Chapitre n°12


Domaine Familiale des Tomlinson – vendredi 23 décembre 2016

Harry Styles

C'est la troisième fois que je me réveille aujourd'hui. Après la visite de Louis ce matin je me suis rendormi très rapidement. Je ne sais pas si c'est mon corps qui a besoin de repos, ou bien les médicaments que je prends qui me font dormir, mais je suis épuisé.

Quand j'ai ouvert les yeux il y a quelques minutes, le plateau de mon repas de ce midi était installé sur le bureau. Louis me l'a sûrement laissé là en voyant que je dormais quand il me l'a monté. Je me suis levé, et j'ai englouti tout ce que j'ai pu. Vivre dans le besoin m'a appris à ne pas faire de gaspillage de nourriture, croyez-moi. Dès que j'ai quelque chose à manger, je m'arrange pour qu'il n'y ait pas de restes, ou que je puisse les garder. Hors, là, je n'ai clairement pas à me préoccuper d'en garder pour ce soir.

Après avoir avalé mon repas et mes médicaments, je sors de la chambre à la recherche de la salle de bain. Je n'ai pas envie de prendre une douche, mais j'ai besoin de me rincer le visage à l'eau froide. J'ouvre la première porte que je trouve au hasard et rentre dans la salle de bain. Des serviettes sont sur le rebord de la baignoire et des vêtements propres sur le lavabo. J'attrape un bas de jogging ainsi qu'un gros pull après avoir retiré l'unique t-shirt que je porte pour me changer. Je retourne vers la chambre, attrape le plateau repas vide et descends dans la cuisine.

Je n'attends pas trois secondes avant de sentir une présence dans mon dos. Je me retourne, croise le regard azur de Louis et lui mime un sourire en glissant mes mains dans mes poches.

- Ca va mieux ? demande-t-il.

- Je crois, je lui réponds en le regardant.

- J'étais en train de regarder un film, tu veux te joindre à moi ?

Je le regarde, surpris par sa proposition.

Je n'arrive pas à le suivre. Deux solutions : soit il a des problèmes comportementaux, soit il me prend pour un idiot. Ou peut-être les deux. Il commence par me traiter de tocard, le soir qui suit, on couche ensemble, le lendemain, il me menace en apprenant que je dois passer Noël avec sa famille, ensuite il me veille toute une nuit quand je suis malade... Ouais, il doit être bipolaire voire pire, il est peut-être schizophrène. Ok, je crois que je m'emballe un peu là.

- Tu n'as pas un souci de dédoublement de la personnalité Louis ? je lui demande très sérieusement.

Il me regarde en fronçant les sourcils, ne comprenant sûrement pas où je veux en venir. Je me pince les lèvres, avale ma salive en l'observant quelques secondes avant de secouer la tête de gauche à droite.

A quoi bon essayer de discuter là dessus? Peut-être que lui-même ne comprend pas son comportement.

- Laisse tomber, je réponds finalement.

- Non je ne laisse pas tomber, affirme-t-il en arquant un sourcil.

- Je ne te comprends pas. D'un jour à l'autre, j'ai clairement l'impression d'avoir une personne différente en face de moi. J'arrive pas à te suivre Louis. Je veux dire, tu me mets presque dehors un jour, après on couche ensemble, ensuite tu me menaces et après tu me veilles quand je suis malade ? Mais...pourquoi?

Je lis dans son regard qu'il ne s'attendait clairement pas à ce que je lui réponde dans ce sens. Ou alors il espérait que je n'aborde pas le sujet. Je n'ai pas besoin d'être le bouc-émissaire de tous ses soucis. S'il a besoin de se décharger, autant s'acheter un punching-ball, parce que, jusqu'à preuve du contraire, je n'ai pas la tête du punching-ball.

A force de se comporter comme ça avec moi j'ai du mal à le cerner, et il me met mal à l'aise ! Je ne suis pourtant pas le genre de personne qui est facilement impressionnable vu... mon passé, mais, je ne sais même plus comment réagir avec lui. Il est tellement changeant que je ne sais jamais à quel Louis je vais avoir affaire. C'est perturbant et je n'ai pas besoin de m'embrouiller l'esprit à cause de lui. J'ai bien assez de problèmes comme ça !

Mais quand je le vois fondre sur moi je comprends qu'il risque de m'embrouiller l'esprit pendant encore un moment. Il s'approche, prend mon visage en coupe et colle ses lèvres contre les miennes.

Il se fout de moi !

J'ouvre grand les yeux en m'agitant avant de comprendre que je suis bien trop faible pour lui résister. Et que je n'ai même pas envie de lui résister ! Je laisse mes mains se poser sur ses hanches pendant que mes lèvres répondent à son baiser. Le coeur battant, la respiration courte et le corps tremblant, Louis met finalement fin à notre baiser en collant son front contre le mien. Il me fixe pendant un instant avant que je murmure.

- Dédoublement de la personnalité... Faut pas me faire des coups comme ça Louis, j'ai le coeur fragile. ça devrait être interdit d'embrasser les gens comme ça sans les prévenir.

- Ca devrait être interdit d'être aussi mignon avec le bras à moitié pourri, dit-il avec un sourire en caressant ma joue du bout du pouce.

Je roule des yeux en me détachant de son emprise avant de baisser le regard sur mes pieds. Je planque mes mains dans mes poches, me mordillant la lèvre inférieure. Louis glisse un bras autour de ma taille et relève mon menton de sa main libre pour qu'on puisse se regarder dans les yeux.

- Si tu n'étais pas si agréable à regarder avec tes yeux fatigués, tes cheveux décoiffés en portant mes fringues, crois-moi je ne serais pas si instable.

Je secoue la tête en inspirant profondément.

- Hmm... et si on allait regarder ce film ? je lui propose finalement.

Il sourit, hoche la tête et attrape mon bras pour m'entraîner avec lui.

Quelques minutes plus tard, je m'endors la tête contre l'épaule de Louis devant un film affreusement inintéressant.

*

Je ne sais pas comment je me suis retrouvé ici, mais quand je me réveille, je suis dans le lit où j'ai passé la nuit précédente. Louis a sûrement dû me monter là à la fin du film... ou je suis remonté tout seul et je ne m'en suiviens plus. Les médicaments que je prends me font vraiment un effet bizarre. Je n'aime pas me sentir comme ça.

Je soupire en me redressant dans les draps et me frottant les yeux. J'avale le verre d'eau présent sur la table de nuit, et essaie de trouver mon téléphone portable. Je sais qu'il était dans le pantalon que je portais hier, mais impossible de le trouver. Je repousse les draps, me lève du lit et cherche l'appareil dans la chambre. Logiquement, ils ont bien dû me laisser mes affaires personnelles dans un coin de la pièce. Comme mes clés de voiture, mon sac à dos, ...

Je trouve finalement le cellulaire sur le bureau et l'attrape rapidement. Plus de batterie. Je soupire, le mets dans ma poche et récupère mon sac à dos sur la chaise de bureau. Je fouille rapidement à l'intérieur, prends le chargeur, et branche mon vieux téléphone. Il met quelques secondes à s'allumer et je passe rapidement en revu mes dernières notifications. J'ai deux sms de Zayn qui s'inquiète de ne pas m'avoir entendu rentré hier soir.

Je m'assoie sur le fauteuil de bureau en cuir, et compose le numéro de mon ami. Il met à peine deux sonneries à répondre, ce qui ne m'étonne pas de lui. Il est toujours à proximité de son téléphone. Sait-on jamais si Eleanor appelle et qu'il n'est pas à côté du téléphone...

- ENFIN ! T'es pas mort? T'es où? Tu fais quoi? Attends... tu as rencontré une jolie demoiselle hier soir entre les bottes de foin et les sacs de granulés et tu as fini la nuit chez elle?

Je ne peux réprimer mes éclats de rire à ses mots et secoue la tête de gauche à droite, comme s'il était en face de moi.

Je souris, reprends rapidement mes esprits et réponds.

- Je suis malade. Jj'ai fait un malaise hier soir au boulot. Elisabeth a appelé le médecin et elle ne me laisse pas partir avant que je sois complètement rétabli.

- Tu vas bien? Qu'est ce qu'il t'arrive? demande-t-il soudainement inquiet.

- Je me suis brûlé l'autre jour et j'ai chopé une infection. Rien de bien grave, mais j'ai eu de la fièvre. Bref, j'ai un traitement de choc, je serai rapidement de nouveau sur pied.

- J'aurais préféré la rencontre fortuite entre le foin et le granulé, dit-il pensif.

Je souris en rigolant légèrement.

- Ouais, moi aussi, crois-moi.

- Du coup, tu vas à la soirée d'anniversaire surprise de Louis ce soir?

- Eh... je sais pas. Je n'y ai même pas pensé.

- C'est chez eux de toute façon donc y'a pas de raison.

Je ne me rappelais même plus de cette soirée. Enfin si, maintenant que Zayn m'en parle je me souviens qu'Elisabeth aussi m'en a parlé. Mais je n'ai simplement pas réalisé que ce serait chez eux...

Je soupire largement en secouant la tête. Je suis trop fatigué pour supporter une soirée comme ça. Et puis, s'il y a vraiment un repas ou je ne sais quoi qui se prépare ici ce soir, pourquoi Elisabeth est sortie toute l'après-midi? Elle devrait normalement rester pour tout préparer. Ah moins qu'elle soit toujours là et qu'elle prépare tout dans une des salles des bâtiments équestres. Je me rappelle avoir vu une ou deux salles là-bas qui serait capable d'accueillir ce type de soirée.

- Tu viens toi?

- Ouais. Eleanor ne me laisse pas le choix. Mais elle m'a promis qu'on partira tôt.

- Ok.

- Et toi?

- J'en sais rien. Elisabeth ne veut pas me laisser rentrer chez moi avant que je sois guéri de toute façon, donc je ne pense pas avoir le choix. Mais je suis trop fatigué pour passer la nuit, et puis j'ai une tonne de médicaments à prendre.

- Jte jure, si jte vois pas ce soir je viens te chercher par la peau du cul. Je refuse de te laisser échapper à cette soirée mec.

- Je suis malade, je dis en rigolant.

- Ouais. J'espère que tu as au moins quarante de fièvre et une bonne grosse fatigue pour ne pas venir.

- Bon allez, maintenant laisse-moi me reposer mon cher Zaynie, et je te dis peut-être à ce soir.

Je l'entends rire à l'autre bout du fil avant de me souhaiter une bonne sieste et de raccrocher.

Après mon appel avec Zayn, je décide de prendre une douche. J'attrape les fringues propres qu'Elisabeth a laissé pour moi et vais jusqu'à la salle de bain. Je passe rapidement sous l'eau, m'habille avant de regarder l'heure : Dix-huit heures. L'infirmière ne devrait pas tarder pour venir changer mon pansement. J'ai enlevé celui fait par le médecin hier soir sous la douche et maintenant que la plaie est à vif, c'est pas très beau à voir. J'aurais mieux fait de me soigner au lieu de laisser les choses empirer comme cela. C'était idiot.

Je sors de la salle de bain pour retrouver la cuisine et me servir un verre d'eau. Je suis presque étonné d'y retrouver la grand-mère de Louis et Charlotte en train de prendre un thé avec son petit fils.

- Oh... je ne voulais pas vous déranger, je voulais juste prendre un peu d'eau, je dis en me pinçant les lèvres.

- Non, tu ne nous déranges absolument pas. Louis allait sortir pour travailler avec Charlotte et me laisser toute seule. Tu vas me tenir compagnie comme ça ! déclare Elisabeth.

Louis ? Travailler avec Charlotte ? Il s'est passé dix ans depuis mon dernier réveil ou quoi ?!

Pourtant, je vois Louis sourire, légèrement mal à l'aise, se lever et passer devant moi pour quitter la cuisine. Je le suis du regard et entend la porte de la maison claquer. Je me retourne vers Elisabeth en l'interrogeant du regard. Elle m'offre alors un magnifique sourire et répond.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais Louis a proposé son aide à Charlotte avec un cheval ce matin.

- Vraiment ?! je m'étonne.

- Oui.... affirme-t-elle en me regardant. J'espère seulement que ce nouvel accord de paix tiendra le temps de la soirée. J'ai vraiment envie que Louis passe un bon moment et qu'il se sente entouré et aimé.

Je comprends alors que Elisabeth n'organise pas cette soirée seulement pour l'anniversaire de Louis. C'est aussi l'occasion de lui prouver que sa vie ici n'est peut-être pas aussi palpitante que celle qu'il mène à Los-Angeles, mais qu'il y a des gens qui sont là pour lui. Je sais que par cet évènement Elisabeth espère peut-être qu'il reste ici. Avec eux. Et le fait que Louis et Charlotte se reparlent un petit peu lui donne même de l'espoir.

- Vous vous donnez du mal pour qu'il reste ici.

Elle hoche la tête en portant son thé à ses lèvres avant de me répondre.

- Personne ne pensait que Louis aurait une carrière comme celle qu'il a tu sais. Je pensais sincèrement qu'il remettrait le pied à l'étrier après son accident. Mais la mort de ses parents, le poids qu'il a eu sur les épaules à la suite de ce drame, ça n'a certainement pas aidé. Puis, il est parti et il a rencontré Chris, tout s'est enchaîné rapidement. Je crois que lui même a du mal à réaliser ce qu'il est devenu. Tu sais, il n'y a qu'ici qu'il peut se promener librement sans avoir une masse de fans sur lui. J'ai vu des images sur internet qui me font peur. Je connais mon Louis et je sais que ce n'est pas son environnement.

Je me pince les lèvres en voyant qu'Elisabeth espère vraiment avoir la chance de voir Louis revenir. J'aimerais lui dire qu'elle a raison. Mais Louis ne me semble même pas heureux ici. Peut-être que la situation avec Charlotte et Liam n'aident pas, c'est même certain, mais une fois qu'on a goûté au style de vie qu'il a maintenant, le retour à la réalité doit être difficile. Voire impossible. C'est comme donner un morceau de viande bien saignant à un chien et essayer de le lui reprendre. Impossible.

- Vous pensez vraiment qu'il reviendra ?

- S'il avait une raison de le faire, oui. Louis est quelqu'un de très attaché à sa famille, même s'il ne le montre pas beaucoup aujourd'hui.

Je vois Louis comme quelqu'un d'aimant et attentif. Parce que même s'il s'est comporté comme un abruti cinquante pour cent du temps qu'il a passé avec moi, il a été très attentionné les cinquante autre pour cent. Mais de là à dire qu'il serait prêt à sacrifier sa carrière et tout ce qu'il est aujourd'hui pour revenir ici auprès de sa famille ? En france ? Je ne sais pas. Je ne pense pas.

Mais je ne veux pas contredire Elisabeth et lui faire du mal. Alors je souris, hoche la tête de haut en bas et réponds.

- Je l'espère pour vous aussi.

Et pour moi. Parce qu'à ce rythme là, je vais finir par trop m'attacher à lui.

Et il repart dans moins d'une semaine.

A moins que ce ne soit moi qui soit obligé de partir avant.

*

Domaine Familiale des Tomlinson – vendredi 23 décembre 2016

Louis Tomlinson

Je ne sais même pas pourquoi j'ai proposé mon aide à Charlotte ce matin. Ca me semblait être une bonne idée sur le coup. Mais j'ai repoussé le moment de la retrouver depuis que j'ai ouvert ma bouche au petit déjeuner. Je me suis habitué à déjeuner sans elle puisqu'elle m'évite le matin... donc peut-être que de la voir ce matin m'a fait pousser des ailes. Je ne sais pas. C'est pour cela que je suis allé chercher les médicaments d'Harry, que j'ai ensuite préparé le repas de midi, que j'ai passé du temps avec lui ... puis vers dix-huit heures, Liam est venu me chercher pour me dire que Charlotte préparait Apocalypse. Je n'avais plus vraiment le choix, donc je me suis habillé et je les ai rejoints.

Mamie a passé sa journée dans la salle de réception du domaine. Il s'agit des anciens chais de la propriété. Il y a plusieurs années, ce domaine était entouré de vigne. Je crois que mon arrière-grand-père faisait du vin à l'époque. Puis, il a commencé à élever des chevaux. Bref, je ne sais pas ce qu'elle trafique là-bas, mais ça ne me dit rien qui vaille. J'ai cependant préféré fermer les yeux et faire comme si je ne me doutais pas qu'elle organise une soirée en douce. J'espère seulement qu'elle n'a pas invité la terre entière.

Quand j'arrive devant les écuries, j'hésite pendant un court instant avant de pénétrer à l'intérieur. J'entends Liam et Charlotte discuter à l'autre bout du bâtiment. Je prends une grande inspiration avant de le traverser, essayant de ne pas trop faire attention à ce qui m'entoure. J'arrive à la hauteur des deux cavaliers et ils me regardent tous les deux avec de grands yeux étonnés.

- On aurait pu se retrouver dans le manège. Tu n'étais pas obligé de venir jusqu'ici, déclare Charlotte en passant le filet à Apocalypse qui ne semble pas vraiment apprécier la chose puisqu'il secoue la tête dans tous les sens.

C'est bien la première fois que Charlotte me dit un truc comme ça sérieusement.

Je me contente de hausser des épaules avant de répondre en plongeant mes mains dans mes poches.

- Ce n'est pas grave.

- Bon, on va aller au manège, dit Liam en me faisant signe.

Je lui réponds d'un hochement de tête et je quitte les écuries à ses cotés, Charlotte sur nos pas, tenant fermement le cheval qui semble bien agité à côté d'elle. On marche silencieusement jusqu'au manège et Liam ouvre la porte pour laisser Charlotte rentrer avec l'animal. Je rentre à l'intérieur, réalisant que je ne l'ai pas fait depuis une éternité. Je m'installe contre la barrière pendant que Liam va aider Charlotte à se mettre en selle.

Liam revient vers moi pour s'adosser à la barrière à mes côtés et je regarde ma soeur sur le dos d'Apocalypse. Le cheval est chaud, trottine et semble peu enclin à rester calme face aux ordres de Charlotte.

- Pourquoi elle ne le défoule pas à la longe avant de monter dessus ? je demande.

Charlotte a clairement du mal à le faire écouter. Alors pourquoi ne pas le faire galoper pendant une trentaine de minutes avant de monter dessus ? En plus d'être moins dangereux pour ma soeur, ça lui permettrait de détendre le cheval. Mais la réponse que m'apporte Liam ne m'étonne pas vraiment.

- Il ne supporte pas, et n'est pas assez respectueux. Il est trop dangereux.

- Et en liberté ?

- J'ai pas voulu qu'elle essaie, m'avoue Liam.

- Hmm. Elle pourra rien faire dans ces conditions, je lui dis sérieusement.

Je n'ai peut-être pas regardé un cheval travailler depuis des années, mais je connais mon travail. Enfin... mon ancien travail. J'ai gardé un oeil très professionnel.

- Si elle ne peut pas le défouler en amont, je ne vois pas comment elle peut s'en sortir. Regarde-laje souffle en me mordant l'intérieur de la joue.

Il soupire, hoche la tête de haut en bas et se pince les lèvres avant de poser ses yeux sur Charlotte qui est de l'autre côté du manège. Apocalypse n'en fait qu'à sa tête. J'ai presque l'impression de voir une débutante sur le dos d'un poney récalcitrant.

Autant dire que la cavalière internationale est très loin de cette image là.

- Elle a réussi à le mettre à l'obstacle?

- Il a déjà fait du concours, c'était un homme qui le montait. Forcément, il avait beaucoup plus de force et je pense qu'il lui tapait dessus pour le faire écouter.

- Quel type d'épreuve?

- Grosses épreuves. Mais il s'est fracassé avec le cheval. Apocalypse a été blessé. Quand Monsieur Martin l'a acheté aux enchères il était à peine rétabli. Charlotte est la première à le remonter.

Ok. Tout s'explique.

Je soupire lourdement et repose mon regard sur Charlotte qui essaie de passer en force pour se faire écouter. Je la laisse faire silencieusement tout en l'observant passer du pas au trot, galopant de temps à autre pour finir son échauffement.

Apocalypse est très dans le sang, toujours à la recherche de la vitesse, perdant engagement et équilibre. Ce qui peut s'avérer très dangereux sur un parcours de saut d'obstacles. C'est comme si on demandait à un perchiste de sauter sans sa perche. Du suicide. L'animal s'arrête même parfois au milieu des exercice pour partir en ruade et cabriole quand quelque chose semble le contrarier ou que les actions de Charlotte sont trop difficiles. En plus d'être très physique, ce cheval est susceptible.

A l'issue de son échauffement, Charlotte remet finalement le cheval au pas et s'approche de nous. Gardant une distance de sécurité entre le cheval et nous pour éviter tout incident. Nous ne sommes jamais à l'abri d'un coup de sabot perdu avec ce type de cheval.

- Alors ? demande-t-elle en essayant de s'arrêter en face de nous.

- Il est dangereux, irrespectueux et trop sensible, je résume simplement. Il ne peut même pas tenir en place !

Je soupire en le voyant commencer à trépigner sur place, ne voulant pas rester à l'arrêt face à nous. Lançant un antérieur à l'avant, creusant dans le sable et secouant l'encolure dans tous les sens.

- Charlotte, descends de cheval, je réplique alors.

Elle me regarde alors avec de grands yeux face à mes paroles et j'insiste en voyant le dos du cheval s'arrondir comme l'aurait sûrement fait un chat avant de bondir.

- Charlotte ! Descends !

Elle met rapidement pied à terre, a juste le temps d'attraper les rênes que le cheval saute en l'air manquant de lui donner un coup de pied. Elle arrive à le maitriser in extremis. Je soupire en secouant la tête et reprends très sérieusement.

- Tu vas le remettre dans son boxe, fermer la porte et appeler Monsieur Martin. Tu ne peux pas t'occuper d'un cheval comme ça.

- Mais je...

- Charlotte, ce cheval est trop dangereux pour toi.

Elle se pince les lèvres en me regardant, sans me contredire. Elle sait que j'ai raison.

*

Quand je disais que j'avais peur que ma grand-mère invite la moitié de la France pour cette soirée surprise, qui n'en était pas vraiment une en réalité, c'est exactement ce qu'elle a fait.

J'ai joué le garçon étonné quand Mamie m'a bandé les yeux pour me faire rentrer dans la salle de réception et que tout le monde a crié un "surprise" digne d'une scène d'ouverture d'un mauvais film. Mais je dois reconnaître qu'elle a fait un travail remarquable. La salle est magnifiquement bien décorée, le buffet est somptueux et... il y a du monde. Beaucoup de monde. Si essayer d'éviter les gens quand je me rends sur le marché avec ma grand-mère est plutôt facile, quand ces mêmes personnes viennent spécialement te voir c'est tout de suite plus compliqué.

J'ai passé la première partie de ma soirée à naviguer entre les diverses têtes connues dans l'assemblée. A saluer, embrasser, serrer dans mes bras, chaque personne se présentant à moi. Sauf que, quand je me retrouve face à Eleanor, ses parents et son nouveau mec, je suis clairement mal à l'aise. Mon ex petite-amie se pince les lèvres, pendant que le gars qui l'accompagne resserre son bras autour de sa taille, et que sa mère me tombe dans les bras de manière beaucoup trop théâtrale à mon goût.

Deborah m'a toujours beaucoup apprécié. Même si je crois qu'elle m'en a énormément voulu d'être parti comme ça du jour au lendemain. Contrairement à sa fille, elle m'a cependant reçu avec beaucoup de plaisir à chacune de mes visites. Elle m'avait même invité à déjeuner une fois. Peu de temps après qu'Eleanor ait rencontré Zayn, il y a deux ans environ, et ils n'étaient même pas encore ensemble. Elle voulait sûrement me dire que si je voulais la récupérer je devais commencer à sortir les rames.

- Oh Louis, je suis tellement heureuse de pouvoir profiter de cette soirée avec toi, s'exclame Deborah en posant ses mains sur chacune de mes épaules.

Je lui adresse un sourire légèrement gêné, me mordant l'intérieur de la joue, avant de hocher la tête de haut en bas.

- Oui... je suis content de vous voir aussi.

Je me tourne ensuite vers Philip qui me sert rapidement la main, aussi mal à l'aise que moi puis je prends une grande inspiration en me retournant vers Eleanor et Zayn. Ce dernier m'observe avec des yeux de bulldog pendant que mon ex, elle, semble clairement gênée d'être là.

- Louis, que dirais-tu d'offrir un verre à Eleanor pendant que je discute avec ses parents, s'exclame ma grand-mère.

Je la déteste. Je l'adore hein, mais quand elle se comporte comme ça j'ai envie de lui en mettre une.

Je me pince les lèvres, en secouant la tête, m'apprêtant à répondre quand Eleanor répond à ma place.

- Avec plaisir Elisabeth. Louis? m'appelle-t-elle en m'interrogeant du regard.

Je hoche la tête de haut en bas et elle m'adresse un léger sourire.

- Je reviens, souffle-t-elle contre la bouche de Zayn en embrassant rapidement ses lèvres.

Je m'éloigne alors à ses côtés, avant de prendre la parole dès que nous sommes assez loin pour qu'ils ne puissent pas entendre ce que je lui dis.

- Tu n'étais pas obligée.

- Elisabeth rêve de nous voir ne serait-ce qu'amis. Je fais ça uniquement pour elle Louis. Ne te fait pas de bile.

Je me pince les lèvres en hochant la tête. Eleanor et moi étions très bons amis avant d'être amants. Elle a été la première fille que j'ai embrassé quand j'ai eu dix ans, la première avec qui j'ai couché à seize ans, la première mais aussi la dernière personne dont j'ai été amoureux. Alors oui, ça fait mal quand elle me dit ça.

- Je comprends.

- Alors on va aller jusqu'au buffet, prendre un verre, faire semblant de discuter et rigoler pour mettre des étoiles dans les yeux de ta grand-mère et ceux de ma mère au passage et je t'éviterai jusqu'à la fin de la soirée. Non. TU vas m'éviter jusqu'à la fin de la soirée pour que je puisse profiter de mes amis jusqu'à ce que je rentre chez moi ce soir.

Au moins, ça a le mérite d'être clair.

*

Ca fait plus d'une heure que je déambule entre les gens. Je dis bonjour à ceux qui m'accostent, souris légèrement et réponds aux différentes questions qu'on me pose. Mais mon esprit est définitivement ailleurs. Les paroles d'Eleanor me reviennent en mémoire à chaque fois que je croise son regard. Elle est avec Zayn, Liam et Charlotte depuis le début de la soirée. Je crois les avoir vu avec les jumelles Hadid, ainsi que Luke et Ed, qui sont évidemment de la partie eux aussi. J'ai rarement passé une soirée en mon honneur aussi... Sordide. Je me sens de trop ! Clairement j'ai l'impression de ne pas être à ma place. A plusieurs reprises, Liam est venu me voir, essayant d'engager la discussion. Mais je suis déprimé de l'ambiance de la soirée. Il a rapidement compris que je suis de mauvaise compagnie ce soir.

Je sors finalement de la salle avec l'envie de m'en griller une. Par chance, il n'y a pas grand monde en train de fumer. J'arrive à m'éloigner pour prendre un petit peu l'air, sans que ça puisse paraître étrange pour autant. Je glisse la cigarette entre mes lèvres, l'allume et regarde le domaine plongé dans l'obscurité en face de moi.

Mais je fronce les sourcils en voyant de la lumière chez moi. Je secoue la tête, plonge ma main libre dans ma poche et traverse rapidement la cour pour arriver devant le perron. Je suis très étonné de retrouver Harry, emmitouflé sous trois ou quatre vestes.

- Tu ne devrais pas rester au chaud ? je lui demande en souriant.

- Tu ne devrais pas rester avec tes invités ? me renvoie-t-il avec le même type de sourire

Je hausse les épaules et m'assois à côté de lui.

- J'avais besoin d'une cigarette, je lui réponds simplement.

- Il y a du monde ?

- La moitié du département, je rigole en secouant la tête.

- Tu n'es pas content que ta grand-mère ait organisé une soirée comme celle-ci pour toi ?

Je me pince les lèvres en soupirant et avalant difficilement ma salive. Là n'est pas la question. Je suis heureux de voir les efforts que fait Mamie pour moi. J'avoue que je ne ne sais pas ce que je ferais sans elle. L'amour qu'elle me porte, le soutien qu'elle me donne chaque jour est une bénédiction. Je ne serais sûrement pas là où j'en suis sans elle. Mais elle en fait souvent trop. Comme toujours.

- Je n'avais pas besoin d'une soirée comme celle-ci.

- Tu as de la chance de pouvoir profiter de tout ça tu sais, me dit-il pensif.

- Je peux te poser une question ?

Il tourne les yeux vers moi, étonné, et intrigué avant de hocher la tête de haut en bas.

- Tu es parti de chez toi après la mort de tes parents ?

Je vois son regard se voiler et ses lèvres se pincer. Il détourne les yeux et approuve rapidement d'un signe de tête.

- Oui. A la suite de la mort de mes parents j'ai dû partir. Mais si j'avais pu choisir je serais toujours là-bas.

- En Corse ?

- Ouais. La mer me manque.

- Et le reste de ta famille ?

- Principalement, Gemma, ma grande sœur. Pour le reste... c'est plutôt compliqué, dit-il en se mordant la lèvre inférieure.

- Désolé, je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenirs.

Il aspire sur sa cigarette, l'air pensif, avant de recracher la fumée.

- C'est difficile de laisser son passé derrière soi et d'essayer de vivre comme s'il n'avait jamais existé.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il nous rattrape toujours Louis.

Il se redresse en soupirant largement, et je l'imite très rapidement. Je plonge mon regard dans le sien, et pendant un instant j'ai envie de l'embrasser.

Encore.

- Je ferais mieux de rentrer... si ta grand-mère me voit dehors elle va faire une syncope, dit-il avec un sourire.

Je baisse les yeux en réalisant que j'étais à deux doigts de coller ma bouche contre la sienne avant qu'il ne parle, et je hoche la tête de haut en bas.

- Tu ne lui diras rien ?

- Nope. Je te le promets, je lui souris en relevant les yeux vers lui, les joues légèrement rosies. Tu ne veux pas venir avec nous là-bas ?

Il secoue la tête de gauche à droite en glissant ses mains dans les poches de son survêtement et répond.

- Non... je n'y ai pas ma place. Retourne auprès de tes invités Louis.

- A demain ?

- Oui, à demain. Je t'ai promis de passer Noël avec toi, me dit-il ironiquement.

La honte. La dernière fois que nous avons parlé de Noël avec Harry, je lui ai clairement dit que je ne voulais surtout pas de lui pendant cette journée. Je me mordille les lèvres en secouant la tête et ajoute alors.

- Désolé pour l'autre fois.

- Jte l'ai dit, maintenant que je connais ton dédoublement de la personnalité, je sais à quoi m'attendre, affirme-il en me faisant un clin d'œil.

Je roule des yeux en rigolant. Je crois qu'il ne me tient pas rigueur de mon comportement de ces dernières semaines. Enfin, j'espère.

- Je te taquine. Allez, vas-y. A demain Louis, assure-t-il en hochant la tête.

Je souris, me penche vers lui pour embrasser sa joue au coin de ses lèvres et je fais demi-tour pour retrouver ma soirée.



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