XXIV

L.A, 21 juin 2000

Je n'arrivais plus à décrocher mon regard de Nina, complètement immobile. J'étais partagée entre l'envie imminente d'aller la prendre dans mes bras et de rester là, statique, encore coupable de nos derniers moments passés ensemble. Coupable d'avoir été impuissante.

Pourtant, ma sœur me souriait du plus fort qu'elle le pouvait. Malheureusement pour elle, c'était un faible sourire en coin qui lui demandait des forces qu'elle ne semblait plus avoir.

-« Tu peux venir à côté de moi, tu sais. Je n'ai pas la peste. »

Je ne savais plus où me mettre. La voir aussi fragile me forçait à me poser des questions bien trop nombreuses sur son état. J'avais peur de la toucher et qu'elle ne se brise en mille morceaux comme une vulgaire poupée de porcelaine. Non pas parce que je la pensais contagieuse.

Aussi mon premier réflexe fut de me tourner vers Paul. C'était la première fois que j'allais explicitement vers lui de mon plein gré, ce qui m'étonna moi-même. Mais surement la dernière fois que je lui demandais une faveur.

D'un certain côté, cela me gênait de le solliciter pour pouvoir toucher ma propre sœur. Comme si nous étions désormais deux inconnues, étant simplement là dans un but purement génétique. Et j'épargnais que le fait de demander à Paul l'autorisation de m'approcher d'elle était le pire des déshonneurs.

Heureusement pour moi, il hocha la tête, confiant. Comme s'il me donnait sa bénédiction. Le contraire m'aurait paru indécent, seulement j'aurais été obligée de m'y accommoder tristement. Ce n'était pas le moment de provoquer un conflit.
Mais soulagée, je vins m'asseoir sur le bord du lit de Nina, pendant qu'elle se redressait. Et lorsque nos deux regards se croisèrent à nouveau, nous nous tombions dans les bras, les larmes aux yeux, sous le regard bienveillant de Paul.

Pendant un instant, j'oubliais presque qu'elle était fragile. Elle entoura mon dos de ses petits bras, mais se sentit rapidement défaillir, quitte à rapidement se rallonger. Je la regardai faire, perplexe et indécise, en posant ma main sur son front pour vérifier qu'elle n'avait pas de fièvre.

Elle était brulante.

Elle tritura le pendentif accroché à son cou, légèrement honteuse. Je me doutais qu'elle n'était pas bien non plus moralement. Elle n'aimait pas avouer quand elle se sentait mal psychologiquement. Elle a toujours voulu jouer à la plus forte, quitte à garder la tête froide lorsque tout allait mal. Seuls Estéban et moi avions pu voir ses points faibles. Et ce malgré son jeune âge.

Alors je savais que lorsqu'elle appelait à l'aide, ce n'était pas pour rien.

Après ces retrouvailles chaleureuses mais imprévues, l'heure était enfin venue de savoir la vérité et la véritable raison de ma venue ici. Bien que cela semble effrayant et prouve que je n'étais pas sûre d'être prête à tout entendre. Mais il le fallait.

-« Mais qu'est-ce qui t'es arrivé Nina... Depuis combien de temps es-tu comme ça ? »

Elle perdit le peu de sourire qui lui restait depuis mon arrivée, et tourna son regard suppliant vers Paul, signe qu'elle était incapable de parler et qu'il fallait qu'il prenne la parole. Je ne savais pas si elle le faisait parce qu'il racontait mieux l'histoire, ou parce qu'elle n'avait plus la force de s'exprimer elle-même.

Le vieil homme, qui s'était isolé dans un coin de la pièce pour nous laisser nous retrouver, recommença à s'approcher doucement de nous et à répondre à mes questions, toujours aussi bienveillant.

-« Elle est comme ça depuis plusieurs semaines. Deux je dirais.

- Et vous avez fait des examens ?

- Elle a une perfusion, vous voyez bien que oui. »

J'étais devenue totalement inquiète pour son état. Plus rien ne semblait m'obséder plus que son cas désormais. Mes problèmes existentiels semblaient loin derrière, et je comprenais mieux pourquoi j'avais parfois du mal à faire la part des choses. Je n'avais toujours pas assumé la mort de mon petit frère, et la voir à l'agonie dans ce lit me prouvait que je ne pouvais pas perdre un autre membre de ma famille en le laissant livré à lui-même.

Je ne pouvais pas perdre l'autre jumeau.

Je me souvenais des paroles qu'elle avait eu, ce quinze mai dernier, quand elle disait que nous allions vivre nos vies chacune de notre côté, sans forcément se soucier du problème de l'autre. Si Nina n'avait pas été accueillie par Paul, j'aurais pu perdre ma sœur sans même en avoir eu conscience.

Parce que oui, j'avais l'impression qu'elle allait peut-être mourir.

Nina me regardait, paisiblement. Je caressais alors son petit poignet délicatement, en essayant de lui sourire du mieux que je pouvais, tandis qu'elle avait toujours sa main accroché à son collier, comme pour se donner de l'énergie. Au moins, elle en avait fait bon usage, jusqu'ici.

Mais le cœur n'y était plus.

Je me tournais vers Paul, qui regardait désormais la scène d'un air désormais absent.

-« Et vous avez eu un diagnostic ? »

Paul sembla sortir de sa torpeur, et se tourna vers moi, en m'adressant un sourire triste. Pendant l'espace d'un moment, je n'étais plus très sûre de vouloir la réponse.

-« Oui... Nous sommes allés à l'hôpital et Nina a été diagnostiquée en insuffisance rénale à un stade très avancé. Il semblerait qu'elle souffre de ça depuis pas mal de temps. C'était en elle depuis longtemps. Les symptômes semblent être apparus et s'être aggravés depuis qu'elle vit chez moi. »

Plus il débitait de mots, plus je me sentais défaillir. J'étais loin de m'attendre à ça. Pourtant, depuis que je l'avais revue ici, je n'avais pas arrêté de me faire des scénarios.

Une insuffisance rénale ? Depuis quand souffrait-elle de ça ? Comment tout ceci s'était-il déclenché ? Était-ce dû au stress de la séparation ? Les symptômes touchaient-ils autre chose que ses reins ? Trop de questions se bousculaient désormais dans ma tête. Mais surtout : comment avions-nous fait, ma mère et moi pour rater ce genre de pathologie ?

Je savais qu'il arrivait à Nina de se plaindre de douleur au ventre, mais je ne l'avais jamais vraiment prise au sérieux, lui répétant sans cesse qu'elle avait mangé un aliment qu'elle devait mal digérer ou la soupçonnant de s'être gavée de sucre durant mon absence. Il lui était aussi arrivé de faire des épisodes de fièvre mais durant un laps de temps très infime, que je traitais facilement avec des cachets.
Car dès que nous évitions l'hôpital, nous étions ravis de ne pas dépenser le peu d'argent qui nous restait pour de simples visites de routine.

Mais visiblement, il s'était avéré que c'était plus complexe que ça. Et que j'étais passée à côté. Et qu'une visite de routine aurait été nécessaire. Mais simplement parce que mon bon sens privilégiait la sécurité, je ne m'étais pas rendue compte que le véritable fléau se trouvait à l'intérieur du corps de ma petite sœur.

J'étais anéantie, et j'essayais de faire bonne figure devant elle, morte de honte.

J'étais mortifiée.

Mais pourtant, une lueur d'espoir continuait de poindre en moi. La lueur d'espoir qui agitait tous les malades et leur proche. La seule chose à laquelle ils se rattachent pour espérer continuer à garder le sourire, quoiqu'il arrive, tant qu'ils évitaient la mort... Le soupçon de positivité important pour leur survie. A tous.

-« Est-ce qu'elle peut en guérir ? »

Un nihiliste aurait eu tendance à demander si elle pouvait mourir. Mais j'avais encore tendance –pour l'instant, à m'accrocher à mes espoirs de gamines et à formuler mes phrases dans le bon sens, malgré ma vision déjà très défaitiste de la vie. Je ne savais pas encore si c'était à cause de mes espoirs hauts perchés, que je dévoilais pour tout et n'importe quoi, comme une protection face à tous les événements que j'avais vécus. Mais j'étais sûre que ça ne me laissait jamais complètement indifférente, comme les autres pouvaient le croire.

Paul croisa le regard de Nina qui hocha péniblement la tête. J'alternais mon regard entre les deux, peu soulagée des signes qu'ils échangeaient et qu'eux-seuls semblaient comprendre, comme s'ils essayaient de me préserver de ce qu'ils s'apprêtaient à me dire.

-« Oui. Mais elle a besoin d'un nouveau rein. »

L'information monta difficilement au cerveau, mais je ne la pris que comme une semi-victoire. C'était encore une situation périlleuse qui demandait beaucoup de temps, et je n'étais pas sûre que Nina en ait assez. Mais comme je l'avais dit, c'était toujours mieux que rien, puisqu'il y avait une chance qu'elle survive. Il y avait un espoir. Et je partais du principe que si un espoir perdurait, tout était loin d'être perdu. Tant que je n'avais pas abandonné, c'est qu'il y forcément avait une solution. Sinon, j'aurais baissé les bras et je me serais condamnée entre les murs de ma souffrance.

Je comprenais mieux la raison de ma venue ici. Nina avait dû parler lui parler de moi et Paul avait rapidement fait le lien entre la petite fleuriste de Crenshaw et la sœur de sa nouvelle petite protégée. Ils avaient besoin d'un membre de l'entourage qui soit compatible. Et Nina n'avait pas trop d'entourage, en dehors de moi, ma mère et Paul. Ma mère était en prison. Estéban aurait été le candidat idéal, mais il était mort. Il ne restait donc plus que moi et Paul.

Je regardais soudainement les bras de celui-ci, commençant à comprendre d'où venaient toutes ces traces de piqûres et tous ces bleus sur ses bras. Mais si j'étais là aujourd'hui, c'est que soit il était trop vieux, soit il était définitivement incompatible.

J'avalais ma salive. La course pouvait commencer.

-« Je comprends mieux pourquoi vous m'avez faite venir. Il n'y a aucun problème. Prenez mon rein si ça peut la sauver, je n'hésite même pas une seconde.

- Attendez Kerrie, il faut que vous fassiez des tests pour savoir si vous êtes compatibles avec Nina.

- Il n'y a pas de raison que je ne le sois pas ! Nous partageons le même sang !

- Vous n'avez pas le même père, d'après ce que Nina m'a dit. Et ça ne signifie rien, il y a une chance sur deux que cela fonctionne. Il faut faire des tests, c'est irrévocable.

- Et si je ne le suis pas ?

- Nina sera placée en liste d'attente pour une transplantation et sera mise en dialyse. »

Mon teint devint livide, et je sentais la nausée me monter. Paul utilisait des mots encore trop scientifiques à mon goût, que je ne comprenais qu'à moitié. Je n'avais jamais eu l'occasion de les comprendre depuis l'accident de Tom,m'étant jurée que je ne remettrais jamais les pieds dans un hôpital. Visiblement, Estéban et Nina avaient eu d'autres plans, me concernant.

Et je ne comprenais pas plus ces mots stupides. Il y en avait trop à connaître, de toute façon. Et à chaque fois, c'en étaient de nouveaux. Je n'aurais jamais pu tous les apprendre.

Paul y arrivait bien, lui. Il avait l'air d'avoir tout compris ce charabia de médecin qu'on avait dû lui expliquer encore et encore pour qu'il finisse par l'emmagasiner à l'intérieur de son crâne dégarni. Il était obligé de comprendre. Et ça ne semblait pas le gêner.

Je commençais à m'énerver toute seule, me rendant compte un peu plus fort de mon impuissance bien encrée. Mon esprit surchauffait, et j'avais besoin d'hurler pour défouler toute mon incompréhension. Mais comme d'habitude, je n'étais même pas capable de pousser un juron pour exprimer mon mécontentement. Mon impuissance handicapait même mon langage.

Soudain, Nina posa sa main sur mon bras et essaya de l'empoigner pour me rassurer.

-« Ne culpabilise pas Kerrie... Ce n'est pas... de ta faute. Personne ne pouvait le savoir... Tu n'es pas obligée de faire quoique ce soit pour moi. »

Le geste de ma petite sœur me calma immédiatement. La douceur de sa petite main apaisa ma rancœur et mon injustice, et me rappela le sens de mes priorités : l'espoir de la sauver. Je devais concentrer toute mon attention sur elle et tout faire pour la garder en vie le plus longtemps possible. Et le soutien des proches était plus qu'essentiel, dans ce cas-là.

Comme d'habitude, elle essayait de minimiser les choses, pour éviter qu'on use de pitié envers elle. Qu'on la dédommage. Mais pour la première fois, elle n'avait même pas la force de se défendre jusqu'au bout. Signe qu'elle ne refusait pas totalement. Seulement partiellement.

Ce n'était pas à ma sœur de me rassurer. C'était moi qui devais la faire se sentir à l'aise et lui faire profiter des joies de la vie qui viendraient quand elle serait guérie. Ceux qui survivaient à des problèmes pareils voyaient bien les choses différemment après.

Je lui souris, et lui caressa délicatement la joue.

-« Ne t'inquiète pas mon cœur. Je ne t'abandonnerai pas une nouvelle fois. Je vais aller faire ces examens tout de suite et je viendrais te voir tous les soirs en rentrant de la fac. Hein Paul, vous m'y autorisez ? »

Je me tournais vers lui, les yeux brillant d'espoir. Il me regardait toujours avec bienveillance, malgré toutes les réactions agressives que j'avais eues avec lui. Il était clair que je l'avais un peu mal jugé, mais je ne supportais pas qu'il ait désormais le dernier mot sur l'état de Nina alors que c'était moi qui avais pris soin d'elle durant toutes ces années.

Moi qui avais été incapable de déceler son dysfonctionnement.

-« Pas tous les soirs, Nina a besoin de repos. Mais vous pouvez venir trois fois par semaines en attendant. Je pense en effet, qu'elle a également besoin de soutien émotionnel. Et particulièrement du votre. Ça lui fera le plus grand bien, à condition de savoir trancher entre les deux. »

Je grinçais des dents en apprenant que je n'aurais pas le droit de la voir tous les jours. J'aurais aimé que ce soit Nina qui décide, mais elle n'avait pas bronché. Je ne savais pas si c'était parce qu'elle était vraiment mal en point pour me répondre ou parce qu'elle acquiesçait les propos de Paul.
Mais je pensais uniquement au bien-être de Nina et si c'était ce qu'il lui fallait, alors je n'avais pas le choix. J'étais prête à me plier aux volontés du vieil homme, tant qu'il savait prendre soin d'elle. J'espérais simplement que je ne me trompais plus sur son compte.

J'adressais alors un dernier regard consterné à ma petite sœur qui triturait son collier, semblant m'éviter. Elle semblait prendre une certaine distance avec moi, mais je savais que c'était une sorte de protection réciproque. Et que ça irait mieux quand elle saurait que j'avais une chance certaine de la sauver.

-« Pas de problème. Je viendrais la voir à la fin du week-end. Sauf si j'ai les résultats avant. » finis-je par lâcher en détournant la tête du lit

Paul hocha la tête, l'air satisfait et nous venions désormais de faire le tour du sujet.
Je vis d'un bref coup d'œil que Nina commençait à être fatiguée. Il était l'heure que je m'en aille. Elle avait besoin de repos.

J'embrassais délicatement son front fiévreux, qu'elle accueillit avec un sourire, avant de se laisser entrainer dans les bras de Morphée, presque instantanément.
Je me levais, m'emparais de mon sac, tandis que Paul me raccompagnait à la porte d'entrée.

-« Vous voulez que je vous ramène ? »

Le souvenir du voyage avec Paul à l'aller me revint en mémoire, mais plus par rapport à sa manière de conduire qu'à son comportement. Et puis, je ne voulais pas qu'il laisse encore Nina toute seule, surtout si elle dormait.

-« Non, c'est bon, je vais prendre le bus, merci. Prenez soin de Nina et ne la lâchez pas d'une semelle...

- Ne vous en faites pas Kerrie, ça va aller. Elle est traitée par intraveineuse et médicament. Elle va s'en sortir, elle est plus forte que vous le croyez. Vous l'avez trop protégée, mais je pense qu'elle peut voler de ses propres ailes. »

J'hésitais à rouspéter sur son avis un poil trop familier à mon goût, jusqu'à ce que je réalise qu'il avait raison. Nina était grande et je ne pouvais pas la couver toute ma vie. Elle avait besoin de voir qu'elle était aimée, mais ne devais pas non plus être étouffée.

Je me contentais simplement d'hocher la tête. Je ne savais pas encore si Paul essayait de me rassurer ou s'il était réellement inquiet. Il continuait de sourire malgré la fragilité de la situation. Il m'inspirait autant qu'il ne m'effrayait. Mais ma vision de lui était définitivement différente d'il y a quelques heures, puisque je savais qu'il prenait désormais soin de ma petite sœur. Il avait vraiment l'air de tenir à elle, d'être concerné par son sort. Je l'espérais en tout cas. J'étais contente qu'elle soit entre les mains de quelqu'un que je connaissais un minimum.

-« Vous savez Kerrie... Vous n'êtes pas obligée de faire tout ça. Ne vous en sentez pas obligée, j'ai cru comprendre que vous aviez une vie assez mouvementée. Si vous n'êtes pas prête à vous embarquer dans tout ça... »

Je levais une main pour lui intimer gentiment l'ordre de se taire. J'affichais un sourire sur mon visage que j'essayais d'être franc et confiant, auquel il répondit timidement.
J'étais désormais sûre de mes agissements.

-« Ne vous inquiétez pas. Je sais ce que je fais. Je reviens vite.

- Très bien... Alors, on vous attend Kerrie. Bon courage. Tout va bien se passer. »

J'hochais la tête, désormais parée, et quittais l'appartement sans me retourner. Maintenant, je devais uniquement me concentrer sur le présent. Le passé était bien trop tourmenté et le futur effrayant. Mais Nina vivait actuellement et c'était tout ce qui m'importait.

* * *

Cela faisait bientôt vingt minutes que j'attendais le bus et qu'il ne daignait pas passer. J'étais désormais obnubilée par l'heure et je semblais effectuer une incroyable course contre la montre.

Je devais voir Henry ce soir, mais je n'étais pas sûre d'avoir le temps si ce satané bus n'arrivait pas pour m'emmener à l'hôpital. Et je me voyais mal lui expliquer que j'esquivais notre rendez-vous pour aller me faire perfuser. Je n'avais pas envie qu'il s'inquiète encore pour moi, il s'investissait déjà suffisamment.

Et puis, c'était délicat par rapport aux problèmes judiciaires... Il avait assisté au procès de ma mère et au placement de ma sœur, dans l'unique but de sa survie dans un environnement saint. Je n'avais pas envie de ressortir toute la paperasse. Tous les souvenirs...

Mais c'était ma sœur avant tout. Henry comprendrait en cas d'imprévu. Du moins, je l'espérais.

Il était désormais dix-huit heures et toujours pas l'ombre bus ! J'espérais réellement que le trafic n'était pas perturbé. Il y avait une heure de trajet pour arriver à l'hôpital... Et avec les calculs que je venais d'effectuer, je ne serais jamais à l'heure à mon rendez-vous si le bus ne venait pas dans les cinq minutes suivantes. Sans être obligée de mettre Henry dans la confidence, du moins.

Incroyablement frustrée, je m'apprêtais à me diriger vers une borne d'appel pour réserver un taxi en urgence tout en essayant de me rappeler si j'avais de l'argent liquide sur moi, lorsqu'une voiture grise bifurqua sur les places de parking à ma hauteur, et s'arrêta devant moi.
A moins qu'un taxi ne soit apparu comme par magie pour me venir à la rescousse, je doute que le véhicule ne se soit arrêté là par hasard.

Intriguée, je vis le conducteur baisser la fenêtre de la portière, pour apercevoir une touffe blonde terrée de l'autre côté de la voiture, me fixer avec un air narquois.

Je retirais ce que j'avais dit. La chance n'était pas avec moi aujourd'hui.

-« Tom, je n'ai pas le temps de jouer avec toi ! » tempêtai-je

Il enleva ses lunettes de soleil et me dévisagea de haut en bas, l'air de plus en plus hilare.

-« Je n'ai encore rien dit que tu m'envoies déjà balader. Je pensais qu'on avait fait la paix toi et moi ?

- Peut-être, mais ça ne signifie pas que l'on doit forcément se côtoyer. Nos ententes doivent rester cordiales, c'est tout.

- Oh, si ce n'est que ça... Tu croyais quoi, que je te suivais ? Je venais juste rendre visite à ma mère. Je te rappelle qu'on ne vivait pas très loin d'ici. Pas de ma faute si je te croise toujours à chaque fois que je fais quelque chose. Je voulais juste saluer une vieille amie en détresse, mais visiblement je vois que le mot « ami » ne s'est pas encore imprimé dans ta tête. Sur ce, je te souhaite une agréable fin de journée, je suppose que tu es pressé parce que tu vas voir ton grand dadais ?

- Tu es vraiment insupportable, tu le sais ? Toujours réponse à tout.

- Mais oui, je le sais. C'est surtout parce que j'ai raison ! Bon, eh bien... Je rentre sur Los Angeles, à bientôt vu que l'on se croise tout le temps ! »

Il remonta sa vitre, mais je coinçais aussitôt mon bras dans l'ouverture pour l'empêcher de partir.

-« Attends... tu vas dans le centre ?

- Oui pourquoi ? Oh non, me dit pas que tu as rendez-vous avec ton grand bourge là-bas ? Il va encore nous piquer une crise, s'il me voit !

- J'ai rendez-vous, mais pas avec lui...

- Quoi, tu le trompes ? Quelle excellente nouvelle, tu es enfin revenue à la raison !

- Mais non ! Je dois faire des examens médicaux !

- Merde Kerrie... me dis pas que t'es enceinte ?!

- La ferme Tom ! C'est pour Nina ! »

J'avais lâché ça, à bout de souffle. Je n'avais plus envie d'être expansive sur ma vie avec lui. Et pourtant j'avais craché facilement le morceau. Peut-être parce qu'il était le seul à réellement connaître ma sœur et les relations que nous avions et qui pouvait donc comprendre un minimum ? Ou alors, j'en avais marre de jouer à chien et chat, à essayer de lui faire deviner quelle nouvelle péripétie pouvait-il bien m'arriver.

Je ne savais pas pourquoi j'avais ce besoin de confier ce trop-plein de rebondissement qui commençait à déborder de la petite boîte organisée qu'était ma vie.

Mais je l'avais fait aussi parce que je savais qu'il était désormais capable de divulguer des informations autour de lui, qu'il aurait mal interprétées. Et je ne voulais pas que ma sœur devienne un sujet de couloir.
Je n'oubliais évidemment pas que sa copine était la reine des commérages. 

Le blond se gratta le menton, l'air suspicieux. A tous les coups, sa soif de curiosité concernant mes problèmes familiaux prenait le dessus. Même s'il ne savait plus du tout comment me rassurer, au moins il continuait inconsciemment de se sentir concerné.

-« Nina ? Qu'est-ce qui lui arrive ?

- T'occupe. Tu peux m'amener à l'hôpital de Los Angeles, s'il te plaît ?

- Euh... oui, je n'y vois pas d'inconvénient. Monte. Je te déposerai devant l'hôpital. »

Il m'ouvrit la portière de l'intérieur, et je m'assis à ses côtés, non sans une once d'hésitation, en claquant la portière. Voilà que mes trajets de voiture de la journée resteraient dans les annales.

Il remit ses lunettes de soleil sur son nez d'un air élégant, tandis que j'attachais ma ceinture, mal assurée. L'hôpital était à trente minutes d'ici, et je redoutais les sujets de conversations que j'allais devoir assumer avec Tom. Je ne m'inquiétais pas de son comportement, mais nous nous étions quittés de manière plus ou moins intempestive, la dernière fois. Nous n'avions pas eu le temps de discuter. Il avait beau être très à l'aise et arriver à lancer des sujets de conversations facilement, il ne tarderait pas à être gêné à son tour.

Il était toujours gêné quand il était question de moi.

Il enclencha le moteur, et démarra, nous emportant loin de l'appartement de Paul, m'enfermant à nouveau dans une situation incongrue pour la deuxième fois de la journée.

* * *

*Flashback : L.A, 14 juin 2000 au matin*

Je me réveillais le lendemain matin, l'esprit pâteux. En émergeant, je n'avais pas vraiment de souvenirs immédiats de ce que j'avais fait hier et de l'endroit où je me trouvais. Mais rapidement, je sentais l'humidité de la forêt me ramener à la réalité.

Seulement, ce n'était pas la fraicheur des pins ou l'inconfortable sol de cette immense prison verte qui m'avait sorti de mes rêveries, mais bien le petit bruit de sifflement incessant qui persistait dans mes oreilles.

Je me frottais les yeux et les tempes pour essayer de faire cesser ce bruit infernal dans ma tête. Mais voyant que mes gestes étaient vains, je me concentrais pour m'apercevoir qu'ils venaient de l'extérieur.

Alors, une fois que j'eus les yeux ouverts, je remarquais qu'il y avait un minuscule reptile vert à seulement quelques mètres de moi qui me fixait de ses petits yeux jaunes. Et qui semblait se rapprocher de moi petit à petit.

Autant dire que je n'ai pas tardé à me lever et à hurler, désormais bien réveillée.

-« U-u-un serp-serpent !!! » hurlai-je, tétanisée

Tom qui était près du feu et qui semblait être réveillé depuis un lustre releva la tête en fronçant les sourcils.

Il n'eut pas le temps de rouspéter que je m'étais jetée contre lui, totalement apeurée. Il poussa un gémissement de douleur, tant je m'accrochais à ses épaules si massivement. J'encerclai sa taille avec mes jambes, ayant trop peur que le serpent me morde les chevilles, alors qu'il était désormais très loin de moi. C'était seulement par précaution.

Tom titubait, encore un peu sonné.

-« Kerrie... je vais aller chasser le serpent. Mais... bordel t'es lourde, descends !

- NON ! Je ne bouge pas tant que tu ne l'auras pas tué !

- Je ne vais pas pouvoir le tuer si t'es accrochée à moi...

- Je m'en fiche ! Tu te débrouilles ! Je déteste les reptiles, je ne mettrai pas un seul pied à terre tant qu'il est là. Je t'avais dit qu'il y en avait !

- Arrête de faire l'enfant, s'il te plaît ! Tu te mets debout sur un rocher plus loin et tu bouges plus, jusqu'à ce que je le fasse partir ! »

Je grommelai mais il me repoussa, et je tombais presque à la renverse. Tom s'empara alors d'une grande branche morte à proximité, et se dirigea vers l'endroit où j'étais endormie, tandis que je montais sur une grande pierre qui se trouvait à quelques mètres de moi.

J'espérais que les autres n'allaient pas tarder à nous retrouver, parce que j'avais bien compris que Tom ne cherchait pas à tuer cette espèce de monstre rampant.

Tiens, d'ailleurs quelle heure était-il ?

-« Il est là, je le vois ! » cria Tom

Je n'eus pas le temps de me poser plus de question, comme si la phrase de Tom m'avait paralysée mentalement et physiquement sur mon rocher.

Tétanisée, je le voyais livrer un combat inéquitable avec un minuscule reptile, pas plus grand que mon avant-bras. Mais plus Tom le repoussait, plus le serpent semblait nerveux. Et quand il paniquait, il commençait à attaquer, pour sa propre défense.

Je vis alors le petit monstre ouvrir sa gueule pour essayer de mordre la cheville du blond, qui eut un mouvement de recul, au dernier moment. Le serpent était tenace et ne semblait pas effrayé par sa présence. Mais il ne pourrait pas esquiver la gueule du reptile bien longtemps.

Alors, par une espèce de poussée d'adrénaline soudaine, je me mis à courir vers Tom en hurlant. Je me retins à son épaule et assenais un énorme coup de pied dans le serpent qui vola pour atterrir quelques mètres plus loin. Mais rapidement, je perdis l'équilibre et dans ma chute, j'entrainais Tom à qui je m'étais accrochée, et nous nous étalions sur le sol dans une douleur unanime, et un méli-mélo de corps discordant.

J'étais à présent, face contre terre, le visage dans la boue. J'étais incapable de me relever ; Tom me bloquait le dos et les cervicales. Je pouvais seulement me contenter de frôler le sol pour ne pas avoir y enfoncer mon visage dedans.

-« Tom... tu m'écrases. » grinçai-je

Le blond parut reprendre ses esprits et se releva, non sans m'écraser un peu plus fort au passage, sous mes jurons incessants à son encontre.

Il s'épousseta, non mécontent d'être sur pied sans une once d'égratignure. Et il rit encore plus, en me voyant presque inerte et sale, sans la moindre volonté pour me lever.

-« Regarde-toi, on dirait une baleine échouée ! » s'exclama-t-il

Je levais les yeux au ciel, mais sa remarque me fit sourire. C'était vrai, j'étais ridicule. Mais bon, comparé à hier, cela aura été moins mémorable. Et moins gênant. Pourtant, j'avais la tête dans la boue et je n'osais même pas me lever pour regarder l'état de mes vêtements.

Alors, j'éclatais de rire à mon tour. Je ne savais pas pourquoi. La situation était ridicule, certes. Mais je riais rarement quand il s'agissait de moi. J'étais susceptible. Je l'étais devenu en tout cas.

Et là, je riais. De moi. De lui. De nous. De la situation. Tout me semblait drôle. Le fait que ce soit moi qui réussisse à ôter le serpent de notre périmètre de sécurité. Ça aussi, c'était drôle. C'était même inimaginable. Utopique.

Tom continuait de rire et finit par me tendre la main. Je la saisis, me redressais et fit un rapide check-out de mes vêtements. C'est ce moment que je choisis pour arrêter de rire.

La boue me lestait le visage et les vêtements. C'était insupportable, j'avais l'impression de peser lourd, d'être énorme. Mais ça collait, c'était humide je ne pouvais pas tout enlever.

Tom me fixait, l'air avenant. Il ne semblait pas faire attention à toute cette terre mouillée étalée un peu partout sur mon corps, comme du beurre de cacahuète. Il semblait y être indifférent, y faire abstraction. Et cela m'apaisa. Cela apaisa mon mental, l'image que j'avais de moi à ce moment-là. J'avais presque oublié quelle sensation ça faisait que d'avoir confiance en soi. De se sentir pousser des ailes. D'être avec quelqu'un qui ne jugeait pas sur les inconvénients de la vie.

Alors, je me remis à sourire. Bêtement. Inconsciemment. Naïvement. Ça allait, alors je souriais. Que pouvais-je faire de plus ? Cet état de plénitude qui ne durait jamais bien longtemps. Je m'étais promis de ne plus jamais les laisser passer, de mal les exploiter. Et tant pis si je passais pour une imbécile heureuse. Surtout avec Tom.

-« Je ne savais pas que t'avais les capacités de me sauver d'un serpent. Merci en tout cas !

- Pas grave, on est quitte. » concluais-je, souriante

Il me sourit à mon tour, avant de s'attarder sur un point précis, qui se trouvait être dans mes cheveux. Il y mettait tellement d'insistance que je commençais à froncer les sourcils, légèrement inquiète.

-« Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?

- T'as un truc dans les cheveux. Ne bouge pas. »

Je tressaillis lorsqu'il passa ses doigts sur l'extrémité de mon crâne, comme s'il semblait y fouiller. Il laissa glisser ses longs doigts le long de mes mèches, de ma peau. Pour finir par en sortir une minuscule brindille. Ce qui me fit souffler, soulagée. Je devais définitivement arrêter de me faire un sang d'encre pour un rien.

-« Et voilà...

- Kerrie ?! Kerrie ?! Dieu soit loué, tu es là ! »

Je me retournais vivement pour apercevoir un petit groupe d'étudiant s'approcher de nous. A la tête du peloton, Henry, dont le visage fermé habituellement, s'illumina lorsqu'il me vit vivante et quasiment sans une égratignure.
Mais cet état ne dura que quelques secondes seulement. Tom était bien trop proche de moi. Cela pouvait prêter à confusion. Tout comme la boue sur mes vêtements. Cela permettait de s'imaginer une panoplie de scénarios tous plus farfelus les uns que les autres. Peut-être pourrais-je discerner un prix à celui qui aurait la meilleure imagination ?

Mais je décidais de faire abstraction de tout ça. Je voulais faire comme si rien ne s'était passé. Parce que rien ne s'était passé après tout. Je ne voulais juste pas que l'on éveille de faux soupçons. Et j'étais tellement soulagée de revoir Henry.

-« Henry, tu nous as retrouvé ! »

Je me détachai de la presqu'emprise de Tom pour courir vers lui et me lover dans ses bras. Habituellement, le fait que j'eusse de la boue sur mes vêtements l'aurait repoussé. Mais il était tellement soulagé qu'il resserra son étreinte presque automatiquement, sans y faire attention. Puis, il finit par prendre l'initiative de m'embrasser. Plusieurs fois.

-« Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu n'es pas revenue à la fête ? On vous a cherché partout pendant des heures !

- Tom et moi on s'est croisé hier soir dans la forêt. Et on a commencé à se disputer et à se fuir, à un point tel qu'on a fini par s'enfoncer trop profondément et à s'égarer. On ne savait plus où on était, on ne voyait rien. On s'est dit qu'on retrouverait notre chemin plus facilement lorsqu'il ferait jour.

- Et ça va mieux ?

- Oui, on a discuté. Tout va mieux.

- Non mais toi. Tu te sens mieux, par rapport à hier soir ? »

J'hochais la tête, méfiante. Il savait très bien pourquoi j'étais partie hier. Que cherchait-il à me faire avouer ?

Je savais qu'il s'était inquiété pour moi. Cela se voyait. Mais je savais qu'il était encore plus anxieux de me savoir en compagnie de Tom, une nuit entière. De se demander si ça avait fait des étincelles. Si on s'était tapé dessus, presque à deux doigts de nous entretuer. Ou si, au contraire, nos différends nous avaient rapprochés.

Mais je ne voulais pas rentrer dans les détails. Je voulais que cette nuit ne reste dans la mémoire de ceux qui étaient concernés. Tom et moi, en somme. C'était notre secret. Notre histoire. Nos traumatismes. Et ils ne concernaient personne d'autre. D'ailleurs, ils ne nous concernaient même plus.

-« Je suis tellement désolée. Je n'aurais pas dû partir, m'éloigner. Te laisser tout seul, dans un endroit où tu ne voulais même pas être à la base. Et puis... j'ai raté l'anniversaire d'Edwige. Elle doit tellement m'en vouloir...

- Je ne pense pas, regarde. »

Il me fit un signe de tête. Je me retournais pour voir Edwige, accrochée au visage de Tom et qui ne semblait plus vouloir le laisser respirer. Elle ne semblait même pas m'avoir vue. Du moins, c'est ce qu'elle laissait paraître. Ce qui n'était pas rassurant... Cette ignorance sans fond cachait surement une nouvelle et énième tension entre nous qu'il faudra canaliser. Après tout, elle avait toutes les raisons de m'en vouloir après ma réaction de la nuit dernière.

Mais j'avais l'impression que le problème était plus délicat que ça...

Le reste des étudiants qui les avaient aidés dans leurs recherches nous demandaient gentiment si on allait bien, s'il ne nous était pas trop arrivé de péripéties. Je les rassurais avec le sourire et je surpris Tom à faire pareil.

Il m'adressa des coups d'œil furtifs, tandis qu'il tenait Edwige entre ses bras. Mais il me regardait. Avec cette affection, ce besoin constant qu'il avait de vérifier si j'allais bien. Si je me portais bien. Que tout rentrerait dans l'ordre pour moi.

Mais cette fois-ci, il ne pourrait pas continuer de vérifier de lui-même. Il s'assurait que le flambeau était passé à la bonne personne. Et je voulais le rassurer de ce côté-là.

Je glissais doucement à l'oreille d'Henry :

-« Rentrons. Je dois prendre une douche d'urgence... Je pense qu'on a beaucoup de choses à se raconter. Tu as mauvaise mine, toi aussi. »

Il fronça les sourcils à l'entente de ma dernière phrase, mais se laissa entrainer par ma main, en saluant poliment et silencieusement les étudiants qui l'avaient aidé à nous retrouver, au passage. Les autres lui rendirent la pareille, ignares, avant de se retourner vers Edwige et Tom, de manière plus enjouée. Edwige restera  toujours la reine de la soirée aux yeux de tout le monde. Elle aura toujours une place importante dans la tête des gens.

Comme Tom. Avec moi.

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Hi guys ! How are you ?

Petit moment que je n'avais pas écrit, vraiment désolée. Je n'arrivais pas à boucler ce chapitre, je n'étais jamais satisfaite. Et je dois vous avouer qu'actuellement, j'ai pour lubie d'écrire la fin d'À portée de main, pour aucune raison apparente. :-( Juste que ça me faisait plaisir. Du coup la fin est déjà écrite mdrr !

Bref, assez parlé de ma vie. Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

- La situation de Nina ?

- Tom ?

- Le flashback ?

Je voulais également vous parler, de quelque chose d'important.
Avec -Amapola nous avons eu l'idée de faire un crossover de deux de nos livres. J'ai choisi celui-là pour l'illustrer.
Seuls quelques personnages sont repris et l'histoire est totalement parallèle à la mienne.
Donc si ça vous intéresse (je m'adresse à ceux qui aiment le Tom x Kerrie principalement mdrr), vous pourrez le lire sur ce compte : Karmita_
Le livre s'appelle Counting Stars. Le chapitre 1 est déjà en ligne !

Donc n'hésitez pas !

À bientôt pour un nouveau chapitre !

#C.

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