Chapitre trente et un

MILO

Lucas est devant moi avec un verre en plastique contenant ce qu'ils osent appeler du café. Ça a juste le mérite d'être brûlant et de me réchauffer les mains. Le docteur nous a laissé son bureau pour que nous y soyons tranquilles et que j'arrive à me calmer. Je m'en veux terriblement d'avoir réagi de la sorte. Mais la main du secrétaire ressemblait tellement à la sienne, que j'ai superposé les deux images. Je deviens fou ce n'est pas possible. Il a juste attrapé ma main. Je lève les yeux vers Lucas qui a l'air si inquiet pour moi et je m'en veux encore plus.

— Je suis vraiment désolé Lucas. Je ne sais pas ce qu'il m'est arrivé et...

— Chut mon ange. Ne sois pas désolé. Tu as subi un énorme traumatisme avec tout ce que t'a fait vivre l'autre monstre. Et je savais bien qu'à un moment où un autre tu allais craquer. Tu ne pouvais pas tenir encore longtemps comme si rien ne s'était passé, comme si rien n'était arrivé.

Il me regarde avant de déposer sa main sur la mienne. Il doit avoir peur que je le rejette à nouveau.

Mais comment pourrais-je le rejeter ?

— Embrasse-moi plutôt.

— Tu es sûr ? Tu ne veux pas plutôt...

— Amour, soufflé-je, je ne veux que toi.

Lucas pose sa main sur la mienne pour voir tout de même ma réaction. Je pose mon café sur le bureau et recouvre sa main pour lui prouver que mes mots n'étaient pas des paroles en l'air.

— Mon ange...

Il ne m'embrasse pas mais effleure mes lèvres du bout des siennes. Elles sont chaudes, douces et si tentantes que je ne peux résister à approfondir notre baiser.

Nous sommes front contre front. Nos mains toujours jointes et nos souffles sont si irréguliers, que j'ai du mal à m'exprimer, pourtant je dois lui dire pour le rassurer, pour qu'il arrête d'avoir peur pour moi, pour qu'à mon tour, je lui apporte un peu de réconfort.

— Amour, regarde-moi, je vais dès demain prendre rendez-vous avec la psy et m'inscrire au groupe de parole. Je vais tout faire pour que ce genre de crise disparaisse et si pour cela je dois affronter une salle entière de femmes je le ferai pour toi mais surtout pour moi. Pour retrouver celui que j'étais avant tout ça même si je sais que je n'effacerai rien, je vais faire en sorte d'aller mieux. Mais pour y arriver, j'ai besoin de toi. Tu veux bien m'aider ?

— Mon ange, comment oses-tu poser la question ? Bien sûr que je t'aiderais et je viendrai même aux réunions si cela peut t'aider.

— Tu ferais ça ?

— Oui, sans aucun problème. Je te l'ai dit je ferais tout pour toi, parce que je t'aime plus que tout.

— Je t'aime aussi, Amour.

Quelqu'un se racle la gorge derrière nous et nous avions totalement oublié, je crois, que nous étions dans le bureau du docteur.

— Désolé Docteur, nous vous rendons votre bureau et navré d'avoir perturbé vos consultations.

— Milo, ne vous en faites pas, je me suis arrangé pour emprunter le bureau de ma collègue. Le plus important est : comment vous vous sentez ?

— Mieux merci. C'était... Comment peut-on nommer ça ? Une crise ?

— Oui vous pouvez la nommer comme ça si c'est ce que vous ressentez.

— J'ai eu tellement peur que j'ai perdu pied, ne sachant plus ce qui était réel ou pas.

— C'est pour cela que vous devez revoir la psy !

— Je viens de le dire à Lucas, je reprends les séances et j'irai même au groupe de parole. Je veux m'en sortir, je ne veux plus être affecté de la sorte.

— Vous savez que ça sera long et que probablement vous serez encore confronté à des situations qui vous feront du mal.

— Je sais, mais si j'apprends à les gérer, elles seront moins fortes au fur et à mesure. L'autre jour Poppy m'a avoué que deux ans après elle faisait encore des cauchemars ainsi que Claire.

Lucas me regarde sans comprendre pourquoi je parle de Poppy et Claire même si c'est devant un docteur.

— Amour, le docteur Harry est aussi celui des filles.

— Oui, je m'occupe d'elles et travaille en collaboration avec le dragon. C'est bien comme cela que vous avez nommé Edwige tout à l'heure, se marre-t-il devant la tête ahurie et dépitée de Lucas.

— Tu n'as pas osé lui dire Milo ?

— Ben je ne savais pas qu'il connaissait Poppy et Claire, et j'ai été aussi surpris que toi de savoir qu'ils travaillaient ensemble avec le dragon.

— Vous vous occupez de Poppy et Claire ? demande-t-il comme pour avoir confirmation.

— Oui et je n'en aurai pas parlé avec Milo, si lui-même ne m'avait pas dit les connaître. D'ailleurs, je trouverais judicieux que vous puissiez en parler avec elles. Je suis sûr qu'elles pourraient vous aider à y voir plus clair et à mieux comprendre, comment gérer la suite de votre guérison.

Je jette un regard vers Lucas qui me fait signe de la tête.

— Pourquoi pas, si vous pensez que ça pourrait me faire du bien !

— Je pense, oui. Et puis je trouve que la probabilité que vous vous connaissiez tous est loin d'être une coïncidence.

— Comme une sorte de destin... Qui nous aurait mis en contact pour que l'on s'aide et se soutienne ?

— Un genre comme ça en effet, mais vous comprendrez mieux en leur parlant, j'en suis sûr.

— Si vous le dites Docteur, dis-je sans être vraiment convaincu.

— Nous allons vous laisser Docteur, nous avons largement profité de votre amabilité.

— Oui, rentrons chez nous et merci encore. À bientôt Docteur.

— N'oubliez pas votre ordonnance pour la radio à l'accueil.

Le souvenir de la main du secrétaire refait surface dans ma tête. Les tremblements reviennent pourtant j'essaye de me contrôler. Lucas s'en aperçoit bien sûr, il me prend la main pour m'aider et m'apporter tout son soutien.

— Tu veux que je récupère l'ordonnance mon ange ?

— Non, je dois y aller et m'excuser de ma réaction.

— Je t'attends là, alors.

J'inspire et expire à plusieurs reprises pour calmer ma respiration et mes tremblements et puis avant de trop réfléchir je frappe à la porte et entre.

— Je viens récupérer mon ordonnance ainsi que ma carte vitale et m'excuser pour mon comportement.

J'ai débité rapidement mes paroles, comme si les mots me brûlaient.

— Voici vos papiers et pour le reste ne vous excusez pas le docteur m'a expliqué que vous aviez fait une crise. Je n'aurai pas dû vous toucher.

— C'était bien volontaire, donc ?

— Oui en effet. Je voulais voir votre réaction avant de vous donner mon numéro.

— Et bien, je pense que ma réaction a été assez explicite et la prochaine fois au lieu de toucher les gens, demandez le directement, vous m'auriez évité une belle crise, réponds-je en colère.

— Milo ? Que se passe-t-il ?

— Tu imagines qu'il a avoué m'avoir touché volontairement.

— Milo, calme-toi, il ne pouvait pas savoir que tu ferais une crise.

— Et bien, il n'a qu'à pas toucher les gens. C'est quoi ces techniques de drague d'un autre monde.

— Il a fait ça pour te draguer, me demande Lucas ?

Alors que l'on s'éloigne du bureau, je lui réponds :

— Oui il voulait vérifier si j'étais bien gay ce con !

— Et te filer son numéro je parie ? se marre-t-il.

— Tu as gagné, c'est ça rigole !

Et j'en fais autant car après tout la crise est passée et je pense que mes tensions se libèrent en riant. Nous rentrons dans l'ascenseur, et Lucas en profite pour m'embrasser. Il me plaque contre la paroi et accentue son baiser jusqu'à ce que l'on soit arrivé. Il n'a jamais su résister à un baiser dans un ascenseur. Les portes s'ouvrent et au moment de sortir, nous tombons, nez à nez sur Claire et un homme qui la tient par la main.

Nous sortons alors que Claire recule en parlant à son ami.

— Salut Claire, lui dit Lucas en lui faisant la bise.

J'en fais autant, puis nous nous tournons vers l'inconnu qui lui tient toujours la main.

— Lucas, Milo, je vous présente Lewis le frère de Poppy.

— Salut les mecs, ravi de vous rencontrer. Bon ma douce, je ne voudrais pas te presser mais nous devons remonter voir Poppy.

— Claire, il est arrivé quelque chose à Poppy ? lui demande Lucas avec inquiétude.

— Elle a eu un accident de voiture ce matin.

— Comment va-t-elle ? dis-je attristé en sachant que maintenant l'accident de la rocade, c'était elle.

— Elle a une fracture de la jambe et des égratignures due à l'explosion du pare-brise.

— Un con s'est rabattu alors qu'elle était sur la file de droite. Il a tapé dans son montant gauche et l'a envoyée sur la glissière de sécurité. Elle s'en sort bien heureusement. Bon, la voiture est foutue mais ce n'est pas grave, explique le frère de Poppy.

Il a l'air aussi à l'aise que Claire, elle, est mal à l'aise.

— Claire, ça dérange si on monte avec vous pour la voir ? demandé-je.

— Bien sûr que non Milo, répond-elle en baissant les yeux.

Ce Lewis appuie sur le bouton d'appel et nous entrons tous les quatre dans la cabine. On se sourit avec Lucas en pensant à notre dernier baiser.

— J'en connais deux qui ne se sont pas ennuyés pendant la descente, ricane-t-il.

Lewis se tourne vers Claire et rajoute :

— C'est dommage que nous ne soyons pas seuls, lui souffle-t-il à l'oreille tout en passant le bras autour de sa taille.

Alors que Claire rougit jusqu'à la racine de ses cheveux.

— Lewis, voyons.

— Quoi ma douce, ça va, ce sont tes amis !

— Oui mais nous sommes dans un hôpital...

— Il ne me semblait pas que ça t'ait gênée tout à l'heure, ajoute Lewis en lui embrassant l'intérieur du poignet.

Claire se retient de toutes réactions et ferme juste les yeux pour éviter que l'on y décèle son plaisir.

Heureusement nous sommes arrivés au sixième étage. Les portes s'ouvrent, nous permettant de sortir et de laisser cette situation embarrassante derrière nous.

Nous les suivons à travers les couloirs, alors qu'ils se tiennent toujours par la main en se chuchotant des mots.

Je me pose pas mal de questions. Comme : depuis quand se connaissent-ils ? Est-ce que c'est pour cela qu'elle était embarrassée par notre rapprochement ? Je ne pensais pas que c'était le genre d'homme que Claire aimait ?

Nous sommes arrivés devant la chambre et je n'ai encore répondu à aucune de mes questions.

Lewis ouvre la porte et nous fait entrer en lançant à sa sœur :

— On te ramène de la visite Pop's.

Elle ouvre les yeux et en effet elle a pas mal d'impacts au niveau du visage et du bras mais rien d'affreux. Sa jambe est plâtrée juste en dessous du genou et jusqu'au bout du pied. La pauvre doit souffrir.

— Salut Poppy, tu n'es pas trop fatiguée ? Sinon on peut repasser avec Milo.

— Non Lucas, ça me fait plaisir de vous voir tous les deux.

— Sympa la frangine et nous, on compte pour du beurre avec Claire, se marre-t-il.

— Oh toi ça va je t'ai déjà vu tout à l'heure, lui répond-elle en rigolant.

Apparemment ils aiment bien se chambrer.

— Les garçons vous avez fait la connaissance de mon merveilleux frère à ce que je vois.

— En effet on est tombés sur eux en sortant de l'ascenseur.

— Alors ta jambe... Combien de temps pour le plâtre ? me renseigné-je.

— Trois semaines, un mois... Tout dépend de ma facilité à consolider mes os.

— Tu es jeune ma Pop's ça ira vite, lui dit-il en l'embrassant sur le front et en lui caressant les cheveux dans un geste affectueux.

— Tu restes combien de temps ici ?

— Deux ou trois jours Lucas, cela sera en fonction de mes plaies au visage.

— Tu entends Claire on va avoir l'appart rien que pour nous deux pendant trois jours. On a bien fait de faire les tests ma douce.

— Quels tests ? Veux savoir Pop's.

— Ben pour savoir si on est clean et si on peut virer ses putains de préservatifs.

— Et rassure-toi ma Poppy, ton frère est clean.

— Non mais viens par la chipie, tu insinues quoi ? se marre-t-il en lui faisant des bisous dans le cou.

— Rien, rien Lewis, pouffe-t-elle.

— Ils ne sont pas beaux tous les deux ? Nous demande Poppy.

— Si en effet ils font un très beau couple et ça fait plaisir de vous voir rire Claire.

— Merci Milo, ça me touche que vous approuvez mon couple.

— C'est sincère Claire.

— Bon Poppy, nous allons te laisser te reposer, nous repasserons avant que tu sortes.

Nous l'embrassons après avoir mis un mot sur son plâtre. Nous saluons les amoureux qui ne se décollent plus et sortons.

— Et bien, qui aurait dit que Claire sortirait avec ce genre de mec ? lancé-je.

— Le tout est qu'elle soit heureuse tu ne crois pas mon ange ?

Mon téléphone vibre. Je regarde l'écran et vois que c'est un message de Claire :

"Désolé que vous ayez fait la connaissance de Lewis de la sorte. Je comptais vous le présenter dans d'autres circonstances"

"Quand Poppy sera sorti, venez à l'appartement boire l'apéro à la maison tous les trois. J'ai vu le docteur Harry. On doit parler. Bisous Claire"

*******

Enfin cette crise aura permis à Milo d'ouvrir les yeux et d'admettre qu'il a besoin d'aide !

La rencontre entre les deux couples est assez tendue au départ !

Visiblement Milo est agacé mais essaye de ne pas le montrer !

L'apéro chez Milo et Lucas promet.

*******

♥ M&L et C&L ♥

vous souhaitent un bon mercredi mes Loulous !

Gros bisous

Kty

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