Chapitre vingt
CLAIRE
Nous sommes enfin samedi soir. J'avais l'impression que ce moment n'arriverait jamais. Je suis nerveuse et mes mains n'arrêtent pas de transpirer comme à chaque fois que je stresse trop. Je veux que cette soirée soit parfaite et puis, je ne dois pas me le cacher, je vais revoir Milo et là, ma tension monte en flèche.
Sa présence m'a manqué, sa gentillesse et ses attentions aussi. Il y a tellement longtemps que l'on n'avait pas été aussi prévenant avec moi. Il voulait tellement que je trouve le petit nid douillet qui me rendrait le sourire, que son insistance n'en a été que plus adorable. Jamais je n'aurai cru que l'on fasse ça pour moi. Juste pour me faire plaisir. Juste pour mon bonheur. Mon bonheur. Personne ne s'en est soucié depuis la mort de mes parents. Depuis ma vie avec Marcus. Depuis...
Stop !
Ce soir, je ne veux pas penser à tout ça.
Ce soir, je veux être heureuse, belle, souriante et légère.
Ce soir, je veux voir son merveilleux sourire quand il me découvrira en robe, légèrement maquillée avec ma nouvelle coupe de cheveux.
Même si je sais que je n'ai aucune chance avec lui, cela n'empêche pas que j'ai envie d'être belle et ça, ça fait longtemps que je n'en avais pas ressenti le besoin.
Je me doute bien que Milo et Lucas ont dû reprendre leur relation. Rien de plus normal en revivant ensemble. J'espère au moins qu'il va bien et que se remettre en couple aussi vite n'ait pas une erreur. Ce soir je vais pouvoir m'en rendre compte par moi-même et le plus important c'est qu'il aille bien et si cela lui permet de trouver son équilibre comme ça, alors je ferai avec, même si j'appréhende de voir des gestes affectifs, de l'un envers l'autre, j'espère qu'ils...
— Claire ! Tu m'écoutes ?
— Non, réponds-je sincèrement. Tu disais Poppy ?
— J'ai terminé la disposition de l'apéro au salon.
— Merci beaucoup pour ton aide.
— Je peux savoir où tu étais partie ?
— Nulle part.
— Mais bien sûr, me charrie-t-elle, et tu crois que je vais gober ça !
— Oui, bon je pensais peut-être un peu à Milo, ajouté-je en rougissant.
— Et ?
— Je suis à la fois impatiente de le voir et j'ai aussi une trouille monstre.
— En tout cas tu es rayonnante ma Cali.
— Et toi comment tu te sens ?
— Une vraie pile électrique.
— Je te le confirme, ajouté-je en souriant. Lucas va adorer ta tenue. J'en suis sûre ma Poppy.
La sonnette retentit et Poppy court vers la porte pour ouvrir pensant que c'est Lucas. Mais vu son accueil et la déception dans sa voix, je sais que c'est la directrice du foyer.
— Bonsoir Mme Baudoin. Vous avez trouvé facilement ?
— Bonsoir Claire, dit-elle sèchement. Oui sans problème. Ton appartement est vraiment charmant et chaleureux et je comprends mieux ton enthousiasme. Je suis ravie pour toi. Tu le mérites et tu vas être heureuse ici.
— Vous avez vu ça, Edwige, il déchire son appart !
— En effet Poppy et j'espère que la persévérance de Claire te donnera envie d'en faire pareil.
— En fait, ça y est j'ai trouvé quelqu'un pour mon stage de trois mois.
— En voilà une bonne nouvelle Poppy. Et c'est chez qui ?
— Dans une agence immobilière.
Avant qu'elle ne pose trop de questions, je lui propose un verre sinon dans une heure on parlera encore de ce qu'elle pense de la façon dont Poppy vit sa jeunesse en ne se prenant pas la tête...
— Edwige, vous voulez boire quelque chose ?
— Je veux bien une coupe de champagne, merci.
— Ma Cali, ils sont là ! s'enthousiasme Poppy.
— Ton ouïe est ultrasensible ma parole, moi je n'entends rien !
Elle plaque son oreille contre la porte quelques secondes, puis se retourne vers nous en tapant dans ses mains sans faire de bruit. Une vraie gamine. Ses yeux pétillent et je suis contente de la voir si heureuse.
— Je les entends monter les escaliers, chuchote-t-elle en mimant ses paroles.
À ce moment-là, elle nous montre sa main ouverte et lance un décompte en baissant un doigt à chaque fois.
— Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un.
Le timing est parfait et la sonnette se fait entendre sur le un. Poppy prend une grande bouffée d'air, lisse sa combinaison, arrangé ses cheveux avant d'ouvrir la porte.
— Salut Lucas. Entrez Messieurs, Claire est dans la cuisine.
— Salut Poppy, tu vas bien ? lui demande-t-il en lui faisant la bise.
— Oui et toi, répond-elle en rougissant.
— On ne peut mieux. Tu es ravissante... Même avec tes chaussons. C'est la nouvelle mode ?
Poppy ricane en attrapant ce qui se trouve dans le placard de l'entrée.
— Pour être aussi ridicules que nous, il vous faut passer les chaussons "gros minet" Messieurs.
De la cuisine, je peux voir Milo toujours aussi élégant, pourtant, il porte juste un jean brut et une chemise en lin. Mais il a cette grâce naturelle qui le rend toujours sexy quoi qu'il porte. Je le dévisage, oubliant même qu'Edwige se tient à mes côtés.
— C'est donc lui, le fameux Milo qui t'a trouvé cet appartement ? Je comprends mieux pourquoi tu as craqué sur lui. Ce mec est juste une bombe, dit-elle d'une voix maniérée.
Contrariée et un brin jalouse par les propos qu'elle vient de tenir, je m'avance timidement vers l'entrée pour les saluer, quand nos regards se croisent. Je n'arrive plus à marcher, à parler et je reste là, plantée avec un sourire figé. Je ne sens même pas que l'on me parle jusqu'à ce que l'on me fasse un baisemain. Quoi ? Mais qui se permet de faire ça à notre époque ? Voilà donc leur ami, Brice. C'est un bel homme, sûr de lui, mais bien trop arrogant à mon goût. Mais alors que je me perds dans mes pensées, j'entends Edwige hurler et lancer son champagne à la figure de ce fameux Brice. Je la suis à la cuisine accompagnée de Poppy pour essayer de comprendre ce qui lui a pris, d'agir de la sorte. Elle qui garde son calme dans n'importe quelle situation. Je dois dire que je suis surprise par cette scène.
— Edwige, ça va ? Que vous arrive-t-il ?
— Cet homme, Brice. Nous avons eu une aventure pendant plus de six mois, nous annonce-t-elle avec une voix chevrotante.
— Apparemment elle s'est mal terminée, analyse Poppy.
— Se faire larguer par SMS n'est pas des plus élégant, en effet.
— Comment ? Il a osé faire ça ? demandé-je totalement abasourdie.
— Oui, il a osé. Je suis désolé Claire, ça a été plus fort que moi.
— Je comprends, dis-je d'une voix basse.
— Quel con ! Vous avez bien fait de le remettre à sa place et encore vous avez été gentille. Avec moi, il aurait pris une gifle !
— Oh mais j'en ai eu envie Poppy, mais je me suis retenue par respect pour Claire.
— Vous voulez vous asseoir ?
— Merci Claire, ça va aller. Je peux utiliser votre salle de bains ?
— Mais oui, bien sûr. Poppy tu peux lui donner de quoi se rafraîchir ?
— Pas de souci. C'est par là ! lui montre-t-elle de la main.
J'en profite pour retourner au salon voir comment je pourrais arranger cette situation dès plus inattendues. J'avais envisagé pas mal de choses, mais comment prévoir que ces deux-là se connaissaient et qu'en plus ils avaient eu aventure qui s'était mal terminée. C'est vrai qu'Edwige à un sacré caractère et je ne défendrai jamais la façon dont Brice a mis fin à leur relation. Mais je le comprends. Elle peut être très dure et inflexible. Malgré tout, j'aurai toujours une dette envers elle, car si j'en suis là aujourd'hui, c'est en grande partie grâce à elle.
Brice se dirige vers moi pour s'excuser, quand Edwige nous rejoint. La situation est tendue et je vois toute la détresse dans les yeux de Brice. Alors qu'Edwige ne trahit rien de ce qu'elle ressent. Elle a cette façon de mettre un masque pour qu'aucune de ses émotions ne transparaisse. Elle est impressionnante même si je trouve ça triste. Mais chaque personne a sa façon de se protéger et ce masque est la sienne. Elle n'a jamais dit à personne au foyer quel était son passé, mais on ressent ces choses-là et nous le savions toutes au foyer qu'Edwige elle aussi a dû subir des violences. Mais personne ne se permettrait de le lui demander. Aussi quand Brice annonce qu'il va partir, forcément, elle est d'accord avec cette décision. Mais comme l'a justement fait remarquer Poppy, je suis chez moi. Elle n'est pas là en tant que directrice mais en tant que connaissance, invitée par moi, tout comme Brice et je n'ai pas envie de prendre position pour l'un ou pour l'autre. C'est leur problème et ils n'auront qu'à le régler ailleurs.
— Edwige, je comprends que la situation est des plus tendues et embarrassantes pour vous. Mais serait-il possible que nous nous comportions en personnes adultes et que pour une soirée autant vous que Brice mettiez de côté vos rancœurs ?
— C'est vraiment très gentil de votre part Claire et si Eddie... Heu, Edwige est d'accord, je le suis aussi.
Tout le monde se retourne vers elle en attendant sa décision. Nous sommes suspendus à ses lèvres qui ne bougent pas. Elle relève la tête et d'un pas décidé se dirige vers le fauteuil, sans rien ajouter.
Je soupire longuement, n'ayant même pas remarqué que je contenais mon souffle en attendant sa réponse.
Poppy me fait un clin d'œil et Lucas un grand sourire. Quant à Milo, il fait comme tout le monde et va s'asseoir sur le canapé entre Brice et Lucas. Quant à Poppy et moi, nous nous asseyons sur des coussins à même le sol.
L'atmosphère est pesante et personne n'ose engager la discussion. Heureusement, Lucas en prompt gentleman qu'il est, engage la conversation :
— Portons un toast à Claire et à son nouvel appartement. Je te souhaite d'être heureuse et que tu puisses t'y épanouir. Tchin !
Chacun tient son verre à la main et le lève pour se joindre aux mots de Lucas.
— Tant que nous en sommes à fêter les bonnes nouvelles. Je vous annonce que Lucas, Brice et moi, nous allons ouvrir notre propre agence immobilière.
Tout le monde applaudit sauf Edwige bien sûr et je demande :
— C'était un projet que vous aviez en commun tous les trois ?
— Lucas et moi, oui. Brice s'est ajouté, car c'est lui qui nous fournit le pas-de-porte pour l'agence. À la base Brice est avocat et n'y connaît rien en immobilier à part pour y investir.
— Je ne voudrais pas paraître mal élevée, mais que devient mon stage alors demande Poppy en se tournant vers Lucas.
— Ne t'inquiète pas pour ça Poppy, l'agence ouvrira à temps et comme je tiens toujours mes promesses tu es toujours là bienvenue.
— Ah c'est donc toi la stagiaire en comptabilité dont Lucas m'a parlé ? l'interroge Milo.
— En effet, c'est bien moi, dit-elle fièrement.
— Lucas s'est bien gardé de me dire que tu étais l'amie de Claire et que tu étais aussi jolie.
Je me demande qui est le plus mal à l'aise. Poppy qui est rouge écarlate suite au compliment de Milo. Lucas qui fusille Milo pour sa remarque ou moi pour je ne sais quelle raison.
— En tout cas tu es la bienvenue à l'agence, pour trois mois, c'est ça ?
— Oui, c'est ça.
— C'est donc à vous que je dois remettre les papiers de stage ? demande Edwige à Milo.
— Ah donc, vous êtes son professeur ?
Je la regarde en espérant qu'elle ne parle pas du foyer mais à son air, je sais que c'est peine perdue. Dans une minute, ils sauront tous que Poppy et moi venons du foyer pour femmes et j'ai une énorme boule au ventre qui se forme. J'aurai tellement préféré que Milo ne l'apprenne jamais ou alors que ça soit moi qui le lui révèle. Décidément, cette soirée est un vrai cauchemar.
— Non, je suis la directrice du foyer pour femmes en détresse, où il y a peu encore, séjournait notre chère Claire. Et donc, Poppy est sous ma responsabilité. C'est à moi qu'il revient de gérer tout ça pour elle.
Je lance un regard à Milo pour voir sa réaction mais contrairement à ce que j'avais envisagé, il n'a pas l'air, ni étonné, ni dégoûté par cette révélation. Lucas quant à lui, nous regarde tour à tour, Poppy et moi avec une tendresse dans le regard qui me donne envie de pleurer.
Alors avant de me répandre devant eux, je préfère me lever en prétextant, aller chercher un plat dans la cuisine. Mais au lieu de ça, je fonce dans ma chambre et me dirige vite vers la fenêtre pour m'isoler sur le balcon. Quelle honte que Milo et Lucas apprennent ça de la sorte. Même si Milo a subi les mêmes choses que moi, j'ai peur de sa réaction fasse à cette découverte. Il ne va plus me regarder comme avant. Maintenant, tout ce qu'il verra en moi, c'est la pauvre petite chose battue et maltraitée. C'est pour ça que je ne lui ai rien dit. Je ne voulais pas voir de la pitié ou du dégoût dans ses magnifiques yeux. Je ne peux retenir mes larmes me pensant seule, quand je vois apparaître une boîte de mouchoir tenue par la main de Milo. J'en prends un sans même le regarder. J'essuie mes yeux en prenant toutes les précautions possibles pour ne pas ruiner mon maquillage.
— Claire, souffle-t-il comme s'il avait peur que je me brise sur place comme un puzzle qu'on lâcherait sur le sol.
— Milo, je suis désolée.
— Vous n'avez pas à l'être, Claire. J'étais déjà au courant.
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Claire est dans tous ses états de revoir Milo 💖
On comprend mieux qui est Edwige 😕
En fait il n'y a pas qu'avec Brice qu'elle est vache 😳
Elle vient de lancer une bombe en révélant qu'elle est la directrice du foyer 😱
Claire et Poppy sont dans tous leurs états et craignent les réactions de Milo et Lucas 😢
D'après vous comment vont-ils réagir ?
La pauvre Claire, rien ne lui sera épargné ce soir !
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😍 Bisous mes Loulous 😍
🐥 Kty 🐱
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