Chapitre 10
Bonzoir, Bonzour. Je suis de retour avec un nouveau chapitre long. Très lond comparé à ce que je fais d'habitude. Il fait plus de 4000 mots soit le double de ce que je fais d'habitude. Dans ce chapitre, on passe par des sentiments extrêmement opposés (genre amour, amitié/ haine; tristesse). Bizes et bonne lecture.
Résumé du chapitre précédent :
Hinata s'est précipité vers l'hôpital car sa sœur s'est réveillée. Mais comme sa mère ne lui a pas dit que son père est mort, c'est à Hinata de s'en charger. Quand il rentre chez lui, sa mère se reprend en main. Il décide ensuite de répondre à tous les messages auxquels il n'a pas répondu durant la semaine écoulée. Kenma s'inquiétait beaucoup alors il lui a dit de ne pas s'inquiéter (indirectement). Mais le message de Kageyama n'était pas du même genre. Il lui demandait de venir le voir vingt minutes avant le volley pour parler de la crise qu'il a eu en cour de maths...
Je souffle sur mes mains en les frictionnant rapidement, un bref instant, dans le but de me réchauffer alors que je me dirige en pédalant vers le lycée. Quelle idée d'avoir accepté le rendez-vous. Quelle merveilleuse idée. J'aurai pu essayer de trouver une idée, une excuse pour ne pas venir, pour repousser la confrontation mais nan, j'ai accepté sans réfléchir pour changer. Un grognement passe la barrière de mes lèvres en repensant à ma naïveté. Dès qu'il s'agit de Kageyama, je me retrouve comme paralysé, incapable de réfléchir ne serait-ce que cinq petites secondes. Je pédale lentement, à la limite de me laisser les faibles descentes me traîner à ma destination. Même si je sais pertinemment qu'il ne supporte pas lorsque l'on n'est pas ponctuel, je ne m'empêcher de redouter la confrontation et donc de la retarder le plus que possible. Mais malheureusement pour moi, les grilles du lycée se font apercevoir et de raproche de plus en plus. Mon coeur résonne dans ma poitrine au bord d'exploser, mes mains sont moites et je suis parfois obligé de les essuyer sur mon pantalon pour garder une certaine adhérence sur le guidon.
Je pose un pied à terre et range mon vélo. Ma respiration est erratique et des tremblements incontrôlables se font ressentir au niveau de mes mains. Je sursaute violemment en sentant mon téléphone vibrer contre ma poche. Je m'en saisis brusquement, dans un geste légèrement peu délicat - manquant de peu de le faire tomber - pour constater en premier lieu l'heure qu'il est. Il semblerait que j'ai une minute de retard et que cela ait agacé mon très cher Kageyama. Je fais une grimace en pensant à ses futurs reproches : « Hinata-boke ! » ; « Incapables d'être à l'heure » ; « Peu ponctuel » ; « lent » ; « piètre feinteur », bref, que de jolis chose. Je souffle donc, de la fumé se formant au passage, déprimé de devoir y aller. Je traine donc des pieds dans la direction du gymnase.
Je relève la tête une fois arrivé devant la porte du gymnase. Il se tient devant moi, la tête baissé - il faut dire que ce n'est pas bien compliqué avec Hinata quand on a à le regarder. Mais ce qui m'étonne le plus, c'est le manque d'injures ou de remarques. A la place, ses sourcils sont légèrement plus froncés qu'à la normale et l'inquiétude peut se lire dans ses yeux. Un silence pesant s'installe entre eux faisant baisser les yeux à Hinata et se balancer d'avant en arrière, du talon sur la pointe des pieds. Mes mains sont jointes derrière mon dos dans le but de cacher mes tremblements à Kageyama. Mon coeur bat si fort que je suis persuadé qu'il peut en entendre les moindres contractions.
« Oï.
_Yo... »
Je souffle bruyamment, expirant l'air inconsciemment bloqué dans ma poitrine.
« T'accouches ?
_Hein ? M-moi ? De quoi ? Je relève brusquement les yeux pour les planter dans le regard bleu nuit du géant ( proportionnellement ) en face de moi. Mais contrairement à d'habitude, je ne me noie guère dans ceux-ci, prit de cour par la question.
_De ta crise, abruti. C'est pour ça qu'on est là je te rappel.
_Ha oui... c'est vrai. Je me gifle intérieurement pour ce manque de réflexion flagrant. Quand je disais qu'il me faisait perdre tous mes moyens. Bah... Je... J'ai paniqué.
_Waoh ! Tu m'éclaires vraiment. Je savais que tu me prenais pour un con mais pas à ce point là. J'ai bien vu que t'avais paniqué. Je veux en savoir la raison.
_Ouais, bah hun, c'est bon ! Je me renfrogne et sens un pincement dans mon coeur. Alors de un, je ne te prends pas pour un con. T'es même un géni au volley. Je le vois arquer un sourcil alors que je me gifle intérieurement en me mordant la lèvre inférieure. De deux, je prends une grande inspiration, j'ai paniqué parce que... parce que... parce que le prof a abordé un point sensible.
_Et c'est quoi le point sensible ?
_Je fais..., Je baisse les yeux pour fixer mes chaussures devenues brusquement extrêmement intéressante, des cauchemars. Je m'attendais à ce qu'il se moque de moi mais il n'en fit rien.
_Et c'est quoi comme cauchemars pour que tu fasses une telle crise de panique ?
_Je rêve de... d'une nuit. Je déglutis en y repensant et ferme les yeux dans le but de me concentrer sur ce que je vais dire. Etrangement, l'avoir dit à l'infirmière précédemment m'aide quelque peu. De la nuit où... où il est... mort. J'ai murmuré cette fin de phrase mais il semble quand même l'avoir entendue.
_Qui ? Sa voix est plus douce, plus calme, compréhensive.
_Mon père.
_Merde. Je suis désolé. »
Une larme part s'écraser au sol. Puis une autre. Je me suis mis à pleurer sans même m'en rendre compte. Je renifle bruyamment en tentant de contenir mes larmes puis m'essuie le nez d'un revers de la manche ( nda : pas la mer, son bras ). Mais plus je tente de retenir mes larmes, plus celles-ci coulent à flots, me forçant à essuyer chacune d'elles pour espérer qu'il ne les ait pas vues, vainement. Pourquoi mon corps ne veut jamais coopérer. Je lui demande juste de ne pas craquer devant les autres. Alors pourquoi le fait-il ? Pourquoi devant LUI ? Je l'ennuie c'est sûr. Je l'ennuie avec mes histoires stupides et mes sentiments pourris. Je l'ennuie de ne pas pouvoir faire de volley, de ne pas réussir des attaques correctes, des services parfaits, des réceptions parfaites. Je l'ennuie avec ma crise de panique. Je l'ennuie tout court.
« Tch ! Fait chier'.
_Déso -»
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que des bras m'entourent pour me serrer dans une étreinte maladroite. Cela a eut le dont de stopper mes larmes. Ma respiration aussi au passage. J'écarquille les yeux en réalisant ce qui est en train de se passer. Ses longs bras caressent maladroitement mon dos dans le but de me réconforter. Il est tendu, je le sens. La peur du rejet. Le manque d'habitude. Tout cela je le connais. Je sais ce que ça fait. C'est pour cette raison qu'une joie immense empli mon coeur, se mêlant à ma tristesse, me faisant repartir dans un torrent de larme. Mais cette fois-ci, il y a quelqu'un de réellement important pour moi avec moi. Je comble alors le peu d'espace que Kageayama avait tenter de préserver entre nous en m'accrochant à lui comme à une bouée de sauvetage. Mes bras sont passés en dessous des siens pour attraper ses épaules et ma tête est calée contre son torse dans le but de cacher mon visage. Je le sens brusquement se crisper après mon geste puis se détendre petit à petit jusqu'à reprendre les va et vient de ses bras sur mon dos. Sa tête s'enfouit dans ma chevelure de telle manière à ce que je sente son souffle caresser mon cuir-chevelu tel le vent caressant le haut des frênes ; une brise délicate. Les battements effrénés de son coeur me font pensés aux battements du miens, similaire et pourtant, ne battant pas pour la même raison. Je savoure cet instant qui, certainement, ne se reproduira jamais. Alors je goûte, comme si c'était la dernière fois, à chaque saveur submergeant mon coeur, mon corps. Tous ces frissons, le sans pulsant dans chacune de mes veines, la tête qui tourne, la moiteur des mains, l'envie d'une étreinte plus forte, plus passionnée. L'oubli d'autrui, l'oubli de ce qui nous entoure, l'oubli de tout sauf de l'instant présent, de ces sentiments secrets, interdits.
Mais tous les bons moments ont une fin et la fin de celui-ci fut l'arrivé de Sugawara.
« Hinata ? Ca va ? »
Je me sépare brusquement de Kageyama et me retourne pour faire face à Sugawara, les joues brûlantes de gênes.
« Y-yo Sugawara. Je baisse les yeux de peur de croiser ceux, perçant, du vice-capitaine.
« Hinata... cela ne répond pas à ma question.
_Ha...heu... bah ouais pourquoi ?
_T'es sûr ? Cela fait un bout de temps que je ne t'ai pas vu sourire comme avant.
_Haha. Tu trouves ? Je me gratte l'arrière de la tête du fait de ma nervosité en me creusant la tête dans le but de trouver une réponse adéquate. Mais Kageyama intervient avant que je n'ai pu faire quoi que ce soit.
_Son père est m-
_C'EST JUSTE QUE LE VOLLEY ME MANQUE ! »
J'ai hurlé cette phrase pour tenter de recouvrir la voix pourtant si belle de Kageyama. Je lui jette en regard lui intimant de ne rien dire à propos de mon père mais il ne semble pas comprendre au vu de la question de Sugawara et de sa réponse.
« Son père est quoi ?
_Mort. »
Je lance un regard haineux en direction du noiraud avant de partir en courant, ignorant la douleur présente dans mes côtes. Les abrutis me servant de harceleur n'ont pas trop retouché mon ventre depuis que je leur ai dit qu'une côte était cassée mais reste que cela me fait souffrir.
« HINATA ! »
J'entends Kageyama hurler mon nom et ses pas résonner derrière moi. Une trahison. Voilà ce que c'est : une trahison. Il m'a trahi, je lui ait confié un secret et l'a dévoilé sans exprimer le moindre remord, comme-si c'était normal. Comme-si annoncer la mort d'un parent d'un ami était normal et que cela arrivait tous les jours. Et ce regard de pitié que Sugawara m'a lancé. De toute manière, tout le monde à pitié de moi. Mais je ne veux pas de cette pitié. Elle est inutile et ne sert qu'à causer souffrance et désespoir. Une main agrippe mon bras en me stoppant dans ma course. Je ne me retourne pas. Je n'en ai pas besoin. Une main pareille, je l'ai déjà vu des centaines, des milliers de fois effleurer la balle dans le but de la passer à l'attaquant ou de feinter en faisant un double jeu. Je la connais sur le bout des doigts. Je l'ai analysée observée, mémorisée. Je reconnais donc sa forme contre ma veste malgré le tissu.
« Je... J'ai merdé ? Je ne réponds pas, pas besoin. Putain ! J'suis désolé. Ses mots ont l'air de lui coûter beaucoup, il est vrai qu'il fait des efforts pour tenter de surpasser son égo surdimensionné. Je sens une légère hésitation avant d'entendre un soupir de résignation. J'ai perdu mon père quand j'avais six ans. Depuis je vis avec ma mère. J'ai mis du temps à m'en remettre. Beaucoup de temps. »
Une barrière venait de se briser. Une barrière significative. Une barrière marquant le début d'une relation autre que rivale. Une relation plus profonde. Une amitié prenant racine, une véritable amitié. Autrefois là où le chemin sentimentale s'arrêtait à un mur aujourd'hui se ramifie en différents sentiers à emprunter, certains sans retour en arrière, d'autres se rejoignant pour tisser des liens, des liens solides ; le début d'une réelle amitié.
Je me retourne brusquement pour planter mes yeux flamboyant dans ceux, d'un bleu profond, bleu comme les tréfonds de la mer, de Kageyama. Toute haine envolée pour laisser place aux sentiments, de la confiance, de l'amitié. Parfois même plus mais chacun faisait inconsciemment impasse sur ceux allant plus loin que la simple amitié : l'amour. Mais Kageyama brisa cet instant, mal à l'aise, en s'éclaircissant la gorge.
« On ferait mieux d'y retourner sinon le coach va nous passer un savon.
_Oui c'est vrai. »
Je rigole doucement pour finalement me diriger vers le gymnase une emprise sur mon bras me retient. Je réalise alors que Kageyama ne m'avait pas lâché depuis tout à l'heure.
« Hum, heu... Serait-il possible que tu cesses de prendre mon bras pour un doudou ?
_Ouais, bah c'est bon hein! »
Il semble brusquement prendre conscience de la situation et rougis instantanément, me faisant rire aux éclats. Je le vois alors se renfrogner et me jeter un regard noir empli de haine et de malice. Un rictus traverse son visage me faisant comprendre qu'il valait mieux courir si je souhaitais rester en vie. Je prends alors mes jambes à mon cou en direction du gymnase, espérant y trouver du soutient.
« Reviens là !
_Jamais ! »
Je continu jusqu'à arriver essoufflé dans le gymnase, talonné par Kageyama. Mais ce que je n'avais pas prévu, c'était qu'il me prenne par le col et me plaque contre le mur du gymnase.
« On se calme les garçons. »
Mais nous n'écoutons pas l'avertissement de Sawamura. Nous sommes de nouveau dans notre bulle rien qu'à nous. Son regard planté dans le mien, le mien dans le sien.
« Tu vas le regretter. »
Je suis soudain pris d'une envie soudaine. Une envie irrésistible. Une envie que des amis ne sont pas sensés avoir. Une envie malsaine mais irrésistible. Je penche près de son oreille et avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit, je lui mords le lobe de son oreille avant de partir dans un fou rire en constatant l'effet de mon action. Il est rouge jusqu'aux oreilles et a inconsciemment relâché sa brise, le regard planté dans le vide. Je me plis en deux, manquant d'air à force de rire, une douleur lancinante dans les côtes et les larmes aux yeux. Mais je ne peux m'empêcher de rire. Je profite juste de l'instant. Le futur importe peu, tout ce qui compte est le moment présent. Le bonheur partagé. Braver les interdits, faire ce que l'on veut sans se soucier des conséquence. Juste savourer les sensations.
« C'est pas pour vous déranger mais nous avons un entraînement à faire. »
Le retour à la réalité est brutal et c'est seulement à ce moment là que je prends conscience de mon acte. Je vire alors au rouge pivoine, sentant mes joues et oreilles s'enflammer, mes muscles se contractent et mon sourire s'envole comme s'il n'avait jamais été là. La parenthèse était refermé et le monde qui s'était teint de milliers de couleurs a retrouvé ses nuances de gris et de noirs ; le monde est morne. Je ressasse alors l'instant passé en me passant frénétiquement les mains dans les cheveux dans le but de les brosser pour me déstresser, en vain.
Je lui ai mordu l'oreille. J'ai mordu l'oreille de Kageyama. Je l'ai M.O.R.D.U.E.
Mais dans quelle merde me suis-je encore foutu.
« Hinata. Hinata ?
_O-oui Sawamura! Je sursaute légèrement en reprenant contenance, toujours les mains dans les cheveux.
_Tu penseras à passer le balais après la séance. Ne pas participer au séance ne veut pas dire mettre de la terre dans tout le gymnase. »
Je regarde alors bêtement à mes pieds tout en comprenant que j'ai oublié d'enlever mes baskets tout en constatant que Kageyama, lui, était en chaussettes. Je regarde alors vers la porte et remarque les chaussures de Kageyama à une distance assez éloignée l'une de l'autre : il a du les enlever tout en courant. Je soupire d'exaspération envers moi-même puis me dirige - en contournant Kageyama qui est resté comme paralysé, me faisant légèrement sourire - en traînant des pieds jusqu'au banc de touche.
L'heure d'entraînement est passée assez lentement. J'ai du resté à l'irrépressible envie de me précipiter sur le terrain pour attaquer. J'ai comme d'habitude lorgner sur le corps absolument paraît de Kageyama mais ce n'est qu'un détail. C'est donc finalement le moment ou le feinteur Shōyō HINATA se transforme en ménagère Shōyō HINATA. Je salue mes coéquipiers avant de me diriger d'un pas rapide jusqu'à la réserve pour prendre un balais. Plus vite ce sera fait, plus vite je serais acquitté de cette torture. De plus, si je suis de nouveau en retard en cour, ça ne sera pas la même histoire que la dernière fois. La réputation que Heiwa me construit en se moment n'est pas très glorieuse. Quel connard. Une vague de haine et de dégoût prend part de moi alors que je commence à nettoyer le sol. J'ai environ trente minutes avant le début des cours.
Je ne crois pas avoir un jour été si rapide pour nettoyer quelque chose. En à peine quinze minutes, le sol est propre et je peux enfin ranger le balais et partir d'ici. Je ne ferme pas à clef le gymnase du fait des cours de sports de la journée et marche d'un pas déterminé et rapide. Mais une voix résonne derrière moi me figeant sur place et me glaçant le sang.
« L'avantage quand on est une lavette, c'est qu'on est plus efficace pour le ménage. »
Je déglutis mais ne me retourne pas. Je suis paralysé. La peur me fige sur place. Et même si je pouvais bouger, je ne me retournerais pas pour autant. Comment pourrais-je lui faire face ? Cette ignoble chose se tient derrière moi. Je sens sa présence oppressante. Une présence mauvaise.
« Je vous ai vu. Tu lui as tout dit, hein ? »
Je secoue la tête pour lui dire que non, incapable de prononcer ne serait-ce qu'un seul mot.
« T'es sûr ? Moi je crois pas. Tu nous as balancés, c'est que je crois. »
Il me pousse violemment me faisant trébucher et tomber contre le béton, m'écorchant les mains dans le même temps. Cela à le don de me sortir de ma stupeur.
« J-je te jure que je n'ai rien dit.
_A d'autre le dis-tu. Il s'approche lentement de moi. Je te propose un marché. Si tu n'approches plus Kageyama, il insiste bien sur le prénom, je te laisse tranquille pour le moment.
_C'est impossible ! On est dans le même club de voll- ! »
Je me fais couper par un coup de pied dans le ventre, un craque sonore peu rassurant et une douleur fulgurante s'en suivant. J'ouvre la bouche pour crier de douleur mais aucun son n'en sort. Je ne peux plus respirer du fait de la douleur et des larmes commencent à perler au coin de mes yeux. Je me recroqueville sur moi-même dans le but de me réconforter et de protéger la zone d'autres blessures.
« Qui a dit que tu avais le choix ? Si tu l'approches encore une fois, t'es mort. IL est mort. »
Il s'éloigne alors de moi, me laissant là avec l'avertissement tournant en boucle dans ma tête. Mon cœur bat à cent à l'heure et je tente de reprendre ma respiration sans douleur mais c'est peine perdue. Déjà que j'avais une côte de brisée. Et quand je me disais qu'il c'était calmé pour les coups dans le ventre. Je dois bien rester au sol encore cinq bonne minutes avant de me lever avec toute les peines du monde. Je prends mon sac et me dirige d'un pas prudent jusqu'aux toilettes les plus proches. Je vérifie que chacune des cabines est vide avant de soulever mon T-shirt en sifflant. Putain ce que c'est douloureux. Mais ce que je vois dans la glace me pétrifie.
« Fais chier. »
Ça ma échappé. Mais une énorme tache bleu est venue remplacer l'ancienne devenue jaune. Et au milieu de cette tache bleue, une tâche noir ou rouge, au choix. Je commence à paniquer en réalisant l'ampleur de ma blessure. Ce n'est plus une simple côte cassée que j'ai mais au moins deux. Il faut dire que le coup qu'il m'a donné n'était pas des plus tendres. Je rabaisse doucement le tissu avant de quitter, la tête basse la pièce.
J'arrive devant la salle, légèrement en retard. C'est vraiment pas ma journée. En pensant que celle-ci avait si bien démarrée et que ce méchant abruti est venu me la pourrir bien comme il faut. J'approche ma main de la porte pour toquer mais me stop au dernier moment. Et si je séchais ? Après-tout, ça reviendrait au même que si j'assistais au cours vu mon attention très développée. Je me pince les lèvres saisis d'un dilemme quelque peu trop complexe pour mon cerveau. L'idée de sécher les mathématiques est très tentante mais m'apporterait encore plus d'ennui que je n'en ai déjà. Je frappe donc trois coups contre la porte attendant un « entrez ! » qui ne tarda pas à arriver. J'ouvre donc la porte tout en regardant mes pieds et me cachant derrière mes cheveux un chtouille trop long. Je me racle la gorge et prend une inspiration, mauvaise idée : je laisse un petit gémissement de douleur passer la barrière de mes lèvres tout en faisant une grimace. Vu comment je suis parti, je n'ai plus grand-chose à perdre.
« J'attends. L'agacement se fait entendre dans sa voix.
_Je, je suis désolé pour le retard. Je n'ai pas d'excuse. »
Je l'entends souffler de dépit avant de m'ordonner de retourner à ma place. Je marche donc la tête basse entre les sacs jusqu'à ma place. Je dépose mon sac et sort mes affaires. Je me force à rester droit pendant tout le cour pour éviter d'empirer l'état de mes côtes. A chaque fois que je sombrais dans l'ennuie et commençais à piquer du nez sur mes notes partielles, une douleur lancinante me donnait une piqûre de rappelle et je me redressait automatiquement. Bien sûr comme Heiwa est derrière moi, je peux entendre tout ce qu'il dit et toutes les rumeurs qu'il prend un plaisir malsain à répandre sur moi. Une mer-vei-lleuse journée. Mer-vei-lleuse.
En sortant de cour, je tente de me faufiler à travers la masse d'élève se dirigeant vers leur prochain cour. Que c'est chiant d'être petit (DNA : soutient à tous les gens de petite taille, je mesure moi-même 1m53 et joue au volley... C'est chiant de contrer).
« HINATA ! REVIENS LA ! »
Je me retourne pour contempler une chevelure bleue nuit se précipiter dans ma direction. Je m'apprêtais à le rejoindre malgré son humeur, plus qu'apparente, positive et pleine de bonté... Mais le message d'avertissement tourne en boucle dans ma tête. « Si tu l'approches encore une fois, t'es mort. IL est mort. » C'est ce qui me décide à lui tourner le dos et fuir jusqu'à mon prochain cours tout en faisant attention à ne pas trop souffrir et à conserver un souffle régulier et calme.
« Merde ! Faut qu'on parle ! »
Je l'ignore comme je peux. Je fais comme si je ne l'entendais pas mais fini par plaquer mes mains sur mes oreilles pour ne pas me retourner. Plus que dix mètres. Dix mètres avant d'être en cour. Je crois que je n'ai jamais été si heureux d'arriver en cour d'histoire-géographie.
La journée se passe sans réels accros si on excepte les quelques dizaines voir vingtaines de rumeurs lancés sur moi comme quoi je disais ci ou ça de mal sur quelqu'un, que je harcelais Heiwa non-stop. Bref, le quotidien. Même mes amis dans la classe m'ont tournés le dos face à mes « sois-disant » mauvaises actions. Mauvaises-actions mon cul. Juste parce que j'ai surréagis une fois, ça se retourne contre moi. Comme j'ai fait tous les efforts du monde pour éviter Kageyama, Heiwa et sa bande ne sont pas venus me réclamer le panier repas - dieu merci j'avais une faim de loup - et n'ont pas cherché à me tabasser. Je pédale donc dans le but de rentrer chez moi, parti du lycée plus tôt pour éviter de croiser mon beau bleu au volley-ball. Je ricane de ma niaiserie. « MON beau bleu », comme s'il serait un jour à moi. Tu rêves mon pauvre Hinata. Mais cela fait du bien de rêver. Ça permet de s'évader cinq minutes de la réalité, d'imaginer des choses qui n'auront jamais lieu, des univers parallèles ou tout irait pour le mieux. Mais on retombe généralement très vite sur ses pieds lorsque la réalité nous rappelle brutalement ce que nous sommes ; nous sommes de simples humains contrains aux aléas de la vie, bon comme mauvais. Et disons que je suis plus du côtés des humains subissant les mauvais aléas que les bons. Heureusement que c'est le week-end... Enfin, « heureusement », tout est relatif. Je ne sais pas ce qui est le mieux entre aller en cours et aller à un enterrement.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top