CHAPITRE N°1



Los Angeles – Vendredi 25 Novembre 2016

Louis Tomlinson.

« Il paraît que votre dernier film a été un véritable calvaire à tourner, pouvez-vous nous en dire plus ?

Je crois surtout que ça a été très compliqué autant physiquement que moralement. Vous savez quand on tourne un film sur la seconde guerre mondiale, ce n'est pas anodin. Même si c'est en parti romancé, c'est avant tout une histoire vraie que nos grands-parents ont vécu. C'est toute une préparation physique et mentale lorsqu'on doit commencer à tourner un film comme celui-ci. Des heures à la salle de musculation, mais aussi des heures pour se renseigner sur les faits historiques. J'aime me plonger dans l'univers de mes films. Sans cela, je ne vois pas comment je peux être crédible dans mes rôles.

L.T

Est-ce que le fait de raconter une histoire qui s'est passée chez vous en France vous a particulièrement touchée ?

Sans aucun doute. On raconte l'histoire du débarquement. Le tournage ne s'est peut-être pas fait entièrement là-bas mais quand on s'est retrouvé en Normandie, j'ai traîné mes collègues sur les plages du débarquement comme celle d'Omaha Beach. J'avais vraiment besoin de leur montrer ce que ça représentait pour mon pays. Je pense que ça nous a tous aidé dans notre jeu, et que ça nous a rapproché.

L.T

On voit que vous êtes véritablement fier d'avoir pu tourner dans un film qui parle de l'histoire de votre pays. Auriez-vous un peu le mal du pays ?

Il y a cinq ans, quand je suis arrivé à Los Angeles je ne m'imaginais pas faire le métier que je fais aujourd'hui. J'avais besoin de changer d'air et surtout de prendre du temps pour moi. J'ai eu la chance de rencontrer Chris qui a réussi à me convaincre en trois minutes à peine de passer les castings pour mon rôle dans Captain America. Ensuite, tout s'est enchaîné. Je n'ai pas passé beaucoup de temps chez moi et oui je commence à avoir le mal du pays. Je compte bien m'envoler pour la France dans les jours qui viennent pour profiter de ma famille et des fêtes de fin d'année avant de repartir pour une nouvelle année de folie ici.

L.T.

Nous allons donc devoir dire au revoir au plus frenchy de tous les américains pour quelques semaines ?

Comme chaque année, je vais rentrer en France pour Noël. Sauf que cette année je voudrais profiter de ma famille plus de trois jours comme l'année dernière. –rire-

L.T.

Bien, une dernière question... est-ce que vous avez des rôles en vue ?

Je repars chez moi avec une tonne de scripts sous le bras. Croyez-moi, vous n'allez pas m'oublier de sitôt.

L.T

A très bientôt alors Louis.

Merci à vous pour cette interview.

L.T »

- Je t'ai trouvé très naturel Louis dans cette interview. Je suis fière de toi, me sourit Vanessa en déposant le dernier Vanity Fair en face de moi. Normalement elle devra être traduite pour la version française du mois de décembre.

J'attrape le magazine qu'elle vient de glisser devant mes yeux et regarde mon portrait en première page. Je sens un sourire de fierté s'étirer sur mes lèvres. Je sais que Vanessa a dû remuer ciel et terre pour m'avoir cette interview pour Vanity Fair.

- Merci à toi surtout Vanessa.

- Ne me remercie pas, tu m'as bien assez remercié en me faisant une super interview, m'assure-t-elle en hochant la tête. J'ai eu Chris au téléphone, il est très content.

- Je n'en doute pas, je rigole en tournant les pages pour arriver au dossier qui m'était spécialement dédié.

Je me mordille la lèvre supérieure en souriant doucement. Dire qu'il y a cinq ans personne ne me connaissait. Aujourd'hui, je ne peux plus mettre un pied dehors sans que ce soit la folie autour de moi. J'ai l'impression de vivre dans un autre monde depuis que j'ai accepté ce putain de rôle pour jouer Captain America. Chris, mon manager, a fait un pari risqué en me poussant sur le devant de la scène. Je parlais à peine anglais, je ne connaissais rien à l'art de la comédie, et pourtant quand le film est sorti, il a fait un tabac. J'ai pu faire des rencontres extraordinaires, et qui ont réellement changé le cours de ma vie. Heureusement que Chris est d'ailleurs resté auprès de moi pour gérer ma vie professionnelle et que Vanessa s'est rapidement ajoutée à l'équation pour gérer ma vie publique. Sans eux, je serais totalement perdu et incapable de gérer toute cette folie.

- Ensuite quel est le reste du programme de la journée avant mes vacances ? je souris.

- Tu as une soirée de Gala ce soir avec Danielle. Tu dois passer la prendre à dix-neuf heures. Ta tenue a été livrée ce matin chez toi. Selena sera chez toi à dix-huit heures pour t'habiller, te coiffer et te maquiller. Il y aura la presse. Vous devez être irréprochables ce soir. Et plus amoureux que jamais.

- Hmm..

- Louis, tu sais très bien ce que j'en pense. J'ai accepté ce contrat uniquement parce qu'il s'agit d'une amie à la base, mais je t'avoue que lui rouler des pelles devant les caméras de tournage ça passe, mais devant des paparazzis, c'est moyen.

Je la vois rouler des yeux, mais elle ne répond pas. Elle sait pourtant que je n'aime pas cette idée qu'ils ont eu avec Chris. Je connais Danielle depuis un ou deux ans maintenant. On s'est rencontrés sur un tournage, son premier tournage en réalité. Elle était un petit peu perdue et ne savait pas comment gérer sa nouvelle notoriété. Etant passé par là, je l'ai beaucoup aidé à tout comprendre et savoir comment gérer sa nouvelle vie. En voyant que notre amitié passait très bien auprès des fans, on a commencé à nous demander de jouer la comédie pour la promo du film sur lequel on s'était rencontrés.

« En couple à l'écran comme à la vie, Louis Tomlinson & Danielle Campbell ». Au début ça nous faisait rire, mais maintenant ça devient lourd. Surtout que Danielle a rencontré quelqu'un récemment et qu'elle voudrait pouvoir se délester de ce poids pour vivre sa vie. Je ne suis même pas certain qu'elle veuille réellement continuer dans le cinéma en plus...

- On en reparlera à ton retour après les fêtes, ok ?

- Ok...

- D'ailleurs... si elle pouvait venir te rendre visite lors de ton séjour chez toi, commence Vanessa en faisant une petite grimace attendant ma réaction qui ne se fait pas attendre.

- Vanessa, je soupire en roulant des yeux.

- C'est une idée de Chris.

J'adore Chris. Mais pas lorsqu'il essaie de contrôler ma vie privée. En matière de boulot, je lui fais entièrement confiance. Je confierais aussi ma vie publique à Vanessa sans hésiter. Mais concernant ma vie privée, ma famille, etc... je préfère garder mon jardin secret. Ce qui est plutôt facile puisqu'un océan nous sépare.

- J'en parlerai à Danielle. Mais tu sais aussi bien que moi qu'elle doit avoir des obligations, je tente.

- Je sais bien. Je te promets d'en parler à Chris pendant ton absence. Il t'a bien fait passer tous les scripts que tu dois consulter pendant ton break ?

Je hoche la tête de haut en bas. Chris m'en a passé au moins six. Je n'ai même pas regardé de quoi ça parlait. Chris en reçoit par dizaine chaque mois. Il fait un tri très sélectif avant de me les remettre. Le dernier choix me revient toujours. Même si j'en sélectionne toujours deux et qu'on choisit le plus adapté à deux.

- Bien. Je te laisse alors. Ton vol est à dix-sept heures demain, tu arriveras ainsi à Charles de Gaulle à treize heures et ton vol en correspondance pour Bordeaux sera à quatorze heures. Normalement à dix-sept heures au plus tard tu seras chez toi.

- Parfait, merci beaucoup Vanessa.

Elle me sourit et hoche la tête de haut en bas.

- On déjeune toujours ensemble demain midi avec Selena et Chris ?

J'approuve d'un signe de tête. Depuis que nous travaillons ensemble, nous faisons toujours un repas de fin d'année avant que je ne parte pour la France. Chris vient avec sa femme. Selena vient avec son mec. Tandis que Vanessa et moi venons accompagnés de la personne que nous fréquentons à ce moment là. Chris est marié, a des enfants et ne compte pas divorcer de sitôt. Selena est avec Justin depuis si longtemps que je ne crois pas l'avoir connue sans lui. Quant à Vanessa... elle butine de fleur en fleur assez régulièrement. Et moi... à part cette fausse relation avec Danielle qui dure depuis maintenant presque un an... pas grand-chose ne s'est passé dans ma vie. On dira que je n'ai pas forcément le temps de penser à tout ça.

- Oui Chris sera là avec Gwyneth, Selena avec Justin et j'emmène Danielle aussi.

- Ok. Comme d'habitude je serai donc la seule célibataire à ce fameux repas, rigole-t-elle.

Je roule des yeux en secouant la tête de gauche à droite avant de sourire et de lui répondre.

- Je ne suis pas vraiment avec Danielle hein.

- Lou... tu as couché avec elle non ?

Je sens le rouge me monter aux joues et je détourne le regard.

Ok c'est arrivé une fois, il y a environ deux mois. On était en promo pour le film en Corée et on dira que la soirée nous a particulièrement enivré, que mes lèvres se sont malencontreusement retrouvées collées contre les siennes et que mon corps s'est retrouvé nu contre le sien. MAIS ce n'est arrivé qu'une fois. Elle s'en voulait d'ailleurs énormément vis-à-vis du gars qu'elle venait de rencontrer.

- C'était un accident de parcours, je réponds en secouant la tête.

- Hmm. Ouai mais quand même. Bref, on se voit demain ?

- Ouai Gwyneth a prévu un gigantesque repas je crois, lui dis-je en souriant.

- Comme d'habitude, dit-elle en commençant à récupérer ses affaires alors qu'elle est sur le point de partir.

- Ouaip.

- Bon, j'y vais. N'oublie pas, Selena à dix-huit heures, Danielle à dix-neuf heures. De toute façon, Joe passera te prendre puis il ira jusque chez Danielle.

Je hoche la tête de haut en bas en souriant. Comment oublier Selena? Elle doit déjà me harceler de messages pour me dire de prendre ma douche, de me laver les cheveux, etc... pour qu'elle n'ait pas à trop en faire quand elle arrivera tout à l'heure !

- Je n'oublie pas, ne t'inquiète pas.

- Tu souris au caméra, etc... Je peux te faire confiance ?

- Vanessa...

- Oui bon j'y vais, à demain.

Elle me claque la bise et quitte ma villa en vitesse. Une fois seul chez moi je soupire de soulagement et me laisse tomber sur le canapé en allumant la TV. Enfin un petit peu de tranquillité. Demain, à la même heure, je serai en direction de l'aéroport pour rentrer chez moi...

Bon sang, il me tarde de rentrer à la maison !

*

Selena est arrivée juste à l'heure pour m'aider à m'habiller, me coiffer et me maquiller. Quand Joe arrive à dix-huit heures quarante-cinq, je suis tout juste prêt. Selena est plutôt contente du résultat et me demande de faire très attention à ma tenue. Elle vient d'un célèbre créateur qui me l'a prêté pour la soirée. Pas question de la ramener tâchée d'alcool. De toute façon, avec notre repas et mon vol de demain, je ne peux pas me mettre la tête à l'envers ce soir.

Il y aura beaucoup de caméras, du monde, pas question qu'une image de moi en train de vomir mes boyaux soit diffusée demain sur les réseaux sociaux et sur la toile. On est passé prendre Danielle chez elle pile à l'heure et maintenant Joe nous emmène jusqu'au lieu de la soirée dans la grosse berline aux vitres teintées. Mon amie me semble préoccupée, elle pianote sur l'écran de son téléphone depuis que nous sommes partis. Elle porte une élégante robe rouge, ses cheveux sont lâchés et son maquillage est parfait. Danielle fait partie des rares filles de ce milieu à se coiffer et se maquiller toute seule. Toujours en simplicité et fait avec beaucoup de style et de goût.

Mais elle commence à me faire flipper à ne pas me décrocher un mot et à regarder le paysage par la vitre sans me calculer.

- Danielle ? Quelque chose ne vas pas ? Je lui demande finalement.

- Nick m'a larguéedit-elle simplement en se pinçant les lèvres.

Aïe !

Je sais que je suis sûrement en partie fautif dans cette histoire. Ils s'étaient déjà disputés il y a quelques semaines à mon sujet. Il lui reproche constamment de ne pas faire ce qu'il faut pour arranger les choses et régulariser notre situation. Pour que nous ne soyons que des amis aux yeux de tous. Sauf que Nick n'est pas du même monde que nous. Il est infirmier dans un hôpital de Los Angeles et il ne comprend pas toujours tous les enjeux de notre carrière avec Danielle. Il n'a donc sûrement pas compris qu'on ne pouvait pas se « séparer » aussi facilement avec la jeune femme.

- Je suis désolé.

- Pas autant que moi. Mais ne t'inquiète pas, je serai souriante sur les photos ce soir.

Je me pince les lèvres, me penche sur elle et la prend dans mes bras. Je la sens se blottir contre mon torse en passant ses bras autour de moi et elle commence à pleurer silencieusement. Quand Joe s'arrête dans la rue où nous sommes censés descendre, je me pince les lèvres et lui demande de faire un tour pour laisser le temps à Danielle de se remettre de ses émotions.

Voilà pourquoi je suis content de rentrer chez moi plus de trois jours. Je ne serai pas obligé de tenir un rôle là-bas. Alors qu'ici, chacun de mes faits et gestes est savamment étudié et critiqué par tous et tout le monde. Je fais toujours très attention à ce que je dis et ce que je fais. Je suis pour le plus souvent irréprochable. Mais parfois, j'ai besoin d'être moi-même. Sentir Danielle craquer dans le creux de mes bras ce soir ne fait que confirmer que j'ai besoin de rentrer et de prendre un break.

Dix minutes plus tard, Joe s'arrête pour la seconde fois. Danielle a séché ses larmes, et s'est armé de son plus beau « faux » sourire. Elle s'accroche à mon bras et on sort dans l'arène pour devenir le couple le plus glamour et envié de tout Hollywood.

*

Los Angeles – Samedi 26 Novembre 2016

Louis Tomlinson.

Comme à son habitude Gwyneth en a fait des tonnes. J'aime à me dire qu'un jour, j'aurai une femme comme elle dans ma vie. Elle est douce, aimante et un véritable cordon bleu ! Elle a préparé un repas que les meilleurs chefs ne pourraient lui envier ! Je sais que son côté petite fée du logis agace parfois Chris, mais je crois qu'il ne se rend pas compte de la chance qu'il a. Et puis, leurs enfants sont adorables. Apple et Moses sont tout simplement à croquer. Bien éduqués, polis et toujours souriants, je crois que je tombe un petit peu plus sous leur charme à chaque fois que je les vois.

Selena est évidemment venu avec Justin. Je n'apprécie pas trop ce mec. Il me parait bizarre et parfois un petit peu égocentrique. Selena est haute en couleur donc il n'y a rien d'étonnant à ce qu'elle soit avec un mec comme ça. Ils se connaissent depuis si longtemps de toute façon... je ne l'ai jamais connu avec un autre et je ne la vois avec personne d'autre.

On est arrivés ensemble avec Vanessa. Après la soirée de la veille, Danielle n'a pas voulu venir. Elle a dormi chez moi cette nuit mais a décliné l'invitation. Elle vit plutôt mal sa séparation avec Nick. Je crois qu'elle était très amoureuse. J'ai bien essayé de la faire changer d'avis mais je n'ai pas réussi. Je lui ai fait promettre de me donner des nouvelles quand je serai en France et je l'ai poliment invité à venir si elle avait besoin de prendre du temps loin des projecteurs. Elle m'a dit vouloir y réfléchir mais qu'elle ne disait pas non. Je sais donc que je risque de la voir arriver à n'importe quel moment !

- Quand est-ce que tu reviens Louis au fait ?

- Je ne suis pas encore parti que tu veux déjà que je revienne ? Je rigole en répondant à la question de Selena en souriant.

Elle roule des yeux et Justin lui donne un coup de coude dans les côtes comme pour lui demander pourquoi elle pose cette question. Ce mec est supra jaloux. Je connais sa copine depuis des lustres. S'il avait dû se passer un truc avec elle ça se serait fait depuis bien longtemps. Je la considère uniquement comme une amie. Alors il n'a pas à s'en faire !

- C'est que tu vas nous manquer Lou, sourit simplement Vanessa en tournant le regard vers moi.

Elle, j'ai essayé de la choper au départ, mais elle aime les filles... donc je n'ai pas réussi à aller bien loin. Pourtant elle est jolie comme tout ! Je suis certain qu'on aurait pu faire un joli couple. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de la convaincre ! On en rigole encore d'ailleurs... et j'ai un petit peu honte de ça aujourd'hui avec du recul.

- Je ne sais pas encore pour répondre à ta question Selena. J'ai prévu de rester jusqu'aux fêtes.

- Jusqu'à noël ou le réveillon de la St Sylvestre ? Tu sais que y'a la super fête de Léo le 31 comme tous les ans, ajoute Chris en portant sa bière à ses lèvres.

Léonardo Dicaprio, oui c'est important de le préciser.

Tous les ans, l'acteur nouvellement oscarisé organise LA soirée de l'année dans un hôtel de Los Angeles. C'est une foutue soirée où nous pouvons faire ce que nous voulons. Aucune photo n'est divulguée, aucun paparazzi n'est autorisé à venir sur les lieux, ne serait-ce qu'à l'entrée ou la sortie de la soirée. Il y a tout le gratin hollywoodien qui y est invité chaque année. Ma première invitation date de l'année dernière. J'ai cru que j'allais faire un infarctus quand j'ai vu l'invitation dans ma boîte aux lettres. J'ai même cru que Chris se moquait de moi. C'est un petit peu le test d'entrée dans le grand bain. Si on est invité, c'est qu'on a notre place à Hollywood.

- Je ne sais pas, mais je pourrais effectivement m'arranger pour être là le 31, j'avoue en les regardant.

Une soirée chez Léo ça ne se refuse pas.

- Pourquoi ça ne m'étonne pas ? se moque gentiment Chris en souriant en coin.

Je roule des yeux et m'apprête à répondre quand je sens mon téléphone perso sonner dans ma poche. Je fronce les sourcils tout en me demandant bien qui cela peut être. Les seules personnes à avoir ce numéro sont à peu près toutes autour de moi. Il n'y a que Lottie et ma grand-mère qui l'ont aussi.

Quand je sors mon téléphone et que je vois en gros, en grand, en gras écrit « Mamie » je grimace et me lève pour répondre.

- Ah c'est Mamie, rigole Chris avant de se prendre un coup de coude dans les côtes de la part de sa femme. Eeeeeh. Mais ça fait mal ça !

Elle roule des yeux et les trois autres convives rigolent. Ma relation avec ma grand-mère est assez particulière. Mes parents sont décédés il y a six ans maintenant. Depuis, c'est elle qui s'occupe de Charlotte et moi. Même si elle s'occupe plus de ma sœur que de moi, puisque je suis parti de la maison il y a cinq ans. Sauf que ma grand-mère, c'est un dragon. Si je ne réponds pas, elle va appeler Chris, puis Vanessa ! Elle les appelle tellement souvent qu'ils ont enregistré son numéro à « Mamie ». Parce que ma mamie, c'est la mamie de tout le monde. Et même si elle parle très mal anglais, elle arrive très bien à se faire comprendre quand il s'agit de me sermonner par le biais de Vanessa ou Chris.

Je me lève donc pour décrocher et m'éloigne du salon où nous sommes installés. Je me glisse par la baie vitrée et m'avance jusqu'à la piscine pour m'asseoir sur l'un des transats en même temps que je réponds.

- Bonjour mamie, je souris au téléphone.

- Il était temps ! C'est la seconde fois que je t'appelle !, s'exclame-t-elle.

Je ne peux m'empêcher de rigoler parce que je vois très bien son visage avec ses sourcils froncés et sa mine faussement vexée quand elle dit ça. Je secoue la tête et la laisse continuer. Si je parle, elle va me couper la parole de toute façon.

- Tu as bien tout ce qu'il te faut ? Tu n'as pas oublié ton passeport, ta valise ?, me demande-t-elle.

- Ne t'inquiète pas j'ai tout ce qu'il faut !, je lui assure.

- Tu es là ce soir, hein ?

- Mamie. Je prends l'avion tout à l'heure, oui, mais avec le décalage horaire et le vol, plus ma correspondance pour arriver jusqu'à Bordeaux, je ne serai pas là avant demain soir !

- Mais tu m'avais dit samedi mon Lapin ! Qui est-ce qui va m'aider à aller faire mon marché dimanche matin hein ?!

Je roule des yeux en me pinçant les lèvres et ferme les yeux, attendant la suite. Parce que la suite va forcément arriver.

Et ça ne manque pas.

- J'avais prévu de te faire un super poulet farci en plus. Donc si tu n'es pas là, ça ne sert plus à rien que je m'embête en cuisine ! Je me suis levée exprès !

- On le mangera demain soir ton poulet Mamie.

- Farci. Un poulet Farci mon lapin ! Ce n'est pas rien ! Et tu n'es même pas là pour en profiter.

Je ne suis pas encore rentrer qu'elle m'épuise déjà. Elle est tellement protectrice envers Charlotte et moi. Même à l'autre bout de la terre, elle arrive parfois à m'étouffer. C'est pour dire. Mais sans elle, je ne serais sûrement pas arriver jusque là. Donc je ne peux pas lui en vouloir.

- De toute façon, je n'ai pas vraiment le choix, se lamente-t-elle.

- Mamie. C'est toi qui aurais du faire du cinéma. Pas moi je crois.

Je la vois rouler des yeux d'ici et j'en rigole depuis les U.S.

- Je ne te permets pas de te moquer de moi jeune homme. Demain soir le repas sera servi à dix-neuf heures trente très exactement. Tu as intérêt à être à l'heure !

- Oui chef !, je souris.

- Bien. Ta chambre est prête, tes draps lavés et j'ai même fait un petit peu de rangement.

- Tu es la meilleure Mamie. Je vais te laisser, je suis chez Chris et Gwyneth.

- Oh oui c'est vrai tu m'avais dit que tu devais déjeuner chez eux. Ne rate pas ton avion mon lapin ! Et passe le bonjour à Chris et sa petite femme d'accord ?

- Oui Mamie. A demain.

- A demain mon chéri.

- Mamie ?

- Oui ?

- Tu me manques.

Je sens son sourire à l'autre bout du fil dans son silence et elle ajoute un simple « je t'aime » avant de raccrocher.

Demain, je suis à la maison.

*

Marché de Périgueux – dimanche 27 Novembre 2016

Harry Styles.

Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Mon service à la boîte a été assez compliqué. J'ai embauché en retard parce que je m'étais endormi et que je ne m'étais pas réveillé à l'heure. Puis, ça a été une soirée plutôt agitée ! J'ai passé ma soirée à séparer des gars totalement bourrés. Des « Mais il m'a piqué ma meuf » ; « il m'a mal regardé, jte jure frère, il m'a mal regardé ! » ; « tsss jvais lui éclater la tête dès qu'on a passé le bout dla rue t'façon » ont rythmé ma nuit. Quand j'ai enfin pu débaucher à huit heures ce matin, je me suis senti libéré. Le patron de la boîte m'a donné mon argent et m'a dit qu'il me rappellerait en fin de semaine prochaine si jamais il a besoin de moi. Je le remercie et taille vite ma route. Je suis fatigué, j'ai faim, je rêve d'un lit moelleux et d'une bonne douche.

Je suis monté dans ma voiture pour remonter dans le centre ville et me suis garé dans une rue sans trop de fréquentation. Non pas que cette ville soit trop mal famée, loin de là à vrai dire, mais je n'aime pas me garer dans les rues passantes. J'ai toujours peur qu'on me pète un rétro ou qu'on me crève un pneu. Je n'aurais pas les moyens de les changer ou de les réparer. Ma voiture est l'une des dernières choses qui est encore en bon état dans ma vie. Donc autant ne pas la détériorer !

Je sors de la voiture en claquant la portière une fois que je suis garé et attrape le sac à dos qui contient les quelques affaires de valeurs que j'ai encore avec moi. Je remonte la rue où je suis garé pour déboucher sur l'avenue et je pars vers le marché. C'est le seul endroit où je pourrais trouver un truc à manger pas trop cher. Je vais toujours voir les même commerçant depuis mon arrivée en ville et je crois qu'ils commencent à me reconnaître. Le boulanger m'a donné un croissant gratuit en plus de ma baguette de pain la semaine dernière. Le week-end est toujours plus simple à vivre. Avec mes services dans les boîtes, et les marchés, j'arrive toujours à trouver un peu de fric et de quoi manger pour pas cher. La semaine c'est autre chose. Surtout que je dois garder mon argent pour l'hôtel. C'est souvent que je me retrouve à pioncer dans ma voiture parce que je n'ai pas l'argent pour payer la chambre.

Sauf que ce matin, je ne pense pas à ça. Je traverse le marché en essayant de ne pas penser à ma fatigue. Je vais jusque chez le boulanger et il m'accueille avec un petit sourire et un signe de la main.

- Salut ptit, une baguette comme d'habitude ?

Je souris en hochant la tête avant de le remercier quand il me tant la baguette et une petite poche en papier où je devine la silhouette d'une chocolatine.

- Ca fera soixante-quinze centimes, s'il-te-plaît gamin.

Je plonge mes mains dans mes poches, attrape quelques pièces qui trainent et les lui tends. Il me rend la monnaie et je la range soigneusement dans ma poche.

- A mercredi ?

- Oui. Mercredi, je réponds en souriant.

Le mercredi est aussi un jour de marché, donc je me débrouille toujours pour y passer en espérant faire quelques provisions. Je salue le boulanger et mets ma baguette dans mon sac avant de croquer dans ma chocolatine, de bonne humeur. Je souris en me dirigeant tranquillement jusque chez le boucher où j'ai l'habitude d'acheter mon jambon. Le jeune homme qui me connaît me sourit, et me donne ce que j'achète chaque dimanche matin : quatre tranches de jambon. C'est rare que j'en prenne le mercredi parce que je n'ai pas souvent assez de monnaie.

Je le remercie en lui tendant son argent et il me rend la monnaie. Il me souhaite une bonne journée, je lui réponds d'un hochement de tête et me retourne pour me fondre dans la foule. Je dois encore acheter quelques pommes et je serai bon. En tout et pour tout, j'aurais dépensé même pas cinq euros ce qui me permettra de mettre un petit peu d'argent de côté.

Je souris en remontant les allées du marché avant de voir une dame âgée manquer de se casser la figure en trébuchant sur un pavé. Je la rattrape de justesse et lui souris en la laissant se redresser en prenant appui sur moi. Son regard azur me happe et je souris.

- Rien de cassé ?, je demande en souriant.

- Non rien du tout. Mais en même temps, quelle idée de mettre des pavés comme ça en sachant que ce ne sont que des vieux comme moi qui viennent pour le marché ! Ils sont idiots ces gens à la voirie !

Je rigole de bon cœur à ses mots et hoche la tête de haut en bas. Elle pose son panier en osier par terre comme pour se redonner du courage pour continuer son marché. Je passe mon regard de son panier à elle.

- Je peux vous aider ? Vous avez l'air d'avoir du mal avec votre panier Madame...

- Oh tu serais adorable petit ! Enfin petit... tu es dix fois plus grand que moi, mais tu comprends le principe.

Je souris en hochant la tête. Je mets la poche que j'ai récupéré chez le boucher dans mon sac à dos et attrape le panier que cette vieille dame portait toute seule quelques secondes plus tôt en faisant les gros yeux.

- Mais il pèse une tonne votre panier !

- Il faut bien. Je dois préparer un repas de fête pour le retour de mon petit fils, dit-elle fièrement.

Je souris en pensant que ce doit être encore un étudiant parti à l'autre bout de la France pour ses études qui revient à la maison pour le week-end. Qu'est ce que j'aimerais pouvoir revenir à la maison pour le week-end. Je secoue la tête de gauche à droite à cette pensée et lui demande où est-ce que je peux l'accompagner.

- Je me dirigeais vers ma voiture. Tu seras un adorable garçon de me porter mon panier jusque là bas, sourit-elle.

- Je vais le faire avec plaisir Mdame !, j'assure en hochant la tête de haut en bas.

- Oh, appelle moi Elisabeth. Tu es certain que ça ne t'embête pas de m'aider à porter mon cabas ?

Je souris et secoue la tête de gauche à droite. Il est encore tôt et je ne pourrais pas louer de chambre pour la journée et la nuit avant onze heures ou midi. Je peux donc prendre le temps d'aider cette dame à porter son panier quand même !

- Ok ! Je suis Harry, enchanté Madame Elisabeth. Et non ne vous en faites pas je n'ai rien de plus palpitant à faire.

Elle rigole de bon cœur avant de me dire qu'elle n'est pas garée bien loin. Je la suis docilement en trottinant à ses côtés alors qu'elle commence à me parler.

- C'est adorable de ta part. Heureusement qu'il existe encore des gamins comme toi Harry. Ce n'est pas mon petit fils qui m'aurait aidé à faire ça. Il est bien trop occupé, tu comprends. J'ai foi en l'humanité, mais quand je vois qu'il n'y a eu que toi pour m'aider alors que j'allais me casser la figure au milieu de la rue, j'ai des doutes. Heureusement que tu étais là. J'aurais été incapable de survivre à une chute pareille.

Je souris et secoue la tête de gauche à droite en répondant alors.

- Je suis certain que votre petit fils n'aurait pas pu refuser de vous accompagner au marché ! Si je pouvais, je le ferais tous les jours !

- M'accompagner au marché ?, demande Elisabeth.

- Non ! Accompagner ma grand-mère, je rigole en lui répondant.

Malheureusement, je ne vois plus mes grands parents. Ni mes parents. Ni ma sœur. Je ne sais même pas comment va cette dernière. Je reprends vite le dessus quand j'arrive devant un gros 4x4 noir, flambant neuf de chez Audi et qu'Elisabeth me dit qu'on est arrivés à sa voiture. Je ne sais pas pourquoi mais je ne m'imaginais pas une seule seconde cette femme avec une voiture comme celle-ci.

- Merci encore Harry ! C'était très gentil de ta part de m'aider à porter tout ça !

- Il n'y a pas de soucis, je bredouille en la regarder porter son panier pour le mettre à l'arrière.

- Si, ça compte beaucoup pour moi petit ! Entre mon petit fils qui revient une fois l'an et ma petite fille qui travaille plus qu'elle ne le devrait, j'ai pas grand monde pour m'aider tu sais !

Je souris et hoche la tête avant de reprendre.

- Bien, maintenant que je vous ai sauvé, je peux vous laisser ?

- Oui, bien évidemment, je ne vais pas te retenir plus longtemps, sourit-elle en me regardant.

J'approuve d'un signe de tête et m'apprête à faire demi-tour pour partir, quand elle m'interpelle une dernière fois. Je la vois me tendre un billet avec un sourire et me remercier.

- Merci pour ton aide Harry, les gamins comme toi, on en fait plus.

Je souris, gêné d'accepter ce billet de dix euros mais je ne peux pas le refuser. Je l'attrape donc en hochant la tête et la remercie pour l'argent, elle ne doit pas se douter qu'elle vient de m'assurer une nuit de plus à l'hôtel, ou un repas chaud un midi cette semaine.

Je fais donc un pas en arrière en regardant Elisabeth monter dans sa voiture. Elle démarre, me fait un signe de la main et s'en va. Je soupire de soulagement en pressant le billet dans le creux de mes doigts avant de retourner vers le marché. Je dois encore acheter mes pommes.

*

Il est quatorze heures quand j'arrive enfin à trouver une chambre d'hôtel pas trop chère qui pourra m'accueillir pour le reste de la journée et la nuit à venir. Une nuit de moins à passer dans ma voiture. L'été ça ne me dérange pas de dormir dedans, mais l'hiver, il y fait véritablement trop froid. J'ai peur qu'on essaie de la braquer alors que je suis à l'intérieur aussi. C'est peut-être une peur idiote mais elle est véridique.

Je souris en passant la porte de ma chambre et pose mon sac à dos dans un coin. Je retire mes chaussures sales et usées avant de m'avancer jusqu'à la salle de bain. Un sèche cheveux, ce n'est pas grand chose, mais ça veut surtout dire que je vais pouvoir laver des fringues et avoir la certitude de les remettre sèches dans mon sac et pas à moitié mouillées. Aujourd'hui, j'ai de la chance parce que le petit déjeuner est offert avec la chambre, donc je suis assuré de manger un truc demain matin !

Je sors mes affaires sales de mon sac, remplis l'évier d'eau chaude et je les laisse à l'intérieur pour qu'elles trempent un petit peu avant de me déshabiller. Mes vêtements de la journée ne tardent pas à retrouver ceux qui sont en train de tremper puis je retourne dans la chambre. Je m'assois sur le lit et attrape mon enveloppe en papier kraft au fond de mon sac. J'en sors les billets que j'ai réussi à accumuler cette semaine et compte mon argent. En ajoutant le billet d'Elisabeth et ce que j'ai réussi à gagner cette nuit, j'ai presque économisé ce qu'il faut pour louer un appartement pour un mois. Zayn, un de mes collègues de la boîte où je bosse m'a parlé de son cousin, ou de son oncle, je ne sais pas trop. Ce dernier a un immeuble dans le centre ville et pourrait me louer l'un des appartements sans me demander quoi que ce soit. Je n'ai qu'à lui filer le fric tous les mois. Le loyer n'est pas démentiel et je pense pouvoir me permettre de le payer. Une fois que je l'aurai, je pourrai ensuite commencer à me poser et à envisager un véritable métier pour gagner ma vie. Ce n'est pas en faisant la sécurité dans une boîte de nuit le week-end que je vais arriver à faire quelque chose de ma vie. Pour le moment, ça me nourrit et ça me permet de dormir dans un lit pratiquement toutes les nuits, mais je rêve de mieux.

Je retourne vers la salle de bain pour mettre un petit peu de gel douche dans mes vêtements histoire d'essayer de les nettoyer un minimum et je souris d'avance à l'idée de porter des fringues sentant le propre. Une fois terminée de les faires tremper, je les rince à l'eau claire, les étends sur le chauffe-serviette de la salle de bain et je me glisse sous l'eau chaude de la douche. Un magnifique sourire s'étire sur mes lèvres en réalisant qu'il m'en faut bien peu pour me sentir bien depuis que je vis comme ça. Une fois propre, j'ai rapidement séché mes vêtements au sèche-cheveux, enfilé un caleçon propre et je me suis glissé dans la chaleur des draps. Je rabats maintenant la couette sur moi en souriant et m'endors en posant la tête sur l'oreiller.

Demain sera un autre jour, et il sera forcément meilleur.

De toute façon, il ne peut pas être pire.

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