VI

L.A, 6 mai 2000, au soir.

Nous étions à présent dans la voiture d'Edwige et le silence commençait à se faire pesant. Personne n'osait remuer les lèvres. Seul le bruit de la climatisation, nous empêchait de sombrer dans la folie.

J'osai alors un regard vers celle-ci. Elle avait le dos droit, la bouche et les mains crispées sur le volant, le regard ancré vers l'horizon.

Elle se retenait de hurler. Si l'envie lui prenait de jeter, ne serait-ce qu'un coup d'œil vers moi, je savais que son sang-froid exploserait. Aussi déviais-je aussitôt le regard, évitant d'agacer mon amie bien plus encore.

Je serrais mes bras contre ma poitrine. Je sentais les larmes perler au coin de mes yeux. Elles viendraient sans doute diluer le semblant de mascara que j'avais appliqué difficilement sur mes cils et que je m'étais obligée à mettre pour une pareille occasion.

Et je soupirais intérieurement. Dire qu'aujourd'hui, tout n'était qu'une question d'image. On essayait de paraître original, d'apporter notre touche, sur un sujet qui ressemblait déjà à tous les autres. On essayait de s'intenter des défis pour dépasser les limites que nous nous créions nous-même. On changeait, on prenait des risques inutilement, de plus en plus dangereux, pour simplement passer dans un enclos plus grand. Les caméras étaient braquées sur nous, mais notre soif de liberté continuait de nous exciter. Seule la peur semblait être assez grande pour freiner les plus superficiels d'entre nous. Le reste finissait par y laisser de leur vie.

Certains avaient fini par comprendre que la liberté n'existerait jamais, puisque nous étions incapables de vivre sans limite. Ainsi, ils avaient fini par s'accommoder à leur enclos. Après tout, il y avait assez de place pour pouvoir vivre leur vie sans encombre pour y mourir en s'étant fait à leur espace de vie. Et tout le monde savait que le bonheur se gagnait dans les choses simples.

Les gens ne cessaient de repousser leur limite, sans regarder ce qu'ils avaient déjà autour d'eux. Et j'aimais à me rassurer en me disant que je faisais partie de cette dernière catégorie plus monotone, certes, mais moins réfléchie.

Et pourtant, le bonheur ne semblait pas vouloir de moi. Et toute ma théorie était donc remise en question.

Mes pensées furent soudainement interrompues par un freinage brusque, qui me ramena à la réalité. Edwige venait de se garer sur un immense parking vide, faisant face à une imposante bâtisse grisâtre. Les murs en béton, abîmés par les années, restaient péniblement debout et ne donnaient nullement envie de savoir ce qu'ils renfermaient derrière. Il n'y avait aucune lumière qui sortait de cet endroit, mise à part celles des néons turquoise et roses sur la devanture, qui formaient le nom du bar ; Bobby's&Co. Mais les lettres B avaient arrêté de briller.

Cet endroit n'avait décidément rien d'accueillant. J'espérais vivement qu'Edwige s'était arrêtée ici pour respirer un bol d'air frais ou pour fumer une cigarette. Mais lorsqu'elle ôta sa ceinture et claqua la portière sans un mot, pour venir se loger à côté de ma portière et guetter ma sortie imminente, je compris que nous étions visiblement arrivées à destination.

À contrecœur, je finis par me détacher à mon tour pour rejoindre mon amie à l'extérieur, qui commençait à s'impatienter.

- « C'est là que nous allons passer la soirée ? »

La question me brûlait les lèvres depuis trop longtemps. J'avais encore l'espoir qu'elle me fasse une mauvaise blague.

Pourtant, elle haussa les épaules d'un air évident, avant de déclarer d'une voix morne qui brisa instantanément toutes mes espérances :

- « Oui, mes amis nous attendent à l'intérieur. Si tu pouvais te dépêcher...

- Attends... Tu es sûre que c'est ouvert ? Il n'y a pas de lumière.

- Kerrie, je viens ici depuis très longtemps. Je connais bien les horaires d'ouverture et de fermeture. Donc arrête un peu de te méfier de tout et sors de cette voiture !

- Et toi, arrête de me rabaisser à longueur de journée. »

Elle ouvrit des yeux ronds devant ma soudaine spontanéité. J'étais moi-même étonnée, mais la phrase m'avait échappé d'un seul coup, comme un automatisme évident.

Je baissais soudainement le regard vers mes chaussures, les joues cramoisies :

- « Excuse-moi, c'est sorti tout seul... »

La belle blonde rajusta ses cheveux derrière ses oreilles, sans un mot, continuant de me toiser faussement de haut en bas. Avant d'éclater de rire et de me donner une tape amicale dans le dos, qui me déstabilisa encore plus que sa remarque précédente.

- « Ne culpabilise pas pour ça ma vieille, c'est bien de dire ce que tu penses ! Je ne vais pas te blâmer pour ça !

- Oh, euh...

- Aller, ne t'en fait pas, j'avais déjà oublié l'épisode de la robe ! Je voulais juste te faire réagir un peu ! Parfois, tu me fais un peu penser à une vieille guimauve oubliée au fond d'un paquet ! Et en tant qu'amie dévouée, j'essaye de te trouver acquéreur. Certes, tu m'agaces souvent avec tes airs de mijaurée apeurée, mais j'essaye de te mettre face à tes responsabilités ; c'est vrai quoi ! À ce que je sache, tu n'es pas aussi malheureuse que ces pauvres gens exploités dans les mines qui ont à peine de quoi vivre, ou encore ceux qui se font battre par leurs parents alcooliques. Alors, à moins que tu me caches quelque chose, j'espère que tu vas un peu te remettre en question et voir la chance que tu as de vivre en Amérique ! »

Je n'osais plus l'ouvrir. À vrai dire, j'étais stupéfaite face à ses paroles, mais également parce que je me demandais comment elle faisait pour réussir à mettre le doigt sur le principal problème, en se résolvant à ne pas le voir.

Du coup, j'étais partagée entre lui exploser la vérité évidente au visage ou me taire encore un long moment. Et c'était cette dernière option que je décidais de choisir. Pas uniquement par pudeur, mais parce qu'elle n'avait pas spécialement tort. Si je ne voulais pas parler de mes problèmes, je devais apprendre à ne pas les montrer. Sinon, cela finissait par créer des quiproquos ; les gens pensaient que je me laissais vivre, alors que pas du tout. Bien au contraire.

Et si même les amis commençaient à s'y mettre...

En voyant la moue curieuse que devait dégager mon visage, Edwige s'empressa tout de même de me rassurer et de me prouver son affection. À sa manière.

- « Mais bon, si tu commences enfin à t'affirmer, nous tenons peut-être un début ! Aller, viens, mes amis nous attendent et ont hâte de faire ta connaissance. »

Elle m'adressa un sourire radieux, à peine bancal, où toute rancune s'était à présent dissipée. Rassurée, je lui rendis son sourire et la suivis, sans presque aucune hésitation.

À vrai dire, j'étais aveuglée par mon soulagement. Voir Edwige de bonne humeur suffirait à rendre la soirée partiellement plus sympathique et rassurante. Et c'était tout ce que je voulais.

Du moins, je l'espérais.

* * *

Edwige finit par ouvrir la porte de la vieille bâtisse, tandis que nous étions bras dessus, bras dessous. Mais lorsque nous pénétrions à l'intérieur, le sentiment d'insécurité que j'avais ressenti sur le parking ne fit que s'accroître, confirmant mes doutes.

Effectivement, le bar était ouvert ; mais la salle était minuscule. Il devait y avoir un peu moins d'une dizaine de tables, dont deux déjà occupées.

Mais celles-ci étaient sales et poisseuses. Un peu comme le reste de la salle, ce qui se ressentait sous les semelles de mes chaussures. Le moindre recoin était parsemé de toiles d'araignées et une odeur pestilentielle se diffusait partiellement dans la pièce, me forçant à froncer le nez. Un simple mouvement de tête vers une porte à ma gauche, gratifiée du mot "toilettes", me fit comprendre que l'odeur, amplifiée, y prenait sa source derrière. De quoi donner envie de se retenir pour le reste de la soirée.

Fort heureusement, les amis d'Edwige n'avaient pas l'air de se trouver là ; un escalier permettait d'accéder à une autre salle, au premier étage. Celle-ci m'y entraîna donc, nous permettant d'échapper à cette atmosphère suffocante, au fur et à mesure que nous montions les marches.

La salle était encore plus minuscule que la précédente. C'était une autre pièce du bar, qui contenait moitié moins de table. En effet, celle-ci était déjà remplie par un comptoir minuscule, complètement appauvri, et faiblement rempli de quelques bouteilles d'alcool. Un homme s'y trouvait derrière et faisait mine de nettoyer des verres. Mais quitte à faire semblant, peut-être aurait-il pu jeter un coup d'œil sur la propreté douteuse du bar, en général.

Je n'y avais pas fait attention trop longtemps. La luminosité et l'ambiance de la salle, guère plus remplie, monopolisaient mon attention générale et avaient ravivé des souvenirs que je pensais enfouis dans mon inconscient, depuis un long moment.

Après tout, quelle idée aurais-je pu en avoir ? Je n'avais pas mis les pieds dans ce genre d'endroit depuis ma plus tendre enfance. C'était assez étrange, dis comme ça. Je semblais faire les choses à l'envers. Et pourtant, c'était la vérité.

J'étais déjà allée dans un endroit similaire, dans ma période primaire. Les jumeaux n'étaient pas encore nés et n'avaient aucune idée de cette partie de ma vie. C'était un secret entre ma mère et moi. Un secret qu'elle m'avait fait jurer de garder, après s'être malencontreusement fait licencier, lorsque son patron s'était aperçu de ma présence. Un secret que je continuais de garder, malgré la dégradation de nos liens. Et qui, de toute manière, n'aurait rien changé.

C'était ce jour-là. Ce jour où je l'avais définitivement perdue. Que la mère qui se battait pour moi, pour ne pas me laisser seule et démunie, avait décidé de se faire passer avant.
Abattue d'enchaîner les échecs, de voir que rien ne marchait, elle avait décidé d'abandonner et de m'abandonner avec elle. Elle avait essayé de prouver qu'elle n'était dépendante de personne, qu'elle pouvait se débrouiller toute seule. S'occuper de sa fille, sans forcément passer par la famille Questz.

Mais ce fut l'échec de trop. Une désillusion supplémentaire. Une erreur qui lui avait coûté. Et elle avait fini par se rendre compte que j'étais un poids dans la vie qu'elle avait choisi de vivre. Qu'une enfant ne pouvait pas se risquer à regarder sa mère danser pour des hommes, du fin fond de sa loge. Et qu'à force d'avoir entendu toutes ces critiques, elle avait fini par se rendre compte que les autres avaient eu raison.

Elle n'était pas une bonne mère.

Tous ces souvenirs refluaient en moi. D'un seul coup. Et après tout, peut-être était-ce aussi pour ça que je m'interdisais de sortir ? Trop de choses s'étaient passées dans le coin. Et je peinais déjà à m'habituer à ce qui s'était passé, entre les murs de ma maison.

- « Kerrie, ça va ? »

Je ne m'étais pas rendu compte que je fixais le sol, un peu trop intensément. Je repris brusquement mes esprits, et affichais un sourire à une Edwige interloquée.

- « Oui, ça va. Où sont tes amis, du coup ?

- Juste là ! En réalité, ils nous font signe depuis tout à l'heure ! » fit-elle en me désignant l'autre bout de la salle.

Je rivais la tête vers une table où étaient attablés trois jeunes adultes de notre âge, qui remuaient machinalement leurs mains, en voyant que nous nous étions enfin tournés vers eux.

Edwige ne perdit pas une minute de plus et trottina vers la table. Je la suivis tant bien que mal, alors qu'elle s'était déjà installée sur la banquette poisseuse, pour embrasser sensuellement le garçon qui s'y trouvait au bout. Je ne mis donc pas longtemps à comprendre que je venais enfin de rencontrer son fameux copain, Mathieu.

- « Eh bien bébé, ce n'est pas trop tôt, je commençais à m'inquiéter ! » s'exclama Mathieu, une fois la bouche libre pour parler.

La belle blonde riait aux éclats, et ébouriffa les cheveux de son petit ami.

Je dévisageai alors Mathieu. Comme d'habitude, Edwige piochait le gros lot ; des garçons qui ne devaient pas faire trop tâche, pour pouvoir faire ressortir le meilleur d'elle-même. Mais qui devaient, toutefois, être un poil trop commun pour rester dans l'ombre de son resplendissement.

La seule chose qui semblait le faire sortir de la moyenne, c'était la cicatrice qu'il avait au coin de l'œil. Mais j'étais la première à savoir que certains secrets méritaient d'être gardés.

- « Désolée, mais Kerrie a mis un peu de temps à choisir sa tenue. » répondit finalement Edwige en m'adressant un clin d'œil

À l'entente de cette phrase, les amis d'Edwige se tournèrent tous vers moi, comme si ma présence les intéressait enfin. Il fallait croire que même dans un groupe restreint, j'arrivais à être invisible, bien que je sois normalement le sujet principal de la soirée.

- « Ah, la fameuse Kerrie dont Edwige nous chante les louanges ! finit par s'exclamer Mathieu en enfonçant son dos dans la banquette.

- En effet... » répondis-je, timidement.

Ils me sourirent faiblement. Il était vrai et nous devions tous l'avouer ; nous étions tous mal à l'aise en la présence des uns et des autres. Génial, j'avais à peine dit deux mots, et je les endormais déjà.

Plus qu'à essayer de mettre en pratique ce que m'avait dit Edwige, avant de rentrer ici, en dernier recours.

- « Enchanté, alors. Moi c'est Mathieu ! Et voici Luis et Gina, d'autres amis du groupe. »

Les deux concernés, hochèrent la tête en souriant.

Gina était une petite blonde aux cheveux courts et dégradés. Elle avait les yeux d'un bleu tellement vif, que ceux-ci semblaient bien trop surnaturels pour paraître véridique. Elle arborait un style plutôt décontracté, et restait assez naturelle, malgré la couleur de ses yeux.

Luis était aussi un blond, mais avait préféré se teindre une bonne partie en bleu. Contrairement à ses autres amis, on lisait facilement dans ses yeux gris qu'il semblait être quelqu'un d'assez lointain. Mais visiblement suffisamment avenant pour faire partie de la troupe.

Je ne pus me résoudre qu'à leur sourire en retour. Je ne savais pas si je devais me présenter à mon tour, puisque Edwige s'était déjà permis de faire les présentations avant mon arrivée. Du coup, je ne voyais pas l'intérêt d'entendre qu'ils le savaient. Cela sonnerait déjà la fin de la conversation, qui n'était déjà pas bien profonde.

- « Eh bien Kerrie, tu ne t'assois pas ? N'aie pas peur, nous n'allons pas te manger ! » s'exclama Gina.

Je venais seulement de le remarquer, mais j'étais plantée derrière la banquette où Edwige avait pris place, il y avait déjà cinq minutes de cela. J'étais donc la seule qui demeurait debout et raide au milieu de la salle, comme une idiote.

Je m'assis immédiatement à côté d'Edwige, évitant de faire durer le malaise plus longtemps. La banquette était tellement poisseuse, que je sentais mes fesses s'enfoncer et se coller contre le dossier. J'esquissais une grimace, dégoûtée.

- « Dis donc bébé, ce n'est pas une de tes robes que Kerrie porte ? fit le brun en changeant de sujet.

- Si, je lui ai prêté. Mademoiselle ne raffole pas du shopping !

- Tu devrais la mettre plus souvent. Je suis sûre qu'elle doit t'aller à ravir ! »

Et les deux tourtereaux partirent soudainement dans des ébats qui ne regardaient qu'eux, tandis que Luis et Gina parlaient tous les deux, depuis un certain moment. Quant à moi, je m'étais mise à regarder mes pieds, un petit peu perdue.
Comme d'habitude, j'étais incapable de m'imposer dans une conversation et montrer que j'étais bien présente. Bien réelle.

Pourtant, j'étais l'invitée d'honneur.

Ce petit cirque dura bien une dizaine de minutes, jusqu'à ce que les quatre amis se rendissent compte qu'ils avaient soif. Ils décidèrent donc de commander des boissons.
Quant à moi, le moment de me serrer le poignet et de continuer d'être invisible devait impérativement durer le plus longtemps possible.

- « Eh, Bobby ! Viens, on veut commander ! »

Bobby sortit de derrière son vieux comptoir, pour se diriger mollement vers notre table. Et vu la dégaine peu enviable qu'il avait, je comprenais mieux l'état de son bar.

- « Salut les jeunes, comme d'habitude, je suppose ?

- Oui, s'il te plaît ! Et toi Kerrie, tu veux quoi ?

- Euh... Je ne sais pas... Vous avez du jus d'orange ? »

Bobby me regarda avec des yeux ronds, tandis que Mathieu et Gina explosèrent de rire. Edwige semblait perplexe, et Luis évitait mon regard.

Je baissai la tête, honteuse. Peut-être que aurais-je dû dire que je n'avais pas soif, la pilule serait mieux passée. Et l'humiliation aurait été moins dure à avaler.

- « Euh ouais, je dois bien avoir ça. » conclu machinalement Bobby en s'éloignant.

Mathieu et Gina continuaient de rire de plus belle, au point d'en avoir les larmes aux yeux. Je me pinçais les joues, pour éviter d'exploser.

Edwige s'aperçut de ma détresse et donna alors une tape docile sur la tête de Mathieu qui s'arrêta de rire immédiatement, tout en laissant échapper quelques gloussements destinés à Gina.

Puis elle se tourna ensuite vers moi, en m'adressant un sourire crispé. Je ne savais pas si elle souriait de la sorte parce que je lui faisais honte, ou parce qu'elle était désolée pour moi.

Le petit jeu auquel je n'avais pas pris part finit par s'achever, lorsque Gina décida subitement de se lever, les joues encore empourprées. Elle jeta quelques coups d'œil complices à Mathieu, qui la dissuada d'un geste de la main, les yeux encore larmoyants, avant de déclarer :

- « Bon, je vais aller dire deux mots à Bobby, je reviens ! »

Tout le monde hocha la tête, moi comprise. À vrai dire, j'étais même très contente qu'elle décide de nous fausser compagnie. C'était toujours une de moins.

Ce que je ne savais pas encore, c'est que je n'étais pas au bout de mes surprises.

La petite blonde finit par s'éloigner vers le comptoir, mais rapidement mon attention fut reportée sur Edwige, qui avait pris les devants pour essayer de calmer les tensions qui étaient en train de se former.

Elle avait sûrement déjà tout prévu assez tôt. Et elle était même assez douée.

- « Bon, si nous jouions à un jeu ? Histoire d'apprendre à faire connaissance ? Du coup, tout le monde participe pour que ce soit équitable !

- Ouais, mais quel jeu ?

- Se raconter quelques faits honteux ou des secrets sur nous, par exemple ? Et celui qui refuse de le faire a un gage. Mais bon, si tout le monde participe, il n'y a pas de raison ! fit Edwige en m'adressant un coup d'œil appuyé.

- C'est nul ton truc, c'est pour les gosses.

- Toujours aussi rabat-joie, Luis ! »

Le jeune homme laissa échapper un petit grognement satisfait, qu'Edwige fit mine d'ignorer.

- « Bon, tout le monde est d'accord ? Adjugé vendu ?

- Ouais, aller, pourquoi pas ? Même que je veux bien commencer ! » s'exclama Mathieu

À ce moment, Gina en profita pour revenir s'installer, tout sourire, comme si de rien n'était.

- « De quoi parle-t-on ici ?

- Edwige veut qu'on fasse un jeu débile, ou il faut dévoiler un secret sur nous !

- Oh ouais, cool ! Je suis de la partie !

- Toute façon, tu n'as pas le choix !

- Bon, fermez-la, que je vous raconte mon secret ! »

Tout le monde se tut, et se tourna vers Mathieu, qui venait de prendre un air mystérieux. Il posa soudainement son index sur sa fameuse cicatrice, un sourire mélancolique au coin des lèvres.

- « Je ne raconte pas souvent cette histoire. À vrai dire, je ne pensais pas un jour la raconter de cette façon. C'est un poil ironique, soit dit en passant. Mais bon, tant pis ! Après tout, c'est loin derrière, maintenant. »

Il avait réussi à capter l'attention de tout le monde, qui attendait la suite, comme s'ils s'apprêtaient à découvrir la fin d'un vieux polar.
Il avait même réussi à attiser ma curiosité, alors que j'avais été embarquée contre mon gré dans le jeu stupide d'Edwige.

- « Cette cicatrice que vous voyez a été faite par mon père, quand j'avais huit ans. Il essayait d'atteindre ma mère, mécontent de leur divorce. Et un soir, on l'a trouvé là, au milieu du salon, alors que nous rentrions de l'école. Il nous a fait le fameux speech du père malheureux, mais ça ne l'a pas empêché de nous menacer avec un couteau. Ma mère n'a pas cédé, en lui disant qu'elle ne reviendrait pas sur sa décision. Nous pensions qu'il ne le ferait pas, mais il a commis l'irréparable... »

Son doigt parcourut la courbure de la cicatrice, me faisant frissonner au fur et à mesure qu'il avançait celui-ci sur son arcade sourcilière.
Un coup d'œil vers les autres me montra avec horreur qu'à contrario, ils n'avaient pas bougé d'un millimètre.

- « Il voulait atteindre ma mère, mais je me suis mise entre elle et lui. C'est qu'en plus, il a failli me le crever, le con !

- Vois le bon côté des choses, ça te donne un petit air mystérieux et sexy. » gloussa Edwige.

Mathieu, satisfait, haussa le menton comme pour mettre cette espèce de fardeau en valeur. Cette cicatrice inspirait le respect ? A moi, plutôt des frissons.

- « Du coup voilà mon histoire. Qui veut essayer, maintenant ?

- Je veux bien. » fit soudainement Gina, intéressée.

Nous nous tournâmes vers elle, qui semblait soudainement s'être prise au jeu. Et tandis qu'elle se grattait la gorge, je restais estomaquée du manque de réaction de la tablée, face à un sujet aussi grave. Et qui n'irait évidemment pas en s'arrangeant.

À moins que je ne sois un peu trop rabat-joie ?

- « Année de terminale. Une année où j'ai dû garder la tête froide à mainte et mainte reprise. Et tout ça, à cause d'une simple vidéo. Et même pas entière ! Quelques secondes ont suffi. Quelques secondes, quelques bouts de peau, quelques clics... Et le lendemain, ça avait déjà fait le tour du lycée. »

Gina se tripota les doigts, les sourcils froncés, comme si elle peinait à puiser dans ses souvenirs douloureux.

- « Je ne pensais pas avoir fait quelque chose de mal. J'ai toujours aimé tester. Pour moi, ça ne regardait pas les autres. Jusqu'à ce que ce soit eux qui aient le droit de regard sur moi. Sur des sites prônant le voyeurisme à tout va. Et là, j'ai compris que l'invitation de ces trois garçons lors de cette soirée, s'étaient retournée contre moi et moi seule. Je ne pouvais plus jouer à la jeune fille inexpérimentée désormais, je devais prouver que j'étais au dessus ça ne m'atteignait pas. Que c'était mon choix et que je l'assumais. Malheureusement, il était trop tard ; le mal était déjà fait. Et même après avoir réussi à enlever la vidéo sur internet, je savais qu'il resterait des traces. Quelque part, au fond d'un vieux dossier. Et dans les esprits surtout. »

Les doigts de Gina devenaient rouge à force d'être frottés les uns contre les autres. Son regard était perdu dans la vague et je m'étais surprise à la fixer un peu trop intensément.

Mais soudain, elle releva la tête, beaucoup plus sûre d'elle à présent.

- « Mais tout ça, c'est du passé maintenant ! Comme tout, ça a finit par se tasser. Les gens m'ont laissé tranquille, et j'ai pu avoir mon diplôme. Du coup, ouais... voilà. Je suis fière de la fin de cette histoire. A qui le tour, du coup ? »

Bobby arriva soudainement derrière nous, nous interrompant momentanément. Les quatre amis s'emparèrent de leurs verres, et le barman me tendit mon jus d'orange, méfiant, avant de s'éloigner.

Alors que je portais le verre à mes lèvres, je fus soudainement freinée par une odeur écœurante, qui me rappelait celle des toilettes du bas. Soit ses réserves de jus d'orange étaient périmées, faute d'adeptes, soit le manque d'hygiène se ressentait jusqu'au fond de mon verre.

Evidemment, les autres ne se rendirent pas compte de ma réticence. Tout devait rouler pour eux, puisqu'ils avaient déjà quasiment tout bu, avant d'avoir pu regarder la consistance de leur boisson.

- « Prépare nous la même chose à nouveau Bobby ! »

Le barman s'exécuta mollement, disparaissant à nouveau derrière son comptoir.

Je jetais à nouveau un coup d'œil à ma boisson, ressentant la sécheresse dans ma gorge, à chaque fois que j'avais la mauvaise idée de dévisager le liquide orangé que renfermait le récipient. Si bien que je ne pus résister plus longtemps ; bientôt celui-ci circulait dans toute ma trachée, me faisant frissonner de dégoût, à chaque goulée.

Il n'y avait malheureusement pas que l'odeur qui était repoussante.

En attendant, à cause de ce petit intermède, personne n'avait pas plus réagit au secret de Gina. Tout le monde semblait même l'avoir oublié.

Sauf moi. Mais je n'arrivais toujours pas à m'imposer.

- « Bon, je crois que c'est mon tour. » chuchota soudainement Luis.

Son regard se fit plus lointain encore et il commença son récit :

- « Au début du lycée, j'étais ce que l'on appelait communément le pire des pervers. Dès que j'avais une opportunité, je la saisissais. Et évidemment, un jour, ça a mal tourné. On était jeune et mal renseigné et on s'est retrouvé avec un bébé sur les bras. Une fille que j'avais connu en soirée. Ce détail pouvait encore être gérable, si elle n'avait pas choisi de le garder. Alors... J'ai eu peur. J'ai abandonné. J'ai décidé de ne pas continuer et j'ai coupé les ponts. Comme ça, d'un coup. Sans aucune culpabilité. Et même encore aujourd'hui. »

Ses yeux gris balayèrent l'assemblée, qui semblait sous tension. Il finit par soupirer, en voyant tous ces regards qui ne savaient quelle attitude adopter.

- « Je sais ce que vous pensez. J'avais à peine seize ans à l'époque.

- Personne n'est là pour te juger. C'est un jeu, Luis. » souffla Edwige.

Un jeu, quel jeu ? Je ne voyais que des confessions honteuses où le jugement était obligé de fuser.

Luis remercia Edwige d'un regard plus doux que précédemment, mais l'ambiance restait tout de même suffocante. Et je n'en pouvais plus d'entendre tout ça. A tel point que je ne m'étais même pas posé la question sur ce que j'allais pouvoir leur raconter. Pour moi, il était clair que je me préparais déjà à me ridiculiser à nouveau en refusant de participer.

Edwige décida alors, à nouveau, de sauver l'ambiance, en prenant la parole :

- « A moi, du coup. Eh bien, j'ai eu...

- Tu as eu ? »

Nous fûmes encore interrompus par Bobby qui ramenait non pas un, mais deux verres supplémentaires pour les quatre amis, sur lesquels ils se ruèrent assez rapidement. Je les regardais faire, vidée, tandis que je peinais à finir mon jus d'orange. Le barman s'éloigna, tandis que tout le monde attendait le fameux secret d'Edwige.

Ce n'était pas que je ne l'attendais pas, mais au fur et à mesure que je buvais mon breuvage, je commençais à me sentir fatiguée. Mes paupières et mon cerveau se fermaient doucement et contre leur gré.

Je regardais alors l'heure sur la vieille horloge de la salle, et vit qu'il était seulement onze heures du soir. Étrange, je me couchais beaucoup plus tard habituellement, pourquoi étais-je aussi fatiguée, d'un seul coup ? La qualité du jus d'orange ne pouvait tout de même pas me jouer des tours à ce point là ?

Edwige entre deux verres, se mît soudainement à sourire, satisfaite de ce qu'elle s'apprêtait à sortir. A moins que l'alcool lui fasse rosir les joues ?

- « J'ai eu une relation avec Sabri Texies, pendant un moment.

- Hein ? Le propriétaire des plus grandes chaînes d'Hôtel de Los Angeles ? Le père d'Henry ? »

A l'entente de ce nom, je bondis de la banquette en sursaut, totalement réveillée. Je venais subitement de me souvenir pourquoi j'avais accepté de venir dans ce bar miteux, et c'était bien pour en savoir plus sur ce fameux Henry.

- « Eh bien Kerrie, tu connais Henry on dirait ? demanda Mathieu, soudainement amusé de ma réaction.

- Haha, ouais ! Elle l'a rencontré ce matin, il est venu lui acheter des fleurs ! Elle est tombée directement sous son charme !

- Edwige, tu n'es pas obligée de raconter toute ma vie sentimentale, tu sais... » chuchotais-je.

Je commençais à avoir la bouche pâteuse, et malgré l'évocation d'Henry, ce ne fut malheureusement pas suffisant pour réussir à garder les yeux ouverts.

Edwige explosa de rire, en levant son verre pour l'apporter difficilement à ses lèvres, tant elle était secouée.

- « Ta vie sentimentale ? Mais voyons Kerrie, vous avez juste parlé de fleur ! De fleurs ! Tu appelles ça une vie sentimentale ? T'as jamais été en couple et t'as même pas de vie ! » s'exclama Edwige, totalement hilare.

Je déglutis, totalement hébétée. Je voulais partir d'ici, sachant très bien que depuis le début, je n'étais pas à ma place. Mais je sentais mes forces me quitter et j'étais incapable de riposter correctement. Ou même de bouger.

Déjà qu'en temps normal, ce n'était pas trop ça.

- « Arrête Edwige, tu deviens trop méchante, calme toi ! Et raconte-nous ton histoire avec Sabri, quémanda Luis, intéressé.

- Ah oui, c'est vrai... Eh bien, on s'était rencontré lors d'un séminaire de ma mère, que j'accompagnais. Nous avons loué une chambre au Rich et nous l'avons croisé dans les couloirs. On a un peu discuté, le lendemain pareil, à tel point qu'il souhaitait me revoir en tête à tête, autour d'un café. Ce petit cirque a duré plusieurs jours et au final, ça a glissé tout seul.

- Mais c'est dégueulasse, c'était quand ?

- L'année dernière, je venais tout juste d'être majeure.

- T'as couché avec un vieux, c'est assez... glauque. Tu es sûre que tu l'aimais au moins ? Ta mère elle était au courant ?

- Quand on aime, ça ne se compte pas en année. Je sortais souvent pour le voir, ma mère se posait des questions au bout d'un moment. J'ai dû lui faire croire que je sortais avec Henry, pour ne pas l'alarmer. »

En voyant l'air consterné de tout le monde ― spécialement de Mathieu, son air blasé se décontracta pour laisser place à des mimiques plus légères. Sûrement pour que son histoire passe comme une lettre à la poste.

- « Relax, c'est de l'histoire ancienne ! Et ça n'a pas duré longtemps, c'était pour tester. Y'avais aucun sentiment ou ce genre de truc ! Je préfère de loin mon copain actuel !» asséna-t-elle, à l'aide de coups d'œil explicites.

Elle ria aux éclats, rejointe par Mathieu, soulagé. Edwige venait de dire calmement à son copain qu'avant lui, elle était sortie avec un homme qui avait le double ― voir le triple de son âge et il arrivait à trouver un côté poilant à la situation. L'alcool devait sûrement lui faire pousser des ailes au moindre compliment. A moins qu'il soit naturellement naïf ?

Une autre forme de naïveté.

Ils avaient tous raconté leurs secrets sans ressentir aucune gêne, comme si c'était une histoire banale que l'on pouvait raconter au coin du feu. Pour eux, leur passé honteux pouvait être évoqué, du moment qu'il était loin derrière. Peu importe les conséquences qu'elles pouvaient avoir sur les trois temps.

Malheureusement, je ne voyais pas les choses de cet œil-là.

A vrai dire, je n'avais même plus la force de réfléchir. La fatigue me submergeait.
Il valait mieux que je leur trouve un secret pas trop déshonorant qui suffirait à les satisfaire, plutôt que de me creuser la tête à formuler un refus pessimiste, qui plomberait l'ambiance, une fois de plus.

Et dieu sait à quel point ça allait être difficile.

- « Bon eh bien, il ne reste plus que toi Kerrie ! Raconte-nous un de tes secrets, surtout qu'apparemment t'es une fille très mystérieuse !»

Tu parles, il n'y avait que ça qui les intéressait. Edwige avait choisi le bon jeu.

-« Je... » murmurais-je.

Et là, j'avais craqué. Le sommeil avait gagné et l'inconscient avait pris possession de mon corps, sans me laisser le temps de lutter plus longuement.

Et puis après, trou noir.

* * *

- « Voilà Henry, c'est tout ce dont je me souviens... Vous savez tout maintenant. »

Nous étions assis sur le bord de mon lit, côte à côte. Il était presque cinq heures du matin quand j'eus terminé mon récit.

Sa seule réponse après cette longue histoire, fut un soupir exténué. Je ne savais pas si c'était à cause de la fatigue ou de toutes les informations qu'il s'était forcé à emmagasiner.

Heureusement, il prononça tout de même quelques mots.

- « Eh bien, c'est une sacré première soirée pour vous Kerrie. Et pas l'une des plus mémorables. Surtout en fréquentant le bar le plus pittoresque de Los Angeles. Ce n'est pas pour rien qu'il est souvent vide. Seuls les ivrognes aiment généralement en faire leur repère. J'ignore si Edwige en fait parti. Ce ne sont pas mes affaires.

- Je préférerais ne pas le savoir non plus. J'aurais aimé que l'on se revoie dans de meilleures conditions... Je ne suis pas des plus sortable, aujourd'hui.

- L'importance, c'est que nous nous soyons revus, non ? Et puis, j'avais bien deviné que vous n'étiez pas dans votre état normal.

- Oui, je m'en veux un peu... Et je ne sais toujours pas ce qui s'est passé, en deuxième partie de soirée. Ni où étaient passé les autres.

- Je pense qu'après vous être endormie, vous vous êtes réveillée dans un état second... Et malheureusement, ce genre de chose peut arriver aux jeunes femmes. C'est là que vous avez dû consommer de l'alcool.

- Ouais sacré première soirée... Ça ne me donne pas envie de recommencer. Déjà que je n'étais pas spécialement partante.»

Henry fronça les sourcils, soudainement suspicieux face à la remarque que je venais de soulever.

-« On vous y a forcé ? Je croyais que c'était pour faire plaisir à votre amie.

- Disons, que l'on m'a fait du chantage affectif. J'acceptais de passer une soirée en compagnie de mon amie, en échange de quelques renseignements sur vous. Vous devez connaître Edwige Paige, je suppose ? C'est elle mon amie. »

Henry me répondit par un sourire triste. Vu les renseignements que je venais de lui livrer sur la nature de sa relation avec son père, il était évident qu'il devait au moins avoir une idée de son identité. Surtout qu'elle semblait l'assumer. C'était donc plus facile pour moi de raconter les faits, sans culpabiliser.

- « À vrai dire, j'aurais préféré vous apprendre mon identité moi-même, plutôt que de l'entendre sortir de la bouche de l'une des maîtresses de mon père. Oui, je connais Edwige Paige. Et contrairement à ce qu'elle vous a raconté durant cette soirée, leur rencontre ne s'est absolument pas passée comme ça. Ils se connaissaient de longue date. Tout comme moi.»

Ah tiens. Un point commun.

-« De longue date ?

- Depuis notre adolescence. Mon père et sa mère étaient de très bons amis. Je n'ai jamais trop réussi à cerner leur relation, mais je savais qu'elle était très cordiale. Ce qui n'était pas le cas d'Edwige et moi. J'appréciais sa mère mais pas elle. C'était une petite vipère jalouse et manipulatrice et elle a toujours eu les faveurs de mon père. Elle était trop contente lorsque celui-ci me recadrait, après un de ses coups bas. Heureusement, j'ai toujours été au-dessus de tout ça. Même quand elle est sortie avec lui. En voyant que ça ne m'atteignait pas, elle est rapidement passée à autre chose. Et encore aujourd'hui, ils entretiennent de très bonnes relations !

- Et vous n'avez pas de mère ? » demandais-je.

Le visage d'Henry fut parcouru d'un sourire triste.

- « Ma mère a rapidement foutu le camp quand elle a compris qu'elle ne serait jamais heureuse avec un homme comme mon père. C'était compliqué de le fuir et elle a saisi la première opportunité, peu importe ce que cela occasionnait. Même de laisser son enfant. Je lui en ai longtemps voulu, mais en grandissant... J'ai fini par comprendre. Et aujourd'hui, j'aimerai simplement savoir si elle va bien. Si elle a réussi à refaire sa vie, à fonder une vraie famille. Pas une qui ressemble à celle que j'ai. Un père absent et une multitude de belle-mère, avec un écart d'âge qui se réduit au fur et à mesure que je prends de l'âge.

- Vous avez l'air de vivre dans un beau monde, dîtes donc.

- Je crois que je ne vis pas dans un monde d'ordure. Je crois que le monde est comme ça, tout simplement. J'ai juste fini par m'y habituer.

- Vous avez l'air d'un homme bien Henry. Je suis sûre que vous pouvez changer les choses, si vous le désirez.

- Sûrement. Je n'en sais rien. Je préfères me concentrer sur ce qui est important pour moi. Ça m'aide à me distraire. »

Nous échangions tous les deux un sourire soulagé. Je me sentais de plus en plus à l'aise en la compagnie d'Henry ; encore plus depuis qu'il s'était subitement confié à moi sur une partie de sa vie. Il avait l'air sincère et incroyablement équilibré, ce qui le rendait intéressant à écouter.

Même apprendre quelques anecdotes sur Edwige avait réussi à me captiver. Ce que j'avais entendu collait bien avec le tempérament que je connaissais d'elle. Et les deux protagonistes s'accordaient à dire qu'elle avait bien eu une aventure avec le père Texies.

Pourtant, j'arrivais encore à lui laisser le bénéfice du doute. Notamment parce qu'elle était mon amie et parce que je connaissais Henry depuis peu.

Il avait l'air charmant, mais ma naïveté m'avait trop souvent perdue. Mes capacités d'analyses m'étaient revenues depuis le départ de Tom et il était hors de question que je les laisse à nouveau de côté.

Je m'étais déjà faîtes avoir une fois. Pas deux.

Soudain, il sembla se ressaisir, puisque les traits de son visage se firent plus sérieux.

- « Puis-je vous poser une question Kerrie ?

- Bien sûr, assénai-je avec un sourire.

- Quand je vous ai ramenée ici, j'ai cru bon de vous prêter un peignoir au cas où vous auriez froid. Et lorsque j'ai voulu vous le mettre par-dessus votre robe, j'ai découvert sur vos bras, une multitude d'hématomes, de différentes couleurs. Je sais que ça ne me regarde sûrement pas, mais... Je ne crois pas que ce soit normal... Je me trompe ? »

J'arrêtais immédiatement de sourire. Mon monde venait d'arrêter de tourner.

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Hey !

Désolée pour le retard du chapitre, pour compenser je l'ai fait assez long (même très long), j'espère qu'il vous plaira quand même.

Beaucoup de secrets et de mystère, faites attention à tous les détails du chapitre.

- Qu'est-il arrivé spécifiquement à Kerrie ?

- Que pensez-vous des secrets des quatre amis ? En particulier celui d'Edwige.

- Kerrie va-t-elle dévoiler son secret pour la première fois de sa vie ?

Vous en savez un minimum sur Henry, mais sachez que vous en saurez un peu plus au fur et à mesure des chapitres.

Ce chapitre sera très important pour la suite du livre. Certains indices sont à prendre avec des pincettes.

Sinon, merci à ceux qui lisent vous êtes extra. :-) Bientôt 1K. Thx ! :-)

A bientôt !

#C.

{Musique en média : Heads will roll - Yeah Yeah Yeahs}

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