Chapitre n°11
Domaine Familiale des Tomlinson – jeudi 22 décembre 2016
Louis Tomlinson
Je referme la porte de la chambre où on a installé Harry avec précaution. Je descends les escaliers et retrouve Mamie avec le médecin dans la cuisine.
Je sais que Charlotte, Liam et Niall attendent des nouvelles dans le salon. Je sais que je devrais les rejoindre, parce que ma place est auprès d'eux, mais au lieu de ça, j'entre dans la cuisine.
J'ai besoin de savoir comment Harry va. Vraiment besoin.
- Elisabeth, ce gamin est sous-alimenté et épuisé. Ca fait combien de temps qu'il travaille chez vous? interroge le Docteur Garcia.
Je vois la culpabilité dans le regard de ma grand-mère. Elle se sent responsable de l'état de Harry. Sauf qu'elle n'y est absolument pour rien ! Je pense que l'état d'Harry était préoccupant avant même qu'il ne commence à travailler ici. Ce n'est pas en deux semaines qu'il peut s'être dégradé comme cela. Je ne l'espère pas. Mamie s'en voudrait si c'est le cas.
Quand Madame Garcia est arrivée, je l'ai aidée à le déshabiller après l'avoir monté dans la chambre d'ami. Elle a tout de suite trouvé la source du problème. Son bras droit était brûlé et infecté.
Je me souviens maintenant qu'il s'était plaint de cette brûlure mardi je crois. La plaie s'est infectée et il a fait une mauvaise réaction avec beaucoup de fièvre. Notre médecin de famille nous a avoué qu'elle aurait préféré le faire transférer à l'hôpital, mais on a promis à Harry de ne pas l'emmener là-bas. Donc, elle lui a fait une injection d'antibiotique pour la nuit puis, a donné une ordonnance à ma grand mère pour son traitement.
Je n'aurais jamais cru que Harry aille si mal. Il ne semble pas faible. Ok, il est maigre, ça je ne peux pas le nier pour l'avoir vu nu. Mais je n'aurais jamais dit qu'il était en mauvaise forme.
- Vous pensez que s'il avait été en pleine forme il ne serait pas si malade? demande ma grand-mère.
Le médecin hoche la tête sans aucune hésitation.
Je me pince les lèvres et m'approche de Mamie pour la serrer contre moi.
- Ce n'est pas de ta faute. Et puis, depuis qu'il travaille ici, il a repris du poids. Je suis certain que tu lui as sauvé la mise, je lui assure en embrassant sa joue.
- Vous savez... ce gamin a toutes traces de quelqu'un qui a vécu dans la rue.
Je fronce les sourcils en relevant les yeux vers le médecin et Mamie qui est aussi surprise que moi, l'interroge.
- Il est fatigué, sous-alimenté, résiste au froid, parce que ce n'est pas avec les vieux vêtements de Mark qu'il doit avoir chaud. Je ne serais pas étonnée qu'il y soit encore ou que l'endroit où il vive soit insalubre. C'était une petite brûlure. Pour attraper une infection pareille, je ne vois pas d'autres explications, soupire Madame Garcia.
- C'est pour ça qu'il n'avait pas les vêtements adéquates pour travailler ici... parce qu'il n'avait tout simplement pas de vêtements, je murmure.
Mamie tourne le regard vers moi et hoche la tête de haut en bas, comme pour approuver mes paroles. Pourtant Harry à des amis, je l'ai vu avec la bande du lycée à la soirée de Gigi.
Comment ses amis peuvent-ils le laisser à la rue ainsi? Sérieusement?
A moins qu'ils ne soient pas au courant, je ne vois pas d'autres explications. Je ne pense pas que ce soit le type de chose qu'on ait envie de raconter à tout le monde, amis compris. A sa place, je pense que j'aurais très certainement gardé cette information pour moi.
Je me mords l'intérieur de la joue et relève les yeux vers notre médecin.
- Qu'est-ce que vous préconisez ?
- Du repos, du chaud et un suivi médical. C'est pour ça que j'aurais préféré qu'il aille à l'hôpital. J'ai fait un pansement sur sa brûlure qu'il faudra changer pour nettoyer la plaie. Vous allez avoir besoin d'une aide à domicile avec une infirmière, explique le docteur.
Je vois ma grand-mère qui écoute attentivement ce que Madame Garcia nous préconise pour Harry. Connaissant Mamie elle va tout faire pour le garder à la maison. Elle ne le laissera pas passer la porte d'entrée avant qu'il soit remis sur pied. Et pour une raison que j'ignore, ça me réconforte de savoir qu'Harry sera là et qu'on va prendre soin de lui.
- On va le garder ici jusqu'à ce qu'il aille mieux. Et on va appeler une infirmière, assure ma grand-mère avec conviction.
- Il risque d'être dans le coltard pendant quelques heures encore. Je lui ai administré une forte dose de médicaments. Je lui ai donné des anti-douleurs en plus des antibiotiques, il va dormir encore un moment.
On hoche la tête de haut en bas avec Mamie et je vois Madame Garcia commencer à ranger ses affaires dans sa mallette de médecin.
- Bon je vais vous laisser. N'hésitez pas à m'appeler si vous avez le moindre souci. Mais je ne pense pas qu'il y ait de raison, affirme-t-elle.
- Je vais bien m'occuper de ce petit.
- Il a surtout besoin de repos et de reprendre du poids, assure le médecin.
- Je vais m'en assurer, répond Mamie avant de se lever et de la suivre pour la raccompagner.
Je sors de la cuisine en même temps que les deux femmes et vais retrouver Liam, Charlotte et Niall qui patientent toujours dans le salon. Je pousse la porte de la pièce et leurs trois regards se tournent vers moi d'un seul coup.
Charlotte se lève d'un geste, les yeux remplis d'inquiétude.
- Alors ?
- Il s'est brûlé le bras y'a quelques jours et il a chopé une infection. Il est épuisé et... sous-alimenté selon le médecin.
- Sous-alimenté ? s'étonne Niall en fronçant des sourcils.
- Oui.
- Mais il bouffe comme quatre quand il est ici ! fait remarquer Liam en me regardant.
Je hausse des épaules en approuvant d'un signe de tête parce qu'il a raison, Harry a un gros appétit. Mais cela ne veut pas forcément dire qu'il mange à sa faim une fois sorti d'ici. Je vais devoir me renseigner sur l'endroit où il habite. Je veux être certain qu'il ne loge pas dans un taudis ou tout du moins qu'il a bien un toit au dessus de la tête quand il part d'ici.
Putain, cette situation me rend malade.
- Niall, tu es déjà allé chez lui ? je lui demande alors.
Il secoue la tête de gauche à droite en me regardant étonné de ma question.
Je me rattrape rapidement en reprenant.
- Il va passer quelques jours ici, le temps de guérir. J'aurais voulu qu'on puisse aller récupérer des affaires chez lui. Mais on va attendre qu'il se réveille, je réponds.
- On peut le voir ? demande son ami blond.
- Il dort, mais tu peux y aller si tu veux.
Niall ne prend même pas le temps de me répondre. Il quitte la pièce pour monter à l'étage et voir Harry qui doit encore dormir. Je me retrouve face à Liam et Charlotte qui m'observent pendant un instant. Charlotte reprend cependant rapidement contenance avant de quitter le salon sans un mot pour moi. Ni même un regard à vrai dire.
Je soupire en la suivant des yeux avant d'entendre les mots de Liam.
- Ça va Louis ?
Je hoche la tête à sa question, étonné qu'il s'en inquiète.
- Oui, très bien, pourquoi ?
- Tu sais que tu as formellement interdit à qui que ce soit de toucher Harry à part toi tout à l'heure, c'était.. bizarre. Y'a un truc que tu ne nous dis pas ? demande-t-il.
Je roule des yeux en soupirant avant de croiser mes bras sur mon torse.
- J'étais inquiet. C'est tout. Enfin c'est normal, je réponds simplement.
- Hmm. Tu as parlé à Charlotte ? Par rapport à la discussion qu'on a eu hier soir ?
Je secoue la tête en baissant les yeux.
- Elle ne m'adresse même pas la parole, à vrai dire elle se comporte comme si j'étais inexistant.
Je sens Liam s'approcher de moi et poser une main sur mon avant bras. Je relève les yeux vers lui et il me mime un léger sourire compatissant avant de prendre la parole.
- Laisse-lui le temps.
- Je repars dans moins d'une semaine. Et même si je l'aide en lui donnant quelques conseils, ce ne sera sûrement pas suffisant. On a vu le même cheval toi et moi. Rien que dans son pré, il vous fait chier, alors j'imagine même pas sous la selle. Je ne sais pas si ça sert à quelque chose que je lui propose mon aide si en définitif je ne peux pas aller au bout.
- Sauf qu'au moins, elle réalisera que tu es toujours là. C'est le geste qui compte Louis.
Il retire sa main de mon avant bras avant de se redresser en s'étirant légèrement. Il pose les yeux sur moi.
- Penses-y Louis.
- Oui. J'y penserai, je réponds en baissant le regard sur mes mains.
Je l'entends s'éloigner mais la porte du salon ne tarde pas à s'ouvrir, et Mamie vient s'asseoir à côté de moi. Elle passe un bras autour de ma taille et je me blottis contre elle en fermant les yeux.
Elle me berce pendant un moment, et sans que je ne réalise pourquoi, je fonds en larme.
*
Je suis resté pendant un grand moment avec ma grand-mère dans le salon. Niall nous a rejoint au bout d'un moment. Il nous a dit que Harry dormait encore et qu'il repasserait le voir demain avant de prendre son avion pour l'Irlande. Mamie l'a remercié et raccompagné jusqu'à sa voiture pendant que moi je suis remonté voir Harry. Mamie l'a installé dans la chambre d'ami à côté de la mienne. Il semble si paisible dans son sommeil, alors que, intérieurement, il doit lutter pour guérir.
Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui a pu arriver pour qu'il puisse se retrouver dans cet état. Harry semble être un garçon intelligent et plein de ressources. Comment a-t-il pu laisser les choses s'empirer ainsi?
Je soupire largement en m'asseyant sur le rebord du lit et je laisse mes yeux se poser lui. Ses cheveux encadrent son visage angélique, ses paupières tressautent légèrement, comme s'il était au milieu d'un rêve. Je glisse une main contre la sienne, la serre doucement avant de la relâcher et de quitter la chambre. Je redescends dans l'entrée, enfile mon manteau, mes bottes et sors.
Je prends une grosse bouffée d'air fraîche en fermant les yeux avant de frissonner à cause du froid. La nuit ne va pas tarder à tomber. Il y a de la lumière aux écuries et je comprends qu'ils n'avaient pas terminé leur travail quand Harry est tombé.
Je soupire, enfouis mes mains dans mes poches et m'avance jusqu'au premier bâtiment. Sauf que je suis rapidement interpellé par la voix de Charlotte sur la gauche. Je tourne le regard et la vois au milieu du pré où Apocalypse est depuis presque une semaine. Un seau de grain à la main, des carottes dans l'autre, je souris et m'avance jusqu'à la barrière en bois.
Je la regarde s'approcher de l'animal qui l'observe avec curiosité. Elle réussit presque à poser une main sur son pelage quand le cheval part dans l'autre sens en coups de cul explosifs. Je secoue la tête, souriant avant de voir Charlotte rebrousser chemin.
- Tu as essayé les couloirs de sangle ?
Je vois Charlotte s'arrêter au milieu du pré, se tourner vers moi avant de m'interroger du regard. Comme si elle venait de voir un revenant.
- Tu fais un couloir avec des sangles ou de la rubalise, de l'entrée du pré jusqu'à l'écurie. Ensuite, tu t'arranges pour le pousser à l'intérieur et l'emmener à son boxe en liberté.
- Je n'y ai pas pensé effectivement... on... a encore le temps de le faire avant la tombée de la nuit ?
Je hoche la tête et réponds.
- Je vais chercher le rouleau de clôture, Liam et Niall. On ne sera pas de trop pour faire ça. Je suis sûr qu'à partir du moment où on aura ouvert la porte du pré, il va s'engager dans le couloir. Il a l'air curieux. Il ne pourra pas s'en empêcher.
Elle s'approche et passe par dessus la barrière pour me regarder avant de hocher la tête. Je m'éloigne jusqu'à la grange où nous rangeons le nécessaire de bricolage, croisant Niall sur le chemin.
- Tu peux appeler Liam s'il-te-plaît ? On va essayer de mettre en place un couloir pour rentrer Apocalypse de son pré. On ne peut pas le laisser passer une nuit de plus dehors.
Je vois les yeux de Niall s'agrandir comme si je venais de dire la plus grosse connerie du monde. Je lève les yeux au ciel et le vois déguerpir à la recherche de mon ami. Je récupère le nécessaire dans la remise pour installer le couloir et retrouve Charlotte à l'entrée du pré. On tend la rubalise entre l'entrée du pré et les écuries qui sont à quelques mètres, fixant le tout avec quelques piquets en plastique.
Liam et Niall ne tardent pas à arriver et Charlotte se glisse dans le couloir pour ouvrir la porte du pré.
- Maintenant sors. Dès qu'il s'engage dedans, on referme la porte et on le pousse à l'intérieur, je dis en croisant les bras sur mon torse.
Les trois m'écoutent avec un silence religieux et Charlotte vient se mettre à mes côtés après avoir ouvert la porte. Nous attendons à peine dix minutes avant de voir Apocalypse s'approcher et s'engager dans le couloir, les oreilles pointées en avant.
Charlotte et Liam ferment rapidement la porte du pré et Niall essaye de l'attirer vers l'intérieur.
Cinq minutes plus tard le cheval est dans son boxe.
Je regarde Liam et Charlotte se taper dans la main de loin depuis l'entrée de l'écurie. J'hésite un instant à passer à l'intérieur, me mordillant la lèvre inférieure mais finalement je n'ai pas besoin de le faire car Charlotte et Liam s'approchent de moi, suivis par Niall à quelques mètres derrière eux.
- Merci Lou, me dit alors ma sœur en affichant le sourire le plus sincère que j'ai pu voir depuis deux ans.
Liam a raison. Je dois faire des efforts. Rien n'est perdu.
*
Domaine Familiale des Tomlinson – vendredi 23 décembre 2016
Harry Styles.
J'ouvre doucement les yeux en essayant de me redresser dans un lit que je ne connais pas. Il est de toute façon bien trop confortable pour être le mien. Je fronce les sourcils en m'adossant à la tête de lit, et réalise que je suis dans une chambre que je ne reconnais pas. Les murs sont immaculés avec quelques cadres accrochés aux murs, des photos de compétitions équestres sont posés sur l'armoire en face de moi, de grands rideaux blancs recouvrent les fenêtres, et il fait chaud. Bien plus chaud que chez moi. Je porte un t-shirt et un jogging qui ne m'appartiennent pas et mon bras brûlé est bandé.
Je fronce les sourcils ne me souvenant pas comment j'ai atterri ici. Mais rapidement, les images de mon malaise, de Louis me soulevant et m'emmenant chez lui, et du médecin me reviennent en tête. Je fais une légère grimace en me frottant le front avant d'entendre la porte de la chambre s'ouvrir.
- Oh, tu es réveillé Harry, souffle la voix douce et tendre de Elisabeth.
Elle porte un plateau rempli de bonnes choses. Mon regard s'illumine en voyant des viennoiseries fumantes, un bol de chocolat chaud, un grand verre de jus d'orange, et des pommes. Je m'assois en tailleur dans le lit et elle dépose le plateau en face de moi.
- Comment tu te sens ?
- Je ... ça va. J'ai passé la nuit ici ? j'interroge alors en regardant autour de moi légèrement honteux d'avoir passé la nuit là.
Elle sourit en rigolant légèrement avant d'approuver d'un signe de tête.
- Nous n'allions pas te mettre dehors quand même, dit-elle en me tendant le verre de jus. Bois, c'est plein de vitamines.
Je souris, l'attrape et le porte à mes lèvres. Je reconnais tout de suite les saveurs d'un jus de fruits pressés. Ca me rappelle la maison...
Je souris légèrement et en bois les trois quarts d'un coup avant d'attraper une chocolatine et de croquer dedans. Ça fait du bien de pouvoir manger d'aussi bonnes choses dès le matin.
- Tu me sembles affamédit-elle alors en me couvant du regard.
- Oui, je lui avoue en me mordant la lèvre inférieure et reposant la chocolatine sur le plateau.
- Oh non, non non. Ce n'était pas un reproche Harry. Mange. Si tu as faim, mange, assure-t-elle en glissant une main contre mon bras sain.
Je souris légèrement, mal à l'aise, et hoche la tête de haut en bas avant de croquer une fois de plus dans la chocolatine et je finis par l'engloutir rapidement. Je vide le verre de jus et le bol tout aussi vite sous le regard d'Elisabeth. Une fois mon petit déjeuner dans mon estomac, elle me montre du doigt une série de petites pilules alignées les unes à côté des autre à côté du verre d'eau sur ma table de nuit.
- Le médecin t'a prescrit une liste de médicaments. Louis est allé les chercher en se levant et je vois qu'il a laissé ceux que tu dois prendre le matin ici. Avale donc tout ça et repose-toi encore un petit peu.
Je me retourne vers la table de nuit pour les attraper et les avaler avec le verre d'eau. Elisabeth récupère le plateau qu'elle m'a emmené quelques minutes plus tôt et s'apprête à quitter la pièce quand je reprends.
- Elisabeth... Merci... de ne pas m'avoir emmené à l'hôpital, je dis.
Elle se retourne vers moi en hochant la tête de haut en bas avant de répondre.
- Notre médecin nous a dit qu'il aurait été préférable que tu te fasses hospitaliser, dit-elle en posant le plateau sur le bureau à l'entrée de la chambre.
Elle revient vers mon lit, s'asseyant sur le rebord de ce dernier et reprend.
- Elle nous a dit que tu n'étais pas en bonne santé. Tu manges correctement ?
- Pourquoi ? je demande en fronçant les sourcils.
- La brûlure sur ton bras n'est pas grave. Enfin... ne nécessitait pas de soin particulier à l'origine. Mais Madame Garcia nous a dit que tu étais très faible et que ton corps avait attrapé une infection à cause de ça. Donc... tu manges correctement ?
Je me mords la lèvre inférieure, baisse les yeux et sens la main d'Elisabeth venir se poser sur l'une des miennes. Elle cherche mon regard et je hoche finalement la tête de haut en bas.
- Oui. Maintenant, oui.
- Harry...
- Non... je ne veux pas que vous me regardiez comme ça Elisabeth. Je vous remercie de m'avoir aidé et soigné, mais je vais bien. Je vais aller mieux. J'ai juste besoin d'un petit peu de repos. Demandez à Louis de me ramener chez moi et je reviendrai en pleine forme lundi, j'assure.
Sauf que je la vois secouer la tête en plantant son regard dans le mien.
- Tu vas rester ici jusqu'à ce que l'infirmière que nous avons engagée nous dise que tu es définitivement tiré d'affaire.
- Mais...
- Il n'y a pas de mais. Je ne te demande pas de me dire pourquoi tu ne manges pas à ta faim, ni même pourquoi tu es si faible, et pourquoi tu vis dans un endroit insalubre Harry. Je te demande juste de te reposer et de rester ici le temps que ça aille mieux.
- Mais comment vous...
- Comment je le sais ? C'est notre médecin qui l'a déduit et qui nous en a parlé.
- Je ne veux pas déranger Elisabeth.
- Non, tu ne déranges pas. Tu vas rester ici. Ne t'inquiète pas.
Je crois que je n'ai de toute façon pas le choix. Je baisse les yeux sur mes mains en me pinçant les lèvres. Elisabeth reprend finalement la parole avant de quitter la chambre.
- Je vais demander à Louis de monter te voir tout à l'heure. Je crois qu'il dort devant la télé. Il t'a veillé toute la nuit.
- Quoi ? Je m'exclame en faisant les gros yeux.
Elle sourit et me regarde un instant.
- Il a dormi sur le fauteuil juste ici. Il a insisté pour rester près de toi. Même si je doute que ton état, bien que préoccupant, nécessitait qu'on te veille toute la nuit, il y a tenu.
Je hoche lentement la tête de haut en bas, ne réalisant pas bien les mots d'Elisabeth. J'ai du mal à croire que Louis est pu être aussi prévenant envers moi après son speech du "je t'interdis de venir fêter Noël avec ma famille". Ou alors ce gars à des soucis de dédoublement de la personnalité. Ce qui ne serait pas étonnant puisqu'il est acteur. Il a peut-être des soucis...
- J'organise un repas surprise pour Louis ce soir. Pour son retour et pour son anniversaire. On n'a pas tous les jours 25 ans. Je ne serai pas là cet après-midi. Donc si tu as un souci, n'hésite pas à aller voir Louis, il sera là. Charlotte et Liam seront dehors aux écuries, mais ne sors pas. Ce serait dommage que tu attrapes une pneumonie en plus de tout ça. J'ai mis des affaires de rechange ainsi que des affaires de toilette dans la salle de bain si tu souhaites prendre une douche. Je demanderai à quelqu'un de te monter ton repas à midi, et l'infirmière sera là à dix-huit heures pour refaire ton pansement. Maintenant tu te recouches et tu dors.
Elisabeth me dit tout cela avec tellement de bienveillance que j'approuve d'un signe de tête, me glisse dans les draps et remonte la couette jusqu'à mon menton en fermant les yeux.
Et je crois que je me rendors avant qu'elle ne soit arrivée en bas de l'escalier.
*
C'est le bruit de la porte de la chambre qui me réveille au milieu de la matinée. Je me redresse difficilement, nauséeux et douloureux. Mon regard croise celui de Louis et je le vois faire une grimace.
- Je ne voulais pas te réveiller. Je voulais simplement m'assurer que tu allais bien.
Je me sens plus mal qu'à mon premier réveil. J'ai mal à la tête, à l'estomac et mon bras me lance. Je me redresse en m'asseyant en tailleur pendant que Louis s'approche et s'assoit sur le rebord de mon lit.
- Ca va?
- Je ne sais pas trop. Je me sens très fatigué, je dis en le regardant.
- Tu nous a fait peur Harry.
Je baisse les yeux en réalisant que j'aurais mieux fait de soigner ma brûlure correctement en allant à la pharmacie pour acheter ce qu'il fallait. Je soupire largement et entends Louis reprendre la parole.
- Pourquoi tu ne nous a pas dit que tu vivais dehors.
- Mais je ne vis pas dehors! Je m'exclame en fronçant les sourcils.
- Harry. Je ne sais pas où tu vis, mais je sais que c'est pas un bel endroit, tu n'aurais jamais eu une infection pareille si tu vivais normalement.
Je me crispe en serrant légèrement les mâchoires face à ses mots. Je n'aime pas cataloguer les gens, et j'aime encore moins qu'on le fasse avec moi. Je ne vis pas dehors. Enfin... je ne vis plus dehors. Et puis, je ne vois pas pourquoi je lui en aurais parlé à lui ou à qui que ce soit d'autre. Si c'est pour recevoir de la pitié en retour, pas question.
- Je ne vis pas dehors, j'ai un appartement.
- Harry tu n'as pas besoin de me mentir tu sais.
- Mais je ne mens pas ! J'ai un appartement, je vis en face de chez Zayn. Tu sais le nouveau copain de ton ex. Tu peux le leur demander, ils te diront que c'est vrai.
Je vois son regard s'assombrir et ses lèvres se pincer. Merde.
Je soupire, baisse les yeux et murmure.
- Désolé. C'était méchant.
- Un peu.
- J'ai un appartement, il n'est peut-être pas très propre et pas toujours très bien chauffé, mais au moins j'ai un toit au dessus de ma tête, je dis en me mordant les lèvres.
- Je n'en doute pas. Mais pour ton bon rétablissement, il vaut mieux que tu restes ici, que tu reprennes des forces et... on verra après.
Il se relève en s'étirant légèrement, pose son regard sur moi et je le vois se mordre l'intérieur de la joue. Il veut ajouter quelque chose mais il ne le fait pas. Je soupire et reprends.
- Ta grand-mère ne me laissera pas passer la porte de cette maison avant que j'aille mieux de toute façon.
- Oui c'est du mamie tout craché ça, dit-il en souriant sincèrement.
- Louis ?
- Hmm ?
- C'est vrai que tu es resté là toute la nuit ? je l'interroge alors.
Je vois ses joues rosir, et son regard virer sur ses pieds avant de répondre en balbutiant légèrement.
- Oui... j'avais envie de m'assurer que tu allais pas mourir dans la nuit, et que tu allais bien et que...
- Louis. Merci, je le coupe finalement.
Il relève les yeux vers moi, nos regards se croisent, et je crois comprendre qu'il ne sait même pas pourquoi il a fait ça. Mais il l'a fait. Et je lui en suis reconnaissant.
- Bon... je descends. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. Je te monterai ton repas tout à l'heure.
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