Chapitre n°10

Domaine Familial des Tomlinson – mardi 20 décembre 2016

Louis Tomlinson.

J'en ai voulu à Mamie d'avoir invité Harry pour Noël. Je déteste cette fête, tout comme je déteste toutes les fêtes de famille. Ça me rappelle la mort de mes parents et donc forcément mon accident et ma "nouvelle vie". Ca me rappelle que je ne les reverrai jamais pour cette fête que j'ai tant aimée par le passé, ni pour aucune autre occasion. Et enfin, ça me rappelle que je suis seul.

Chaque année, j'ai l'impression que c'est encore plus difficile que l'année précédente. Parce que l'absence de mes parents me pèse, que Charlotte me déteste un petit peu plus à chaque fois, et que j'ai peur que ce soit mon dernier Noël avec Mamie. Je ne me fais pas d'illusion, les gens ne sont pas éternels. Mamie a 75 ans et, même si elle est capable de passer des heures dans son jardin à remuer la terre, ou qu'elle peut préparer un repas pour 50 personnes, elle s'épuise un petit peu plus chaque jour. J'ai peur de ce qui arrivera après sa mort. J'ai peur qu'une fois ma grand-mère partie, je ne sois plus chez moi ici. Je sais que je devrais profiter de chaque Noël, chaque anniversaire pour cette raison là, mais je n'y arrive pas.

Quand je retrouve Mamie dans la maison, il est presque l'heure du repas. J'ai trainé dehors pendant un grand moment. J'avais besoin de prendre l'air et de faire le point sur tout ce qui se passe dans ma vie. J'ai aussi repensé à ce que Danielle m'a dit sur le film de Guillaume Canet l'autre nuit. Elle m'en a même re-parlé hier avant de monter dans son avion. Je lui ai promis d'y penser. Même si je pense que c'était plus pour lui faire plaisir qu'autre chose que je lui ai dis ça.

Mamie est en train de terminer le repas. Je fronce les sourcils en voyant la table mise pour six personnes. Je relève les yeux vers elle quand j'entre dans la cuisine, et elle m'adresse un simple sourire.

- Liam et ses parents viennent dîner ce soir. Tu prends une douche et tu te fais beau mon lapin.

- Mamie, je sais encore me rendre présentable, je rigole en secouant la tête.

- Hmm. J'ai parfois des doutes quand je te vois à la télé. Allez, ouste. Laisse moi le temps de terminer le repas. Et... rase-toi s'il-te-plaît.

Je roule des yeux à ses derniers mots en rigolant. Pourquoi est-ce que ce genre de commentaire ne m'étonne pas de la part de Mamie ? Elle déteste me voir avec ma barbe de trois jours. Je ressemble tellement à mon père comme ça. Je crois qu'elle me préfère la barbe rasée pour cette raison, même si elle ne me l'avouera jamais.

Sauf que je n'écoute pas ce qu'elle me dit et je ne sors pas de la cuisine. Je m'approche d'elle et jette un œil par dessus son épaule.

- Qu'est ce que tu prépares ? Je lui demande.

- Des lasagnes.

- C'est vrai ? Je fais en sentant mon sourire s'étirer sur mes lèvres.

- Oui et tu auras peut-être le droit de te resservir si tu arrêtes de faire ta mauvaise tête.

- Ma mauvaise tête ?

Elle hoche la tête avant de se retourner après avoir mis son plat dans le four. Elle me sourit légèrement en coin et ajoute en s'appuyant contre le plan de travail.

- Je sais que tu es vexé que j'ai invité Harry pour Noël. Mais il ne rentre pas chez lui pour les fêtes. Il allait être tout seul. Passer un Noël seul est terriblement triste. Je ne souhaite ça à personne.

- Ses parents sont décédés, je lui avoue finalement en me mordant les lèvres.

Je la vois alors faire les gros yeux et je comprends qu'elle n'était pas au courant. Je hoche la tête comme pour lui confirmer mes paroles. Elle ajoute rapidement.

- Raison de plus pour qu'il vienne le fêter avec nous. Et comment tu sais ça mon lapin ? Tu t'évertues à éviter tout contact humain avec qui que ce soit ici depuis ton retour. A part quand Danielle était là. D'ailleurs c'est une brave petite. Je l'aime beaucoup. Tu devrais réellement sortir avec elle Louis. Elle est gentille, attentionnée, elle m'a dit qu'elle t'avait re parlé du film de Guillaume et...

Je soupire en la coupant pour l'empêcher de continuer dans ce sens là.

- Je ne ferai pas ce film.

- Ce serait l'occasion de rester à la maison quelques temps et de te faire des contacts mon lapin.

- Mamie... ça n'arrivera pas.

Je lis la déception dans son regard et ça me fait mal. Je voudrais pouvoir lui dire que j'ai envie de faire ce film. Je voudrais pouvoir lui dire que je suis heureux d'avoir trouvé Guillaume Canet dans ma cuisine ce matin là en me levant. Je voudrais pouvoir lui dire que je vais accepter ce rôle avec grand plaisir. Mais ce serait lui mentir.

J'ai peur de décrocher mon téléphone pour l'appeler ou même ne serait-ce que d'envisager de tourner ce film. Il n'est pas seulement question du thème abordé, même si c'est une grosse partie de mes peurs. Non, il est aussi question du fait que je devrais rester ici pendant le tournage. Je ne veux pas avouer à ma grand-mère que je ne me sens même plus chez moi dans la maison où j'ai grandi. Ça lui ferait trop de mal. Et elle serait capable de me convaincre que ce n'est pas le cas. Alors que c'est faux et qu'elle le sait tout autant que moi.

Je me penche sur elle, j'embrasse sa joue et monte finalement jusqu'à ma chambre. J'attrape quelques vêtements propres avant de filer sous la douche. Je me rhabille correctement, me coiffe et redescends en même temps que Charlotte rentre dans la maison. Elle m'accorde à peine un regard et passe à côté de moi pour monter se changer.

Liam et ses parents arrivent à vingt heures. Je salue Goeff et sa femme chaleureusement et serre la main à Liam que je n'ai pas vu de la journée. Il n'a pas déjeuné avec nous ce midi. Depuis qu'on s'est parlé l'autre jour, je crois que je ressens moins d'animosité entre nous. J'aimerais retrouver mon meilleur ami. J'ai besoin d'une personne à qui parler, je sais que j'aurais pu tout confier à Liam par le passé. Mais aujourd'hui, je ne veux pas m'interposer entre lui et Charlotte. Si je retrouve mon ami, j'ai peur qu'il ne perde sa petite-amie. Je ne voudrais pas être responsable de ça.

- Alors Louis, tu restes jusqu'à Noël quand même ? me demande Karen, la maman de Liam en se tournant vers moi.

Mamie est en train de servir l'apéritif. Nous attendons Charlotte qui est toujours là haut pour trinquer. Je sors mon plus beau sourire à Karen et hoche la tête de haut en bas. Si je me suis toujours entendu avec Goeff, parce qu'il me rappelle mon père, je n'ai jamais réellement porté Karen dans mon coeur. Elles ne s'entendait pas bien avec ma mère, ce qui je pense influe beaucoup sur ma relation avec elle.

Je n'ai évidemment pas manqué le reproche de la mère de Liam dans sa question. J'ai parfaitement compris le "tu vas encore repartir alors que ta famille a besoin de toi."

Je hoche donc la tête de haut en bas tout en regardant Karen et lui réponds.

- Oui, je repars le 28. Je dois voir un collaborateur important avant le 31. Je dois faire le choix de mon prochain film le plus rapidement possible pour me remettre au boulot dès janvier.

- Hmm. Je vois, souffle Karen avant de se retourner vers ma grand-mère pour la complimenter sur la présentation de son apéritif.

Je roule des yeux, et soupire avant de me lever en m'excusant pour aller fumer une cigarette. Je pousse la porte de chez moi après avoir enfilé un manteau et m'assoie sur les marches du perron en allumant ma clope.

Je suis presque étonné d'entendre la porte derrière moi. Je fronce les sourcils, jette un coup d'œil dans mon dos et vois Liam venir s'asseoir à mes côté. Je lui tends mon paquet de cigarette pour qu'il en pioche une mais il secoue la tête en levant une main.

- Non, j'ai arrêté, je te remercie.

- Vraiment ? Tu as réussi ? Pour la ... sixième fois.

Je le vois sourire et secouer la tête.

- Te moque pas.

Liam essaye d'arrêter de fumer depuis qu'on est au lycée. Ça m'a toujours amusé de le voir faire, et d'échouer à chaque fois.

- Combien de temps ?

- Six mois.

- Charlotte ? Je souris en tournant les yeux vers lui.

- Ouai.

- Elle est très forte.

- Jte le fais pas dire, dit-il en hochant lentement la tête de haut en bas.

- Je ne veux même pas savoir comment elle s'y est prise, je rigole.

Il se joint à moi dans mon éclat de rire et je tourne les yeux vers Liam. Ca fait du bien de le voir là comme ça. Ce n'est pas un mauvais garçon. Et je crois qu'il sait faire la part des choses. Il a dû voir que j'étais un petit peu plus paumé que d'habitude. Normalement, quand je rentre je suis souriant, je fais comme si toute cette haine, et tout ce qui m'entoure ne m'atteint pas mais j'avoue que cette fois-ci je n'y arrive pas. Liam m'en veut sûrement d'être parti, mais il restera mon meilleur ami. Même si on a des hauts et des bas. C'est un petit peu comme mon âme soeur je crois.

- Y'a un truc qui te tracasse Louis? finit-il par me demander.

- Je crois que ma vie n'est plus ici. Ni à Los Angeles. Je ne sais pas où est ma vie, où est ma place, je lui avoue.

Je le vois se pincer les lèvres et il laisse son regard fixer la pénombre de la nuit en face de nous. Je porte ma cigarette à mes lèvres pendant qu'il reprend.

- Charlotte ne te déteste pas. Elle est blessée, paumée, et stressée. Apocalypse, le cheval que tu as vu l'autre jour, elle est censée commencer la compétition avec lui à la fin de l'hiver.

- Il a l'air à peine dressé, je lui réponds en fronçant les sourcils. tE il est toujours dans le pré d'après ce que j'ai vu.

Liam hoche la tête de haut en bas en continuant.

- Elle a une pression monstre. Depuis que mon père a arrêté le concours, on a repris tous les chevaux de sport, et c'est beaucoup de boulot. On parlait d'engager un autre cavalier pour nous aider. Ou de diminuer le nombre de chevaux.

- Si on nous confie des chevaux c'est pour que nous les sortions, pas quelqu'un d'autre, je dis en fronçant les sourcils.

- Il est là le souci.

Je me pince les lèvres en soupirant parce que je comprends ce que sous-entend Liam. Je n'ai pas le temp de reprendre la parole que Liam enchaîne.

- Tu te sentirais d'aider Charlotte avec Apocalypse?

- C'est à dire? je demande en fronçant des sourcils.

- La regarder à cheval, lui donner deux ou trois conseils. Elle commence à se dire qu'elle n'y arrivera jamais. Elle a peur que Monsieur Martin ne lui confie plus aucun chevaux. Qu'il... change d'écurie.

Je secoue la tête en le regardant. Pas question que Monsieur Martin change d'écurie ! Il a toujours travaillé avec ma famille. C'est notre plus gros propriétaire. Si on le perd, on perd notre principale source d'argent. Si notre domaine tourne encore très bien c'est en partie grâce à lui. Il ne suffit plus d'avoir un nom dans ce milieu là. Il faut les gens pour tenir notre cap et notre renommée. Sans cela c'est impossible.

- Il ne ferait pas ça. Ca fait des années qu'il travaille avec nous, et il ne jurait que par mon père !

- Ton père Lou. Pas ta soeur, ton père... et même si elle est très douée, ce n'est pas elle qui l'est le plus de vous deux.

Je me pince les lèvres en baissant les yeux avant de me racler la gorge.

- Hmm. Si je veux aider Charlotte... il faudra d'abord qu'on arrive à attraper ce cheval dans son pré. Ca va faire une semaine qu'il est là dedans.

- On ? sourit Liam.

- Oui, on.

*

Domaine Familial des Tomlinson – mercredi 21 décembre 2016

Louis Tomlinson.

- Chris. Je suis en vacances. Je t'ai dis les films dans lesquels je comptais peut-être tourner, je t'ai dis que je serai sur le sol américain le 29 décembre, et que je rencontrerai Ryan Gosling pour ton film avec Jennifer. Est-ce que je peux profiter de la fin de mes vacances en famille ?

- Oui je sais, mais tu es certain de ne pas pouvoir rentrer plus tôt?

Je soupire en roulant des yeux face à ma webcam. Je me pince les lèvres et secoue la tête de gauche à droite.

J'ai reçu un sms de Chris ce matin pour me demander de faire un skype avec lui pour faire le point sur tous les différents sujets. Il voulait aussi me donner mon planning pour mon retour, puisqu'il a visiblement prévu pas mal de choses, sans me demander mon avis. Il va d'ailleurs falloir que j'appelle Vanessa à ce sujet. C'est elle qui gère mon planning d'habitude.

- Non, je ne rentrerai pas plus tôt. Je prends l'avion le 28 depuis Paris, ce qui ne me laissera que deux jours à peine après Noël pour passer du temps avec ma famille.

- Tu auras déjà passé un mois là-bas Louis.

Je me pince les lèvres et me retiens de lui dire ce que je pense réellement. J'adore Chris, mais putain que j'ai envie de lui en foutre plein la gueule quand il s'y met. Dès que je ne suis plus à portée de main ça ne lui plait pas. Il n'était pas enchanté que je reste si longtemps en France à la base. J'ai mis pas mal de temps à lui faire accepter l'idée. Une fois de plus, il me prouve qu'il peut être franchement agaçant voire même oppressant.

- Et Louis... Vous n'avez pas passé de temps à Paris avec Danielle?

Tiens, je l'attendais celle-là.

- On a préféré rester dans ma famille. e devais voir des amis le samedi soir, donc on est resté, je lui réponds en haussant des épaules.

- Adam voulait des photos dans Paris Louis... vous êtes normalement censés suivre votre contrats tu sais.

- Je sais. Mais tu sais aussi bien que moi qu'une fausse paparazzade dans Paris aurait fait tâche pour ma fanbase.

Je le vois tiquer et je sais que je marque un point. Je connais mes fans, je sais comment alimenter les réseaux sociaux pour qu'ils soient contents. Je n'ai jamais été trop présent dans les magazines people. Ca aurait vraiment fait tâche de commencer maintenant. Je n'ai jamais laissé filtrer aucune photo de ma vie privée, ou que très rarement. Et quand c'est le cas, c'est moi qui le fait, via mon compte twitter, sur facebook ou instagram. Les photos qui sortent dans les magazines sont toujours contrôlées par Vanessa, Chris, ou moi. A part en cas de scoop incontrôlable.

- Je sais. Mais c'était une demande d'Adam.

- On a mis des photos sur nos comptes respectifs, on a été présents sur les réseaux, donc je ne vois pas où est le souci.

- Les fans de Danielle et les tiens sont très différents. Elle est dans les magazines tous les quatre matins...

- Oui et bien tant pis. Quand je reviendrai à L.A. on verra, je soupire.

- Ouais...

Je soupire largement tout en baissant les yeux. Je glisse une main dans mes cheveux et détourne le regard.

- Louis... ne fais pas cette tête là enfin, soupire-t-il.

- C'est juste que toute cette situation avec Danielle est grotesque. Et je t'avoue qu'elle n'est pas la seule à commencer à en avoir assez de tout ça, je dis en me pinçant les lèvres. Au début ça allait, mais plus le temps passe, plus je me dis que c'est malsain. Elle a son gars, j'ai ma vie, et ... si je voulais rencontrer quelqu'un ? Construire une histoire ?

- Louis. Avec la vie que tu mènes, tu ne peux pas faire ça.

Je fronce les sourcils en le regardant, étonné de ses paroles. Nous n'avons jamais parlé de ma vie sentimentale autrement que par l'humour. Je n'ai jamais ressenti le besoin de me poser, d'avoir une femme, des enfants, une maison, un chien ! Oui, je voudrais un chien ! Je n'ai jamais parlé de tout ça avec Chris, et peut-être que j'aurais dû le faire.

A chaque fois, c'est la même chose. Quand je finis un projet après la promo d'un film, j'ai le droit à quelques jours de pause, et il arrive avec ses gros sabots et ses scripts sous le bras pour m'en faire choisir un nouveau. J'enchaine les films depuis cinq ans sans relâche.

J'ai envie de vacances. De vrais vacances. Pas celles où Chris m'appelle tous les jours ou presque, pour savoir où j'en suis dans mes lectures, pour connaître mon choix, pour me dire que je dois aller à tel endroit à mon retour à L.A. pour me dire que je suis invité à telle émission, etc... non j'ai envie de pouvoir me lézarder au soleil en buvant un mojito et coucher avec qui je veux sans que la Terre entière soit au courant. Même si, pour ça, je crois que je me débrouille assez bien niveau discrétion. Sauf pour samedi soir... mais ça, c'est une autre histoire.

Je me racle la gorge en reposant finalement le regard sur mon manager à travers l'écran de mon ordinateur.

- Tu sais Chris, justement, je ne sais pas si je veux continuer cette vie là. Je suis fatigué.

- Louis... il te reste tellement de choses à accomplir.

- J'ai déjà gagné trois Oscars et un Golden Globe, je soupire.

- Pense à tout ce que tu peux encore faire.

Je baisse les yeux en secouant la tête.

- Je ne pourrais pas juste rentrer et prendre le temps de rien faire ? Juste quelques semaines ? Ma carrière ne va pas s'envoler tu sais.

- Louis, tu es né pour jouer. On te demande aujourd'hui, pas demain, ni après demain ! Si tu commences à t'éloigner du showbiz, on t'aura oublié dans six mois.

Je lève les yeux au ciel en regardant Chris.

- Ne dis pas n'importe quoi. Tu sais, jte demande pas six mois. Mais je voudrais bien pouvoir prendre du temps pour moi.

- Louis. Tu rentres le 29 à L.A. j'ai ton rendez-vous avec Ryan le 30. Et le 31 nous sommes à la soirée de Léo.

- Donc je n'ai pas le choix ?

- On a toujours le choix Louis. Mais il faut que tu saches ce que tu veux dans la vie.

Le problème c'est que je ne le sais plus vraiment aujourd'hui...

*

Centre ville de Périgueux– mercredi 21 décembre 2016

Harry Styles.

Zayn m'a proposé de venir voir le match de foot à la télé chez lui. Personnellement, je n'ai toujours pas de télé chez moi, ni d'ordinateur donc dès que Zayn me propose ce type de soirée, je ne dis pas non. Je passe d'ailleurs plus de temps chez lui que chez moi. Je crois que ça l'arrange bien. Ca lui permet de passer le temps quand il attend Eleanor. Elle passe de plus en plus de nuits chez lui. Je l'entends presque tous les matins partir de chez lui. Non pas que j'écoute ce qu'il se passe chez Zayn la nuit ! Mais l'immeuble est tellement mal insonorisé que j'entends même quand mon voisin du dessus va pisser !

Je n'aurais d'ailleurs jamais cru que Zayn soit un si fervent fan de foot. J'ai l'impression qu'il joue sa vie à chaque fois qu'on regarde un match des Girondins de Bordeaux. En plus, ils ne sont même pas bons ! Alors mon ami manque de faire une syncope à chaque fois. Et ce soir, son équipe fétiche était tellement à la ramasse, qu'il a coupé la télé avant la fin.

- Tu sais, c'est pas la fin du monde mec, hein, je dis en prenant une gorgée de bière tout en regardant moqueusement mon ami.

Il roule des yeux en se levant du canapé et va se chercher une bière dans le frigo. Il a vidé la sienne en deux gorgées après avoir éteint la télé. C'est dire s'il était perturbé par cette défaite imminente !

- Tu ne comprends pas. Tu n'aimes pas le foot, dit-il en secouant la tête.

Je rigole et prends une gorgée de bière.

- Nope.

- Bon, et si nous parlions d'autre chose, hein ? Parce que sinon tu peux rentrer chez toi, m'avertit Zayn tout bougon.

Je ne peux réprimer mes éclats de rire pour la seconde fois avant de le regarder venir s'asseoir à côté de moi sur le canapé.

- Tu as prévu quoi pour Noël ? me demande-t-il finalement.

Hmm... on ne peut pas continuer de parler de foot et de son équipe de bras cassés ?

- Oh, pas grand chose. J'ai eu le malheur de dire que je n'avais rien de prévu pour Noël ce midi. Charlotte m'a proposé de passer Noël avec eux. Elisabeth m'a donc invité le 24 au soir, je réponds en haussant des épaules.

Même si j'ai dis le contraire à Louis, je compte bien y aller. Parce que je sais que ça le fera chier. Et j'ai envie de le faire chier. Il n'avait qu'à pas me chercher comme il l'a fait. Le seul souci que j'ai, c'est que maintenant que je sais de quoi il est capable dans l'intimité, j'y gouterais bien de nouveau. Il a laissé sur ma peau comme un goût de reviens-y.

- Tu vas sérieusement aller faire Noël chez les Tomlinson? s'étonne Zayn.

Je hausse des épaules en portant ma bière à mes lèvres. Je ne vais tout de même pas lui avouer que j'ai envie d'y aller juste pour faire chier Louis. Je réponds donc tout en le regardant.

- Je n'ai rien de prévu Zayn. Et si je n'y vais pas, j'ai peur qu'Elisabeth fasse une attaque, je rigole en secouant la tête.

- Tu m'étonnes. Charlotte est adorable, sa grand-mère aussi. Mais je sais pas si je pourrais passer une soirée avec Louis. Le 24 décembre c'est pas seulement Noël chez eux Harry, c'est aussi l'anniversaire de Louis.

Je fais les gros yeux à cette annonce et plonge mon regard dans le sien. Donc c'est pas par hasard qu'Elisabeth m'a invité le 24 au soir. Il n'y a pas que Noël, il y a aussi l'anniversaire de son petit fils. Je soupire et bois un petit peu de ma bière.

- Ecoute, c'est toujours mieux que de passer Noël tout seul. Niall voulait que j'aille en Irlande mais comment tu veux que je me paye un billet d'avion à cette période là? je soupire.

- Et pourquoi tu ne demandes pas à ta famille de venir? me demande-t-il très sérieusement.

Mon coeur fait une embardée dans ma poitrine et je baisse les yeux, me raclant la gorge, mal à l'aise. Je me pince les lèvres et réponds.

- Je n'ai pas vu ma famille depuis que je suis parti cet été.

- Mais tes parents doivent s'inquiéter quand même.

- Ils sont mort Zayn.

Je le sens rougir comme pas possible malgré sa peau couleur chocolat et je me mords l'intérieur de la lèvre. Zayn ne s'est jamais trop intéressé à mon passé jusqu'à il y a quelques jours. En fait, depuis qu'on est vraiment potes, il s'intéresse de plus en plus à moi et à ma vie. Ce qui me parait normal. D'habitude, j'arrive toujours à garder les choses pour moi. Mais je crois que si je dis que mes parents sont morts, peut-être que les gens arrêteront de poser des questions !

- Je suis désolé... je ne savais pas Harry.

- Tu ne pouvais pas deviner. Bref. Je n'avais qu'eux Zayn, et après leur mort, je suis parti. Le reste de ma famille c'est... compliqué. Donc non, je n'appellerai pas ma famille pour qu'ils viennent passer Noël avec moi puisqu'ils ne viendront pas.

Ou tout au contraire, ils risquent de venir, mais pas pour les bonnes raisons.

- Je vois. Désolé de t'avoir rappelé de mauvais souvenirs. Sérieusement, j'aurais mieux fait de me taire, réplique Zayn en se pinçant les lèvres.

Je lève les yeux au ciel, lui donne une tape dans l'épaule pour lui dire qu'il n'y a pas de soucis et je hoche la tête de haut en bas. J'enchaîne alors en changeant de sujet. Parler de ma famille ne me met jamais très à l'aise...

- Et, dis-moi Zayn, Eleanor passe de plus en plus de temps ici, je lui dis en souriant en coin.

Il tourne le regard vers moi avant de secouer la tête en rigolant.

- Elle emménage quand? je lui fais ensuite.

- Oh, tais-toi.

Je m'apprête d'ailleurs à rajouter quelque chose quand on entend la clé dans la cerrure, et quelqu'un pénétrer dans l'appartement. On se retourne tous les deux vers l'entrée et nous voyons Eleanor arriver. Je fronce les sourcils en voyant Zayn se lever pour aller la voir et embrasser sa joue. Elle a le visage fermé et semble contrariée. Ou... angoissée? Je me redresse et interroge Zayn du regard. Il secoue la tête pour me dire de rester et que tout va bien. Je me mords l'intérieur de la joue et Eleanor s'approche pour me dire bonjour.

- Il y a un souci bébé? souffle Zayn en glissant une main sur sa taille.

- J'ai vu Elisabeth Tomlinson à la boutique aujourd'hui. Elle organise un repas surprise pour Louis vendredi soir. Et... vous ne devinerez jamais qui a été invité? dit-elle ironiquement.

- Toi? réplique Zayn en faisant les gros yeux.

- Oh oui, mais toi aussi bébé, déclare-t-elle en soupirant avant d'aller se laisser tomber sur le canapé.

Ca n'annonce rien qui vaille. Déjà, quand il a appris que Louis et Danielle seraient présents chez les jumelles c'était la fin du monde, alors se faire inviter chez lui pour une soirée en son honneur? Je crois que c'est la goutte de trop.

- Pourquoi t'es invité ? Et pourquoi MOI je suis invité ? interroge Zayn en soupirant.

- Parce que j'ai dit à Elisabeth que je ne voulais pas venir. Que je ne me sentirai pas à l'aise à ce repas. Et elle m'a naturellement répondu "et bien tu n'as qu'à venir avec ton fiancé, c'est un adorable garçon!" se lamente Eleanor en secouant la tête.

Je me mords l'intérieur de la joue et m'assoie à côté d'elle pendant que Zayn commence à faire les cent pas devant nous. Je glisse une main dans le dos de mon amie et essaie de la réconforter comme je peux.

- Ce n'est qu'une soirée tu sais... et puis, connaissant Elisabeth, elle a dû inviter la moitié de la ville. Tu ne seras même pas tenu de le voir et de lui parler.

- Ouais, sauf que moi, j'ai pas envie de me retrouver comme ça chez ce gars là, ajoute Zayn en me regardant.

Eleanor secoue la tête et reprend.

- De toute façon, je n'ai pas le choix. Je vais devoir y aller.

- Mais il n'en est pas question ! réplique Zayn en fronçant les sourcils.

- Tu fais ce que tu veux Zayn, mais je ne pourrai pas échapper à cette soirée, répond Eleanor avec sérieux.

- Je... vais peut-être vous laisser, je dis finalement en me levant du canapé.

Zayn ne me répond pas et fixe Eleanor qui n'a pas bougé du canapé. Je crois que ces deux là risquent de se fâcher. Je me penche sur la jeune femme, embrasse sa joue en lui glissant un "courage" puis je me retourne vers Zayn.

- Fais pas le con Zayn. Elle a pas choisi de se faire inviter là-bas. Je lui murmure en le saluant.

- Hmm, grogne-t-il à moitié.

Je roule des yeux, récupère mes affaires et quitte l'appartement.

*

Domaine Familiale des Tomlinson – jeudi 22 décembre 2016

Harry Styles.

Ce matin, je me suis réveillé un petit peu patraque. Je pensais que j'étais guéri de mon gros rhume de la dernière fois, mais j'ai l'impression d'avoir de la fièvre. Je suis quand même parti travailler, mais je dois avouer que j'aurais préféré rester dans mon lit. Je me suis habillé chaudement avant de prendre la route pour le domaine. Niall est tout excité ce matin. Il prend l'avion demain en fin d'après-midi pour rentrer chez lui. Ce qui signifie aussi que je serais tout seul demain après-midi pour rentrer les chevaux des prés et donner les rations du soir. Et ça ne me rassure pas beaucoup. Mais voir le sourire de mon ami me réconforte. Il y en a au moins un de nous deux qui va passer de bonnes fêtes.

Ce midi, j'ai tendu l'oreille pour voir si quelqu'un allait parler de la fameuse soirée qui a lieux demain soir. Mais personne n'a abordé le sujet. Donc c'est bien une surprise pour Louis.

Cependant, il y a quelque chose qui m'a pas mal étonné pendant le repas. Liam et Louis se sont parlés. Bon, ils ne se sont pas fendus la poire pendant tout le déjeuner à se taper dans le dos et à se raconter des blagues, mais ils ont discuté calmement de manière civilisée. Ce qui n'a pas vraiment plu à Charlotte.

Après le repas, j'ai laissé Niall s'occuper de son cheval, et je suis allé faire une sieste dans la salle de repos. Je me suis fait un thé, me suis enroulé dans le plaid avant de m'allonger dans le canapé. Ma fièvre n'est pas tombée pendant la matinée et je me suis senti mal à table. Je n'ai pas voulu éveiller une quelconque inquiétude pour Elisabeth donc je n'ai rien dit.

Niall vient me réveiller vers seize heures trente pour me dire qu'il faut qu'on aille rentrer les chevaux du pré. Je hoche la tête en me débarrassant de mon plaid et je le rejoins dehors. Je me débrouille tout seul maintenant. Il me laisse m'occuper des chevaux les plus calme et on se retrouve que pour donner les rations après.

Je m'approche du pré où Lullaby est en train de profiter de ses derniers instants de liberté et j'attrape le licol. Je commence par l'appeler, mais elle ne vient pas. Je soupire, entre dans le pré et m'approche de la jument baie. Je l'aime bien. Elle est douce et plutôt gentille. Elle adore les carottes. J'en ai toujours dans mes poches, conseil de Niall. Ca les amadoue.

J'arrive rapidement à la hauteur de la petite jument qui redresse la tête de sa touffe d'herbe en me voyant arriver. Elle me regarde avec ses grands yeux noirs en secouant légèrement la queue avant de partir dans l'autre sens en galopant.

- Tu ne vas pas me faire chier longtemps Lu' j'ai pas le temps pour ça, et je suis trop mal pour ça surtout, je soupire.

Je traine des pieds jusqu'à la jument en soupirant. Il me faut presque quinze minutes pour la récupérer et lui passer le licole après avoir essayé de l'appater avec des carottes, du grain et du foin. Quand j'arrive enfin à la sortir du pré, elle trottine gaiement à côté de moi et je me sens mal. J'ai couru dans tous les sens pour arriver à l'attraper cette petit morveuse. C'est bien la première fois qu'elle m'embête comme ça. Et ce n'était pas le jour.

J'arrive tant bien que mal jusqu'aux écuries en essayant de calmer la jument qui fait des cabrioles à côté de moi. Je croise Niall qui sort des écuries en même temps que moi, je rentre et il me fait les gros yeux en voyant ma tête.

- Non mais tu t'es regardé dans un miroir ? Tu ressembles à un fantôme Harry !

- Ouai je suis fatigué, je réponds simplement en allant jusqu'au boxe de Lullaby.

Niall ne prête pas attention à moi et je repars vers le second prè pour récupérer un autre cheval une fois Lullaby chez elle. Je soupire en entrant par la porte et vais jusqu'à Glorieux pour l'attraper. Il ne fait pas d'histoire, semble même content de rentrer, peut-être un petit peu trop. Je le tiens fermant par la longe mais je me fais bousculer quand il essaie de me prendre la main pour rentrer aux écuries. Je vacille et manque de tomber le nez dans la poussière. Je me redresse difficilement, pris de vertiges et entends quelqu'un m'interpeller. Je me retourne d'un geste, Glorieux en profite pour me donner un coup d'épaule et je vois Louis arriver en courant vers moi.

Il a juste le temps d'attraper la longe du cheval que je lache en tombant par terre. Et c'est le trou noir.

*

J'entends des voix autour de moi, Louis crie, Niall aussi et Charlotte leur dit de se taire. Je sens qu'on me soulève et je reconnais la douceur des bras de Louis. Je suis incapable d'ouvrir les yeux, mais je suis bien conscient. Enfin, à moitié. Je sens la chaleur de la maison m'envelopper et la douceur du canapé sous moi quand il me pose. Je gémis légèrement en sentant sa main froide se poser sur mon front et je commence à entendre leurs voix distinctement.

- Il est brûlant de fièvre, Dit Louis inquiet.

- Je savais bien qu'il avait une tête de malade tout à l'heure, ajoute Niall.

Une porte claque, je sens la présence d'Elisabeth au dessus de moi et elle attrape une de mes mains. Je frissonne au contact de ses doigts chauds sur ma peau gelée et j'ouvre difficilement les yeux. J'ai mal au crâne et je vois flou.

- Il faut appeler une ambulance, il est dans un état lamentable, souffle Charlotte dans un coin de la pièce.

Je secoue lentement la tête de gauche à droite en ouvrant la bouche pour essayer de parler, mais aucun son ne sort d'entre mes lèvres. Elisabeth glisse une main contre ma joue, comme pour me rassurer et murmure au dessus de mon visage.

- Harry, on doit appeler un médecin, tu ne vas pas bien. Tu as besoin de soins.

- Pas l'hôpital, j'arrive à gémir en grimaçant.

Elle se pince les lèvres, se redresse et se tourne vers le reste de l'assemblée qui me regarde agoniser. Non je n'exagère pas du tout.

- Tout le monde dehors. Charlotte appelle Madame Garcia pour qu'elle vienne le voir de toute urgence.

Niall et Liam contestent, Charlotte sort de la pièce et Louis reste statique à côté de moi accroupi en attrapant une de mes mains. Elisabeth soupire, se lève et met les deux garçons dehors tout en laissant Louis près de moi. Je crois que sa présence m'apaise. Je ferme les yeux en tournant le visage vers le canapé, soupirant.

Pourquoi je me sens comme ça?

Louis serre ma main dans la sienne et se penche sur moi.

- Harry, ne t'inquiète pas, ça va aller. Ok ? Ca va aller.

Je ne réponds pas et ferme les yeux, j'ai envie de dormir...

- pas l'hôpital... pas l'hôpital... je murmure.

- Non on n'appelle pas l'hôpital ne t'inquiète pas. ok ? Ne t'inquiète pas, me dit-il d'une voix douce.

Je sens qu'Elisabeth est revenue. Elle pose un linge mouillé sur mon front et je soupire de soulagement à son geste. Ca fait du bien. Je rouvre les yeux et plonge mon regard dans l'océan au dessus de moi. Louis me sourit, glisse une main sur ma joue et je penche la tête pour accompagner son geste.

- Le médecin arrive, déclare Charlotte en rentrant dans la pièce.

Et, c'est le trou noir.


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