chapitre trente-cinq
Marie arpentait les rues de la ville, tirant Jisung par la main avec elle, tentant de le faire rire dès qu'elle en avait l'occasion. Elle voyait bien que le jeune homme n'avait pas la forme, et bien qu'elle ignorait pourquoi, elle faisait tout pour lui dérider le visage. C'est comme ça qu'ils s'étaient retrouvés dans une boutique de charcuterie, à dévaliser le stand de dégustation, comparant le goût de chacun des saucissons d'un air expert.
« – Je trouve que celui-là a une touche un peu plus florale.
– C'est normal tête de nœud, il est au thym et aux cèpes.
– Roh eh ça va, j'suis pas experte en saucisson moi. Tu penses quoi de celui-ci ?
– J'aime bien, mais il pique un peu. Je préfère celui nature, les piments c'est pas mon truc.
– Je sais bien. Bon, on va chercher Hwa et les autres ? J'te rappelle qu'on a aucune thune Jiji, enfin moi j'ai rien sur moi en tout cas.
– Ouais, moi j'ai pris un peu de sous mais c'est dans le sac de Hwa.
– Aller on file, direction les trois clampins. On vous dit à tout à l'heure monsieur, on va chercher nos amis ! Lança la jeune femme au vendeur dans un sourire, auquel ce dernier répondit chaleureusement. »
Les deux jeunes adultes s'étaient donc mis en quête du frère de la jumelle et des deux plus âgés. Au bout de cinq bonnes minutes à arpenter les rues, le bleuté lança une petite exclamation ;
« – Putain Mar' on est trop bêtes !
– Bah, qu'est-ce qu'il y a ?
– Bah on a juste à les appeler pour savoir où ils sont plutôt que de farfouiller partout comme des débiles.
– Ooh, pas con ça mon choupinet. Quand tu veux tu sais être intelligent, ricana-t-elle.
– Ouais bah il en faut bien un entre nous deux, rétorqua le plus jeune dans un sourire moqueur. Sur ces mots il sortit son téléphone et cliqua sur le contact de son ami. Au bout de deux sonneries, une voix décrocha à l'autre bout du fil.
– Allô ? Pourquoi tu m'appelles Ji' ?
– Bah euh... Vous êtes où?
– On est dans une boutique de miel pourquoi ?
– Hein ? Mais pourquoi du miel ?
– Pour Jeongin, Chan m'a dit qu'il aimait bien ça alors on va lui en prendre un pot. Vous êtes où vous ? Le bleuté regarda tout autour de lui, un peu déboussolé.
– Euh bah à vrai dire... On sait pas trop.
– Comment ça vous savez pas trop ?
– Bah en fait avec Mar' on est entrée dans une boutique qui vendait du jambon parce qu'elle avait faim et qu'elle voulait goûter tu vois ? Donc on a mangé du saucisson et-
– Ji', va directement à la partie essentielle de l'histoire.
– Ah oui désolé. Mais du coup bah on a pas notre argent sur nous et on vous cherche depuis tout à l'heure parce que c'est toi qui l'a dans ton sac. À l'autre bout du fil, Jisung entendit un lourd soupir, son ami devait être exaspéré de la bêtise dont les deux plus jeunes pouvaient faire preuve.
– Ok, bon. Tu peux me donner le nom de la rue où vous êtes ?
– Euh, attends je vais chercher un panneau. Nouveau soupir. Ah, trouvé ! On est rue de la Salie.
– D'accord. Bon, vous bouger pas ok ? On finit avec le miel et on vient vous chercher, restez là où vous êtes, je compte sur vous.
– Oui promis Hwa, on bouge pas !
– Super, à tout de suite Ji'. Et sur ces mots le plus âgé raccrocha.
– Alors ?
– Alors on attend. Et on doit pas bouger.
– Quoi ? Mais pourquoi ? On va se faire chier nous !
– C'est Hwa qui l'a dit.
– Ah... Ouais ok, on fait ce qu'il a dit alors. Pas forcément envie de me faire tataner.
– T'as tout dit, lâcha Jisung dans un petit rire.
– Bon bah plus qu'à attendre maman Hwa du coup, soupira la jeune femme.
– T'as pas des idées de jeu ? Parce que le temps qu'ils arrivent on va s'emmerder un peu...
– J'ai pas d'idées de jeu non mais par contre j'ai des idées de discussion, fit la brune dans un haussement de sourcils suggestif.
– Oula, je la sens pas cette histoire, lança Jisung dans un regard transpirant la méfiance.
– Mais non voyons mon Jiji, qu'est-ce qui te fait dire ça, rétorqua son amie dans un sourire carnassier.
– Mouais. Aller balance. Je verrai si je t'ignore ou pas.
– T'avises même pas de m'ignorer sale rat, ou je te jette dans la poubelle juste derrière.
– Avec tes bras de crevette ? Laisse moi rire.
– Tu veux parier ? Fit-elle, menaçante.
– Euh, non, non, c'est bon, se ravisa Jisung.
– Bien, je préfère.
– Ouais bon, aller cause ma vieille.
– Ça va j'y viens. Avec ton crush, t'en es où ?
– Je savais que t'allais me demander un truc du genre...
– Aller répond mon cochon.
– Bah, franchement ? Y a rien.
– Quoi ? Comment ça rien ? Demanda la jeune femme, estomaquée.
– J'sais pas... Je tente des trucs mais il a pas l'air réceptif. Et puis ce matin, j'ai essayé de lui parler mais il m'a dit qu'il en avait pas envie.
– Pardon ? Mais il veut quoi lui ?
– T'inquiètes pas Mar'. Au moins le message est clair.
– Comment ça le message est clair ?
– Bah... Il m'aime pas trop quoi, 'fin c'est ce qu'il montre en tout cas.
– Mais mon choupi, tu vas pas me dire qu'il t'aime pas trop quand il te regarde tout le temps quoi que tu fasses et qu'il est le premier à te chercher quand on arrive ?
– Hein ? Demanda le petit bleuté, incertain.
– Attends, me dis pas que tu l'as pas remarqué ?
– Bah, non... ?
– Mais mon Jiji, t'es vraiment aveugle c'est pas possible ça, rouspéta la brune.
– Mais... Pourquoi il m'évite depuis plusieurs jours alors ?
– Il t'évite ?
– Ouais... Genre il fuit mon regard, il essaie de pas se retrouver tout seul avec moi et puis ce matin il a dit qu'il trouvait qu'on avait pas beaucoup d'affinités tous les deux.
– Eh mais il est teuteu lui. Comment ça il te dit ça ? Et puis pourquoi il fuit même ?
– J'en sais rien Mar' mais tout ce que je comprends c'est qu'il veut pas forcément qu'on soit proches...
– Dis pas ça mon p'tit concombre, je suis sûre qu'il y a une raison à son comportement. Il est distant depuis quand exactement, t'as réussi à l'identifier ?
– Bah, à la première sortie à la plage on s'est pas mal rapprochés, puis à la soirée d'hier il m'a pas parlé une seule fois, il est resté avec San tout du long.
– Mmh je vois. Mais toi, est-ce que t'as essayé de lui parler à la soirée ?
– À vrai dire, pas trop. J'étais surtout avec Wooyoung, il avait besoin de pas être tout seul.
– Je vois, je vois. Et t'as pas remarqué qu'il te regardait quand t'étais avec Wooyoung ?
– Euh, non ? Vu que je parlais avec Woo et Hwa j'ai pas trop regardé dans sa direction.
– Donc en gros pour résumer, tu lui as pas accordé beaucoup d'attention durant la soirée.
– Mais, non, enfin...
– Bah, c'est un peu ça Jiji. C'est pas un reproche hein ! Pas du tout. J'essaie juste de raccrocher les pièces du puzzle entre elles.
– Et t'y arrives ?
– Bah, à mon avis, c'est tout simple comme explication.
– Et c'est quoi ? La pressa le petit bleuté.
– Je pense juste qu'il est jaloux.
– De... hein ? Comment ça jaloux, le jeune homme fronça les sourcils.
– Tu m'as dit que depuis quelques jours il est distant. Ça, je pense que c'est juste parce qu'il est timide, ça se voit comme le nez en plein milieu de la figure que tu lui plaît, mais pour une raison qui m'échappe il a l'air d'avoir peur de ça. Et ensuite, ça fait deux trois jours qu'avec Wooyoung vous êtes plus proches non ?
– Euh... ouais ?
– C'est avec lui que tu parlais ce matin par messages ?
– Oui pourquoi ?
– T'as pas remarqué qu'il te zieutait toutes les trente secondes ?
– Hein ? s'étonna Jisung.
– Mais Jiji c'est pas possible, tu fais aucun effort. Même moi qui était à l'autre bout de la table je le voyais s'agiter et te fixer tout le temps.
– Mais pourtant quand j'ai voulu recommencer à leur parler il a fuit mon regard, je comprends pas.
– Et t'as pas vu non plus comment il s'est renfrogné quand t'as dit que tu te chargeais de prévenir Wooyoung pour la soirée je suppose ?
– Bah euh... non ?
– Eh bah voilà, tu l'as ta réponse. Le boug est, de un complètement piqué et surtout de deux, ultra jaloux.
– Mais ça a pas de sens... Marmonna le bleuté.
– Bah moi j'vois que ça, affirma la jeune femme.
– Moui... Perso j'y crois pas trop.
– Qu'est-ce que tu peux être borné quand tu t'y mets Jisung, souffla son amie.
– Mais eh ! Je suis pas borné d'abord, fit le plus jeune dans une moue boudeuse.
– Ouais ouais, et moi j'suis straight.
– Eh ho, t'arrêtes un peu de te foutre de moi deux minutes ? Excuse-moi si le mec est pas clair hein.
– Ouais bah deux plans se présentent à toi maintenant.
– Mh ?
– Sois tu te concentres sur lui les prochains jours, genre tu vas vers lui, tu lui proposes des trucs que tous les deux. Soit tu le rends jaloux.
– Comment ça ? Fit le bleuté, un air interrogateur accroché au faciès.
– C'est pas clair ce que je viens de dire ?
– Bah, oui et non.
– Qu'est-ce que t'as pas compris dans ce que je t'ai dit Jiji ?
– Comment ça, « le rendre jaloux ».
– Bon, je vais te sous-titrer ce que je viens de dire. En gros, soit tu choisis la méthode douce, à savoir c'est toi qui va vers lui. Soit tu prends l'option le pousser à bout pour que ce soit lui qui fasse un pas vers toi.
– Ah. D'accord.
– Alors ? T'en penses quoi ?
– Je sais pas trop... Je crois que je vais demander conseil aux autres aussi, surtout à Hwa. Jules je pense pas qu'il veuille m'aider, il sera du genre à rester neutre. Et Chan bah... En soi il serait de bon conseil mais je pense qu'il va préférer se concentrer sur Jeongin.
– Ouais, je comprends. Bah y a plus qu'à hein !
– Y a plus qu'à quoi ? Intervint une autre voix, qui eut le don de faire sursauter les deux jeunes.
– Putain mais Seonghwa prévient ça va pas ?! J'ai failli faire un arrêt pauvre débile !
– Marie, j'suis pas Ji' alors parle moi mieux.
– Eh ! J'ai fait quoi pour mériter ça moi ? S'insurgea le petit bleuté. Il se fit d'ailleurs royalement ignorer, ce qui eut pour effet de transformer l'harmonie de son visage en une mimique boudeuse au possible.
– On aura mit un peu de temps à vous retrouver mais c'est bien, vous avez pas bougé. Pour une fois que vous réussissez à écouter les consignes, rit légèrement Chan.
– Ouais bon. Tu l'as trouvé ton pot de miel pour ta Juliette toi ?
– Marie toujours t'es aigrie c'est pas possible ça, railla son jumeau. Pour seule réponse, sa sœur lui tira la langue en lui servant un joli doigt d'honneur, lui faisant lever les yeux au ciel.
– Oui, j'ai trouvé du miel. Bon alors, elle est où votre boutique de saucisson où il faut absolument qu'on se rende ? Questionna le bouclé.
– Alors euh, bah elle doit pas être très loin vu qu'on est restés dans la rue du magasin.
– Et bien en route alors. On vous suit.
– C'est bien, suivez moi mon peuple, clama la brune de sa voix tonitruante.
– Mar' t'es pas solo dans la rue, gueule pas comme ça gros rat.
– Jiji tu la fermes, la poubelle t'attend sinon.
– Ouais, ouais, cause toujours. Aller avance, après tout c'est toi qui le veut ce saucisson. »
La petite troupe finit par arriver à la boutique de charcuterie, et acheta à la jeune femme ce dont elle avait envie – besoin, si on lui demandait. Elle remercia d'ailleurs le bleuté qui avait payé d'un bisou poisseux sur la joue, sachant pertinemment que ce dernier avait horreur de ça, et prit le devant de la marche en sautillant, toute guillerette.
La journée passa à une vitesse folle, les jeunes gens ayant arpenté la ville basque de long en large, admirant les façades aux montants de ce rouge si typique de la région et en ayant profité pour s'arrêter une boutique de souvenir et s'acheter un bracelet commun. Jules avait râlé pour la forme, disant que ça faisait cliché, mais avait tout de même accepté de mettre le sien, au fond bien content d'avoir une preuve physique de leur amitié commune et si précieuse à leurs yeux, quand bien même celle-ci n'était pas nécessaire à démontrer leur lien.
Il retrouvèrent donc la voiture de Chan, garée pas loin du centre-ville, et une fois tous attachés, ils prirent la route pour retourner au camping, un sourire heureux aux lèvres, la joie au cœur d'avoir pu passer une journée tous les cinq sans se soucier de quoi que ce soit d'autres que d'observer l'architecture des bâtiments, et de dévaliser les produits mis à disposition afin de goûter avant d'acheter, pour certains d'entre eux.
En somme, c'était une bonne journée. Jisung espérait juste que ce courant de bonheur se poursuivrait pour toute la durée des vacances, ayant l'impression de flotter sur un nuage, entouré des êtres qu'il chérissait et des belles rencontres qu'il avait faites. Et quand bien même le nuage qu'était sa relation avec un certain brun venait un peu voiler le ciel, il se raisonna en se disant que ce n'était rien de grave, et qu'il avait juste à écouter les conseils qu'on lui prodiguerait pour faire avancer la situation avec le plus de douceur possible.
Mais l'avenir réservait bien des surprises, et peut-être que le ciel ne resterait pas de ce bleu immaculé éternellement.
✹✹✹
encore une fois je suis en retard, mais j'avais promis de le poster ce soir absolument alors le voici le voilà !
on va pas se mentir, les deux clampins sont aussi aveugles l'un que l'autre, on est pas rendu..
mais bon, marie propose des trucs intéressants
à votre avis, jiji va choisir quoi? 🤭
chapitre le plus long que j'ai écrit jusqu'ici !
bref, je vous embête pas plus, j'espère juste que le chap d'aujourd'hui vous a plu :)
je vous dis à vendredi, d'ici la prenez soin de vous <3
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