je l'observe discrètement, ou pas, jusqu'au retour de Mamie. Elle dépose le plateau rempli de foie-gras devant nous. Elle a aussi installé du magret de canard salé, et quelques huîtres. Une chose est certaine : nous n'allons pas mourir de faim !
Je vois Harry regarder tous ces plats avec un oeil envieux, voire même quelques étoiles dans le regard. C'est ce type de réaction qui me rappelle qu'il y a quelques jours il a failli y rester parce qu'il ne prend pas assez soin de lui. Je ne veux pas imaginer dans quelles conditions il vit, mais je ne peux pas m'empêcher de le faire. Et plus le temps passe, plus la situation me semble terrible. Je secoue la tête pour oublier tout ça. Ce soir, on profite de la soirée. C'est Noël après tout !
Mamie nous invite à commencer à manger, et on commence à se servir. Charlotte et Liam discutent de la saison de concours qui va bientôt reprendre, pendant qu'Harry complimente ma grand-mère sur la qualité des huîtres. Venant d'une île, il doit être un espèce d'expert en fruits de mer.
Je laisse mon oreille traîner vers la discussion de Liam et Charlotte qui parle toujours concours. Ils doivent établir le planning de l'année. Ils ont l'habitude de parcourir l'Europe pour les compétitions. Paris, Berne, Madrid, Rome, Milan... Ce sont de très bons cavaliers qui concourent sur les plus belles pistes d'Europe. Comme je le faisais avant. Et en les écoutant j'en serais presque nostalgique. J'ai tellement de bons souvenirs en concours. Ces dernières années, je me suis trop souvent cantonné à me souvenir de mon accident, et jamais du reste. Hors, mes meilleurs souvenirs d'adolescence c'est là-bas que je les ai vécus. Je laisse mon esprit vagabonder pendant un temps avant d'entendre Charlotte évoquer Apocalyspe. Je tends l'oreille en fronçant les sourcils et je comprends qu'elle n'a toujours pas mis Monsieur Martin au courant de son échec avec ce cheval.
- Tu ne comptes pas le garder ici quand même? j'ose alors demander.
Elle se pince les lèvres, baisse les yeux et hausse des épaules.
- Je n'aime pas baisser les bras Louis, dit-elle simplement.
- Ce cheval est dangereux ! je réplique en roulant des yeux.
- Liam pourrait essayer, répond-t-elle en se tournant vers son petit ami.
Sauf que ce que je lis dans le regard de Liam est bien loin de ce qu'elle espère. Parce que c'est de la peur que le lis dans le regard de mon ancien ami.
- C'est une mauvaise idée, je déclare à la place de Liam.
- A moins que tu en aies une meilleure je ne vois pas ce qu'on peut faire, dit-elle en se pinçant les lèvres.
Je soupire, et secoue la tête. Je ne pourrais sûrement pas avoir le dernier mot de toute façon. Je me redresse et attrape mon paquet de cigarettes sur la table basse avant de me lever et quitter la pièce pour aller fumer devant la maison.
Je suis à peine étonné de voir Charlotte me rejoindre quelques secondes plus tard. Je soupire en allumant ma cigarette, restant silencieux quelques secondes avant de murmurer.
- J'ai peur qu'il t'arrive la même chose Lot'.
- C'était un accident... on ne peut pas prévoir les accidents.
Je hoche la tête de haut en bas, aspirant une grosse bouffée sur ma cigarette avant de fermer les yeux en relâchant la fumée.
- Sauf que les probabilités d'un accident avec un cheval comme ça sont multipliées par dix. Hier, même à l'arrêt il a essayé de t'éjecter Charlotte.
- Les probabilités pour que tu chutes avec le cheval de Liam étaient proches de zéro. Et pourtant, c'est arrivé Louis.
Je roule des yeux en me tournant vers Charlotte. Je n'arrive tout simplement pas à croire qu'elle puisse envisager de continuer de travailler avec Apocalypse. S'il le faut, j'appellerai Monsieur Martin moi-même. Et j'informerai Mamie de mon avis. Parce que, même si je ne suis pas remonté à cheval depuis une éternité, elle sait qu'elle peut avoir confiance en mon jugement. Si je lui donne les bons arguments, elle mettra des bâtons dans les roues à Charlotte, et j'espère qu'elle abandonnera avec Apocalypse.
- Louis, tu ne devrais pas t'inquiéter comme ça.
- Pourtant... c'est comme me demander l'impossible Charlotte.
Je soupire en tirant une fois de plus sur ma cigarette.
- Bon... je te laisse finir ta cigarette.
Je relève les yeux vers elle avec un regard empli de tendresse pour elle. Charlotte m'adresse un fin sourire avant de s'éloigner et de rentrer pour retrouver tout le monde.
*
Quand je rentre dans le salon, Mamie se lève d'un geste et propose de faire la distribution des cadeaux. On approuve tous d'un geste de tête et nous nous installons dans les gros fauteuils, pendant que ma grand-mère attrape les paquets les uns après les autres pour les donner. Je vois cependant le regard d'Harry s'agrandir quand Mamie lui tend trois paquets marqués de son nom. Je pense qu'il ne s'attendait pas à ce qu'on pense aussi à lui. Quelle idée d'inviter une personne pour Noël sans lui offrir quoi que ce soit ? Il attrape les paquets les mains tremblantes et relève les yeux vers nous tous. Je sais qu'il y en a un de la part de ma grand-mère, sûrement un de la part des deux amoureux et un de moi.
Mamie me tend ensuite mes paquets, et elle s'installe dans le canapé à côté d'Harry en le couvant du regard. Je ne sais pas pourquoi elle s'est autant attachée à lui, mais je suis heureux de les voir ainsi. Ca me fait autant plaisir pour elle, que pour lui. J'espère seulement qu'il ne la décevra pas.
- Bon, je pense que nous pouvons déballer ces paquets maintenant, qu'en dites-vous? sourit Mamie en nous regardant tour à tour.
On approuve tous d'un signe de tête et on commence à déchirer les paquets pour découvrir nos cadeaux. J'observe Harry du coin de l'oeil qui défait ses cadeaux les uns après les autres. Il commence avec celui de Mamie. Il s'agit d'un gros pull en mailles bordeaux. Il ira parfaitement avec ses yeux.
Non mais je dis quoi là ?!
Je soupire en secouant la tête à mes pensées. Il ouvre ensuite celui de Charlotte et Liam. Je suis à peine étonné de voir "l'équitation pour les nuls" et je ne peux réprimer mes éclats de rire avec Harry quand il le découvre.
- On s'est dit que ça pourrait te servir, sourit Charlotte légèrement moqueuse.
- Je vous fais tant pitié que ça ? rigole-t-il.
Liam hoche la tête, Charlotte rigole, et Harry roule des yeux, amusé. Il pose son pull et son bouquin à côté de lui avant d'attraper mon propre paquet. J'ai eu du mal à trouver un cadeau qui lui plairait. Après tout, je ne le connais pas bien. Ce n'est pas parce qu'on a couché ensemble une fois, et qu'on s'est embrassé deux ou trois fois que je le connais. J'ai traîné dans le centre culturel du Leclerc à côté de chez moi avant de finalement aller dans une bijouterie dans la galerie marchande. Et là, j'ai trouvé mon bonheur.
C'est lui qui m'a dit que la mer lui manquait hier soir...
Il déballe soigneusement le petit paquet et découvre le coffret de la bijouterie. Je le vois froncer des sourcils et l'ouvrir avant que son regard de s'illumine. Il soulève lentement le médaillon au bout de la cordelette en cuir et tourne le regard vers moi.
- Merci Louis, dit-il les larmes aux yeux.
Je me pince les lèvres en lui souriant sincèrement et hoche lentement la tête de haut en bas. Je ne pensais pas que ce cadeau le toucherait autant.
*
La soirée touche à sa fin. Mamie nous a vraiment régalé. Je pense que nous avons assez mangé pour les dix-huit années à venir. Le pire c'est qu'il va falloir recommencer demain midi. Même si elle nous a promis de faire léger. Ouais, tu parles ! J'imagine déjà de là le magret de canard, ou la dinde farcie au foie-gras. Mais après tout c'est Noël.
Après le dessert, je crois qu'on est bon pour faire une bonne nuit. Mais comme chaque année, Mamie se lève pour débarrasser rapidement et pour pouvoir aller à la messe de minuit.
- Laisse, je vais rester là et tout ranger, je dis en souriant à ma grand-mère.
- Oh... tu es certain ? dit-elle en se tournant vers moi.
Je hoche la tête de haut en bas en la regardant et je vois Liam et Charlotte se lever d'un geste. Ma soeur n'est pas religieuse pour deux sous, mais Liam oui. Il va à la messe avec ses parents chaque année. J'y allais avec mes parents moi aussi... mais depuis, je n'y suis jamais retourné. Pourtant, j'aime cette ambiance avec la crèche vivante, et les chants de Noël.
- On va t'emmener Mamie, affirme Charlotte.
- Vous êtes adorables, souffle-t-elle en leur adressant un beau sourire.
Elle se tourne ensuite vers Harry :
- Tu veux nous accompagner à la messe de minuit ?
Il sourit et secoue lentement la tête de gauche à droite.
- Non, je vais aider Louis à ranger. Mais c'est gentil.
- Bien. Alors en route les enfants.
Charlotte et Liam approuvent d'un signe de tête et se dirigent vers l'entrée pour récupérer les manteaux pendant que Mamie monte rapidement se refaire une beautée.
Et cinq minutes plus tard, je me retrouve seul avec Harry.
#ARBHfic - réagissez ici ou sur twitter !
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