Chapitre trente


MILO

Ce début de semaine commence sous un beau soleil à l'unisson avec mon humeur. Notre discussion, nous a fait énormément de bien à Lucas et à moi. Ç'a même soudé un peu plus notre couple. J'arrive de plus en plus à me lâcher dans ses bras et sous ses caresses. Nous avons pas mal avancé pour l'aménagement de l'agence et vendredi soir nous devons faire le point avec Brice.

Mais pour le moment, je dois me rendre à l'hôpital pour la visite de contrôle et vérifier que toutes mes blessures soient cicatrisées.

J'ai rendez-vous à dix heures et il est neuf heures quarante, quand je gare enfin la moto sur le parking. Heureusement que je prévois toujours une marge de temps au cas où, et j'ai bien fait, car malheureusement il y a eu un accident sur la rocade et cela a généré un bouchon de sept kilomètres. Alors même si à moto, il est plus simple de rouler dans ces cas-là, il n'empêche que cela m'a pris le double de temps pour arriver à destination. Remarquez heureusement, sinon, j'aurai dû poireauter une heure en salle d'attente, mais souvent je préfère ça, à être en retard et puis on sait jamais si une personne venait à se désister, j'aurai pu passer plutôt !

J'entre dans le hall de l'hôpital et me dirige d'une démarche assurée vers le pôle d'accueil. Quand je regarde vers la secrétaire, elle me détaille sans aucune gêne de la tête aux pieds avec un très beau sourire accroché à ses lèvres.

J'ai horreur de ces nanas qui minaudent pour attirer l'attention. Si elle croit que c'est avec son sourire qu'elle peut me faire craquer, elle rêve. Même sa paire de nibards qu'elle expose fièrement, ne me fait pas bander. Oui je sais, j'ai regardé. J'ai des yeux et je m'en sers mais de la à craquer pour ces seins en silicone. Très peu pour moi.

— Bonjour Monsieur. Que puis-je faire pour vous ? me demande-t-elle d'une voix bien trop aiguë.

Aiguë au point où mes oreilles pourraient saigner de cette atteinte auditive, si elle continue de la sorte.

— Bonjour. Je suis Monsieur Matal et j'ai rendez-vous avec le Docteur Harry.

— À quelle heure Monsieur Matal ? m'interroge-t-elle en me faisant les yeux doux.

Son comportement m'horripile au plus haut point et je souffle d'exaspération avant de lui répondre sèchement :

— Dix heures. C'est bon je peux y aller ?

— Je dois vous demander de me confirmer certaines informations en remplissant cette fiche s'il vous plaît, sourit-elle.

Elle me la tend avec un stylo que je refuse en sortant le mien de ma poche. C'est un mont-blanc noir brillant avec une plume en or rhodiée, ainsi que mes initiales sur le chapeau. Lucas me l'a offert quand j'ai été nommé à la tête de la nouvelle agence, en me disant que maintenant que j'étais le responsable, je me devais d'avoir un stylo qui en jette pour signer les documents de vente ou de location. Depuis, il ne me quitte plus !

Je lis la fiche avant de la remplir et je vois écrit : nom, prénom, date de naissance, numéro de téléphone et un paragraphe sur les anciennes opérations ou allergies.

— Mademoiselle, vous pouvez m'expliquer à quoi ça sert que je remplisse cette fiche, alors qu'il suffit de taper mon nom et vous verrez que j'ai déjà été hospitalisé ici, et que par conséquent tous ces renseignements sont déjà connus.

— En effet Monsieur Matal, j'aurai pu faire ça. Mais cela m'aurait privé de ces minutes supplémentaires, que j'ai pu passer avec vous et vous n'auriez pas eu mon numéro de portable, me montre-t-elle fièrement la fiche de son index manucuré, dont l'ongle bien trop long est dessiné et coloré. Comme si de voir ces espèces de griffes, allait me donner envie d'elle. Je lui jette la fiche vierge de mon écriture sur le comptoir en lui répondant :

— Sans façon, je ne suis pas intéressé. C'est bon cette fois-ci, je peux y aller. Vous allez finir par me mettre en retard.

— Le cabinet du Docteur Harry se trouve au deuxième étage, couloir de gauche en sortant de l'ascenseur, Monsieur Matal.

Elle baisse aussitôt la tête en acceptant difficilement de s'être fait refouler par un homme comme moi. Je peux comprendre que je lui plaise. Mais j'ai horreur d'être traité comme un objet sexuel. Ce n'est pas parce que j'ai une belle gueule que je suis un homme facile. Non mais pour qui elle m'a pris. Je suis déjà assez en stress ) cause de ce rendez-vous, sans qu'elle en rajoute. De plus, je suis sûr qu'elle est en train de me mater les fesses.

On parie ?

Je me retourne furtivement avec un regard menaçant et bingo, j'ai gagné. Et après on dira que ce n'est qu'un comportement de mec !

Me voici enfin arrivé au bon endroit, quand je vois le nom du docteur signalé sur un écriteau où il est précisé de se présenter au secrétariat, avant le rendez-vous.

Mais ce n'est pas possible, je n'y crois pas, je vais devoir recommencer le même interrogatoire qu'en bas ?

J'espère que cette fois-ci, cela soit une dame proche de la retraite. Je rigole tout seul à ma réflexion, quand je rentre dans le bureau après avoir frappé à la porte et oh surprise, c'est un homme.

— Bonjour, je suis Monsieur Matal.

— Bonjour Monsieur, vous avez rendez-vous à dix heures ? C'est bien ça ?

— En effet.

— Veuillez vous asseoir en salle d'attente, je préviens le docteur de votre arrivée.

— Merci bien.

Je me rends dans la salle d'attente en soufflant de soulagement. C'était un homme et en plus il ne m'a pas dragué. Je fais défiler mes mails sur mon portable. 

Puis je m'arrête interloqué !

Mais comment ça, il ne m'a pas dragué ? Ce n'est pas possible que je ne sois pas à son goût. Et au moment, où je me demande encore comment c'est possible, le secrétaire vient me chercher en me disant que le docteur m'attend.

— N'oubliez pas de repasser par mon bureau avant de repartir Monsieur Matal, ajoute-t-il d'une voix basse.

— Très bien, je ferais ça...

La porte du bureau s'ouvre et le docteur me serre la main en même temps qu'il me demande de rentrer.

— Heureux de vous revoir Milo. Alors comment vous sentez-vous ?

— Bien mieux, merci.

— Encore des douleurs qui persistent ?

— De temps en temps un pincement au niveau des côtes sinon mon épaule va très bien. L'ostéopathe a bien fait son boulot. Quant à mon intimité, c'est vous qui allez me le dire.

— Plus de saignements ?

— Non plus aucuns et ceci depuis deux ou trois semaines.

— C'est une bonne nouvelle. Allez, passez derrière ce paravent, retirez vos chaussures et vos habits et installez-vous. J'arrive dès que j'ai fini de noter tout ça.

Je ne suis pas franchement à l'aise de me retrouver à poil devant le doc même s'il m'a vu plus d'une fois, mais le contexte était différent. J'étais hospitalisé, shooté avec les médocs, mais là ce n'est plus le cas. Bon, je vais garder mon tee-shirt et mon caleçon et on verra bien.

Le docteur me rejoint et je le vois tiquer en voyant que j'ai gardé des affaires, mais il ne fait aucunes remarques.

— Vous voulez bien me montrer où réside la légère douleur de vos côtes ?

Je soulève mon tee-shirt sans le retirer et la lui indique du doigt.

Il regarde, palpe, appuie doucement afin de ne pas me faire mal.

— À quel moment ressentez-vous la douleur ?

— Quand je tousse, quand je ris ou quand je...

— Oui je vois. Bon, rassurez-vous elles sont pratiquement ressoudées pour moi, mais je préfère que vous passiez une radio de contrôle pour en être entièrement sûr. Je peux voir votre épaule, demande-t-il sans me brusquer.

Il a compris que j'étais mal à l'aise et réticent.

— Oui, bien sûr.

Je retire juste mon bras du tee-shirt et le remonte afin qu'il y ait accès.

— J'ai pu remarquer que vous bougez bien votre bras pour le contorsionner de cette façon afin de ne pas vraiment retirer votre tee-shirt.

— Je suis désolé docteur, mais je me sens mal à l'aise.

— Ne vous en faites pas. C'est normal.

— Ah bon ?

— Oui, je suis la personne qui vous a examiné et attesté de votre viol et, en me voyant, je vous fais une méchante piqûre de rappel en mode continu. Alors oui, c'est normal ce réflexe de protection. Le tout est de savoir si je suis le seul à en bénéficier, lance-t-il avec un petit sourire pour essayer de dédramatiser.

— J'ai eu beaucoup de mal au début à accepter que mon compagnon me touche.

— Vous avez un nouveau compagnon ? Je ne veux pas être indiscret, mais c'est rare après une telle agression de trouver un compagnon !

— Il n'est pas vraiment nouveau...

— Ne me dites pas que vous êtes retourné avec cette brute ?

— Non Docteur, il n'y a aucun risque là-dessus. Mais vous le connaissez, c'est Lucas. En sortant d'ici, je suis allé vivre chez lui pour prendre le temps de me remettre et nous nous sommes aperçus que nous étions toujours amoureux.

— Je suis particulièrement content pour vous deux. Lucas est vraiment quelqu'un de bien et qui doit vous chouchouter.

— Lucas est vraiment exceptionnel. Il n'a jamais cessé de m'aimer même quand j'étais avec l'autre... C'est plus moi qui aie ouvert les yeux sur mon amour pour lui et notre relation.

— Vous avez fait de sacré progrès Milo. Vous voyez toujours votre psy j'espère ?

— Heu pas vraiment. J'ai dû annuler il y a deux semaines et du coup je dois rappeler pour avoir un nouveau rendez-vous.

— Les séances sont précieuses pour votre guérison et pour éviter toute rechute.

— Je vais reprendre le rythme du début avec une séance par semaine et elle voudrait aussi que je participe à un groupe de parole, mais...

— Vous n'avez pas envie d'y aller ?

— Pas vraiment et en plus j'ai l'appréhension d'être le seul mec.

— Vous pensez être le seul homme dans votre cas ?

— Je n'ai pas dit ça, mais j'ai peur d'être le seul à la réunion.

— Au lieu de penser hommes ou femmes. Vous devriez plutôt penser victimes, Milo.

— C'est exact docteur. Vous avez un groupe à me conseiller ?

— Nous en avons un ici qui est très bien. Sinon vous avez celui du foyer de femmes aussi. Je connais la directrice...

— Vous connaissez le dragon ?

— Le dragon ! se marre-t-il. Remarquez, c'est bien trouvé !

— Je suis désolé, je ne voulais pas lui manquer de respect.

— Oh non ne vous inquiétez pas, c'est une femme adorable, mais...

— Ah bon ? m'étonné-je

— Oui, mais il faut creuser profond pour la trouver. D'ailleurs, comment connaissez-vous Edwige le dragon ?

— Par le biais de deux de ses pensionnaires. Enfin du moins une puisque l'autre, je lui ai trouvé un appartement. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai fait la connaissance de Claire.

— Vous connaissez Claire ? Et qui d'autre ?

— Sa meilleure amie Poppy, qui va d'ailleurs faire un stage dans notre nouvelle agence. Pourquoi docteur vous les connaissez ?

— Oui, hélas...

— Je suppose que vous n'avez pas le droit de m'en parler.

— En effet secret médical. Sachez juste qu'elles ont été mes patientes.

Un silence de plomb s'abat sur cette phrase. Nous avons tous les trois été victimes de viol et tous les trois, nous avons eu le médecin. C'est une drôle de coïncidence ou est-ce plutôt...

— C'est vous qui gérez tous les cas de viols dans cet hôpital, si je comprends bien ?

— Vous avez bien compris Milo et en parlant de ça nous devons terminer votre examen.

*******

Je me rhabille, non sans une pointe de douleur et rejoins le docteur dans son bureau.

— Alors ?

— Tout se passe bien Milo, votre cicatrisation est complète, même si l'examen a encore été douloureux. Vous êtes opérationnel.

Je fais une grimace qu'il ne manque pas de remarquer.

— C'est normal de ressentir de l'appréhension et même d'être terrorisé. Il n'y a que vous qui puissiez déterminer quand vous serez prêt pour avoir une relation sexuelle complète. Tout ce que je peux vous dire c'est de ne rien précipiter ou forcer, et puis Lucas doit être assez patient pour ne pas vous mettre la pression.

— En effet, il est très patient et doux avec moi. Préférant toujours mon plaisir au sien et tout faire pour que je progresse et reprenne confiance en moi.

— Vous ne pouviez pas trouver meilleur compagnon.

— J'en suis conscient docteur. J'ai beaucoup de chance.

— Prenez bien soin de vous et revenez me voir quand vous aurez passé votre radio.

— Merci beaucoup Docteur, pour votre aide et votre soutien.

— Allez, dit-il un peu gêner, on se revoit bientôt et il me serre la main.

Je frappe à l'accueil pour savoir ce que le secrétaire me veut.

— Me revoilà, il vous manquait quelque chose ?

— Heu, oui ! J'ai oublié de vous demander votre carte vitale pour mettre à jour votre consultation.

— Pas de problème, la voici.

Au moment où je la lui tends, il attrape ma main en même temps. Mon corps est traversé par une sorte de courant, il ne lâche pas main alors que je fais tout pour la retirer.

— Arrêter. Lâchez-moi, hurlé-je.

— Milo que vous arrive-t-il ? Édouard lâchez-le tout de suite, lui ordonne le docteur alarmé par mes cris sans doute.

Je tremble de peur et je m'assois par terre en repliant mes jambes contre mon torse. Je ne veux pas qu'on me touche. Non je ne veux pas. Il va me faire du mal s'il me touche. Sa grande main sur la mienne qui me serre. J'ai beau hurler, tirer fort... Mais rien ne l'arrête. Rien ne l'a arrêté à lui non plus. Je pleure de peur, de souffrance, de honte.

Je ne suis plus rien. Juste un pantin désarticulé...

— Milo ?

Je me recule contre le mur et resserre encore plus mes jambes contre mon buste.
Au moins s'il me frappe, je serais un peu plus protégé...

Du moins, c'est ce que j'ai cru avec Marcus, mais il était tellement plus fort que moi.

Plus féroce.

Plus diabolique...

*******

Milo supporte mal d'être dragué par la poupée siliconée de l'accueil !

Le rendez-vous avec le Docteur Harry fait ressortir des peurs chez Milo.

Même si son corps se remet bien de son agression, il n'en est pas de même pour sa tête.

Pensez-vous qu'il doive reprendre ses séances avec la psy ?

Le Docteur Harry est le docteur de Claire, de Poppy et de Milo, d'après vous pourquoi il lui conseille de lui parler ?

Milo fait une belle crise qui est due à quoi selon vous ?

*******

Bisous mes Loulous

Kty

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